WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Analyse des obstacles à  la mise en oeuvre du micro-enseignement à  l'ecole normale d'instituteurs Tanimoune de Tillabéry au Niger

( Télécharger le fichier original )
par Oumarou Amadou
Université des sciences juridiques et politiques de Bamako/ ISFRA - Diplôme d'Etudes Approfondies en Curricula 2014
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

3.1. Définition des concepts

D'après Durkheim, cité par Boury (2009), « la première démarche du sociologue doit [...] être de définir les choses dont il traite afin que l'on sache de quoi il est question » (p. 12). C'est pourquoi, nous avons tenu à définir dans les pages qui suivent un certain nombre de concepts.

Analyse : Du grec analusis (décomposition), ce mot désigne, selon le dictionnaire le Larousse (2009), une « étude faite en vue de discerner les différentes parties d'un tout, de déterminer ou d'expliquer les rapports qu'elles entretiennent les unes avec les autres » (p. 39). Ce dictionnaire définit aussi l'analyse comme un « ensemble de travaux comprenant l'étude détaillée d'un problème, la conception d'une méthode permettant de le résoudre et la définition précise du traitement correspondant [...] » (p. 39). Il s'agit donc, pour le cas du présent travail, d'une étude détaillée des difficultés liées à la mise en oeuvre du M-E à l'ENI/TT.

Approche par les compétences : Désignée sous le sigle APC, l'Approche par les compétences est une approche de formation caractérisée par le fait que ce sont les compétences qui imposent le choix des objectifs à poursuivre et des contenus à couvrir afin de permettre la construction du savoir. Ainsi, les apprentissages scolaires développeront non seulement des savoirs et des habiletés utiles à la réussite scolaire mais aussi des capacités utiles dans le milieu du travail. C'est une approche née de la rencontre d'une double attente du monde de l'entreprise (disposer d'une main-d'oeuvre adéquatement qualifiée et rationaliser les coûts de formation) et des conceptions pédagogiques axées sur le résultat individuel plutôt

27

que sur les savoirs. Il a donc été établi une liaison entre, d'une part, la recherche de compétences au profit de la compétition économique dans le monde de l'entreprise et l'APC dans le monde de l'enseignement confronté à un rythme croissant d'innovations, de l'autre.

Aptitude pédagogique ou habileté : Le mot « aptitude » a été employé en psychologie et en pédagogie avec des sens différents. Une première définition peut se situer au niveau formel et descriptif. Ainsi, on peut concevoir l'aptitude comme une dimension par laquelle se diversifient les individus dont on décrit la conduite. Par exemple, des enfants peuvent être différenciés soit par leurs notes scolaires en français, soit par les résultats qu'ils obtiennent au cours d'un test d'intelligence.

Une autre conception du mot aptitude concerne plus directement son contenu : l'aptitude comme capacité acquise. Selon Legendre (1993), on dira par exemple qu'une personne est apte à une certaine tâche, à un emploi dans la mesure où elle paraîtra capable d'accomplir cette tâche, d'occuper avec succès cet emploi. Dans ce cas, ce mot a un caractère pronostic.

Mais en M-E, selon Legendre toujours, les habiletés ou aptitudes pédagogiques sont des « composantes de l'acte d'enseignement qui se définissent en termes de comportements observables de l'enseignant, verbaux ou non » (p. 847). Au cours de son enseignement, l'enseignant a besoin d'exercer plusieurs fonctions pédagogiques différentes et à chacune de ces fonctions correspond, selon Altet et Britten (1983), une gamme de comportements (savoir-faire, habiletés, skills) qui favorisent l'apprentissage chez les élèves.

Compétence : Dans le monde industriel où il a vu le jour, ce concept fait allusion à un ensemble relativement stable et structuré de pratiques maîtrisées, de conduites professionnelles et de connaissances qu'une personne a acquises par la formation et l'expérience et, qu'elle peut actualiser sans apprentissages nouveaux dans l'exercice de son métier. La compétence est donc liée à la performance requise pour occuper efficacement tel ou tel emploi. Ce sont des comportements attendus (standards de performance) de la part de l'employé par le chef d'entreprise.

Dans le domaine de l'éducation, plusieurs auteurs (Lint-Muguerza, 2009 ; Roegiers, 2007) ramènent les compétences de l'élève à une capacité à mobiliser diverses ressources cognitives pour faire face à des situations complexes.

28

Ainsi, pour Roegiers (2007), « une compétence est la possibilité, pour un élève, de mobiliser un ensemble de savoirs, de savoir-faire et de savoir-être pour résoudre des situations appartenant à une famille de situations » (p. 257). Selon cet auteur, une situation peut être complexe ou compliquée. Sa complexité est liée au contexte et à la quantité des ressources à mobiliser et, son caractère compliqué à la nouveauté des contenus qui interviennent dans la situation.

Quant à Lint-Muguerza (2009), elle définit la compétence selon trois contextes différents (la Belgique francophone, le Québec et la France) mais qui se rejoignent. Ainsi, dans le contexte belge, la compétence est définie comme : « l'aptitude à mettre en oeuvre un ensemble organisé de savoirs, de savoir-faire et d'attitudes permettant d'accomplir un certain nombre de tâches » (p. 6). Dans le contexte québécois, il s'agit d'un « savoir-agir complexe fondé sur la mobilisation et l'utilisation efficaces d'un ensemble de ressources » (p. 6). Dans le contexte français, être compétent, c'est « être capable de mobiliser ses acquis dans des tâches et des situations complexes » (p. 6).

Finalement, une compétence est une capacité d'agir efficacement dans un type de situation.

Curriculum : Au sens de Legendre (1993), on désigne sous le vocable curriculum : « un ensemble de savoirs qui a pour objet pratique la construction méthodique d'un plan éducatif, global ou spécifique, reflétant les valeurs et les orientations d'un milieu et devant permettre l'atteinte de buts prédéterminés de l'éducation » (p. 288). Plus explicites, D'Hainaut et al. (1979) définissent le curriculum comme étant :

[...] un projet éducatif qui définit : a) les fins, les buts et les objectifs d'une action éducative ; b) les voies, les moyens et les activités mis en oeuvre pour atteindre ces buts ; c) les méthodes et les outils pour évaluer dans quelle mesure l'action a porté ses fruits (p. 83).

En définitive, un curriculum est donc un ensemble de dispositifs (finalités, programmes, emplois du temps, matériels didactiques, méthodes pédagogiques, modes d'évaluation) qui, dans le système scolaire et universitaire, permet d'assurer la formation des apprenants.

29

Feedback : D'origine anglaise (to feed = nourrir et back = en retour), ce mot désigne, d'après le dictionnaire le Larousse (2009), « une rétroaction » (p. 412) et est différent de ses diverses traductions en ce qu'il englobe à la fois le procédé de la restitution proprement dite et les diverses fonctions psychologiques de ce procédé : prise de conscience critique, autocorrection ou confirmation de ses aptitudes et comportements pédagogiques et, encouragements.

Selon Altet et Britten (1983), ce terme a une variété de significations chez les anglophones (critique, séance de critique, information sur les résultats obtenus, rétroaction, information sur les sentiments des élèves). Mais synthétisant tous ces termes, ils donnent au mot "feedback" « le sens d'une séance de critique ou d'autocritique figurant comme phase dans le cycle de travail du M-E » (p. 84).

Emprunté à la cybernétique - science qui étudie les mécanismes de commande et de communication entre l'homme et la machine - le terme feedback est couramment utilisé aujourd'hui en psychologie de l'apprentissage. Ainsi, selon Allen et Ryan (1969/1972), il désigne « la restitution à l'enseignant d'une image objective de son comportement pédagogique, lui permettant de se former une opinion sur son efficacité en tant qu'enseignant » (p. 2).

Innovation : Au sens de Havelock et Huberman (1980), ce concept se définit comme étant « un renouvèlement marqué de l'effort tenté pour parachever ou créer un système » (p. 50). Ainsi, l'innovation apparaît comme un effort délibéré en vue d'une amélioration sensible d'un système. Dans le domaine de l'éducation, cette amélioration peut concerner les programmes d'études, les méthodes d'enseignement et d'apprentissage (le M-E par exemple), l'équipement, les constructions scolaires, les types d'écoles, l'administration, la formation pédagogique, le matériel, etc.

Micro-enseignement : Si l'on se réfère à son origine grecque, micro (mikros, petit) est un préfixe qui, placé devant une unité, la divise par un million (le Larousse, 2009). Le ME tiendrait alors lieu d'une petite unité d'enseignement. Ainsi, Legendre (1993) le définit comme une « méthode utilisée dans la formation ou le perfectionnement des enseignants, qui vise l'apprentissage progressif d'habiletés pédagogiques par la mise en pratique et l'analyse

30

d'une ou de quelques habiletés pédagogiques à la fois, dans le cadre d'une micro-leçon à une micro-classe » (p. 847).

En définitive, le M-E est une méthode de formation de maîtres (formation initiale ou continue) qui simplifie l'acte d'enseigner en simulant une leçon de courte durée centrée sur une ou quelques habiletés pédagogiques (micro-leçon) avec un petit nombre d'élèves ou d'étudiants (micro-classe) et utilisant un matériel audiovisuel (caméra, télévision, vidéo rétroprojecteur, magnétoscope, etc.) qui permet un visionnement différé mais objectif de la séance.

Obstacle : En APC, les apprentissages sont conçus pour amener les élèves à résoudre des tâches qui sont inscrites dans la réalité et dans une globalité à travers des situations-problèmes. Une des caractéristiques d'une situation-problème est qu'il y ait en son sein un obstacle mais franchissable.

Il s'agit, pour Astolfi (1994), des différentes conceptions des élèves, les idées, les représentations qu'ils ont avant toute leçon sur un sujet donné ; représentations qui, à différents âges, leur empêchent de s'approprier les notions disciplinaires. En général, selon cet auteur, « ces obstacles sont vus de manière négative : on tend à lister les difficultés qui s'opposent à un apprentissage efficient, celles qui, précisément, empêchent d'atteindre les objectifs » (p. 133). L'obstacle devient ainsi un enjeu conceptuel dont l'absence est bien l'une des formes ordinaires de la monotonie. L'enseignement consistera alors à trouver les possibilités de franchir les obstacles plutôt que de voir leur côté négatif : l'obstacle devient ainsi éducatif. De ce fait, il ne faut non seulement, selon Altet (2006), « sous-estimer les obstacles si l'on veut espérer les franchir » mais aussi « il faut se donner les moyens de les penser d'une manière qui rende possible leur dépassement » (p. 103).

Mais de manière générale, l'obstacle désigne, d'après le dictionnaire le Larousse (2009), « ce qui empêche d'avancer, s'oppose à la marche » ou encore « ce qui empêche ou retarde une action, une progression » (p. 702). Nous considérons, dans le cadre de la présente étude, cette dernière définition car il s'agit de voir ce qui empêche les formateurs de l'ENI/TT à mettre en oeuvre régulièrement le M-E.

Vidéoscopie : Le M-E se réalise en classe restreinte et en présentiel avec ou sans support médiatisé (filmage et montage vidéo). Lorsque ce support intervient, on parle

31

alors de vidéoscopie. Cette dernière permet, dans une formation, d'acquérir des outils objectifs d'observation et de régulation en vue de se professionnaliser. Son atout est d'amener l'élève à s'évaluer lui-même (ce qu'on appelle autoscopie) mais aussi à se faire évaluer à chaud, immédiatement après sa prestation, par les pairs et les formateurs-accompagnateurs (ce qu'on appelle hétéroscopie).

Après avoir clarifié et placé les différents concepts dans leur contexte, nous pouvons aborder à présent la revue et l'analyse des théories et de la littérature se rapportant à la présente étude.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Entre deux mots il faut choisir le moindre"   Paul Valery