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Les défis du terrorisme au Sahel. Aqmi,une menace stratégique?

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par Rodrigue NANA NGASSAM
Université de Douala - Cameroun - Master II en science politique- option : études internationales 2013
  

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B - AQMI, un fardeau pour les Etats Sahéliens

Au delà des violences directes et physiques contre ses cibles favorites que sont les autorités sahéliennes, leur population et les occidentaux, AQMI constitue également une menace sérieuse pour l'avenir de la zone sahélienne et les régions périphériques. Cette organisation exerce en effet une influence néfaste sur le développement économique de toute la zone (1) plaçant les Etats de la région dans un bourbier auquel trouver une solution devient un casse tête chinois (2).

1) Un fardeau économique pour les pays du sahel

Les attentats et les prises d'otages commis par AQMI, associés à l'incapacité des gouvernements à mettre un terme, ont en quelques années, anéanti le climat sécuritaire de la région du sahel. La violence et l'insécurité ont fait reculer beaucoup d'investisseurs et autres acteurs économiques dans un espace qui, confrontée à un sous développement chronique et à une extrême pauvreté, n'avait certainement pas besoin d'endurer une telle épreuve.

La première conséquence de la dégradation sécuritaire au sahel a été de faire de cette zone, un repère à éviter. Si dans un premier temps, la présence des islamistes d'AQMI était perçue par certaines populations locales comme bénéfique car ils stimulaient l'économie en achetant les produits locaux au prix fort et en distribuant des médicaments197(*), la détérioration de la situation sécuritaire va provoquer des conséquences désastreuses dans la vie quotidienne de ces mêmes populations. Un premier impact se situe sur les prix des denrées alimentaires. L'intensification des accrochages entre les terroristes d'AQMI et les forces de sécurité vont fortement ralentir les échanges commerciaux, créant dès lors une diminution de l'offre et une augmentation soudaine des prix. Dès lors, les produits vendus sur les marchés sont moins nombreux et les populations se voient obligés de consacrer une plus grande part de leurs ressources financières à l'achat de nourriture198(*).

Une autre réalité concerne le secteur du tourisme. Depuis 2007, la situation des professionnels de ce secteur est extrêmement difficile à cause du kidnapping. L'annulation du rallye Paris-Dakar, en janvier 2008 se situe dans cette logique. La confirmation par les services de renseignements de l'éventualité de la menace d'AQMI sur l'épreuve sportive incita les organisateurs de la course à l'annuler et à la transférer sur le continent Sud-américain. Depuis 2009, le Mali a perdu plus de 76 millions de recettes et 8000 emplois dans le secteur du tourisme199(*). Le Niger n'est pas en reste. La présence touristique du Niger a diminué de 7% entre 2008 et 2009 et la tendance devrait s'accentuer dans les années à venir si la situation sécuritaire demeure aussi préoccupante200(*) y compris le Sud algérien qui également est doublement victime de la présence d'AQMI dans le sahel.

De même, les conséquences des attaques d'AQMI ont un impact sur le renchérissement de la présence étrangère (plus précisément les travailleurs occidentaux) dans la région, qui s'avère pourtant indispensable. Les Etats occidentaux déconseillent vivement à leurs ressortissants de s'aventurer dans le sahel et des pays qui le bordent. Certaines activités ne pouvant être délocalisées, le maintien du personnel étranger a pour contrepartie l'adoption de mesures de sécurité particulièrement lourdes. Tel est le cas par exemple de la production de l'Uranium au Niger dont le secteur est vital pour ce pays qui tire pratiquement 90% de ses ressources et revêt aussi une importance stratégique pour la France. AREVA y a opéré d'importants investissements en particulier sur le site d'IMOURAREN, dont les ressources en Uranium sont estimées à 180000 tonnes et pour lequel la société a dépensé plus de 1,2 milliards d'euros. Et des mesures ont été prises entre AREVA et l'Etat Nigérien sur la nécessité de sécuriser les activités minières dans la région et les travailleurs étrangers qui opèrent sur le site. Mais, cela n'a pas empêché la prise d'otages d'ARLIT dans la nuit du 15 au 16 septembre 2010. Les évènements du 16 janvier 2012 contre la base vie du site gazier SONATRACH BRITISH PETROLEUM STATOIL de TIGUENTOURINE (IN AMENAS) par la « KATIBA AL MOUAKAOUM BE DAM » (« les signataires par le sang ») créée en décembre 2012 par BEL MOKHTAR201(*) après sa rupture d'avec AQMI et qui s'est emparée de plusieurs centaines d'employés sont venus remettre en question le système de sécurité des entreprises occidentales installées au sahel plongeant les pays de la région dans une cacophonie totale.

2) Sahel, un bourbier politique pour les Etats de la région

Depuis plusieurs années, la montée du terrorisme au sahel est une source croissante de préoccupation202(*). La dégradation de la situation au Mali en 2012 a en effet confirmé que les pires scénarios étaient possibles. Espace tampon mais aussi espace d'échanges, l'arc sahélien a en effet vu au cours de la dernière décennie se développer une instabilité endémique qui menace les fragiles équilibres sociaux, économiques, politiques et géopolitiques qui s'y sont progressivement construits. C'est donc toute une région déjà vulnérable dont la sécurité et la stabilité sont mises en danger, mais c'est une menace et cette menace pèse sur l'ensemble de la région et sur le reste des pays africains. Aux yeux des stratèges, la situation au sahel et le cas du Nord-Mali paraît d'autant plus inquiétant du fait qu'aucun Etat de cette partie de l'Afrique n'est pas à l'abri des tentatives de déstabilisation. L'éclipse de BEL MOKHTAR en Algérie qui a suivi avec la prise d'otage du complexe gazier d'IN AMENAZ le 18 janvier 2013 au Sud-est algérien et à 100 km des frontières libyennes a démontré la capacité des terroristes à frapper partout. Les facteurs déstabilisateurs sont nombreux et l'effondrement du Mali, pays modèle de la zone risque d'en entrainer d'autres203(*).

Il s'avère difficile pour les cinq Etats Sud-sahéliens d'assurer l'exercice effectif de leur souveraineté sur l'ensemble du territoire. Et cette problématique qui a longtemps perduré sans solution a fait le jeu des islamistes qui en ont profité pour s'établir dans ce désert dont la surface totale est celle de l'Inde. L'enkystement d'Al-Qaïda au Maghreb Islamique (AQMI) au Mali depuis 2003, la récurrence d'actions armées ponctuelles perpétrées par différents groupes, Touareg ou non, dans un Nord politiquement et économiquement marginalisé et les dysfonctionnements croissant de l'Etat Malien ont alerté, bien avant la crise Libyenne, les observateurs les plus attentifs du risque de déstabilisation politique204(*). Ni l'ampleur, ni la séquence, ni la nature même de la crise qui frappe le pays depuis janvier 2012 n'ont cependant été prévue. Le réveil tardif de la communauté internationale avec l'opération Serval au Nord-Mali n'est pas sans risque avec l'entrainement des Etats Africains et occidentaux dans une opération de longue durée et pris au piège d'un terrain favorable aux occupants. Si cette crise perdure avec une opération militaire à l'issue incertaine, on risque d'assister à l'accentuation de la crise alimentaire dans toute la sous-région205(*), ouvrant ainsi un nouveau problème pour la Communauté Internationale.

* 197 Sonia ROLLEY, « L'entreprise AQMI », Slate, 9 décembre 2010,

http://www.slate.fr/story/31331/aqmientrprise.

* 198 Oumar. J., « Le conflit avec Al-Qaïda entraîne la hausse des prix alimentaires en Mauritanie »,Magharebia, 15 août 2011,

http://wwww.magharebia.com/cocoon/auri/xhtm1/features/awi/features/2011/08/15/feature-01/.

* 199 « Mali : Impact économique de AQMI sur le tourisme - plus de 50 milliards de FCFA et 8000 emplois perdus en deux ans », www.allafrica.com, 1er août 2011, http://frallafrica.com/stories/201108012574.html.

* 200 « Touriste au Sahel », RFI, 17 novembre 2010, http://www.rfi.fr/émission/20101117-tourisme-sahel.

* 201 Alain RODIER, Eric DENECEE, « Mokhtar Bel Mokhtar et la Katiba Mouakaoum Be Dam », CF2R, note d'actualité n° 298, janvier 2013, p. 1.

* 202 Intervention de Jean- Marc Ayrault, Premier Ministre à l'Assemblée Nationale, mercredi 16 janvier 2013, Service de Presse, p. 1.

* 203 La Croix, jeudi 5 juillet 2012, entretien avec Alpha Condé, Président de la Guinée.

* 204 En mars 2005, Crisis Group a publié un rapport sur l'islamisme et le risque terroriste au sahel. Voir le rapport Afrique de Crisis Group n° 92, Islamist Terrorism in the sahel : Fact or fiction ?, 31 mars 2005, p. 1.

* 205 Dr Bakary SAMBE, enseignant-chercheur, Université Gaston Berger, Saint Louis (Sénégal), Crise malienne : Origines, développements et répercussions dans la sous-région, 2012.

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