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Les Comités de Défense de la Révolution(CDR) dans la politique du Conseil National de la Révolution(CNR)de 1983 à  1987: une approche historique à  partir de la ville de Ouagadougou

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par Kakiswendépoulmdé Marcel Marie Anselme LALSAGA
Université de Ouagadougou - Maîtrise 2007
  

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II.3.La consecration institutionnelle des CDR: le DOP

Le DOP a constitué une étape fondamentale dans la disposition institutionnelle des CDR en tant qu'organe privilégié du CNR. La nature, la place et le rôle des CDR dans la révolution ont été clairement établis avec ce discours politique : «Le CNR [...] se doit d'avoir des instances locales dans les secteurs de la vie nationale. Et c'est là que reside le sens profond de la creation des CDR qui sont les représentants du pouvoir révolutionnaire dans les villages, les quartiers, les villes, les lieux de travail ».37

Le DOP définit la nature des CDR comme des structures de démocratie qui devaient partager le pouvoir révolutionnaire avec le CNR. C'était une manière donc de promouvoir la déconcentration et la décentralisation du pouvoir à travers tout le territoire national. La fin de cette orientation visait à s'assurer les bonnes grâces du peuple et jouir d'une large popularité. Cette caution du peuple était une nécessité pour conférer à la révolution son caractère démocratique et populaire que le CNR venait de proclamer à travers le DOP. Le DOP mit en exergue les aspirations profondes du CNR par rapport à la création des CDR. En les déclarant former « l'organisation authentique du peuple dans l'exercice du pouvoir révolutionnaire »,38 le CNR exprimait l'instrumentalisation dont les CDR allaient faire l'objet. A ce titre, des rôles immenses et diversifiés leur ont été définis.

Définir de façon circonstanciée ces rôles se révélerait être une entreprise très fastidieuse et dénoterait de notre part une absence d'esprit de synthèse. Nous voulons seulement avancer quelques grandes lignes de ces rôles. Nous en avons retenu

37 CNR, 1983, DOP, « Pour une juste comprehension de la nature du role et du fonctionnement des CDR », pages 24 et 26.

38 Idem, page 25.

23 deux principaux : la mobilisation et « l'organisation du peuple voltaïque tout entier en vue de l'engager dans le combat révolutionnaire »39 et la défense de la révolution en étant des « détachements d'assaut qui s'attaqueront O. tous les foyers de résistance [...] des levains qui devront porter la révolution dans [...] tous les milieux ».40 En somme, c'est la protection, la consolidation et la puissance du pouvoir révolutionnaire que les CDR devaient garantir.

Dans cette perspective, il faut comprendre toute l'importance des propos de Adama TOURE, alors Ministre de l'Information et porte-parole du gouvernement : « Si le peuple tel qu'il est désormais défini par le CNR est le moteur de notre Révolution Démocratique et Populaire pour le CNR, les Comités de Défense de la Révolution (CDR) doivent en "etre le fer de lance en tant qu'incarnation du pouvoir populaire. Les Comités de Défense de la Révolution pour assumer correctement leurs roles, doivent comprendre qu'ils doivent travailler O. rassembler, O. organiser et O. mobiliser... ».41 A la fin de son propos, il insista sur la quintessence du DOP, considéré en quelque sorte comme le livre rouge du processus révolutionnaire burkinabé : « Le Discours d'Orientation Politique du 02 octobre doit "etre désormais le bréviaire de tous les progressistes, de tous les patriotes et de tous les révolutionnaires voltaïques qui O. travers les CDR doivent l'étudier avec une attention particulière pour s'en pénétrer chaque jour davantage afin de s'en servir comme un phare lumineux dans la lutte révolutionnaire de notre peuple pour un avenir radieux ».42

Le DOP a consacré le rôle indispensable des structures populaires dans l'accomplissement des idéaux de la révolution. A travers elles, le peuple tout en entier était invité à appréhender le sens profond du DOP qui devenait alors le livre de référence par excellence des révolutionnaires, un modèle, un guide pour l'aboutissement de la révolution.

En fin de compte, toutes les supputations qui définissaient de façon courte l'existence des CDR devenaient caduques. Le DOP entamait ainsi le processus d'institutionnalisation des CDR. « Apres les naissances spontanées des CDR, et en attendant que des contours statutaires leur soient donnés, que leur organisation structurelle soit bien assise, CDR et militants savent depuis le 02 octobre avec netteté O. quoi s'en tenir quant O. leur role politique. Piliers de la Révolution du 04 aout, les CDR doivent faire en sorte que le mouvement de l'immense majorité se vérifie ».43

39 CNR, 1983, DOP, « Pour une juste compréhension de la nature du role et du fonctionnement des CDR », page 25.

40 Ibidem

41 Adama TOURE, « Un phare lumineux dans la lutte révolutionnaire » in CARREFOUR AFRICAIN N° 799 du 07 octobre 1983, page 09.

42 Ibidem.

43 Béatrice DAMIBA, « Les CDR, nerfs de la révolution » in CARREFOUR AFRICAIN N°799, page 26.

L'analyse de ces propos de Béatrice DAMIBA44 fait comprendre que même si c'est à travers le DOP que les CDR ont acquis leur nature institutionnelle, il n'en demeure pas moins que cette disposition ait été partielle. Cette réserve que nous émettons se fonde sur l'imprécision de leur statut et de leur organisation structurelle, comme le soulignait la rédactrice de l'hebdomadaire CARREFOUR AFRICAIN.

La promulgation du Statut général des CDR le 17 mai 1984 leva ces incertitudes. Le Capitaine Pierre OUEDRAOGO qui avait succédé le 24 août 1984 au Commandant Abdoul Salam KABORE lors de la création du Secrétariat Général des CDR s'y était attelé. Ce statut institutionnalisait définitivement les CDR comme une institution politique à la dévotion du CNR qui assurait son contrôle : « Les Comités de Defense de la Revolution sont une emanation du CNR ».45

Au total, la volonté d'être en phase avec une certaine idéologie révolutionnaire originale dont il se réclamait,46 le souci d'engranger une caution populaire maximale et d'asseoir une politique révolutionnaire solide et efficace ont été les motivations ayant poussé le CNR dès son arrivée à lancer un appel au peuple pour la constitution de structures dites Comités de Défense de la Révolution (CDR). Définis comme « des architectes de la forteresse révolutionnaire, comme les ferments de la pate dans laquelle tous les Voltaïques determines doivent plonger la main pour faire lever »,47 les CDR furent disposés institutionnellement pour une mission d'envergure par le DOP du 02 octobre 1983. La promulgation de leur statut général qui suivit le 17 mai 1984 les employa totalement comme une institution fondamentale du CNR dans l'exercice de son pouvoir révolutionnaire.

44 Béatrice DAMIBA a été rédactrice à CARREFOUR AFRICAIN, militante, elle était devenue par la suite haut-commissaire, puis ministre du CNR.

45 CNR, SGN-CDR, 1983, Statut général des Comités de Défense de la Révolution : « De la definition et des objectifs », Article 1, page 7.

46 Révolution Démocratique et Populaire

47 Béatrice DAMIBA, « Les CDR, nerfs de la revolution » in CARREFOUR AFRICAIN N° 799 du 07 octobre 1983, page 26.

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