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Les Comités de Défense de la Révolution(CDR) dans la politique du Conseil National de la Révolution(CNR)de 1983 à  1987: une approche historique à  partir de la ville de Ouagadougou

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par Kakiswendépoulmdé Marcel Marie Anselme LALSAGA
Université de Ouagadougou - Maîtrise 2007
  

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TROISIEME PARTIE 0

LES CONSEQUENCES DE

L'ACTION DES CDR

Les CDR durant les quatre années de révolution ont participé de façon déterminante au déploiement du pouvoir révolutionnaire du CNR. Chargés de défendre et de consolider la révolution, les CDR ont pu réellement s'infiltrer dans tous les domaines de la vie nationale. Du politique en passant par l'économique et le social, les stigmates de l'action des CDR s'étaient faites ressentir et avaient assurément déterminé l'évolution de l'Etat révolutionnaire dont le CNR était aux commandes.

Notre préoccupation dans cette partie de notre étude est de connaître les répercussions causées par la participation des CDR à l'exercice du pouvoir révolutionnaire du CNR, d'abord sur le plan politique, ensuite sur le plan économique et enfin sur le plan social.

Chapitre VII : L'UNIPOLARISATION DU POUVOIR ET LE CHAM BOULEMENT DES RAPPORTS D'HEGEMONIE

Les CDR ont mené une action politique « b..] en vue d'écraser completement la résistance des réactionnaires »443 et de s'emparer du pouvoir où il se trouvait. Les CDR ont été de véritables fossoyeurs pour tous ceux qui ont tenté de prendre le contrepied de la politique du CNR, ce qui permit ainsi à ce dernier d'unipolariser le pouvoir en mettant en sourdine les contestations. La mort de l'opposition politique fut vite célébrée au lendemain du 04 août 1983 tandis que les milieux syndicaux connaissaient leurs pires déboires.

Dans notre analyse, nous évoquons premièrement le cantonnement des partis politiques et l'effacement de l'opposition. Deuxièmement, il s'agit pour nous d'expliquer l'affaiblissement des syndicats par les CDR. En troisième point, il est question pour nous de nous pencher sur les répercussions de la croisade pro- révolutionnaire au niveau de la presse. Nous terminons notre analyse sur la contribution des CDR à la chute du CNR.

VII .1. Le cantonnement des partis et la condamnation B mort de l'opposition

La politique du CNR a été éminemment marquée par l'exclusion de toutes les forces dont la conception de l'Etat était en déphasage avec celle défendue par celuici. De ce fait, la période 1983-1987 a été un vrai calvaire pour les partis politiques d'opposition, notamment ceux qui faisaient la pluie et le beau temps du temps de la IIIème République : RDA, UNDD, UPV (devenue FPV), UNI, IPRA, GAP... Ceux-ci s'étaient trouvés dans l'impossibilité de prendre part librement aux débats concernant la gestion de l'Etat. En s'appuyant sur les CDR, le CNR était parvenu à se singulariser comme le chantre incontesté de la politique étatique. On a assisté à l'illustration d'un système politique ayant dicté la soumission complète à toutes les composantes politiques pour instaurer un ordre collectif dont le CNR devait être le maître à penser et d'action. Nous analysons la situation en deux points essentiels : d'abord, l'élimination des partis politiques de droite, et enfin la légitimation dictée du pouvoir révolutionnaire.

443 CNR, 1983, DOP, page 23.

VII.1.1. L'élimination des partis politiques de droite

La conjoncture sociopolitique qui prévalait au Burkina Faso avant la révolution était déterminée par la cristallisation d'une crise nourrie d'intrigues entre la droite et la gauche pour le contrôle de l'Etat. Le 04 août 1983, l'avènement de la révolution constitua une étape de mort certaine pour toutes les organisations qui soulevaient l'étendard de la droite. Le système politique qui se mit en place à partir du 04 août signa son refus total de partager le pouvoir avec tout mouvement issu de la droite. Se réclamant comme une révolution démocratique et populaire, marxisteléniniste, le régime politique du 04 août 1983 désigna très vite à travers son discours d'orientation politique ses ennemis dont la droite, auxquels il se résolut à opposer une bataille sans mesure. C'est de bonne guerre quand on sait bien toute l'antinomie historique qui a toujours existé entre les organisations de ces deux tendances politiques concernant leurs propositions de gouvernance politique. D'ailleurs, l'analyse de l'histoire politique du Burkina Faso renseigne abondamment sur les heurts auxquels ces deux tendances se sont toujours livrées pour la conquête du pouvoir.

L'arrivée de la gauche révolutionnaire au pouvoir par le coup de force du 4 août 1983 constitua sans conteste une nouvelle orientation politique définie par un unilatéralisme idéologique. L'ostentation de la RDP avec ses tendances marxistesléninistes comme le modèle politique idéal pour le bonheur du peuple dénia le droit d'existence de la droite. Assimilée à la bourgeoisie, la droite voyait son champ politique se rétrécir sous les lance-flammes des CDR.

En s'appuyant sur les CDR, le pouvoir révolutionnaire avait saboté sérieusement les organisations rivales de droite et même celles qui flirtaient avec le socialisme comme le FPV de Joseph KI-ZERBO. Dès le 04 août 1983, le CNR décidait la dissolution des partis politiques. Cette mesure liquidatrice marquait évidemment l'intolérance du CNR vis à vis de l'émergence d'une force concurrente. En agissant de cette manière, le CNR s'était adjugé le monopole de la conception et de la direction de l'Etat.

Se servant des CDR, le CNR avait mis en place un système de contrôle effectif des anciens responsables de l'Etat. Au niveau des secteurs, ceux-ci veillaient au grain. Ils devaient amener ces anciens responsables à ne pas se soustraire aux prescriptions qui leur avaient été faites à l'occasion de leur rencontre avec Thomas SANKARA aux lendemains du 04 août.444 En plus, ils les conspuaient sévèrement à travers leur campagne de propagande des idées révolutionnaires, appelant ainsi le peuple à ne voir en eux que les fossoyeurs de son bonheur.

444 Revoir à ce propos L'OBSERVATEUR N° 2667 du 05 septembre 1983 à la page 10.

L'appui des CDR a été indéniablement utile au CNR dans sa politique d'exclusion de la droite du débat politique. Comme le consent Bruno JAFFRE, la canalisation du mouvement populaire a permis le balayage rapide des organisations de droite toutes plus ou moins issues du RDA ou du Social-démocrate de Joseph KIZERBO comme le FPV qui malgré sa coloration socialiste avait été contraint à la cessation de ces activités.445 Le leader du FPV lui-même a dû prendre le chemin de l'exil pour échapper à la furie révolutionnaire. On l'accusait en mai 1984 d'être le principal inspirateur d'une tentative de coup d'Etat.446 A cette occasion Luc Adolphe TIAO écrivit : « La tentative de putsch de la droite rappelle une fois de plus aux révolutionnaires et aux démocrates conséquents que la lutte contre l'impérialisme international et la réaction nationale est permanente. [...]. Lorsqu'on regarde les comploteurs, on se rend compte que ce sont des individus insignifiants sans aucune assise populaire susceptible de les soutenir. Ces ramassis de réactionnaires dont la haine contre le CNR n'a d'égal que leur anticommunisme viscéral... ».447

Cette affirmation est une illustration parfaite des péchés dont la responsabilité était chaque fois mise sur la droite par les concepteurs de l'Etat révolutionnaire. Creuset de la bourgeoisie, de la réaction nationale et internationale et de l'impérialisme, la droite fut ainsi condamnée à mourir puisqu'elle complotait contre la révolution. Cette optique permettait au CNR de se livrer à la construction d'un nouvel ordre hégémonique dans lequel il constituait le sommet. La mise à l'écart de la droite devait favoriser la réalisation de cette volonté hégémoniste : « Désormais, on ne doit plus distinguer un Voltaïque a travers son ethnie ou sa région, mais il faut le considérer ~ travers son appartenance de classe, c'est-d-dire comme homme de gauche ou homme de droite, ami ou ennemi du peuple ».448 L'instrumentalisation des CDR a permis au CNR de « dompter par la terreur les ennemis »449 de la révolution et de la faire tourner au profit de ceux qui la soutenaient.450

Le CNR restait ainsi la seule organisation "authentique" à la tête de l'Etat dans un système où l'opposition n'avait pas eu droit de cité.

445 Bruno JAFFRE, 1989, Burkina Faso : les années sankara, Paris, L'Harmattan, page 185.

446 Clément TAPSOBA, « Tentative de déstabilisation déjouée : la genese d'un complot de plein naïveté » in CARREFOUR AFRICAIN N°835 du 15 juin 1984 p. p. 12%16.

447 Luc Adolphe TIAO, « Les lecons d'un complot droitiste » in CARREFOUR AFRICAIN N° 835 du 15 juin 1984, page 7.

448 Babou paulin BAMOUNI, « Idéologie : qu'est-ce que la gauche ou la droite ? » in CARREFOUR AFRICAIN N° 796 du 16 septembre 1983, page 16.

449Propos de ROBESPIERRE in J.M.Alain BERNARD et Michel ROCHE, 1983, Europe d'hier et d'aujourd'hui, Paris, Editions Magnard, page 141.

450 Propos de Saint Just, ibidem.

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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote