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L'abstentionnisme électoral au Cameroun a l'ère du retour au multipartisme

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par Augustin TALA WAKEU
Université de Dschang-Cameroun - Master en Science Politique 2012
  

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PARAGRAPHE 2 : LE FAIBLE IMPACT DE LA CAMPAGNE ELECTORALE

La campagne électorale est censée stimuler la participation électorale, c'est pour cette raison que, l'abstentionnisme électoral est souvent lié à son faible impact. Suivant cette logique, le faible impact de la campagne électorale contribue à la sécrétion de l'abstentionnisme dit « conjoncturel » et par moment « protestataire » c'est-à-dire apparenté au vote contre le système politique. Lorsqu'il est conjoncturel, autrement dit influencé par le contexte électoral, les offres électorales ou la nature de l'élection, il correspond à une attitude « stratégique », traduisant le comportement d'un citoyen politisé jouissant de la compétence politique (Subileau, 1997 : 259 et 269). Nous en déduisons que, l'enjeu de la politique est de connaître les préférences du citoyen (Dabrowski et Guillou, 2005 : 31) et d'y apporter des solutions pourqu'il puisse attacher un intérêt à la pratique du vote. Or, tout dépend de l'ambiance de la campagne électorale car sa vivacité influe dans une certaine mesure sur le niveau de la participation électorale. A cet effet, André Sigfried déclare que : « Les élections de combat » sont favorables à la participation électorale tandis que « les élections d'apaisement » sont propices à l'abstention152(*). Cet impact relatif de la campagne électorale dans le cas du Cameroun au moment de la compétition électorale se fait ressentir au niveau de la formulation de l'offre électorale et de l'évaluation des enjeux électoraux.

A- AU NIVEAU DE L'OFFRE ELECTORALE

L'offre politique est un faisceau de paramètres qui structurent le comportement politique (Kouamen, 2009 : 109) ; ce qui nous permet de considérer par analogie l'offre électorale comme un faisceau de paramètres qui structurent le comportement électoral. En effet, elle correspond à une conjoncture particulière et est par principe construite par les acteurs en compétition pour répondre aux problèmes auxquels sont confrontés les citoyens. L'analyse de la formulation de l'offre électorale nous conduira d'une part à considérer les effets de l'environnement de l'offre électorale et d'autre part de son contenu.

1-Les effets de l'environnement de l'offre électorale

Il est important de signaler a priori que la vivacité de la campagne électorale influe sur le niveau de la participation électorale. Il en résulte que, les électeurs s'intéresseront moins à la compétition électorale si elle n'est pas animée par une campagne véritablement concurrentielle. A cet effet, « Les élections de combat » sont favorables à la participation électorale tandis que « Les élections d'apaisement » sont propices à l'abstention, surtout s'il y a ressemblance des projets et absence d'un véritable débat politique (Deloye et als 1993 : 149). C'est la raison pour laquelle M. Franklin après avoir analysé séparément vingt et deux (22) démocraties, affirme que dans vingt et un (21) on retrouve un impact notable de la compétition électorale sur la participation ; ainsi, plus la compétition est vive, plus l'intérêt politique de la population augmente153(*). Il ressort que, le faible impact de la campagne électorale contribue à altérer le niveau de la participation électorale bien que, la campagne soit pour certains un facteur de cristallisation des décisions politiques existantes (Kouamen, 2009 : 115-116). Elle vise néanmoins à conquérir l'opinion publique grâce à des stratégies complexes (Aletum, 2004 : 156) dont l'objectif est la mobilisation de nombreux citoyens pour une participation effective aux élections. L'enjeu lors de la campagne électorale est donc celui de la participation électorale car, plus les citoyens sont nombreux à prendre part au vote, plus la possibilité pour que les partis en compétition tirent leur épingle du jeu est grande. La mobilisation électorale est donc le résultat des incitations par lesquelles les entrepreneurs politiques travaillent à créer l'accoutumance au vote et réactive à leur profit l'orientation passive ou active vers la compétition électorale (Kouamen, 2009-114).

En effet, si la campagne électorale est un moment de communion entre les leaders politiques et les citoyens, c'est parce que c'est le moment pendant lequel les projets de société sont présentés aux citoyens. Les campagnes électorales à travers les signaux qu'elles diffusent et les contributions symboliques des candidats qu'elles véhiculent sont essentielles dans la formation des opinions (Blondiaux, 1996 : 783). Elles permettent aux électeurs de s'imprégner du programme des partis en assistant aux meetings, qui, en réalité sont des stratégies de construction d'un « bon » représentant par chaque formation politique (Afom Ndong, 2007 : 44). En fait, les meetings sont les moments forts des campagnes électorales, vu qu'ils sont par principe mobilisateurs surtout lorsqu'ils sont organisés de manière à influencer le comportement électoral. Cependant, ils sont susceptibles d'être interdits154(*), ce qui peut compromettre leurs impacts. Toutefois, ils restent les lieux privilégiés d'émotions et d'expression des passions politiques et constituent de facto des moments forts de la fête électorale et des rares lieux de contacts directs entre candidats et électeurs (Mayrague, 2002 : 8).

De même, l'indistinction idéologique comme le caractère pléthorique des partis font partir des fondements de l'abstention électorale au Cameroun. Ce sont des réalités qui déstructurent le rôle de médiateur entre les citoyens et le système politique (Kouamen, 2009 : 139) que jouent en principe les formations politiques. En conséquence, les camerounais voteront d'autant moins que la concurrence idéologique est limitée (Subileau, 1997 : 255). A cet effet, les activités partisanes de multiples formations politiques, créent la désaffection des citoyens pour la chose politique (Kamto, 1993 : 178 et 195) de même que la crise idéologique et la vulgarisation des slogans ne séduisent plus (Dounkeng, 2009 : 72). C'est pour cela que, Mathias Eric Owona Nguini analysant le caractère pléthorique des partis politiques et leurs agissements lors de la campagne électorale, de la présidentielle de 2004 enfonce le clou en estimant que : « la conception saisonnière de la politique démobilise155(*) » car, plusieurs partis sans idéologie claire, n'interviennent sur la scène politique que pendant les périodes électorales. L'autre difficulté liée à la lisibilité de l'offre électorale est cette attitude de l'opposition de composer avec le gouvernement créant la confusion entre les différentes offres électorales, tout en détruisant les chances de l'opposition de remplacer ceux qui sont au pouvoir avec en prime le déshonneur fait à la démocratie (Pokam, 2000 : 57). A titre d'exemple, lors de la présidentielle de 1992, face au RDPC on n'entend aucun discours cohérent mais seulement des cris de haine, des injures venant des opposants incapables d'articuler un programme politique (Eboussi Boulaga, 1997 : 116) pouvant fédérer les camerounais. En fait, le faible engagement des partis politiques entraîne un désinvestissement non seulement d'autres protagonistes tels que les médias (Delwit, 1995 : 14), mais surtout des citoyens. Dans cette perspective, plus la concurrence est élevée, plus le débat politique est animé et grande sera la participation électorale (Otayek, 2002 : 99-100). Or, certains leaders de partis politiques ne cachent pas leur volonté de soutenir sous certaines conditions le candidat du RDPC aux élections et même de travailler avec lui s'il en fait la demande156(*), ce qui est de nature à anéantir la concurrence, entraînant de fait une forte désaffection chez les citoyens. Dans tous les cas, l'offre électorale est un facteur déterminant de la participation à condition que celle-ci soit à mesure de répondre aux attentes des citoyens, ce qui nécessite une considération forte des préoccupations quotidiennes de ces derniers. En tout état de cause, le citoyen qui analyse les offres électorales avant de s'abstenir est un « stratège » au sens de Françoise Subileau, étant donné qu'il est lié aux conditions de l'offre électorale et à la contrainte institutionnelle (Delwitt, 1995 : 16).

Par ailleurs, la nature de l'élection influence le niveau de participation. Ainsi, à cause de son enjeu institutionnel, de son caractère populaire et mobilisateur, l'élection présidentielle est une élection pilote et décisive qui structure l'espace et le temps de la vie politique. La présidence de la République est la « clé de voûte» des institutions républicaines et incarne les enjeux nationaux (Kouamen, 2009 : 103-104). Il ressort qu'elle est une élection mobilisatrice à cause de son enjeu national, contrairement aux législatives et municipales qui ont des enjeux plus paroissiaux. Dès lors, l'analyse démontre qu'en 1992 à la suite des législatives, le taux d'abstention était de 39.42% (Nkaifon Perfura, 1994 : 235) tandis qu'à la présidentielle il a oscillé autour de 28.12%157(*). De même, le taux d'abstention était de 18.65%158(*) à la présidentielle de 1997 qui avait été pourtant boycottée par les principaux partis de l'opposition (le SDF, l'UNDP et l'UDC) alors que ce taux se situait autour de 39.5% aux législatives de la même année (Engueleguele, 2002 : 18), tout comme il se situera autour de 34.5%159(*) aux municipales de 2002. En conséquence, l'élection présidentielle est celle à laquelle les camerounais participent. En plus, en se référant au projet de loi portant sur le vote de la diaspora, il ressort que l'élection présidentielle peut davantage être la plus participée étant donné que, la diaspora ne participera pas aux législatives et aux municipales160(*). C'est donc une élection donc les enjeux de pouvoir sont importants (Perrineau, 2006 : 33) et justifie la forte participation des citoyens. De plus, les populations ne ressentent vraiment pas l'impact des institutions municipales et législatives dans leur vie quotidienne ; c'est pour cela que dans l'imagerie populaire les maires et les députés sont à la solde du président de la République. De même, certains camerounais considèrent l'Assemblée Nationale comme une chambre d'enregistrement qui ne fait que la volonté du président de la République et les députés comme des hommes d'affaires illettrés, politiquement et culturellement incompétents à jouer leur rôle de législateur (Machikou, 2009 : 77) loin des préoccupations quotidiennes des citoyens.

Tableau n°18 : TAUX D'ABSTENTION ELECTORALE AUX DIFFERENTES ELECTIONS PARLEMENTAIRES ET PRESIDENTIELLES (1992-2007)

ANNEES ET TYPES D'ELECTIONS

TAUX D'ABSTENTION EN (%)

PARLEMENTAIRES

 

1992

39.42

1997

24.4

2002

34.34

2007

38 environ

PRESIDENTIELLES

 

1992

28.12

1997

18.65

2004

20.41

Source : http://www.gngwane.com/

A partir du tableau ci-dessus, il est évident qu'entre l'élection présidentielle et les élections législatives, la présidentielle est celle à laquelle les camerounais participent le plus. On en a pour preuve ses faibles taux d'abstentions. En revanche, la reprise de l'élection réduit l'intérêt de l'électeur (Bournet(a), 2005 : 3) ce qui peut constituer un obstacle à la participation électorale. Ainsi, lors des élections partielles législatives et municipales de 2007 reprises en 2008 dans certaines localités, les taux d'abstention ont été très élevés dans l'ensemble de ces localités même s'il faut constater une fois de plus que parmi elles, les grandes villes ont le plus subi ce phénomène.

Tableau n° 19 : LES TAUX D'ABSTENTION LORS DE LA REPRISE EN 2008 DES ELECTIONS LEGISLATIVES ET MUNICIPALES PARTIELLES DE 2007 DANS CERTAINES LOCALITES

LOCALITES

TAUX D'ABSTENTION EN %

BAFANG

50.82

BANA

59.65

DOUALA 4éme

88.82

MATOMB

30.19

MOGODE

36.50

Source : Camroon Tribune n° 9215/5414, du 30/10/2008, p 4.

A partir du tableau ci-dessus, on observe que la reprise des élections n'est pas nécessairement bénéfique pour la participation électorale surtout dans les grandes villes car, il est déjà difficile pour une partie des citoyens de sacrifier leur temps en allant voter en période électorale, combien de fois lorsque seulement une partie du pays est appelée à voter à la suite de la réprise d'une élection, comme ce fut le cas en 2008. Parallèlement, le contenu de l'offre électorale, quelque soit la nature de l'élection est déterminante dans le comportement électoral de l'électeur.

2-Les effets du contenu de l'offre électorale

La prise en compte du contenu de l'offre électorale permet d'apprécier l'offre avant de déterminer son non-vote. Le citoyen ici n'est plus déterminé par son appartenance socio-économique, mais plutôt par sa propre rationalité et ne décide de prendre part au vote que si ses intérêts sont pris en compte dans les offres électorales que proposent les partis politiques. Les électeurs sont ici des « stratèges » ou des êtres rationnels qui sont conduits à examiner l'ensemble de l'offre électorale avant d'opérer leur choix (Nna, 2004 : 345). La non-participation électorale semble déterminée par le degré de politisation et de confiance institutionnelle du citoyen (Brechon(a), 2007 : 13 et 14). Il est dans un espace politique qui lui permet de mobiliser un minimum de repères conscient ou non, pour guider ses comportements (Braud, 1998 : 212) électoraux. Bref, les citoyens n'observent plus le champ politique en « spectateurs » (Kouamen, 2009 : 67), au contraire ce sont des « gladiateurs », autrement dit, des personnes politisées, informées et à faible identité partisane. En fait, ces citoyens sont dotés de compétence politique nécessaire et sont culturellement et socialement favorisés. Il jouissent d'un degré de politisation élevé c'est-à-dire qu'ils accordent beaucoup d'attention aux évènements politiques et sont capables de donner du sens à leur propre participation aux activités politiques, ce qui implique qu'ils maîtrisent le langage politique et les schèmes de représentations qui y sont associés. Ils sont dits « dans le jeu » car, discutent des questions politiques en famille, au lieu de service et entre amis, lisent de préférence les revues politiques et économiques, écoutent des émissions politiques et participent aux activités politiques (Kouamen, 2009 : 67). Ces citoyens qui, normalement s'abstiennent moins sont des abstentionnistes « stratégiques » ou « rationnels ». En se référant à la théorie de l'action collective de M.Olson, on peut considérer l'élection comme une action collective. Dans cette logique, les individus ne s'engageront dans l'élection qu'à condition d'y trouver un avantage propre (Braud, 1998 : 265) sinon ils seront tentés de s'abstenir. Dans la même perspective, si certains citoyens « rationnels » sont conscients que, même sans participer aux élections ils profiteront des même avantages que ceux qui ont pris part au vote, alors ils seront tentés de s'abstenir et d'adopter la stratégie du « ticket gratuit » étant donné que, la participation est coûteuse en temps et en d'autres ressources rares (Dabrowski et Guillou, 2005 : 32). De ce fait, le citoyen votera si l'utilité de son vote excède son « coût» car, l'offre électorale cherche à rencontrer une demande plus grande en vue de toucher le maximum d'électeurs, d'où la nécessité de mettre en oeuvre des outils lui permettant de récolter le plus grand nombre de participants (Dabrowski et Guillou, 2005 : 31).

Ainsi, l'abstentionnisme va s'apparenter à un refus d'achat résultant d'une appréciation négative des offres programmatiques (« marchandises ») des candidats qui ne peuvent procurer d'intérêt. L'élection constituerait donc une sorte de « marché » politique au sein duquel l'électeur chercherait à optimiser son vote par une meilleure information, une comparaison poussée des programmes et des promesses ; c'est un « calculateur » (Hastings, 1996 : 67). C'est pourquoi le citoyen camerounais ne veut opérer dans cette circonstance un vote qui ne lui apportera rien et si aucun des candidats n'est à mesure de répondre à ses attentes, il prendra la décision de rester en dehors du choix électoral. Ici « l'électeur-stratège » est un expert dans l'art de décoder la machinerie politique, c'est un tacticien résolu à nuire à celui qui le menace le plus à l'instant présent (Dabrowski et Guillou, 2005 : 4). A cet effet, lors des meetings électoraux au Cameroun, il est récurrent d'écouter les populations s'intérroger sur « Est-ce-que, c'est ça qu'on mange » ? En direction des hommes politiques venus vendre leurs « produits » pour insinuer que les « beaux discours » n'apportent pas de solutions à leurs préoccupations. En conséquence, les moments des meetings sont souvent marqués au-delà des promesses électorales, « des dons électoraux » ce qui démontre à suffisance que, les comportements électoraux des camerounais sont fortement influencés par les pressions alimentaires, vu les conditions de rareté matérielle (Sopca, 2004 : 97 et 101) dans lesquelles ils vivent. En tout état de cause, l'électeur camerounais est un calculateur puisqu'il peut se conduire de telle manière qu'à partir d'une évaluation rationnelle de ses chances de réussite, il apparaît qu'il a eu raison de faire ce qu'il a fait (Bourdieu, 1994 : 150). C'est justement le doute qui plane sur les promesses électorales qui amène certains citoyens à opter pour un avantage immédiat qui se résume le plus souvent aux logiques alimentaires. Suivant cette logique, M. Achille Mbembe pense que, les camerounais ont tendance à monnayer leur droit de vote au point de transformer les meetings en moments de « réfectoire161(*) ». D'ailleurs, lors des campagnes électorales M. Le roy estime que, ce qui frappe c'est le vide des messages et la vacuité des projets162(*) dans la mesure où, ce qui préoccupe l'électeur c'est ce qu'il peut gagner avant le vote, les résultats étant le plus souvent considérés comme joués d'avance. Pourtant, l'offre électorale si l'on se réfère à Annie Laurent et Christian-Marie Wallon-Leducq, favorise les comportements concurrentiels qui peuvent influer sur la participation électorale163(*), dans le cas contraire, elle peut plutôt susciter l'apathie des citoyens. L'abstentionnisme électoral constitue donc une forme rationnelle du comportement électoral (Kouamen, 2009 : 176) car, le citoyen à travers cet acte démontre qu'il est rationnel et qu'il assume son choix parfois sans regret.

L'abstentionnisme électoral est aussi une forme « d'escapisme » car, il constitue un avertissement à la classe politique, exprime une critique du système partisan et manifeste l'inadéquation entre l'offre électorale et les attentes des électeurs (Subileau, 1997 : 257-258). En effet, selon M. Machiavel si dans les projets qu'on soumet au peuple celui-ci aperçoit un réel avantage, il sera facile de les lui faire embrasser quand bien même sa ruine et celle de l'Etat seraient cachées sous ces apparences trompeuses164(*). L'abstention de certains électeurs peut ainsi se justifier par la perception de l'inaptitude virtuelle ou réelle de l'opposition à proposer un programme politique alternatif potentiellement plus efficient lorsque ceux du parti au pouvoir ont résilié le contrat électoral qui leur liait (Kouamen, 2009 : 189) par leur incapacité à donner aux citoyens ce qu'ils ont promis. L'électeur ayant un comportement prospectif, il fonde son choix sur les orientations économiques, sociales et politiques annoncées par les candidats ou les partis et votera en fonction de leur situation personnelle (Auberger, 2004 : 97). Ainsi, les élections sans offres et constituées d'absence de débats aboutissent au paradoxe d'élections sans électeurs (Mayer, 1997 : 14). On peut dire sans ambigüité que le peuple a politiquement mûri et qu'il sait désormais identifier au mieux ses intérêts politiques165(*). Dès lors, si l'offre n'est pas proche des difficultés des citoyens, si elle n'est pas une thérapie pour ses problèmes socio-économiques, celui-ci n'y accordera aucun intérêt et aura tendance à s'abstenir, tout comme il le fera aussi si les enjeux ne sont pas à la hauteur de ses espérances.

* 152Cité par Blaise KOUAMEN, op. cit., p. 114-115.

* 153 op. cit., p. 72.

* 154 Lire à ce sujet le rapport général de l'ONEL., 2002, op. oit., p. 43.

* 155op. cit.. p. 11.

* 156 C'est le cas du leader du MDR (M.DAKOLE DAISSALA), qui a tenu ces propos sur Canal2 à l'émission « l'arène » le 15/05/2010 à 20h30min. Il faut préciser que ce responsable politique a déjà été plusieurs ministres dans les gouvernements de coalition, d'ailleurs sa dernière entrée dans un gouvernement de coalition date de 2007. De plus, il n'est pas le seul responsable politique, ayant fait partie des gouvernements de coalition au Cameroun, celui de l'UNDP (y est encore), et de l'UPC, en ont fait partir.

* 157 Lire à ce propos le Cameroon Tribune n°5244, du 24/10/1992, p. 9.

* 158 Ibid. n°2751, du 24/10/1997, p 9.

* 159 Lire à ce propos Le journal L'action, n°304, du 26/07/2002, p. 3.

* 160 Op. Cit.

* 161Cité par M.Antoine SOCPA., 2004, Les dons dans les jeux électoraux au Cameroun, p. 108.

* 162Cité par M.BUIJTENHUIJS., 1994, « Les partis politiques Africains ont-ils des projets de société ? » L'exemple du Tchad, In Politique Africaine n°56-1994, p. 119.

* 163 op. cit., p. 7.

* 164Cité par M.BOUTHOUL, op. cit., p. 332.

* 165 M.Maurice KAMTO, citant la commission spéciale pour la démocratie du comité central du Parti Démocratique Gabonais.

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