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Pour une reconnaissance politique et sociale des valeurs des abords du patrimoine bàąti en Algérie. La basilique St-Augustin et ses abords à  Annaba.

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par Hocine AOUCHAL
Université de Constantine 3 - Magistère option: stratégies de préservation du patrimoine 2013
  

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II.3. La commémoration :

«Commémorer, c'est d'abord jouer au présent le théâtre du passé ». (Gérard Namer, mémoire et société, 1987). Commémorer signifie le fait de rappeler un souvenir collectif, une mémoire sociale relative à un événement, une période historique, un personnage marquant, une activité ancienne ou un fait national. Le mot commémoration est lié, aux dictionnaires, à la célébration. On célèbre une mémoire collective qui marque l'identité de la société. C'est, d'une sorte, la matérialisation de la mémoire collective dans un processus de répétition qui cherche à mettre en scène une reconstruction du passé. Mais pourquoi commémorer ? Quel en est le besoin ? C'est un autre phénomène lié au monde contemporain où le risque d'oublier les mémoires collectives est de plus en plus menaçant, face à l'excès d'individualisation. Les figures d'excès entrainent une rapidité dans la vie des individus, qui perdent leur continuité temporelle, ce qui affecte négativement l'identité et la valeur de leur attachement et appartenance à leur société, surtout à l'ombre de l'uniformisation des pratiques et modes sociaux gérés par la mondialisation. Un rappel des valeurs et des mémoires est dûment nécessaire. C'est à partir de la seconde guerre mondiale que la pratique commémorative a eu son essor. La destruction des monuments et des lieux construits ou naturels qui représentaient une valeur identitaire pour la société, sont soudainement disparus. Une reconstruction du passé pour remplir l'écart, produit par la guerre, était nécessaire. De plus, on constatait la commémoration de la guerre elle même pour se rappeler de la cause de l'écart mémoriel. A cette période là, l'intérêt particulier au patrimoine visait la sauvegarde des mémoires collectives des nations européennes.

Selon Pierre Nora, le monde contemporain ou à partir des années d'après guerre, est l'ère de commémoration. Il précise qu'il existe deux types de commémoration52 :

Commémoration volontaire et délibérée : exprime la volonté de commémoration liée, particulièrement, à la célébration et la fierté. Une décision de commémorer un événement qui marque l'histoire de la société et forge son identité, telles les journées nationales, 5 Juillet et ler

Novembre en Algérie, 14 Juillet en France ou le 14 Juillet aux états unis. Ces grandes commémorations nationales visent la célébration de triomphe, d'indépendance et marquent un état de fierté et d'appartenance à la nation, une mémoire éternelle. Cette commémoration de célébration peut être accompagnée par une commémoration physique et bâtie qui marque l'événement à célébrer ou de

52 NORA Pierre, «les lieux de mémoire », Paris, Vol. 3 : les France, 1984, Gallimard, P979.

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Le monument historique et ses abords, un lieu de cristallisation de la mémoire CHAPITRE

collective DEUXIEME

fierté sur les lieux et dans le paysage. Tel le mémorial du martyr à Alger, construit en 1982 pour commémorer le 20ème anniversaire de l'indépendance nationale (le 5 Juillet 1962) et pour rendre hommage aux martyrs de la guerre de l'indépendance, pour que leur mémoire ne quitte jamais l'esprit des générations futures.

Commémoration involontaire et même inconsciente : loin d'être une décision de commémorer, ce type exprime une certaine auto-identification d'un fait historique que la société commémore inconsciemment, du fait qu'il devient une forme identitaire ou une idée représentative de l'identité collective. Pierre Nora, donne l'exemple de la manifestation sociale de Mai 1968, où la jeunesse étudiante est sortie protestant la situation politique et culturelle gérée par le capitalisme impérialiste. Cet événement est considéré comme l'un des plus importants mouvements sociaux de l'histoire de la France. Il représente, pour les français, un événement de fierté et de changement idéologique de leur pays. Cette année, ce mois, cet événement est commémoré inconsciemment dans la société française, une date inoubliable.

Quelque soit son type, la commémoration vise un objectif précis. On peut dire que la commémoration a des différentes fonctions. Selon Monique Dolbeau, l'intérêt de la commémoration est de chercher un temps perdu et/ou une production d'une «fiction dramatique »s3 :

A la recherche du temps perdu : une reconstruction d'un certain passé où la commémoration est une réactualisation d'une ancienne mémoire collective. Cette reconstruction peut être, excessivement, nostalgique où on cherche le retour vers le passé par des fêtes et des célébrations ou même des lieux reconstruits, qui s'inscrivent dans un contexte social de «réactivation du passé ». Une façon de revisiter une mémoire perdue.

Une « fiction dramatique » : cela veut dire, la mise en scène théâtrale de reconstruction d'une mémoire collective. Une commémoration visible qui incite l'imagination de la réalité du passé, tels les monuments mémoriaux. Cette commémoration peut être une marque de prestige et de compensation visant à rappeler un passé idéalisé, comme elle peut être un acte pour légitimer le présent en

53 DOLBEAU Monique, « la mémoire du métier » : maréchal-ferrant, un passé retrouvé, Paris, 2012, l'Harmattan, P138.

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LA BASILIQUE ST-AUGUSTIN ET SES ABORDS A ANNABA

Pour une reconnaissance politique et sociale des valeurs des abords du patrimoine bâti en Algérie

exposant la continuité temporelle de la société. Il s'agit ici d'une commémoration dans un temps fictif où passé, présent et avenir sont réunis.

En général, la commémoration est un rappel matériel de la mémoire collective qui façonne l'identité de la société. Ces mémoires, comme bien mentionné avant, peuvent être positives, qui ont relation avec un passé heureux et de fierté, comme elles peuvent être négatives, qui ont relation avec un passé triste, tragique et de souffrance. L'une ou l'autre est considérée comme un facteur très important de la cohésion sociale et de l'attachement de l'homme à son lieu. On ne peut pas échapper la valeur commémorative du patrimoine bâti, du fait qu'il marque un savoir et un savoir faire ancien qui génère, en permanence, une mémoire affective et de découverte de soi pour toute la société. C'est la raison pour laquelle le patrimoine bâti reste la forme la plus manifestée de la mémoire collective. La commémoration liée au patrimoine bâti est inconsciente et involontaire pour la simple raison qu'il fut édifié pour autres fonctions que mémorielle (voir le passage du monument au monument historique du premier chapitre).

On cherche, alors, un fait historique qui suscite une mémoire collective, laquelle est matérialisée sur un lieu. Ce trio : mémoire, histoire et lieu est révélateur d'une dynamique spatio-temporelle causant la naissance des lieux de mémoire en reconnaissant, très particulièrement à notre problème posé, la valeur mémorielle des abords qui assurent la continuité spatio-temporelle du monument historique.

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