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La zone de libre-echange des Amériques (ZLEA), un nouveau depart économique pour les Amériques au 21ieme siècle : enjeux et perspectives de cette intégration régionale pour Haiti

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par Erold ELCIUS
Universite d'Etat d'Haiti (UEH) - Licence 2011
  

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CHAPITRE I

POLITIQUES ÉCONOMIQUES QUE HAÏTI DEVRAIT APPLIQUER POUR ÊTRE COMPÉTITIVE VIS-À-VIS DES CONCURRENTS DE LA ZLEA

Une politique économique peut se définir comme un ensemble de mesures prises par les pouvoirs publics en vue de peser sur les structures et l'évolution de l'économie d'un pays. Ainsi, cette politique peut être : agricole, budgétaire, touristique, commerciale, éducative pour ne citer que celles-là.

Haïti, eu égard à cette intégration régionale, devrait faire des choix économiques pour augmenter en substance les résultats des indicateurs macroéconomiques, choses sans lesquelles les autorités du pays ne peuvent changer les conditions de vie de nos frères qui vivent aujourd'hui dans une extrême pauvreté.

La ZLEA est un vaste marché concurrentiel avec de grandes opportunités d'échanges, mais elle ne fera pas de cadeau à Haïti. C'est à nous, les Haïtiens, d'identifier nos potentiels économiques pour établir de bonnes politiques nationales via le modèle de développement « clusters » avec une stratégie nationale de compétitivité qui va donner naissance à des secteurs émergents dans l'économie nationale, et le tout va nous conduire à des véritables pôles de développement dans le pays. Enfin, ce chapitre est consacré à l'étude des politiques économiques qu'Haïti devrait appliquer face aux concurrents de la ZLEA pour qu'elle ait un avantage compétitif dans la région.

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A- POLITIQUE AGRICOLE
Panorama actuel du secteur agricole haïtien

a) Ressources en sol

Pendant ces dernières années, les terres du pays ont été très touchées par l'érosion qui a déjà ravagé plusieurs lieux, causant la mort de beaucoup de nos compatriotes. Par conséquent, ceci a engendré chaque année des gaspillages énormes de sols arables, soit 15.000.000 de m3 suivant une étude réalisée par la FAO. Il en résulte une diminution de la productivité du pays, avec des suites néfastes sur le niveau général de la production dans le secteur primaire. Le «Ministère de l'Agriculture et de Ressources Naturelles et de Développement Rural (MARNDR) », a fait une estimation sur la capacité des sols d'Haïti et elle est estimée à 2.700.000 has qui sont réparties comme suit :

- Sols à forte potentialité agricole qui sont autour de 305.450 has, soit 11.3%

- Sols à potentialité moyenne qui sont chiffrés à 857.220 has, leur poids est de 31.8%

- Sols à faible potentialité qui sont avoisinés les 1.537.330 has, soit 56. 9%

En fait, en considérant le relief et la déclivité, nous pouvons dire que la capacité agricole des terres haïtiennes se présente ainsi :

- Terres cultivables entre 0 à 10% pente : 800.000 has, soit 30%

- Terres cultivables avec aménagement autour de 10 à 40% pente : 500.000 has, soit 16%

- Terres non cultivables à 40% de pente estimées à 1.500.000 has, soit 54%. Ainsi, nous pouvons conclure en disant qu'Haïti a une superficie cultivable très faible pendant que sa population à nourrir dépasse les huit (8) millions d'habitants.

b) Mode de distributions des 800.000 has cultivables

Haïti possède 800.000 has de terres cultivables, soit 30%. Cependant, son mode de distribution est plus que mauvais. Près de 200.000 has qui sont estimés à 25% sont entre les mains de propriétaires absentéistes. Et, nous constatons un très grand morcellement des 600.000 has restants, source de conflits effrénés par défaut des lois sur la succession. À titre

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d'exemple, la quantité d'exploitations de taille de moins de 1 ha est passée de 177.000 en 1 950, à plus de 360.000 en 1 985, d'après les données du MARNDR. En outre, il est important de mentionner qu'il y a une piteuse gestion des ressources en sol, traduite par :

1. l'utilisation irrationnelle de l'espace vital disponible donnant lieu à une réelle compétition entre l'urbanisation et l'agriculture comme à la Plaine du Cul de Sac à Port-au-Prince, à Bigot et « Assifa » aux Gonaïves et dans d'autres zones du pays.

2. la destruction progressive de la couverture naturelle de protection, sous la double influence du déboisement systématique et de l'expansion continue des cultures sarclées sur des pentes à forte déclivité.

D'où, avec ce mode de distributions conflictuelles nous voyons la nécessité pour que l'État haïtien puisse engager une vraie réforme agraire conduisant les zones rurales à des villages agricoles où les paysans puissent trouver toutes les infrastructures indispensables à leur épanouissement social et économique comme cela s'est fait dans les Aurès en Algérie orientale.

RESSOURCES EN EAU

a) Pluviométrie

La pluviométrie du pays n'est pas forte et elle est mal partagée à travers le temps et l'espace sur tout le pays. Ainsi, nous décelons des périodes de grandes sécheresses qui, des fois, dérangent les résultats des indicateurs macroéconomiques, car la majorité des agriculteurs haïtiens dépendent des eaux de pluies pour arroser leurs jardins.

b) Eaux de surface

Les eaux de surface sont des eaux des rivières à régime torrentiel. Des cours d'eau à débit presque régulier sont utilisés à des fins d'irrigation. Par contre, à l'exception des eaux de lac de « Péligre » qui sont exploitées pour irriguer des terres en plus de la production de mégaWatts d'électricité additionnelle pour la zone métropolitaine de Port-au-Prince pendant les périodes de fortes pluies, tous les lacs et les étangs du pays sont inexploités. Ces sources

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oisives avec une bonne politique agricole d'exploitation pourraient nous aider à avoir plus d'espaces irrigables en lieu et place de ces 200.000 has.

c) Eaux souterraines

D'après des recherches réalisées par les experts du MARNDR, plusieurs réserves d'eaux souterraines sont identifiées dans le pays telles que :

1. Unités riches en eaux souterraines facilement accessibles. Elles se trouvent localisées dans toutes les plaines côtières du pays ;

2. Unités riches en eaux souterraines difficilement accessibles. Elles se localisent dans les formations montagneuses calcaires ;

3. Unités pauvres en eaux souterraines. Elles sont situées dans la zone du Plateau Central, du Nord-Ouest, de l'Ile de la Gonâve.

Pour l'agriculture, les eaux souterraines peuvent considérer comme un moyen complémentaire d'approvisionnement en eau. Cependant, par manque de visions elles sont très peu utilisées sauf dans les plaines des Gonaïves et du Cul de Sac on les utilise et on n'identifie jusqu'à maintenant pas d'autres zones qui font usage de ces dernières pour irriguer des terres dans le souci d'augmenter la production agricole du pays.

d) Irrigation

En Haïti, il y a près de 121 systèmes d'irrigation qui couvrent une superficie autour de 100.000 has sur un total irrigable de 200.000 has. Mais, avec le temps ces systèmes ont connu des dommages successifs dont souvent les causes essentielles sont :

1- Les fréquents cyclones ;

2- Le manque d'entretien et de réparation ;

3- L'érosion des bassins versants entraînant de forts volumes de débris solides avec pour effet, la surélévation des lits des rivières, l'inondation des terres riveraines et des systèmes d'irrigation aux périodes des crues ;

4- Le pourcentage élevé des canaux en alluvions causant des pertes d'eau par dérivation ;

5- Les mauvais états des tronçons d'autoroute empêchant les visites d'inspection. Pour l'exploitation du potentiel d'irrigation, on a :

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5 Superficie irrigable estimée à 200.000 ha ;

- Superficie sous irrigation effective autour de 45.000 ha, soit 22.5% ;

- Superficie à réhabiliter 55.000, soit 27.5% ;

- Superficie nouvelle à irriguer 100.000 ha avec un poids de 50%.

Haïti, comme tous les PVD, va participer en majeure partie à la ZLEA avec des produits agricoles, mais avec une pareille superficie irrigable, elle aura des contraintes pour augmenter en valeur ses exportations agricoles de manière à diminuer le déficit de sa balance commerciale.

Ressources halieutiques

La République d'Haïti a 1700 Km de côte. Près de 10.000 pêcheurs du pays pratiquent tout au long de notre côte une pêche très archaïque avec des matériels rudimentaires. Le pays a une très grande capacité en richesses piscicoles marines qui est estimée à plus de 25.000 tonnes par an. Cependant, il n'y a pas des données fiables sur les disponibilités réelles de ces richesses. En matière des eaux continentales, Haïti a près de 26.000 has de lacs naturels et plans d'eau à utiliser, ce qui nous donnerait une disponibilité en protéines autour de 60.000 Kg/ha sur un intervalle de trois (3) ans.

Campagnes de vulgarisation

Le Secteur primaire est l'un des secteurs de l'économie sur lequel le pays peut compter pour qu'elle arrive à corriger le déficit de la Balance commerciale qui ne cessait depuis des années de se déprécier.

En fait, pour y arriver les tenants de la Politique agricole du pays devraient se lancer dans une véritable campagne de vulgarisation pour valoriser les produits agricoles haïtiens comme : le cacao haïtien qui est le meilleur à l'échelle internationale, les manques « madame francisque » qui sont le premier produit d'exportation du pays, le café « Haitian Blue », le « vétiver haïtien » qui est très demandé par des parfumeurs internationaux.

Ainsi, cette campagne pourrait nous aider à déboucher sur des filières porteuses allant encourager un marché interne qui, par la suite, pourrait développer un véritable marché mixte encourageant les exportations des produits agricoles haïtiens. Et tout ceci va engendrer une

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croissance dans ce dit secteur qui pourrait avoir un effet multiplicateur sur l'économie nationale.

Agriculture haïtienne, ses contraintes et ses potentialités

Haïti est un pays essentiellement agricole, dit-on, mais depuis des années, le pays importe des Etats-Unis, de la République Dominicaine et dans d'autres pays de la région des produits agricoles, tandis que 60% de la population d'Haïti vit dans des zones pastorales et pratique l'agriculture. Ils se trouvent confrontées à des contraintes de tous ordres pour développer une agriculture très productive qui pourrait changer leurs conditions socio-économiques et corriger les déficits chroniques de la balance commerciale du pays. En fait, les contraintes les plus évidentes sont :

1. Contraintes institutionnelles:

> insuffisance de cadres techniques dans le secteur agricole ;

> faiblesse des organisations paysannes ;

> manque de coordinations inter et intra-institutionnelles ;

> haut degré d'analphabétisme des agriculteurs.

2. Contraintes physiques :

> limitation de l'espace cultivable entraînant le morcellement excessif des unités d'exploitation ;

> détérioration des conditions naturelles de l'environnement entraînant une diminution progressive de la capacité productive des terres ;

> faiblesse des infrastructures agricoles existantes, c'est-à-dire irrigation, drainage, voies d'accès, facilités d'entreposage et de conservation;

> absentéisme de la plupart des grands propriétaires fonciers.

3. Contraintes économiques :

> coût élevé des intrants agricoles ;

> faiblesse du pouvoir d'achat en milieu rural ;

> difficulté d'accès au crédit agricole ;

> absence de politique de soutien des prix.

4. Contraintes technologiques :

> déficience de la recherche et de la vulgarisation agricole ;

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inefficacité de l'outillage et des équipements utilisés dans l'agriculture haïtienne ;

> déficience de l'encadrement technique.

5. Contraintes conjoncturelles :

> inondations périodiques ;

> sécheresses prolongées;

> incidences de certaines maladies végétales et animales ;

> migration progressive de la population rurale active vers certains centres

urbains comme Port-au-Prince, Cap-Haïtien, Gonaïves, Cayes, Jacmel, Jérémie.

Ainsi, ce sont autant de contraintes empêchant au secteur agricole du pays d'atteindre l'efficacité dans le but de dégager un surplus agricole excédentaire, chose sans laquelle le secteur primaire ne pourrait jamais aider l'économie nationale à juguler la pauvreté des millions d'Haïtiens.

Vu l'importance du secteur agricole dans le pays, tout gouvernement sérieux devrait élaborer une politique agricole très ambitieuse avec des visions claires et des plans directeurs bien charpentés dans l'idée de minimiser les contraintes ci-dessus pour maximiser la productivité agricole dans le pays.

Enfin, la politique agricole n'est pas la seule politique économique qu'un gouvernement innovateur saurait élaborer pour arriver à la croissance car il y a d'autres politiques comme : touristique, industrielle, éducative, culturelle, politique encourageant la sous-traitance électronique par le biais de la nouvelle technologie de l'information et de la communication (NTIC) qu'un gouvernement pourrait appliquer pour trouver la croissance soutenable et durable en Haïti.

Néanmoins, on étudie en premier lieu la politique agricole c'est parce qu'on voit comment certains produits agricoles du pays ont une forte potentialité exportatrice, par exemple : les manques « madame francisque » à Gros-Morne qui ont une forte potentialité exportatrice et le pays a un avantage compétitif dans cette filière. Il suffit que l'État haïtien développe un « cluster » dans ce domaine accompagné d'une assistance technique en matière de normes phytosanitaires pour que l'exportation dans ce secteur soit acceptée par tous les départements d'agriculture et de services d'hygiène mondiale. Gonaïves a 10.000 hectares environ de terre salée non aptes à pratiquer l'agriculture, mais ceux-ci représentent une

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richesse pour la ville car Haïti importe chaque année 225 tonnes métriques de sel fin pour un chiffre de 260.000 gourdes.

Quelle absurdité ! Le sel marin dans les différents endroits aux Gonaïves avec un processus d'iodation pourrait nous aider à entrer beaucoup de devises même sans être iodé. Il pourrait être rentable parce qu'on pourrait l'exporter à l'état brut pour fondre la neige dans les pays tempérés en saison hivernale. Une zone comme la Savane Désolée est riche en spirulines. Les grains d'oliviers qui peuvent être transformés en huile d'olive et les huiles essentielles sont des produits très utilisés dans les cuisines et demandés pour les avions de transport. Le cacao, le café « Haitian Blue », le « vétiver » et le riz haïtien cultivé dans la vallée de l'Artibonite, sans mentionner d'autres plaines qui sont capables de le cultiver pourraient nous aider à diminuer les coûts d'importations du pays. Il suffit d'une bonne politique d'encadrement technique, de vulgarisation de nos produits agricoles, de crédit agricole, de développement d'un marché interne, d'alphabétisation des agriculteurs, des hôpitaux dans les milieux ruraux, de réfection des routes secondaires pour permettre la libre circulation des denrées agricoles vers les grands centres urbains, des usines de conservation des denrées agricoles, d'augmentation du pouvoir d'achat des agriculteurs du pays, de petites industries de transformation des agrumes en confiture et des gousses d'arachide en beurre d'arachide, de construction des citernes pour conserver les eaux de pluies en saison pluvieuse avec un débit acceptable puis pour les utiliser dans les saisons de grande sécheresse et des lacs collinaires pourraient nous aider à développer une agriculture productive et compétitive dans la région des Amériques ce qui, avec une bonne politique d'austérité et d'équité des gens, va nous conduire à la croissance, chose indispensable au développement durable d'Haïti.

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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault