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Les Comités de Défense de la Révolution(CDR) dans la politique du Conseil National de la Révolution(CNR)de 1983 à  1987: une approche historique à  partir de la ville de Ouagadougou

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par Kakiswendépoulmdé Marcel Marie Anselme LALSAGA
Université de Ouagadougou - Maîtrise 2007
  

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PREMIERE PARTIE :

L'AVENEMENT DU CNR ET DES

CDR :INSTITUTION ET

EXERCICE DU POUVOIR

POLITIQUE

Le 04 août 1983 en Haute-Volta, des militaires progressistes appuyés par des civils, opéraient un coup d'Etat et proclamaient la révolution, sous la conduite de leur organisation dénommée Conseil National de la Révolution(CNR). La compréhension des causes de cette révolution nécessite une rétrospective sur la période qui la précède. En effet, son avènement fut la résultante d'une spirale de faits sociopolitiques antonymes et subversifs dont les ascendances remontaient aux pouvoirs de la Troisième République, du CMRPN et du CSP.

La proclamation de la révolution constitua une innovation politique originale dans la Haute-Volta de l'époque. Considérant que les régimes politiques précédents avaient méprisé le peuple, le CNR, dès la nuit du 04 août, entama l'expérience d'une implication de la population par la création de structures populaires appelées Comités de Défense de la Révolution(CDR). Il invita le peuple entier à militer dans ces CDR pour participer à la réalisation de son projet révolutionnaire.

Dans cette première partie de notre étude, nous analysons les circonstances d'accession du CNR au pouvoir, l'institution des CDR et leur implication directe dans la gestion du pouvoir politique pour défendre le CNR et sa révolution. Notre propos évolue en quatre grandes phases correspondant à des chapitres. D'abord, nous évoquons la conjoncture sociopolitique à la veille de la révolution. Ensuite, nous analysons le déclenchement de la révolution par le CNR et la création des CDR. Après, nous expliquons l'organisation et le fonctionnement des CDR pour l'exécution du programme révolutionnaire du CNR. Enfin, nous apprécions l'action politique des CDR pour défendre la révolution.

Chapitre I : LE CONTEXTE SOCIO-POLITIQUE A LA
VEILLE DE LA REVOLUTION

L'avènement de la révolution burkinabé ne fut pas un fait isolé. Il a découlé d'une situation sociopolitique explosive dans laquelle, partis politiques, organisations syndicales et générations de militaires s'affrontaient. L'exacerbation des chocs et des conspirations politiques, auxquels les Voltaïques de l'époque étaient familiers depuis les indépendances, a été à la source d'une succession de trois coups d'Etat en moins de trois ans. Ce fut dans cette logique de désordre politique, où les coups de force ne manquaient pas, que le CMRPN (liquidateur de la Troisième République), le CSP et le CNR s'étaient succédé respectivement à la tête de l'Etat.

Dans ce chapitre, notre préoccupation est d'analyser la fragilité et les soubresauts de ces pouvoirs qui ont préparé l'avènement de la révolution : premièrement la Troisième République, deuxièmement le CMRPN, enfin le CSP.

I.. Les malaises de la Troisieme Republique

Des élections législatives et présidentielles, tenues respectivement en avril et en mai 1978 après l'adoption de la Constitution, avaient marqué l'avènement de la IIIème République. Aux présidentielles, le Général Sangoulé LAMIZANA, soutenu principalement par le RDA et le PRA6, avait été mis en ballotage avec le candidat de l'UNDD, Macaire OUEDRAOGO. Néanmoins, il réussit à se faire élire au deuxième tour.

A la veille de ces élections, les principaux partis toutes tendances confondues qui se disputaient le pouvoir se composaient du PRA de l'époque coloniale, de l'UPV de Joseph KI-ZERBO, de l'UNDD de Hermann YAMEOGO, du RDA qui soutenait LAMIZANA et du Front de Refus-RDA, une section dissidente du RDA qui avait comme leader, Joseph OUEDRAOGO.

Après sa victoire, LAMIZANA nomma Issoufou Joseph CONOMBO Premier ministre et le chargea de former un gouvernement d'union nationale. L'UPV de Joseph KI ZERBO refusa de participer à ce gouvernement. Ce refus de prendre part était un élément qui préfigurait déjà des contestations. De même, la popularité de ce gouvernement était vraiment mise à l'épreuve, vu le manque d'intérêt témoigné par les Voltaïques lors des élections. En effet, le taux d'abstention7 avait atteint 60% des inscrits aux législatives et 65% aux présidentielles.

6 Le PRA n'avait remporté que 6 sièges et l'UNI un seul à l'issue des consultations législatives.

7 Pierre ENGLEBERT, 1986, La révolution burkinabé, Paris, L'Harmattan, page 56.

Selon Basile GUISSOU, les raisons de ces taux d'abstention élevés étaient dus à la lassitude de la population qui « n'attendait plus rien des urnes et des partis, les mêmes depuis toujours. Seuls les noms et les cigles des partis changeaient, les hommes restaient les mêmes ».8 Ce sentiment de monotonie et de lassitude ressenti par la population représentait déjà un handicap pour le système politique mis en place. Pire, le gouvernement allait connaître un fonctionnement vicié et anormal.

La complaisance du pouvoir avait fait de l'administration une classe de licence qui se livrait à toutes les formes de gabegie. Le népotisme et le clientélisme étaient devenus des exercices courants dans l'administration. L'Assemblée nationale connaissait un certain nombre de dysfonctionnements dont le non respect des règles de démocratie parlementaire, l'absence d'une collaboration étroite avec le gouvernement et des luttes de préséance entre les partis au sein de ce dernier.

Ces différentes manoeuvres contribuèrent à creuser un écart entre la classe politique et le peuple, ce peuple qu'elle était censée incarner. Très vite, le désintérêt aidant, on assistait à la naissance des sentiments de déception, de rancune, d'exaspération vis à vis de politiciens insoucieux des difficultés de leur peuple. Les syndicats qui avaient toujours été au rendez-vous des bouleversements s'en saisirent et déclenchèrent un long conflit en collaboration avec l'UPV de Joseph KI-ZERBO, devenue FPV (Front Progressiste Voltaïque)9.

La grève fut déclenchée le 1er octobre 1980 par le SNEAHV. Le 13 novembre, la Confédération Syndicale Voltaïque (CSV), centrale syndicale à laquelle le SNEAHV est affilié, récupéra la grève en organisant une grande manifestation à la place du 03 janvier, évènement très significatif en ce qu'il faisait allusion à la marche du 03 janvier 1966 qui avait mis fin au régime de Maurice YAMEOGO. Les revendications étaient très politisées. Le FPV du tandem KI-ZERBO-OUEDRAOGO exploitèrent cette situation pour lancer une campagne de déclarations anti-gouvernementales.

Cependant, cette longue grève n'avait pas entraîné un ralliement de masses comme en 1966. Du fait des sacrifices énormes qu'exigeait la scolarisation d'un enfant, la grève avait été vue d'un mauvais oeil par les parents d'élèves, non dupes de la politisation exagérée des revendications. L'arrêt des cours pendant près de deux mois désolidarisa la population des enseignants grévistes. Le constat de ce désaveu populaire poussa le SNEAHV à décréter la fin de la grève le 23 novembre sans que le gouvernement n'ait cédé à une seule des revendications.

8 Basile GUISSOU, 1995, Burkina Faso : un espoir en Afrique, Paris, L'Harmattan, page 50.

9 Les deux Joseph, KI ZERBO et OUEDRAOGO avaient fusionné leurs partis pour créer le FPV. Il s'agissait d'une combine qui visait le renversement du président de l'Assemblée Gérard Kango OUEDRAOGO. Cette formation était très influente auprès des organisations syndicales, notamment celles des enseignants.

Néanmoins, même si la grève ne connut pas un aboutissement explicite, implicitement elle le fut dans la mesure où elle fragilisa le gouvernement en mettant à nu les excès et les manquements du pouvoir. La grève, en effet, suscita une prise de conscience sur les incompétences du régime qui les exposa à ses pourfendeurs. Ainsi, une nouvelle génération de militaires perpétra le troisième coup d'Etat le 25 novembre 1980 : ce fut l'avènement du CMRPN du Colonel Saye ZERBO.

1.2. L'6chec de la politique de redressement du CMRPN

La majorité des Voltaïques applaudirent le coup d'Etat du CMRPN à son avènement. Même les milieux religieux n'hésitèrent pas à cautionner le coup de force10. En effet, à l'opposé des condamnations de la communauté internationale, l'enthousiasme des Voltaïques à l'égard du coup d'Etat n'avait pas été des moins substantiels. Dans ce sens, de nombreux meetings furent organisés pour soutenir le CMRPN.

Après avoir procédé à la suspension de la Constitution, à la dissolution de l'Assemblée nationale et à l'interdiction des activités politiques, le CMRPN dévoila ses ambitions.11 Celles-ci se résumaient au développement du pays sur la base des forces voltaïques, à la suppression de l'exploitation de l'homme par l'homme et à la promotion de l'unité nationale et de l'austérité dans la gestion de la chose publique. Pour y parvenir, le CMRPN prévoyait la création de comités d'action.

De façon globale, on peut affirmer que le discours programme du CMRPN revêtait un caractère volontariste qui trouvait plus ou moins l'assentiment des Voltaïques. Cela constitua un élément justifiant l'enthousiasme populaire. Mais assez précocement, cette caution générale s'amenuisa à cause de la rugosité du pouvoir sur la vie morale, publique, politique et économique.

En quelques mois, ce fut le désappointement dans la majorité de la population. Cette déconvenue était la conséquence des mesures dites austères prises par le CMRPN : la fermeture des débits de boisson pendant les heures de travail, les couvre-feux, la limitation de la liberté de la presse. La dernière erreur gravissime fut la suppression du droit de grève le 1er novembre 1981.

Face à cette situation, les réactions des syndicats malgré la diversité de leurs tendances secouèrent le pouvoir. Très vite, les dissensions politiques et idéologiques gagnèrent les rangs de l'armée. Ce fut ainsi que Thomas SANKARA,

10 Allusion faite aux propos tenus par son Eminence le Cardinal Paul ZOUNGRANA. Il avait déclaré que le coup était une grâce de la providence divine.

11 Voir le discours programme CMRPN prononcé le 1er mai 1981 par Saye ZERBO in Roger Bila KABORE, 2002, L'Histoire politique du Burkina Faso : 1919%2000, Paris, Karthala, Annexe 8, page 463.

15 Secrétaire d'Etat à l'Information démissionna de son poste après avoir critiqué le pouvoir. Il avait déclaré : « Malheur a ceux qui bdillonnent leur peuple ». Ces propos adressés au pouvoir étaient une illustration parfaite du manque de consensus dans les rangs des gouvernants militaires.

Cette crise entre les membres de la couche dirigeante se traduisait par des querelles de génération entre colonels et capitaines. Ces rivalités exacerbées par les disparités idéologiques furent fatales au CMRPN le 07 novembre 1982 avec l'intervention d'un nouveau coup d'Etat militaire qui annonça l'avènement du CSP.

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"Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d'autre"   Paul Eluard