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Caractérisation des communautés végétales d'une réserve de Miombo en relation avec la faune (Lubumbashi, RDC)

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par Margaux Muyle
Gembloux Agro-Bio Tech - Bio-ingénieur en gestion des forêts et des ressources naturelles 2012
  

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2.2.2. Contexte socio-économique

La population du Katanga a un effectif de 8.167.240 habitants en 2003, dont 1.113.352 à Lubumbashi, ce qui représente presque 14 % de cette population katangaise. La densité est de 10,89 hab./km2 pour la province en 1994. En 2003, le taux de croissance démographique annuel était de 3,9 % (Anonymous 2005).

En 2007, la population de la province atteint les 8,7 millions, avec une densité de 18 hab./km2. Cette rapide augmentation traduit donc bien la croissance démographique importante du Katanga (PNUD-RDC 2009).

L'économie de la province est principalement rythmée par son activité minière. Les gisements les plus présents sont ceux de cuivre et ceux des minerais associés tels que le cobalt ou le zinc. Les autres industries « dominantes » sont les industries de transformation, les unités agro-industrielles et les pêcheries industrielles (Anonymous 2005; PNUD-RDC 2009).

Les produits agricoles les plus produits en 1995 au Katanga sont en première position le manioc, suivi par le maïs, les poissons, les légumes (principalement des haricots) et les

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arachides. Cependant, la majeure partie de l'agriculture est une production d'autosuffisance, le reste étant occupé par de grosses exploitations (Anonymous 2005; PNUD-RDC 2009).

Les forêts ne sont pas réellement exploitées au sens strict du terme au Katanga ; les seuls prélèvements exercés sont le bois de feu, le charbon de bois et les PFNL (champignons, fruits, etc.) (Anonymous 2005). En effet, la production de bois de feu en RDC a été estimée à 54,7 millions de tonnes (75,4 millions de m3) de bois énergie en 2009, ce qui correspond à 94 % de l'exploitation totale de bois du pays (FAO 2012).

2.2.3. Le miombo au Katanga et aux alentours de Lubumbashi

Le miombo est l'écosystème majoritaire du Katanga (Kabulu, Bamba et al. 2008).

Sys et al. (1959) classent la végétation de Lubumbashi selon plusieurs grands groupes : la végétation aquatique, la végétation des dembos3, les brousses ou savanes arbustives, les forêts claires à Brachystegia, les savanes à Acacia, les galeries forestières4, les forêts climaciques et la végétation des mines de cuivre. Au sein de ces groupes se distinguent des groupements d'espèces.

Schmitz (1971) a déterminé différentes alliances et associations d'espèces pour le miombo dans la région de Lubumbashi. Selon la position topographique et les sols (principalement couleur et zonalité), il a défini trois alliances : l'alliance Berlinio-Marquesion se divisant en l'alliance Xerobrachystegion (les sols jaunes associés à l'association à Marquesia macroura et Brachystegia taxifolia et/ou l'association à Brachystegia microphyllea) et l'alliance Mesobrachystegion (les sols rouges associés à l'association à Marquesia macroura et Brachystegia taxifolia). Au sein de ces alliances, il a défini des associations et des sous-associations d'espèces selon les qualités/propriétés chimiques et physiques des sols. Dans l'alliance Xerobrachystegion, les associations à Brachystegia spiciformis et Monotes katangensis se retrouvent sur les sols biens drainés, graveleux mais meubles, les associations à Uapaca divers et Brachystegia boehmii sont sur sols pauvres et mal drainés et pour finir, les associations à Bulbostylis mucronata et Brachystegia stipulata sur les plateaux graveleux et latéritiques, également mal drainés. Dans l'alliance Mesobrachystegion, deux associations se distinguent. L'association à Combretum-Annemonetum senegalensis se retrouve sur les sols frais, profonds et fertiles du plateau de Lubumbashi, alors que l'association à Boscieto-Fagaretum regroupe la flore des termitières.

Une étude sur les sols de la région de Lubumbashi et les relations entre la végétation et ceux-ci a été menée par Sys et Schmitz (1959). Il en ressort une forte corrélation entre le sol et la végétation en place. Même si le climax, c'est-à-dire le muhulu, varie peu en fonction du sol, il apparaît que la « forêt claire à Brachystegia » varie fortement d'un sol à l'autre. Les paramètres édaphiques les plus influents semblent être la texture et le bilan en eau.

Malaisse (1997) quant à lui classe la végétation du miombo du Katanga selon des critères physionomiques et floristiques sans, a priori, tenir compte du sol. Il en ressort des

3 Dembo = vallées à faibles pentes avec des sols gorgés d'eau et une végétation herbacée typique (Sys et al. 1959)

4 Forêt galerie = étroite bande de terrain sur les rives immédiates (Sys et al. 1959)

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savanes arbustives à espèces typiques et des forêts claires à Brachystegia spp. et espèces associées.

Depuis, peu d'études ont été menées sur les dynamiques du miombo au Katanga. Cependant, une étude menée en Zambie s'est préoccupée de cette dynamique (Lawton 1978). Selon lui, la forêt claire, après avoir été abattue, commence par un stade appelé « chipya », avec des espèces de petite taille, une strate herbeuse élevée, un couvert très ouvert et une prédominance des espèces résistantes aux feux de saison sèche. Ces espèces caractéristiques sont Diplorhynchus condylocarpon, Hymenocardia acida et Syzygium guineense et y ont leurs couronnes fortes développées. Ensuite, il décrit un stade à Uapaca spp. qui évoluerait vers une forêt claire typique à Brachystegia-Julbernerdia. Il explique que le stade à Uapaca spp. pourrait également évoluer en une forêt « sempervirente » à Marquesia macroura.

2.2.4. Le contexte actuel du miombo en RDC et à

Lubumbashi

Le miombo couvrait 12 % de l'Afrique dans les années 70 (Freson, Goffinet et al. 1974). Ces zones forestières sont restées longtemps très peu peuplées en raison de la présence de la mouche tsé-tsé, vectrice de la maladie du sommeil (Bellefontaine, Gaston et al. 1997). Depuis, l'hygiène de vie s'est améliorée, la médecine a progressé, et les populations ont commencé à croître.

Le miombo couvrait environ 90 % de la région de Lubumbashi dans les années 19701980 (Malaisse 1979). Aujourd'hui, le miombo disparaît de plus en plus le long des routes et autour des villes. Comme dans le reste de la RDC, la déforestation ou du moins la dégradation du miombo s'amplifie de jour en jour. Déjà en 1974, Freson et al. (1974) indiquaient que l'essentiel du muhulu avait été transformé en miombo de par les feux anthropiques et que les zones forestières évoluaient progressivement en savanes. Des études plus récentes ont confirmé cette perte du couvert forestier (Kabulu, Bamba et al. 2008).

Afin de chiffrer cette déforestation en RDC, une étude a été menée tout le long de la décennie 2000-2010, à l'aide d'analyse d'images Landsat. Trois types de forêts ont été pris en compte : la forêt primaire (forêt mature avec un couvert de plus de 60%), la forêt secondaire (couvert entre 30 et 60 %) et les formations forestières (couvert inférieure à 30 %), dans lesquelles se trouvent le miombo. Cette étude, faisant partie du programme FACET (Forêts d'Afrique centrale évaluées par télédétection) réalisé par l'OSFAC (Observatoire satellital des forêts d'Afrique centrale), a estimé la perte brute du couvert sur la décennie à 2,3 % de la surface forestière totale. Le taux annuel de déforestation brut entre 2000 et 2005 a été estimé à 0,323 %. L'importance de cette perte a été corrélée avec les densités de populations et l'importance des activités minières (Ernst, Verhegghen et al. 2010).

Actuellement, la croissance démographique, l'ouverture des routes ou du moins leur macadamisation et la demande croissante en makala accentuent cette dégradation. Une étude a montré l'impact de l'ouverture des routes sur la déforestation ; autour de certaines routes, celle-ci pouvait atteindre 60 % entre 1984 et 2009 (Vranken, Djibu et al. 2011). De plus, avec l'ouverture des importations, les gens dépendent de moins en moins des PFNL fournit par le miombo et perdent donc leurs traditions liées à ce milieu.

Au niveau du Katanga, Kabula et al. (2008) montrent dans leur étude une fragmentation globale du couvert forestier katangais et surtout une fragmentation très

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importante des taches de forêts claires. Vranken et al. (2011) ont mis en relation la déforestation aux alentours de Lubumbashi avec le développement des axes routiers. De 1985 à 2009, les directions suivants deux axes routiers ont perdu 60 et 40 % de leur couvert forestier, contre moins de 10 % pour d'autres directions.

Les principales menaces ressortant de l'étude d'Ernst et al. (2010) sont le bois de feu, l'agriculture, les mines et l'exploitation forestière. Certains diront que le prélèvement de bois de feu et l'agriculture ont toujours existé dans ces régions. Cependant, la croissance démographique est telle que la périurbanisation est de plus en plus importante et les villages se multiplient autour des grandes villes et des grands axes. Cette pression engendre une intensification de prélèvement du bois de feu. Pour ce qui est de l'agriculture, le manque de technologie privilégie le système de l'agriculture itinérante sur brûlis. Néanmoins, au vu de la croissance démographique, les temps de jachère sont réduits, entrainant un appauvrissement du sol sur le long terme (Ernst, Verhegghen et al. 2010).

Ce déboisement affecte également le climat ; en effet, une baisse des précipitations et d'autres perturbations climatiques sont consécutives à ce déboisement autour des villes de la province. De nombreux mètres-cubes de bois sont coupés pour des raisons de chauffage ou de construction. Cela cause non seulement l'appauvrissement et la dégradation des sols mais également une disparition des espèces végétales et animales (Anonymous 2005).

Le Katanga était excessivement riche en grande faune. Chardonnet et al. (1995) décrivait le « Zaïre » comme étant un pays à très fort potentiel faunique, avec des espèces rares et menacées et une forte importance de la chasse traditionnelle. Les villageois prélevaient ce qu'il leur fallait pour se nourrir et subvenir à leurs besoins en protéines. Cependant, ce prélèvement insistant et l'arrivée des coloniaux et de leur chasse pour les trophées a appauvri cette richesse faunique. Cette diminution se remarqua dès le début des années 50 (Malaisse 1997). Actuellement, le gibier a totalement disparu dans un rayon de 150 km autour de Lubumbashi et le rayon de dégradation forestière autour de cette ville augmente d'environ 1 km par an (Malaisse and Binzangi 1985). Cette affirmation datant de 1985, on peut deviner qu'aujourd'hui, avec l'ouverture des routes due au développement des mines, celui-ci est plus important. Un recensement des grands mammifères et des impacts humains dans les parcs nationaux du Katanga a été effectué durant l'année 2008 (Vanleeuwe 2009). À la fin de l'inventaire aérien, dans les deux parcs, 165 observations directes de 11 espèces ont pu être faites. Les traces indirectes étaient peu nombreuses dans le cas des espèces animales mais abondantes pour les traces humaines. Le recensement terrestre (900 km) a révélé 32 espèces animales avec un total de 4701 observations.

Toutes ces informations peuvent être résumées en une problématique : la disparition du miombo tout autour du périmètre du Lubumbashi s'accentue d'année en année. Les principaux acteurs identifiés sont l'agriculture et les activités minières (Kabulu, Bamba et al. 2008). La production de charbon de bois joue également un rôle important. Tout cela affecte bien évidemment la flore et la faune, cette dernière ayant en plus subi une pression de chasse importante durant plusieurs décennies. Un autre effet est l'impact sur les populations villageoises : celles-ci sont dépendantes du miombo pour tous ses biens et services. Une restauration de cet écosystème autour de la ville de Lubumbashi est donc d'une importance capitale.

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"Soit réservé sans ostentation pour éviter de t'attirer l'incompréhension haineuse des ignorants"   Pythagore