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Les Comités de Défense de la Révolution(CDR) dans la politique du Conseil National de la Révolution(CNR)de 1983 à  1987: une approche historique à  partir de la ville de Ouagadougou

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par Kakiswendépoulmdé Marcel Marie Anselme LALSAGA
Université de Ouagadougou - Maîtrise 2007
  

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Chapitre VIII : LA PROMOTION DE L'ECONOMIE ET SES LIMITES

La participation des structures populaires pesa significativement dans la mise en oeuvre de la conception économique défendue par le CNR. On a pu faire la preuve d'une mobilisation effective de la population à travers les CDR autour du projet de construction de l'économie nationale, indépendante, autosuffisante et planifiée. Grâce à la canalisation de ce dynamisme populaire par les CDR, le CNR a obtenu des résultats tangibles et a posteriori on peut remarquer l'effectivité d'une promotion économique.

L'objet de notre réflexion dans cette partie est de faire ressortir les performances économiques obtenues par le CNR avec le concours effectif des CDR, et en même temps soulever les failles qui en ont résulté.

VIII.1. Les succes de l'auto ajustement revolutionnaire

L'apport des CDR a eu le mérite d'avoir permis au CNR d'asseoir un système économique autocentré que les spécialistes de l'économie ont dénommé auto ajustement révolutionnaire, c'est-à-dire un développement économique basé sur les propres ressources matérielles et humaines du pays sans assistance étrangère. La contribution des CDR tient de la réalité selon laquelle ils ont suscité non seulement la mobilisation populaire ayant permis au CNR de mettre en marche ses différents projets, mais aussi ils ont été les garants de l'application des schémas ou méthodes que nécessitait le système d'auto-ajustement économique du CNR. Il s'agit ici pour nous de relever des exemples de succès de cette politique économique originale qui somme toute ne pouvait être possible sans la mobilisation du peuple suscitée par les CDR.

VIII.1.1. L'amelioration du service et la baisse des speculations dans les institutions

L'état de fonctionnement des services, surtout ceux de l'Etat avant la révolution du 04 août 1983, était vraiment des plus défectueux. Le CNR avait hérité d'une administration mue par la paresse, la défection et le laxisme. Il était en effet courant de voir des agents de l'Etat se rendre dans leurs lieux de travail en retard. En plus, une véritable ambiance délétère se développait dans les pratiques des travailleurs qui ne se lassaient guère de favoritisme, de népotisme et de paresse. C'était donc un secteur de la licence, un haut lieu du laisser-aller qui avait offert un véritable asile à la

184 corruption, l'affairisme et l'usage du faux. La fréquence de toutes ces opérations facilita l'enrichissement d'une minorité de personnes au mépris de l'intérêt général de la majorité du peuple, meurtrie par le désert de la misère. Emaillés par des « politiciens réactionnaires de parents et d'amis, lies par mille relations occultes aux opérateurs economiques, les services publics pesaient d'un poids etouffant sur le peuple ».549 De façon globale les pratiques frauduleuses de cette bureaucratie ne pouvaient que déteindre négativement sur l'ensemble de la croissance économique du pays.

Pour le CNR, cette situation chaotique découlait de la mauvaise gestion de l'Etat par les régimes précédents qu'il fallait soigner par l'épuration et la rigueur dans les services. Il ordonna alors aux CDR d'être les chantres de ce combat contre ce que Ludo MARTENS a appelé « l'hydre de la bureaucratie ».550

L'acharnement des CDR qui s'était traduit par le contrôle des recrutements des agents, la notation déterminant les avancements de salaire, le pouvoir de sanction à l'encontre des personnes opposées au processus, avait permis tant soit peu de juguler le phénomène de la gabegie dans les services.

Présents dans tous les mécanismes de décision du pouvoir, les CDR ont été les metteurs en scène d'une morale révolutionnaire sous-tendue par des théories d'austérité qui à tous points de vue a eu le mérite d'avoir assené des coups décisifs à la corruption et aux diverses formes de spéculation dans les services. La crainte d'être vilipendé, traqué et traîné devant les procès TPR par les CDR avait ainsi permis une certaine prophylaxie des méthodes de travail dans les services. Ainsi, nous pouvons convenir avec bon nombre d'observateurs sur la réalité d'un véritable élan de dynamisme dans les services, lequel ne pouvait être sans l'action des structures populaires.

Il y a souvent une polémique sur la diminution de la corruption et autres pratiques de fraudes sous le CNR. D'aucuns avancent que des CDR ont même été à l'origine de mauvaises gestions ... On ne peut certainement pas récuser cette vérité qui ne peut qu'être commune à tout système économique. Y a-t-il un système au monde qui a fonctionné sans défaillance ? Même les systèmes occidentaux réputés pour leur gestion rigoureuse n'échappent pas souvent à la tentation des pratiques corruptrices ou d'usage de faux. De notre point de vue, nous professons volontiers que même si des pratiques douteuses ont été ressenties dans la participation des CDR à la gestion du pouvoir économique, il n'en demeure pas moins que ceux-ci ont véritablement oeuvré à la diminution des méthodes illicites dans les services. Même s'ils n'ont pas réussi à les faire disparaître, ils les ont amenées à se cacher, à s'exprimer moins. De ce fait, il faut

549 CNR, 1986, Plan Quinquennal-1986-1990, vol I pp. 65 et 67.

550 Ludo MARTENS, 1989, SANKARA, COMPAORE et la révolution, Paris, EPO International, page 229.

185 saluer la volonté politique du CNR dans ce sens qui d'ailleurs s'était précisé davantage le 07 février 1987 avec la création de la Commission du Peuple chargée de la Prévention de la Corruption (CPPC).551 Le 18 février 1987, Thomas SANKARA fut le premier à faire la déclaration de ses biens devant la CPPC présidée par Henri ZONGO.552 En déclarant ses biens, Thomas SANKARA faisait en même temps voeu de pauvreté pour signifier que la révolution était venue « pour servir et non pour se servir ».553 « Jamais aucun régime n'a témoigné de cette volonté tenace pour lutter contre la corruption au Burkina Faso, comme le CNR ».554

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