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L'énergie et le processus de mise en valeur du Cameroun français (1946-1959)

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par Moà¯se Williams Pokam Kamdem
Université de Dschang - Maitrise 2007
  

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B. L'activité pétrolière au Cameroun 1951-1958

La constitution de la SEREPCA le 27 septembre 1951 s'était faite dans le dessein de démarrer les travaux de prospection, qui seuls pouvaient permettre de déterminer avec exactitude l'importance des indices décelés grâce à la géologie. Le géologue P. Pouzet prévenait cependant :

Croire que le pétrole va jaillir incessamment au Cameroun serait faire preuve d'un optimisme que rien ne justifierait. Par contre, du fait que le pétrole n'a pas encore jailli, dire qu'il n'y a pas de pétrole au Cameroun, serait faire preuve d'un pessimisme pas davantage justifié.3(*)2

Photo III : Derrick de la SEREPCA en activité en 1956

Source : Rapport annuel du gouvernement français à l'ONU...année 1956

Avec le décret du 2 février 1957, la SEREPCA bénéficiait alors d'un permis couvrant 9 000km², soit l'ensemble du bassin sédimentaire de Douala. Ce permis était valable pour 10 ans et renouvelable par période de 5 ans. Deux campagnes de forage se sont succédé entre 1951 et 1953. Tout d'abord, l'exécution des sondages avait été confiée à la Société Chérifienne des Pétroles, la SEREPCA ne disposant pas encore de moyens propres. Y participaient également la Compagnie Générale de Géophysique et la Société de Prospection Electrique3(*)3. La première campagne du 10 novembre 1951 au 5 mai 1952, se déroula à Logbaba totalisant 9463 mètres pour 14 sondages forés. La seconde campagne de novembre 1952 à juillet 1953 concerna l'indice de Bomono, à 25 kilomètres au nord-ouest de Douala, et Logbaba. S'agissant particulièrement des travaux de Bomono, l'entrée en éruption du forage N°3 le 12 mars 1953 encouragea l'implantation de nouveaux forages. On pu déterminer deux horizons gazéifères, l'un à 660 mètres et l'autre à 1015 mètres de profondeur. D'autres forages avaient suivi en 1954 pour préciser l'emplacement exact du gisement et avaient permis de déterminer une lentille d'importance moyenne ne contenant pratiquement pas d'hydrocarbures liquides. Les réserves étaient estimées à 45 millions de m 3 de gaz qui pourraient donner lieu à un débit pratique d'exploitation de 5 000 m 3 par jour pendant 25 ans3(*)4. Dans un article intitulé "Noir silence sur l'or noir", le journaliste Xavier Luc Deutchoua situait "l'extraction du pétrole au Cameroun a une date bien plus antérieure à 1978", précisément en 19543(*)5. Sans le mentionner, celui- ci évoque une visite du ministre de la France d'Outre-mer, Louis Jacquinot, sur un chantier de la SEREPCA à Bomono en février 1954. Cette visite se faisait en marge de son voyage d'inauguration du barrage d'Edéa et ce qui est présenté comme "la cérémonie du jaillissement de la première goutte de pétrole" n'était autre qu'une séance habituelle de pose de coredrill3(*)6. Par ailleurs, et nous l'avons mentionné, l'indice de Bomono était un indice gazéifière et non pétrolifère comme pourrait le suggérer cet article.

Photo IV : Forage de la SEREPCA en 1956

Source : Rapport annuel du gouvernement français à l'ONU...année 1956

Ainsi, les travaux de forages en 1954 s'étaient limités à Bomono et à Souellaba à 30 kilomètres au Sud-Ouest de Douala, où l'on rencontre de nombreux indices d'hydrocarbures à partir de 2200 mètres de profondeur. Cependant, l'année 1955 peut être considérée comme une année charnière dans l'activité pétrolière au Cameroun sous administration française, ceci par le spectaculaire et l'engouement qu'elle suscita. On peut considérer que cette année le Cameroun devint un pays pétrolier, bien qu'il n'en devint véritablement producteur que plus tard.

En plus des travaux effectués à Souellaba et à Pibissou cette année-là, l'activité se concentra à Logbaba, à 10 kilomètres de Douala sur l'ancienne route Douala-Edéa. Un premier forage (LA - 101) entrepris le 13 mars 1955 entra en éruption le 17 avril entre 1594 et 1600 mètres et put être maîtrisée3(*)6.

Le 3 Juin, une deuxième éruption d'une violence considérable se produisit à la cote 1764 mètres à une pression supérieure à 300 kg. Par suite de l'insuffisance du matériel de pompage, l'éruption ne put être maîtrisée que grâce à deux interventions du "pompier - volant", l'Américain Myron Kinley3(*)7.

La présence de ce personnage a renforcé la médiatisation de cet évènement. Myron Kinley a, en effet, été longtemps considéré comme le meilleur spécialiste mondial dans l'extinction des puits d'hydrocarbures en feu. Il exerça ainsi entre 1913 et 1958 à travers le monde3(*)8avec un passage notable en France où il vint à bout de l'incendie d'un puits de pétrole dans la région de Lacq, dans les Pyrénées en 1950. Pendant 40 jours le forage de Logbaba resta en éruption. On estima à 780.000 m3 le volume de gaz perdu par jour et on dut évacuer alors les villages avoisinant de Ndogbassy et de Boko. Le gaz échappé était riche en méthane et contenait également près de 400g de pétrole brut par m3 soit environ 300 tonnes de pétrole par jour. La direction des mines et de la géologie considéra à l'occasion qu'il y avait là "un nouvel indice particulièrement intéressant quant aux possibilités de minéralisation en hydrocarbures du bassin sédimentaire de Douala..."3(*)9 Cet engouement justifia une nouvelle augmentation du capital de la SEREPCA avec l'arrivée de la FINAREP et de la COFIREP.4(*)0

Enfin, de 1956 à 1959, l'activité pétrolière au Cameroun se résuma principalement à l'évaluation des différents indices décelés et seuls quelques nouveaux indices furent forcés. En 1956, la SEREPCA entreprit un second forage à Souellaba (SA-2) qui se révéla de faible dimension avec des réserves de 15000 m3 de pétrole et de 6.000.000 m3 de gaz. On mit également en évidence à Logbaba deux nouvelles lentilles de gaz et on pensa résolument à la rentabilité possible de ces gisements. En effet, on envisagea la mise sur pied d'une unité de dégazolinage mobile qui traiterait 140.000 m3 de gaz par jour. En plus du méthane, cette unité produirait 1.100 tonnes de butane et de propane, 3.500 tonnes d'essence et 1.900 tonnes de kérosène4(*)0. On note par ailleurs que le personnel de la SEREPCA se composait en 1956 de 111 européens et de 505 africains. En 1957, l'activité pétrolière fut restreinte à une réévaluation des réserves de Logbaba à 350 millions de m3 de gaz riche en méthane. Contrairement à ce qui était envisagé, la direction des mines et de la géologie précisait à l'occasion : "L'utilisation de ce gaz est reportée jusqu'au jour où le méthane pourra être vendu", ne justifiant plus l'installation de la petite unité de dégazolinage.4(*)1 Cette réduction de l'activité a eu des incidences sur l'effectif du personnel de la SEREPCA qui allait passer à 286. Mais, il faut noter qu' "Au cours de l'année 1957, 4.100.000 m de gaz humide provenant de ces puits ont fourni après séparation  256 tonnes de gazoline"4(*)2. Ceci met en évidence l'utilisation des ressources hydrocarbures du Cameroun, même si elle ne déboucha pas sur une production industrielle, de grande ampleur.

En 1958, l'effectif du personnel fut à nouveau réduit à 233 personnes. Les indices de Nkappa et de Kwa-kwa furent forés sans résultats probants. En 1959, seul Kwa-kwa fut inscrit dans l'activité de la SEREPCA qui suspendait, cette année-là,  ses travaux pour procéder à "un travail de réinterprétation et de synthèse des nombreuses données obtenues dans la zone Nord du bassin de Douala..."4(*)3. L'évolution politique du Cameroun qui conduisait l'Etat à l'indépendance et, la succession de résultats décevants semblent avoir déterminé ce déclin de l'activité de la SEREPCA dès 1957.

On pourrait alors s'interroger sur l'utilisation faite des quelques mètres cubes prélevés, notamment à Logbaba. Cependant, la non exploitation des différents gisements de gaz mis en évidence se justifie d'une part par le caractère réduit de ceux-ci et d'autre part par le fait que la France ne disposait pas de véritable politique gazière avant les années 1960. En effet, le gaz naturel ne comptait que pour 0,4% de la consommation énergétique de la France en 1951 et pour 2% en 19584(*)4. Ceci d'autant plus que les perspectives de produire de l'énergie atomique étaient étudiées.

* 32 Pouzet, "La recherche du pétrole" ..., p.1321.

* 33 Pianet, L'industrie minière ..., p.9.

* 34 Ibid.

* 35 X.L. Deutchoua, "Noir silence sur l'or noir", Les cahiers de Mutations, n°040, octobre 2006, p.4.

* 36 Carottier. Tube servant, dans un forage, à extraire les échantillons des couches traversées ; ceci pour déterminer l'emplacement des gisements.

* 36 ANY, 2AC9397, l'éruption de gaz de Logbaba, 9 juin 1955.

* 37 Pianet, L'industrie minière..., p.10.

* 38 Ses aventures ont fait l'objet d'une biographie : J.O-Kinley, Call Kinley. Adventures of an oil well firefighter, Tulsa, cock-a-hoop, 2001, p.70.

* 39 ANY, 2AC9397, L'éruption de gaz...

* 40 Supra. p.80-82.

* 40 Direction des mines et de la géologie, Rapport annuel 1956, p.22.

* 41 Direction des mines et de la géologie, Rapport annuel 1957, p.22.

* 42 Ibid.

* 43 Direction des mines et de la géologie, Rapport annuel 1959-1960, p.24.

* 44 Brand, Durousset, La France, p.179.

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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld