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L'émancipation familiale face aux institutions: des pères séparés dans l'impasse

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par Catherine Azémar
Conservatoire des arts et métiers Paris - Master de recherche: sciences du travail et de la société 2009
  

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6.2.2. La place de la mère soulignée

En lien avec cette question sur la résidence, lorsque j'interroge les pères sur leur conception de l'égalité parentale, leur représentation des places de chacun, les réponses apportées soulignent surtout la nécessité d'accorder une importance à l'un et à l'autre, que chaque parent soit reconnu à part entière.13(*) Ainsi au delà d'une recherche d'égalité stricto sensu, il s'agirait plus précisément d'une égalité de droits dans le sens du respect de chacun qui est attendu, et donc d'un apaisement des conflits, ce à quoi oeuvrent les associations quand elles conseillent aux parents de traiter à l'amiable entre eux, et leur suggèrent de ne jamais répondre aux attaques en envenimant le conflit. La décision de séparation quand elle se fait au travers un désaccord profond du couple, l'enfant devient alors forcément le trait d'union, et quand les parents veulent se séparer, ils coupent avec l'enfant et le parent, déplore un animateur.

« L'égalité, justement, c'est aussi le partage de ce qu'on est, donc si on a des différences, c'est vivre un peu comme papa, avec du bien et du moins bien, et vivre avec maman, avec des bons moments et des moins biens, avec des qualités et des défauts, mais c'est avec ça aussi qu'on se construit. Il n'y a pas la maman toute puissante qui connait tout et qui sait tout, et le papa, qui décide de tout et dit amen à tout. » (Etienne)

Pour la seule mère consultée, celle-ci estime que les mères se trouvent en général en position de force face aux institutions, et que finalement elles ont le pouvoir de laisser la place ou non au père. Quand je pose la question à cette mère, dont l'enfant a bénéficié d'une résidence alternée, comment s'est fait le choix au sein du couple parental, celle-ci met en avant le fait que la décision a surtout reposé sur elle. Ou en tout cas repose sur elle, le choix d'évincer ou non le père, et donc celui d'un éventuel conflit :

- Vous étiez d'accord pour la résidence alternée ?

« Oui, enfin, lui ne s'est posé la question, c'est moi qui ais réfléchi. On ne parlait pas, c'était plutôt la mère qui devait être avec l'enfant, en même temps, j'aurais pu couper le lien justement. Cela tient effectivement de la décision de la mère. C'est dans la culture et c'est conforté par le juge. » (Extrait)

Je note par ailleurs qu'au cours de l'entretien, cette mère reviendra fréquemment sur la notion de lien, en employant l'expression du pouvoir de la mère de « couper le lien » au père. Elle fait ainsi le constat que les très rares cas où c'est le père « qui coupe », sont les cas particuliers où prédomine la culture patriarcale, citant pour exemple la situation d'une autre mère de l'association, dont l'ex mari, palestinien, ne lui permet pas un libre accès à ses enfants.

Ils peuvent témoigner d'une volonté à être présent auprès des enfants et réclamer des droits dans ce sens, tout en reconnaissant la primauté du rôle de la mère, notamment pour les enfants en bas âge, dans la représentation sous jacente d'une position de force de la mère, liée à la nature :

« Et puis c'est vrai qu'une femme elle porte l'enfant en elle, c'est une énorme différence, une énorme supériorité que la femme a par rapport à l'homme, l'enfant elle l'a en elle, c'est vraiment la chair de sa chair, il y a vraiment cette relation d'osmose. » (Lucien)

Avec la préoccupation aussi de tenir compte de l'avis des enfants quand ils sont plus âgés. « Elle tente une possibilité de faire un règlement à l'amiable, alors j'accepte. La petite n'est pas pour le moment décidée à venir avec moi, je respecte son choix, elle a dix ans elle a encore besoin de maman, c'est tout à fait normal. Par contre la moyenne c'est sûr, c'est officiel, elle vient avec moi à partir de septembre, c'est elle qui l'a demandé ». (Patrick)

Ils expriment à ce sujet, ne pas vouloir priver l'enfant de sa mère :

« Parce que je ne veux pas non plus le priver de sa mère, car pour moi c'est très important qu'il ait sa mère, et je ne veux pas non plus le priver de moi. Et je n'ai pas envie non plus qu'il y ait une distance énorme. » (Julien)

« Nous, on ne cherche pas à enterrer la mère, mais la mettre en avant avec le père. » (Pierre) ce qui est confirmé par des adhérents animateurs d'associations qui disent ne pas vouloir faire ce qui se passe dans l'autre sens, c'est-à-dire donner l'enfant au père de sorte que la mère ne les voient pas.

Dans l'idéal, certains peuvent imaginer une réconciliation, ou en tout cas ils ont une représentation d'un idéal de famille unie, et la séparation est vécue comme un véritable échec, du fait surtout de leur isolement, d'un vécu de parent seul, dissocié de la cellule familiale.

« La Famille, c'est pour moi un ensemble de personnes liées entre elles, et ce lien ne doit pas être rompu. » (Jean)

« Le côté dramatique c'est la séparation, je me revois quand on était tous les trois, que j'ai vu ma fille dans le couloir, je me suis dit ta vie elle est foutue.. Ce n'est pas l'absence de ma fille, c'est la petite voisine, qui me dit dans la rue d'à côté en sortant de son judo, elle est où Amélie ? Elle est chez sa maman, ...Tu ne vas pas séparer, la résidence alternée avec les grands, il y a trois autres enfants, (avec la mère) ce n'est pas facile. Vous avez cette vision des couples d'à côté qui vous est absolument insupportable, et bien là il y a la vision du monde normal. Par exemple, je sors jamais de chez moi entre 8h 10 et 8h 20, pour ne pas les voir les accompagner à l'école, je ne peux pas le supporter ça. » (Martin)

« Moi, dans l'idéal, Je lui demanderai de descendre dans le sud. Parce qu'elle elle avait l'intention de redescendre dans le sud, on avait abordé le sujet. Je travaillerai plus, on prendra une colocation dans une villa séparée, deux appartements, au pire s'il faut payer, je paierai tout, mais je veux que vous soyez à côté de moi. Tu es quand même la mère de mon enfant, ça, ça ne pourra rien changer, jusqu'à ma mort, tu seras la mère de mon fils et pour ça je serai obligée de te respecter, même si on a beaucoup de différents. Voilà, mon but, c'était ça, qu'il y ait juste le jardin à traverser. Pour moi, l'optique de la séparation idéale, c'est ça. Qu'on soit très proches géographiquement et au niveau de la relation. Même si on ne fait pas subir devant l'enfant, il le ressent quand même, donc qu'on soit amis, pas dans le cercle conjoints mais amis. La conciliation dans la séparation, qu'on devienne des adultes et qu'on se dise voilà maintenant c'est fini, et il y a F au milieu, et c'est le principal, c'est lui, et moi, j'espérais qu'il soit le ciment car même en étant séparé, malgré tout, on forme toujours une famille, c'est sa mère, je suis son père, on est toujours sa famille et j'espérais qu'il soit le ciment de cette famille là. Même si on est plus ensemble qu'on reste en bons termes. Pas pour nous, pour l'enfant. » (Julien)

Relatant leur histoire avec beaucoup d'émotion, les pères rencontrés dans ces associations témoignent d'une situation d'isolement, un vécu d'abandon, et sont à la recherche d'un soutien quand ils expriment une demande de partage d'expériences, d'échange avec leurs pairs.

* 13 Un prochain chapitre sera plus particulièrement consacré aux représentations

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