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Les Comités de Défense de la Révolution(CDR) dans la politique du Conseil National de la Révolution(CNR)de 1983 à  1987: une approche historique à  partir de la ville de Ouagadougou

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par Kakiswendépoulmdé Marcel Marie Anselme LALSAGA
Université de Ouagadougou - Maîtrise 2007
  

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VIII. 2.3. La peur de l'investissement et le retard de l'entreprise privee

La politique économique du CNR n'avait pas suscité l'enthousiasme du secteur privé. Ce désenchantement entraîna le recul des investissements privés.

Pourtant malgré une hostilité implacable affichée contre les commerçants véreux et la bourgeoisie réactionnaire, le CNR avait garanti des possibilités au privé pour l'investissement. Le DOP déclarait que tout en étant une révolution antiimpérialiste, la RDP s'effectuait encore dans le cadre et les limites du régime

570 Pascal ZAGRE, 1994, Les politiques économiques du Burkina Faso : une tradition d'autoajustement structurel, Paris, Karthala, page 174.

571 Pierre ENGLEBERT, 1986, La révolution burkinabè, Paris, L'Harmattan, page 161.

572 Ibidem.

193 économique bourgeois.573 Par conséquent, « le probleme de nationalisation et de transfert des bénéfices est un faux probleme appartenant a la rumeur. Ceux qui pensent aux nationalisations sont pratiquement des reveurs ».574

Lors du premier symposium national sur l'entreprise burkinabé tenu du 27 au 30 juin 1985, le pouvoir avait reconnu l'initiative privée comme une force motrice du développement, jouant un rôle très important dans l'économie nationale : « Le progres d'un pays comme le notre est inséparable de l'accroissement du secteur privé ».575

Dans cette perspective, le pouvoir avait rétrocédé certaines entreprises publiques en difficulté au moment de l'avènement de la révolution à des privés. Ce fut le cas par exemple du centre de tannage, la Société Burkinabé de Manufacture du Cuir (SBMC).576 Ces opérations s'inscrivaient dans la dynamique d'une restructuration des sociétés, engagée par le Ministère de la promotion économique.

Juridiquement, cette restructuration distinguait trois catégories de sociétés : les Sociétés d'Etat, les Sociétés d'Economie Mixte et les Etablissements Publics.577 Les Sociétés d'Etat et les Etablissements Publics constituaient des propriétés exclusives de l'Etat. Mais, quant aux Sociétés d'Economie Mixte, la responsabilité de l'Etat se limitait seulement à une simple participation vraiment minoritaire ; la majorité des parts revenait aux investisseurs privés.

Ainsi, c'était à travers ces sociétés dites d'économie mixte que le pouvoir invita surtout les privés à s'investir. La résurrection de la zone industrielle de Kossodo, véritable cimetière d'usines au moment du déclenchement de la RDP était de faciliter cet investissement privé. Deux milliards de francs CFA avaient été investis entre 1985 et 1987 pour faire revivre cette zone industrielle.578

Cependant, malgré tout cet acharnement, la méfiance des opérateurs économiques resta visible. Nombreux s'abstinrent d'investir dans la conjoncture économique mise en place par le CNR.579 Certains entrepreneurs, des commerçants en particulier, ont eu effectivement peur de la révolution et ont alors procédé à la thésaurisation ou à l'exportation de leurs capitaux vers d'autres pays : « Il y en a des

573 CNR, 1983, DOP, pages 19 et 20.

574 Henri ZONGO, ministre de la promotion économique, cité par Ferdinand DABIRE, « Premier symposium national sur l'entreprise burkinabé : sortir notre entreprise de l'ornière » in CARREFOUR AFRICAIN N°883 du 26 juillet 1985, page 11.

575 Ferdinand DABIRE, « Premier symposium national sur l'entreprise burkinabé : sortir notre entreprise de l'ornière » in CARREFOUR AFRICAIN N°893 du 26 juillet 1986, page 11.

576 Ibidem.

577 Pascal ZAGRE, 1994, Les politiques économiques du Burkina Faso : une tradition d'autoajustement structurel, Paris, Karthala, page 150.

578 Ludo MARTENS, 1989, SANKARA, COMPAORE et la révolution, Paris, EPO International, page 188.

579 INTERNATIONAL IDEA, 1996, La démocratie au Burkina Faso, page 22.

194 qu'ils entendent que la révolution est déclenchée, plient bagages pour d'autres horizons ».580

L'exégèse de la persistance de cette réticence malgré l'assurance du pouvoir résidait sans doute dans la volonté d'ingérence de celui-ci dans le fonctionnement et la gestion des différentes entreprises. L'obligation faite à ces dernières d'admettre les CDR dans les conseils d'administration et de tenir compte de leurs avis milita en faveur de cette perplexité entre pouvoir et hommes d'affaires. La rhétorique révolutionnaire à leur endroit, faite de pamphlets excessivement provocants chantés quotidiennement par les CDR concourut à ce déficit de foi entre les deux camps. Rappelons que la « bourgeoisie commerçante » avait été considérée comme faisant partie des premiers ennemis de la révolution par le DOP : « La suppression de la domination impérialiste signifie pour elle la mort de la poule aux ceufs d'or. C'est pourquoi elle s'opposera de toutes ses forces a la présente révolution ».581 Enfin, l'élimination des titres fonciers à travers la RAF et la politique du logement ont créé certainement une sorte d'insécurité foncière ayant découragé l'investissement privé. L'Etat révolutionnaire restait pratiquement le seul animateur du système économique dans lequel il avait engagé le pays.

Les CDR ont été des outils de premier plan dans la politique économique du CNR. Leur utilisation dans le projet d'autonomisation de l'économie nationale semble souvent aux yeux de certains individus ne laisser que le souvenir amer d'une intrusion agrémentée de toutes sortes de dérives et de déviations. Pourtant, le bilan de cette politique économique pris dans sa globalité constitue une réalité concluante. Du reste, ce fut l'illustration originale d'une politique économique définie par un sursaut d'orgueil national et reposé sur un pragmatisme par rapport aux ressources du pays. Ce qui avait fait du Burkina Faso un pays d'exception en Afrique.

580 Hamado WANGRAWA, « Le Président aux opérateurs économiques : les domaines sont vastes oft vous pouvez investir » in CARREFOUR AFRICAIN N° 893 du 26 juillet 1985, page 14.

581 CNR, 1983, DOP, page 16.

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"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry