WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Les Comités de Défense de la Révolution(CDR) dans la politique du Conseil National de la Révolution(CNR)de 1983 à  1987: une approche historique à  partir de la ville de Ouagadougou

( Télécharger le fichier original )
par Kakiswendépoulmdé Marcel Marie Anselme LALSAGA
Université de Ouagadougou - Maîtrise 2007
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

111.3.3. La propagande révolutionnaire

La propagande est un art de séduction que tout pouvoir en quête de popularité n'a jamais écarté. C'est une stratégie de conquête populaire qui a toujours été le propre des révolutionnaires. Là-dessus, le DOP se voulait formel : « L'action [des CDR] en direction des masses populaires vise a les entraîner a adhérer massivement aux objectifs du CNR par une propagande et une agitation intrepides et sans reldche ».90 C'est pour cette raison que dans chaque bureau CDR, il y avait un responsable à l'information et à la propagande.

La finalité de la propagande était de mobiliser, de former et d'amener les masses par conviction ou par contrainte à apporter leur soutien au CNR. Dans cette perspective, les CDR utilisèrent largement les structures d'information de l'Etat : la télévision, la radio, les journaux tels CARREFOUR AFRICAIN, SIDWAYA, l'INTRUS. Les CDR eux-mêmes avaient créé leurs propres journaux. On peut citer par exemple LOLOWULEN qui paraissait au niveau du SGN-CDR, le COMBAT de l'Université de Ouagadougou, le MESSAGER du Houet... Toutes ces parutions participaient « infailliblement a cette noble t7che de mobilisation, d'agitation et de conscientisation des militants ».91 Dans les écrits de ces journaux qui émanaient des CDR, la préoccupation capitale était la diffusion des idées révolutionnaires. On y remarque de l'enflure dans le propos véhiculé, un panégyrique de la révolution qui ne traduisait autre chose que le

90 CNR, 1983, DOP, page 26.

91 CNR, SGN-CDR, 1986, Résultat des travaux de la première conférence des CDR, page 39.

42 besoin d'exercer un puissant ascendant sur les esprits, et la pratique d'un certain clientélisme à l'endroit de la population.

Il faut également relever les formations politiques ou idéologiques qui faisaient corps avec la propagande révolutionnaire. Celles-ci consistaient en des séminaires, des veillées-débats, des conférences... Nos investigations nous ont fait découvrir que ces formations avaient trouvé l'engouement de la population. Certes, elles ont eu le mérite de faire naître un esprit patriotique dans la population, l'engageant ainsi dans l'exécution des programmes révolutionnaires. Mais, comme l'a si bien remarqué la première conférence des CDR, un opportunisme manifeste sous-tendait cette participation : « L'enthousiasme développé autour des écoles (formations) populaires est lié aux intérêts de concours. A la recherche d'un passeport de la RDP et surtout pour certains, a légitimer leur terrorisme intellectuel au cours des débats politiques ».92

Enfin, il est nécessaire de faire mention de l'importance du slogan qui conférait au discours révolutionnaire une violence et une agressivité verbale : « L'outil du langage se veut etre une arme de choc pour le nouveau régime ».93 Les slogans intervenaient lors des meetings, mais aussi pendant les émissions telles que La vie des CDR, Le temps de la Révolution au niveau de la radio et de la télévision. Les slogans jouaient un rôle dans la dénonciation des ennemis de la révolution et dans l'exaltation de la ferveur révolutionnaire. Selon Claude DUBUCH, ils ont favorisé l'usage d'une pléthore de néologismes fortement connotés sur le plan idéologique, imagés et émotivement chargés qui aidait à la captation des affects et contribuait à la disposition des esprits individuels aux pratiques collectives.94 Ce que les CDR confirmaient : « Pour nous révolutionnaires, le slogan est un engagement, un acte politique qui nous motive dans notre combat. Les slogans traduisent notre adhésion aux principes directeurs de notre organisation et nous démarquent des rencontres de routine des régimes réactionnaires pour donner une vivacité a nos retrouvailles militantes ».95 Ils renchérissaient que lancés avant, pendant ou après, les slogans marquaient leur adhésion à la RDP et à ses idéaux, et leur détermination à aller toujours de l'avant, raison pour laquelle ils faisaient trembler et désarmer leurs ennemis.96

Il y avait deux catégories de slogans. La première était celle qui servait à galvaniser l'élan révolutionnaire : « gloire au peuple, honneur au peuple ! », « vive la révolution, vive le CNR, vive les CDR » ! Ou « Victoire au peuple ! ». La deuxième catégorie était surtout pour la caractérisation des ennemis de la révolution : « La bourgeoisie, a

92 CNR, SGN-CDR, 1986, Résultat des travaux de la première conférence des CDR, page 40.

93 Claude DUBUCH, « Langage du pouvoir, pouvoir du langage » in POLITIQUE AFRICAINE N° 20% décembre 1985, Le Burkina Faso, Paris, Karthala, page 45.

94 Richard BENEGAS, 1993, Insoumissions populaires et révolution au Burkina Faso, page 13.

95 Voir le rapport des travaux de la première conférence des CDR, page 95.

96 Ibidem.

43 bas ! », « Les forces rétrogrades, a bas ! », « Les caméléons équilibristes, a bas ! », « Les renards terrorisés, a bas ! » «L'impérialisme, a bas ! ».

Mais, l'usage excessif et systématique des slogans créait parfois un certain automatisme dans la foule qui les reprenait. A ce propos, Ousmane OUANGRAWA militant CDR du secteur 4 97 affirme : « 2l est bien vrai que les slogans contribuaient beaucoup a la sensibilisation. Mais, ils avaient créé de l'automatisme et de la monotonie parce que les gens répétaient sans trop comprendre le fond et sans concentration ».98 A cela, il faut ajouter une forme de réappropriation des slogans qui était signe de résistance en sourdine. L'humour, l'ironie et la dérision utilisés dans cette réappropriation manifestaient selon Richard BENEGAS, une capacité d'insubordination symbolique qui jouait le rôle d'acide corrodant les réseaux de sens que le pouvoir s'efforçait de construire.99 En effet, la première conférence des CDR s'était rendue compte de la viciation des slogans par les ennemis de la révolution dans un but intoxicateur et qu'il était courant d'entendre des reprises erronées de ceux-ci, parfois tournées à l'ironie et au ridicule.100 Par exemple, le slogan « la patrie ou la mort, nous vaincrons » avait donné des variantes telles : « la patrie ou l'amour, a partir de la mort nous verrons » ou « la patrie de la mort nous verrons et nous viendrons ». Quant au slogan « Gloire au peuple... », il fut tourné en dérision pour donner « gloire au Peul, pouvoir au Peul, victoire au Peul »101.

Malgré ces formes de résistance, force est de reconnaître que la phraséologie révolutionnaire avait réussi à susciter un enthousiasme populaire sans précédent en faveur de la révolution. Un enthousiasme qui était éperonné aussi par le charisme de Thomas SANKARA dont les discours constituaient l'expression des qualités d'un tribun exceptionnel.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Des chercheurs qui cherchent on en trouve, des chercheurs qui trouvent, on en cherche !"   Charles de Gaulle