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De la psychanalyse du sujet connaissant à  l'objectivité scientifique dans l'épistémologie Bachelardienne

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par Merleau NSIMBA NGOMA
Université chrétienne Cardinal Malula RDC - Licence en philosophie et lettres 2009
  

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CHAPITRE TROISIEME : DE LA CATHARSIS A l'OBJECTIVITÉ SCIENTIFIQUE

0. Mise en place

Nous avons entrepris, dans tout notre deuxième chapitre, d'analyser les obstacles épistémologiques qui font que l'esprit scientifique ne puisse pas accéder à l'abstraction et, par conséquent ne puisse progresser.

Etant donné ces obstacles sont liés à l'esprit même qui veut connaître, nous n'avions pas en tout cas la prétention d'avoir épuisé sous ces lignes tous les détailles des obstacles épistémologiques. Nous avons plutôt, simplement, schématisé cette vaste entreprise qui s'acharne contre toute connaissance prématurée, contre toute connaissance qui s'attache à l'appétit utilitaire.

Selon Bachelard, « une connaissance objective immédiate, du fait même qu'elle est qualitative, est nécessairement fautive... Une connaissance immédiate est, dans son principe même subjective. En prenant la réalité comme son bien, elle donne des certitudes prématurées qui entravent la connaissance objective »158(*).

C'est ainsi que pense, Bachelard « la véritable libération de la connaissance objective est le fruit et fonction de fortes décharges de la rupture, de fortes pressions de la mutation que doit effectuer l'esprit »159(*).

Voilà pourquoi notre épistémologie accorde une grande importance à la psychanalyse, non pas dans le sens d'une thérapie, mais surtout en ce qu'elle écartera certaines croyances naïves provenant de la simple projection de nos impulsions et de nos désirs.

En effet, c'est à partir du moment où l'obstacle épistémologique est surmonté donnant lieu à une rupture épistémologique, que le progrès scientifique peut advenir.

Le but poursuivi par Bachelard en psychanalysant l'esprit et en se dépouillant de tout ce qui constitue `'les obstacles épistémologiques'' est de tendre vers l'objectivité scientifique. Cette dernière est ce vers quoi tout esprit doit tendre. Bachelard nous propose ainsi une catharsis intellectuelle afin de libérer l'inconscient du chercheur, par voie de conséquence, favoriser le progrès de la science.

Mais en quoi consiste la psychanalyse dont ne cesse de parler Bachelard ? La rupture est-elle possible ? Et c'est quoi, d'après Bachelard, l'objectivité à laquelle prétend l'homme des sciences contemporaines. Ce sont là, l'ensemble de questions qui constituent la charpente de notre chapitre.

III.2. Les exigences de la rupture épistémologique

III.2.1. La rupture épistémologique comme transcendantal de l'objectivité scientifique

Avec l'examen des obstacles dont doit se débarrasser tout esprit épris de la culture scientifique, nous avons découvert que, de l'avis de Gaston Bachelard, toute première objectivité est la première erreur qui loge dans l'esprit.

Cette erreur première, souligne l'auteur, exige une véritable rupture. Pour lui, « l'objet ne saurait être désigné comme un objectif immédiat ; autrement dit une marche vers l'objet n'est pas initialement objective. Il faut donc accepter une rupture entre la connaissance sensible et la connaissance scientifique »160(*).

Libérer la connaissance objective est, sous la plume de Bachelard, se libérer des premières intuitions, de tout ce qui prend en premier la place de notre connaissance. En d'autres termes, explique Bachelard « l'objectivité scientifique n'est possible que si l'on a d'abord rompu avec l'objet immédiat, si l'on a refusé la séduction du premier choix, si l'on a arrêté et contredit les pensées qui naissent de la première observation... Toute objectivité, dûment vérifiée, dément le premier contact avec l'objet... Elle doit d'abord tout critiquer : la sensation, le sens commun, la pratique même la plus constante... »161(*).

Pour Bachelard, le `'déjà acquis '' crée un énorme blocage à la connaissance objective. L'esprit qui entreprend la culture scientifique n'est jamais jeune, avons-nous déjà, relevé. Et la pensée inconsciente s'agglomère autour des notions pré-réquises et ainsi l'esprit s'introvertis et s'immobilise.

De cette manière, la nécessité de la rupture ou de la coupure épistémologique touche aux profondeurs même de la psychologie. Bachelard écrit à ce propos, « psychologiquement, pas de vérité sans erreur rectifiée. Une psychologie de l'attitude objective est une histoire de nos erreurs personnelles »162(*).

Aussi poursuit-il disant que « toutes les fois que nous l'avons pu, nous avons indiqué par des brèves remarques comment, d'après nous, l'esprit scientifique triomphait des divers obstacles épistémologiques, et comment l'esprit scientifique se constituait comme un ensemble d'erreurs rectifiées »163(*).

Transcendantal de l'objectivité scientifique, la coupure épistémologique est une révolution de la pensée contre elle-même ; notre mode de sensibilité est, pou la plupart des cas, porteur et évocateur de pragmatisme et de réalisme immédiats.

Selon Bachelard, notre adhésion à l'univers de l'objet par l'immédiateté révèle quelque fois, - sinon toujours - `'de la satisfaction intime'' et non `'de l'évidence rationnelle''.

C'est plus, explique, notre penseur, en termes de gratuité de `'stimulation''- l'expression qu'il emprunte de Baldwin - que nous abordons l'objet. Particulièrement, souligne-t-il, « même sous la forme en apparence générale, même lorsque l'être repu et comblé croit avoir venir l'heure de penser gratuitement, c'est encore sous la forme de stimulation qu'il pose la première objectivité »164(*). Une véritable psychologie de l'objectivité scientifique exige selon notre auteur une profonde conversion des intimités.

L'entrée en science doit se caractériser par un dépouillement de tout réalisme et exiger une véritable « pédagogie en rupture avec la connaissance usuelle »165(*) et il est vrai que la science est, et reste l'expression la plus fructueuse de la liberté de l'esprit ouvert à tous et universellement convaincante. Mais aussi, poursuit Bachelard, le monde de la science est loin d'être ouvert à tous les vents et à toutes les manipulations de l'esprit. Pierre Quillet écrit à ce propos, « la cité scientifique est fermée et réglée comme par une clôture et une constitution monastiques... et la vocation scientifique exige un complet renoncement à tout attachement humain »166(*).

La connaissance scientifique est, pour Bachelard, le résultat d'une soustraction et d'une correction. Elle est en même temps le résultat d'un esprit qui se déprend de son passé d'images et de son adhésion spontanée à l'immédiat, et aux entraînements naturels.

L'esprit qui veut accéder à la science doit commencer par un rejet sur base duquel il esquissera un projet d'où résultera son objet scientifique. La connaissance scientifique st le résultat d'une correction. Une belle page de Michel Vadée peut nous le démontrer : « La rectification est... décrite comme relevant de la puissance de la reforme de la pensée, de sa capacité inventive, de son autonomie conçue comme totale liberté. Face aux faits, face à ses théories et concepts antérieurs qui ne peuvent expliquer tous les faits, la pensée se trouve mise en demeure d'abandonner ses concepts sclérosés, ses a priori anciennes, de les déformer, de les remplacer par des nouveaux concepts plus ou moins profondément modifiés »167(*).

Il indique par la suite que « cette dialectique dans laquelle approximation et rectification jouent alternativement le rôle prédominant, Bachelard la décrit la plupart du temps comme une oscillation, un va-et-vient incessant entre le connu (la raison) et ce qui est à connaître (le réel). Mais dans les périodes de révoltions scientifiques décisives, c'est la rectification théorique qui jouent le rôle dominant »168(*).

Tout ceci, ramène à dire que l'objectivité scientifique, loin d'être fonction d'une addition, ou du remplacement d'une ignorance par une connaissance, est une correction : pas de vérité sans erreur rectifiée. Selon l'auteur, « l'enfant naît avec un cerveau inachevé et non pas, comme le postulat de l'ancienne pédagogie l'affirmait, avec un cerveau inoccupé »169(*) .

S'exprimant à propos du progrès scientifique, Bachelard soutien que celui-ci ne suit pas la ligne cumulative d'une addition des connaissances, mais celle, réductrice, d'une soustraction d'images et des préjugés encombrants et indûment valorisants. La vérité scientifique est ainsi plus l'aboutissement d'un processus qu'un commencement. Elle est un résultat, avons-nous dit.

Pour Bachelard, la science ne prolonge pas la connaissance commune ; elle la contredit parce qu'elle est l'opinion et qu'elle « pense mal ; elle ne pense pas : elle traduit des besoins en connaissance. En désignant les objets par leur utilité, elle s'interdit de les connaître. On ne peut rien fonder sur elle : il faut la traduire..... »170(*).

Pour connaître véritable et scientifique le réel, tout esprit doit être en mesure d'effectuer cette mutation brusque, ... aussi cette psychologie de l'abandon.

La science se définit chez Gaston Bachelard comme, « un combat, contre soi-même et contre la nature ; la science st un refus de ses propres opinions »171(*).

Considérant et intériorisant ainsi la logique de la rupture épistémologique comme transcendantal de toute objectivité scientifique, écrit Bachelard, «nous devons profiter de tous les enseignements, si spéciaux soient-ils, pour déterminer des structures spirituelles nouvelles. Nous devons comprendre que la possession d'une forme de connaissance est automatiquement une reforme de l'esprit. Il faut donc diriger nos recherches faites vers une nouvelle pédagogie »172(*).

A travers toute cette problématique de la coupure épistémologique, Bachelard semble véhiculer tout un code de bonne conduite, prescrire tout un règlement intérieur pour la problématique de la science. Nous en avons découvert, ce que nous appelons `'la morale bachelardienne''

* 158 G. BACHELARD, La formation de l'esprit scientifique, p.177.

* 159 Ibid., p.179

* 160 G. BACHELARD, La formation de l'esprit scientifique, p.239.

* 161 G. BACHELARD, Epistémologie, p.79.

* 162 Idem, La formation de l'esprit scientifique, p.239.

* 163 Ibid., p.240.

* 164 G. BACHELARD, la formation de l'esprit scientifique, p. 240.

* 165 Idem., Le nouvel esprit scientifique, p.140.

* 166 P.QUILLET, Op. Cit., p.106.

* 167 M. VADEE, Gaston Bachelard ou le nouvel idéalisme épistémologique esprit, Paris, Editions Scolaires, 1975, p. 57.

* 168Ibid., 66.

* 169 G. BACHELARD, La philosophie du non, p.128.

* 170 Idem, La formation de l'esprit scientifique, p.14.

* 171 G. GACHELARD, la philosophie du non, p.130.

* 172 Ibidem.

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