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La communication au sein des ONG humanitaires.

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par Margaux Nivollet
ISCOM Montpellier  - Niveau certifié de niveau II (équivalent master 1) 2015
  

Disponible en mode multipage

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NIVOLLET MARGAUX - MARKET PUB 4 Tuteur : M. PECNARD

MÉMOIRE

Promotion 2014 - 2015

 

La Communication au sein des

ONG humanitaires

Directrice de mémoire : Mme Amélie Teisserenc Consultante et formatrice auprès des ONG de solidarité internationale.

« Comment les ONG humanitaires peuvent-elles

communiquer efficacement sur les grandes causes

internationales sans avoir recours à un registre

culpabilisant, alors que les populations sont de moins

en moins empathiques et de plus en plus sollicitées.»

2

SOMMAIRE

Remerciements p 4

Introduction p 5

Partie I : Humanitaires et français

1 - Les ONG humanitaires p 8

a) Historique

b) Les grandes ONG françaises à causes internationales p 10

c) Le charity business, la grande menace p 12

2 - Des français de plus en plus introvertis et peu empathiques p 14

a) La France, un pays en crise

b) Etude sociologique p 15

c) Exemples concrets récents p 16

3 - Les français, méfiants envers les ONG p 18

Partie II : De l'émotion à l'objectivité

1) Analyse de la communication des grandes ONG

a) La Croix Rouge p 20

b) Action contre la Faim p 22

c) Médecins du Monde p 23

2) Une communication estimée « culpabilisante », une transparence demandée p 24

a) L'avis des français : donateurs p 25

b) L'avis des experts : responsables de communication p 27

Partie III : Préconisation stratégique :

1 - Les communications actuelles : une évolution nécessaire p 29

a) Le principe de l'image « choc » : un manque d'éthique soulevé p 29

b) La communication des ONG : quels objectifs ? p 30

c) Le digital : une piste d'évolution à ne pas négliger p 32

3

2 - Vers une démocratisation du Fundraising

a) Le Fundraising : des informations objectives, des chiffres qui parlent p 33

b) Une relation proche, le donateur est indispensable p 35

c) Les évènements privés : l'étendre aux donateurs potentiels p 36

3 - Le crowdfunding, l'engagement 2.0

a) Qu'est-ce que le crowdfunding ? p 37

b) Un moyen adapté à toutes les structures p 38

c) Un engagement fort. p 40

Conclusion p 41

Bibliographie p 43

Annexes p 45

4

Remerciements

Je souhaite remercier en premier lieu ma directrice de mémoire Amélie Teisserenc pour le temps qu'elle a pris à me conseiller tout au long de l'élaboration de mon mémoire, ainsi que pour sa relecture attentive.

Je remercie mon père Bernard Nivollet pour la dernière relecture avant l'envoi de ce mémoire.

Merci à Claudine Puyau et Antoine Pecnard pour le suivi du mémoire proposé au sein de l'école.

Enfin merci à tous ceux qui ont répondu à mon questionnaire quantitatif. Et un grand merci à Mathieu Grapeloup pour ses réponses lors de mon entretien semi-directif qui ont été d'une grande aide pour l'élaboration de ma préconisation.

5

Introduction

« Mes amis, au secours É Une femme vient de mourir gelée, cette nuit à trois heures, sur le trottoir du boulevard Sébastopol, serrant sur elle le papier par lequel, avant-hier, on l'avait expulsée. Chaque nuit, ils sont plus de 2 000 recroquevillés sous le gel, sans toit, sans pain, plus d'un presque nu » Abbé Pierre, Fondateur d'Emmaüs - 1er février 1954 1

Nous connaissons tous l'existence des ONG humanitaires, ces associations qui se battent pour un monde meilleur, toujours les premières sur place pour aider son prochain. Le terme ONG - Organisation Non Gouvernementale - possède une définition relativement floue. Apparue pour la première fois dans l'article 71 de la Charte des Nations Unies en 1945, l'expression « ONG » désigne toute association à but non lucratif, ne dépendant pas d'un Etat spécifique, et rassemblant un groupe de citoyens volontaires et organisé à l'échelon international.

Aujourd'hui les associations sont souvent perçues par le grand public comme un groupe de bénévoles peu qualifiés qui font de leur mieux, mais leur structure est en réalité bien plus complexe. Une association est une véritable entreprise organisée dont les collaborateurs possèdent les compétences demandées pour l'exercice de leurs métiers. Parmi les différents domaines nécessaires au bon fonctionnement de l'organisation, le pôle communication a subi de nombreuses évolutions.

De l'appel à l'aide de l'Abbé Pierre du 1er février 1954 à la dernière campagne de communication « Save the Artic » de Greenpeace, un long parcours a été parcouru, et celui-ci n'a pas toujours été facile.

La communication des ONG humanitaires est soumise à des jugements variés. La problématique réside essentiellement dans le paradoxe de l'engagement des volontaires et l'image de la communication et du marketing auprès des citoyens. Depuis la professionnalisation de la communication dans les ONG, des polémiques sont apparues, accusant les associations de « manipuler » pour récolter toujours plus de dons par quelques moyens que ce soit, au détriment de leurs valeurs. Les communicants eux-mêmes font souvent profil bas, accusés et peu appréciés en interne car ils font « le sale boulot ». En effet, chargés des recherches de fonds, ils sont souvent assimilés par leur collègues comme étant les « marketeurs », manipulant la foule, utilisant de l'argent qui pourraient aider les populations.

Pourtant, mettre ses compétences au service de l'humanitaire, accompagner les associations lors de leur développement pour aider encore plus les populations en détresse, informer la population sur les drames qui les entourent ou encore sensibiliser les politiques pour qu'ils

1 GALLOPEL-MORVAN Karine Marketing & Communication des Associations, Paris, 2013, Dunod, 258p, p1

6

agissent à leur tour est, je pense, un acte tout aussi honorable que d'être sur le terrain en tant qu'infirmier ou médecin.

Car en effet, sans communication, les associations ne pourraient récolter suffisamment de dons pour permettre à ses volontaires sur le terrain d'agir comme il le faudrait. Une organisation agit en équipe. Chaque rôle est primordial et se doit d'évoluer avec le temps et la société pour survivre et toucher les citoyens, pour rallier de nouveaux donateurs à leurs causes.

Actuellement, Les ONG ont une communication similaire d'une association à une autre. Cette dernière est basée sur l'émotion et la personnalisation des drames qu'elles souhaitent combattre. Cependant cette technique a tendance à faire culpabiliser la population, qui va alors se sentir obligée de donner pour avoir bonne conscience.

Pour ce mémoire, je vais m'intéresser spécifiquement aux associations humanitaires françaises qui défendent des causes internationales auprès des citoyens français.

En effet, la France étant en crise depuis 2008 et ayant du mal à s'en sortir, des changements de comportements ont été observés par les spécialistes. L'empathie semble se raréfier, laissant place à l'indifférence vis-à-vis des causes internationales. Pourquoi aider des inconnus qui vivent à des milliers de kilomètres alors que notre pays est lui-même en difficulté ?

Soumis continuellement aux actualités dramatiques diffusées par les médias, une accommodation et une résignation se fait ressentir dans notre pays. La population voit sa planète se dégrader, des populations s'entretuer et d'autres mourir de faim, mais elle ne voit plus en quoi elle pourrait aider. Les citoyens restent émus, la tristesse est toujours là face aux campagnes déchirantes des ONG, mais la révolte et la flamme de contestation semble s'éteindre peu à peu.

Pourtant, l'espoir subsiste, nous l'avons vu lors des attentats de Charlie Hebdo : la solidarité n'est pas morte, les français savent encore se rassembler pour contrer la tyrannie du terrorisme, mais les associations se doivent de rallumer cette flamme au travers d'une communication adaptée à la société actuelle.

Ce mémoire a pour objectif de répondre à cette problématique :

« Comment les ONG humanitaires peuvent-elles communiquer efficacement sur les grandes causes internationales sans avoir recours à un registre culpabilisant, alors que les populations sont de moins en moins empathiques et de plus en plus sollicitées.»

7

Après une étude approfondie des ONG humanitaires et de la population française, nous étudierons leur relation et son évolution. Par la suite, nous analyserons de grandes campagnes de communication ainsi que l'avis de donateurs et d'experts en communication afin de faire ressortir plusieurs pistes de réflexion. Nous pourrons ainsi amener notre préconisation stratégique avant de conclure.

Intégrer l'équipe de communication d'une association humanitaire durant mon parcours professionnel est l'un de mes objectifs. J'ai su que je voulais faire de l'humanitaire avant même de savoir vers quelles études je me dirigerai. Je ne pense pas qu'aider des personnes dans le besoin et faire du marketing et de la communication soit contradictoire.

Ce mémoire a pour objectif d'amener une réflexion sur l'évolution potentielle des messages transmis par les associations humanitaires, afin de les aider à toucher durablement la nouvelle génération « Y », malheureusement devenue méfiante de ces institutions.

Je ne suis pas faite pour travailler avec des entreprises qui souhaitent uniquement « communiquer pour vendre » mais avec celles qui souhaitent transmettre de véritables valeurs à leur cible.

Partie I : Humanitaires et français

1 - Les ONG humanitaires françaises

HISTORIQUE2

Comme expliqué précédemment, le terme ONG est apparu pour la première fois en 1945 dans l'article 71 de la Charte des Nations Unies, mais leur existence est plus ancienne.

Nous pourrions remonter jusqu'au moyen âge où l'Eglise disposait d'hospices pour aider les pauvres et les malades. Cependant ces institutions étaient liées à l'Eglise et donc à l'Etat, les deux étant indissociables à cette époque.

Les premières actions humanitaires dites « d'urgence » firent leur apparition durant l'année 1812. Cette date correspond à celle où les Etats-Unis envoyèrent des secours au Venezuela, quasiment détruit par un tremblement de terre. Ils firent de même en Irlande qui fut frappée par la famine cette année-là.

Alors que les catastrophes naturelles laissent place à des conflits militaires telle que la guerre d'indépendance grecque (1821-1830), des mouvements de solidarité font leur apparition pour envoyer des vivres, des vêtements et autre matériels nécessaires aux victimes de ces actions

militaires.

Mais c'est entre 1854 et 1855 que la première ONG voit le jour, bien que cette dernière n'ait jamais eu de nom.

Florence Nightingale, riche britannique et infirmière d'une certaine renommée, fut l'investigatrice de cette institution. Lors de la guerre de Crimée (1853-1856), Florence Nightingale parvint à convaincre le gouvernement d'envoyer des infirmières dans les hôpitaux « éphémères » pour soigner les soldats britanniques. Ce fut les premières équipes médicales à intervenir en pleine guerre sur place. Elle répéta ce phénomène aux Etats-Unis lors de la guerre de Sécession

(1861-1865) ainsi qu'en France, durant la guerre de 1870. La communication de cette institution n'existait alors pas, elle vivait grâce à la richesse de Florence Nightingale.

Henri Dunant, homme d'affaire et grand humaniste Suisse, fut à son tour secoué par ces conflits interminables entre les pays. Lors d'un voyage d'affaires, il découvrit les horreurs

perpétrées durant la bataille de Solferino en juin 1859. Il écrivit alors un livre et devint un an plus tard co-fondateur du Comité International de secours aux militaires blessés qui devint plus tard la célèbre association La Croix Rouge.

8

2 ritimo.org : Les ONG au travers de l'histoire du mouvement de la solidarité, leurs principes et leurs typologies, p1

9

En voulant que son association soit universelle, garantie par le droit, spécialisée, neutre, impartiale, privée, indépendante des armées, des États et des Églises, et formée de bénévoles, Henri Dunant jette les bases de ce que seront les futures O.N.G.

Une dizaine d'années plus tard, une nouvelle génération d'associations fit son apparition, les french doctors. Médecins Sans Frontières (MSF) est la première d'entre elles. Ces derniers avaient, tout comme la Croix Rouge, pour mission de sauver les populations en danger. Seulement, contrairement à l'association d'Henri Dunant qui restait discrète sur ses missions,

MSF revendiqua toutes ses actions et n'hésitait pas à critiquer les situations dans lesquelles les victimes tentaient de survivre. Précurseurs de la communication des ONG humanitaires, Médecins Sans Frontières fut dans ses débuts critiquée.

Dans les années qui suivirent, les Organisation Non Gouvernementales fleurirent partout dans le monde. Dans les années 90, c'étaient plus de 5 000 associations qui défendaient des causes qui leur tenaient à coeur. Aujourd'hui, nous avons dépassé les 30 000. 3

L'Occident, et plus particulièrement l'Europe, fut précurseur de ces associations humanitaires.

A leurs débuts, les ONG avaient pour but d'aider les populations locales. Les associations françaises aidaient les français, les britanniques les britanniques etc. Puis certaines s'exportèrent rapidement à l'international, où les situations étaient plus alarmantes que dans

notre pays développé et en paix. Nous retournions quelque peu dans cette mentalité où l'Occident avait un rôle de salvateur et devait aider l'ensemble des pays émergents. Aujourd'hui, des ONG ont été créées dans les pays émergents (Chine, Inde) et

s'internationalisent à leur tour. Il y a par conséquent un large panel d'associations humanitaires

qui couvre toutes les problématiques sur toute la planète4.

En effet, de grands thèmes se sont dessinés au fil du temps, parmi les plus connus nous

retrouvons5 :

- La défense des Droits de l'Homme

- Défense de l'environnement

- Protection de l'Enfance

- Protection des animaux

- Spécialisées dans les actions d'Urgence

- Spécialisées dans le développement durable

3

Larousse, Définition d'Organisation Non Gouvernementale, chap 3 Des acteurs incontournables des relations internationales

4 ritimo.org, Les ONG au travers de l'histoire du mouvement, chap 3 : Essor des ONG du Sud et de l'Est,

5

Wikipedia, Organisation Non Gouvernementale,chap 2 : Les différentes ONG et leurs domaines d'intervention

10

LES GRANDES ONG FRANÇAISES À CAUSE INTERNATIONALE

Comme spécifié dans mon introduction, j'ai fait le choix de m'intéresser uniquement aux

associations françaises qui agissent également à l'international. Nous allons ensemble découvrir les plus grandes de ces dernières6.

· La Croix Rouge7 :

Comme citée précédemment, La Croix Rouge a été créée en 1860. Parmi les plus anciennes ONG mondiales, elle est également l'une disposant des plus grandes ressources, avec plus d'un milliards d'euros en 2013. Engagée auprès de l'humanité, la Croix Rouge agit tout aussi bien en situation d'urgence qu'en développement à long terme, notamment au travers de formation. .

Elle emploie aujourd'hui plus de 22 000 personnes au travers le monde, aidées par plus de 97 millions de bénévoles chaque année. Un million de français bénéficient de l'aide de la Croix Rouge, mais ses plus importantes missions se déroulent à l'étranger. Un tel succès peut

s'expliquer en premier lieu par son ancienneté et sa forte histoire qui place cette association comme une référence mondiale. Mais nous verrons par la suite qu'ils ont également une communication efficace et qui sort des schémas préétablis.

· Médecins sans frontières : Créée en 1971 à Paris par des Médecins et des Journalistes,

Médecins sans frontières a pour mission d'apporter une assistance médicale à toute population en danger (guerre, maladie, catastrophe naturelle). Elle est également la première ONG a avoir rendu compte des horreurs qu'elle rencontrait, et aujourd'hui encore communique publiquement pour sensibiliser la population sur le sort des populations en péril. En 1999 l'association a reçu le prix Nobel de la paix, c'est la première ONG française à l'avoir reçu. Avec 232,7 millions d'euros en 2013, MSF est l'une des plus importantes associations françaises. Elle reste très transparente sur son budget et nous pouvons ainsi voir que 5,72% est accordé aux frais de collecte de fonds. Il y a donc près de 6% du budget qui est consacré

à la communication, ce qui permet d'avoir une visibilité satisfaisante.

6

7

youphil.com, les dix plus grandes associations de france en terme de budget

: croix-rouge.fr, Notre histoire

·

11

Action contre la faim (ACF)8 : Créée en 1979, Action contre la faim fait partie de la seconde génération des ONG comme expliquée précédemment. Tout comme MSF, ils appartiennent aux « French Doctors », autrement dis ces nouvelles associations humanitaires qui refusent d'être liées par le secret, et qui au contraire vont témoigner haut et fort des horreurs qu'ils voient afin de toucher l'opinion publique et mettre la lumière sur les nombreux conflits dont on entendait peu parler à l'époque. Fondée par des intellectuels, médecins, journalistes et

écrivains français, ACF est la première association française à se « spécialiser » en se

concentrant spécifiquement au problème de faim dans le monde, au sens large du terme.

En 2013 ce sont plus de 8,5 millions de personnes qui ont pu bénéficier de l'aide d'Action Contre la Faim avec une ressource financière s'élevant à 100,2 millions d'euros, dont 12% sont

accordés à la recherche de fond. Action contre la Faim fait partie de ces organisations qui

accordent un budget important à leur communication et qui par conséquent sont souvent considérés comme étant accusés de charity business.

· Secours Catholique : Fondé en 1946, le Secours Catholique-Caritas France est un service de l'Église catholique, et gère un budget annuel de 148 M€. Il fédère un réseau de 67 400 bénévoles pour « apporter, partout où le besoin s'en fera sentir, à l'exclusion de tout particularisme national ou confessionnel, tout secours et toute aide, directe ou indirecte, morale ou matérielle, quelles que soient les opinions philosophiques ou religieuses des bénéficiaires. » (Extrait des statuts, article 1er.)9. C'est pourquoi malgré les origines chrétiennes de l'association, cette dernière dispose du statut d'Organisation Non Gouvernementale, ne limitant pas ses missions aux catholiques. Combattants de la pauvreté, ils ont pour mission d'accompagner les personnes en situation de précarité afin de leur

donner la parole, de les aider à se développer et à sortir de leur situation actuelle. Ils ont également pour objectif d'agir sur les causes de pauvreté afin de l'éradiquer. En France, 1 477 000 personnes ont bénéficié de l'aide du secours catholiques, et 2,5 millions à l'étranger.

· Secours populaire français : Créée en 1945, le Secours Populaire français a une mission similaire au secours catholique en France. Il agit sur les besoins alimentaires, vestimentaires et sur l'accès et le maintien du logement pour les plus démunis. Cependant il agit également à l'international où, en collaboration avec les associations locales, ils aident au développement et aux projets de réhabilitation.

8

9

: actioncontrelafaim.org, qui sommes-nous ?

Site du Secours catholiques - Caritas France, Notre histoire, nos fondements, p1 sur 1.

12

Aujourd'hui, ce sont plus de 88 000 bénévoles qui développent la solidarité en France et à

l'international. Avec un budget en 2013 de 314 millions d'euros, 4% sont réservés à la recherche de fonds. En termes de communication, le secours populaire bénéficie souvent de campagnes créées bénévolement par des agences de communication.

· Médecins du monde (MdM)10 : Créé en 1980, Médecins du monde rejoint les ONG des « french doctors ». Tout comme Médecins Sans Frontière, MdM soigne les populations les plus vulnérables, les victimes de conflits armés et de catastrophes naturelles. Bernard Kouchner, créateur de Médecins du Monde, avait quitté MSF pour fonder cette association afin de pouvoir témoigner comme il l'entend de toutes ses opérations et ainsi toucher la population française. Avec un budget global de 84 millions d'euros en 2014, MdM ne fait pas partie des associations disposant de grandes ressources financières. Mais ils ont fait le choix d'accorder 15% de leur budget à la recherche de fonds, soit prêt de 11 millions d'euros, ce qui

lui permet d'avoir une grande visibilité et de fidéliser de nouveaux donateurs efficacement. Ainsi, l'association Médecins du Monde est en pleine croissance depuis plusieurs années grâce à sa politique de communication.

Nous avons pu voir qu'Action Contre la faim et Médecins du Monde mettaient la recherche de fond et par conséquent la communication au centre de leur stratégie. Peut-on les considérer par conséquent comme des ONG accusées de charity business ? Pensant plus à faire du profit

qu'à réaliser efficacement leur mission humanitaire ? Faire de la communication de manière

professionnelle et rigoureuse serait-il « mal » aux yeux des donateurs ? Afin de pouvoir décider quelles associations communiquent pour mieux agir et lesquelles communiquent pour la « célébrité », il est important de commencer par définir convenablement ce qu'est le charity business.

LE CHARITY BUSINESS, CETTE GRANDE MENACE

Wikipedia nous propose une définition simple : « Charity-business est une expression anglaise essentiellement utilisée en France. Elle désigne les pratiques de financement des oeuvres caritatives, ainsi que la mercantilisation de celles-ci.

Le charity-business recouvre donc l'ensemble des pratiques nouvelles de financement, de gestion, de communication des organisations non gouvernementales (ONG). »

10

medecinsdumonde.org, histoire et valeurs

 

13

Lors de recherches plus approfondies, nous pouvons nuancer cette définition en notant qu'il y a deux « types » de charity business. La première correspond à la définition donnée par Wikipédia. Des ONG profitent de la compassion des citoyens pour récolter le plus de dons possible, mais les utilisera à de mauvaises fins. Certaines associations n'hésitent pas à grossir

les missions et leur importance alors qu'elles sont en réalité entrain de limiter à son minimum l'équipe d'intervention. Le surplus de dons servira par exemple à grossir les salaires des dirigeants, ou à faire des travaux dans les infrastructures qui ne sont pas nécessaires.

Sylvie Brunel, dans son livre « Frontière » dit : « Ainsi, le «charity business» fonctionne selon les pires modalités du capitalisme sauvage. Il tire ses profits :

- d'une part de l'exploitation de la mauvaise conscience occidentale, à coup de mailings larmoyants édités selon un marketing finement élaboré,

- d'autre part de l'aspiration de jeunes cadres à se dévouer au profit d'une cause généreuse et à courir le monde en quête d'aventures et d'exotisme."

Nous pouvons également relever des exemples concrets qui ont déjà fait scandale dans le monde de l'humanitaire et qui sont responsables de cette méfiance de plus en plus accrue des citoyens envers les organismes de charité. La situation la plus connue est celle de l'Arche de Zoé. Cette association qui s'occupait d'orphelins du Darfour fut accusée de faire du trafic d'enfants, qui de surcroît ne seraient même pas orphelins. Une situation honteuse ayant pour seul but de faire du profit et qui réduit à néant tous les efforts des ONG honnêtes qui cherchent des dons pour véritablement une bonne cause.

Mais il existe aussi une version du charity business qui se fait au dépend des associations humanitaires. Dans cette seconde version du problème, ce sont les Etats qui tirent profit de l'humanitaire pour faire leur « business ». Rony Brauman dans son livre « Les médias et l'humanitaire, éthique de l'information ou charité spectacle » et Sylvie Brunel dans « Frontière » mettent la lumière sur de nombreux scandales tels qu'au Biafra ou en Ethiopie.

Ainsi, ils vont par exemple aggraver une situation de famine pour que des ONG aillent aider la population locale et convainquent leur Etat d'origine d'aider ce pays en détresse. Mais l'argent restera pour le gouvernement et la famine sera éradiqué uniquement grâce à l'aide apportée sur place par les volontaires. D'autres, sans demander de l'argent aux Etats voisins, se contenteront de ne jamais améliorer la situation de leur peuple étant donné que les ONG le font

régulièrement et cela ne coûte rien à l'Etat. Nous pouvons prendre comme exemple Haïti, Ile favorite des humanitaires étant donnée qu'elle a subie de nombreuses catastrophes.

14

2 - Des français de plus en plus introvertis et peu empathiques.

LA FRANCE, UN PAYS EN CRISE

Depuis 2008, nous considérons la France comme étant en crise. Le chômage n'a jamais été aussi haut, le nombre de SDF croît É Bien qu'en réalité cela fait deux ans que le PIB de la France est parvenu à dépasser celui de 2007. La croissance a repris bien que faiblement.

Malgré tout le pouvoir d'achat reste très faible pour les français. Ce dernier aurait baissé de 1 500 euros annuels entre 2009 et 2014. Cela s'explique par la différence entre la hausse des salaires (+2,9%) et ceux des prix des dépenses (+6,9%). Nous pouvons noter des augmentations importantes dans différents domaines : le loyer, l'essence mais également la viande.

L'augmentation de ces dépenses contraintes touche douloureusement de nombreuses familles

qui se retrouvent dans un état de précarité. Le fossé entre « pauvres » et « riches » s'agrandit, la classe moyenne disparaît peu à peu.

La société est aujourd'hui dans une situation délicate car elle ne parvient pas à subvenir efficacement aux besoins des plus démunis, et d'un autre côté les plus aisés commencent à ne

plus accepter de donner plus de la moitié de leurs revenus à l'Etat. Des tensions sociétales apparaissent, attisées par les discours des politiques.

En effet, aujourd'hui nous assistons à une véritable guerre du pouvoir entre trois grands partis français : Le Parti Socialiste, actuellement au pouvoir avec le président François Hollande,

L'UMP bientôt appelé « Parti Républicain » avec comme représentant Nicolas Sarkozy, et le

Front National représenté par Marine Le Pen.

En analysant leur discours, nous pouvons nous rendre compte qu'ils se contentent bien souvent de critiquer les actions des précédents partis et présidents, plutôt que de proposer de véritables solutions. Lors des campagnes électorales, ce sont des millions d'euros qui sont dépensés par

chaque parti. Des « solutions » sont exposées dans le programme des candidats, faisant miroiter de nouveaux emplois, de nouveaux salaires et un pouvoir d'achat qui augmenterait considérablement.

Malheureusement, ces promesses sont rarement tenues. Une fois au pouvoir, le gouvernement

se rend compte que la situation sera compliquée à redresser et qu'il faudra du temps. Or le temps, les français ne l'ont plus.

Toutes ces critiques, paroles en l'air et expositions de situations dramatiques diffusés dans les médias de masse ne peuvent qu'accroître la défiance des français envers l'avenir de leur pays et leurs représentants.

 

15

 

En effet, en plus de ce contexte sociétal compliqué, un autre facteur peut expliquer la morosité qui a gagné la population française. Nous sommes aujourd'hui continuellement soumis aux médias de masse. Des images défilent chaque jour sur nos écrans, dans la presse et même en affichage. Et elles sont rarement joyeuses. Partout dans le monde les gros titres sont dédiés aux guerres, séismes, et autres catastrophes entraînant des milliers de morts. Les scandales viennent en seconde place. Politiques corrompus, des dirigeants d'associations humanitaires qui profitent de la bonté des donateurs pour s'enrichir, acteurs et autres stars qui se font arrêter. Le monde des médias est majoritairement composé de drames et de débauche. Or chacun d'entre nous y est exposé quotidiennement.

ÉTUDE SOCIOLOGIQUE

Entre la situation économique de la France, et les images défilantes du reste du monde, il n'est pas étonnant que le comportement des français ait changé. Notre cerveau enregistre chaque jour des informations toujours plus afßigeantes. Or, ces informations seraient trop dures à supporter si l'on acceptait la pleine horreur de certains drames. Peu à peu, nous nous sommes naturellement détachés de tout ce qui ne nous concernait pas de près. Pour ne pas souffrir, pour ne pas se mettre en péril, pour ne pas aider notre prochain alors que notre propre situation n'est pas à son paroxysme.

L'empathie, un caractère fort de chaque être humain, s'est réduit au fil des ans, usée par une société qui ne parvient pas à rendre heureux ses citoyens. Ces derniers deviennent alors plus égoïstes et privilégient la réussite personnelle à la collective.

Voici un diagramme très intéressant du site http://geert-hofstede.com

16

Geert Hofstede est un psychologue néerlandais né en 192811. Il a été inspiré par le

culturalisme. C'est pourquoi il a créé un outil qui permet de comparer les pays en termes de culture selon 6 critères.

· la distance hiérarchique,

· l'individualisme et le collectivisme,

· la dimension masculine/féminine,

· le contrôle de l'incertitude,

· l'orientation court terme/long terme,

· l'orientation indulgence/sévérité.

Nous pouvons ainsi voir un portrait intéressant du français.

Notre distance hiérarchique est à 68. Nous considérons donc que dans une société, ou dans une entreprise, nous ne sommes pas égaux. Il y a les puissants et les faibles, les riches et les pauvres. Cela explique le résultat de la seconde colonne : l'individualisme. 71 est un score très haut indiquant que le français veut réussir seul, pour arriver en haut de la hiérarchie et donc être « supérieur ». Le fait que nous soyons une société « masculine » ne fait que renforcer cet individualisme. En effet un pays masculin signifie que la culture réside dans la compétition, le challenge et le dépassement de chacun.

Le contrôle de l'incertitude de la France s'élevant à 86, nous pouvons en conclure que nous n'aimons pas l'improvisation. Nous aimons tout organiser et tout contrôler. Nous aimons tout savoir pour ne pas avoir de mauvaises surprises. Dans le cas des donateurs envers des ONG, cela signifie qu'il faut être très transparent sur l'utilisation de leur argent si l'on veut avoir leur confiance.

Enfin la société française serait « indulgente ». Elle a donc tendance à vouloir assouvir les désirs de ces citoyens plutôt que de les contrôler aux travers de nombreuses normes. Nous pourrions voir cela comme un souhait de voir sa population heureuse. Mais il est possible que le modèle français si généreux soit aujourd'hui menacé.

EXEMPLES CONCRETS RÉCENTS

Au-delà de cette étude très intéressante. Nous pouvons voir la baisse d'empathie des français par des exemples concrets de tous les jours. En voici quelques-uns :

11 Wikipédia, Geert Hofstede

·

17

Une femme agressée dans une rame de métro à Lille (2014)12. Un soir, une mère de famille s'est faite agressée par un jeune homme ivre dans les rames du métro de Lille. Le wagon n'était pas vide, pourtant personne n'est venu en aide de cette femme qui s'est faite touchée puis poursuivre dans la rue. Là encore les voitures l'évitaient plutôt que de lui venir en aide jusqu'enÞn une voiture avec un jeune homme de 19 ans vienne l'aider, en venant aux mains avec l'agresseur.

Le procureur de l'affaire à bien cerné le problème : «En tant que représentant du ministère

public, je suis inquiet de ce visage d'une société où on est capable de prendre une autre rame

en laissant seule une femme face à son agresseur. Il est là l'effroi aujourd'hui... Se dire que dans notre société, on ne pourra pas compter sur la collectivité».

· Une enseignante poignardée par une mère (2014)13. Une femme d'une quarantaine d'années est parvenue à poignarder à mort de sang-froid une enseignante de 34 ans et ce devant

l'ensemble de sa classe à Albi. Les enfants sont en classe de maternelle et ont dû être suivi psychologiquement. Comment une mère peut en tuer une autre devant des enfants sans la moindre émotion ?

· Les actes homophobes ont bondi de 78% en France14 : Entre 2012 et 2013, un grand pas a

été franchi pas la France : le mariage homosexuel est autorisé. Mais cette avancée eu une conséquence dramatique pour les personnes homosexuelles, car les actes homophobes augmentèrent de 78% entre 2012 et 2013. Injures, menaces de mort et agressions physiques, les français n'acceptent plus ceux qui sont « différents », ils veulent se replier sur eux-mêmes.

Ces trois articles ne sont que de brefs exemples parmi une quantité afßigeante de nouvelles similaires qui paraissent dans la presse quotidienne. De moins en moins de français aident une personne inconnue en détresse, et à l'inverse de plus en plus de citoyens deviennent violents,

parfois allant jusqu'à l'homicide volontaire.

12

13

14

: Article du Figaro du 8 novembre 2014

: Article du libération société du 6 juillet 2014 : Article du monde Société en avril 2014

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3 - Les français, méfiants envers les ONG

Si les français aident de moins en moins leurs compatriotes, pourquoi donneraient-ils de l'argent à des associations pour aider des étrangers ? Voici la question que de nombreuses associations se posent aujourd'hui.

Heureusement, de nombreux donateurs restent fidèles à leur ONG, mais ces derniers vieillissent et la plus jeune génération semble dure à toucher. En effet, la génération « Y », ultra connectée, toujours au courant de tout grâce aux réseaux sociaux, souvent soumis à des rumeurs rarement fondées, ont tendance à devenir méfiants de tout. Et particulièrement lorsqu'il s'agit de donner de l'argent. Les jeunes actifs ont du mal à trouver du travail, ils prospects où ils peuvent, ont un travail et un salaire en dessous de leurs compétences, ou alors ils ont fait le

choix de quitter la France.

Les français n'ont aucune certitude que leur argent va être utilisé à bon escient, et depuis la professionnalisation de la communication au sein des associations humanitaires, beaucoup de jeunes « anti-capitalistes » refusent de donner de l'argent à des associations « marketing ». D'autres parts, l'autre catégorie de la population, plus « consommatrice » aura moins le profil idéal du donateur. Bien souvent détachée du reste du monde, la misère des autres ne les

concerne pas.

Les ONG se retrouvent alors dans une impasse où les personnes au bon coeur se méfient d'eux, et les autres n'en n'ont cure. Cela peut expliquer leur mode de communication actuel, souvent commun à l'ensemble des associations. Ce dernier consiste à faire des campagnes très émotionnelles, qui cherchent à nous émouvoir voir à nous attrister. Devant une petite Leilà qui vient de perdre ses parents, la culpabilité gagne les deux types de profils, et les dons parviennent à se débloquer.

Mais cette stratégie ne paye plus autant qu'avant. Le premier profil que nous appellerons « empathique » commence à être agacé par ces campagnes qui leur font porter la misère du monde alors qu'ils n'en sont pas responsables. Le second, les « apathiques » ont tellement été soumis à cette misère quotidienne que leur fatalisme a pris le dessus et pensent ne rien pouvoir faire pour le reste du monde.

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Ma problématique se retrouve donc dans ce contexte difÞcile, où une génération ayant grandi

au sein d'une crise économique se retrouve être aujourd'hui l'avenir des Organisations Non Gouvernementales.

« Comment les ONG humanitaires peuvent-elles communiquer efficacement sur les grandes causes internationales sans avoir recours à un registre culpabilisant, alors que les populations sont de moins en moins empathiques et de plus en plus sollicitées.»

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Partie II : De l'émotion à l'objectivité

1- Analyse de la communication des grandes ONG humanitaires françaises

Il est important d'analyser la communication interne des plus grandes références françaises afin de percevoir de quelle manière elles font passer le message voulu.

Nous nous contenterons d'analyser la communication grand public, c'est à dire celle qui touche

les donateurs potentiels.

LA CROIX ROUGE

Comme expliqué précédemment, la Croix Rouge fait partie des associations possédant une communication percutante et originale, qui sort des sentiers battus. Nous l'étudierons afin de faire ressortir les points qui pourraient être intéressants pour la communication future des ONG, mais également pour comprendre l'avis de certaines personnes qui pensent que trop d'argent part dans le marketing.

La grande campagne de 2015 n'ayant pas encore commencée, nous nous pencherons sur celles de 2013 et 2014.

En 2013, la Croix Rouge s'est appropriée l'univers de la télé-réalité pour faire réagir les jeunes français. Sur le modèle d'un teaser type « Koh Lanta », nous découvrons un spot TV : « master

survivor » mettant en scène des SDF en tant que candidats. S'ensuit le slogan « La misère n'est pas un jeu mais une triste réalité, pour les sauver n'envoyez pas de SMS, donnez ». 1 5

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Cf Annexe 1 p 3 : Campagne 2013 de la Croix Rouge

 

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Ce spot, dans un registre intriguant, porte un message fort. En effet, les français, las des horreurs qu'ils peuvent voir au quotidien durant les informations préfèrent de plus en plus se mettre sur des chaînes moins « sérieuses » pour regarder des émissions de télé-réalité. Ces dernières mettent souvent en scène des personnages qui ont l'air faux, narcissiques et simplets. En s'appropriant les codes de la télé-réalité, la Croix Rouge dénonce l'intérêt que les français portent à ses émissions plutôt que de réagir à ce qu'il se passe dans leur rue. Ils espèrent ainsi une prise de conscience de la génération future qui peut réellement aider des personnes, plutôt que de dépenser son argent pour éliminer l'un des candidats de leur émission favorite.

Utiliser de tels codes est original et percutant. Cela permet de toucher une cible plus jeune que les donateurs actuels ce qui est une bonne chose. Cependant, ce spot TV qui a été relayé sur les réseaux sociaux par la suite, peut-être perçu comme agressif. A l'image des Restos du coeur qui ont fait polémique avec leur dernière chanson « Toute la vie » (JJ.Goldman), ce court

métrage est moralisateur et cherche, au-delà d'une prise de conscience, à culpabiliser le jeune

adulte affalé sur son canapé pour qu'il se lève et se batte pour la cause de la Croix Rouge. Enfin, il ne faut pas oublier que la Croix Rouge aide de nombreuses personnes partout dans le monde. Ici, le donateur peut vouloir donner pour aider les SDF français, mais quelle garantie a-t-il que son don servira à eux ? Aucune. Ici la méfiance peut facilement s'installer, le français ne

sait pas où part son argent et préfèrera donc le garder.

En 2014, lors de sa récolte annuelle qui dure une dizaine de jours, la Croix Rouge a combiné street marketing et digital.

Dans un premier temps, des bénévoles distribuaient des cartes défis aux passants dans la rue. De petits challenges y étaient inscrits, comme par exemple « Nourrir un SDF », « Ecouter quelqu'un qui ne va pas bien », ou encore « aider un bénévole pendant 15 minutes ».

En parallèle la Croix Rouge se digitalise encore davantage avec une campagne reprenant cette fois-ci les codes des réseaux sociaux. Une campagne d'affichage avec la présence de trois personnalités françaises vont permettre à la croix rouge d'augmenter leur notoriété et visibilité. 1 6

Nous pouvons ainsi voir par exemple Norman qui compare ses « likes » sur sa page Facebook par rapport à ceux de la page de la Croix Rouge.

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Cf Annexe 1 p 4 : campagne 2014 de la Croix Rouge

 

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Cette campagne touche la même cible que l'année précédente, à savoir les jeunes adultes. Bien qu'il était intelligent de faire une campagne à 360 degrés, je ne comprends pas ici le lien

entre le street marketing et la campagne d'affichage. Le concept du défi et du «like » est très différent. Nous pouvons cependant retrouver un point commun intéressant : ici, la Croix Rouge ne se contente pas de demander de l'argent comme elle procède habituellement en cette période, mais cherche également à sensibiliser la population française en les encourageant à s'engager pour la bonne cause, soit au travers des défis, soit en soutenant une page humanitaire. Nous verrons par la suite que cette notion d'engagement est importante aux yeux des donateurs.

ACTION CONTRE LA FAIM

Cette ONG fait très régulièrement des campagnes de communication pour toucher les français et les rallier à leur combat. Nous allons ici étudier leur dernière campagne particulièrement

intéressante car elle pose le doigt sur le problème exposé lors de ma première partie : « C'est

loin donc ça ne me concerne pas » 1 7

17

Cf Annexe 2 p 5 - Campagne d'Action contre la Faim

 

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Sa dernière campagne de communication est appelée « Multi-crises ».

Prenant conscience de la distance tant géographique que psychologique qui sépare les Français des populations touchées par la faim à travers le monde, le message appelle à l'action

: « Voir n'est pas une question de distance. Agir non plus. ». La campagne est déclinée en six crises majeures sur lesquelles agit Action contre la Faim. Dans une stratégie de cross média, la campagne s'articule autour d'un spot TV et cinéma de 45 secondes, d'une campagne d'affichage diffusée dans toute la France et d'un dispositif digital avec des bannières web, la diffusion de l'annonce vidéo et la mise en place du hashtag #MultiCrises sur les réseaux sociaux.

Action Contre la Faim a voulu prendre le contrepied du raisonnement français pour l'empêcher de se trouver des excuses. Cette campagne intelligente se démarque des campagnes habituelles d'ACF, plus émotionnelle avec des portraits d'enfants souffrant de la faim. Cependant elle reste très moralisatrice en reprochant directement aux français de ne pas voir plus loin que le bout de leur nez.

MÉDECINS DU MONDE

En décembre 2015, MdM met en avant une nouvelle facette de sa mission humanitaire : « soigner l'injustice ». Au travers de deux spots TV et radio, l'association souhaite nous alerter

sur la difficulté de certaines population à se soigner. Accès aux soins limités, consultations hors budget É les raisons sont nombreuses mais la première est la naissance. « Nous ne sommes

pas nés sous la même étoile » nous rappelle le groupe de rap français IAM. Et Médecins du Monde au travers de cette campagne nous le signale fortement.1 8

Dans cette campagne, nous retrouvons de nombreux codes d'une campagne que j'estime « culpabilisante ». Tout d'abord l'utilisation d'un jeune garçon, ou encore pire d'une jeune femme enceinte, dans un cadre d'extrême pauvreté. Sans la moindre parole nous avons déjà

de la peine pour ces enfants. Ces derniers lisent avec difficulté des citations proposées par MdM. Les problèmes de lecture nous rappellent subtilement qu'il est également difficile pour eux de se scolariser en plus de se soigner. Enfin lorsque l'on comprend la phrase, on ne peut s'empêcher de regarder autour de nous et de se rendre compte que nous avons vraiment de la

chance d'être chez soi. L'accroche est également dure « Nous combattons aussi l'injustice ».

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Cf Annexe 3 p 6 : Campagne de Communication de Médecins du Monde

 

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Elle peut-être interprétée de deux manière. La plus simple : il est injuste que ces enfants ne puissent pas se soigner simplement.

La seconde : il est injuste que ces enfants ne puissent pas se soigner facilement alors que tu pourrais changer cela en faisant un petit effort.

2 - Une communication estimée « culpabilisante », une transparence demandée

Après cette brève étude de campagnes des grandes associations françaises, nous pouvons voir qu'elles parviennent à se différencier de leurs concurrents en ne traitant pas exactement le

même sujet de la même manière. Cependant, le côté moralisateur est à chaque fois présent. Parfois plus subtilement, comme pour Médecins du Monde.

Malgré tout, ce ne sont que trois campagnes parmi une multitude d'actions et d'associations. C'est pour cela que j'ai fait le choix d'appuyer mon argumentation au travers de deux études. La première est une étude quantitative ayant pour but d'interroger la population française sur ce qu'elle pense de la communication des ONG humanitaires, et ce qu'elle aimerait voir changer. La seconde étude, qualitative, est un entretien semi-directif avec deux directeurs de communication d'ONG humanitaires afin de connaître leur avis d'experts et leurs recommandations. 1 9

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Cf annexe 4 - Résultat de l'étude quantitative p7

 

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L'ÉTUDE QUANTITATIVE : L'AVIS DES DONATEURS POTENTIELS

J'ai construit cette étude dans le but de récolter deux informations bien précises. Tout d'abord

établir le profil du « meilleur » donateur, celui qui peut facilement être conquis. Et celui du donateur « compliqué », qui correspond bien souvent aux apathiques cités lors dans la première partie de ce mémoire. J'ai besoin de ce profil pour établir un lien avec ma seconde information : quel type de communication souhaitent les donateurs.

A la fin de cette étude, j'espérais tout d'abord valider la pertinence de ma problématique, et dans un second temps voir si mes premières réflexions fondées durant mes lectures étaient sur

la bonne piste. Il se trouve que tout fut validé comme je l'espérais.

Mon étude a été menée sur un échantillon de 115 personnes, ayant en moyenne entre 22 et 34

ans. J'ai eu peu de réponses des plus de 50 ans, cependant ces derniers sont bien souvent des donateurs fidèles qui n'ont pas besoin d'être recrutés.

Concernant l'esprit actuel des français par rapport au don, 72% ne sont pas donateurs. La cause principale est le manque de revenu, mais le manque de confiance est en seconde place. Par ailleurs, 75% des répondants préféreraient donner pour une cause internationale, ce qui me semblait étonnant. En étudiant chaque commentaire accompagnant les réponses, je me suis rendue compte qu'ils souhaitaient tout de même régler les problèmes en France avant cela,

mais qu'un pays développé comme le nôtre ne devrait pas avoir besoin d'aide humanitaire. Le

manque de confiance réapparaît également lorsqu'il s'agit d'envoyer de l'argent à l'étranger, les donateurs ont l'impression de mieux superviser lorsque c'est en local.

Enfin, 53% des répondants trouvent la communication des ONG culpabilisante, et 38%

n'adhèrent pas à leurs campagnes. Enfin, 22% ne se sentent absolument pas concernés par cette étude, n'étant pas intéressés par l'aide humanitaire.

Ce premier portrait montre ainsi que de nombreux français restent à convaincre et peuvent

devenir de futurs donateurs si l'on parvient à les toucher convenablement et à leur inspirer confiance.

La suite de l'étude va nous permettre de nous aiguiller sur de potentiels nouvelles techniques de communication pour les ONG humanitaires.

Lors de mes lectures, j'ai été horrifiée par tout ce que l'on ne sait pas dans les pays en voie de développement. Les gouvernements sont dépourvus de charité, les médias ne prennent que ce qui les intéressent, et les associations se débrouillent comme elles le peuvent. J'ai également perçu un aspect intéressant de la communication dans le département qu'ils appellent

« fundraising » soit la levée de fonds.

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Cependant ce pôle cible bien souvent uniquement les professionnels. Or cette communication me paraît intéressante à exploiter. En effet, très objective et appuyée par des chiffres concrets, nous comprenons mieux pourquoi nous donnons, quelle est l'action, combien de temps cela dure etc.

Lors de mon étude quantitative, ma théorie fut vérifiée car c'est 62% des interrogés qui souhaiteraient une communication plus informative. Plus inquiétant, 92% des répondants estiment que les associations ne sont aujourd'hui pas encore suffisamment transparentes sur leur budget. Ce chiffre alarmant peut s'expliquer par le fait qu'il faut être donateur pour avoir des retours sur les budgets, ou alors il faut chercher, parfois difficilement sur leur site internet. Or aujourd'hui le français veut des informations sans avoir besoin de chercher quoi que ce soit.

Une autre piste à exploiter est celle du témoignage. En effet 49% souhaiteraient voir des

personnes ayant été sur le terrain interviewés, contre 20% pour les campagnes TV. Ainsi, les français se déculpabiliseraient car ils verraient que la France se bat quand même chaque jour, et cela peut également les motiver à s'engager à leur tour.

Enfin, si l'on devait faire le profil du « donateur facile » ce serait une femme qui souhaite se battre pour les enfants, possédant au moins le BAC, active d'environ 25 ans.

A l'inverse, le donateur le plus dur à toucher serait un homme d'une vingtaine d'années qui est

jusqu'à présent très peu sensibilisé et qui a un niveau d'étude inférieur au BAC, actuellement à la recherche d'un emploi, étudiant ou jeune actif.

Aucune surprise par conséquent sur le profilage. Il faut donc parvenir à toucher la gente masculine et les persuader que le peu de dons qu'ils feront ne changera pas leur budget mais pourra grandement aider les populations étrangères. Il faudra également les sensibiliser sur les causes humanitaires en leur montrant concrètement la pierre qu'ils peuvent apporter à l'édifice.

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ÉTUDE QUALITATIVE : AVIS DES EXPERTS20

Mon étude qualitative avait pour but de récolter l'avis d'experts de la communication en milieu humanitaire. Je n'ai malheureusement pu interviewer que deux personnes, ne parvenant pas à

joindre les plus grosses ONG. Cependant ces réponses ont été très intéressantes et m'ont réellement aidée pour la réalisation de ma préconisation.

J'ai commencé par interviewer Judith Marie, qui travaille actuellement chez Emmaüs mais qui a eu un long parcours humanitaire. Elle abonde dans mon sens lorsqu'il s'agit de développer une communication plus objective. Dans le milieu humanitaire, ils cherchent effectivement à s'éloigner de l'aspect culpabilisant de la campagne. Concernant le problème de confiance, Emmaüs essaye d'être le plus transparent possible. Cette association comme beaucoup d'autres sait que les donateurs sont méfiants et n'accepteront plus de nouveaux scandales. Ce n'est pas une seule institution qui est en jeu mais l'ensemble du monde humanitaire.

La communication humanitaire souhaite évoluer, notamment en utilisant le digital comme tremplin.

Le web leur permet de pouvoir s'exprimer plus facilement à moindre frais, il faut maintenant

l'utiliser à bon escient.

Quelques mois plus tard, j'ai contacté Matthieu Grapeloup, chargé de la communication du siège du GERES. Cette association conduit des projets de développement autour de l'accès à

l'énergie propre pour les plus pauvres. Son siège social est à côté de Marseille, mais ses actions sont tournées essentiellement en Asie.

Ayant peu de moyens pour la communication externe, le GERES n'est pas véritablement concerné pour le moment du problème de défiance des donateurs potentiels. Mais ce peu de

moyen est un frein pour le développement « basique » de la communication. Matthieu est exposé au même problème que beaucoup de responsables communication dans des

associations ont : persuader en interne de l'utilité de communiquer auprès des donateurs pour en augmenter le nombre.

Le côté visuel serait aujourd'hui encore primordial dans la communication. Cela permet d'avoir un message percutant et clair. Mais tout comme Judith, il estime que les campagnes aujourd'hui sont trop moralisatrices pour la jeune génération. Cette dernière souhaite s'engager, voir du concret dans leur action.

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Cf Annexe 4 - Interview de Matthieu Grapeloup p 13

 

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D'après Mathieu il faudrait donc que la communication s'axe sur le côté utile et engageant

qu'apporte le don. Ce n'est pas juste 5€ par mois, c'est une part dans un projet gigantesque ! Enfin, il est important de faire évoluer la communication tout en respectant l'éthique des

associations. La communication doit être percutante et au service de la visibilité de

l'association, tout en utilisant un budget le plus limité possible et en respectant une transparence totale.

Nous avons émis quelques ébauches pour faire évoluer la communication des associations humanitaires. Cependant, nous n'avons pas encore traité le problème de défiance de la

nouvelle génération. Certes faire preuve de transparence est nécessaire aujourd'hui pour ne pas faire fuir la population. Mais ne serait-il pas possible de l'attirer justement parce qu'il se sentira bien dans une association en particulier ?

Parmi les tendances en France du marché en 2014 et 2015, la personnalisation et le contact

humain sont présents. Bien que les ONG ne peuvent pas se permettre de « surfer » sur les tendances marketing sans s'octroyer les foudres des médias, il est tout de même intéressant de les étudier. Les citoyens ont aujourd'hui besoin de se sentir important au sein d'une société, d'un groupe, d'une association. Mais il a également besoin de créer des liens forts au sein de cette même communauté.

Aujourd'hui les associations prennent le rôle d'adultes reprochant à leurs enfants de ne pas assez s'investir. Il y a une certaine distance entre associations et donateurs, une impression d'être jugés et vus de haut par chacun des partis.

Pour obtenir la confiance d»un jeune adulte, il faut commencer par lui montrer qu'on l'estime et que c'est un maillon aussi important que l'association.

Il est aujourd'hui nécessaire de ne plus voir un rapport association-donateur mais visualiser cela en un bloc unique : la Solution.

Ainsi, se rapprocher de ses donateurs est une solution à étudier. Il ne faut pas se contenter de les remercier et de leur donner des nouvelles lointaines par newsletter. Il est important de créer un dialogue avec eux sur le long terme. La communication participative est un axe intéressant qui pourrait avoir un double avantage. Le donateur se sentirait pleinement à sa place au sein

d'une communauté qui partage le même engagement, et l'association elle-même pourrait évoluer dans tous les domaines grâce aux apports de chaque membre de cette communauté.

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Partie III : Préconisation Stratégique

1 - Les communications actuelles : une évolution nécessaire

La stratégie actuelle de communication des associations repose, comme nous l'avons vu, sur l'émotion suscitée par des visuels choquants.

Mais au-delà du problème de «culpabilisation », ces campagnes suscitent des tensions d'ordre éthique.

LE PRINCIPE DE L'IMAGE « CHOC » : UN MANQUE D'ÉTHIQUE SOULEVÉ

Les premières tensions sont apparues lors de la professionnalisation du pôle communication des ONG. Les donateurs se plaignaient de donner de l'argent pour faire du marketing. Les associations concurrentes criaient au charity business, où les personnes de bonne foi se faisaient remplacer par des escrocs ne pensant qu'au profit. Ces pensées réductrices ont mis à mal durant quelques années les associations humanitaires. Des chartes éthiques furent créées. Des rapports sur la répartition des budgets ont été publiés et sont aujourd'hui présents sur chaque site internet.

Après plusieurs années où la communication semblait aux antipodes de l'humanitaire, cette compétence est enfin entrée dans les moeurs.

Mais une seconde problématique est apparue. L'instrumentalisation des victimes.

Ces dernières sont la raison d'être des associations. Si tout allait bien dans le monde, l'humanitaire n'existerait plus. Cependant, les associations se retrouvent aujourd'hui face à une population apathique peu sensible à la détresse d'autrui. C'est pour cela que la majorité des campagnes de communication font apparaître en gros plan des personnes en difficulté, généralement des enfants de couleur victimes de malnutrition ou de violences.

Au fil des années, les images sont devenues de plus en plus dure à regarder, au même rythme que la population se détachait des précédentes campagnes. Le but est bien entendu de créer le malaise pour que la cible fasse un don et apaise sa conscience. Cette « course » aux horreurs soulève cependant une question : qu'en est-il des droits de ces victimes ?

Nous pouvons douter sur la démarche du journaliste ou de l'humanitaire qui a pris cette photo. Il est peu probable que cet enfant ait accepté de faire diffuser cette photo dans le pays.

L'enfant aimerait-il être visible partout en France, le visage tordu par la douleur ou la maladie ?

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Cette situation est assez paradoxale de la part des associations qui ont comme maître mot

« Respect ». Elles devraient être les premières à ne pas utiliser comme bon leur semble la détresse de leurs victimes.

Une certaine pudeur est à respecter à leur égard. Bien que cela ait pour objectif de sensibiliser la population, afin de récolter des fonds pour venir en aide à ces enfants, d'autres solutions,

plus respectueuses, existent.

Nous verrons par la suite quels moyens je préconise pour avoir une communication efficace, dans le respect des victimes, et qui touche la plus jeune génération.

Mais avant cela, rappelons tout d'abord les objectifs et enjeux de la communication pour les ONG.

LA COMMUNICATION DES ONG : QUELS OBJECTIFS ?

1 - Favoriser le don

Si les associations humanitaires acceptent de mettre une partie de leur budget annuel (généralement entre 5 et 10% du budget) dans le département marketing et communication, la première raison et de vouloir toucher de nouveaux donateurs et accroître le nombre de dons. Ainsi la collecte de fonds est l'activité principale des responsables des communication. Il est nécessaire pour cela de faire des campagnes grand public originales et percutantes.

Lors de notre préconisation, nous tenterons de faire évoluer cet objectif afin qu'il ne soit plus un objectif en soi mais plutôt une résultante des moyens mis en place pour répondre aux objectifs suivants. Ainsi, nous pourrons contourner plus facilement ce problème de campagnes trop émotionnelles.

Le message ne doit plus être principalement « vous devez donner » mais « vous devez

participer ».

2 - Mobiliser

La mobilisation est généralement réservée aux adhérents actuels de l'association. Ils sont tenus régulièrement au courant par une newsletter, on les appelle en cas d'urgence (cela m'est encore arrivée récemment avec la catastrophe du Népal, ACF appelle tous les donateurs pour essayer de récolter un don plus important). Certaines associations, plus rares, proposent également de rejoindre les bénévoles lors d'un évènement.

La mobilisation est donc actuellement une seconde phase qui accompagne la troisième qui est la fidélisation.

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Nos études précédentes nous encouragent à octroyer plus d'importance à cette mobilisation et

à l'étendre aux campagnes de collecte de fonds, afin de toucher de nouveaux donateurs. Cela permettra aux sympathisants de se sentir engagés dans une cause dès le premier don.

Il sera également plus simple de toucher les jeunes n'ayant pas les moyens de faire un don financier qui s'engageront peut-être une seule journée aux côtés des bénévoles mais qui seront

marqués à vie par cet évènement et se tournera donc plus facilement vers l'association qui l'a accueilli lorsqu'il aura les moyens de faire des dons.

3 - Sensibiliser / Informer

Beaucoup d'ONG humanitaires mettent en avant leur mission de sensibiliser du grand public.

Depuis l'arrivée des « Frenchs doctors » dans les années 80, les associations ne sont plus liées par le secret et peuvent donc dénoncer des situations alarmantes. Lors de l'apogée de la télévision, cette sensibilisation était très régulière. Les médias s'emparaient de l'affaire, le

monde entier était alors rivé sur la guerre du Biafra ou la famine de la Somalie. Des dérives avaient également souvent lieu. Certaines ethnies mourraient de faim car leur situation n'était

pas médiatisée et par conséquent les associations ne parvenaient pas à obtenir de dons suffisants.

Heureusement, aujourd'hui internet permet de mettre en lumière l'ensemble des missions des ONG.

Cependant, en étudiant leur communication aujourd'hui, on se rend compte que les associations sensibilisent beaucoup plus la population qu'elle ne l'informe. Lors de grandes

catastrophes, nous pouvons voir à la télé le nombre de décès et de blessés, mais nous ne savons pas quels sont les besoins précisément des associations pour aider comme il se doit les sinistrés.

Il est temps de faire évoluer la communication pour être plus transparente et précise en termes de besoin, et en quoi notre aide peut aider. ACF essaye de le faire un peu plus que les autres lorsqu'ils nous arrêtent dans la rue pour nous expliquer leur démarche mais cela manque d'expertise et de témoignage sur le terrain.

4 - Se faire connaître

Développer efficacement sa marque corporate est aujourd'hui primordial si une association veut se développer et survivre. On est malheureusement obligé de parler de concurrence entre les

différentes associations car il est rare qu'une personne donne à plusieurs associations.

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Il faut donc se différencier des autres ONG pour avoir plus d'adhérents qu'eux, avoir plus de dons pour réaliser un plus grand nombre d'actions.

Les grandes associations ont tendance à faire beaucoup d'ombre aux plus petites. Ces dernières n'ont pas les moyens de communiquer. Au lieu d'allouer un budget un peu plus important pour essayer de gagner en visibilité, elles puisent dans le bouche à oreille jusqu'à se retrouver coincées.

Or ces petites associations font très souvent un travail formidable à leur échelle, et méritent d'être connues pour leurs actions.

C'est pourquoi pour ces associations il est important d'utiliser tous les outils à leur portée pour augmenter leur notoriété.

Une digitalisation plus importante permet d'augmenter sa visibilité à moindre frais.

LE DIGITAL, UNE PISTE D'ÉVOLUTION À NE PAS NÉGLIGER

Rappelons que notre cible principale ici représente la tranche d'âge la plus difficile à toucher actuellement : la génération Y.

Cette tranche de la population actuellement jeunes actifs ou encore étudiants ont des faibles revenus. Souvent surnommée « la génération perdue », elle s'est retrouvée sur le marché du travail au beau milieu d'une crise économique,face à des PDG qui ne veulent plus recruter, diplômés d'un master qui constitue un frein à leur embauche car « sur-diplômés », ou artisans

qui se retrouvent face à une concurrence féroce.

Dans ce contexte, il est difficile de leur parler de charité alors qu'ils ont du mal à finir les mois.

Pourtant, cette cible bien que difficile à faire adhérer, peut aujourd'hui être touchée facilement. En effet, la génération Y, c'est la génération 2.0. Nés au début d'internet, ils ont grandi avec et aujourd'hui ne peuvent plus s'en passer. Ultra-connectés, ils passent plus de 4h par jour devant leurs écrans. Dépendants des réseaux sociaux, ils ont un besoin d'appartenance aussi grand dans la réalité que sur la toile.

Cette cible ne pourra peut-être pas donner dans l'immédiat, mais si elle se rappelle de vous de manière positive, le nombre de donateurs grandiront au fil des ans et ils seront déjà fidélisés. C'est pourquoi il est primordial aujourd'hui pour les associations, petites et grandes, d'avoir des supports adaptés, mis à jours régulièrement et adaptés à la cible.

Avoir un site internet à jour et moderne, gérer les réseaux sociaux quotidiennement, lancer des

vidéos virales sur Youtube É ces actions sont aujourd'hui nécessaires pour gagner en visibilité et développer sa marque corporate.

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Digitalisation, Information et Engagement sont les maîtres mots de ma préconisation. Plus que jamais, les associations se doivent d'être transparentes sur leur budget, mais également sur leurs actions concrètes. Et ces informations ne doivent pas être réservées aux adhérents, mais doivent être utilisées pour attirer de nouveaux sympathisants à la cause de l'association.

2 - Vers une démocratisation du Fundraising

LE FUNDRAISING : DES INFORMATIONS OBJECTIVES, DES CHIFFRES QUI PARLENT

Qu'est-ce que le fundraising ? Ce terme est un anglicisme qui signifie tout simplement collecte de fonds. Aujourd'hui le fundraising est un métier à part entière et consiste, entre autre, à

monter des dossiers complets pour convaincre une entreprise ou un particulier à devenir donateur.

A son commencement, le fundraising était utilisé uniquement dans le milieu de la solidarité mais

s'est aujourd'hui étendu à la culture, la recherche et même les études supérieures.

Les départements marketing & communication passent beaucoup de leur temps à faire du fundraising au sein des associations. Cependant grand nombre de ces dossiers sont aujourd'hui à destination des fonds privés, c'est à dire les entreprises partenaires de l'association. A l'image d'un dossier de sponsoring, ce dernier comprend des informations très précises de la situation d'un pays, d'une population etc. Ce dossier est compliqué et long à élaborer mais permet aux entreprises de savoir exactement combien elles doivent donner pour faire telle ou telle action.

Contrairement aux particuliers, les entreprises n'ont pas de zone d'ombre sur l'utilisation de leur argent.

Il est étonnant aujourd'hui que ce modèle n'est pas été adapté pour être présenté au grand

public. Pourquoi montrer un enfant malade à une personne lambda en lui demandant de leur sauver, alors que les entreprises ont des instructions précises sur la manière dont il faut procéder pour aider ce même enfant ?

En demande constante de transparence, le citoyen français serait moins méfiant si on lui apportait des informations supplémentaires.

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Nous pouvons considérer que les prospecteurs dans les rues qui interceptent les passants sont actuellement cette adaptation. Ils sont en effet au courant de la situation, nous informe

globalement à quoi va servir notre argent. Mais nous n'aurons des détails qu'après, et peut-être que notre argent ira dans une cause qui nous tentait moins qu'une autre, et nous ne le saurons jamais.

Le français est fier, il aime savoir que telle ou telle action ressort de son effort.

C'est pourquoi je propose une démocratisation du fundraising.

Bien sur il ne s'agit pas de monter des dossiers pour chaque donateur potentiel qui se comptent

en millier. Mais cela consisterait à revoir complètement la manière de donner, et donc en amont,

la manière de communiquer.

Cela signifie abandonner les affiches larmoyantes pour les remplacer avec des faits concrets.

Cela ne signifie pas de réaliser des campagnes ennuyeuses, mais d'intégrer au visuel des

chiffres. Voici un exemple d'informations qui peuvent apparaître :

- Aujourd'hui X enfants dans telle ville sont atteints de malnutrition.

- Nous avons actuellement Y médecins sur place.

- Ils ont besoin de nourriture comme : du matériel médical, des fournitures scolaires É

- Si vous donnez X par mois, vous leur achetez tant de fournitures scolaires É ».

- Enfin il est important de ne pas insinuer qu'ils vont mourir si le passant ne donne pas d'argent

mais plutôt une phrase comme « Rejoignez vous aussi notre aventure »

Le principe est que ces informations soient écrites sur chaque support de communication : Affiches, spots, flyers, annonces presses etc. Même dans les différentes offres. Par exemple un

don correspond à un stéthoscope, un autre montant une trousse remplie. Au lieu d'avoir un forfaits« 6e par mois » celui-ci sera « 3 t-shirts par mois ». Il serait également intéressant de prendre une « commission » destinée à la collecte de fonds, une autre pour le fond d'urgence et

que celles-ci soient notifiées. Ainsi le donateur se rend compte que sur ses 6 euros, 20 centimes iront à la communication, ce qui n'est pas grand chose et il acceptera donc plus

facilement que son argent aide aussi le département marketing & communication.

Ce concept peut être décliné pour toutes les causes et sur tous les supports facilement.

Moins émotionnel, il faudra trouver un autre visuel percutant qui ne soit pas celui d'une victime en détresse. Mettre en valeur les militants sur le terrain par exemple est une bonne solution.

Percutant, il permet aussi de rendre hommage à toutes ces personnes qui se battent

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quotidiennement. De plus le témoignage des personnes ayant été sur le terrain est une demande de la part des répondants de mon étude quantitative.

Enfin, cela permettra aux sympathisants de se sentir plus proche de l'action et donc de l'association.

UNE RELATION PROCHE, LE DONATEUR EST INDISPENSABLE

Comme spécifié précédemment lors de mon étude, les français ont aujourd'hui besoin de se sentir proche d'une communauté pour s'investir réellement et s'épanouir dans son action.

Le fundraising est encore la solution. En effet, lorsque l'on s'adresse à des entreprises pour récolter des fonds, les responsables de communication les connaissent très bien, et font en sorte qu'ils se sentent importants au sein de l'association. Certaines entreprises se permettent même d'influencer les missions à mettre en place, afin qu'elle corresponde à l'image qu'elle souhaite donner à ses clients. Il s'agit ici de reprendre l'idée de connaître son adhérent et d'être proche de lui.

Il est important pour une association de montrer à ses donateurs qu'ils sont indispensables au bon fonctionnent de l'ONG.

Pour cela il faut tout de même faire attention à ne pas les solliciter de manière trop intrusive. La prospection par téléphone est aujourd'hui peu appréciée par les français qui ont l'impression de perdre leur temps. C'est pourquoi le mail, ou même le SMS est conseillé. Le principe de ces messages sera d'inviter les adhérents de l'association à des petites missions qui se passeraient près de chez eux, de les avertir lorsque l'association passerait dans les médias, de les avertir lorsqu'une mission sera menée à bien etc. Le but est que le donateur se sente réellement au sein d'une communauté, que c'est un maillon de la chaîne comme un autre, et que surtout, ses dons portent ses fruits.

Le site internet de l'association ainsi que ses réseaux sociaux sont aussi des outils indispensables pour intégrer le citoyen dans le combat de l'ONG. N'hésitez pas à demander l'avis des internautes, à les faire participer de manière interactive lors d'une mission spéciale. A montrer au travers de petits « jeux » qu'ensemble tout peut arriver. Greenpeace par exemple a proposé de voir en direct l'épopée de son équipe partie dans l'Atlantique pour rejoindre la plateforme pétrolière de Shell et l'empêcher d'aller forer en Arctique. Des messages de

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l'équipage étaient envoyés régulièrement sur la plateforme du site internet. On avait vraiment l'impression d'être une équipe de supporters2 1.

Interagir avec vos donateurs permettra de développer efficacement votre marque corporate. Ils

se sentiront proche de vous, et adhéreront d'autant plus à vos valeurs et à votre combat. Une appartenance plus forte permet également d'encourager à donner des sommes plus importantes, ainsi que du temps pour aider l'association à son échelle.

Enfin, ce moment de partage et de convivialité peut également permettre de recruter au sein de l'association des bénévoles compétents qui amèneront une véritable aide.

Cependant, il est important que ces interactions ne se limitent pas aux frontières virtuelles, mais soient retranscrites également dans le réel.

LES ÉVÈNEMENTS PRIVÉS, LES ÉTENDRE AUX DONATEURS POTENTIELS.

Ici il n'est pas question d'augmenter le nombre d'évènements qui sont organisés par l'association mais de les ouvrir au grand public. En effet chaque évènement est couteux et il faut faire attention à l'image que l'on transmet.

L'objectif est de prouver à la population française que les associations ne sont pas des

hypocrites, contrairement aux idées reçues.

Des évènements sont souvent organisés pour remercier les donateurs actuels. Par exemple des galas de charité, des repas caritatifs etc.

21

cf Annexe 6 : Campagne Save the Arctic p15

 

37

Mais ces derniers sont rarement promus à l'échelle du grand public. Les donateurs sont invités

par mail à l'évènement, ils ont le droit d'inviter des amis avec eux, mais aucune promotion n'est faite pour accueillir de nouveaux sympathisants.

Les petites associations particulièrement devraient s'y atteler.

Ainsi, à chaque évènement organisé, cela devrait être relayé sur les réseaux sociaux, un

évènement créé sur Facebook, des flyers distribués dans la rue, des affiches placardées. Avec un système de réservation cela permettrait, d'une part, d'agrandir le réseau actuel de

l'association, mais d'autre part d'augmenter les recettes à la fin de la soirée caritative.

Dans la démarche continue de démocratiser le fundraising, ces évènements seront l'occasion de rendre compte sur les avancées de l'association, quels ont été les objectifs atteints, quels

sont les suivants etc. Ainsi toute personne présente saura si son don est toujours utile, s'il est mieux qu'il évolue etc. Des prix pourront être attribués aux bénévoles les plus impliqués, ou aux donateurs les mieux intégrés.

Adapter la communication des associations en la calquant sur les principes du Fundraising est la première étape de ma préconisation.

Cependant, en plus d'adapter les supports actuellement utilisés par les ONG pour allier au mieux objectivité et efÞcacité, je vous propose dans un second temps un outil marketing en pleine expansion et en lien direct avec la croissance du fundraising et de la digitalisation : le crowdfunding.

3 - Le Crowdfunding, l'engagement 2.0

QU'EST-CE QUE LE CROWDFUNDING ?

Le Crowdfunding peut être traduit en français par « Financement participatif ». C'est un outil utilisé pour promouvoir un projet auprès d'une communauté qui va alors faire des dons pour la réalisation de ce dernier22.

Cet outil n'est pas destiné exclusivement aux associations humanitaires. Mais beaucoup de jeunes y exposent leur projet de tour du monde, de création d'album de musique, de réalisation de nouveaux produits. L'État ne pouvant accorder une subvention à chaque « bonne idée », ils cherchent des fonds différemment.

22 http://fr.wikipedia.org/wiki/Financement participatif

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Les sites de crowdfunding sont des concentrés de la solidarité mondiale. Il est même étonnant

de voir un concept en aussi grande croissance en France alors que les associations peinent à toucher de nouveaux donateurs. Le crowdfunding connait une croissance de plus de 160% en France en 2013, déjà 66 millions d'euros collectés au 1er trimestre 2014, dont près de 20 millions sous forme de dons. 23

Cet engouement pour le financement participatif peut s'expliquer en plusieurs points.

· Comme étudié précédemment, les français ont besoin de se sentir plus engagés dans une action. Ils veulent savoir à quelle action va servir son argent, et pouvoir suivre cette dernière, et enfin avoir le sentiment d'avoir accompli une mission concrète, et non pas d'avoir fait un simple don pour avoir bonne conscience.

· Le Crowdfunding utilise de nombreux codes du fundraising. Par exemple chaque projet est détaillé, avec des chiffres à l'appui, des dates de réalisation, des étapes à effectuer, et une somme précise à obtenir. Les internautes ont alors l'impression d'avoir toutes les

informations, leur peur de l'imprévu est annulée, une relation de confiance semble possible ici.

· Le crowdfunding permet à l'internaute de faire partie d'une communauté. Comme le dis Yaële Aferiat, directrice de l'association française des Fundraisers : « On est dans une logique projet. On s'adresse à une communauté, comme sur les réseaux sociaux. Il s'agit du coup de sensibiliser cette communauté, de l'amener à nous rejoindre. »24

Ainsi, le crowdfunding permet à toute personne ayant un projet de le réaliser en faisant appel à la solidarité nationale. Cet outil est donc parfaitement adapté à la nouvelle communication préconisée dans ce mémoire, où les associations pourront proposer plusieurs projets plutôt qu'une mission « globale ». Le fundraising et sa démocratisation permettront les missions à long terme.

UN MOYEN ADAPTÉ À TOUTES LES STRUCTURES

Le crowdfunding est un outil adapté pour toucher la génération Y. 100% en ligne, ces sites

internet ont commencé à percer avec la promotion de jeunes artistes (chanteurs, musiciens etc). Ce n'est que plus tard que ce système s'est étendu aux projets globaux.

23

24

carefrance.org Crowdfunding, le nouvel eldorado ?

Generation en action Le Crowdfunding : soutenir un projet, pas une institution

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Aujourd'hui, cette tendance commence à toucher les associations. Pour les plus petites structures, ce système permet vraiment de réaliser des projets de grande envergure à leur échelle. N'ayant pas les moyens de faire de la communication en affichage ou à la télévision, le crowdfunding, s'il est bien relayé sur les réseaux sociaux et le site internet, peut être un outil d'une très grande importance. Durant mon interview avec Mathieu Grapeloup, celui-ci m'a appris que sa plus grande réussite a été une collecte de fond via le crowdfunding dans le but de réaliser des serres bioclimatiques en Mongolie. Ils sont parvenus à récolter plus que nécessaire. Ayant participé à cette collecte, j'ai reçu un mail de remerciement où l'on me détaillait à nouveau ce qu'ils allaient faire de cet argent. Je me suis sentie fière de ce succès car lorsque l'on donne, personne n'est certain de la réussite de la collecte. Si l'objectif n'est pas

atteint, nous sommes tous remboursés et le projet ne peut se faire.

Mais les grandes ONG tels que MSF ou ACF auraient tort de penser que ces plateformes ne les concernent pas. En effet, si ces institutions parviennent à faire évoluer leur modèle qui se fait vieillissant, ils pourraient alors comprendre l'intérêt de l'utiliser. Les dons réguliers sont bien

entendus nécessaires et ne doivent pas disparaître. Le crowdfunding doit être un complément de ces dons pour des projets bien précis telles que des situations d'urgences ou la construction de bâtiments et autres infrastructures.

Par exemple, Action Contre la Faim m'a appelée aujourd'hui pour me demander d'augmenter mon don régulier car ils ont besoin d'argent pour réagir face au séisme du Népal. Je ne pouvais

malheureusement pas me le permettre et il a pourtant insisté. D'une part je trouve cela désagréable d'insister alors que nous sommes déjà donateurs réguliers à hauteur de nos moyens. D'autre part je ne peux m'empêcher de lier cette demande à une « arnaque » dans le sens où, pour une mission bien spécifique, on me demande d'augmenter mon don mensuel. Si l'on m'avait demandé un don ponctuel, peut-être aurais-je réfléchis plus longuement. Et il est certain que si l'on m'avait envoyé un lien pour du crowdfunding je me serai renseignée sur les besoins spécifiques liés au drame et me serait sentie plus concernée au point d'être amené au don.

Le crowdfunding n'est pas une alternative pour éviter les média de masse par souci

d'économie. C'est un outil complémentaire au don régulier pour réaliser ensemble de grands projets, et qui lutte à sa manière contre le charity business car l'association n'est plus tout à fait la seule décisionnaire quant à la sélection et réalisation des missions.

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UN ENGAGEMENT FORT

Le Crowdfunding permet également d'accroître le sentiment d'appartenance auprès des citoyens.

En effet, n'étant pas mensualisé comme peuvent l'être les dons réguliers, et ne donnant que pour un projet spécifique et détaillé, les français ont une meilleure perception de l'importance de leur geste. C'est pourquoi dans une telle configuration, donner 5 euros deux fois dans l'année pour une mission bien précise sera perçu comme un engagement plus fort qu'une mensualisation de 5€ par mois envers une ONG.

Il peut être donc percutant d'utiliser cet outil dans un objectif de fidélisation des donateurs.

En utilisant le crowdfunding pour différentes missions plusieurs fois dans l'année, cela permet d'avoir un double retour.

Tout d'abord, les donateurs réguliers pourront procéder à un don ponctuel, et par ce geste se sentiront d'autant plus proches et engagés auprès de l'association. Il y aura alors peu de chances qu'ils quittent l'organisme.

D»autre part, le crowdfunding est ouvert au public. En partageant au maximum le projet en cours, cela permet d'accroître la visibilité de l'association. Chaque nouveau don ponctuel peut devenir un don mensuel si l'institution parvient à profiter de cette visibilité et de cet intérêt pour l'étendre à la mission globale de l'ONG.

Le dernier point permettant de fidéliser les donateurs sont les contreparties proposées. Pas ou peu couteuses pour l'organisme initiateur du projet, elles permettent d'offrir un signe de reconnaissance envers l'internaute qui vient d'offrir de l'argent; Cela peut aller d'un email de remerciements à des photographies tout au long du projet. Toujours en dessous de la valeur offerte, ces contreparties deviennent des souvenirs et rappelle aux yeux du donateur son engagement auprès de l'association.

Il serait intéressant de développer cela pour les membres les plus fidèles. Ainsi même ceux qui donnent la modique somme de 5€ par projet mais plusieurs fois dans l'année, sera récompensé pour sa fidélité et son engagement.

L'engagement est un élément important pour la fidélisation des donateurs. Grâce au crowdfunding, les associations pourront à la fois toucher de nouvelles cibles, et à la fois fidéliser ses actuels donateurs. Toujours en complément des dons réguliers, cet outil est une grande opportunité pour toute association souhaitant accroître son budget pour ses projets humanitaires.

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Conclusion

Dans une société en crise comme l'est actuellement la France, nous avons pu voir que le comportement des citoyens a changé en conséquence. La génération Y s'inquiète pour son avenir devant une montée continue du chômage. Leur besoin de sécurité n'étant pas assouvi, les citoyens ne peuvent monter dans la pyramide de Maslow. Dans cette configuration, il est compliqué de leur demander d'aider leur prochain au travers des ONG humanitaires.

Ces dernières sont dans l'obligation de s'adapter à l'évolution de ces comportements. Devant une cible de plus en plus apathique, soumis quotidiennement aux drames lors des infos, les techniques de communication actuelles d'une majorité d'associations humanitaires ne sont plus efficaces. Le schéma culpabilisant ne fonctionne plus, ayant même parfois l'effet contraire à celui escompté.

Au travers de mes études et recherches pour ce mémoire, j'ai ainsi pu dégager trois insights principaux pour les donateurs : ils souhaitent avoir plus d'informations concrètes, et se sentir plus engagés auprès de l'association. Enfin il est également important qu'ils aient confiance et sachent où va leur argent.

C'est pourquoi la démocratisation du Fundraising me semblait le plus judicieux comme préconisation. Cette dernière permet de répondre aux trois objectifs formulés par les donateurs potentiels ainsi que les professionnels : objectivité, engagement et confiance.

Cependant, en prenant en compte l'hyper-connectivité de la génération Y, un outil me semble indispensable pour compléter cette démocratisation : le crowdfunding. Nouvelle tendance reprenant de nombreux codes du fundraising, elle permet de concrétiser de nombreuses missions. En complément des dons réguliers, ces projets permettent une fidélisation du donateurs, ainsi que de répondre aux trois objectifs cités ci-dessus.

Ce mémoire fut très enrichissant pour ma culture sur les associations humanitaires. Deux livres parmi les trois lus ont été particulièrement marquants : « la communication des ONG humanitaires » par Pascal Dauvin et «Les médias et l'humanitaire » de Rony Brauman et René Jackmann.25

J'ai découvert un nouveau visage des associations. Pas toujours glorieux, il semble que les médias ont été prépondérants dans les succès de certaines associations et surtout certaines missions. J'ai été choquée par certaines révélations de manipulation de la part des médias, en mettant les associations dans des situations délicates sans même le savoir.

Cependant, mon envie de travailler dans le domaine associatif ne s'est pas tari, bien au contraire. Bien que je ne pense pas intégrer une ONG humanitaire dès le début de ma carrière professionnel, cette étude m'encourage à atteindre cet objectif.

42

25

Cf Annexe 5 & 6 p 17 et 20 : fiches de lecture

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Bibliographie

Sites internet :

http://www.ritimo.org/article4541.html

http://www.larousse.fr/encyclopedie/divers/organisation non gouvernementale ONG/75270

http://www.youphil.com/fr/article/07574-dix-plus-grandes-associations-de-france-budget?

np=0&ypcli=ano

http://www.croix-rouge.fr

http://www.actioncontrelafaim.org

http://msf.fr/

http://www.medecinsdumonde.org

http://www.secours-catholique.org

https://www.secourspopulaire.fr

http://www.fundraisers.fr

Livres

Marketing & Communication des associations - Karine Gallopel-Morvan La communication des ONG humanitaires - Pascal Dauvin

Les médias et l'humanitaire, éthique de l'information ou charité spectacle - Rony Brauman et René Bakmann

Articles www.lemonde.fr www.lefigaro.fr www.liberation.fr






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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon