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Pour une reconnaissance politique et sociale des valeurs des abords du patrimoine bàąti en Algérie. La basilique St-Augustin et ses abords à  Annaba.

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par Hocine AOUCHAL
Université de Constantine 3 - Magistère option: stratégies de préservation du patrimoine 2013
  

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I.2. Lieu et société

L'attachement au lieu peut être associé, principalement, à l'attachement aux personnes qui y résident. On peut être chez-soi « home » à n'importe quel endroit, si on est avec des personnes qui partagent nos intérêts. Cette réflexion occidentale, ne considère pas l'aspect physique de l'expérience du lieu. Cependant, le lieu est cet élément physique du territoire dans lequel ces personnes peuvent partager leurs intérêts. Selon Minar et Greer, « les contacts humains sur lesquels les sentiments de l'engagement et de l'identité sont construits, sont plus susceptibles de se produire chez les personnes qui partagent le même morceau de terre. »37.

L'homme, en général, n'assiste pas continuellement à son lieu, surtout quand il s'agit d'un environnement urbain. Cela ne prive en aucun cas ce lieu de sa signification. Exactement comme l'apparence d'un individu qui soit un élément pris pour acquis, malgré son rôle fondamental à la construction de sa propre identité personnelle. La relation de la société avec le lieu est, donc, très importante. Chacun d'entre eux renforce l'identité de l'autre.

La structure et l'hiérarchie sociales jouent un rôle important dans l'organisation physique du lieu. A l'exemple de la distinction qui existait entre la cité bourgeoise et la cité ouvrière ou la ville de Ghardaïa, où la structure sociale, la morale et la religion ont modelé l'espace urbain et l'unité architecturale de base, la maison. Les éléments constituants l'environnement artificiel, où la société réside, qui soient physiques (bâtiments, rues, arbres...etc.) ou sociaux et communautaires telle une équipe locale de football, ne sont pas uniquement des éléments communs mais plutôt des codes et symboles qui maintiennent ce que Aldo van Eyck appelle « la conscience collective du lieu ». Cela veut dire que ces lieux participent à la formation de l'identité de ces personnes, l'identité même du lieu, et vice-versa. Les habitants sont leur lieu et le lieu est ses habitants38.

Lieu et société sont distinguables conceptuellement. Par contre dans l'expérience humaine du lieu, ils ne sont pas facilement différenciés. L'un crée et identifie l'autre. Dans cette perspective, le lieu est «public », connu et perçu à partir des expériences et implications communes. Mais tous les lieux sont-ils publics ? Ont-ils tous le même degré de ce caractère public ?

37 RELPH E. «place and placelessness », London, 1976, Pion Limited, P33.

38 Ibid. P34.

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Le monument historique et ses abords, un lieu de cristallisation de la mémoire CHAPITRE

collective DEUXIEME

A partir de cette question, un autre type de lieu public doit être expliqué. C'est un lieu qui n'est pas compris, principalement au terme de communauté, mais par son aspect physique et emblématique, tel le patrimoine bâti. Le monument historique, n'attire pas l'attention à sa présence matérielle mais plutôt oriente le territoire en créant un lieu spécifique et unique qui s'étend à ses abords où le caractère est maintenu. Ces lieux significatifs ont une grande imagibilité39.

Malgré leur importance dans le façonnement de l'identité de la société, ces lieux d'imagibilité peuvent être l'objet d'attachement de la société à son territoire, même à l'ombre du progrès technique, technologique et économique qui change complètement l'architecture et donc tout le paysage. L'expérience humaine, individuelle ou collective, de ces lieux peut être positive ou négative. Ce jugement est, forcément, lié à la mémoire collective de la société. On donne l'exemple des oeuvres d'art ou bâties qui commémorent la période d'un génocide ou d'une guerre, où la société a vécu des temps de souffrances et de batailles. Ces oeuvres sont importantes historiquement mais représentent des mémoires et des souvenirs très négatifs.

Le rayonnement significatif de ces lieux peut dépasser le seuil national par leur particularité universelle. Le fait de considérer un lieu comme «public », implique l'existence des lieux «privés ». Les deux sont significatifs, parcourus et perçus individuellement, cependant la différence réside dans l'interprétation du sens émis par le lieu, sa propriété, sa qualité et sa vocation.

Dans ce cas, quelle identité du lieu ? I.3. Lieu et identité

L'étude de lieu est très importante pour deux raisons. Premièrement, elle constitue une expérience fondamentale pour l'engagement de l'homme dans son monde. Deuxièmement, la connaissance approfondie de la nature du lieu peut contribuer à la maintenance et à la manipulation des lieux existants, ainsi à la création de nouveaux lieux.

Cette notion du lieu, consiste à comprendre ses limites, ses symboles, ses expression, sa fonction, son passé, son avenir et donc son identité. Kevin Lynch définit l'identité du lieu comme l'ensemble des éléments qui offrent sa singularité et sa distinction des autres lieux et qui servent à sa reconnaissance comme une entité séparée. Cette définition peut être

39 LYNCH Kevin, op. cit. P11.

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LA BASILIQUE ST-AUGUSTIN ET SES ABORDS A ANNABA

Pour une reconnaissance politique et sociale des valeurs des abords du patrimoine bâti en Algérie

réductrice, du fait qu'elle explique, tout simplement, que chaque lieu a une adresse unique identifiable. L'identité du lieu dépasse la localisation géographique. Il est nécessaire de reconnaitre qu'il existe autant d'identités de lieu, que de personnes. L'identité du lieu est donc liée à la perception individuelle et à la configuration physique du lieu perçu. Chaque individu peut assigner, consciemment ou inconsciemment, une identité aux lieux. Ces identités sont combinées intersubjectivement pour former une identité commune, ce qui peut être expliqué selon le cadre culturel de la société, qui peut apprendre aux individus une façon, plus ou moins, unie de percevoir les même qualités, ou d'après une mémoire collective provoquée par une interprétation commune d'un événement ou d'une période historique.

Pour une meilleure compréhension de l'identité des lieux, on accepte que celle là ait des éléments, bien identifiables, qui la composent. L'expérience humaine des lieux est directe, complète et souvent inconsciente. S'il y on a des éléments composants de l'identité des lieux, ils sont perçus à la totalité de leur combinaison, bien qu'une perception moins immédiate peut distinguer des éléments reliés ensembles mais identifiables, qui constituent l'identité d'un lieu et structure l'expérience humaine au sein du même lieu. Comme l'exemple d'un tableau de peinture, où la planche, la peinture et les symboles sont distinguables mais inséparables.

Selon E. Relph, l'identité d'un lieu a trois composantes4o :

La configuration physique : la possibilité de visualiser une ville, uniquement, en tant que topographie, bâtiments et tout objet physique et palpable, telle une photo aérienne. Les activités : qui se déroulent au sein du lieu, entre ses constituants physiques. Une observation objective des activités des personnes, distinguera leurs mouvements, ce qu'ils parcourent, ce qu'ils produisent, ce qu'ils consomment, ...etc. Mais l'expérience humaine perçoit ce cadre physique et ces activités avec une interprétation; ils sont beaux ou laids, utiles ou inutiles, essentiels ou complémentaires. Ils sont donc significatifs. Ces deux composantes sont facilement appréciées, mais la signification est la composante la plus difficile à saisir.

La signification (s) : elle est extraite du cadre physique et des activités, mais elle ne constitue pas une de leurs propriétés. Elle est, plutôt, la propriété des intentions et des expériences humaines. Malgré la complexité de l'étude des intentions, la signification est plus complexe. Elle dépend, principalement, des variations individuelles et culturelles qui reflètent une particularité d'intérêts, d'expériences et de point de vue.

40 RELPH E. op. cit. P47.

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Ces trois composantes sont, peut être, distinguables mais elles sont inséparables. Chaque composante peut être divisée en sous composantes qui soient, en sorte, un détail aidant, considérablement, à l'établissement de l'identité d'un lieu. Donc, un cadre mentale d'expérience et d'interprétations perceptives de ces trois composantes, est l'élément clé de l'appréciation d'une identité d'un lieu. Mais qu'est ce qu'il relie ces composantes ?

Du fait que l'identité du lieu est perçue en tant que totalité, ces trois composantes ne peuvent constituer qu'une partie. Elles représentent la matérialité de l'identité du lieu. Une autre composante intangible joue le rôle de liaison. Elle a plusieurs nominations : esprit du lieu, sens du lieu ou génie du lieu (genius loci), toutes réfèrent au caractère ou à la personnalité. L'esprit du lieu peut persister même avec un changement radical des trois composantes. C'est une valeur et une composante de l'identité du lieu la plus difficile à mesurer et, en même temps, la plus évidente lors de l'expérience humaine et qui constitue la singularité et l'unicité du lieu. L'esprit du lieu contrôle le besoin humain d'appartenance, d'attachement et d'engagement dans un lieu. L'homme doit être dans son lieu.

Ce qui manque dans cette réflexion est la société. L'identité du lieu est structurée par la société, comme déjà mentionné, le lieu est ses habitants et les habitants sont leur lieu. Les sociétés produisent leurs lieus à leurs images, intuitions, croyances et besoins et le lieu réunie, représente et donne aux sociétés une référence physique et mentale avec laquelle elles peuvent se développer.

Dans la même perspective, les identités des différents lieux ne peuvent avoir la même valeur identitaire pour la société. L'existence des «lieux publics» interpelle une certaine interprétation collective d'un lieu sans d'autres. La dynamique conceptuelle entre l'identité du lieu et le lieu d'identité, prouve la distinction des intensités des identités des lieux. La notion de lieu d'identité affirme que ce lieu possède dans ses limites une identité qui représente toute la société, exactement, comme le lieu que forment le monument historique et ses abords. A la particularité de ces lieux, un autre critère doit être analysé. Un critère qui prend en considération la transmission du patrimoine bâti et ses abords, un lieu, d'une génération à une autre. Il faut, donc, comprendre l'authenticité du lieu.

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus