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Les Comités de Défense de la Révolution(CDR) dans la politique du Conseil National de la Révolution(CNR)de 1983 à  1987: une approche historique à  partir de la ville de Ouagadougou

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par Kakiswendépoulmdé Marcel Marie Anselme LALSAGA
Université de Ouagadougou - Maîtrise 2007
  

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DEUXIEME PARTIE :

LES CDR ET L'EXERCICE DU

POUVOIR SOCIO-ECONOMIQUE

DU CNR :PARTICIPATION

POPULAIRE ET CONSTRUCTION

D'UNE SOCIETE NOUVELLE

Le projet politique du CNR était intrinsèquement lié à son ambition socio-économique. L'occupation du champ politique par les CDR devait garantir des conditions favorables au CNR pour mettre en oeuvre son projet de développement et construire une société nouvelle. Les CDR ont constitué la plaque tournante de cette politique socio-économique et de construction de société nouvelle. Ils canalisèrent une participation populaire qui permit au CNR de réaliser son projet de développement économique et social.

Comment les CDR se sont-ils appliqués dans la gestion révolutionnaire de l'économie et dans la réalisation des programmes populaires de développement? Dans quels domaines ont-ils intervenu? En quoi ont-ils aidé le CNR à changer les consciences pour construire une société nouvelle ? Telle est la problématique de cette partie de notre étude.

Notre approche se structure en deux chapitres. Le premier marque notre attention sur l'oeuvre socio-économique des CDR. La deuxième traite des rapports sociaux des CDR avec la population dans le cadre de la révolution des mentalités pour l'édification de la société nouvelle.

Chapitre V : L'ACTION SOCIO-ECONOMIQUE DES CDR : L'IMPLICATION DES CDR DANS LA POLITIQUE SOCIO-ECONOMIQUE DU CNR

L'ambition socio-économique du CNR fut de révolutionner les statistiques et les performances sur le plan économique et social, afin de se démarquer des politiques économiques des régimes antérieurs, qui selon lui, avaient étendu leur impotence à promouvoir des schémas de développement pertinents. Pour cela, il fallait favoriser le développement « d'une économie nationale, indépendante, auto-suffisante et planifiée au service d'une société démocratique et populaire ».242

L'édification de cette économie donna l'opportunité au CNR d'entreprendre des réformes qu'il chercha à réaliser en s'appuyant sur les CDR. Dans cette logique, ces derniers se virent confiés la gestion du pouvoir économique et consacrés comme le socle de l'exécution des projets populaires du CNR.

Notre réflexion dans ce chapitre a comme point de mire deux interrogations :

ü Comment les CDR ont-ils assuré la gestion du pouvoir économique ?

ü Quel a été le rôle des CDR dans l'exécution des programmes populaires du CNR ?

V.1. La gestion du pouvoir economique : contriller et lutter contre la corruption

L'association des CDR à la gestion du pouvoir économique déduisait le besoin du CNR de parvenir à un contrôle véritable des circuits de production et de distribution. Pour le CNR, sans une maîtrise effective de ces circuits, il était pratiquement illusoire d'édifier une économie indépendante au service du peuple.243

Ainsi, les institutions économiques étatiques toutes comme les sociétés privées devaient nécessairement accepter la présence des CDR en leur sein et tenir compte de l'avis de ces derniers dans la gestion de leurs affaires intérieures. A ce propos, le 15 octobre 1984, le CNR prit l'Ordonnance N° 84-57/CNR/PRES244 qui

242 CNR, 1983, DOP : « Pour une révolutionnarisation de tous les secteurs de la société voltaïque », page 38.

243 Idem, page 42.

244 Ordonnance N°84-57/CNR/PRES du 15 octobre 1984 in Pascal ZAGRE, 1994, Les politiques économiques du Burkina Faso : une tradition d'auto-ajustement structurelle, Paris, Karthala, page 150.

91 réforma entièrement les principes régissant la gestion des sociétés. Cette nouvelle réglementation permettait aux CDR de siéger dans les conseils d'administration des sociétés et établissements au même titre que les actionnaires. Tous les acteurs économiques devaient obligatoirement composer avec les CDR, au risque d'être accusés de ramer à contre-courant des idéaux économiques du pouvoir.

La participation des CDR à la gestion des institutions économiques était une démarche qui ne se résumait pas simplement au contrôle des opérations économiques, elle devait permettre également de combattre la corruption. Les CDR avaient le droit et le devoir de faire montre de vigilance afin de pouvoir dénoncer les faits de fraude, de gabegie...

Pour une meilleure compréhension du contrôle des activités économiques par les CDR, notre travail se consacre à une étude de cas : d'abord le commerce, ensuite les entreprises publiques et privées, après les activités douanières, enfin les recettes et le budget de l'Etat.

V.1.1. Le contrôle du commerce

D'entrée de jeu, faisons remarquer que le commerçant n'avait pas toujours bénéficié d'un bon jugement de la part du CNR à son avènement. En effet, le discours révolutionnaire avait perçu le commerce comme un creuset d'embourgeoisement, d'enrichissement illicite qui naturellement était dangereux pour la révolution : « Cette fraction, de par ses activités m-emes, est attachée a l'impérialisme par de multiples liens. La suppression de la domination impérialiste signifie pour elle la mort de a
· la poule aux ceufs d'or m. C'est pourquoi elle s'opposera de toutes ses forces a la présente révolution
».245

La volonté manifeste du CNR de contrôler les pratiques commerciales se traduisit par la création des CDR au niveau des marchés urbains. Le CNR confia alors aux CDR la surveillance de tous les circuits de production et de distribution en instituant des services de contrôle pilotés par eux. En amont, il y avait une direction de taxation des prix des produits de première nécessité, et en aval, une direction de contrôle des prix sur les différents marchés. Le but de ces structures était surtout de lutter contre les spéculations afin de socialiser les prix. Cette socialisation des prix devait permettre aux gens de pouvoir s'approvisionner facilement, surtout en ce qui concerne les produits de première nécessité.

Dans ce cadre, l'OFNACER fut confié aux CDR. La présence de ces derniers dans cette institution avait non seulement permis la protection de celle-ci contre la concurrence des privés, mais aussi le plafonnement des prix des céréales. Cela

245 CNR, 1983, DOP : « L'héritage des 23 années de néo colonisation », pages 15 et 16.

92 avait été possible parce que les commerçants étaient tenus par une ordonnance de se munir d'un agrément de vente qu'ils devaient retirer auprès des CDR : « La commercialisation des céréales se fera désormais sous le controle effectif des organisations populaires que sont les Comités de Défense de la Révolution ».246

Ajoutons la création des magasins populaires Faso Yaar qui venaient renforcer les dispositifs de contrôle des prix existant. En effet, ces magasins devaient par la compétitivité des prix de leurs produits amener les commerçants à éviter les spéculations.

Pour terminer, il faut noter que les CDR supervisaient les différents prélèvements de taxes ou impôts sur les commerces dans les marchés.

De façon globale, les CDR contrôlaient étroitement tout le secteur informel. Les acteurs du commerce furent tenus de se conformer aux dispositions décidées par les CDR. Les contrevenants étaient accusés de véreux et combattus dûment.

Malgré l'existence d'organisations syndicales pour assurer la défense de leurs intérêts, les commerçants endurèrent une certaine coercition de la part des CDR qui leur fut fort regrettable parce que corrodant leurs affaires personnelles. Restons là pour dire que ce fut par cette politique du bâton que le pouvoir entama la destruction et la reconstruction du marché central Rood-woko. A ce sujet, El Hadji Dramane dit : « On nous avait dit clairement que la tête de celui qui était contre le projet servirait de premiere pierre a la construction du marché. Apres cela, il n'y avait plus de discussion possible ».247 Avec la présence des CDR, les commerçants n'avaient pas de liberté de contestation, ils devaient seulement suivre. Ce que Valère SOME confirme en ces termes : « Avant nous, en raison de l'état délabré de Rood-Woko, tous les régimes avaient voulu lever les commercants. Mais, ils n'avaient pas de CDR ».248

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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld