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L'abstentionnisme électoral au Cameroun a l'ère du retour au multipartisme

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par Augustin TALA WAKEU
Université de Dschang-Cameroun - Master en Science Politique 2012
  

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B- LA REMISE EN CAUSE DE LA LEGITIMITE DES INSTITUTIONS POLITIQUES

La remise en cause du fonctionnement démocratique des institutions est directement liée à l'ampleur du taux d'abstention électoral (Subileau, 1997 : 246) car la participation massive des électeurs au vote démontre leur acceptation des institutions dont ils ont pour rôle de choisir et de renouveler les responsables. Or, cette entreprise de légitimation des institutions n'est possible que si elle reflète les aspirations des populations étant donné qu'elle ne s'inscrit pas seulement dans la légalité Républicaine mais aussi dans la légitimité électorale. En effet, les institutions peuvent être légales mais illégitimes car elles se sont mises en place et fonctionnent dans le respect du droit bien que la population ne se prive d'y manifester son désintérêt en protestant de diverses manières (Michalon, 1984 : 52). Or, si les citoyens sont distants et méfiants à l'égard des institutions, c'est parce qu'ils estiment qu'elles ne traduisent pas leur volonté. Ceci peut justifier pourquoi certains n'hésitent pas à s'en prendre à des édifices publics à chaque fois qu'ils veulent manifester leur mécontentement à l'égard du pouvoir. Ils considèrent que ces institutions représentent le pouvoir, auquel ils ne semblent pas se reconnaître. Ainsi, les citoyens qui désertent les urnes sont ceux qui ébranlent le plus profondément les institutions démocratiques (Barbet, 2007 :25), puisque cette attitude vise à défier les institutions et à démontrer leur indifférence à l'égard de celles-ci, principalement lorsque les taux d'abstention sont élevés. D'où ces nombreuses opérations de contestation des résultats électoraux souvent observées après les élections. C'est la preuve que les institutions n'ont pas d'emprise sur les populations qu'elles sont censées servir ce qui justifie le refus des citoyens de leur apporter leur soutien en participant au renouvèllement des responsables des institutions.

Ainsi, l'abstention électorale est susceptible d'entraîner la remise en cause du fonctionnement démocratique des institutions politiques (Lipset, 1963 : 8) lorsque les populations ne se sentent pas obligées même moralement de les soutenir, parcequ'elles n'émanent pas de leur volonté et ne répondent pas à leurs aspirations. En fait, le boycott a construit une opposition extra-parlementaire aux législatives de 1992, représentant les électeurs n'ayant pas pris part au vote (Sindjoun, 1999 : 317) et qui estimait jouir de plus de légitimité et de représentativité que celle (opposition) ayant pris part au vote, faisant du parlement une institution non représentative et ne pouvant parler en lieu et place du peuple. En conséquence, le boycott a engendré dans une certaine mesure une crise de la légitimité des élus et un débat sur leur représentativité (Sindjoun, 1999 : 314).

En fait, l'absence de participation aux consultations électorales va exiler des circuits traditionnels de l'exercice de la souveraineté nationale le SDF qui va transporter la politique sur d'autres sites. Dès lors, elle gagnera la rue et la contestation de la légitimité de l'Assemblée Nationale sera même internationalisée (Njoya, 2003 : 75). Les citoyens ne doivent donc pas seulement être représentés. Il faut encore qu'ils ressentent cette représentativité de leurs institutions. Ce qui constitue un élément important de la légitimité du régime politique (Braud, 1998 : 313) sinon il y a des risques de remise en cause. Ce fut le cas par exemple lors des législatives de 1992 où l'Assemblée Nationale a été le reflet déformé de la nation. Anglophone et Bamiléké, pour ne parler que de groupes très importants, ne se reconnaîtront pas dans leur institution parlementaire180(*). A cause du boycott, certains groupes ethniques importants se trouvent de fait exclus de la représentation nationale au profit des groupes minoritaires.

Les logiques abstentionnistes ont provoqué des déficits de représentativité parlementaire dans certains marchés locaux d'où les contestations violentes qui s'en sont suivies (Eboussi Boulaga, 1999 : 117) dans ces localités. C'est la preuve que les troubles politiques proviennent de ce que l'autorité des organes de l'Etat peut porter à contestation parce qu'ils sont élus par une minorité de citoyens (Gandolfi et Lambert, 1987 : 292). Au terme de ces analyses, on peut reconnaître que les institutions contribuent à façonner les attitudes et les comportements électoraux des citoyens (Bratton, 2007 : 2) mais surtout que la remise en cause du fonctionnement démocratique de ces institutions est liée à l'ampleur de l'abstention électorale (Subileau, 1997 : 246). La non-participation électorale des citoyens semble donc plus déterminée par la confiance institutionnelle (Brechon (a), 2007 : 13-14) et c'est ce manque de confiance qui justifie en grande partie l'abstentionnisme électoral et délégitimise les institutions que les élections sont censées légitimer. Ce qui n'est pas sans conséquence sur l'effritement de la représentativité des partis politiques de l'opposition et la considération du vote de la minorité.

* 180 Lire à ce propos le Jeune Afrique n°1627 du, 12/03 au 18/03/1992, p. 18.

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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld