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Culture et progrès chez Hegel

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par Céline Ko Tine
Université Cheikh Anta Diop de Dakar - Maitrise 2011
  

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CHAPITRE II : Kant et la question de la culture et du progrès

Dans la mesure où l'homme est un être complexe c'est-à-dire un être dont on ne peut saisir son véritable essence, son évolution dans l'histoire peut être aborder sous plusieurs angles. C'est dans ce sens que Kant, à la suite de Condorcet et concernant la problématique de la culture et du progrès concentre le débat sur ce qu'il nomme « l'insociable sociabilité » des hommes. On voit par là qu'il se focalise sur la sphère sociale pour analyser la formation de la conscience humaine et ensuite montrer les jalons du progrès de celle-ci. Ainsi, il s'agira de voir, par rapport à cette question de la culture au sens de formation de l'esprit et du progrès entendu comme évolution en tenant compte des différentes circonstances, comment il expose une telle problématique dans sa pensée. Cela étant, les prémisses posées par Kant ont été une sorte de déclic dans le champ de la pensée philosophique.

1- La philosophie de l'éducation

Kant, en statuant sur son époque, montre qu'elle marque l'accès de l'homme à un nouveau stade, ce qui revient à dire qu'il est passé de l'étape élémentaire qui signe « la sortie de l'homme de sa minorité20 » à l'étape supérieure qui, selon lui, coïncide avec « la majorité21 ». En réalité, le passage de l'homme de l'état d'ignorance à la réelle prise de conscience montre bien qu'il est capable de s'améliorer. C'est cette amélioration de sa nature qui le projette dans un processus de développement de ses dispositions susceptibles de donner une nouvelle orientation à sa destinée. Poser la question de l'amélioration de l'homme revient à introduire la question de son progrès. Mais tout d'abord, il y a lieu de cerner les bases sur lesquelles doit reposer l'idéal d'un véritable progrès.

20 E. Kant, Qu'est-ce que les Lumières ? in La philosophie de l'histoire, Paris, Ed. Gonthier, 1947, p. 46.

21 E. Kant, Op. cit., Paris, Ed. Gonthier, 1947, p. 46.

En effet, c'est pour établir de tels principes que Kant développe, dans sa visée anthropologique, toute une thématique sur l'éducation du genre humain. La question du progrès qui se pose est liée non pas à l'histoire naturelle de l'homme qui renverrait peut-être à la trajectoire qui va de l'état primitif ou état de nature à l'humanité, mais à l'histoire morale. Cette histoire morale montre comment à travers les différentes étapes, l'homme est déterminé à s'inscrire dans la voie du progrès. Mais, cette réalisation doit etre l'effort de tous les hommes car, dans sa philosophie de l'histoire, il désespère de l'homme en tant qu'individu isolé.

Voilà pourquoi Kant montre que l'homme n'évolue réellement qu'au sein de la société où la rivalité avec ses semblables l'amène à développer ses dispositions naturelles. C'est dans cette sphère où il évolue qu'il prend progressivement conscience de lui-même. Pour lui, chaque homme est contraint de s'associer aux autres pour réaliser ses propres fins, mais désire en même temps et pour le même motif s'opposer à eux. C'est cette ambiguïté que l'on retrouve chez l'homme, son « insociable sociabilité » qui est la source de tous les progrès faits par l'humanité. A ce propos, il écrit : « Le moyen dont la nature se sert pour mener à bien le développement de toutes les dispositions est leur antagonisme au sein de la Société, pour autant que celle-ci est cependant en fin de compte la cause d'une ordonnance régulière dans cette société J'entends par antagonisme l'insociable sociabilité des hommes, c'est-à-dire leur inclination à entrer en société, inclination qui est cependant doublée d'une répulsion générale à le faire, menaçant constamment de désagréger cette société22. »

En d'autres termes, même si l'homme répugne à vivre avec ses semblables, il ne peut se passer d'eux. C'est au sein de la société qu'il dépasse son état animal par le développement de ses facultés naturelles et se sent véritablement homme ; c'est donc la société qui fait de lui un homme. Cela témoigne de l'importance de la formation de l'individu dans cette sphère et son processus vers la culture. Dans cette perspective, Kant mentionne dans les Fondements de la métaphysique des moeurs que

22 KANT, E. ,Idée d'une histoire universelle au point de vue cosmopolitique : in La philosophie de l'histoire, Ed. Gonthier, Paris, 1947, p. 31.

: « l'homme doit etre éduqué. L'homme est le seul etre qui a besoin d'une éducation23 » Ces propos parfaitement illustratifs posent le plan d'édification du genre humain. En d'autres termes, le grand secret de la perfection de la nature humaine réside en dernière instance dans l'éducation et en ce sens, il relève, á certains égards, la capacité de l'homme à s'inscrire dans l'arsenal d'un « progrès conçu comme perfectionnement de soi à travers la culture24. » Ce principe se justifie par le fait que l'homme, par la culture qu'il acquiert dans la société, théâtre de rivalité, se propulse dans la voie du progrès.

En effet, même si une certaine ambivalence se présente tout au long de la pensée de Kant, du fait de cette notion d'insociable sociabilité, il n'en demeure pas moins vrai qu'il défend l'idée d'un progrès moral, car l'homme, malgré la présence en lui d'une certaine disposition qui l'incline vers le mauvais penchant, est capable de se ressaisir pour emprunter le droit chemin. Cela signifie que même si en apparence l'homme entre en permanence en conflit avec ses semblables, il est un être en devenir qui acquiert sa culture en société. Cette vie en société est donc une nécessité et non pas le résultat du choix des individus. Et la conséquence que Kant en tire est que l'homme doit prendre conscience qu'il est contraint d'accepter ce qui s'impose à lui et qui constitue le moyen par lequel il peut accéder à un véritable développement. Ainsi, on peut effectivement dire que ce progrès de la conscience s'effectue á travers l'histoire. Cela signifie que le progrès de la conscience détermine d'une certaine manière le progrès de l'histoire.

22

23 E. Kant, Fondements de la métaphysique des moeurs, Paris, Vrin, 1992, p. 41.

24 E. Kant , Op.cit., Paris, Vrin, 1992, p. 40.

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"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry