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Les Comités de Défense de la Révolution(CDR) dans la politique du Conseil National de la Révolution(CNR)de 1983 à  1987: une approche historique à  partir de la ville de Ouagadougou

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par Kakiswendépoulmdé Marcel Marie Anselme LALSAGA
Université de Ouagadougou - Maîtrise 2007
  

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VIII.1.2. La renaissance urbaine

Nous avions évoqué plus haut le rôle de premier ordre que le CNR avait amené les CDR à jouer dans sa politique de logement. Grâce à ces efforts consentis, on a assisté à un véritable essor urbain sans précédent dans les principaux sites administratifs du pays. Le cas de Ouagadougou est le plus parlant.

Le Ouagadougou prérévolutionnaire ressemblait à un bourg disposant à son centre d'un îlot de quelques immeubles, la plupart occupée par l'administration. Les périphéries étaient des lieux d'installations anarchiques de maisons faites en terre battue. C'était le domaine de l'habitat spontané dépourvu d'électricité et d'eau courante, marqué par l'enchevêtrement de milles chemins tortueux. Dans ces zones de fortune, point d'infrastructures sanitaires, point d'écoles pour les habitants. C'était donc une situation de précarité totale que ces derniers subissaient.

Avec l'avènement de la révolution, ce fut une véritable métamorphose de la ville qui allait désormais s'effectuer. Sur ce fait, Bruno JAFFRE déclarait après les évènements du 15 octobre 1987 : « Quiconque a séjourné O. Ouagadougou avant le 04 aout 1983 n'en reviendrait pas. Lors de mon premier séjour en juillet 1982, je me souviens n'y avoir remarqué qu'un seul feu rouge. Depuis la ville s'est embellie, organisée, la circulation grandement améliorée par la multiplication des feux et la réfection des avenues ».555

En effet, entre 1983 et 1987, le régime révolutionnaire avait fait montre d'une grande volonté politique en matière d'urbanisation, une volonté qui avait fait défaut dans les programmes urbains des régimes précédents. La création des services d'urbanisation (DGUTC, SDAU, SOCOGIB, BPH, DPL...) munis de budgets spécifiques

551 Roger Bila KABORE, 2002, Histoire politique du Burkina Faso : 1919 - 2000, Paris, L'Harmattan, page 185.

552 L'INTRUS N°0035 du 20 février 1987 : « Lutte contre la corruption, l'exemple », pages 3 et 5.

553 Augustin LOADA, 1993, Les politiques de modernisation administrative au Burkina Faso, mémoire de DEA en Sciences politiques, Paris, Université de Bordeaux, page 101.

554 Achille TAPSOBA : entretien du 27 juillet 2005 à l'Assemblée nationale.

555 Bruno JAFFRE, 1989, Burkina Faso : les années sankara, Paris, L'Harmattan, page 134.

186 avait facilité l'exécution de programmes ayant admirablement changé la ville de Ouagadougou. Avec cette logique, le CNR procéda à un allègement de la procédure d'approbation des plans d'aménagement, de l'urbanisation et de l'habitat et décentralisa les services techniques chargés de l'aménagement urbain.556 Toutes ces innovations avaient été réalisées grâce à la contribution des CDR dont l'action avait consisté à la supervision et à l'exécution des différentes opérations et plans proposés par les services techniques. Ainsi, les CDR sont sollicités pour l'alimentation des statistiques descriptives sociales relatives au processus d'aménagement et d'urbanisation. Ce fut pourquoi les différentes opérations de recensement et de parcellisation et d'attribution leur avaient été dévolues.

Mais, cette implication directe des CDR avait eu finalement comme incidence le délaissement des techniciens : « Aux techniciens qu'il pense trop éloignés des citadins, le pouvoir révolutionnaire préfère les CDR, bien implantés dans les secteurs ».557 Effectivement, CARREFOUR AFRICAIN déclarait à ce sujet : « La révolution d'aoilt dispose a travers les CDR d'instruments efficaces pour entreprendre ce vaste travail en collaboration avec les services compétents des ministeres intéressés : la division de nos agglomérations en secteurs [...] offre une base de départ pour ce travail ... ».558

Suite aux différents aménagements obtenus par le concours des CDR, on a assisté à une véritable levée de diverses infrastructures qui rénovèrent les différentes villes du pays notamment la ville de Ouagadougou. Le discours révolutionnaire aidant, les citadins trouvèrent la nécessité de construire et d'embellir leurs villes dans l'intérêt général, car un environnement amélioré et assaini est un bien contribuant à la santé et au bien-être de tous. Dès lors, avec la simplification des coûts et des procédures, les citadins se lancèrent dans l'édification de logements modernes. Concomitamment, le pouvoir développa un programme de construction de cités : les cités du 04 août (500 logements) réalisées dans 23 provinces dans un délai de 15 mois, les cités An II construites à Ouagadougou(ensemble 138 villas au secteur 6) et à Bobo Dioulasso (50 villas), les cités AN III à Ouagadougou sur l'ancien site du quartier Bilbambili (201 villas et 23 immeubles à 3 niveaux), les cités AN IV A au secteur 5 (50 villas et 54 immeubles), les cités AN IV B éparpillées entre les secteur 15, 17, 22 et 27(50 villas par secteur, soit 200 villas au total), la construction de nombreuses voies et la reconstruction du grand marché et de ministères qui ont vraiment contribué a révolutionné la physionomie de la ville de Ouagadougou.

556 Bruno JAFFRE, 1989, Burkina Faso : les années sankara, Paris, L'Harmattan, page 88.

557 Sylvy JAGLIN, 1995, Gestion urbaine partagée à Ouagadougou : pouvoirs et périphéries, Paris, Karthala, page 431.

558 S.X.S., « Portée politique et opportunités techniques de l'ordonnance du 31 décembre 1984 » in CARREFOUR AFRICAIN N°866 du 18 janvier 1985, page 19.

Toutes ces constructions ont contribué à améliorer le cadre de vie. L'adduction de l'eau potable, les branchements téléphoniques et l'électrification devenaient désormais possibles. De concert avec l'ONASENE,559 les CDR organisaient des opérations de salubrité, faisant ainsi de la ville un cadre propre.

Figure 16: Les cites révolutionnaires An III ET An IV. Source : Sylvy JAGLIN, 1995, Gestion urbaine partagée a Ouagadougou : pouvoirs et peripheries, Paris, Karthala, page 433.

Cependant, s'il est acquis que la politique d'urbanisation que le CNR a imprimée avec le concours de ses structures populaires est un vrai succès, cela n'a pas été sans écueil. A ce sujet, Alain MARIE dénonce « la réalité concrete et matérielle de ce qu'il faut considérer comme un coup de force permanent mené par l'Etat révolutionnaire contre une société civile violentée et contre une population véritablement sinistrée (...) par la perte de son capital foncier et immobilier antérieur ».560

Effectivement, toutes ces opérations ont été faites souvent dans la négation de l'avis du citoyen, donc dans un contexte de coercition totale, pratique déviante à laquelle de nombreux CDR s'habituèrent. Ceci étant, il y eut beaucoup de cassures de liens familiaux et sociaux dues à l'exigence des déguerpissements que requérait la volonté rénovatrice du pouvoir révolutionnaire. On peut critiquer aussi le déroulement des opérations qui parfois précipitées étaient sources d'erreurs comme les confusions de noms ou les doubles attributions. Enfin, on a pu se rendre compte de pratiques volontairement illégales de certains CDR attributeurs qui détournaient des parcelles ou d'attributaires qui se « trompaient » de repérage pour s'approprier la parcelle du voisin parce que mieux située.

Il reste malgré tous ces dysfonctionnements que la politique urbaine du CNR demeure on ne peut plus originale et concluante pour peu qu'on regarde le passé du pays.

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"Il existe une chose plus puissante que toutes les armées du monde, c'est une idée dont l'heure est venue"   Victor Hugo