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Les Comités de Défense de la Révolution(CDR) dans la politique du Conseil National de la Révolution(CNR)de 1983 à  1987: une approche historique à  partir de la ville de Ouagadougou

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par Kakiswendépoulmdé Marcel Marie Anselme LALSAGA
Université de Ouagadougou - Maîtrise 2007
  

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IX.2.2. L'hostilité des milieux traditionnels et religieux

On n'ignore pas l'inimitié que le CNR avait nourrie contre le pouvoir traditionnel, désigné comme ennemi numéro un au début de la révolution. Les attaques enflammées du CNR à l'encontre des circuits décisionnels traditionnels dont les CDR faisaient le relais et la liquidation systématique de leurs avantages économiques provoquèrent une hostilité de ceux-ci et de leur entourage qui, en fin de compte, n'étaient pas pour faciliter la politique du premier.

Quoiqu'on dise, l'influence des autorités traditionnelles malgré le bellicisme du pouvoir révolutionnaire à leur endroit restait éclatante sur des populations auprès desquelles elles représentaient beaucoup de symboles. Une politique plus conciliatrice à leur endroit pouvait éviter cette opposition et augmenter les bases de représentation du pouvoir au sein des masses. En tant qu'incarnation des valeurs culturelles dans les sociétés, ces autorités pouvaient apporter un plus au processus de valorisation culturelle dans lequel le CNR s'était investi.

Leur mise à l'écart détermina dès les premiers moments un poste de résistance occulte contre le CNR. En effet, nombreux de ceux qui étaient menacés ou disqualifiés par la révolution avaient recours à leurs pouvoirs mystico-religieux pour avoir une certaine protection. « De hauts-fonctionnaires ou hommes politiques prennent d'assaut les villages pour confier leurs personnes, leurs familles, leurs travaux aux fétiches. C'est aussi la période oft l'on éprouve la nécessité de porter au cou ou a la ceinture une amulette protectrice ou peut-être de rechercher des moyens subtils pour éliminer ses ennemis. Somme toute, la religion traditionnelle semblait etre le lieu oft beaucoup pouvaient trouver un système de défense et d'attaques ».603

Ce fut la même dynamique avec les milieux religieux chrétiens et musulmans. A ce propos, Richard BENEGAS parle d'une « insubordination symbolique dans la religiosité ».604 Ce fut « l'explosion de la religiosité populaire : résurgence islamique, essor de la piété chrétienne et recrudescence de la sorcellerie semblent aller de pair avec l'approfondissement du processus révolutionnaire ».605

Au niveau des églises catholiques et protestantes, en sus des responsables qui critiquaient la politique du CNR, des groupes de prières dits charismatiques s'étaient formés. Les énoncés religieux de ces mouvements charismatiques paraissaient d'abord exprimer une contestation du pouvoir car la plupart des participants étaient

603 Abbé Patrice KABORE, 1999, Révolution burkinabé d'Août et pratiques religieuses, impact et perspectives pastorales pour l'Archidiocèse de Ouagadougou, mémoire de théologie, Grand Séminaire Saint Pierre Claver de Koumi, pages 22 et23.

604 Richard BENEGAS, 1993, Insoumissions populaires et révolution au Burkina Faso, Bordeaux, CEAN, page 125.

605 Ibidem.

204 ceux dont le pouvoir se méfiait et qui avait le plus raison de le contester.606 On y trouvait facilement les victimes des épurations initiées par le pouvoir : licenciés, suspendus... Les témoignages étaient généralement axés sur les déboires personnels causés le plus souvent par le pouvoir. « Ainsi, le renouveau charismatique revetait une dimension objectivement protestataire dans la mesure oft il articulait et exprimait les frustrations. 1l fut « un mode d'énonciation politique des oppositions a la RDP dans le langage polysémique de la foi ».607

Au niveau des musulmans, la pratique religieuse connut une certaine vigueur si bien qu'on parla de réveil islamique : « La conversion a une vie de foi plus profonde et le retour a la pratique du culte s'operent de plus en plus ».608 Cette résurgence de l'islam cernait dans le fond une résistance politique au projet révolutionnaire : « Le bouillonnement islamique traduit [...] une volonté de la part de la communauté musulmane de se ménager des spheres d'autonomie face aux velléités étatiques. Développer des modes de sociabilité particuliers est une façon d'échapper aux structures de mobilisation officielles, de se protéger du contrôle serré d'un pouvoir de plus en plus intimiste ».609

Dans la mesure où le CNR utilisa les CDR pour maintenir ces sphères sous son cap, l'affirmation de cette dissection religieuse vis-à-vis de la logique révolutionnaire commentait un échec pour les défenseurs de la révolution.

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