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Les Comités de Défense de la Révolution(CDR) dans la politique du Conseil National de la Révolution(CNR)de 1983 à  1987: une approche historique à  partir de la ville de Ouagadougou

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par Kakiswendépoulmdé Marcel Marie Anselme LALSAGA
Université de Ouagadougou - Maîtrise 2007
  

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VIII.2.2. Les suspensions et les licenciements arbitraires

Les sanctions ont constitué une pédagogie révolutionnaire largement développée entre 1983 et 1987. Il était donc normal de punir, punir pour responsabiliser, punir pour dissuader, punir pour défendre la révolution en un mot. Ainsi, le CNR développa plusieurs types de sanctions. Il y avait non seulement les sanctions corporelles que nous avions déjà évoquées, mais aussi les sanctions administratives ou professionnelles que beaucoup de fonctionnaires avaient subies dans les services.

Les CDR ont été les centres décisionnels par excellence de ces châtiments au nom de la défense de la révolution. Selon l'entendement du CNR, il était question de débarrasser l'administration des fonctionnaires pourris ou véreux qui usaient d'actions spéculatives pour s'enrichir illicitement ; il s'agissait encore d'exclure les médiocres, les laxistes, les retardataires patentés..., en un mot, tous ceux-là qui discréditaient la révolution par des mauvais comportements.

C'est vrai que l'option de cette démarche de rigueur sur fond de coercition a beaucoup épousseté les services des agissements corrupteurs et contribué à l'amélioration du service. Mais, le revers de la médaille est qu'elle a été un champ fertile de dérive, de démesure et d'arbitraire avec un mépris prononcé des droits les plus élémentaires des individus. La possibilité d'être suspendu ou licencié sur simple accusation de « paroles subversives », de « paresse », de « révolutionnaire douteux » ou de

568 Pascal ZAGRE, 1994, Les politiques économiques du Burkina Faso : une tradition d'autoajustement structurel, Paris, Karthala, page 175.

569Ludo MARTENS, 1989, SANKARA, COMPAORE et la révolution, Paris, EPO International, page 218.

« réactionnaire » était monnaie courante. On assistait permanemment à des 0' sanctions arbitraires et dégagements intempestifs de fonctionnaires dont la seule faute était d'avoir une opinion nuancée sur certains problemes de l'heure ».570 Donc émettre la moindre réserve ou critique à l'endroit des CDR dans certains services, c'était s'exposer non seulement à des épigrammes politiques et phraséologiques très blessantes, mais encore, pire, c'était s'attirer une quantité de conséquences nuisibles dans son vécu quotidien : affectations administratives fantaisistes brisant même quelquefois à dessein l'unité des familles, suspensions et licenciements avec leur corollaire néfaste de chômage et difficultés financières.

Cette capacité de nuisance des CDR créait dans les services un véritable climat de psychose. En tout état de cause, les fonctionnaires attendaient « le conseil des ministres hebdomadaire du mercredi pour savoir s'ils conservaient ou non leur poste et se mettre en conséquence au travail. C'était la `semaine du mercredi' le lundi et le mardi étant passés dans l'angoisse d'une éventuelle décision fatale ».571 Après chaque conseil, la presse gouvernementale diffusait les identités des suspendus ou des dégagés. En 1986, sans prise en compte du licenciement des grévistes du SNEAHV, le nombre de fonctionnaires dégagés était estimé à plus d'un millier. Si de tels licenciements avaient permis en vérité de se débarrasser d'agents manifestement antithétiques au régime, de purifier l'administration, il faut dire qu'ils ont parfois été à l'origine d'une atmosphère de crispation572 n'ayant pas toujours favorisé l'application des travailleurs dans leurs services.

Les suspensions et les licenciements provoqués par les CDR ont pris part considérablement au processus de désaffection d'une partie de la population vis-à-vis du régime. Une capitulation qui tout en remettant en cause leur vraie légitimité avait alimenté les causes des évènements du 15 octobre 1987.

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