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La radiodiffusion au cameroun de 1941 à 1990

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par Louis Marie ENAMA ATEBA
Université de Yaoundé I - Master II en Histoire des Relations Internationales 2011
  

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CONCLUSION GÉNÉRALE

La radiodiffusion avait été introduite au Cameroun par la colonisation française et britannique. Elle était alors destinée à satisfaire les intérêts de la colonisation franco-anglaise. Dans le Cameroun sous tutelle française, la radiodiffusion était une ramification de la radio-télévision métropolitaine. Dans le Cameroun sous tutelle anglaise, la radiodiffusion était rattachée aux services du Nigéria. D'une manière indirecte, la radiodiffusion a été un facteur déterminant de décolonisation du Cameroun, par sa mission d'éducation, de divertissement et d'instruction des masses. En mettant à la disposition des Camerounais des connaissances nécessaires à leur édification, la radiodiffusion a suscité une prise de conscience des effets néfastes de la colonisation. L'écoute des radios étrangères, véhiculant des messages anticoloniaux (Radio-Pékin et Radio-Moscou), à vocation socialiste, avait concouru à raffermir le combat contre le colonialisme.

L'indépendance du Cameroun sous tutelle française, en 1960, et celle du Cameroun sous tutelle anglaise, en 1961, avait conduit le pays à la nationalisation poussée de la radiodiffusion. Dès lors, la gestion des services de la radio nationale incombait à un personnel camerounais. Cela était une nécessité, dans la mesure où le Cameroun, en tant qu'État, se devait d'affirmer sa souveraineté, et de se libérer de la domination occidentale. La radio nationale du Cameroun éprouvait des déficits de cadres formés. Les cadres disponibles étaient inadaptés aux réalités locales, car formés dans des écoles occidentales. La radiodiffusion du Cameroun manquait de financements conséquents. De ce fait, les services de la radio se contentaient des équipements incorrects, datant de l'époque coloniale, et parfois en état de détérioration avancée. La radio nationale était sous le contrôle du gouvernement. Ainsi, elle était vouée à conforter la politique de celui-ci.

La radiodiffusion, vue la faible puissance de ses émetteurs, ne pouvait assurer la diffusion d'émissions sur toute l'étendue du territoire national. Le gouvernement camerounais s'était ainsi investi dans la création des stations de radio provinciales, en vue d'atteindre au maximum sa cible (les populations camerounaises). Pour ce faire, les dirigeants de l'institution avaient taché d'intégrer dans la grille des programmes, des émissions en langues locales, celles en rapport avec les préoccupations des auditeurs (les pratiques agricoles locales, les coutumes, etc.).

Par la suite, il né au Cameroun une certaine élite intellectuelle, qui tenait pour vraies et crédibles, des informations diffusées de l'étranger. Ce fut ce qu'il était convenu d'appeler « exotisme radiophonique ». Ladite élite s'adonnait à l'écoute des radios étrangères, dont les plus courues étaient la R.F.I., la B.B.C., la V.O.A. Ce qui portait un coup fatal à la radio nationale, qui ne bénéficiait plus alors de l'écoute massive des intellectuels ayant entre autres missions d'éclairer l'opinion nationale sur des questions engageant l'avenir du pays.

Les programmes de la radiodiffusion nationale étaient calqués sur le model occidental. Ses journalistes et ses animateurs étaient formés en Europe ou en Amérique. La pratique des connaissances acquises en Occident par des cadres de la radio ne tenait pas compte des préoccupations de l'auditoire national. Cela signifiait que la radio nationale, par le truchement de ses acteurs, reproduisait les modèles occidentaux ou pro-occidentaux. Elle contribuait ainsi à conforter l'influence des puissances occidentales au Cameroun, en dépit de l'indépendance. À cela s'ajoute les accointances entre la radio nationale et les pouvoirs publics. En effet, d'après le président Ahmadou Ahidjo, le Cameroun, en raison de sa posture de jeune État, se devait d'asseoir son système politique et socio-culturel, en tenant compte du contexte local. La radiodiffusion nationale était un moyen d'accomplissement de ces idéaux, ce d'autant plus que l'analphabétisme y était réel. La radio avait alors cette mission, à la fois lourde et noble, d'assumer un important rôle d'éducation et d'instruction, car médium de masse, et le plus accessible, quand nous analysons en profondeur l'épineuse question du faible pouvoir d'achat des Camerounais à cette période158(*). En tant que médium d'État, la radio nationale devait promouvoir la politique des pouvoirs publics de l'époque. Que l'action de ceux-ci eut été efficace ou inefficace, la radio nationale avait le devoir de défendre les intérêts de l'État camerounais. Ainsi, les défaillances des plus inadmissibles en république étaient systématiquement voilées, au profit de leurs auteurs, et au grand dam de la masse d'auditeurs camerounais, à qui ladite radio était pourtant destinée. La radio nationale était également marquée par la mauvaise gestion de ses ressources financières et humaines, conjuguée à leur déficit et aux recrutements des personnels pas toujours efficaces et compétents. D'où les défaillances observées au sein de la radio nationale, du point de vue de la qualité des émissions diffusées. Les cadres de la radio nationale faisaient montre d'inertie. La diffusion d'émissions était laxiste. Voilà pourquoi les programmes de la radio nationale déplaisaient aux auditeurs. Les problèmes de la radio nationale du Cameroun l'avaient empêchée d'accomplir ses missions. Formés à l'école coloniale, les gouvernants de la république avaient entretenu au sein de la radio nationale des attitudes destinées à les promouvoir. Après l'indépendance, le Cameroun avait signé avec la France des accords de coopération radiophoniques. À travers ces accords, la France entendait aider le Cameroun à consolider sa politique radiophonique, en mettant à sa disposition une aide technique et matérielle variable. Mais la France avait pour objectif, dans ce mécanisme d'aide, de perpétuer son rayonnement culturel et scientifique, par la promotion de sa langue et de ses idées.

L'avènement de la télévision nationale, en 1985, avait concouru à la diminution de l'audience de la radio nationale, mais pas de manière significative. La crise économique ayant affecté le Cameroun dans les années 1980, il n'était pas évident, pour des personnes à revenus insuffisants (les plus nombreuses), de se procurer d'un poste-récepteur. Ainsi, il était courant de rencontrer, au sein des communautés, des personnes s'adonnant à « l'écoute collective », faute de disposer d'un poste-récepteur à usage individuel.

En 1989, l'Empire soviétique chute. La France entend seconder les États-Unis dans l'oeuvre d'expansion de l'idéologie libérale et de démocratie en Afrique. Le Cameroun, comme les autres États d'Afrique francophone, n'échappe pas à cette poussée démocratique occidentale. C'est ainsi que la liberté de communication sociale y devient une réalité institutionnelle. La libéralisation du secteur de l'audiovisuel, qui intervint en 1990, annonçait une ère nouvelle pour la radio nationale. Aux informations pro-gouvernementales allaient, 10 années après, s'opposer des informations contre-gouvernementales, levant ainsi la loi contre la subversion. De ce fait, la radio nationale se devait d'intéresser le maximum de personnes à ses émissions, au niveau national et international.

* 158 Justin Bodo, 70 ans, producteur de cacao, Okola, 02 novembre 2008. Selon lui, un poste récepteur coûtait relativement cher, soit au minimum 4000 fcfa. Les conditions de vie n'étaient certes pas des plus rudes, mais disposer de suffisamment d'argent liquide relevait d'un luxe.

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