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L'émancipation familiale face aux institutions: des pères séparés dans l'impasse

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par Catherine Azémar
Conservatoire des arts et métiers Paris - Master de recherche: sciences du travail et de la société 2009
  

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5.2. Des séparations de couples conflictuelles

Ces associations ne proposent pas une aide directe au traitement de conflit de couple ou des services de médiation familiale, même s'ils préconisent fortement pour certains cette orientation. Cependant, elles reçoivent des parents qui sont tous dans la situation d'être séparés, en cours ou non de divorce, mais toujours avec la demande d'intervention judiciaire concernant la résidence des enfants. La particularité en effet des personnes reçues dans les associations est de vivre une situation de séparation conflictuelle, la durée de vie commune du couple pouvant être variable, voire parfois quasiment inexistante comme parmi les personnes interrogées, pour les trois plus jeunes que sont Vincent, Julien, et Lucien.

5.2.1. Le conflit parental dans la séparation de jeunes pères

Des nuances ainsi apparaissent dans l'échantillon par rapport à l'âge des pères, entre les jeunes trentenaires, et les autres. Ces trois pères en effet présentent la particularité de ne pas avoir vécu en couple. Il ne s'agit donc pas pour eux comme pour les autres d'un conflit lié à la séparation d'une vie de couple, même si dans cette situation également, il est bien question d'un conflit du couple parental :

« Ça fait longtemps que je ne suis plus contre elle, alors qu'elle elle est encore contre moi, elle se bat contre moi, et elle utilise les enfants pour ça, et je pense qu'elle est persuadée que j'en ai rien à faire de l'enfant et que je me bats contre elle, pour lui faire mal à elle. » (Vincent)

L'un d'entre eux, Lucien, n'est pas encore père, mais en attente d'un enfant ; quant aux deux autres jeunes pères interviewés (Vincent et Julien), ils expriment le sentiment d'avoir été utilisés par leur compagne pour avoir un enfant :

« En fait cet enfant là était plus ou moins une erreur de notre part. De ma part il n'était pas désiré, de sa part, il était plus désiré, mais c'était plus manipulé de sa part. Elle, elle avait tout programmé. Je me suis en fait retrouvé devant le fait accompli, et elle m'a fait tellement un travail sur moi de façon que je reconnaisse l'enfant. Parce que c'est vrai que pendant des années je désirais avoir un enfant, et du fait que c'est arrivé, je me suis dit, même si ce n'est pas désiré de ma part, j'aurai préféré avoir un enfant dans d'autres conditions, et les choses étant ce qu'elles sont, j'ai dit, je ne vais pas renoncer à cet enfant parce que c'est mon enfant, il a besoin de moi en tant que père, et il ne mérite pas ça. Et donc le jour où on a appris qu'elle était enceinte, c'est ce jour là qu'elle a décidé de me mettre dehors. » (Julien)

« Pour mon enfant, c'était une grossesse non désirée, j'ai pas du tout suivi la grossesse en étant très en colère contre la mère [...] Je lui ai demandé l'avortement, et un mois et demi après, elle avait pris sa décision de le garder. Et puis nous étions un couple très jeune, elle vivait à Nancy à l'époque, et donc on n'a jamais vécu ensemble sauf les WE [...] Je l'ai quitté au bout d'un mois et demi où elle avait enfin pris sa décision, et je n'ai quasiment pas suivi la grossesse. Elle m'a fait plein de chantages, et j'ai vu mon fils pour la première fois quand il avait 4 mois, je l'ai reconnu pendant la grossesse, grâce justement à une association de mères célibataires, que j'ai trouvé en cherchant avec les mots clés, « enfant dans le dos ». Maintenant, à l'association je me bats pour le voir. » (Vincent)

Ils réagissent alors par la volonté de s'impliquer, à travers une remise en question sur eux-mêmes, et le fait de se projeter dans la paternité :

« Moi, cet enfant, le premier jour où je l'ai vu, c'était un coup de foudre, c'était évident, en rentrant en voiture, j'ai pleuré pendant trois heures.. Ça m'a fait évoluer, cette histoire, ça m'a fait faire un bond, un travail sur moi-même, des choses que je n'arrivais pas à dépasser, que je ne comprenais pas. J'ai compris pourquoi je suis tombé sur cette femme là, pourquoi, je n'ai pas pu, cet enfant je ne peux pas l'abandonner. » (Vincent)

« En tant que bon père, j'estime, je ferai tout quitte à ce que moi, je donnerai ma vie pour mon enfant, et cela jusqu'à la fin de mes jours [...] J'ai dû lui donner de l'argent pour voir mon fils, et puis acheter des vêtements, de la nourriture, pour que je puisse avoir un droit de visite d'une heure sur mon fils... Avoir un terrain d'entente, pour F, mes droits de visite et de contribution parentale, c'est normal, c'est mon enfant. Je l'ai vu trois fois, en trois fois, je l'ai vu 4 h. Pour moi, il me manque énormément, j'en fais des déprimes.» (Julien)

« Je me renseigne où en est la grossesse, où elle en est physiquement aussi, parce que quand une femme attend un enfant, il y a un ressenti, j'essaie de savoir comment ça se passe ; Quand on est séparé, c'est vrai qu'on n'a pas la femme à côté de soi, on ne voit pas le ventre prendre de l'ampleur, je suis privé de tout ça, je sais que ce sera un manque, mais j'essaie de savoir là où elle en est, je l'accompagne autant que je peux, en tant qu'ex conjoint, dans sa grossesse. Pour l'instant, je ne suis pas mis à l'écart du processus. » (Lucien)

Un père interviewé, impliqué par ailleurs dans l'association, résume à sa façon les situations conflictuelles des pères qui se présentent :

« Il y a aussi le fait d'aller devant un juge, car il y en a qui se séparent sans problèmes, ils font tout à l'amiable, et puis du jour au lendemain, parce que quelqu'un revient dans la vie sociale, ça met le grain de sable, ils vont voir le juge et ça finit en « eau de boudin ». Il y a le facteur baby blues aussi. Il peut arriver qu'une mère ait le baby blues et puis du jour au lendemain, elle s'en va. Le père, il ne comprend pas, il n'y a plus de mère. Après la naissance, vous avez des mères qui partent avec leur enfant, on ne sait pas pourquoi, et le père, il est là, il est au milieu, et il se demande pourquoi il est là. Et puis vous avez aussi des pères géniteurs ; c'est-à-dire la femme trouve un homme, se fait faire un enfant, et après, elle disparait. Et en général, c'est les plus virulents, ces pères là, parce qu'ils savent qu'ils ont quelque chose à eux, et ils veulent le récupérer, et ils sont les plus virulents dans le sens où ils ont été bafoués. » (Pierre)

Parfois séparés ou divorcés depuis plusieurs années, le conflit peut être ravivé suite à un changement de situation :

« On s'était mis d'accord pour tous les WE, à l'amiable, et puis petit à petit, je ne l'avais plus le WE. J'ai alors demandé à faire une requête, et quand j'ai eu un dialogue avec le greffier, il m'a dit il faut faire une requête, et je lui ai dit, si elle ne veut pas la faire, alors il m'a répondu, ça ce n'est pas notre problème, c'est à vous de vous arranger ; Quand vous avez un mur en face de vous, vous faites comment ? » (Pierre)

Une rivalité qui apparait souvent consécutive à un déménagement de la mère.

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"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci