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L'abstentionnisme électoral au Cameroun a l'ère du retour au multipartisme

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par Augustin TALA WAKEU
Université de Dschang-Cameroun - Master en Science Politique 2012
  

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PARAGRAPHE 2 : L'EFFRITEMENT DE LA REPRESENTATIVITE DES PARTIS POLITIQUES D'OPPOSITION ET LA CONSIDERATION DU VOTE DE LA MINORITE

Le déficit idéologique, l'incapacité de l'opposition à se constituer en alternative sérieuse au discours du RDPC181(*) et le boycott sont autant d'éléments qui ont contribué à l'effritement de la base représentative des partis politiques d'opposition. Depuis 1992, force est de constater que l'opposition a perdu sa notoriété et que sa rhétorique ne convainc pratiquement plus. La traduction concrète de cette analyse est que son électorat par rapport à celui du parti au pouvoir s'est le plus effrité pas par sa volatilité au profit de ce dernier mais à cause de sa non-participation aux consultations électorales. Ce qui démontre que l'abstentionnisme est un phénomène qui profite exclusivement au parti au pouvoir. Cette situation peut s'expliquer par le fait que ceux qui participent aux élections sont majoritairement les électeurs du parti au pouvoir qui a des moyens suffisants pour les mobiliser au maximum contrairement à l'opposition. C'est malgré tout une réalité qui fait de la minorité qui vote le « faiseur de roi » au détriment de la majorité qui obéit désormais à la volonté de la minorité et non à celle de la majorité comme le veut la démocratie représentative. C'est dans cette optique que nous analyserons tour à tour l'effritement de la représentativité des partis politiques de l'opposition et la considération du vote de la minorité comme l'expression de la volonté de la majorité.

A- L'EFFRITEMENT DE LA REPRESENTATIVITE DES PARTIS POLITIQUES DE L'OPPOSITION

La réprésentation se matérialise par le fait que les citoyens par le biais des élections se font représenter par des élus qui, eux-mêmes, émanent des partis politiques. Cependant, depuis 1992, les partis politiques d'opposition ont connu des fortunes diverses. Ainsi, tandis que le SDF et l'UDC après avoir boycotté les législatives et s'être retirés de facto des circuits traditionnels de la représentativité, l'UNDP prenait grâce à cette situation une envergure nationale. En conséquence, l'abstention d'une partie significative de l'électorat camerounais à cause du boycott permettra au RDPC et à l'UNDP de s'implanter résolument dans les fiefs électoraux du SDF et de l'UDC. Ce qui se traduira par le raz de marée que le RDPC obtiendra dans le Noun en acquerant les 05 députés de la localité au détriment de l'UDC et aussi les 20 du Nord-Ouest au détriment du SDF tandis que l'UNDP de son coté, obtiendra les députés du Sud-Ouest à cause du boycott du SDF et du Liberal Democratic Party (Owona Nguini, 1997 : 714-715). Assurément, l'abstention a profité aux participants et principalement à l'UNDP qui en a profité pour devenir un parti d'envergure nationale. Ceci s'explique par le fait qu'en l'absence du SDF qui semblait incarner le changement, certains camerounais ont préféré faire confiance à l'UNDP lorsqu'ils n'avaient pas tout simplement boycotté les élections. Mais depuis lors, cette envergure de l'UNDP a disparu et les « recettes » du SDF semblent obsolètes, au point où, même dans les localités jadis leurs fiefs, leur emprise y est problématique, bénéficiant au RDPC. Analysé sous cet angle on en convient que le phénomène de l'abstentionnisme semble profiter au parti au pouvoir (Afom Ndong, 2007 :66). Ce qui neutralise justement les possibilités d'alternance des dirigeants et de renouvellement du personnel politique. En effet, si le pouvoir a eu maille à partir avec l'opposition fortement implantée dans les zones urbaines (Njoya, 2003 : 89) et dans les zones réputées être les fiefs de cette dernière en 1992, tel n'est plus le cas de nos jours car tout montre qu'à cause de l'abstention, l'opposition a perdu ses fiefs électoraux puisque ces électeurs ne prennent plus part au vote. Ce n'est plus le même engouement qu'en 1992 et 1996 étant donné que les espoirs se sont estompés. Dès lors, l'évaluation négative des programmes de l'opposition a conduit ses électeurs à l'abstention (Kouamen, 2009 : 194) étant donné qu'il n'est plus un secret que la grandeur des partis politiques augmente avec le nombre de ceux qui sont supposés être ses adeptes (Gaxie, 2000 : 35). Or, il ressort justement que le désagrègement de la représentativité des partis d'opposition semble aller de pair avec la diminution de son capital de sympathie. Ainsi, la loyauté des citoyens vis-à-vis de ces partis s'est rétournée en stratégie de « défection » (Perrineau, 2006 : 34) effritant de fait leur base électorale.

Dans tous les cas, depuis 1992, la base électorale des partis politiques d'opposition n'a cessé de décroître permettant au parti au pouvoir de consolider son emprise nationale avec pour principale conséquence ses victoires à presque toutes les competitions électorales depuis 1997. Cela ne signifie pas forcement qu'il y a une volatilité de l'électorat au profit du parti au pouvoir mais plutôt qu'une partie de l'électorat de l'opposition ne participe plus aux élections laissant alors le champ libre à ceux du pouvoir. Toujours est-il que les partis d'opposition ont vu leur score décroître considérablement (Machikou, 2009 : 80) depuis l'élection présidentielle de 1992 ; devenant désormais moins représentatifs même dans leurs fiefs électoraux.

Tableau n° 20 : L'EFFRITEMENT DES SCORES DE L'OPPOSITION AUX ELECTIONS LEGISLATIVES DEPUIS 1992

PARTIS POLITIQUES

1992

1997

2002

2007

RDPC

88

116

149

153

UNDP

68

13

1

6

SDF

BOYCOTT

43

22

16

UPC

18

1

3

0

UDC

BOYCOTT

5

5

4

MDR

6

0

0

0

MLJC

0

1

0

0

DR

0

1

0

0

MP

0

0

0

1

Source : Machikou : Les régimes de la pacification parlementaire au Cameroun : 81

On peut constater à partir du tableau suscité avec une certaine relativité que l'abstention électorale a déstructuré l'emprise de l'opposition dans ses fiefs électoraux. Ce qui a profité au parti au pouvoir dont les scores n'ont cessé de se conforter. En effet, les résultats électoraux depuis 1992 démontrent que l'opposition camerounaise est la plus grande victime de l'abstentionnisme. Ce qui peut laisser croire que les abstentionnistes sont majoritairement les partisans déçus des partis politiques de l'opposition (Subileau, 1997 : 258). L'autre conséquence majeure de l'abstentionnisme électoral est certainement le poids du vote de la minorité.

* 181Luc SINDJOUN Cité par MACHIKOU, N., « Les régimes de la pacification parlementaire au Cameroun », In Polis/RCSP/CPSR.Vol. 16, n°1 et 2, 2009, p. 85.

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