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Les Comités de Défense de la Révolution(CDR) dans la politique du Conseil National de la Révolution(CNR)de 1983 à  1987: une approche historique à  partir de la ville de Ouagadougou

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par Kakiswendépoulmdé Marcel Marie Anselme LALSAGA
Université de Ouagadougou - Maîtrise 2007
  

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Chapitre VI: RAPPORT AVEC LES MASSES : « REVOLUTIONNER LES MENTALITES POUR UNE SOCIETE NOUVELLE »

S'investir pour l'avènement de nouveaux rapports sociaux, fruits d'une société perspicace et responsable, fut un autre pari du CNR. Il s'agissait d'écorcher une société essaimée de vices pour en faire un creuset d'épanouissement d'hommes justes et dévoués à la révolution. Les CDR devinrent alors le commando d'une mission de libération d'une société périssant sous le joug de mentalités néocoloniales, injustes, rétrogrades. « Les militants CDR doivent se forger une nouvelle conscience et un nouveau comportement en vue de donner le bon exemple aux masses populaires. [..] Sans une transformation qualitative de ceux-ld m-emes qui sont censés -etre les artisans de la Révolution, il est pratiquement impossible de créer une société nouvelle débarrassée de la corruption, du vol, du mensonge et de l'individualisme de facon générale ».357 Les CDR devinrent ainsi les dépositaires d'une instruction à un code moral, celui de la révolution. L'analyse de cette morale révolutionnaire par Richard BENEGAS est ici très intéressante à souligner : « On peut dire schématiquement que cette morale révolutionnaire se caractérise d'une part par un volontarisme et un ascétisme [ comme l'avons déjà observé auparavant] qui mettent en avant l'intégrité, l'austérité et l'esprit de sacrifice, et d'autre part par une volonté de purification et de rédemption qui, en s'imposant a chacun, vise a créer un homme nouveau et a
· exemplaires m pour une société nouvelle et exemplaire
».358

Il s'agit pour nous dans ce chapitre d'appréhender dans un premier moment l'enseignement de ladite morale par les CDR. Dans un second temps, l'oeuvre abattue par les CDR pour réhabiliter la femme.

VI.1. La moralisation de la societe

Au nom de la morale révolutionnaire, le CNR chargea les CDR de déplanter de la société un certain nombre de maux et d'habitudes, et de veiller à l'inculcation d'un style de vie respectant les fondements de la révolution.

357 CNR, 1983, DOP, pages 28 et 29.

358 Richard BENEGAS, 1983, Insoumissions populaires et révolution au Burkina Faso, Bordeaux, CEAN, page 101.

VI.1.1. La mendicité : un ;léau social a combattre

Le problème de la mendicité fut posé explicitement lors de la première conférence des CDR.359 Pratique bien réelle dans la ville, le CNR stipula qu'elle illustrait l'inaptitude du système capitaliste à créer des emplois à toutes les personnes valides et la capitulation des pouvoirs bourgeois renversés devant l'urgence d'assistance aux invalides, aux personnes âgées et aux autres démunis.

La première conférence des CDR distingua trois catégories de mendiants : les mendiants valides (constitués des « garibous » des écoles coraniques et assimilés, des mères de jumeaux et de personnes oisives), les mendiants invalides (composés d'infirmes, de handicapés physiques et de personnes âgées) et les mendiants occasionnels (population sinistrée du Sahel et personnes étrangères nécessiteuses).360

Pourquoi le pouvoir révolutionnaire voulait-il faire cesser la pratique de la mendicité ? Quelle que soit son émanation catégorielle, elle avait été considérée comme un parasitisme social qui était antirévolutionnaire. « Si dans les pays oft l'exploitation de l'homme par l'homme est la regle d'or, les gens ne sont nullement émus par le spectacle désolant des enfants guenilles et des vieillards au ventre creux qui prennent d'assaut les passants en quête de pitance, ici au Burkina, nous y sommes sensibles ».361

Selon le CNR, l'existence de la mendicité dans une société marquait le malaise et le déséquilibre de celle-ci. Une telle société souffrait d'injustices et servait les intérêts d'une classe au mépris des droits d'être et d'épanouissement du plus grand nombre. « La mendicité trouve ses causes profondes dans l'exploitation capitaliste qui laisse pour compte une catégorie de personnes jugées inaptes ou non nécessaires dans le processus d'accumulation ».362 Le mendiant représentait donc celui qui était victime. C'était parce qu'il y avait des inégalités que la mendicité existait. Chercher sa suppression dérivait de l'humanisme révolutionnaire qui oeuvrait pour le bien-être de tout le peuple.

Le procès du CNR à l'endroit des mendiants des écoles coraniques se voulait sévère et catégorique ; il s'agissait d'une attitude de démission face au travail : « 2l convient d'interdire et de stigmatiser le cas de mendicité des éleves coraniques qui est une conséquence de l'utilisation frauduleuse et malhonnete de l'islam par des madtres coraniques pour s'assurer des richesses sans peine et justifier leur refus de travailler ».363 L'irresponsabilité des parents des « garibous » et des maîtres coraniques à qui il revenait

359 Voir le rapport de la première conférence des CDR à la page 91.

360 Ibidem.

361 CARREFOUR AFRICA1N N° 980 du 27 mars 1987, * Editorial : Vers la disparition de la sébile », page 7.

362 Voir le rapport de la première conférence des CDR à la page 91.

363 Ibidem.

122 l'assurance de la nourriture et de l'entretien des initiés est à ce niveau brandie par le CNR.

Le Burkina Faso évoluait dans un processus révolutionnaire enraciné dans le communisme. Témoigner de la permissivité à l'endroit de la mendicité était donc manquer de convenance aux principes de la révolution dont l'aspiration était l'émergence d'une société égalitaire. La mendicité pouvait conduire les jeunes à la délinquance juvénile, « autre mal du système capitaliste, intolérable dans la société nouvelle que nous voulons construire ».364

La décision de proscrire la mendicité intervint suite aux travaux du conseil des ministres le 11 mars 1987 : supprimer la mendicité sous sa forme profession et trouver un cadre d'insertion aux mendiants invalides plus ou moins obligés de vivre de la générosité des autres.365

A partir du 1er juillet 1987, le Ministère de l'Essor Familial et de la Solidarité nationale avec l'appui des CDR entreprit une opération pour intégrer les mendiants invalides dans des cours de solidarité.366 Cette opération concerna tous les 30 secteurs de la ville. La tâche des CDR fut de sensibiliser les mendiants invalides et de les conduire dans les centres de solidarité. Mission ardue puisque les mendiants ne se laissaient pas convaincre. Toutefois, l'opération porta fruit puisqu'au bout de trois jours, les CDR réussirent à admettre plus d'une quarantaine. Ceux-ci furent pris en charge, mais ils pouvaient exercer des métiers générateurs de revenus. Il existait à cet effet un encadrement technique mis à leur disposition.

Quant au cas des mendiants valides qui émanaient surtout des centres coraniques, le pouvoir saisit la communauté musulmane pour une sensibilisation des maîtres coraniques afin que leurs disciples soient pris en charge. Cette procédure courtoise n'empêcha cependant pas l'usage de la coercition. En effet, les CDR n'hésitèrent pas à brutaliser des récidivistes. En même temps, les marabouts ou les maîtres coraniques connurent la pression. On assista à une « critique tapageuse du "charlatanisme" (maraboutage) et de la mendicité, "déviances" directement ou indirectement attribuées a l'islam ».367 Cette action contribua incontestablement à dégénérer davantage les relations entre la communauté musulmane et le CNR.

Le constat final auquel on aboutit est que les années Sankara ont consacré la décroissance du phénomène de la mendicité. Un constat que Bruno

364 Voir le rapport de la première conférence des CDR à la page 92.

365 Bogna Yaya BAMBA, « Suppression de la mendicité : difficulté d'application » in CARREFOUR AFRICAIN N° 980 du 27 mars 1987, page 11.

366 Mathieu BONKOUNGOU, « Intégration des mendiants dans les cours de solidarité : sensibilisation par une approche directe » in SIDWAYA N°808 du 07 juillet 1987, page 4.

367 René OTAYEK, 1996, « L'islam et la révolution au Burkina Faso : mobilisation politique et reconstruction identitaire » in SOCIAL COMPASS 43(2) - REVUE INTERNATIONALE DE SOCIOLOGIE DE LA RELIGION, Londres, ALDEN PRESS, page 240.

JAFFRE n'infirme pas : « La mendicité semble avoir disparu de la ville excepté autour de la grande mosguée ».368

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"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci