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Les Comités de Défense de la Révolution(CDR) dans la politique du Conseil National de la Révolution(CNR)de 1983 à  1987: une approche historique à  partir de la ville de Ouagadougou

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par Kakiswendépoulmdé Marcel Marie Anselme LALSAGA
Université de Ouagadougou - Maîtrise 2007
  

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1.3. Le pouvoir fugace du CSP et la marche vers la revolution

Le CSP qui prit le pouvoir le 07 novembre 1982 n'eut qu'une existence éphémère. Dirigé par une équipe hétérogène, le CSP ne put avoir le temps d'exercer une politique concrètement définie. Il se singularisa surtout par une lutte de clarification de direction politique entre deux tendances : conservateurs de droite contre progressistes de gauche. Le coup d'Etat du 07 novembre 1982 surprit la communauté nationale et internationale. Le Commandant Jean-Baptiste OUEDRAOGO placé au-devant de la scène n'était pas connu.

Le nouveau régime ne bénéficia pas d'un soutien populaire. Très rapidement, il s'enlisa dans des querelles intestines. Commandants et capitaines s'opposaient par personnes interposées : les Commandants Jean Baptiste OUEDRAOGO et Yorian Gabriel SOME représentant le camp conservateur militaient en faveur de l'instauration d'une vie constitutionnelle régulière. Les Capitaines Thomas SANKARA, Blaise COMPAORE, Henri ZONGO et le Commandant Jean-Baptiste LINGANI incarnant le camp progressiste oeuvraient pour l'avènement d'une révolution.

Avec la nomination de Thomas SANKARA à la primature, les rivalités devinrent acérées et directes. Les épisodes de cette crise au sommet de l'Etat étaient des plus spectaculaires. « Au cours des meetings publics, le Président de la République et son Premier ministre tenaient deux discours opposés dans la forme et le fond. Chacun s'adressait a son public dans le langage politique qui rassure les siens et angoisse les autres ».12 On parle d'une « greffe politique initiée le 7 novembre »13 qui s'avérait impossible.

Les démarches contradictoires des dirigeants du CSP affectaient dangereusement la société voltaïque de l'époque, la conduisant de ce fait à la division. Les uns étaient des inconditionnels du président, les autres, ceux du Premier ministre.

12 Basile GUISSOU, 1995, Burkina Faso : un espoir en Afrique, Paris, L'Harmattan, page 65.

13 Ibidem.

16 Ce dernier par sa truculence devint un véritable boute-en-train rompu aux thèses révolutionnaires qui sut gagner facilement la sympathie d'une grande partie du peuple. Sa capacité de subjuguer les esprits par son éloquence fit de lui la personnalité la plus populaire du régime, en témoigne l'attitude de la population aux meetings des 26 mars à Ouagadougou et du 15 mai à Bobo Dioulasso14.

Lors de ces rencontres, l'assistance ovationna le Premier ministre et commença à déserter les lieux pour ne pas écouter le discours du président. Ces évènements ravivèrent la dégradation des relations entre les militaires de l'instance dirigeante. La montée des intolérances de tous bords rendait le pays ingouvernable.

Se rendant compte de l'agitation du Premier ministre qui ne facilitait pas le retour à une vie constitutionnelle, l'aile conservatrice du CSP décida l'éviction de Thomas SANKARA. Ce dernier fut arrêté le matin du 17 mai et emprisonné. Egalement, les ténors militaires de la tendance progressiste furent à leur tour exclus et emprisonnés, excepté le Capitaine Blaise COMPAORE qui réussit à s'échapper.

Dans une déclaration radiodiffusée le 17 mai 1983, Jean-Baptiste OUEDRAOGO laissait entendre : « Le CSP a décidé d'écarter de son sein, tous ceux qui ceuvraient a le dévier de sa voie initiale par des comportements, déclarations et agissements tous aussi démagogiques qu'irresponsables ».15 Il dénonça l'attitude des organisations de gauche et promit d'oeuvrer pour une réconciliation nationale et l'instauration d'une nouvelle constitution. Il effectua un remaniement ministériel : ce fut l'avènement du CSP II, nouvelle formule jugée plus homogène et modérée. Pour le Président de la République, ces mesures devaient apaiser la situation. Erreur de calcul car les jours suivants n'en portèrent guère des signes. Ils révélèrent davantage l'infirmité du CSP II à se trouver une assise populaire pour gouverner.

Sous la houlette du Capitaine Blaise COMPAORE, rescapé de la rafle du 17 mai qui avait pu rejoindre ses commandos à Po, et du Capitaine Henri ZONGO retranché au Camp Guillaume OUEDRAOGO, les progressistes s'organisaient activement en liaison étroite avec les organisations de gauche telles le PAI-LIPAD, l'ULC et la CSV. Dopée par le travail révolutionnaire d'agitation et d'éducation politique des organisations dites communistes, les jeunes de Ouagadougou prirent d'assaut les rues les 20, 21 et 22 mai aux cris de « Libérez SANKARA, «Libérez SANKARA ! Libérez LINGANI ! A bas Jean Baptiste ! A bas l'impérialisme ! ».16 L'organisation d'une contremanifestation le 22 mai par le CSP II échoua à cause de l'impopularité du régime.

14 Pierre ENGLEBERT, 1986, La révolution burkinabé, Paris, L'Harmattan, page 72

15 Déclaration radiodiffusée du Président Jean Baptiste OUEDRAOGO le 17 mai 1983 in L'OBSERVATEUR N°2592 du 18 mai 1983, pages 1 et 12.

16 Adama TOURE, 2001, Une vie de militant, Ouagadougou, Hammaria, page 95.

Pressé, le Président Jean-Baptiste OUEDRAOGO ordonna la libération de SANKARA et de LINGANI, ce qui ne contribua cependant pas à calmer la tension. Les négociations engagées pour normaliser la situation ne réussirent pas. Pendant ce temps, le PAI-LIPAD, l'ULC et les mouvements syndicaux drainés par la CSV étaient devenus les agents d'une propagande accrue en faveur d'un régime révolutionnaire. Les tracts participèrent largement à cette campagne.

Assurés de leur base populaire, les protagonistes de la gauche préparaient officieusement leur accession au pouvoir en tenant des réunions secrètement et nuitamment pour coordonner leurs actions. On observait dans les faits que même si la révolution n'était pas encore proclamée explicitement, elle l'était insidieusement. La tactique des progressistes avait prédisposé les esprits à l'accueil d'un changement radical. Ce que reconnut Jean-Baptiste OUEDRAOGO en laissant entendre que « la motivation et la conviction, la stratégie du harcelement, la mobilisation politique et la preparation psychologique »17 avaient fait la décision des révolutionnaires. Le glas de la mort prochaine du CSP II avait commencé à sonner.

Le contexte sociopolitique à la veille de la révolution a révélé en somme une période de dissensions et de heurts politiques. Les régimes qui se succédèrent furent les acteurs d'une crise sociopolitique profonde qui servit de ferment pour le déclenchement de la révolution.

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"Il existe une chose plus puissante que toutes les armées du monde, c'est une idée dont l'heure est venue"   Victor Hugo