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Impact économique du changement climatique sur l'agriculture au Bénin.

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par Fabrice AGOSSOU
Université d'Abomey-Calavi - Maîtrise 2012
  

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2/ Inefficacité du marché concernant les externalités

L'analyse des externalités a été notamment menée par Cecil Pigou dès 1932.une externalité désigne une situation où les activités d'un (ou de plusieurs) agent(s) économique(s) ont des conséquences sur le bien-être (au sens large) d'autres agents, sans qu'il y ait des échanges ou des transactions entre eux. Lorsque ces conséquences sont bénéfiques, on dit que l'externalité est positive ; elle est négative dans le cas contraire (Guerrien, 2005). Pigou (1932) cité par Faucheux et al (1995) définit pour la première fois l'externalité comme un défaut de marché entre les fonctions d'utilité individuelles. Il insiste sur le caractère hors marché de l'effet : « l'essence du phénomène est qu'une personne A en même temps qu'elle fournit à une autre personne B un service déterminé pour lequel elle reçoit un paiement, procure par la même occasion des avantages ou des inconvénients d'une nature tel qu'un paiement ne puisse être imposé à ceux qui en bénéficient ni une compensation prélevée au profit de ceux qui en souffrent ». Une illustration donnée par Pigou (1932) est l'exemple des incendies de forets provoqués par les locomotives à vapeur. Le passage des trains est profitable aux voyageurs et aux compagnies, mais les escarbilles peuvent mettre le feu aux parcelles boisées le long des lignes et entrainer ainsi un sinistre préjudiciable aux propriétaires forestiers, acteurs qui ne participent pas à l'échange du service ferroviaire. Pour Pigou (1932) l'économie ou la déséconomie externe est analysée en termes de divergence entre coût privé et coût social. Quand le produit social d'une activité est supérieur au produit privé de cette activité, se manifeste une externalité positive ou d'économie externe. Quand le coût social lié à une activité est supérieur au coût privé supporté par cette activité, se manifeste une externalité négative ou déséconomie externe. Il est clair qu'en matière d'économie de l'environnement ce sont les effets externes négatifs qui permettent de représenter les phénomènes de nuisance et de pollution. L'externalité environnementale négative désigne les situations de pollution, d'altération de ressources naturelles, de destruction de paysages, de perte en biodiversité, de nuisances environnementales diverses..., dès lors que les situations en question affectent le bien-être d'individus, et sans que cette perte de bien soit compensée au travers d'un mécanisme marchand.

Les différentes solutions aux externalités

Les pouvoirs publics peuvent intervenir de deux façons différentes. Pour bien le comprendre, nous allons prendre l'exemple d'une usine qui génère des nuisances de bruit importantes qui gêne le voisinage.

· La méthode autoritaire

L'Etat peut décider de décréter un seuil maximal de bruit à ne pas dépasser. Ainsi le problème de ces externalités est réglé. En revanche, un tel règlement peut poser des problèmes rédhibitoires aux entreprises qui, de par leur activité sont obligées de dépasser le niveau sonore et risque d'entrainer l'abandon de ces activités. Par ailleurs, les réglementations ne résolvent pas le problème posé par les externalités positives. La solution autoritaire ne permet donc pas de se rapprocher de l'optimum et encore moins de l'atteindre.

· Les taxes et subventions Pigouviennes

Plutôt que d'exiger ou d'interdire, l'Etat peut intervenir de façon que le calcul rationne des agents économiques intègrent les externalités. Il faut pour cela faire en sorte que le coût privé qui entre dans le calcul des agents soit le même que le vrai coût de l'activité (coût social) grâce à la mise en oeuvre de taxes dans le cas d'externalités négatives et de subvention dans le cas d'externalités positives. Ainsi l'usine qui génère des nuisances de bruit importantes se verra dans l'obligation de payer un impôt qu'elle intègrera dans son calcul de coût. Le coût marginal augmentant du fait des taxes, l'entreprise réduira sa production (et par conséquent sa nuisance).

B/ Les instruments de politique climatique et leur efficacité

Revenons aux instruments de la politique climatique. Ils sont de deux types : les instruments réglementaires, comme par exemple les normes en matière d'habitat imposées par les lois Grenelle en France, et les instruments économiques que sont les taxes et les marchés de permis d'émissions négociables, et leurs variantes (par exemple, marché de permis avec prix plafond ou prix plancher). Les normes contraignent alors que les taxes et marchés de permis incitent à réduire les émissions de GES. Ils y parviennent en donnant un prix à un bien qui auparavant n'en avait pas : le carbone émis dans l'atmosphère. Ce faisant, ils incitent bien les émetteurs à réduire leurs émissions, tant que le prix des émissions, c'est-à-dire la taxe ou le prix des permis, est plus élevé que l'avantage économique qu'elles leur procurent. Par opposition, les normes ont ceci de sympathiquement trompeur que le coût qu'elles font peser sur ceux qui doivent les appliquer (en quelque sorte le prix des émissions) est caché, du moins au premier abord. Ces arguments incitent à considérer les normes avec précaution. Pour la plupart des économistes, elles sont de bons instruments dans quelques situations particulières, mais, en règle générale, les instruments incitatifs sont préférables, car ils sont plus efficaces au sens où ils permettent d'atteindre une réduction d'émissions donnée à moindre coût.

La taxe donne directement un prix aux émissions. Le marché de permis leur donne un prix de façon indirecte, puisque ce prix résulte de l'équilibre du marché et est ainsi le reflet de la quantité totale de permis d'émissions mis sur le marché. En théorie, ces deux méthodes pour donner un prix aux émissions sont équivalentes quand l'information du régulateur est parfaite, ce qui lui permet de calibrer de façon appropriée les instruments, et que divers coûts sont négligés. En réalité, l'information n'est pas parfaite et les coûts que néglige volontiers la théorie peuvent être très importants.

Par définition, le marché de permis permet de contrôler avec certitude le niveau total d'émissions, alors que la taxe permet de contrôler le coût d'une réduction des émissions. Quand l'information est imparfaite, on préfèrera un marché de permis s'il est important de contrôler avec précision les émissions, ce qui est le cas quand le dommage marginal augmente très rapidement avec le niveau d'émission. Si en revanche il semble plus important de ne pas encourir des coûts de réduction des émissions trop élevés par rapport aux dommages évités, ce qui est le cas quand le coût marginal de la réduction des émissions augmente très rapidement avec le niveau de réduction des émissions, l'avantage sera à la taxe. Les études empiriques disponibles suggèrent qu'en ce qui concerne le changement climatique on serait plutôt dans le second cas, ce qui donne un avantage à la taxe. Cependant, quand l'objectif est un niveau de concentration à ne pas dépasser, l'avantage du marché de permis est de pouvoir contrôler les émissions de manière beaucoup plus précise.

Quant aux coûts que la théorie néglige souvent, ce sont d'abord les coûts administratifs. Quel est l'instrument le plus coûteux à mettre en place concrètement ? Probablement le marché de permis, car les gouvernements ont une grande expérience dans le prélèvement de taxes et possèdent déjà les structures administratives appropriées. Ce sont ensuite les coûts induits par le marchandage politique. Les lobbys cherchent à obtenir à la fois un plafond d'émissions élevé et une allocation de permis gratuite dans le cas du marché de permis, des exemptions partielles ou totales dans le cas d'une taxe. Quel est l'instrument qui se prête le plus facilement au jeu des lobbys ? La réponse n'est pas simple, mais l'expérience montre que les lobbys savent s'adapter aux deux instruments. Enfin, un coût potentiellement très important est le coût de la volatilité du prix des permis. Cette volatilité est néfaste car elle induit un brouillage du signal-prix transmis à l'économie, ce qui évidemment n'est pas favorable à la bonne orientation des choix d'investissement de long terme et de la recherche.

Ces choix d'investissement sont, des déterminants pour le long terme. Les instruments de la politique climatique doivent permettre d'infléchir les comportements des agents dans le sens de la diminution des émissions de carbone, mais ils doivent également orienter la recherche et l'innovation dans la bonne direction, celle du développement des énergies non carbonées et des technologies et produits verts. Sur ce point, la théorie ne permet pas de dégager un avantage absolu à l'un des deux instruments, taxe ou marché de permis.

Les économistes ont beaucoup écrit sur ces sujets, depuis longtemps. Mais peut-être se sont-ils trop focalisés sur l'efficacité des instruments et leur pouvoir incitatif, alors que les faits montrent de façon indiscutable que la mise en place d'une politique crédible de lutte contre le changement climatique achoppe sur une question de distribution des efforts, que se soit au niveau mondial ou au niveau national.

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"Soit réservé sans ostentation pour éviter de t'attirer l'incompréhension haineuse des ignorants"   Pythagore