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Les Comités de Défense de la Révolution(CDR) dans la politique du Conseil National de la Révolution(CNR)de 1983 à  1987: une approche historique à  partir de la ville de Ouagadougou

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par Kakiswendépoulmdé Marcel Marie Anselme LALSAGA
Université de Ouagadougou - Maîtrise 2007
  

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VII.3. Les repercussions de la campagne anti

reactionnaire sur les organes de presse

Les organes de communication ou d'information composent des outils importants d'influence en politique. Ils peuvent par la propagande déterminer la

481 John David KERE, 1988, Syndicats et pouvoirs politiques au Burkina Faso, mémoire de DEA, Université de Bordeaux I, IEP/CEAN, page 96.

482 SIDWAYA N°789 du 10 Juin 1987, « Communiqué du Conseil National de la Revolution : le CNR encourage les CDR a poursuivre la neutralisation des ennemis de la RDP », page 1.

483 John David KERE, 1988, op cit, page 97.

160 longévité d'un régime politique à travers leur orientation dans la lutte des idées animant le débat politique. Un régime qui ne jouit pas d'une base imposante d'outils de propagande est facilement vulnérable. L'expérience enseigne que lorsque la propagande se retourne contre un régime, cela peut constituer une prémonition de déchéance pour ce dernier. De ce fait, les médias ont toujours été un support politique de premier ordre pour un régime politique en quête de légitimité.

La propagande à outrance a toujours été l'apanage des régimes révolutionnaires. La volonté du CNR de paraître comme le pouvoir du peuple a été une raison qui l'avait amené à contrôler l'ensemble de la presse pour asseoir cette propagande qui somme toute était nécessaire pour la disqualification de ses ennemis et sa légitimation.

Notre approche sur cette question se structure en deux points : l'instrumentalisation de la presse d'Etat et le bâillonnement de la presse privée.

VII.3.1. L'instrumentalisation de la presse d'Etat

Après avoir créé un ministère spécial pour le département de l'information, le CNR s'appliqua à une redéfinition des objectifs assignés aux organes de presse. Désormais, les organes d'information avaient pour but principal de contribuer par le son, l'image et l'écriture à élever le niveau de conscience politique du peuple, de le mobiliser et de le responsabiliser en vue des tâches patriotiques.484 Tout en définissant la mission des organes d'information qui devaient assurer la propagande à son profit, le CNR institua un organe de contrôle et d'orientation, le Conseil National de la Presse, une structure composée des représentants du CNR, des CDR et des délégués des différents départements ministériels. Le conseil des ministres déterminait le nombre de cette représentation.485

Ces nouvelles dispositions signifiaient nettement que les mass-médias devaient constituer un soutien politique de premier ordre pour le CNR. Ils avaient l'obligation d'être à l'avant-garde de la révolution. Ceci étant, le pouvoir révolutionnaire s'appropria tout l'appareil médiatique pour justifier et imposer son idéologie révolutionnaire et pour nuire à ses ennemis. A ce titre, on peut affirmer que la presse d'Etat avait subi une instrumentalisation pour devenir un appendice par excellence du régime. Les journalistes furent tenus de collaborer avec le pouvoir et faire preuve de ferveur révolutionnaire.

Sous la révolution, il n'existait pas de journaliste neutre en tant que tel. La neutralité était souvent vue comme une inimitié insidieuse à l'encontre de la révolution

484 L'OBSERVATEUR N°2701 du 21 octobre 1983, « Compte rendu du conseil des ministres du 19 octobre 1983 », page 8.

485 Ibidem.

161

« Un journaliste politiquement inculte est un danger pour le pouvoir ».486 Adama TOURE, alors Ministre de l'Information, déclarait : « Aucun régime ne peut se passer de journalistes, c'est pourquoi le CNR a besoin de journalistes engagés pour propager l'idéologie révolutionnaire ».487 Les organes médiatiques nationaux furent ainsi embarqués dans le train de la révolution : « La presse dans la période révolutionnaire évoluait dans une mouvance générale de régime d'exception guidée par l'idéologie marxiste-léniniste. Les réglementations et les limites tiraient leur sens de l'idéologie communiste, appuyées par les motions et les recommandations proposées par les 0' journalistes révolutionnaires ». Tout journal devait se mettre au pas de la révolution ».488

A l'évènement de la RDP, le principal organe de presse écrite était CARREFOUR AFRICAIN, ancêtre de la presse burkinabé créé en mars 1959. Le pouvoir s'accapara très vite de cet hebdomadaire qui devint un axe de déploiement de l'idéologie révolutionnaire. Les principales rubriques parmi les douze qui composaient le journal étaient Editorial et Idéologie. La première formulait la vision gouvernementale sur l'actualité tandis que la deuxième mettait l'accent sur la dissémination de l'idéologie marxiste-léniniste pour conscientiser et éduquer les masses.489 Pour renforcer la conscientisation du peuple et sa mobilisation en faveur de la cause révolutionnaire, le CNR créa le 05 avril 1984 le quotidien SIDWAYA (la vérité est venue). Il y eut aussi la création d'un journal satirique, l'INTRUS, « Hebdomadaire de la révélation et du rire » dont le directeur de publication était antérieurement attaché au service de la presse présidentielle. Ce journal créé le 19 juin 1986 critiquait un peu le CNR, mais restait malgré tout sous la protection de ce dernier, notamment Thomas SANKARA, le chef de l'Etat lui-même.

Quant aux organes audio-visuels nationaux, notamment la radio et la télévision, leurs productions à l'instar des organes de presse écrite, furent essentiellement spécifiées par la sauvegarde des intérêts du pouvoir révolutionnaire.

Au total, le pouvoir avait transformé l'ensemble des mass-médias en de véritables tribunes de distillation de son message révolutionnaire. Les pages de CARREFOUR AFRICAIN et de SIDWAYA étaient truffées d'écrits qui tout en rendant hommage à la révolution fustigeaient volontiers tout ce qui ce qui semblait s'opposer au régime. Par exemple, la rubrique «Vie des CDR » faisait cas régulièrement des oeuvres accomplies par les structures populaires. Des « politiciens véreux » aux « anarcho-

486 Luc Adolphe TIAO, « Les journalistes revendiquent une presse démocratique et populaire » in CARREFOUR AFRICAIN N°822 du 16 mars 1984, page 29.

487 Adama TOURE cité par Luc Adolphe TIAO, idem, page 28.

488 Wendlassida Sylvestre SAM, 1999, Culture et valeurs dans la presse burkinabé : analyse comparative du discours culturel sous la révolution et dans le nouveau contexte démocratique, mémoire de maîtrise en communication, Université de Ouagadougou, FLASHS, page 13.

489 Idem, page 21.

162 syndicalistes », aucun ennemi de la révolution n'était épargné par ces journaux qui les persiflaient sérieusement. Au niveau de la radio et de la télévision, c'était la même logique ; toutes les émissions étaient tournées pour satisfaire les besoins de défense de la révolution.

Il va sans dire que tous ceux qui n'étaient pas d'accord avec le régime ne pouvaient évidemment pas avoir accès aux organes de presse pour afficher leurs points de vue. Ils subissaient les foudres verbales des CDR qui s'y adonnaient à coeur joie. Le refus de la contestation avait conduit au bâillonnement de la presse privée qui d'ailleurs n'avait pratiquement pas résisté.

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