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Les Comités de Défense de la Révolution(CDR) dans la politique du Conseil National de la Révolution(CNR)de 1983 à  1987: une approche historique à  partir de la ville de Ouagadougou

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par Kakiswendépoulmdé Marcel Marie Anselme LALSAGA
Université de Ouagadougou - Maîtrise 2007
  

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111.3.2. Les permanences CDR : points d'appui de 'action des CDR

Les permanences étaient des services chargés d'assurer le fonctionnement et la continuité du pouvoir révolutionnaire local représenté par les CDR. Tous les 30 secteurs de la ville de Ouagadougou s'étaient dotés d'une permanence CDR.

80 La gestion des finances était assurée par le trésorier élu au bureau CDR. Cependant, le choix de ce trésorier n'exigeant pas un profil requis, il a été parfois fait cas de mauvaise gestion des ressources pécuniaires.

Dans un premier temps, les CDR réquisitionnaient des maisons de particuliers pour en faire des permanences provisoires. Ce fut le cas du secteur 14 (Zogona)81. Au secteur 29, les CDR ont d'abord occupé une salle de l'école de Wemtenga 1 ; ensuite, ils ont transféré la permanence à l'école Dagnoen82 avant d'occuper une des cours du chef coutumier de ce quartier.83 Ce fut le cas des secteurs 24 et 30. Mais, il faut souligner que les CDR de ces deux secteurs avaient indemnisé symboliquement les deux propriétaires spoliés : le bureau CDR du secteur 24 déguerpit l'occupant au prix de 1,5 millions, et celui du 30, 3 millions.84

Modestes au début, les permanences devinrent très vite des édifices ostentatoires de prestige et illustrèrent une concurrence sérieuse entre les différents secteurs. A la première conférence nationale des CDR, une résolution développa cette compétition en ces termes très révélateurs : « Considerant que la permanence CDR est le lieu privilégie de rencontre de tous les militants du Comité de Defense de la Revolution et que de ce fait, elle constitue un centre d'expression et d'épanouissement de l'action révolutionnaire [...], la Premiere Conference Nationale des CDR affirme que la permanence reflete la revolution elle-m-eme et demande en consequence que toute permanence CDR ait une agréable presentation qui témoigne de la créativité militante, responsabilise tous les bureaux CDR dans ce sens et demande au SGN-CDR d'entrevoir une possibilité de recompense aux CDR les plus dynamiques ».85

Un autre fait avait attisé cette « guerre » des permanences : le mercredi 24 juin 1987, le Conseil des ministres se tenait à la permanence du secteur 30.86 Il loua la hauteur de l'organisation et la ferveur révolutionnaire des militants de ce secteur.

Ces événements très significatifs marquèrent certainement les esprits des CDR qui saisirent que l'édification d'un bâtiment de charme constituait un gage de leur militantisme révolutionnaire. Les secteurs se lancèrent donc dans de nouveaux chantiers ; en exemple, on peut citer les secteurs 17, 20, 21, 22 et 23 notamment.87

81 Le propriétaire de la cour, Emmanuel ZOUNGRANA a expliqué que les CDR ont retiré sa cour parce qu'elle avait l'apparence bourgeoise.

82 Suite au découpage de Ouagadougou en 30 secteurs, Wemtinga et Dagnoen étaient devenus un même secteur, le 29.

83 Entretien avec Henri KABORE, responsable aux activités socio-économiques du secteur 29 à son domicile au dit secteur.

84 Sylvy JAGLIN, 1995, Gestion urbaine partagée à Ouagadougou : pouvoirs et périphéries, Paris, Karthala-ORSTOM, page 311.

85 CNR, SGN-CDR, 1986, Rapport des travaux de la première conférence nationale des CDR du Burkina, page 97.

86 Sylvy JAGLIN, 1995, op cit, page 486.

87 Ibidem.

Pour financer les travaux, les CDR multipliaient l'organisation des kermesses, des cotisations... La permanence du secteur 22 par exemple coûta la somme de douze millions de francs CFA88 malgré la gratuité de la main-d'oeuvre.

Cependant, ces rivalités entre CDR dans la construction défavorisèrent souvent la gestion de proximité dans les secteurs. On assista ainsi entre 1986 et 1987 à une survalorisation de la permanence en ce sens qu'elle constituait un enjeu capital dans les rapports avec le pouvoir révolutionnaire. Ce que Sylvy JAGLIN a critiqué en ces termes : « L'indigence de leurs (CDR) moyens et l'intense compétition qu'elles [permanences] déclenchent contraignent ainsi les CDR a des gauchissements circonstanciels de leurs programmes dont l'empilement menace l'ensemble de l'édifice gestionnaire de proximité ».89

Au-delà de ces aspects que nous venons d'évoquer, la permanence représentait le siège du pouvoir local révolutionnaire, le centre administratif et le lieu de commandement par excellence des CDR dans le secteur. Elle constituait le centre de diffusion du message révolutionnaire, le quartier général des CDR dans la localité concernée.

Cependant, le symbole de fierté que représentait la permanence n'était pas une vision partagée. Pour ceux qui avaient eu des accrocs avec les CDR, c'était le lieu de la terreur, des tracasseries et des sanctions de tous genres. Ainsi, la permanence n'avait pas toujours bénéficié d'un bon regard.

Figure 4: Le bureau CDR du secteur 12 de Bobo Dioulasso devant sa permanence. Source : SIDWAYA/ Archives

88 Sylvy JAGLIN, 1995, Gestion urbaine partagée à Ouagadougou : pouvoirs et périphéries, Paris, Karthala-ORSTOM, page 486.

89 Idem, page 497.

Figure 5: Permanences CDR des secteurs 20 et 22. Source : Sylvy JAGLIN, 1995, Gestion urbaine partagee a Ouagadougou : pouvoirs et peripheries, Paris, Karthala, page 313.

Figure 6: La permanence CDR de la Cité An 11. Source : S1DWAYA/ Archives

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