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Terrorisme et géopolitique en Afrique. Sens et contresens.

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par Sékou COULIBALY
Alassane Ouattara de Côte dà¢â‚¬â„¢Ivoire - Master 2015
  

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2. Terrorisme en Afrique, une guerre de civilisations ?

La philosophie antique représente, avec le judéo-christianisme, le socle majeur sur lequel s'est formée la civilisation occidentale moderne. Dire cela, c'est avant tout,intuitionner la différence de taille qui existe entre un Occident "civilisé" et une Afrique traditionnellement animiste. Car, dans une approche historique, on aperçoit, en général, une terre africaine neutre, sans religion sinon fétichiste et animiste parce que « sans civilisation »118(*). La colonisation apparait pour ainsi dire comme le lieu de civilisation des peuples africains avec pour corollaire, l'adoption brusque du mode de vie occidental au désarroi des cultures endogènes et des croyances antérieures au christianisme en Afrique, notamment l'Islam. Du coup, s'opère une lutte pour la conversion ou la reconversion des peuples africains en des croyances exogènes qui tendent à troubler l'ordre social. La civilisation occidentale, ayant pour crédo la liberté de l'individu, semble ne pas s'accommoder avec la morale sociale préétablie et basée, dans la majorité des cas sur les espaces africains, sur le collectivisme.

Dès lors, les libertés individuelles, dans leurs désaccords avec les normes sociales, se présentent comme le point d'encrage d'une guerre entre civilisations occidentales et certaines valeurs africaines à inspiration diverse. Ainsi, « l'acteur terroriste aurait tenté alors de devenir le catalyseur d'un mouvement social ayant pour vecteur le vocabulaire du jihad contre les impies qui avaient envahi la terre d'islam et y massacraient les musulmans »119(*). On assiste, pour ainsi dire, à « la résurgence d'un fanatisme médiéval »120(*) qui prend en solidarité le peuple musulman en le dressant contre toute autre valeur. C'est le début de la nouvelle forme de guerre liée à la civilisation en Afrique. (Nous reconnaissons cependant, que la guerre entre civilisations ne date pas d'aujourd'hui même si nous reconnaissons qu'elle a pris une tout autre allure aujourd'hui. Ce qui nous importe, c'est le rapport du terrorisme aux civilisations en Afrique aujourd'hui).

On pourra alors justifier la montée vertigineuse de mouvements terroristes tels que Boko haram, AQMI, par la tendance des civilisations à ne pouvoir s'accommoder, à coexister. C'est au fond, la manifestation de la tendance de chacune de ses cultures à s'imposer comme universelle. C'est cette triste réalité que décrit Gilles Kepel dans son Jihad, lorsqu'il écrit, parlant de la transmission des images sur le terrorisme dans les médias,

 ...où l'on aperçoit immanquablement des barbus enturbannés brûlant des drapeaux américains et brandissant des portraits de Ben Laden, par-delà les groupes paramilitaires nés en leur sein, spécialisés dans le massacre... leur capacité de mobilisation de masse fait question dans [le continent africain] épuisé par les luttes internes et dont la cohésion même résisterait difficilement à une nouvelle fuite en avant dans le radicalisme religieux121(*).

Ce passage fait l'évaluation des rapports de forces entre l'impérialisme américain et le mode de vie d'un monde arabo-musulman tenace. Dans une telle perspective, le terrorisme en Afrique doit-être évalué sous l'angle d'un rapport de force entre pays "civilisés" en quête d'alliés.

De ce point le vue, Boko haram, par exemple, s'affilant à l'État Islamique, peut paraitre comme la forme islamisée de la riposte à une relation antérieure qui a prévalue entre « nègres » et colonisateurs ou entre « barbares » et « missionnaires ». À en croire le contenu du code noir se présentant comme la lettre de noblesse de la mission civilisatrice, une telle lecture des rapports peut prendre son sens. En voici un extrait :

Tous les esclaves, qui seront dans nos îles, seront baptisés et instruits dans la religion Catholique, Apostolique et Romaine... Interdisons tout exercice public, d'autre religion que celui de la religion C. A. et R. ; voulons que les contrevenants soient punis comme rebelles, et désobéissants à nos commandements ; défendons toutes assemblées pour cet effet, lesquelles nous déclarons conventicules, illicites, séditieuses, sujettes à la même peine, qui aura lieu même contre les maîtres qui les permettront, ou souffriront à l'égard de leurs esclaves122(*).

Et comme pour conclure, on peut lire ce qui suit : « et afin que ce soit chose ferme et stable à toujours, nous y avons fait mettre notre scel (sceau). » On peut alors croire à la persistance de ce type de rapport « esclaves-maîtres » à travers l'impérialisme et la mainmise occidentale dans les affaires africaines que des groupes dits « rebelles » ou « terroristes » contestent sous la houlette d'un islamisme radical aujourd'hui encore. Le terrorisme, sans prétendre limiter sa finalité à des volontés impérialistes, peut, tout de même, se comprendre à travers la fermeté de chacune des civilisations judéo-chrétiennes et musulmanes à s'imposer au reste du monde.

S'il est vrai « Que celui donc qui veut qu'il devienne croyant et celui qui veut qu'il devienne mécréant » (18 : 29), ou qu'il n'y a : « Nulle contrainte en la religion. La droiture a été distincte de l'égarement » (2 : 256), la lutte pour la reconnaissance, tant chez les civilisations arabes que judéo-chrétiennes, n'a nullement de fondement religieux sinon qu'elle est idéologique ; l'idéologie comprise dans son sens le plus péjoratif possible.

À moins qu'on admette que civilisation arabo-musulmane est égale à l'Islam et que la civilisation occidentale est synonyme du Christianisme, la guerre entre civilisations n'implique guère celle des religions. C'est justement cette confusion que déplore ZeinabAbdelaziz lorsqu'elle écrit,

les orientalistes, en général, leur oeuvre allant de pair avec le colonialisme et les missionnaires, s'ingénient à avilir l'Islam, quitte à avoir recours à la calomnie sans vergogne et à la falsification pour l'implantation de leurs planifications d'acculturation ; les auteurs occidentaux, dans la grande majorité, ont cédé le pas au fanatisme ecclésial, dans un rythme frénétique, qui va s'accélérant, depuis le début de l'expansion islamique jusqu'à nos jours, car vraiment peu nombreux sont ceux qui usèrent d'impartialité ou de bienveillance ; les auteurs arabes ou musulmans, prenant la contre-offensive, surchargent leurs textes d'émotivité, de détails et de parenthèses123(*).

C'est dire, à la suite de Zeinab Abdelaziz,que les occidentaux, d'une part, sous l'emprise de leur conviction religieuse et faisant l'éloge du christianisme, rendent abjecte la religion ou la civilisation islamique. D'autre part, des défenseurs de la civilisation musulmane travaillent à détruire ces thèses qui tendent à s'imposer comme vérité absolue.

Or, le débat, selon Zeinab, est ailleurs. Il s'agit d'appréhender le terrorisme sous l'angle d'une hégémonie les rapports entre les Nations et non entre les religions. Cela ne revient-il pas à concevoir le terrorisme comme une affaire politique, un phénomène socialen attente de résolutions politiques adéquates ? S'il est difficile de trouver au terrorisme, un fondement universel, n'est-il pas, tout de même, envisageable d'indiquer des stratégies de lutte contre ce phénomène ?

* 118 Faisant allusion à Hegel.

* 119 Gilles KEPEL, op. cit., p. 18.

* 120Idem, p.19.

* 121 Gilles KEPEL, op.cit.,Paris, Gallimard, 2003,p. 16.

* 122 Le Code Noir des Colbert (mars 1685) - http://perso.wanadoo.fr/yekrik.yekrak/-, Art 2 et suivant. Consulté le 12 décembre 2012 à 7 h 40 minutes GMT.

* 123Zeinab ABDELAZIZ, « Aperçus sur : l'Islam, le Qur'an, le jihâd, le terrorisme », in http://www.way-to-allah.com, consulté le01 août 2015 à 22 h 27 min.

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