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Les Comités de Défense de la Révolution(CDR) dans la politique du Conseil National de la Révolution(CNR)de 1983 à  1987: une approche historique à  partir de la ville de Ouagadougou

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par Kakiswendépoulmdé Marcel Marie Anselme LALSAGA
Université de Ouagadougou - Maîtrise 2007
  

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IX.2.3. La proliferation des armes a feu et le regain du banditisme au lendemain du 15 octobre 1987

Parce que les CDR étaient chargés du maintien de l'ordre et de la sécurité, le CNR avait mis à leur disposition beaucoup d'armes. Ceux-ci s'en servaient dans leurs patrouilles nocturnes pour traquer voleurs et autres ennemis de la révolution. Une formation militaire leur avait permis de connaître les méthodes d'usage des différentes armes. La remise des armes aux CDR pour le maintien de la sécurité populaire avait atteint une certaine proportion si bien qu'on a pensé à un moment donné que la puissance de frappe des CDR dépassait celle des militaires classiques. De nombreuses personnes furent initiées dûment au maniement de véritables instruments de guerre.

A l'occasion de la guerre de Noël, de nombreux militants militairement formés furent appelés sous les drapeaux. Le recours aux structures populaires pour la

606 Richard BENEGAS, 1993, Insoumissions populaires et révolution au Burkina Faso, Bordeaux, CEAN, page 127.

607 Ibidem.

608 Abbé Patrice KABORE, 1999, Révolution burkinabé d'Août et pratiques religieuses, impact et perspectives pastorales pour l'Archidiocèse de Ouagadougou, mémoire de théologie, Grand Séminaire Saint Pierre Claver de Koumi, page 23.

609 Richard BENEGAS, op cit, page 130.

205 défense de la patrie déterminait une définition claire de la base militaire populaire que le pouvoir croyait en ses relais politiques. De ce fait, il est facile de comprendre pourquoi le CNR n'hésitait pas à leur attribuer beaucoup d'armes et de surcroît sophistiquées.

Mais, il y'avait un problème de contrôle de toutes ces armes mises en circulation dans les rangs des CDR. Ceci étant, il en résultait des dispersions voire des pertes. Avec le choc émotionnel du 15 octobre 1987, la démobilisation était totale. Certains éléments militairement formés dispersés dans les secteurs avec leurs armes hésitaient entre démission et vengeance.610 D'autres optèrent pour la fuite à l'étranger. Le désarroi et la léthargie avaient significativement gagné les rangs des CDR.

Désarçonnés par l'assassinat de leur idole - premier militant CDR, tribun loquace de la révolution aux yeux des masses populaires - SANKARA incarnait aussi bien la révolution que les CDR. Sa fin tragique signifiait tout naturellement pour certains l'extinction de la révolution et le démantèlement des CDR. La vie à l'intérieur de la ville de Ouagadougou est notablement désorganisée.

Avec la disparition des patrouilles armées des CDR, le banditisme fit sa rentrée en fanfare.611 « Le desarroi prevaut dans les peripheries en _~vrier 1988, tandis que dans le centre-ville, la petite delinquance connaft une brutale recrudescence attribuee par de nombreux Ouagalais a d'anciens CDR que la trop rapide destruction de leurs cadres d'organisation livre sans alternative a la rue ».612

A la fin du mois de juin 1988, des bandits armés avaient dévalisé un commerçant, emportant avec eux une somme de 6 millions de francs CFA.613 Pour des gens, notamment les opposants du CNR, de tels actes n'étaient imputables qu'aux CDR. Mais, quand les malfrats furent arrêtés, ils déclarèrent qu'ils avaient reçu les armes de la part de militaires complices.614 « Du temps des CDR, il y'avait une certaine securite ».615

On aime facilement jeter l'anathème sur les CDR lorsqu'il est question d'évoquer la recrudescence du banditisme dans l'après-15 octobre 1987. On ne peut certainement pas nier que des anciens militants possédant des armes avaient fait des glissements ayant favorisé le retour au printemps du fléau.

Cependant, faire assumer cette responsabilité aux CDR seulement parait erroné. A ce titre, il faut dire que les auteurs du coup d'Etat du 15 octobre 1987

610 Sylvy JAGLIN, 1995, Gestion urbaine partagée à Ouagadougou : pouvoirs et périphéries, Paris, Karthala, page 271.

611 Ludo MARTENS, 1989, SANKARA, COMPAORE et la révolution, Paris, EPO International, page 250.

612 Sylvy JAGLIN, 1995, op cit, page 271.

613 Ludo MARTENS, 1989, op cit, page 255.

614 Ibidem.

615 Ibidem.

206 endossaient plus cette responsabilité par le fait d'avoir créé un climat de désorganisation et de laxisme en démettant les CDR de leur rôle de garant de la sécurité publique : « Du moment oft les armes de la sécurité populaire ont été retirées ; il est évident que cette sécurité devenait aléatoire. Par conséquent, le banditisme pouvait recommencer. Dire qu'apres le 15 octobre 1987 il y a eu regain de banditisme, c'est une vérité de la Palice ».616

Tout bien considéré, les conséquences de la politique sociale du CNR montrent que les CDR ont été des facteurs de changements sociologiques portés par un désir autogestionnaire. Il y a lieu de reconnaître au-delà des limites de leurs actions et des résistances, que ceux-ci ont réussi jusqu'à une certaine mesure, une mutation des consciences ayant solutionné de nombreux fléaux dans la société. On peut donc dire que la société à laquelle le CNR aspirait était en phase de construction. Avec les événements du 15 octobre 1987, cet élan avait marqué le pas.

Le bilan politique et socio-économique des CDR au sein du CNR conjugue succès et échecs en même temps. Si leur illustration sur la scène purement politique a été des causes de divergences et de règlements de comptes, la dynamique socio-économique dans laquelle ils ont réussi à lancer le Burkina Faso constitue une expérience prodigieuse, objective qu'il faut saluer. Ils ont été les catalyseurs d'un réveil de conscience ayant permis un auto-développement qui fait parler de l'exception burkinabé.

616 Achille TAPSOBA : entretien du 27 Juillet 2005 à l'Assemblée nationale.

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