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Les Comités de Défense de la Révolution(CDR) dans la politique du Conseil National de la Révolution(CNR)de 1983 à  1987: une approche historique à  partir de la ville de Ouagadougou

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par Kakiswendépoulmdé Marcel Marie Anselme LALSAGA
Université de Ouagadougou - Maîtrise 2007
  

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VI.2.4. A bas, le mariage force et l'amour commercial

Le CNR considéra le collectif des procédures et des moyens qui procédaient du droit coutumier pour le mariage comme inconséquent et révolu. Dans l'optique du CNR, le droit traditionnel en matière de mariage dans son ensemble était un instrument d'oppression utilisé par les hommes pour confiner l'épanouissement des femmes sur tous les plans. Le DOP parlait de traditions séculaires qui vouaient la femme au rang de bête de somme.431

L'émancipation passe par le respect de la personne de la femme, de sa liberté dans le mariage. Ceci étant, la politique féministe du CNR opta de dénoncer de façon impénitente le code traditionnel du mariage puisqu' « il n'y a de révolution sociale véritable que lorsque la femme est libérée ».432

Le mariage forcé, pratique bien courante dans la société burkinabé de l'époque, fut ainsi réprouvé comme un usage liberticide qui outrageait la dignité de la femme. Effectivement, au moment de l'avènement de la révolution, l'emprise de la réglementation traditionnelle du mariage était tenace sur la population, analphabète et rurale dans sa grande majorité. Or, cette réglementation déniait aux jeunes filles le droit de se choisir elles-mêmes leurs conjoints. Ainsi, la plupart des mariages relevaient de l'arbitraire des géniteurs des filles qui désignaient au gré de leurs intérêts les hommes à marier.

Le plus souvent, pour échapper à ce dictat conjugal, les filles préféraient aller trouver asile chez les soeurs des congrégations religieuses catholiques.433 Celles qui ne parvenaient pas à trouver cette solution étaient mariées naturellement de force. L'avènement du CNR déboucla un nouveau chapitre qui désavoua sérieusement ce type

431 CNR, 1983, DOP, page 35.

432 David GUKUNZI, 1991, Thomas SANKARA: oser inventer l'avenir, Paris, Pathinder - L'Harmattan, page 245.

433 Germaine SAWADOGO, « Mariage forcé : des filles en quête de liberté », in CARREFOUR AFR1CA1N N° 832 du 23 mai 1984, page 24.

de mariage sans le consentement de la femme dans un premier temps, puis l'interdit dans un second temps.

Le courant féministe du CNR critiqua acrimonieusement l'institution de la dot dans le mariage traditionnel. Préalable dans les contractures de mariage, la dot fut dénoncée comme un type de marchandage de la femme. Effectivement, la fille burkinabé en âge de se marier symbolisait pour ses géniteurs un véritable magot ; ces derniers profitaient de cette situation pour faire fortune en accordant la fille au soupirant le plus offrant. De ce fait, on peut convenir avec le CNR sur l'aspect mercantile que soustendait la tradition de la dot. Ce qui fait ressortir le rejet du droit de la fille à se choisir un mari.

La dénonciation de la dot comme usage désuet et spoliation constitua un chamboulement qui à l'instar des autres initiatives du CNR en faveur de la femme excita bien de controverses. A Aïcha TRAORE du SGN-CDR qui affirma que les femmes n'étaient pas des bêtes de somme qu'il fallait livrer à des hommes qui avaient les moyens et qui en feraient par la suite des esclaves, un homme avait rétorqué qu'une femme qui n'avait pas été achetée ne respectait pas son mari.434 Ces objections peignaient fortement la complexité de l'usage dont l'ancrage dans les moeurs constituait un écran à la volonté d'abolition du CNR. Si pour certaines personnes comme les hommes infortunés et les femmes, cette volonté était la bienvenue, pour d'autres comme les parents et les "capables", elle était la malvenue.

Le CNR décria également la polygamie comme une vilenie symbolisant la démesure sexuelle des hommes qui prenaient plusieurs femmes qu'ils ne parvenaient malheureusement pas toujours à entretenir correctement. Pour le CNR, la polygamie était source de difficultés pour les femmes et dévalorisait leur image en leur déniant le droit de s'exiger pour chacune d'elles un seul homme.

Cependant, des réalités économiques découlait souvent la polygamie. En effet, la richesse dans le passé s'assimilait à l'importance numérique des membres d'une famille puisque le principal mode de production qui était l'agriculture demandait un nombre important de bras valides.

Nonobstant ces réalités socio-économiques, le CNR en réfléchissant avec l'organisation des femmes décida que la monogamie était la règle et la polygamie l'exception.435

Pour terminer, le lévirat qui était très courant dans la société de l'époque connut une interdiction. Désormais la veuve n'était plus obligée de consentir à cette tradition. Avec le surgissement des maladies sexuellement transmissibles, surtout le

434 Christine BENABDESSADOK, « Femmes et révolution: comment libérer la moitié de la société » in POLITIQUE AFRICAINE N° 20, Le Burkina Faso, Paris, Karthala, page 60.

435 Idem, page 61.

142 Sida, cette décision a été, à n'en pas douter, convenable et indispensable. Elle devait permettre par ailleurs à la veuve d'être exemptée de toute tentative de dépossession des biens laissés par son mari défunt. En effet, la mort du mari était une opportunité pour ses parents pour s'accaparer de ses possessions et dans la plupart des cas aux dépens de la veuve et de ses enfants.

L'appréciation de l'ensemble de toutes ces mesures prises sous le chapeau du CNR exprime un télescopage de deux types de mentalité : la mentalité traditionnelle à la quelle se heurte une nouvelle mentalité proposée par le CNR. De façon explicite, l'ensemble de ces initiatives a trouvé des résistances au niveau des sphères traditionnelles et musulmanes pour lesquelles les pratiques décriées étaient bien justifiées dans leurs principes socioreligieux. Malgré ces oppositions, l'essentiel des questions soulevées a fait l'objet d'une réflexion ayant abouti à la promulgation d'un code des personnes et de la famille en 1988.

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand