WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Analyse didactique des effets d'un enseignement valorisant les compétences méthodologiques et sociales sur les apprentissages. Une étude de cas en éducation physique et sportive.

( Télécharger le fichier original )
par Julien Cordelois
ESPE Midi-Pyrénnées, Toulouse Jean-Jaures (Toulouse 2) - Master PIF MEEF OPMSPI 2015
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

3 OPTIONS CONCEPTUELLES :

3.1 DEVOLUTION ET INSTITUTIONNALISATION DES SAVOIRS :

Pour l'enseignant, l'acte de dévolution34 consiste en une mise en situation de « tiers exclu » afin de laisser d'élève en relation avec le problème posé par la situation d'enseignement-apprentissage (les savoirs). La dévolution renvoie donc à l'autonomie de l'élève. Il est question de la responsabilité offerte à l'élève de construire lui-même son savoir, tant par son autonomie de fonctionnement, que par son autonomie d'apprentissage (Bruner, 1996).

La dévolution opérante témoigne du sens que l'élève parvient à mettre dans son activité.

L'acte de dévolution ne se décrète pas. L'enseignant le construit par le séquençage de sa pratique (chronogenèse35) et le sens qu'il propose dans ses activités. C'est un acte lié à l'adidacticité de la situation proposée. Cette responsabilisation permet à l'élève de réguler sa démarche et valorise l'institutionnalisation à venir.

Parce que c'est au milieu que l'élève est confronté, plus qu'aux exigences de l'enseignant, la dévolution permettrait de questionner l'apaisement du climat de classe, la relation à l'échec et au statut de l'erreur.

Pour accepter la dévolution, il est important que l'élève ait appris à évoluer sans pression pédagogique directe. Ces compétences n'émergent pas subitement mais se construisent patiemment. Ces compétences minimales sont de l'ordre du méthodologiques et sociales de l'acceptation des rôles sociaux. Elles convoquent la subjectivation de l'élève. C'est la raison pour laquelle, notre étude s'intéresse particulièrement à la C.M.S 2 de collège en E.P.S (assumer des rôles sociaux, prendre des responsabilités).

L'élève possède déjà des compétences lors de l'entrée dans les apprentissages. Il a

également des représentations parfois solidement ancrées. Et l'enseignant agit parfois en actant (Brousseau) la présence des savoirs faire relatifs aux C.M.S. Aussi, le fait de les enseigner pourrait être perçu comme peu utile. Mais cela reste un pari ; celui que les élèves possèdent déjà des repères suffisant pour apprendre les savoirs disciplinaires. Ce pari est risqué. Sa perte nuit à la dévolution. D'ailleurs, les C.M.S sont des savoirs référencés

35 Chronogenèse : Progression dans le savoir proposé par le professeur et étudié par les élèves.

24

Analyse didactique des effets d'un enseignement valorisant les C.M.S sur les apprentissages.
Une étude de cas en Education Physique et Sportive.

disciplinairement dont il est attendu qu'ils soient enseignés en même temps que les savoirs moteurs.

Nous pensons que les C.M.S sont des vecteurs de dévolution, qu'elles optimisent l'institutionnalisation des connaissances. Cela dans la mesure où leur inclusion aux situations d'enseignement-apprentissage valorise l'adidacticité des milieux, révélant ainsi, un niveau stratégique plus élevé (et moins couteux) des procédures de l'enseignant.

Lors du passage à l'évaluation, cet enseignement des C.M.S pourrait présenter un intérêt. Lorsque l'élève a été formé à la validation de ses procédures, il a développé des attitudes propices à la prise d'information sur lui, sur les autres. Ainsi, l'évaluation peut être facilitée lorsque l'élève est en mesure de produire des observations pertinentes et étayées par les outils utilisés (fiches d'évaluation du projet pédagogique, matériel (ressources éducatives)). L'enseignant pourrait ainsi envisager une dévolution opérante y compris en évaluation.

Il existe cependant un paradoxe dans le fait que pour mieux transmettre, il faille se mettre en retrait. Cela demande à l'enseignant de faire preuve de lâcher-prise. Le désir de transmettre de l'enseignant pourrait être contrarié par le laisser-faire supposé de la dévolution.

L'acte de dévolution est utile pour permettre à l'élève de se sentir le véritable auteur des compétences acquises. C'est le gage d'une motivation intrinsèque et d'un gain narcissique qui serait particulièrement pertinent en éducation prioritaire, ou avec des élèves à B.E.P. En outre, la dévolution encourage à la formulation et à la validation de ses stratégies d'action.

« La prise en compte "officielle" par l'élève de l'objet de la connaissance et par le maître, de l'apprentissage de l'élève est un phénomène social très important et une phase essentielle du processus didactique : cette double reconnaissance est l'objet de l'institutionnalisation.» (Brousseau et al, 1998a, p.311)

« Les processus d'institutionnalisation et de dévolution sont complémentaires (Margolinas, 1993), en effet, la dévolution d'une situation adidactique n'a de sens, dans le cadre de la théorie des situations, que si préexiste une intention d'enseigner des savoirs et des connaissances, dont le processus d'institutionnalisation gère la finalité didactique. » (Margolinas & Laparra, 2008, p.7)

25

Analyse didactique des effets d'un enseignement valorisant les C.M.S sur les apprentissages.
Une étude de cas en Education Physique et Sportive.

Notre projet procède en tentant de jouer sur les rôles de l'enseignant, des élèves et la dévolution (via les C.M.S) afin de permettre une meilleure institutionnalisation*36 des savoirs pour tous les élèves ; dépassant ainsi les limites de la médiation de l'enseignant (qui ne peut pas agir sur tous en même temps à lui seul).

Lors de l'institutionnalisation, l'élève/la classe intègre la nouvelle connaissance à son patrimoine symbolique. Il est aidé du professeur qui explicite le statut du savoir. Les connaissances changent de statut. La nouvelle connaissance est étiquetée « savoir officiel ». Chacun peut la retenir et l'appliquer. C'est un temps faisant toujours l'objet d'une négociation dans une dialectique autour du savoir recomposé.

Une institutionnalisation prématurée interrompt la construction du sens, nuit à l'apprentissage, met le maître et les élèves en difficulté. A l'inverse, trop tardive, elle renforce les interprétations inexactes, ralentit l'apprentissage et gêne les applications ultérieures.

Notre intention s'accompagne d'une précaution nécessaire. Il faudra éviter les dérives d'une dévolution favorisée par les C.M.S. En effet, selon Laparra et Margolinas (2008)37 lorsque la dévolution se centre sur l'activité déployée, le « faire » et les attitudes des élèves (comme de l'enseignant), le risque est que l'institutionnalisation des savoirs soit affaiblie en raison d'une mise à l'arrière-plan des savoirs et des connaissances visées (malgré un dispositif didactiquement pertinent).

« En mettant l'accent sur ce qui manquait à un enseignement frontal des savoirs par trop dogmatique, en caricaturant peut-être au passage les modalités de cet enseignement (il faut parfois le faire pour faire « bouger le système »), les « novateurs » n'imaginaient sans doute pas que les savoirs et les connaissances pourraient ainsi devenir une sorte de décor aux interactions entre le professeur et les élèves. » (Margolinas & Laparra, 2008, p11)

L'enseignant au sein de situations adidactiques, va proposer et gérer un milieu auquel l'élève va s'adapter. Lors de la phase d'institutionnalisation, l'enseignant aura à gérer l'arrêt de la dévolution.

En effet, l'institutionnalisation ne peut pas s'inscrire dans une situation adidactique (Brousseau, 1998) qui consisterait à écarter l'enseignant de la situation, en se tournant exclusivement vers l'élève. La dévolution ne peut dont pas être prolongée lors d'une phase d'institutionnalisation. Le rôle de l'enseignant y est différent. Il « reprend la main ». Il doit

36 * passage d'une connaissance de son rôle de moyen de résolution d'une situation d'action, de formulation ou de preuve à un nouveau rôle : celui de référence pour les utilisations futures. La résolution de problème peut devenir théorème ou méthode. C'est le processus dans et par lequel le professeur signifie aux élèves les savoirs ou les pratiques qu'il leur faut retenir comme les enjeux de l'apprentissage attendu. (Brousseau, 1998, p311)

37 LAPARRA M & MARGOLINAS C. (2008). Quand la dévolution prend le pas sur l'institutionnalisation. Actes du colloque «Les didactiques et leur rapport à l'enseignement et à la formation», Bordeaux

26

Analyse didactique des effets d'un enseignement valorisant les C.M.S sur les apprentissages.
Une étude de cas en Education Physique et Sportive.

réapparaître. Comme le souligne Margolinas, lors de la dévolution l'enseignant délègue la responsabilité à l'élève alors que lors de l'institutionnalisation, la responsabilité revient à l'enseignant de transformer la connaissance de l'élève en un savoir décontextualisé (Garenaux, 2013).

Notre ambition est d'observer qui de l'élève ou de l'enseignant réclame l'arrêt de la dévolution (ré-référencement de l'enseignant) par ses interventions ou, à défaut, par (la lisibilité de) ses productions, la motricité.

À ce moment, le professeur choisirait la manière dont il aurait à revenir à l'aide d'interventions explicitant les savoirs qui étaient attendus, d'ostensions qui pourraient compenser les insuffisances de la dévolution ou la perte de sens que l'élève injecte dans son activité.

L'enseignant, garant de la gestion de la situation, identifierait les interventions pertinentes afin de produire les plus grands effets possibles. À ce moment précis, il choisirait la manière (classe entière, petit groupe, élève seul ; évolution de la situation, variable, correction) dont son intervention mettrait en valeur les connaissances utiles, les procédures validées.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d'autre"   Paul Eluard