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Terrorisme et géopolitique en Afrique. Sens et contresens.

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par Sékou COULIBALY
Alassane Ouattara de Côte dà¢â‚¬â„¢Ivoire - Master 2015
  

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II. Vers une éthique de la diversité comme gage de développement durable

L'éthique de la diversité est le lieu d'expression ou de légitimation des différences entre individus de différents bords. Elle fait allusion à l'homme dans ses dimensions anthropologique et cosmopolite. En tant que citoyen du monde, l'éthique de la diversité fera comprendre à l'homme « qu'il est la source des problèmes qui le tourmentent mais qu'il est aussi la solution »143(*) à son problème. C'est donc faire appel à l'homme en tant qu'être libre de ses agis et de ses croyances, à situer sa responsabilité dans ce qui lui arrive et le mettre face à son devenir.

L'éthique de la diversité se présente, pour le signifier autrement, comme une éthique de la cohabitation, du vivre-ensemble. Puisque « le respect de la diversité des cultures est un préalable nécessaire à la compréhension et à la solidarité entre les peuples »144(*).

Cependant, l'éthique de la diversité implique-t-elle nécessairement le développement ? En quoi serait-elle efficace dans la lutte contre le terrorisme en Afrique ?

Il est évident qu'en Afrique, le terrorisme, dans son rapport à la géopolitique, s'enracine dans les rivalités politiques qui, elles aussi, s'inscrivent dans une dynamique de dérives identitaires. L'identité, elle-même, obéissant à des normes, à des idéologies, on assiste dès lorsàdes conflits entre règles ou morales particulières, toutes se croyant originales. Dans une telle atmosphère, l'éthique de la diversité se présente comme l'instance de régulation des différends.

 C'est pourquoi, soutient Samba Diakité, l'Afrique doit changer en opérant une critique sans complaisance de sa culture, en changeant ses institutions pour réaliser ses nouvelles aspirations (...). Il faut, poursuit-il, désormais, que survienne une transformation profonde des structures de la vie culturelle, politique et sociale145(*).

Cela implique la présence de personnes ayant la capacité d'une réévaluation des modes de penser, des manières de vivre et d'agir au sein d'une même sphère géographique. Cela contribuera au mieux, à l'étouffement ou à l'abolissement de ce que nous convenons d'appeler à la suite de Samba Diakité, la « stagnation dans les cercles de l'enfer »146(*). Puisque toute société est amenée à évoluer, cette évolution ne doit laisser en marge les normes préétablies. C'est justement à cela que l'éthique de la diversité travaille. Elle stipule que « Larecherche et la défense de la plénitude d'une identité ne doivent guère mener à mépriser ou à nier l'identité de l'autre. Revendiquer son identité ou la valoriser, c'est reconnaitre en substance, sans le dire vraiment, l'identité de l'autre et s'obliger à l'accepter comme telle »147(*).

Autrement, l'éthique de la diversité, comme gage d'une harmonie sociale qui garantisse la paix sociale, préconise un cadre d'affirmation, de revalorisation des identités, sans heurt, puisque, selon Diakité, toute culture désireuse de s'affirmer admet l'idée de pluralisme culturel ou du moins, la sonde. La reconnaissance de l'autre s'avère du coup un impératif dans la constitution d'une société en quête de stabilité ou en fuite de phénomènes tels le terrorisme. L'éthique de la diversité implique du coup, celle du pluralisme culturel qui est au fondement des crises ou guerres civiles en Afrique.

Or, comme nous l'avons indiqué en large dans les paragraphes précédents, le terrorisme en Afrique, en tant que faits politiques et idéologiques se nourrissant des imbroglios ou désagrégations identitaires, peut se résoudre par cette éthique de la diversité que nous décrivons le long de ce passage. S'il est d'une évidence que le terrorisme en Afrique résulte d'un déficit langagier à résoudre les différends, la question reste alors de savoir si une éthique de la diversité, si la gestion du problème lié aupluralisme sont une condition suffisante pour le maintien de la paix et donc, du développement tant attendu de l'Afrique. Sans détour, cela apparait évident.

Car, les innombrables crises ou guerres en Afrique, qu'elles soient d'origine identitaire, politique ou idéologique, rétrogradent ces sociétés et transforment leurs luttes en une quête de la survie ou d'autosuffisance alimentaire.S'il en est ainsi, éthiciser les pratiques culturelles par, notamment, la promotion de la diversité apparait comme une solution médiane (et non jamais suffisante) à la restauration d'un nouvel ordre social basé sur la représentativité, sur la solidarité entre identités et sur la tolérance qui conduisent inéluctablement à une paix sociale. Aussi, éthiciser, c'est accepter de bâtir une société pluraliste féconde en droit et qui favorise un cadre d'échanges consensuels.

Toutefois, il faut éviter d'avoir une société pluraliste dépourvue de toute norme sociale. Car, une telle société ressemble (rait) à une société amorphe, hybride. Le pluralisme va donc avec la sacralité, la normativité. Il s'agit de donner au pluralisme une légitimation charismatique fondée sur des normes, sur des valeurs africaines comme le règlement des conflits par la palabre, l'éducation de base, les initiations, le respect scrupuleux de soi et de l'autre, le respect de sa signature (orale ou écrite) ou de ses engagements. Les différences culturelles deviennent, dès lors, pour pasticher Samba Diakité, des réalités indéniables qui, au lieu de nous diviser, nous rassemblent, dans certains cas, nous évitent des conflits. Il nous importe alors « de reconnaitre nos propres différences, notre authenticité et notre originalité. [Mais au-delà], il importe plus de reconnaitre celles de l'autre et de chercher à les comprendre »148(*).

Dans une approche de diversité culturelle, de pluralisme, « la différence doit devenir une valeur qui nous particularise plutôt que de nous diviser. Elle nous permet de voir l'originalité de l'autre à travers le prisme de notre originalité. Cela entraine une ouverture envers l'autre »149(*). Il s'agit là de la constitution ou de la codification de l'identité en termes d'élément du post-nationalisme qui intègre pluralité culturelle et cohésion sociale.

* 143 Samba DIAKITÉ, Politiques africaines et identités, Des liaisons dangereuses, op.cit. p. 103.

* 144 Guy Adjété KOUASSIGNAN, Afrique : révolution ou diversité des possibles, Paris, l'Harmattan, 1985, p.5.

* 145 Samba DIAKITÉ, Identités et reconnaissance, l'Afrique en sursis, Québec, Différence Pérenne, 2014, pp. 45-46.

* 146Idem, 4ème de couverture.

* 147 Samba DIAKITÉ, Identités et reconnaissance, l'Afrique en sursis, op. cit., p. 48.

* 148 Samba DIAKITÉ, Politiques africaines et identités, Des liaisons dangereuses, op.cit., p. 109.

* 149Idem.

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