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La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires. Du côté de la réception.

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par Perrine Villien
Université Jean Monnet de Saint-Etienne - Licence 2014
  

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    Perrine Villien Mémoire

    Licence 3

    Information Communication Option Journalisme

    « La mise en scène de la sexualité
    dans les spots publicitaires alimentaires :
    du côté de la réception. »

    Avril 2014

    Université Jean Monnet Saint-Etienne

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    REMERCIEMENTS

    Je tiens sincèrement à remercier Charline Bohler, Cédric Ravel, Alice Hubert, Thibaut Ferraro, Chantal Grange, Christophe Delord, Isabelle Torre et Eric Barriol - pour le temps précieux qu'ils m'ont accordé pour un entretien - ainsi que toutes les personnes qui ont répondu à mon questionnaire en ligne.

    Je tiens tout particulièrement à remercier Laetitia Biscarrat, tutrice de mémoire, pour ses nombreuses directives, l'attention portée au sujet, ses remarques pertinentes quant à mon avancée, me confortant dans les étapes de mon étude.

    Je tiens également à remercier Marielle Toulze-Nivet, pour les connaissances transmises sur le sujet ainsi que les Master 2 In-Co-Nu, pour les observations apportées, complétant l'analyse de mon corpus publicitaire.

    Enfin, je tiens à remercier mon entourage très proche pour leur patience, pour leur capacité à supporter mes quelques sautes d'humeur, mes nombreux doutes, mes lamentations... et la monopolisation de trois places du canapé familial pour éparpiller bouquins, papiers, stylos, post' it, etc. !

    Mention toute particulière à mes parents pour la relecture, les encouragements et tous les repas pour lesquels j'ai passé les pieds sous la table !

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    RESUME

    Séduire le potentiel consommateur, tel est le but des annonceurs et par conséquent des publicitaires. Tout est prétexte à frapper l'oeil du téléspectateur, même la mise en scène de la sexualité, quitte à dépasser les frontières du politiquement correct. L'érotisation permanente des spots publicitaires, permet de vendre tout et n'importe quoi, comme des produits alimentaires. Sexualité et nourriture ont de forts atomes crochus, notamment pour ce qui est des émotions. La perception de ces connotations sexuelles est-elle la même d'un individu à l'autre ? Non ! Chaque personne prend conscience de l'exposition suggestive des corps, dans la publicité, suivant son vécu, ses origines, ses valeurs, son âge et son genre.

    Cette étude est une comparaison des réactions de deux générations distinctes (18/25 ans et 35/45 ans), tant émotionnelles que comportementales, vis-à-vis de ce registre de pubs, qui, par conséquent soulève d'autres rapports sociaux. Enfin, l'analyse permet de s'interroger sur l'influence de la publicité sur la société et sur l'instauration d'un « publicitairement correct », transgressant parfois les codes déontologiques de la publicité.

    Charm the consumer potential, is the aim of advertisers and therefore publicists. Everything is a pretext to strike the eye of the viewer, even the staging of the sexuality, at the risk of beyond the boundaries of political correctness. Permanent eroticism of commercials allows selling everything and anything, as food. Sexuality is on the same wavelength as food in regards to emotions. Perception of these sexual connotations is it the same from one person to another? Not! Everyone becomes aware of the suggestive body exposure, in advertising, following his experience, its origins, his values, age and gender.

    This study is a comparison of reactions, both emotional and behavioral, between two different generations (18/25 and 35/45 years) and thus it raises other social relations. Finally, the analysis shows questions about influence of advertisement on society and on the establishment «publicity correctness» which sometimes infringes ethical codes of advertising.

    MOTS CLES

    Mémoire Universitaire / Publicité / Sexualité / Réception / Evolution de la société / Génération / Genre.

    University's dissertation / Advertising / Sexuality / Reception / Evolution of society / Generation / Gender.

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

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    SOMMAIRE

    Introduction

    PARTIE I : La publicité, un élément à part entière de notre société

    Chapitre 1 : Etats des lieux de la publicité

    A) La publicité à partir des années 70

    Une société de consommation et de loisirs

    Mai 68 et son impact sur la publicité

    Jouir de tout, tout de suite

    Deux empires dominent la société

    Les années 90, les années du porno chic

    L'affiche du retour à une publicité plus respective ?

    B) Les enjeux majeurs de la publicité

    Les enjeux de base : des enjeux sociaux-culturels Un peu de déontologie

    Et en termes d'économie ?

    Chapitre 2 : De l'innovation aux clichés : création d'une publicité

    A) La création d'une publicité : l'aventure de nombreux acteurs

    Les principaux objectifs d'une publicité

    La publicité comme outil de communication : la rencontre entre

    plusieurs acteurs

    Les étapes de la création

    La cible, fil rouge de la création

    Et si l'on testait ?

    B) Toujours plus se démarquer : entre conformisme et innovation

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    Rassurer des populations via une publicité conformiste de valeurs La part belle laissée à l'innovation, à la créativité.

    Innovation ou transgression des codes

    PARTIE II : La réception, témoin de l'efficacité du message

    Chapitre 3 : Sexe et aliment, un mariage de longue date

    A) La sexualité : un facteur de stimulation de l'émotion L'érotisation de la publicité réveille les fantasmes Deux types de mise en scène

    La musique et les slogans, facteurs clés

    B) Un transfert de plaisir... qui pousse à la consommation ?

    Des femmes et des hommes « chauds » dans les publicités

    Quand l'aliment domine le plaisir sexuel Le mythe du péché originel, la tentation Un plaisir solitaire

    Chapitre 4 : La perception de la sexualité : une fracture intergénérationnelle et genrée

    A) Atomes crochus et convergences : une fracture intergénérationnelle.

    Si on vous parle de sexe ?

    Un miroir réflexible de la société ?

    Un pouvoir sur la consommation ?

    Et au niveau de l'intimité ?

    B) Au-delà de la génération, le genre

    Des attentes générationnelles certes, mais genrées Des émotions spécifiques à chacun

    L'exposition des corps présente des divergences Reflet de la société et pouvoir des publicitaires

    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

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    PARTIE III : Evolution de la société et conséquences pour les nouvelles générations

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    Chapitre 5 : Evolution de la société et conséquences en termes de publicité

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    Une évolution des moeurs ?

    La révolution sexuelle à la veille des années 70

    La contraception et l'avortement

    1985 : Le Sida

    L'évolution des moeurs constatée par les consommateurs

    Le cadre fictionnel

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    On se lasse du sexe ? Nouvelle vague novatrice et créatrice

    Le recours à l'humour

    Des comiques de situation qui nous parlent

    Un moyen de parler de tabous sans choquer

    Le plaisir de l'image, la recherche de la subtilité

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    Chapitre 6 : Médias, publicitaires, consommateurs : une triangulaire consubstantielle

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    La place du consommateur entre médias et publicités

    Médias et publicités : une consubstantialité Le choix du média : la cible dans l'objectif La crédibilité des médias

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    Vers un monde sans publicité : une utopie ? La vision des plus âgés

    Une autre perception chez les jeunes

    Des vices exposés

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    Conclusion

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    Annexes 117

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    INTRODUCTION

    Le vaste monde de la publicité que nous offrent les supports médiatiques et notamment la télévision, m'a toujours intriguée. Entre attirance, fascination, voire scepticisme, les scénarios, les mises en scène diverses et variées s'enchainent sur le petit écran. Si l'abondance de publicité reste assez impressionnante, dès lors que l'on y porte un peu attention, son contenu n'en est pas moins interpelant.

    Tout consommateur « classique », ou du moins spectateur de ces brefs spots de quelques secondes, s'est un jour intéressé de plus près à leur fond. On se rend rapidement compte que, si la diffusion conséquente de publicités à caractères sexuels depuis les années 90, s'est atténuée, de nombreux spots sont, aujourd'hui encore, très érotisés.

    Je suis donc partie de ces deux grandes sphères que sont « publicité » et « sexualité », me demandant comment je pouvais les articuler et les traiter. C'est de là qu'en a découlé la question de la réception (ce qui facilite l'accès à mon terrain). Enfin, j'ai fini par resserrer mon sujet autour des publicités alimentaires, car il me semble qu'il y a une forte injonction entre produits alimentaires et mise en scène de la sexualité. Mon mémoire a donc pour sujet : La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires, du côté de la réception.

    S'intéresser à la réception signifie étudier les attentes et les réactions des prospects. Pour donner plus d'intérêt à mon étude et peut-être, éviter de tourner en rond, j'ai opté pour une analyse comparative entre deux générations de potentiels consommateurs : les 18/25 ans et les 35/45 ans.

    Je me suis alors basée sur un corpus de cinq publicités s'étendant de 1976 à 2013 et l'ai soumis à huit personnes qui m'ont fait part de leurs réactions et de leurs émotions vis-à-vis du corpus. Les spots mettent tous en scène la sexualité à différents degrés et appartiennent tous à la catégorie des produits alimentaires. De Perrier à Céréales Lion en passant par Caprice des Dieux, Extrême et Ketchup, j'ai misé sur un corpus éclectique, autrement dit, dont les

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    produits sont variés. Le choix, est aléatoire et ne dépend pas de critère spécifique outre le fait que les spots sont français, érotisés et vendent de la nourriture. J'ai sélectionné ces publicités après le visionnage de plusieurs dizaines de spots issus du site web culture pub. Ce qui m'a déterminé dans le choix reste les différences de niveaux d'érotisation des spots, espérant susciter diverses émotions chez le téléspectateur.

    La comparaison m'a semblé judicieuse dans la mesure où la perception des choses, la sensibilité et l'évolution de la société sont des facteurs importants qui ont un rôle à jouer et peuvent être source de différences de réception entre deux générations distinctes. De ces hypothèses sont nées plusieurs réflexions autour du sujet. Notamment, miser sur la sexualisation des publicités est-ce un moyen de modifier les comportements, de conquérir une cible précise ? Y a-t-il derrière tout ça, une dimension plus perverse de manipulation des consommateurs, de « bourrage de crâne » en quelque sorte, d'hégémonie sociale pour les producteurs qui doivent, coûte que coûte, écouler des stocks de marchandises ?

    Sexualité, charme, sensualité, les publicités ne développent pas les scénarios de la même manière, certains parlent plus que d'autres. En effet, la mise en scène de la sexualité, la connotation du sexe masculin (au sens physique du terme) est clairement énoncée (d'où la censure de certains spots). Dans d'autres films en revanche, il est plus difficile de percevoir les connotations sexuelles, le concepteur rédacteur joue davantage sur le message texte par l'insertion de petites phrases narrant l'image, ce qui donne un aspect à la publicité, plus subtil et plus sensuel que sexuel. De ce constat, il serait intéressant de se demander quelle version reste la plus appréciée, mais surtout est-ce la même dont les spectateurs vont se souvenir.

    La publicité influence-t-elle nos comportements en termes de sexualité ? L'utilisation de sex-appeal dans les visuels semblerait, aux premiers abords, innocente. Or, les publicités mêlent souvent sexualité, genre et biens de consommation. Les publicitaires utilisent de telles images pour attirer l'attention du consommateur et le corps y est montré dans son ensemble ou en partie, pour vendre tout et n'importe quoi.

    Une telle ubiquité d'images sexualisées a des implications sur la conscience de soi dans la société et justifie les inquiétudes qui naissent progressivement dans la population. De plus, la publicité est une institution structurante de la société de consommation, puisqu'elle en oriente les valeurs et les attitudes.

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    De ces observations, nous sommes amenés à nous demander si la représentation de la sexualité dans les publicités alimentaires ne dépasse-t-elle pas les limites du politiquement correct dans le simple but d'heurter la conscience des téléspectateurs soucieux qu'ils mémorisent une large palette de pubs pour des produits de toutes sortes, produits qu'on espère qu'ils consommeront. Autrement dit, la mise en scène de la sexualité dans les publicités alimentaires permet-elle de se démarquer des autres à l'heure où le marché est saturé ? Aussi, est-elle un argument de vente viable et efficace pour les annonceurs ? A-t-elle un impact sur les consommateurs et cet impact sera-t-il le même sur une cible étudiante âgée de 18/25 ans que sur une cible de la génération précédente, à savoir celle des 35/45 ans ?

    Pour répondre à ces problématiques, j'ai réparti mon étude sur trois parties. Après une exposition générale de ce qu'est la publicité depuis les années 1970 et de son évolution, j'ai tenté d'en dégager les enjeux majeurs. Dans un second volet, je me suis intéressée à la réception essentiellement, aux attentes et aux réactions des potentiels consommateurs vis-à-vis de la publicité alimentaire, mettant en scène la sexualité. Enfin, une discussion des résultats observés s'est naturellement imposée. Le dernier grand point de mon mémoire est donc, d'une part, une vérification des hypothèses émises en amont de mon étude, d'autre part, il me semblait judicieux de garder un oeil distant à propos des réponses obtenues et de pousser davantage le sujet vers une discussion plus générale sur la publicité et son impact tant sur la société que sur le consommateur.

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    PARTIE I

    LA PUBLICITE, UN ELEMENT A PART ENTIERE DE NOTRE SOCIETE

    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    Chapitre 1 : Etats des lieux de la publicité

    Si l'essor considérable de la publicité ne remonte qu'aux années soixante-dix, il serait faux de nier son existence avant cette date. En effet, dès 1660, le Mercurius Politicus publie, dans une de ses revues, une publicité pour du dentifrice. Il s'agit d'une des premières publicités diffusée dans un périodique. Il faudra attendre un siècle et demi plus tard, en 1836, pour voir apparaître, à l'initiative d'Emile de Girardin, dans le journal La Presse des annonces commerciales dont les recettes permettaient de baisser le prix du journal.

    Le monde de la presse a compris que la publicité restait une source importante de revenu, soulignons qu'en 1896, 37% des revenus du quotidien Le Figaro, correspondent aux recettes réalisées par la publicité. Progressivement, et grâce à la libéralisation de la presse, la publicité va vraiment se développer, puis investir d'autres médias.

    1836, La Presse via Gallica

    http://tpe-publicite-es.e-monsite.com/ 1836, in La Presse

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    Tandis que les affiches voient le jour et se multiplient, la première publicité filmée, vantant les mérites de la Société Ripolin, est projetée en octobre 1898, à Paris, par Michel Mesguisch à l'aide d'une caméra-projecteur.1

    Cinquante et un ans après, la publicité investit les salles de cinéma par le biais du fameux numéro « Balzac 00 01 », à l'initiative de Jean Mineur. Le petit Mineur, représenté par le

    1 FAUCHEUX Michel. Auguste et Louis Lumière. Paris : Gallimard, 2011. 284p.

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    célèbre personnage muni d'une pioche et que nous avons tous déjà vu au moins une fois, fait son apparition sur les écrans dès 1950, lors du générique des réclames, puis des spots publicitaires. Ce personnage est devenu l'icône de la publicité au cinéma. Un seul message dans la pioche qu'il balance : « Avec le cinéma, on met toujours dans le mille. » Une réussite !

    1898, Imprimerie Emile Acker, Paris

    Diffusé sur les écrans de cinéma, dès 1950

    In Les Echos du 22 juillet 2011

    Vient ensuite la radio. Le premier spot d'une longue série de séquences publicitaires diffusé sur les ondes, apparaît vers 1928, deux ans seulement après l'autorisation en France d'effectuer des émissions radio quotidiennes. Aujourd'hui, la publicité investit une grande partie de la programmation du média.

    Petit bond en avant, alors que la publicité est belle et bien ancrée sur les supports papier et radio, elle ne s'impose sur nos écrans domestiques qu'à partir de 1960.

    Le 24 avril 1968, Pierre Cot, partisan de l'introduction de la publicité de marque à l'ORTF, devant l'Assemblée Nationale, s'alarme du fait que la réglementation de l'introduction de la publicité à la télévision échappe au Parlement, traitant au passage Georges Pompidou, d'« habile manoeuvrier ». Il interroge « est-il bon d'introduire la publicité de marque à l'ORTF et qui doit le faire, le parlement ou le gouvernement ? » avant de conclure sur « le respect de la loi et l'institution si vous ne voulez pas vous casser le nez ». Il faut

    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    donc l'introduire avec des garanties, au point de vue de l'état et des téléspectateurs, mais aussi au point de vue des annonceurs » avec qui l'on va passer des contrats, explique-t-il2.

    Huit ans ont suffi pour que toutes les marques aient accès à la publicité télévisuelle...

    A) La publicité à partir des années 70.

    La période des trente glorieuses (1945 à 1973), période de forte croissance économique, dont la France a pu tirer les bénéfices, a joué son rôle dans l'essor de la publicité. Les années 1970 signent son apogée. Le monde de la publicité française est donc étroitement lié au contexte économique du pays, mais également au contexte politique et social.

    Une société de consommation et de loisirs

    Les années 1970, comme nous venons de l'expliquer, correspondent à l'âge d'or de la publicité. Mais, revenons une décennie en arrière : au lendemain de la seconde guerre mondiale, les conditions de vie restent miséreuses pour la plupart des français. Il faudra attendre 1952 pour que l'industrie française se réveille et laisse place, dès 1960, à une société de consommation et de loisirs. Les ménages s'équipent - réfrigérateur, machine à laver, voiture, télévision, puis lave-vaisselle en 1970 et magnétoscope en 1980 - Dach, Omo, Brandt, Bonux, Bosch Philips, Renault ... les publicitaires s'en donnent à coeur joie.

    Par ailleurs, le gain progressif de semaines de congés payés (de trois semaines en 1956 à cinq semaines en 1982), favorise les départs en vacances des français. Là aussi, une fois encore, la publicité s'adapte aux habitudes de consommation des individus qui ne cessent d'évoluer et les affiches, spots... envahissent le paysage médiatique et notre quotidien.

    En image :

    La blancheur 1961 Dash 1963

    Vedette 1958

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    2 http://www.ina.fr/video/I00015784/pierre-cot-sur-l-introduction-de-la-publicite-de-marque-a-la-television-video.html

    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    Ces sept publicités sont issues du site Memory Pub

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    Georges Brassens 1963

     

    1968 La 104 1972 La Dauphine 1956

    Mai 68 et son impact sur la publicité

    Alors que la société de consommation s'est implantée dans les moeurs, sans que les français en aient réellement conscience, en 1968, ils expriment leur ras-le-bol du gaullisme impérial. Souvenons-nous du fameux « dix ans de gaullisme, ça suffit ! » prononcé le 22 mai 1968 par Waldeck Rochet, devant l'Assemblée Nationale. Un slogan qui a fait l'objet du titre d'un diaporama, mais, a surtout été celui des défilés du 13 mai 1968 exprimant clairement la lassitude de l'opinion en place.

    Sur le plan culturel, Mai 68 annonce les grandes mutations du monde qui se traduisent par : l'accélération de l'exode rural et de l'urbanisation, l'amélioration du niveau de vie, l'importance de la culture des loisirs, du spectacle... l'avènement des médias de masse, etc. Mais, c'est aussi l'affirmation d'une jeunesse qui a son mot à dire, qui possède sa propre culture. Cette période amènera la France à faire « éclater le carcan moral et hiérarchique qui bloquait son expansion »3 et la publicité s'empare de ce tremplin vers une société postmoderne, anticonformiste, qui lui ouvre les portes de la provocation.

    « On met au service de la publicité le langage, le style et les mots d'ordre de Mai 1968, sinon même du gauchisme. »4

    La publicité suit donc l'évolution de la société de près et s'adapte aux nouvelles valeurs de celle-ci ; « le public précède ou subit une évolution analogue. » Effectivement, l'époque où

    3 BERNHEIM François. Les publicitaires, poètes et vautours de l'imaginaire ordinaire. Paris : Critérion, 1991. 330 p.

    4 TEYSSIER Jean-Pierre. Frapper sans heurter : quelle éthique pour la publicité. Paris : Armand Colin, 2004. 330 p.

    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    l'on s'attachait aux « grands discours historiques »5 dixit Jean François Lyotard, semble révolue. La raison, la science ou encore l'histoire ne cimentent plus la société post-moderne. Cette évolution, la publicité l'a accompagnée en proposant des images, des spots vidéo ... plus audacieux, plus créateurs, plus provocateurs. Une évolution, une innovation même à travers des visuels adéquats qui de loin veulent choquer, frapper ou blesser les consommateurs. Un exemple précis peut illustrer ce propos : la pub Eram de 1985 « Est-ce une fille ou un garçon ? »

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    Captures d'écran ERAM : C'est là la question d'Etienne Chatiliez 1985 - www.culturepub.fr

    Le spot exprime clairement la mise à mort de ce conformisme, soulevant les tabous sexuels et sociaux qu'il met en scène, dans la mesure où les codes de genres sont inversés (des filles en pantalon et aux cheveux courts contre des hommes aux cheveux longs et en jupe). Par ailleurs, nous pourrions éventuellement y voir une remise en question de la religion avec la marche sur l'eau. Mais, la publicité met surtout en relief, le tabou des prix du produit, à savoir les chaussures, vis-à-vis de leur qualité. Cette idée est explicitée par le slogan « il faudrait être fou pour dépenser plus ! » invitant le consommateur à se questionner sur la nécessité de payer un tarif élevé pour des chaussures qui n'auraient pas la qualité de celles d'Eram. La réponse, si l'on s'en tient à la publicité est bien évidemment non, puisque Eram présente dans le spot des souliers luisants, cirés, mis en valeur, et pas chers. En somme, un des meilleurs rapports qualité-prix.

    Jouir de tout, tout de suite.

    L'évolution de la société a très certainement favorisé l'arrivée massive des publicitaires en France.

    5 LYOTARD Jean-François. La Condition postmoderne. Paris : Editions de Minuit, 1979. 128 p.

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    Les nouvelles valeurs démocratiques, la nécessité d'un sang neuf, l'impact de la jeunesse et sa volonté de jouir de tout, tout de suite, va très rapidement se traduire par : consommer, encore et encore. Dans les années 1970, la publicité n'est pas encore bien définie et le métier de publicitaire n'est pas encore reconnu comme profession. Pourtant,

    « La pub, même si elle n'est pas adulée, a le mérite d'être une activité suffisamment neuve pour qu'on ne sache pas très bien en quoi elle peut consister. Les industriels qui ont besoin d'elle, presque malgré eux, se montrent encore très méfiants. Bizarrement la pub peut tout et en même temps elle est impalpable. Qu'est-ce qu'une annonce dans un magazine sinon... une photo avec du texte autour ? »6

    La jeunesse devient la principale cible des publicitaires, celle qui a révolutionné en partie, la société à cette époque. Une nouvelle culture émerge : la culture jeune. La France, sans en avoir conscience, est à ce moment précis au croisement de deux phénomènes :

    - Le premier phénomène est le développement d'une nouvelle classe d'âge, amené par le phénomène du yéyé. Le yéyé est à la base la traduction française de « yeah », dérivée du « yes » qui rythme les chansons rock et twist américaines, avant d'en constituer un courant musical. Par extension, le terme définit un phénomène de mode des années 1960, dont les pantalons serrés et les blazers cintrés sont représentatifs. Cette nouvelle classe d'âge est celle des adolescents. Elle va prendre de l'importance et constituer pour la première fois, un marché potentiel pour les publicitaires.

    - Le deuxième phénomène est celui du progrès des techniques et de l'importance donnée à la mode permettant ainsi de proposer des produits destinés à cette nouvelle génération de yéyé (blousons de cuir, jeans, transistor, disques...)

    La publicité ne tarde pas à se saisir de cette combinaison et doit au phénomène yéyé, l'implantation de la jeunesse sur le marché économique français, mais aussi une ouverture dans cette « profession », à des personnes, une jeunesse, qui finalement, leur ressemble : « adolescent, narcissique, inquiet du lendemain, donc avide de jouir aujourd'hui, car refusant de faire le moindre crédit aux valeurs et hiérarchies d'une société patriarcale qui rejette tout ce à quoi il aspire »7.

    6 BERNHEIM François. Les publicitaires, poètes et vautours de l'imaginaire ordinaire. Paris : Critérion, 1991. 330 p.

    7 Ibid6

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    Le monde de la publicité se définit, de l'extérieur, comme un Eldorado. On y entre parfois par défaut, comme l'on rentrerait dans une grande surface par hasard. Chaque artiste publicitaire est apprécié pour sa capacité à créer et par ses prestations. Une grande majorité des nouvelles têtes ne savent pas pourquoi elles se sont décidées à intégrer une agence, mais ils se sont fait une place, dans une situation publicitaire spécifique à la France.

    Deux empires dominent la publicité.

    Dans les années 70, nous pouvons constater que, depuis plus de quarante ans, deux géants dominent le marché de la publicité : Havas et Publicis.

    Leur réussite n'est due qu'à leur connaissance irréprochable du marché français dont ils représentent un panaché de l'histoire des mentalités du pays.

    La première agence, Havas a été fondée en 1832, par Charles Louis Havas, un ancien banquier. Elle était appelée « Agence des feuilles politiques, correspondance générale »8. En 1852, il cède sa place à ses deux fils, Charles-Guillaume Havas et Auguste Havas. Ce dernier développera en 1855 une nouvelle activité, plus lucrative en plus de la branche de l'information : la publicité. En 1970, ses destinées relèvent de la puissance publique. L'agence représente les provinces, le commerce de proximité, les négociations sur le terrain, la presse locale... mais c'est aussi l'Etat, le pouvoir central. En effet, Havas est un « mastodonte jugé aussi lourd que n'importe quelle administration et aussi corrompu que n'importe quelle Mafia. »9 C'est la conjugaison, d'une proximité avec l'élite au pouvoir et la connaissance précise du terrain, qui a permis à Havas de concilier les divers horizons du pays : France rurale, petite bourgeoise, commerçante et France des technocrates et grands commis. Aujourd'hui les deux branches sont toujours d'actualité et Yannick Bolloré se trouve à la tête du groupe.

    8 PALMER Michaël. Des petits journaux aux grandes agences : naissance du journalisme. Aubier 1983. 350 p.

    9 BERNHEIM François. Les publicitaires, poètes et vautours de l'imaginaire ordinaire. Paris : Critérion, 1991. 330 p.

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    Le deuxième monstre sur le marché de la publicité, c'est Publicis. Si, comme Havas, l'histoire du groupe ne peut se synthétiser très succinctement, retenons le nom d'un homme : Marcel Bleustein-Blanchet. Un homme aux multiples casquettes : « à la fois Bibi Fricotin, Tintin, Robin des bois, boule de cristal [mais surtout] fantastique meneur d'hommes. »10 Autodidacte, cet homme veut avant tout rendre à la publicité une valeur un peu plus authentique, crédible, que celle dont la société se fait, à savoir, un mélange de réclames, courtage, etc., où l'on pouvait faire et dire n'importe quoi. C'est donc dans l'enceinte de son groupe que seront formés les futurs managers, qui vont par la suite tenter de se frayer un chemin et de détrôner le duopole Havas-Publicis.

    C'est ainsi que de nouvelles agences voient le jour, dès 1968. Des agences créées par ces mêmes managers qui misent sur deux valeurs essentielles de cette nouvelle société qui émergent et dont ils sont les précurseurs : la volonté et l'envie. En somme des publicitaires intéressés par la vie ordinaire, partisans de transformations radicales et d'un embellissement de la société et pourquoi pas par la pub. La publicité n'est donc plus sous la coupelle d'Havas et de Publicis, mais de petits génies qui s'emparent du marché. En 1981, Jacques Séguéla réalise la campagne publicitaire de François Mitterrand. Il s'occupe d'une part de la communication du candidat, dès 1977 et réalise l'affiche de sa campagne, qui deviendra une affiche emblématique pour toute une génération. François Mitterrand gagne les élections et les publicitaires un statut.

    Campagne de Jacques Séguéla pour Mitterand - présidentielles 1981

    En 1980 ensuite, trois chaînes se disputent les soirées des français. La publicité profitera du manque de spectacle domestique pour s'imposer, le soir, sur les écrans des ménages. Les téléspectateurs raffolent de ces courts spots variés, surprenants et divertissants... Après le choc

    10 BERNHEIM François. Les publicitaires, poètes et vautours de l'imaginaire ordinaire. Paris : Critérion, 1991. 330 p.

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    pétrolier de 1973 soulignant que tout n'était pas acquis d'avance, les années 1980 sont celles d'un second souffle pour la publicité, offrant aux consommateurs des petits instants de douceur, des spots réveillant leur imagination. Il n'est plus honteux pour les producteurs de faire de la publicité. « Les produits deviennent des stars, tandis que les stars vendent de la lessive. »

    Les années 90, les années du porno-chic.

    Dès les années 90 arrivent sur nos écrans des publicités osées, provocatrices, qui remettent la femme sur la scène publique. Une seule différence : son statut. La femme est passée de la bonne ménagère, à qui l'on offre une machine à laver Vedette pour Noël, à la femme-objet. Le sexisme fait son retour dans la publicité du fait des nouveaux codes importés du porno-chic. Mais le porno-chic avait-il pour but initial la vulgarisation du corps féminin, le réduisant à un objet de convoitise, de consommation ?

    Dans les années 1990, le porno-chic reste faiblement diffusé dans la mesure où il n'investit que le monde de la haute couture, donc destiné à une petite minorité qui a les moyens d'investir dans les créations artistiques. Les modèles féminins, posant pour telle ou telle marque, sont mis en scène de manière à ce que les femmes, consommatrices de ces marques, puissent facilement s'identifier, voire fantasmer. La sensualité avec laquelle les mannequins sont mis en scène est un moyen de représenter la femme libérée, qui choisirait son plaisir, comme elle choisirait un sac. Mais très vite, d'autres marques s'emparent de cet engouement pour la représentation d'un corps féminin nu et très vite, les couvertures osées de magazines s'accumulent dans les kiosques. Le sexe attire l'attention même si l'achat ne suit pas forcément.

    Le porno-chic s'étend progressivement dans la sphère du luxe (parfumerie, lingerie, prêt à porter...). Les marques, qu'ils s'agissent de Dior, Dolce Gabbana ou autres, se réjouissent de leur notoriété grandissante. Il faut cependant noter que le soft des débuts du porno-chic se transforme très vite en vulgaire, parfois assez trash et n'hésite pas à se développer dans d'autres domaines. Toutes les excuses sont bonnes pour montrer une femme nue, que le produit soit un gel douche, un parfum ou ... de la nourriture. En voici une belle palette !

    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

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    Opium d'YSL - 1997 Irresistibol - 2003

    La mise en scène du corps féminin se retrouve donc dans la nourriture, mais la publicité cherche de plus en plus à montrer, à figurer, à représenter ou du moins à suggérer, d'une manière comme d'une autre, l'acte sexuel. En voici un exemple avec Gini.

    Captures d'écran GINI : La Fenêtre - 2003 (version 28») de l'agence Jean & Montmarin - www.ina.fr

    Rapidement, des polémiques voient le jour quant aux codes de déontologie de la publicité que les publics demandent de revoir, choqués par certaines images réduisant la femme à un objet sexuel.

    L'affiche du retour à une publicité plus respective ?

    Le porno-chic, dont les codes ont été transgressés pour toujours aller plus loin dans la provocation, semble avoir atteint le degré de tolérance des publics.

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    La city - j'ai envie d'un pull - 2000

    L'accueil réservé à cette affiche de La City en 2000, a été unanime. Le Bureau de Vérification des Publicités (BVP) demande le retrait du visuel, jugé non conforme aux règles déontologiques régissant la création publicitaire. La posture, à quatre pattes, la nudité et le fait que la femme parle à un mouton la dégrade considérablement. « La marque qui habille les femmes nues » déclenchera des polémiques conséquentes via cette affiche ce qui induira une révision des codes déontologiques.

    Depuis 2000, les publicités porno-chic ont sensiblement été réduites, se limitant à une diffusion dans quelques magazines de modes, assez chers, dédiés à quelques marques de luxe qui lui doivent son origine. La femme retrouve peu à peu sa dignité et sa noblesse, même si aujourd'hui, certaines publicités la mettent inévitablement en scène, dans un milieu domestique et proche de ses enfants voire parfois toujours sexualisée.

    La publicité a donc connu son essor dans les années 1970, grâce à l'émergence de la société de consommation et de loisirs. Une croissance économique propice au développement de la publicité, une jeunesse révolutionnaire apportant des idées nouvelles et une nouvelle culture dont la pub s'empare. La femme n'est pas en reste, mise en scène de manière sexiste dans les années 1960, puis très sexualisée dans les années du porno-chic, dont les codes ont été en quelque sorte détournés. Aujourd'hui la publicité fait partie de notre société, de notre environnement quotidien ; les spots publicitaires s'enchaînent sans répit. Mais, la sexualité a-t-elle vraiment disparu ? La femme est-elle toujours traitée de manière superficielle ? La masse de publicités à laquelle nous sommes confrontés nécessite-t-elle d'un contenu choquant pour lui assurer une meilleure visibilité ? En somme, quels sont aujourd'hui, les enjeux réels de la publicité ?

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    B) Les enjeux majeurs de la publicité

    La publicité, tout aussi banale que complexe, a pour but d'informer le consommateur tout en le séduisant. Elle fascine comme elle dérange. Si l'on s'en tient à son étymologie, le terme publicité désigne ce qui est rendu public. Dès 1830, la signification devient plus explicite. Le Petit Robert propose la définition suivante : « le fait, l'art d'exercer une action psychologique sur le public à des fins commerciales. » Tout est dit dans cette définition, la publicité a des enjeux économiques, sociaux et psychologiques et très certainement politiques.

    Les enjeux de base : des enjeux sociaux-culturels

    La publicité diffusée sur nos postes de télévision, s'impose aux spectateurs. Effectivement, lorsque l'enseignant de l'école primaire du village de Saint-Julien-Molin-Molette, enseignant lambda, qui rentre chez lui après une journée de travail et s'installe dans son canapé, choisit personnellement son programme. Un film, un documentaire, tout dépend de ses envies du moment... Mais, choisit-il d'introduire de la publicité, avant, pendant et après le film qu'il a décidé de suivre ? Si nous choisissons volontairement tel ou tel programme, nous choisissons rarement de visionner assidûment une publicité de notre plein gré.

    La publicité constitue donc le discours essentiel de notre société et son influence est d'autant plus importante. Elle aurait, pour certains, des effets néfastes sur nos habitudes de consommation. Elle serait une marchande de rêves et une manipulatrice des désirs et des volontés, elle serait responsable de la surconsommation et de ses conséquences qui s'ensuivent, à savoir dans les pires des cas : endettement, addiction ... Enfin, elle reproduirait les stéréotypes sociaux comme les discriminations sexuelles, raciales, physiques, etc.

    Mais, cette considération dégradée de la publicité aurait tendance à nous en faire oublier ses enjeux de base :

    « La finalité de la publicité ne fait pas mystère : il s'agit de capter l'attention ou de vanter les mérites d'une marque ou d'un produit pour orienter un choix ou augmenter des ventes. Technique de promotion, la publicité n'en est pas moins un art de rendre public et de faire connaître ce qui est d'intérêt public. A ce titre, c'est une composante essentielle de la liberté

    Captures d'écran - Pinocchio - Aides - 2013.

    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    d'expression, et l'un des ressorts majeurs de la société de l'information et de la communication. »11

    La publicité a donc des enjeux sociaux, dans la mesure où elle s'inscrit dans notre quotidien et prend en compte l'évolution de la société et les grandes problématiques qu'elle soulève.

    Il n'est donc pas étonnant, et ces visuels le montrent parfaitement bien, que l'on puisse être confrontés, à l'époque de la guerre, à des pubs destinées aux femmes, publicités les encourageant à produire plus et à consommer moins, pendant que leurs maris sont au front.

    De même, les projets présidentiels sont susceptibles d'avoir recours à la publicité tel le

    grand emprunt, proposé par Nicolas Sarkozy en 2010 - 35 millions d'euros investis dans ce projet, en vue de relancer l'économie de la France.

    Je suis une poule de guerre - G. Douanne - 1919.

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    Le grand emprunt - février 2010

    Mais nous pouvons également noter la production hémorragique, dès 1995, de spots, d'affiches publicitaires contre le Sida. En parallèle, la sécurité sociale, la sécurité routière, etc., s'emparent de la pub pour sensibiliser les publics, avec des slogans forts qui désormais,

    11 JOANNIS Henri et BARNIER Virginie de. De la stratégie Marketing à la Création Publicitaire (3ème édition). Paris : Dunod, 2010. 471 p.

    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    sont entrés dans nos univers collectifs comme « les antibiotiques c'est pas automatique ! » (visant à une réduction de leur consommation pour une réduction du déficit budgétaire en matière de santé) ou encore « boire ou conduire, il faut choisir ! », « un verre ça va, trois verres, bonjour les dégâts ! »...

     

    Campagnes
    Gouvernementales
    Crédit photos
    John Keyser
    In
    Génération pub
    Anne Saint Dreux
    2011

     

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    Enfin, et même contre l'obésité, qui se traduit en termes de message explicite, défilant en bas du spot lors de sa diffusion : « pour votre santé évitez de grignotez » par exemple.

    La publicité se soucie donc de son temps en matière de production. Mais, ses enjeux sont aussi culturels. Inconsciemment, nous reproduisons souvent ce que la publicité nous montre : des situations, des comportements, des attitudes, des mimiques, des répliques... L'enjeu est de taille, influencer les consommateurs, sans qu'ils en aient réellement conscience, tout en leur laissant l'impression de révolutionner en quelques sortes la culture, d'être acteur des évolutions culturelles de la société :

    « La publicité nous propose, voire nous impose, ses visions du monde et ses définitions des relations sociales et de l'individualité. La publicité véhicule aussi l'idéologie selon laquelle, nos désirs sont des droits, et ceci pour avoir des répercutions préoccupantes. Omniprésente dans notre vie quotidienne, son influence est d'autant plus forte qu'elle agit dans un certain climat de torpeur réduisant les aptitudes aux jugements critiques. »12

    En somme, la publicité a des enjeux, tant sociaux que culturels. Elle est facteur de l'évolution de notre société, tout en s'inspirant d'elle. On constate donc une double influence entre la publicité et ses publics, qui ne sont pas sans conséquence sur les enjeux

    12 ENDRES William et HUG Christophe. Publicité et Sexe : Enjeux psychologiques, culturels et éthiques. Juin 2004.36 p.

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    déontologiques de celle-ci et, sur notre conscience de soi. La publicité participe à la représentation des imaginaires, elle s'inspire de la réalité pour la réinjecter dans des fictions. C'est en quelque sorte un miroir déformé du monde dans lequel nous évoluons et qui rend compte des réactions des publics. Elle insuffle au corps social des nouvelles cultures, des nouvelles modes, des nouvelles normes, un nouveau code déontologique, éthique, une philosophie, une morale. Elle est un facteur de régulation culturelle et sociale.

    La question que l'on pourrait alors se poser serait la suivante : ces préventions de n'importe quel ordre : nourriture, tabac, maladie, sécurité routière, etc., ont-elles réellement un impact sur les consommateurs ou est-ce simplement une couverture pour les publicitaires au vu de la loi ? Et du point de vue des consommateurs, n'achèteraient-ils pas davantage une marque, une identité, plutôt qu'un produit ?

    Un peu de déontologie

    Rappelons avant tout que la publicité a pour but premier, de vendre un produit ou une marque. Elle cherche donc à séduire un public précis, une cible, des consommateurs potentiels qu'elle a tout intérêt à « bichonner », à ne pas froisser, si elle souhaite que les ventes de son produit décollent. Nous avons dit séduire ! Encore faut-il savoir comment, quels éléments, quels messages, quels scénarios souhaitent manger les consommateurs.

    Il faut donc se démarquer, être créatif, attiser la curiosité des publics, tout en restant dans le politiquement correct et marquer leur conscience, parce que la publicité reste de l'ordre du langage social, elle nourrit la communication de chaque individu, dans n'importe quel cadre, cercle, où il pourrait se trouver.

    La publicité, si dans les années soixante-dix et après n'était pas organisée, ou si peu, avait parfois recours à des pratiques abusives, déjouant la morale et s'adonnant à des représentations superficielles du corps et notamment celui de la femme - représentations jugées indécentes. Certaines pubs se voient censurées, retirées du paysage médiatique. Il s'agit pour la plupart, de publicités réalisées, non dans des agences, mais directement par les créateurs artistiques des maisons où résident les marques de luxes, secteurs où la déontologie n'est pas une des premières préoccupations.

    Pour faire face, d'une part à cette volonté de toujours repousser les frontières entre porno-chic, sensualité, glamour et pornographie, sexualité, exagération, et pour répondre, d'autre part aux mouvements féministes, un code est rapidement mis en place. La publicité se voit ainsi soumise à des règles déontologiques, qui ont pour source originelle le « code

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    international de pratiques loyales en matière de publicité » de la Chambre de Commerce Internationale (CCI). Les publicitaires sont donc censés se plier à ses règles.

    Toutefois, certains créatifs verront dans ces codes, des restrictions, des contraintes et une atteinte à leur liberté de création. Une déontologie professionnelle considérée comme l'inscription de la profession dans un cadre moral, une éthique collective à laquelle, tous n'adhèrent pas. Jamel Debbouze, qui s'est mis à la création publicitaire le revendiquera lors d'une interview :

    « Dès qu'il s'agit de BVP, ou d'entrer dans des cadres, ça me soûle direct [...] C'est super contraignant de tourner, il faut que tu fasses attention à ce que tu dis, à ce que tu véhicules, ce ne sont que des histoires d'images et ça me soûle. Quand il faut calculer, c'est relou. Moi j'aime la liberté [Il ouvre sa veste]. Je suis clair ? »13

    Ces propos soulignent les deux aspects contradictoires auxquels la société est alors confrontée : une évolution des moeurs vers une société qui prône la liberté d'expression contre la mise en place de codes précis en faveur du respect de la sensibilité des publics. Tout l'enjeu de la publicité s'inscrit dans cette opposition, mais, si l'on s'arrête un instant sur les multiples créations artistiques, et que l'on interroge le « publicitairement correct » des images qui défilent sous nos yeux, quelles en seront les conclusions ? Autrement dit, ces codes sont-ils réellement respectés ?

    Et en termes d'économie ?

    Très vite, les médias ont compris que si la publicité coûte chère pour les annonceurs, elle rapporte pour eux. En effet, la masse des sommes investies dans la publicité peut susciter quelques frayeurs de la part des annonceurs, des publicitaires, ou même des consommateurs. Mais, ne perdons pas de vue, que ces investissements sont redistribués et constituent un moyen non négligeable de financement des médias : Presse, Télévision, Radio, Internet... mais également associations, sports ou toutes autres manifestations. En effet, ce phénomène de redistribution est observable à très petite échelle. Prenons une petite association locale, une école de musique, par exemple. Celle-ci décide d'organiser un festival de musique. N'ayant

    13 TEYSSIER Jean-Pierre. Frapper sans heurter : quelle éthique pour la publicité. Paris : Armand Colin, 2004.

    330 p.

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    pas les ressources suffisantes pour financer la totalité de son projet, elle va faire appel à des sponsors qui vont lui apporter le budget nécessaire pour qu'elle puisse faire aboutir son projet. En échange de cette rémunération, les annonceurs verront leur logo imprimé sur les flyers de présentation de la manifestation, ainsi que lors de la manifestation, à la vue du public. Il en est de même pour les partenariats avec les radios ...

    En chiffres, les recettes issues de la publicité, recettes nettes des médias français, s'élèvent à 13,3 milliards d'euros en 2013. Une baisse de 3,6% par rapport aux recettes publicitaires réalisées en 2012, sur le même périmètre. Nous pouvons clairement constater un marché qui, dans sa globalité, est en recul. En ce qui concerne le secteur de la télévision, les recettes publicitaires nettes sont en baisses de 3,5% par rapport à 2012 dont la baisse par rapport à 2011 était déjà de 4,5%.14

    La publicité brasse donc des milliards d'euros, et la diversité de chaines télévisées, si l'on s'en tient au média de la télé, permet une diffusion massive de spots. Vous vous êtes sûrement posé la question quant aux tarifs d'un spot publicitaire ? En voici la réponse, preuve supplémentaire du brassage financier concernant uniquement la publicité. (Tarifs tirés du site Mass to mass - télévision).

    Spot de 15»

    Télé locale
    300.000 contacts

    0.000 €

    Spot de 30»

    18h - chaîne hertzienne
    1,35 millions de contacts

    Spot de 30»

    19h30 - chaîne hertzienne
    3 millions de contacts

    Spot de 30»

    20h40 - chaîne hertzienne
    5 millions de contacts

    2.000€ 12.000€ 30.000€ 85.000€

    Le budget alloué à la publicité englobe plusieurs types de dépenses dont les frais d'administration (ceux qui s'occupent de la communication chez l'annonceur), les frais de réalisation et, l'achat d'espace qui constitue la part la plus importante du budget. N'oublions pas toutefois que le budget est déterminé en fonction du chiffre d'affaires que réalise ou que va réaliser l'entreprise. Une détermination qui peut paraître paradoxale dans la mesure où la publicité est justement censée faire évoluer le chiffre d'affaires de l'entreprise avec laquelle l'agence de publicité a signé un contrat.

    14 http://www.irep.asso.fr/marche-publicitaire-chiffres-annuels.php site de l'IREP (résultats du marché publicitaire) - consulté le 8 mars 2014.

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    La publicité, comme nous venons de le voir a ses propres enjeux sociaux, culturels, du point de vue du consommateur, mais aussi déontologiques, psychologiques, du point de vue des concepteurs rédacteurs. Enfin, l'enjeu économique de la publicité est un enjeu majeur, dans la mesure où le vaste monde publicitaire représente une bonne partie du marché français.

    Une affiche, un spot audio ou visuel, des annonces, la publicité s'invite dans notre quotidien à tous les niveaux. Nous y sommes exposés en permanence, mais est-ce pour autant qu'à la fin de la journée nous nous souvenons de toutes les publicités sur lesquelles nos pupilles et nos oreilles se sont concentrées ? La réponse est, très certainement, non ! Alors, qu'est-ce qui fait que nous retenons celle-là plus qu'une autre ? Qu'est-ce qui fait la singularité d'une pub, élément qui va faire que nous allons la mémoriser plus qu'une autre ? C'est ce à quoi nous répondrons dans le chapitre suivant, après en avoir expliqué la création.

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    Chapitre 2 : De l'innovation aux clichés : création d'une publicité

    De nombreuses personnes se sont intéressées et attelées à l'analyse du vaste océan que constitue la publicité. Qu'ils soient sociologues, économistes, chercheurs en sciences de l'information et de la communication, anthropologues, etc., ils ont fait part de leurs théories dans de multiples ouvrages, qui aujourd'hui, pourraient remplir une bibliothèque.

    Edgar Morin est un de ces sociologues qui a planché sur le thème. Si certains idéalisent la publicité et lui trouvent des effets positifs, lui, considère que l'action publicitaire consiste à :

    « Transformer le produit en stupéfiant mineur - ou à lui inoculer la substance droguante, de façon que son achat-consommation procure immédiatement l'euphorie-soulagement et, à long terme, l'asservissement. Si le message publicitaire atteint la forme et la formulation optimales, il doit à la fois euphoriser et troubler, donner l'avant-goût du plaisir et l'appel du plaisir. »15

    Mais avant de savoir si la publicité est dotée des mêmes effets qu'une substance addictive, attachons-nous aux étapes de sa création qui nous permettront ainsi de considérer les différents acteurs et les différentes problématiques que suscite la grande aventure de création.

    A) La création d'une publicité : l'aventure de nombreux acteurs

    Les publicités envahissent notre quotidien. Si le téléspectateur peut avoir l'impression de se trouver face à des spots ordinaires, qui se succèdent sans cesse, il semble bon de rappeler que derrière ces visuels, il y a une réflexion entre plusieurs acteurs.

    Peut-être vous êtes-vous déjà demandés, comment une publicité voyait le jour ? Quelles étaient les différentes étapes précédant le spot abouti que vous offre le poste ? En tout cas, je me suis posée la question, pour vous, et je pense que, pour traiter d'une publicité, il est nécessaire d'en connaitre le plan de communication, la stratégie marketing et bien entendu la création. Dans ce chapitre, nous nous intéresserons plus particulièrement au spot vidéo (support de mon corpus).

    15 DAYEN Armand. La publicité. Paris : PUF (Que sais-je ?), 2003. 127 p

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    Les principaux objectifs d'une publicité

    L'objectif premier pour l'annonceur est de convaincre le potentiel consommateur à l'achat d'un produit, via la publicité. En bref, un objectif de taille dans la mesure où nous ne retenons que très peu de publicités au vu de la masse dont nous sommes les cibles. Nous ne voyons et n'entendons que ce qui nous plait. Le publicitaire a donc pour rôle de répondre aux objectifs de l'entreprise, mais aussi de la cible, que l'annonceur cherche à séduire. Enfin, le publicitaire est amené à faire un choix des objectifs en termes de communication.16 Les voici :

    Les objectifs généraux de l'entreprise :

    - s'implanter dans un secteur

    - accroître de 20% sa part de marché

    - devenir leader de sa branche

    - conserver sa place de leader

    Le choix des objectifs de communication :

    - faire acheter pendant des périodes creuses

    - augmenter sa notoriété

    - intéresser un segment de clientèle inexploité

    - créer - ou améliorer - son image

    - soutenir l'action de la force de la vente

    Le choix des cibles :

    - utilisateurs et non utilisateurs relatifs

    - prescripteurs, préconisateurs, leaders d'opinion

    - distributeurs

    Si les objectifs de la publicité sont avant tout de séduire un public précis, ils restent spécifiques à chaque type de publicité. Effectivement, sans développer dans les moindres détails ces différentes formes, nous pouvons toutefois les lister :

    - la publicité de produit, qui reste de loin la plus commune. Elle vise à promouvoir un produit, une entreprise, une enseigne, etc., pour en donner une image favorable.

    16 DAYEN Armand. La publicité. Paris : PUF (Que sais-je ?), 2003. 127 p

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    - la publicité collective. Elle vante un produit dérivé qui est réalisé par un groupe d'entreprise.

    - la publicité institutionnelle ou d'entreprise. Elle est faite par un annonceur et a pour objectif de mettre en relief les retombées positives de son entreprise.

    - la publicité « co-branding ». Elle associe deux marques dans la publicité.

    - la publicité d'intérêt général. Cette dernière s'intéresse aux grandes problématiques sociales d'actualité, tel que le SIDA, le don du sang, la sécurité routière, etc. Son objectif reste de sensibiliser les publics.

    Quel que soit le type de publicité auquel nous sommes confrontés, la publicité fait toujours intervenir plusieurs éléments, plusieurs acteurs, qui coopèrent dans la réalisation d'une publicité. L'annonceur, via la publicité, fait une promesse que l'on peut schématiser de la sorte.17 Mais, par qui, pour qui et comment sont réalisées les publicités ?

    La promesse doit être

    UNIQUE VENDEUSE CREDIBLE

    Différente de celle Centrée sur des éléments Réelle, justifiée,

    des concurrents importants pour le client vraisemblable...

    Suffisamment forte

    La publicité comme outil de communication : la rencontre entre plusieurs acteurs

    La création d'une publicité nécessite en général, l'intervention d'une quinzaine de

    personnes sans compter les figurants de la publicité, si figurant il y a :

    - le chef de produit de l'entreprise, supervisé par son chef de groupe ou son directeur de

    marketing

    - le chef de publicité de l'agence, supervisé par son chef de groupe ou son directeur

    - le concepteur rédacteur

    - le directeur artistique

    - l'artiste réalisateur entouré de toute une équipe (les publicités à gros budget mobilisent en

    général une petite dizaine de personnes)

    17 La communication par la publicité tiré de : http://techdeco54.free.fr/Partage/Cours/Ta/Old/COMCOM.doc, consulté le 15 mars 1014

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    - le planeur stratégique qui a pour fonction d'être à l'écoute du public par le biais de piges, de lectures, etc., dans le but d'aider dans les orientations de la création.

    - le concepteur réalisateur et le directeur artistique supervisés par le directeur de création agence

    - l'artiste réalisateur

    - le spécialiste de prétest (il n'est pas forcément présent)18

    Ces nombreux acteurs, qui permettent d'attiser la curiosité des téléspectateurs devant leur poste de télévision, sont dispatchés en trois sphères distinctes. Les « stratèges », les « créatifs », les « artistes ». Les trois sphères se conjuguent dans ce processus complexe de création. Quelles sont les actions concrètes de ces acteurs ?

    Les étapes de la création

    ? Le « briefing annonceur »

    Dans un premier temps, l'entreprise qui souhaite promouvoir son produit, crée un document appelé « briefing annonceur ». Ce fichier a pour but de mettre en place les conditions de la publicité qu'elle souhaite réaliser : quoi, pour qui, pour quoi. En somme, il y définit avec grande précision et dans les moindres détails, le produit, les cibles visées, les objectifs ainsi que le budget qu'il souhaite investir, le média de diffusion du produit etc.

    ? La « copy-strategy »

    En réponse, l'agence réalise une « copy-strategy » visant le produit que l'annonceur veut vendre. Ce document s'axe autour de six grandes lignes :

    - La cible dont on va définir le sexe, l'âge, la profession, localisation géographique, ses modes de consommation...

    - L'objectif à atteindre, à savoir : augmenter la notoriété de l'annonceur, améliorer son image et celle de ses produits, accroître les ventes.

    - La promesse de base, celle qui est faite à la cible. Elle correspond en fin de compte, à l'argument de vente.

    - Les caractéristiques du produit, caractéristiques qui justifient les arguments de vente.

    18 JOANNIS Henri et BARNIER Virginie de. De la stratégie Marketing à la Création Publicitaire (3ème édition).

    Paris : Dunod, 2010. 471 p.

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    - Le ton de la publicité est explicatif, démonstratif, humoristique ou autres.

    - Les contraintes : elles peuvent être d'ordre technique, d'ordre légal, d'ordre économique, ou encore d'ordre professionnel.

    ? Le média

    La copy-strategy élaborée, vient pour l'annonceur, le moment de choisir le média dans lequel sera diffusée sa publicité. La télévision reste un média dont les avantages ne sont plus à louer. Effectivement, l'annonceur bénéficie d'une audience précise. Suivant la cible qu'il cherche à toucher, l'annonceur peut d'ores et déjà déterminer une audience précise, en fonction des horaires de diffusion, du ton de la publicité ... Par ailleurs, la télévision est présente dans la majeur partie des ménages. A l'heure actuelle, rares sont les foyers chez qui le poste de télévision ne fait pas partie du mobilier. La télévision apparaît donc comme un média non sélectif, dans la mesure où elle touche toutes les classes sociales en France, sans faire de différence spatiale, contrairement à la presse qui ne diffuse ses journaux locaux que dans la région qu'elle couvre. Les annonceurs de grandes marques ont finalement tout intérêt à privilégier le média TV pour la diffusion de sa publicité. Le seul caillou qui pourrait ralentir l'engrenage serait les coûts onéreux, suscités par l'achat d'un espace publicitaire, dans le média de la télévision.

    ? Le « story-board »

    Cette étape de création consiste à préparer une maquette du projet, d'en donner, sur papier, les différents plans du scénario du futur spot publicitaire. La maquette est composée de tous les éléments, de tous les détails qui vont permettre d'aboutir à un petit film de dix à trente secondes, voire plus suivant le projet. Ces éléments sont les suivants :

    - Le casting. Il s'agit du choix des acteurs. Ce choix reste très important, dans la mesure où les personnalités utilisées vont jouer un rôle de médiateur entre le produit vendu et le consommateur. Par exemple, nous retiendrons davantage une publicité mettant en scène « une Shakira » mondialement connue, qu'un figurant lambda, comme vous, comme moi, pour vendre un Activia.

    - La bande son. C'est un élément de la création à ne pas négliger du fait qu'il reste dans nos mémoires. C'est un détail mnémotechnique qui peut marquer le téléspectateur, notamment s'il s'agit d'un tube qui fait un tabac au moment de la diffusion de la publicité. La bande son aura donc plus de chance de captiver l'attention du public sur le produit vendu.

    - Les points de vue de caméra, le décor, le style, les costumes, le spatio-temporel du tournage... sont autant d'éléments tout aussi importants qui ont des chances de marquer les

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    téléspectateurs. Ces derniers seront amenés à faire des comparaisons plus ou moins évidentes avec des situations personnelles vécues, ou des situations fantasmées.

    ? Le « rush »

    Avant montage, il s'agit du film tourné, mais brut, sans montage. Il concrétise tous les éléments du « story-board » avant l'arrangement et le montage des différentes séquences du spot, auxquelles on ajoute les effets spéciaux et sonores.

    La création d'une publicité nécessite donc de nombreuses étapes à ne pas négliger. Rien n'est laissé au hasard dans les choix des comédiens, de la musique, des décors ... Il faut faire preuve d'originalité et se démarquer des autres pour marquer le consommateur. Toutes les stratégies destinées à convaincre le consommateur peuvent être envisageables. La vente d'un produit semble donc dépendre de la publicité, vue l'ampleur des efforts fournis et des moyens déployés, dans la création d'un spot publicitaire.

    La cible, fil rouge de la création

    La cible, c'est ce que l'annonceur vise et garde en ligne de mire, du début à la fin de la création publicitaire. La définir avant de se lancer dans la réalisation du spot, demeure une étape essentielle, à ne pas négliger, puisqu'une mauvaise définition de la cible engendre un échec de la campagne publicitaire et des coûts inutiles.

    Pour définir la cible de son produit ou de sa marque, l'annonceur doit prendre en compte les habitudes de consommation de la population, en fonction de leur âge, de leur sexe, de leur catégorie socioprofessionnelle, etc. Pour cela, il lui est fortement conseillé de se baser sur les grandes enquêtes nationales menées auprès des français, mais aussi sur les enquêtes ponctuelles, périodiques qui lui permettront de croiser différentes données et de répondre le mieux possible, aux modes de consommation de la cible visée. Cette approche socio-économique, qui reste évidemment la méthode la plus utilisée dans la détermination de la cible, peut parfois être relayée par une étude des styles de vie. Cette approche permet à l'annonceur de travailler en termes de mentalité. Des chercheurs du CCA (Centre de Communication Avancé du groupe Eurocom) se sont penchés sur cette méthode et ont défini quatre types de mentalité.19

    19 DAYEN Armand. La publicité. Paris : PUF (Que sais-je ?), 2003. 127 p.

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    - la mentalité utilitariste. Elle caractérise une consommation d'accumulation stéréotypée. Le consommateur va chercher à satisfaire son propre intérêt tout en gardant à l'esprit l'utilité de son achat, son attachement à des traditions...

    - la mentalité de sécurité passive ou de recentrage. Cette mentalité concerne des consommateurs qui cherchent un équilibre dans leur vie privée comme dans leurs relations humaines et sociales. Pacifisme, ordre, stabilité sont recherchés. Ce type de mentalité est réticent face à l'innovation, au progrès.

    - la mentalité de progrès ou d'aventure. Elle donne la priorité à la production, la consommation, l'esprit d'entreprise, le goût des voyages et de l'innovation.

    - la mentalité de décalage. Science-fiction, bande dessinée, irrationnel, cette mentalité fait marcher les imaginaires des consommateurs qui dépensent pour jouir de tout, tout de suite. Ils recherchent le plaisir et sont ouverts au changement.

    Ces deux types d'approche sont à disposition des annonceurs, pour définir avec le plus de précision possible, leur cible. La première, l'approche socio-économique reste cependant la plus facile et rapide à mettre en oeuvre. Toutefois, la seconde approche n'est pas en reste, et les annonceurs ont tout intérêt à croiser les deux approches qui se complètent et définissent toujours mieux la cible.

    Et si l'on testait ?

    Il est nécessaire, pour l'annonceur de procéder à un pré-test, test qui va précéder la diffusion de sa publicité. Cette étape est importante pour évaluer l'efficacité de la publicité. Cette étude est réalisée auprès d'un échantillon de personnes répondant aux critères de la cible visée par le produit. Le test va tenter de réunir au maximum les conditions réelles de l'exposition du spot. Ces pré-tests sont utiles pour valider la promesse de l'annonceur, pour vérifier que l'on ne va pas droit dans le mur, pour vérifier les paramètres fondamentaux du succès de la politique de communication. Quels sont ces paramètres :

    - l'attention ou la perception : il s'agit du nombre de personnes de l'échantillon qui se souvient avoir remarqué le spot, le message test.

    - l'identification ou l'attribution : elle correspond à la facilité avec laquelle les personnes exposées au message associent celui-ci à la marque, à l'entreprise de l'annonceur.

    - la compréhension : elle permet de vérifier si la cible a perçu la signification que le publicitaire a voulu donner au message et si elle n'a pas fait d'erreur d'interprétation par rapport aux intentions des créateurs.

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    - la crédibilité : l'argumentation a-t-elle porté ses fruits, peut-on aisément croire ce qu'affirme la publicité ?

    - l'agrément : le degré d'appréciation du message par la cible qui induit l'intérêt : le message provoque-t-il un intérêt suffisant pour susciter l'achat du consommateur ?

    N'oublions pas que la publicité agit de trois manières sur les consommateurs. Les publicitaires en ont bien conscience et les tests après lancement sont tout aussi importants à trois niveaux : cognitif (qui relève de la connaissance, de l'information), l'affectif (qui serait plus de l'ordre des attitudes, des motivations) et le conatif (qui s'apparente au domaine de l'action, du comportement).

    Tous ces tests permettent de vérifier l'efficacité du message, la cohérence du spot avec le visuel, l'impact et la modification potentielle des modes de consommation des cibles.

    Une bonne publicité, une bonne campagne publicitaire, nécessite une bonne connaissance de la cible que l'on souhaite séduire et convaincre d'acheter le produit ou la marque vantés par le spot. Pour atteindre ces objectifs, il est nécessaire d'avoir une base solide, un « briefing annonceur » de départ construit et précis. Originalité, créativité, connaissance du marché, etc... sont les éléments nécessaires à la réussite d'une communication publicitaire. La réalisation d'une publicité peut se résumer ainsi :

    Nous sommes en permanence sous la pression publicitaire, mais nous avons tendance, et heureusement d'ailleurs, à ne retenir, consciemment ou non, que très peu de messages publicitaires. La quantité de spots susceptible d'influencer notre comportement est alors assez faible. Il semble donc important, pour le publicitaire de se démarquer de cette masse de publicités. Mais comment ?

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    B) Toujours plus se démarquer entre conformisme et innovation

    D'après le code du CCI, la publicité doit se conformer aux lois, tout en répondant aux enjeux, aux attentes de la société qui ne cessent d'évoluer. En effet, comme nous l'avons précédemment souligné, la publicité se soucie des grandes problématiques de chaque époque : dans les années 1970, les ménages s'équipent, la publicité vend les mérites des lave-linges, des aspirateurs... en 1995, le SIDA est une cause importante dont s'est emparée la publicité. Aujourd'hui nous pouvons citer l'écologie, le développement durable comme l'une des grandes préoccupations gouvernementales. Il n'est pas étonnant que la publicité oriente ses messages vers une politique qui prône le vert : de l'isolation des maisons (portes, fenêtres) aux lingettes, papier toilette, sopalin qui respectent l'environnement, en passant par les voitures de moins en moins polluantes, en phase avec la nature, etc...

    Les moeurs de la société évoluant au fil des années, les codes déontologiques de la publicité devraient également évoluer, mais est-ce vraiment le cas ? De même, la publicité respecte-t-elle bien ces codes dans la mesure où elle cherche toujours plus à innover pour se démarquer de la multitude de spots qui remplissent notre quotidien ?

    Rassurer des populations via une publicité conformiste de valeurs

    A l'heure d'une société individualiste, où les médias nous ressassent toujours plus les conflits dans le monde, les problèmes environnementaux (écologie, phénomènes naturels tels les raz de marées, les vents violents, la pollution, etc...) et bien d'autres facettes négatives du monde, et par-là même de la France (chômage, crise économique, baisse du pouvoir d'achat...), un sentiment d'insécurité et de doute, quant à l'avenir du pays, pèse sur les consciences des individus.

    Le monde occidental revendique une société plus tolérante, plus harmonieuse, plus équitable. La publicité a donc un rôle à jouer en termes de conformisme de valeurs. Les individus se situent dans une demande collective de protection, de sécurité, de prévention, qui se conjugue avec une demande individuelle en termes de libertés. Ces mêmes individus, spectateurs de la publicité, sont donc dans la demande d'un idéal de vie en harmonie avec l'environnement des hommes comme avec celui de la nature, souhaitant également plus de tolérance dans la sphère privée. Tout l'enjeu de la publicité va être de répondre à ces attentes, de se conformer aux valeurs véhiculées par la société ; valeurs de préservation et de protection notamment exprimées chez les jeunes.

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    Alors que la publicité des années 1970 signait une libération de la société, avec une importance donnée à la jeunesse, les publicités actuelles vont se soucier des préoccupations du moment et redonner de l'importance à la famille, qui n'est plus considérée comme un lieu de haute lutte (mai 1968), mais un lieu rassurant et déstressant. De nombreuses publicités se basent sur la connivence qui peut exister entre les différents membres d'une famille comme par exemple le spot de 2013 vendant des pilules Vitalfan (antichute de cheveux). Le petit film met en scène un père et son fils, dont la complicité est indiscutable. Difficile d'imaginer, avant même d'avoir atteint la fin du spot, qu'il s'agit d'une publicité pour un tel produit.

    Captures d'écran VITALFAN - Père et fils - 2013 - Youtube

    Mais la famille illustre également les possibles tensions entre les différents membres qui la composent. Le produit ou la marque vendus vient apaiser l'individualisme de chacun et reste un prétexte de retrouvailles. Le message est explicite quant aux intentions de la marque. Prenons le cas de KFC, publicité de 2011 qui prône les atouts des Dips Bucket. Le spot met en scène un couple et ses deux enfants se retrouvant pour les fêtes de fin d'année autour des fameuses nuggets de poulet. Le message est clair : « KFC enfin une occasion de tous se retrouver ! »

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    Captures d'écran KFC - Tout le monde s'y retrouve de Reynald Gresset - 2011 - www.culturepub.fr

    Si la famille fait partie des valeurs conformes à la société, la recherche du bonheur en permanence en est également une. La publicité nous vend du rêve, un idéal dans lequel chaque individu serait heureux et trouverait son compte. Des belles images, des couleurs, du design, du modernisme, des comédiens qui gardent le « smile » en toute circonstance, et pour vendre n'importe quel produit comme du sucre Daddy par exemple.

    Captures d'écran DADDY - Le clip de MonayMakers - 2013 - www.culturepub.fr

    Un scénario simple, une musique qui se retient. Mais, comme nous l'avons dit, les grandes problématiques de la société concernent également l'environnement. Plus nous évoluons dans le temps et plus le souci de l'écologie s'inscrit dans nos imaginaires collectifs. On peut retenir la publicité de Total qui se préoccupe de ses clients tout en s'inquiétant du respect de l'environnement. Elle propose des énergies vertes et propose un slogan très significatif de ses engagements : « Pour vous notre énergie est inépuisable. »

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    Captures d'écran TOTAL - Anything for you - 2006 - YouTube

    La conception d'une publicité reste donc en adéquation avec les valeurs de son temps, c'est en cela qu'elle est conformiste, mais également dans la mesure où elle ne vient pas bousculer les codes déontologiques qui refusent toute réduction de la personne humaine, tout sexisme, tout traitement superficiel des corps, etc...

    Cependant, pour faire émerger des idées, il est nécessaire de se démarquer de ces valeurs, de sortir des carcans standardisés que les codes ont institutionnalisés. Innover nécessite-t-il forcément d'employer des discours anticonformistes ?

    La part belle laissée à l'innovation, à la créativité.

    La créativité dans la publicité est une démarche rationnelle. Pour le publicitaire, il est nécessaire de créer avant tout, pour le spectacle des consommateurs. Effectivement, le spot publicitaire est la première représentation du produit devant le public. Il s'agit donc, pour sortir du lot, de traiter de manière originale des problématiques de tout ordre. Ainsi, il semble bon de rappeler que ce que nous sommes amenés à opposer, reste, en fin de compte, de

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    fausses oppositions. Originalité n'est pas le contraire de conformité, ni continuité celui de rupture.

    De nombreuses pubs innovent, tout en restant conformes aux valeurs de notre époque. La publicité tend vers de nouvelles responsabilités sociales. L'innovation n'est donc pas le contraire du conformisme ; ces deux termes se complètent, se combinent pour aboutir à un spot original en adéquation avec son époque.

    Cependant, l'anticonformisme résiderait davantage dans le non-respect des codes déontologiques de la publicité, fixés par le CCI. Cette entrave à la morale se traduirait par une volonté de toujours plus repousser les limites du politiquement correct, que certains publicitaires définissent comme innovation. Pour se démarquer, le publicitaire mise sur des thèmes chocs, des thèmes susceptibles de retenir l'attention du spectateur, quitte à le choquer. Le principal thème auquel a recours la publicité est, de loin, la sexualité. La provocation devient un moyen de frapper le téléspectateur, pour éventuellement pousser le consommateur à acheter. Mais les règles adoptées par la publicité font actes de polémiques. En effet, dans un colloque consacré à l'autodiscipline publicitaire, en juin 2003, Philippe Bernard, un publicitaire, n'hésitait pas à dire :

    « La publicité est une arme légale dont dispose les annonceurs pour faire triompher leurs marques et leurs produits [...] comment voulez-vous être reconnus si vous êtes comme les autres, comment voulez-vous que l'on se souvienne de vous si vous ne tenez pas un discours différent, souvent à contrepied et donc choquant [...]. Oui, la publicité se doit de transgresser et affirmer la supériorité d'une marque ou d'un produit, ou d'une entreprise ou même d'un pays, cela ne se fait pas que sur des critères objectifs [...]. Surprendre, choquer, le devoir de provocation fait partie intégrante de notre métier de publicitaire. »20

    Le représentant de la Fédération mondiale des annonceurs, Bernard Adriaensens, n'hésitera pas à lui répondre, dans ce même colloque :

    « Conscients des limites naturelles de la liberté, des hommes ont décidé qu'ils devaient s'imposer des règles, qui peuvent être qualifiées d'éthique ou de bonne pratique [...] Lorsqu'il s'agit de communication commerciale, un des outils majeur du marketing, les règles d'autodiscipline deviennent des instruments de fidélisation de la clientèle. En effet,

    20 Bureau de Vérification de la Publicité. Publicité et autodiscipline en Europe : « Le besoin d'autodiscipline ». Paris - Colloque du 23 juin 2003

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    pour conserver sa clientèle, l'entreprise doit la respecter. Cela signifie ne pas la heurter, ne pas la choquer ou la mettre mal à l'aise. »21

    Frapper ne signifie pas heurter... la question qu'engendre ces controverses, reste, de savoir jusqu'où l'on peut repousser les limites de l'inventivité, de l'imagination. Ne s'agit-il pas de séduire, de cajoler, d'amadouer un spectateur, un consommateur soumis aux messages publicitaires ? Alors pourquoi aller toujours plus loin dans la provocation, pourquoi se laisser aller à la tentation de provoquer ?

    Innovation ou transgression des codes

    La transgression des codes peut se faire de plusieurs façons.

    Par le langage publicitaire. Il correspond au slogan du spot, au discours publicitaire qui, la plupart du temps, relève de l'hyperbole. Il faut marquer le téléspectateur. Il faut que celui-ci retienne facilement le slogan. Et pour que l'effet escompté aboutisse, le publicitaire est prêt à jouer avec les mots, quitte à ne pas respecter le sens premier. La logique normée de la syntaxe - que l'on a acquise via l'éducation, la culture ambiante et qui guide nos actes langagiers - cette logique normée est déconstruite par le message publicitaire. Ironie, jeux de mots, la publicité n'hésite pas à faire du langage un jeu de société qui vient inconsciemment troubler nos repères et permet de s'inscrire plus facilement dans notre conscience.

    Par l'exploitation du désir. La publicité cherche à attiser le désir du téléspectateur. Le désir est donc le garant du succès de la publicité en termes de mémorisation. Le publicitaire va, sans modération, fouiller dans l'inconscience des consommateurs pour réveiller leurs désirs, leurs pulsions même, leur côté animal, ce qui va leur permettre de porter davantage attention au spot et par transfert au produit. Pour cela, la publicité ne va pas hésiter à exploiter les tabous de la société, les fantasmes de chacun, refoulés par la culture et la société. D'ailleurs un planeur stratégique n'hésitera pas à affirmer :

    « La transgression doit être utilisée pour transformer, tordre la réalité mais aussi pour
    défouler ses pulsions profondes, assouvir ses fantasmes cachés, parce que le consommateur,

    21 Bureau de Vérification de la Publicité. Publicité et autodiscipline en Europe : « Le besoin d'autodiscipline ». Paris - Colloque du 23 juin 2003

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    quel que soit son âge, ne croit plus au monde idéal, encore moins aux êtres parfaits, et que nous avons tous des envies de vengeance de meurtre ou de vices cachés. 22

    Par conséquent, il n'est pas étonnant de s'apercevoir que de nombreuses publicités mettent en scène la sexualité, ou d'autres tabous pour susciter une appétence chez le consommateur. Les corps se dénudent progressivement notamment avec le développement du porno-chic dès les années 1990, mais déjà en septembre 1981 avec la fameuse campagne publicitaire de « Myriam », pour Avenir. Une publicité qui marque la postmodernité, mais aussi l'aspect non mensonger de la publicité.

    Affiche Myriam, pour l'annonceur Avenir - 1981 par le photographe Jean-François Jonvelle

    Cette publicité reste toutefois assez soft. La mise en scène de la sexualité, et par conséquent de la femme comme objet de désir, est présente dès les années 1970. En 1976, la pub Perrier, qui sera censurée dès les premières diffusions du spot, suggérait très clairement l'acte sexuel. Le corps féminin est réduit à une main sexy et manucurée, caressant une bouteille, bouteille qui représente le sexe masculin par excellence.23 Un spot suggestif qui à l'époque choquait, et qui encore aujourd'hui parvient à en choquer certains. Si la pub a été supprimée, elle est ressortie en 2009 et elle a, une fois de plus, fait objet de polémiques, sans toutefois être censurée.

    22 TEYSSIER Jean-Pierre. Frapper sans heurter : quelle éthique pour la publicité. Paris : Armand Colin, 2004. 330 p.

    23 Annexe analyse pub Perrier.

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    Captures d'écran PERRIER - La bouteille phallique - 1976 - www.culturepub.fr

    Les publicitaires s'emparent donc de la sexualité et n'hésitent pas à jouer avec, dans le simple but de vendre presque tout et n'importe quoi. Une utilisation à outrance, mettant en scène des corps féminins parfois réduits à un simple objet de désir.

    La frontière entre sensualité et vulgarité est donc assez mince. Nous pourrions même dire qu'elle ne tient qu'à un bout de tissu, dans la mesure où les limites de la nudité sont toujours un peu plus repoussées dans certaines publicités et ce, dès les années 1970. Anticonformisme, innovation, volonté de se démarquer, la vision du corps suscite toujours plus de désir qu'une publicité sans connotation sexuelle. Le publicitaire se devrait donc de ne pas tomber dans la chosification, dans la déshumanisation du corps, mais sa volonté de se distinguer face à la concurrence passe bien évidemment par la sexualité. Il s'agit pour lui d'attirer le regard du consommateur, même si le produit et le sexe n'ont aucun lien effectif. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, l'innovation par la transgression des codes déontologiques, la volonté de mettre en avant les parties charnelles du corps féminin (fesses, seins, bouche ...) ne traduirait-elle pas un manque de créativité de la part des publicitaires ? Un manque de créativité qui amènerait à une mise en scène presque gratuite de la sexualité ? Comment déjouer les tabous, comment marquer le consommateur sans le froisser ?

    Mais, toutes ces questions n'amènent-elles pas à se demander en quoi la publicité choque le téléspectateur ? Face à une publicité suggestive, n'est-ce pas le téléspectateur qui juge par lui-même, suivant sa propre culture, le second degré de la publicité ? Si le publicitaire a certes une idée derrière la tête, n'est-ce pas finalement le consommateur qui remet en cause, qui juge le respect des codes déontologiques de ce qu'il voit ? Le publicitaire est-il donc le seul responsable de la transgression des codes ? Et le téléspectateur ne joue-t-il pas un rôle ?

    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

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    « Que serait le monde s'il n'y avait pas de pub, mais que serait le monde s'il n'y avait pas de femmes ?

    La publicité, c'est la séduction »

    (Jacques SEGUELA)

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    PARTIE II

    LA RECEPTION, TEMOIN DE L'EFFICACITE DU SPOT

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    Chapitre 3 : Sexe et aliment, un mariage de longue date

    La sexualité a massivement investi les spots publicitaires. Qu'il s'agisse de parfums, de voitures, de vêtements, etc., les publicitaires misent sur la sexualité comme facteur de désir, susceptible d'attirer l'attention d'un plus large public. En effet, la quasi-totalité des marques ou des produits ont la capacité d'avoir recours à ce registre de communication, dans la mesure où les émotions liées à la sensualité revêtent un caractère universel. Les publicités alimentaires ne sont pas en reste et c'est sur ce type de produit que mon étude sur la réception de la sexualité a porté.

    Huit personnes (deux genres, deux générations) ont été confrontées à un corpus de cinq vidéos, cinq publicités alimentaires françaises, dont le degré de sexualité est plus ou moins important. L'étude de leurs réactions et de leurs perceptions de la sexualité, dans ces pubs d'une part, mais dans les publicités en général d'autre part, m'a permis de dégager des différences intergénérationnelles, supposées avant même d'avoir mené l'enquête. Les entretiens ont également mis en valeur d'autres points de convergence : des différenciations de la perception de la sexualité en termes de genre.

    Mais, avant de s'intéresser à ces observations, que je développerai dans le chapitre suivant, commençons par étudier le rapport entre le sexe et l'aliment. Ces deux grandes sphères sont étroitement liées. Zafizara Moana l'explique parfaitement dans un article intitulé « désir et sexualité dans les publicités d'aliments » :

    « Le lien entre aliment et sexualité est évoqué dans plusieurs symboles et représentations de notre société. Du mythe du péché originel aux désignations des attributs sexuels par des noms de fruits et de légumes en passant par quelques formules évoquant les deux notions (« je vais te manger », « j'ai envie de toi »), sexualité et alimentation semblent être deux parfaites âmes soeurs. Il semble alors naturel que la publicité mette en scène ce lien pour la vente de ses produits. »24

    Dès les années 1970, le sexe permet de vendre n'importe quel produit alimentaire : du chocolat, des pâtes, du fromage... ou encore de la crème. De la crème oui ! Prenons par exemple la fameuse affiche de la crème Babette. La campagne publicitaire met en scène un

    24 MOANA Zafizara. « Désir et sexualité dans les publicités d'aliments » in La Revue Ganymède. 2011

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    corps de femme jeune et plutôt attirant, sans tête, avec un tablier. Le caractère stéréotypé, voire sexiste, est ainsi accentué. Mais, outre mesure, le visuel n'interpelle pas plus le consommateur. Le message publicitaire qui accompagne l'affiche est plutôt bien trouvé et assez humoristique. Diffusée entre le 12 et le 19 avril 2000, cette campagne a été testée au préalable, auprès d'un échantillon de femmes qui n'ont pas vu, dans cette mise en scène, le caractère sexiste que pouvait avoir l'affiche. Par ailleurs, Candia a vu une progression de ses ventes de 35,9% en un an, qui n'aurait peut-être pas eu lieu avec une communication plus classique.25

    Toutefois, si l'on se penche plus attentivement sur le message de la publicité et que l'on ne s'en tient pas uniquement au sens littéral du slogan, on s'aperçoit de la polyphonie du message. La femme, au sens premier, nous informe des avantages de sa crème et de ce qu'elle peut faire avec. Mais, plus ingénieux que ça, le message peut également être, en arrière-plan, celui d'un homme nous vantant les mérites de Babette, qui, par transposition, se trouve être la femme du visuel, la cuisinière sans tête. Le trouble s'installe, cette deuxième interprétation présenterait la femme comme un objet purement sexuel. Les gendarmes de la publicité s'emparent de ce nouvel argument publicitaire assez provocateur, ce à quoi l'agence rétorquera :

    « C'est vous qui avez l'esprit mal tourné ! Je ne suis responsable que du sens littéral que j'ai donné à ce texte. Toute autre interprétation est subjective et incombe à celui qui lui donne un

    autre sens.» 26

    Campagne Babette crée par l'agence d'Arcy, de 2000 puis de 2001

    25 TEYSSIER Jean-Pierre. Frapper sans heurter : quelle éthique pour la publicité. Paris : Armand Colin, 2004. 330 p.

    26 Ibid.25

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    Le spectateur aurait donc sa part de responsabilité, mais, le publicitaire n'est pas dupe, c'est une personne humaine comme tout le monde, et le second degré est son arme pour faire passer des messages à caractère sexuel, communiquant avec notre subconscient. La deuxième vague de la campagne publicitaire en juin 2001 avec un slogan encore plus explicite « Babette, j'en fais ce que je veux », en est l'illustration même.

    Et pour le plaisir de la crème Babette ...

    Autres visuels de la campagne de la crème Babette

    A) La sexualité : un facteur de stimulation de l'émotion

    Comme nous l'avons précédemment expliqué, les concepteurs rédacteurs ont recours à la sexualité pour se faire remarquer, à l'heure où le contexte publicitaire est largement encombré. Par ailleurs, le secteur de la publicité n'est pas le seul à employer la mise en scène de la sexualité.

    Effectivement, la télévision en est l'exemple par excellence. Les clips musicaux mettant en scène des femmes, pour ne pas dire des aguicheuses en bikini ou en porte- jarretelle, se trémoussant sur la plage ou s'extasiant, seules, dans des draps de soie, envahissent de plus en plus le petit écran. Nous pouvons également citer les nombreux spots, tout aussi brefs qu'explicites dans la marchandisation du corps, telles que les invitations aux téléspectateurs à composer des numéros pour savoir si telle ou telle personne les aime en secret, ou encore, les trompe.

    La téléréalité participe également à cette sexualisation croissante des programmes. Des émissions comme l'île de la tentation, les marseillais à Miami, l'amour est aveugle, etc., mettent en scène des jeunes plus ou moins matures, mais surtout leur sexualité, et les rivalités qui peuvent en découler, rivalités entre différentes personnes du même sexe pour le sexe opposé. L'intitulé même de l'émission, « l'île de la tentation », est très significatif. Le concept : mettre à l'épreuve des protagonistes vis-à-vis de la tentation sexuelle. Si les

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    émissions font de l'audience, c'est qu'elles marchent. Les publics en seraient donc satisfaits au point d'en redemander ? Mais, revenons-en à la publicité...

    Dans ces petits films, la sexualité reste un facteur de stimulation d'émotions fortes. Même si l'alimentation et la sexualité ont un faible degré de congruence, il n'est pas étonnant que les publicités alimentaires usent de connotations sexuelles pour séduire leur cible. La capacité d'un aliment - qu'il s'agisse de glace, de café, de bonbons, de boissons ou autres - à susciter des émotions fortes, est plus importante qu'une marque de vêtements ou qu'une voiture... et quand bien même... Les publicitaires croient en l'efficacité de telles mises en scène, outil d'attraction du regard des consommateurs. Alors, quel mécanisme s'opère ? Qu'en est-il réellement du spectateur ? Son comportement est-il différent face à un spot alimentaire à connotations sexuelles, que face à une publicité lambda ? Le degré d'influence est-il le même ?

    L'érotisation de la publicité réveille les fantasmes

    La mise en scène de la sexualité attire le regard des téléspectateurs et provoque en eux des émotions positives, dans la mesure où elle « chatouille » leur désir, leur passion, voire leur pulsion. Attirer le regard, il s'agit bien là du but premier du publicitaire lorsqu'il s'attèle à la création de son spot.

    Le spot publicitaire joue ainsi un rôle de médiateur entre le second degré de sa création et le consommateur. La publicité permet, via un processus précis, la purgation des passions du consommateur, à des degrés variables, bien entendu, mais cette variation dépend du vécu et de la culture individuelle de chacun. La plupart du temps, le consommateur, par un jeu de suggestion, identification projection, cherche inconsciemment à assouvir en quelque sorte ses passions. Prenons un exemple concret : la pub des glaces Extrême, qui fait partie de notre corpus27. La publicité met en scène deux jeunes femmes en petites culottes dans une pièce humide. L'une, bien coiffée, les lèvres pulpeuses, déguste un cornet de la marque, en narguant sa copine qui en est privée et tente par tous les moyens (jusqu'à la violence) de pouvoir, elle aussi, bénéficier de ce plaisir. Ce n'est qu'à la fin que son plaisir sera comblé, via l'aliment, d'une part, et via la sexualité, d'autre part.

    27 Analyse en annexe

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    Si le spot ne met pas en scène de corps nus, ni de sexe à proprement parler, il montre simplement deux femmes, dont la nudité totale ne tient qu'à leur culotte et leur débardeur. Elles se battent un cône de glace qui serait la représentation du sexe masculin par excellence.

    Captures d'écran EXTREME : La salope gourmande - 1998 - www.culturepub.fr

    Cette publicité présente donc une situation « normale » à première vue, autrement dit, un scénario dans lequel deux filles sexy se disputeraient une glace. Pourtant, sur les huit personnes interrogées, si deux seraient plus réticentes, les six autres y voient très clairement une mise en scène de la sexualité. Un mécanisme s'opère donc dans l'esprit du spectateur. Alors que le spot vend des glaces, le contexte de sexualité dans lequel il les vend, vient mettre à l'épreuve les désirs inconscients du spectateur. En effet, ce dernier, face au film, est attiré par les filles plutôt jolies, mais également et surtout, par la manière dont la rousse lèche, puis croque sa glace, premier plan du spot, d'ailleurs. Il y a donc bien une volonté de faire ressortir le degré de sexualité de la publicité. Les gros plans sur les lèvres pulpeuses de la jeune fille - s'alternant avec l'excitation grandissante de l'autre, enragée de ne pouvoir assouvir sa gourmandise - suggèrent le plaisir sexuel chez le téléspectateur. La suggestion de la représentation du pénis par le cône, émise par le publicitaire, est identifiée par le potentiel consommateur. Celui-ci va presque inévitablement interpréter la glace comme la représentation du sexe masculin, avant de fantasmer sur la situation, se projetant dans cet

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    univers où transpire la chaleur des corps féminins. Le processus de captation se résumerait comme tel :

    - Publicité suggestive

    - Objet symbolisant le sexe masculin (ou féminin dans d'autres publicités)

    - Identification de la représentation et interprétation du téléspectateur

    - Projection, fantasme

    La publicité sollicite les imaginaires des publics afin de les convaincre d'acheter le produit vendu, de les pousser à la consommation, par la mise en scène de la sexualité, la transgression des codes déontologiques et la mise en avant des tabous. Ces éléments engendrent, chez le téléspectateur, une certaine excitation propice à le projeter dans le scénario s'offrant à lui.

    En ayant l'impression de se reconnaître sur le poste, ou en s'imaginant dans la situation montrée, le consommateur est à même de purger ses pulsions, ses passions, d'assouvir ne serait-ce que quelques secondes ses désirs et ses fantasmes les plus fous, comme le définit la catharsis.

    Mais, ne soyons pas si catégoriques ; l'interprétation qu'une personne donne aux images publicitaires varie en fonction de sa sensibilité. Or, chacun à sa propre sensibilité, qui varie suivant l'éducation, la culture, le pays d'origine et bien d'autres facteurs. Il n'est donc pas étonnant que certains puissent être choqués par un scénario qu'ils jugeraient trop sexuel, tandis que d'autres, au contraire, le considéreraient comme très sensuel. Cependant, le jeu sur les fantasmes et les tabous cherche plus à créer une ambiance qu'à montrer des corps dénudés.

    Deux types de mise en scène

    Si le sexe est constamment sollicité pour la création d'un spot, la publicité offre cependant à ses spectateurs, différentes façons de l'afficher.

    La première manière de figurer la sexualité dans la publicité, est dite « indirecte ». La volonté de montrer, est certes dans les objectifs du publicitaire, mais le professionnel ne manque pas de créativité et joue de malice et de réflexion pour présenter une publicité assez soft, plus sensuelle que sexuelle. Cette forme de publicité axe son scénario sur quelque chose de plus noble, de plus voluptueux. L'émotion qu'elle va susciter sera plus de l'ordre de la curiosité, de l'attirance visuelle, de la sympathie pour les acteurs, du gentillet, sans pour

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    autant tomber dans le ridicule et le niais. C'est par exemple, le cas de la publicité Perrier, publicité sélectionnée pour mon corpus.

    Captures d'écran PERRIER - La bouteille phallique - 1976 - www.culturepub.fr

    La publicité est très suggestive. Dès le début, nous savons que les caresses de cette main sexy vont avoir des effets visibles sur la bouteille dont elle s'occupe. La masturbation du sexe masculin jusqu'à l'éjaculation est claire. Toutefois, la musique (un opéra), l'ambiance (une atmosphère chaleureuse, cosy, propice à une soirée en amoureux), la délicatesse et la beauté de cette main ne nous choquent pas. La mise en scène de la sexualité est pourtant remarquable dès lors que la main s'avance vers la bouteille. Le scénario est épuré, mais bien pensé et, il vient titiller l'imagination du spectateur qui n'hésitera pas à identifier l'acte sexuel et à fantasmer peut-être, suivant sa sensibilité et sa capacité à prendre du recul par rapport à la publicité.

    Il en est de même pour la pub du fromage Caprice des Dieux. Patrice Leconte - réalisateur de la saga des publicités pour ce fromage, publicités mettant en scène une femme qui vient demander à l'homme, sur le ton de la tentation de faire un caprice - a misé, lui aussi sur un scénario soft, mais, dont on perçoit facilement la tentation du plaisir. La mise en scène de la sexualité est moins brute, plus respectueuse dans le visuel. Toutefois, elle peut paraître machiste, du fait que la femme vienne draguer un homme assez charmant, un « play-boy » des sports d'hiver en quelque sorte, qui le met en avant et lui permet d'imposer sa domination sur les autres et sur la femme qui l'aguiche.28 La sexualité se retrouve donc dans l'ambiance, dans les mimiques, dans les voix, les propositions alléchantes, les yeux lubriques, la dégustation, la délectation, l'isolement dans la cabine, l'intimité, etc.

    28 Entretien Eric Barriol - cf annexe

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    Captures d'écran CAPRICE DES DIEUX - Le téléphérique par Patrice Leconte - 1986 - www.culturepub.fr

    La deuxième approche de la mise en scène de la sexualité dans les publicités est dite « directe ». Le scénario met d'une part en scène, des corps, dont varie le degré de nudité, d'autre part, des situations tombant dans l'exagération. Hyperboles et fortes connotations sexuelles ne sont pas en reste. Cette approche est à qualifier de sexuelle et tend à se rapprocher des codes de la pornographie, lorsqu'elles dépassent l'étroite frontière qui la sépare du porno. La sexualité semble alors être utilisée de manière gratuite et simpliste par les concepteurs rédacteurs, toujours convaincus que le sexe reste le moyen d'attirer l'attention, de captiver le regard, de susciter des émotions.

    Pourtant, la pub Ketchup de 2001 (cf corpus) prouve le contraire. Une vapeur de dégoût flotte au-dessus de ce scénario. Rappelons brièvement les étapes du spot : l'homme subit une opération pour se faire rallonger un doigt. Sous le regard complice et envieux de sa femme, il plonge ce même doigt dans le pot de Ketchup pour en retirer les dernières gouttes restées au fond.

    Le doigt symbolise l'élément phallique par excellence et le fait qu'il soit introduit dans la bouteille traduit bien l'acte sexuel. Un de mes interviewés le spécifie parfaitement :

    « Y'a un truc que je trouve assez fou, c'est cette greffe d'un doigt plus long mais apparenté à autre chose de plus long, mais en même temps l'aspect pratique et puis bon pour aller jusqu'au fond du pot là, mais pas seulement, voilà... » 29

    ou encore :

    « Pourquoi pas imaginer que le doigt puisse remplacer un autre outil masculin parce que la femme a l'air tellement attiré par ce doigt magique, dans son regard, dans son expression on

    29 Entretien Eric Barriol - cf annexe

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    a l'impression qu'en fait, il s'est doté d'un nouveau vibromasseur qu'il peut porter avec lui et qu'elle peut utiliser »30

    Captures d'écran KETCHUP - Le doigt par l'agence Léo Burnett - 2001 - www.culturepub.fr

    Le second degré est clair. La mise en scène de la sexualité ne laisse pas place au doute. Mais, la manière dont est filmée la scène tend à dégouter davantage les femmes que les hommes. Les mimiques de répulsions se lisent sur leur visage au moment de visionner, pour la première fois, la publicité.

    Ces mimiques et ces différences de réactions propres à chacun, traduisent clairement les différences de sensibilité existantes, face à un spot à caractère plus ou moins sexuel.

    Par ailleurs, alors que les publicitaires cherchent à attirer le regard du consommateur par des scénarios toujours plus sexuels, comme nous l'avons précédemment expliqué, cette publicité, sur les cinq présentées, n'a retenu l'attention de personne, lorsque je leur ai demandé, l'interview terminé, laquelle ils avaient le plus mémorisée. La mise en scène de la sexualité attire-t-elle réellement le spectateur ? Comment expliquer les divergences de réactions ? Enfin, les connotations sexuelles sont-elles les seules responsables des différences de perception, des différences de réception du spot ?

    30 Ibid.29

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    La musique et les slogans, facteurs clés

    Si la mise en scène de la sexualité dans les publicités alimentaires est un facteur essentiel pour attirer le regard des consommateurs, la musique et les slogans jouent également un rôle non négligeable. Avant de développer plus amplement sur ce point, soulignons que l'insertion d'un titre susceptible d'attirer le public, les auteurs-compositeurs-éditeurs gagnent une grande majorité de leur revenu via la télévision et notamment les spots publicitaires. En effet, le média est à l'origine de plus d'un quart des droits versés par la SACEM.31 Un exemple concret, dès les premières diffusions de la publicité coca-cola de 2007, le tube de DJ Bobo « chihuahua », utilisé dans la publicité a fait partie du top dix des meilleures ventes de musique.

    Captures d'écran COCA COLA - Chihuahua - 2007 - YouTube

    31 JOANNIS Henri et BARNIER Virginie de. De la stratégie Marketing à la Création Publicitaire (3ème édition).

    Paris : Dunod, 2010. 471 p.

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    La musique a donc une influence réciproque en termes de publicité. Elle permet de rendre le message encore plus efficace et donc d'avoir un plus fort impact sur les potentiels consommateurs de la marque, mais elle aide aussi à vendre de la musique, via la diffusion au grand public de la publicité.

    La musique a donc une fonction supplémentaire qui, comme la mise en scène de la sexualité, a un impact sur le consommateur. Le publicitaire donne parfois une importance considérable à la bande son. C'est le cas des spots de Perrier, Extrême et Ketchup où l'absence de dialogue entre les protagonistes est relayée par la musique et donne un sens particulier à la publicité. Sa fonction est donc de remplir le vide que pourrait créer son manque et ainsi enrayer le malaise pouvant germer chez le téléspectateur se retrouvant face à un spot dénué, et de dialogue, et de musique. Elle vient donc susciter une émotion supplémentaire chez le prospect, qui bien entendu, dépend du registre auquel elle appartient. L'opéra utilisé pour Perrier accompagne parfaitement la douceur, que l'on peut percevoir dans cet univers cosy, comme dans la manière qu'a la main de caresser la bouteille. Cette musique « noble » est ainsi en accord avec la volupté du spot et vient renforcer l'érotisation de la publicité.

    La bande son utilisée dans Ketchup est, elle aussi, en adéquation avec le spot. On distingue trois temps dans la pub : la première partie n'a pas de fond sonore. On se trouve dans la salle d'opération, l'opéré se fait débander la main et on découvre, en même temps que les quatre protagonistes, le résultat de l'opération. Le silence serait donc le moyen de mettre en exergue ce moment exceptionnel, d'attente, comme le roulement de tambour annonçant des numéros spéciaux et de grande tension, au cirque par exemple. La musique ne commence qu'à partir de la dix-huitième seconde, qui signe le début de la deuxième partie de la publicité, lorsque que l'homme est époustouflé par l'opération qui semble susciter en lui quelques jouissances précoces : l'impatience de l'inattendu. Enfin, la dernière partie amène la mise en scène de la sexualité. La mini-pause que l'on peut constater à la seconde trente du spot, accompagne l'insertion du doigt dans la bouteille. Ce marqueur musical est un élément clé pour connoter l'acte sexuel. La publicité mise sur une mélodie bien particulière, que l'on pourrait qualifier de circulaire. Elle illustre les cercles que fait le doigt rallongé de l'homme tournant au fond du pot pour récupérer le maximum de cette substance rouge dont il raffole.

    En revanche, dans la pub du Caprice des Dieux, la musique garde une fonction de toile de fond, elle accompagne les voix de l'homme et de la femme tout en rythmant l'enchaînement des actions du spot. Sa fonction est aussi argumentaire, puisqu'elle vient affirmer la promesse faite par la publicité : « Caprice à deux, Caprice des Dieux, un fromage si doux, si tendre

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    qu'on ne veut le partager qu'à deux ». Si la mise en scène de la sexualité n'est pas flagrante dans ce spot, contre un scénario plus sensuel, la musique argumentaire vient renforcer cette volonté de sensualité en faisant de l'intimité un élément clé, annoncé par les paroles de la bande son : « si doux, si tendre qu'on ne veut le partager qu'à deux. »

    Si la musique représente un facteur d'attraction tout aussi important que la mise en scène de la sexualité, si la musique renforce parfois cette exposition de la sexualité ou sensualité, les slogans ne sont pas en reste. Leur rôle est essentiel et vient lui aussi intensifier les connotations sexuelles. Par exemple, la pub Perrier met en avant les vertus de la boisson gazeuse : dans un slogan signant la marque, et donc propice à la mémorisation, même involontaire de la part du consommateur. « Perrier c'est fou » donne à la boisson une valeur subliminale. Le slogan vient stimuler l'inconscient des consommateurs et par un jeu d'identification et de projection, les vertus de la boisson sont comparables à celle d'un rapport sexuel. Boire du Perrier permet d'atteindre l'orgasme. Il en est de même pour la pub des Céréales Lion, qui elle, en revanche, est épurée de toute musique. La voix off, qui vient donner la composition de l'aliment, en plein milieu du spot annonce les effets des Céréales. Elles seraient tellement bonnes que l'on en perdrait les mots pour les qualifier.

    Captures d'écran CEREALES LION - Le plaisir sauvage par Mickaël Toft- 2013 - YouTube

    Effectivement, le commentaire « ce mélange unique de chocolat et de caramel c'est trop mmmmmh .... » vient de l'incapacité à fournir un adjectif adéquat pour qualifier les céréales. Enfin, l'orgasme qu'atteint le personnage masculin, après avoir avalé une cuillère de son bol, s'apparente au plaisir sexuel. Notons, par ailleurs, que le début de la publicité (la main sur la cuisse et le murmure à l'oreille de la jeune femme, accompagnés des yeux coquins ou outrés

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    des passagers alentours) suggère d'entrée la proposition de l'homme de faire l'amour à sa copine.

    Qu'il s'agisse de musique ou de slogan, la mise en scène de la sexualité n'est pas la seule à avoir un impact conséquent sur le téléspectateur. Les publicités alimentaires ont certes recours à la sexualité pour vendre leur produit, mais pas seulement. La bande son et les slogans accrocheurs ont eux aussi leur rôle à jouer, et viennent, la plupart du temps, renforcer les connotations sexuelles. De nombreux facteurs sont donc réquisitionnés, mettant en éveil le maximum de sens des prospects : ouïe et vue notamment, avant de mobiliser leur capacité à imaginer et à se projeter dans la scène présentée sur le petit écran.

    L'argument de vente des cinq publicités de mon corpus reste donc l'ébat sensuel, l'ébat amoureux, l'ébat sexuel. Le sexe et l'aliment s'allient dans les publicités. Toutes celles-ci stimulent les émotions des téléspectateurs, plus ou moins vivement, certes, mais ces émotions se traduisent-elle efficacement en termes d'achats ? Si l'aliment et la mise en scène de la sexualité sont propices aux émotions fortes, comment les émotions transitent du sexe à l'aliment, ou vice versa ? Quel plaisir induit l'autre, si transfert de plaisir il y a ? Enfin, les publicités alimentaires qui usent de ce registre suscitent-elles nécessairement la consommation ?

    B) Un transfert de plaisir... qui pousse à la consommation ?

    Le désir alimentaire et le désir sexuel dans les publicités créent un cadre, une atmosphère. Le désir semble dirigé vers l'aliment dans notre corpus de publicités, mais il se sert des mêmes codes que le désir amoureux. Il y aurait donc un transfert entre le désir sexuel et le désir alimentaire. L'un serait en amont de l'autre et l'influerait, et vice versa ; mais qu'en est-il réellement ? Comment le potentiel consommateur le perçoit ? La consommation s'ensuit-elle automatiquement, ou du moins, le consommateur aura-t-il plus tendance à acheter le produit dans un contexte à connotations sexuelles, que dans un scénario dénué de toute référence sexuelle ?

    Si le publicitaire joue avec les émotions des consommateurs, comme nous l'avons précédemment expliqué, la difficulté de saisir quel désir est en amont de l'autre semble difficile pour le téléspectateur. Les consommateurs, et j'avance ceci en fonction des enquêtes menées auprès de mon échantillon, les consommateurs donc, se disent en général plus

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    influencés par une publicité à caractère sexuel que par une publicité ne présentant pas ce genre de connotation. Le plaisir alimentaire et le plaisir sexuel seraient-ils simultanés, indissociables... ? Il semble que tout dépend de la perception des consommateurs, mais également des différents types de publicité et de mises en scène de la sexualité.

    Des femmes et des hommes « chauds » dans les publicités

    Les publicités qui mettent en scène des corps plus ou moins « chauds », comme nous avons pu le voir dans le spot de Gini par exemple, utilisent l'ébat sexuel comme argument de vente. Dans la pub Gini, on nous fait croire que grâce à elle, nous pouvons faire l'amour à une femme toute la nuit sans que celle-ci ne se fatigue. La publicité Perrier de notre corpus montre elle aussi, par identification, un acte sexuel entre la femme et l'homme, jusqu'à la jouissance. La femme réduite à une main, l'homme représenté par une bouteille. Le désir alimentaire, ici la boisson pétillante vient rafraîchir la chaleur des corps encore moites. Le publicitaire mise également sur le fait qu'il s'agisse d'un plaisir sensuel et durable : la main caresse lentement la bouteille qui met du temps à se développer. La musique douce, classique, raffinée et assez lento qui accompagne les gestes favorise l'aspect durable du plaisir.

    La représentation de femmes ou d'hommes « caliente » dans les publicités, met donc le plaisir alimentaire et le plaisir sexuel au même niveau : ils ont tous les deux la capacité de susciter l'orgasme chez qui les consomment. Il n'y a donc pas vraiment de distinction entre aliment et sexualité des protagonistes et, par conséquent, des consommateurs.

    Toutefois, la pub Gini, qui pose la question « à quand remonte votre dernière Gini ? » et sous-entendu « à quand remonte votre dernier rapport sexuel ? » a tendance à mettre en amont du désir sexuel, la tentation alimentaire, dans la mesure où la boisson possède les facultés d'augmenter la libido des consommateurs. Dernier exemple, la publicité des Céréales Lion : le plaisir sexuel et le plaisir alimentaire semblent indissociables. Ils sont effectivement jumelés. Il s'agit de plaisir au sens large du terme, même si l'homme susurre quelque chose à l'oreille de sa femme que l'on imagine être une proposition « coquine » au vu des mimiques et de l'excitation croissante du jeune homme. Mais finalement, cette suggestion s'avère être tout autre chose : une envie soudaine de céréales.32

    Les publicitaires jouent donc sur deux types d'appétit qu'ils mettent en corrélation, car tous les deux suscitent des émotions fortes. Ceci dit, l'existence d'un transfert de l'un à l'autre

    32 Entretien Thibaut Ferraro - cf annexe

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    n'est pas évidente pour le consommateur. L'alimentaire vers le sexuel, le sexuel vers l'alimentaire ? Trancher n'est pas aisé pour celui qui s'intéresse de près à la construction de la publicité et aux différentes influences qu'elle a sur le prospect.

    Quand l'aliment domine le plaisir sexuel

    Les publicitaires savent qu'ils doivent attirer le consommateur. Il faut donc jouer avec les images suggestives au caractère sexuel ou sensuel. Le transfert entre l'aliment et la sexualité ou vice versa, ne semble pas être une des plus grandes préoccupations du concepteur-rédacteur. En revanche, le paysage médiatique nous offre une majorité de publicités où la mise en scène de la sexualité, si elle motive le désir alimentaire, demeure finalement inférieure à celui-ci. Si l'on sort de notre corpus et que l'on s'attarde sur la pub du chocolat Yves Thuriès de 2001, nous sommes face à une femme et un homme, après des ébats sexuels. L'homme demande à la fille si elle est heureuse de ce rapport. Celle-ci répond « oui, mais ... ça ne vaut pas le chocolat Yves Thuriès. »

    Captures d'écran YVES THURIES - Rocco Siffredi - 2001 - www.culturepub.fr

    Le plaisir procuré par la tablette de chocolat entre donc en concurrence avec le plaisir éprouvé lors des ébats sexuels. Au grand dam de l'homme, dont l'égo se voit froissé, le chocolat gagne le round. La publicité prend ainsi le spectateur à contre-courant en montrant que l'aliment est plus irrésistible que le désir ou l'amour. Le désir sexuel est alors appréhendé comme un cadre, une atmosphère, un contexte qui permet l'intensification du plaisir alimentaire. Le désir alimentaire emprunte ainsi les mêmes codes que les ébats amoureux pour attirer le consommateur. Le désir sexuel de départ est propice au désir alimentaire et vice versa.

    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    Dans notre corpus, la pub des glaces Extrême, même si elle est dotée d'une certaine violence dans les faits et gestes de la fille aux cheveux noirs, attire l'oeil du consommateur, qu'il s'agisse d'une personne de 18/25 ou de 35/45 ans. Les interviews réalisées révèlent un engouement assez général, outre les deux jeunes étudiantes plus réticentes, pour cette pub. Si le spot ne montre pas d'ébats sexuels à proprement parler, la matérialisation du sexe masculin par le cône est assez évidente.

    Captures d'écran EXTREME : La salope gourmande - 1998 - www.culturepub.fr

    Les filles sont plutôt jolies, la musique de Marylin Manson s'inscrit dans notre esprit et dynamise l'enchaînement des actions et l'accumulation des détails. Dans ce film, on imagine l'appétit sexuel des deux filles qui se disputent une glace. La clé au bout du sein de la première vient mettre un terme à la violence de l'autre, qui enfin peut, elle aussi, avoir accès au plaisir alimentaire, comme au plaisir sexuel. Les interprétations sont nombreuses, mais la clé symbolise bien l'accès au paradis sur terre, à la jouissance procurée par la glace, et peut-être par la sexualité.

    Enfin, la pub des Céréales Lion est, elle aussi, très représentative de la supériorité de l'aliment sur le sexe, dans la mesure où le jeune homme, outre la main sur la cuisse de sa copine au départ, finit dans un orgasme, suscité par les céréales. Si les ébats sexuels sont suggérés au départ, ils disparaissent rapidement, laissant la scène au produit vendu.

    Captures d'écran CEREALES LION - Le plaisir sauvage par Mickaël Toft- 2013 - YouTube

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    La publicité joue donc sur le rapport de supériorité entre la mise en scène de la sexualité, plus ou moins flagrante, et le plaisir éprouvé par la consommation de l'aliment. Mais, le concepteur-rédacteur joue également sur certains récits fondateurs de notre culture sociale : le mythe.

    Le mythe du péché originel, la tentation

    S'il n'y a pas réellement d'élément rappelant le fruit de la tentation de la Genèse, on retrouve pourtant des situations où la tentation est à son paroxysme. C'est par exemple le cas de la publicité Caprice des Dieux, toute aussi soft qu'elle puisse paraître. La publicité comme nous l'avons précédemment décrite, met en scène une femme dans une télécabine, au milieu d'un groupe de moniteurs. La première scène est une vue d'ensemble de l'intérieur de la cabine. La femme se démarque facilement des autres, tous vêtus d'une combinaison de ski. Ils pourraient se fondre au décor enneigé et ainsi, passer inaperçus. L'attention est alors davantage portée sur la femme qui s'avance à l'avant de la cabine, se dirigeant vers le seul singulier personnage masculin. En effet, son teint hâlé et ses vêtements colorés le mettent en exergue, en quelque sorte, face aux autres protagonistes masculins qui remplissent la cabine.

    Captures d'écran CAPRICE DES DIEUX - Le téléphérique par Patrice Leconte - 1986 - www.culturepub.fr

    La manière dont la femme propose à l'homme un caprice, renvoie au mythe du péché originel dans la mesure où elle tenterait l'homme dans sa proposition de fromage. Certes, ce n'est pas la femme qui mord dans le fruit défendu, comme le veut le mythe, mais le ton de la tentation qui s'entend dans sa voix nous ramène au mythe. De plus, ses yeux lubriques et l'air étonné de l'homme, pas contre la proposition, favorisent la référence. Il va se laisser tenter, sa décision est prise dès lors qu'il crie « Terminus », en éjectant tout le monde de la cabine, pour se retrouver en tête à tête avec la femme et partager son fromage.

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    La tentation référençant le mythe peut également être perçue dans le spot des Céréales Lion dans la mesure où la femme serait l'entremetteuse entre son copain et le paquet de céréales auquel il semble faire l'amour. La fille aurait, elle aussi, le rôle de la tentatrice puisqu'elle tend le paquet de céréales à son copain qui finit par en jouir.

    Le désir sexuel et le désir alimentaire sont donc systématiquement en relation dans les publicités alimentaires à connotations sexuelles, si l'un n'induit pas nécessairement l'autre, et si le désir alimentaire est majoritairement supérieur au désir sexuel, la tentation du plaisir qu'il soit alimentaire ou sexuel n'est pas en reste. Toutefois, si l'un des personnages atteint l'orgasme, la jouissance par l'aliment, l'autre acteur de la publicité en est exclu.

    Un plaisir solitaire

    Dans notre corpus, les cinq publicités présentent une mise en scène de la sexualité, les huit interviewés le confirment à l'unanimité, tout en faisant varier les degrés de cette exposition. Les cinq publicités présentent également des situations mettant en scène un duo de personnages, complices.

    Dans la publicité Perrier, la main est la représentation, certes réductible mais représentation tout de même de la femme, et la présence de l'homme physiquement absent est matérialisée par la bouteille de Perrier. L'homme accède à l'orgasme, mais pas la femme, qui, elle demeure à l'origine de cet orgasme.

    Dans la publicité Caprice des Dieux, le plaisir est partagé. Même si c'est la femme qui vient chercher l'homme, puis le drague et lui propose un caprice, qui rappelons-le a pour définition « une envie soudaine, irréfléchie et passagère », l'homme se laisse aller à la tentation. L'homme et la femme sont physiquement présents dans la scène contrairement à la pub de Perrier. Le fromage vient combler leur désir alimentaire. La femme assouvit ainsi ses envies subites et, l'homme répond en quelques sortes à ses pulsions animales, tenté par une femme.

    Le spot de la glace Extrême met en scène deux jeunes femmes au physique sympa et attirant. Le cône vient pallier à l'absence physique de l'homme. Une seule des deux filles bénéficie du plaisir alimentaire (la rousse à la coupe au carré). Tout en profitant de son avantage, elle nargue l'autre protagoniste, prête à tout pour accéder au même plaisir. La clé résoudra la situation et les deux pourront consommer tant l'aliment que l'ébat sexuel, mais seulement à la fin.

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    La publicité Ketchup, quant à elle met en scène un couple d'une quarantaine d'années, complices de la situation. L'homme subit une opération de la main pour se faire rallonger un doigt qui lui permettra d'accéder au fond de la bouteille. Dans cette publicité, la femme partage les transformations de son mari et semble excitée, dès lors qu'elle visualise le résultat de l'intervention. C'est également elle qui ouvre le frigo et tend la bouteille de Ketchup à son homme, pour que celui-ci y introduise son doigt. Jusqu'à la fin, elle restera privée du plaisir dont profite son mari. Plaisir alimentaire contextualisé dans une situation de sexualité, dans l'interprétation que l'on peut faire du doigt et de la bouteille au contenu rouge (cf. analyse corpus en annexe). La femme est donc, comme l'une des deux filles dans la pub de la glace, exclue du plaisir alimentaire. Et, comme dans la publicité Perrier, elle apparaît telle une femme dévouée à son mari qui se soucie de son « bonheur ».

    Enfin, la publicité des Céréales Lion met en scène, elle aussi, un plaisir solitaire dans la mesure où seul le jeune homme a rendez-vous avec l'orgasme, sous l'oeil non étonné de sa copine. La position de la fille semble plus délicate que dans le spot de Ketchup ; la jeune femme pourrait être la mère de l'homme qui fait un caprice. Elle semble connaître par coeur son compagnon, comme une mère connaît son enfant. Elle ne prête pas plus attention aux envies subites de son mari, elle lui tend ses céréales comme une mère comblerait le caprice de son gamin.

    Dans ces cinq pubs, un des personnages reste donc exclu du plaisir alimentaire. Cette personne motive le désir sexuel et permet à son rival d'accéder à la jouissance alimentaire essentiellement.

    La mise en scène de la sexualité reste donc un moyen d'intensifier le plaisir alimentaire, en attirant l'attention du spectateur sur des ébats sexuels ou du moins la connotation de ces ébats par des représentations symboliques. Le contexte de sexualité s'avère au final être un prétexte à la mise en scène du produit et justifie l'orgasme que peut connaître les protagonistes vis-à-vis du produit. Se pose alors la question de la consommation. Est-ce qu'une publicité à connotation sexuelle a plus de chance ou non de faire acheter le potentiel consommateur ? La cible en est le témoin par excellence. Si la plupart des interviewés se dit plus attirée par un spot publicitaire à connotations sexuelles, tous ne vont pas forcément acheter le produit par la suite. Toutefois, les téléspectateurs restent conscients des intentions de la marque et

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    raisonnent donc en termes de ces intentions. Si la consommation n'est pas spontanée, les images restent dans la tête des prospects et joueront peut-être leur rôle sous-jacent.33

    De belles images et une mise en avant positive du produit par des représentations qui parlent ont bien plus de chances de pousser à la consommation qu'une publicité plus classique se noyant dans la masse de spots existants. Une publicité comme Céréales Lion qui parle au téléspectateur, avec des visuels plutôt colorés, connotant le désir dès le départ et attisant la curiosité, incitera plus à acheter que le spot de Ketchup moins drôle et d'autant plus ragoûtant quand on sait que le Ketchup est à la base un produit destiné en priorité aux enfants...34

    Le sexe et l'aliment sont mariés depuis longtemps dans les spots publicitaires. Leur alliance est pertinente dans la mesure où les deux éléments ont les capacités de susciter des émotions fortes. Si les consommateurs sont davantage attirés par des illustrations mêlant ces deux grandes sphères, ils n'iront pas forcément acheter le produit, mais avouent majoritairement que ce genre de publicité a effectivement plus de chances de pousser à la consommation. Encore faut-il que la mise en scène de la sexualité ne soit pas gratuite, mais justifiée et bien amenée, avec une réflexion et une originalité dans son utilisation.

    C'est sur ce dernier point que va se jouer l'efficacité du spot du point de vue de la réception. La représentation de la sensualité ou de la sexualité est essentielle pour attirer le regard et retenir l'attention du futur consommateur. Mais, la surexploitation de ce registre amène parfois à se demander si la mise en scène de la sexualité n'a pas été banalisée du fait de son implantation massive dans la publicité. Aujourd'hui, tout et n'importe quel produit est vendu via le sexe. Même non exposée concrètement, la symbolisation, la représentation d'objet rappelant le sexe masculin notamment est perçue par les consommateurs. Des émotions plus ou moins intenses (tout dépend de la sensibilité de chacun) apparaissent et par un jeu d'identification, de fantasme, les situations parlent et s'inscrivent dans la mémoire des téléspectateurs.

    Cependant, les réactions des témoins de l'efficacité du message varient. Mon étude comparée sur deux générations de cible le reflète.

    33 Entretien Thibaut Ferraro : en annexe

    34 Entretien Isabelle Torre : en annexe

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    Chapitre 4 : La perception de la sexualité : une fracture intergénérationnelle et genrée

    La mise en scène de la sexualité, comme nous avons pu le voir dès la première partie, influence les prospects à différents degrés. Tout dépend de leur sensibilité, du recul qu'ils prennent vis-à-vis de la publicité, mais aussi de leur culture, leur âge... Evitons les redites et allons à l'essentiel : les spots publicitaires alimentaires à connotations sexuelles sont perçus différemment suivant l'âge du téléspectateur. Le comportement qu'il adoptera face à ce genre de spot en dépendra aussi.

    Mon enquête et les entretiens semi-directifs que j'ai menés viendront nourrir ce chapitre. Les résultats se basent sur un très mince échantillon de personnes ; s'ils ne sont pas nécessairement concluants et sont à relativiser, ils ne sont tout de même pas à négliger. En choisissant de m'intéresser à la réception, à la cible, j'ai opté pour une étude comparée entre deux générations. Les hypothèses émises au départ, avant même de me lancer dans une analyse des multiples réponses, se sont vérifiées au fur et à mesure. Si les individus âgés de 18/25 ans présentent de nombreux points communs avec leurs ainés (35/45 ans), en matière de perception des représentations de la sexualité dans les publicités alimentaires, les divergences entre ces deux générations n'ont pas tardé à se profiler, mais restent faibles. C'est ce que je commencerai par traiter dans une première partie.

    Au fil des analyses et des entretiens, je me suis vite rendue compte que la fracture intergénérationnelle n'était pas le seul facteur de variations. Effectivement, c'est assez rapidement et avec évidence que la question du genre s'est révélée être une composante des résultats trouvés. Ces deux composantes sociales seraient donc indissociables.

    C'est en creusant du côté de l'intersectionnalité que j'ai pu lisser mes résultats concernant les générations, les genres et parfois même les professions. Nous pouvons d'une part, parler de « consubstantialité » dans la mesure où les rapports sociaux sont semblables et inséparables les uns des autres, d'autre part, de coextensivité du fait de la reproduction et de la co-production des rapports sociaux. Le genre construit la classe et la génération, la génération construit la classe et le genre et la classe construit le genre et la génération.

    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    Il n'y a pas d'unification d'un des rapports sociaux, mais il est nécessaire de prendre en compte tous les facteurs d'analyse. La pluralité des mouvements a-t-elle un effet sur le contenu des résultats ? Il semblerait que oui.35

    3

    4

    1

    2

    1 = variable genre

    2 = variable génération

    3 = variable profession

    4 = coextensivité

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    Toutefois, si j'ai choisi de consacrer ma première partie aux divergences à propos de la génération, c'est parce qu'il me semble bon de vérifier, dans un premier temps, les hypothèses de départ avant de traiter les questions supplémentaires auxquelles je n'ai pas pensé spontanément, qui pourtant s'avèrent évidentes. Je consacrerai donc une seconde partie à des résultats plus performants des nombreuses attentes de la cible.

    A) Atomes crochus et convergences : une fracture intergénérationnelle.

    La mise en scène de la sexualité est perçue différemment suivant la génération à laquelle appartiennent les individus interrogés. Si les deux catégories s'accordent sur de nombreux points, les points de divergences ne sont pas en reste.

    Que révèle l'étude de l'impact des spots publicitaires à connotations sexuelles sur la consommation de la population française, sur son comportement en société, sur sa vie intime ? Quelle influence garde ce genre de publicité sur les consommateurs, sont-ils plus

    35 Entretien de KERGOAT Danièle. Articuler les luttes contre les différents rapports sociaux inégalitaires. Août 2011. En ligne sur IRESMO, consulté le 23 mars.

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    attirés par celles-ci que par des publicités dénuées de toute connotation, ont-ils conscience de la double influence de la publicité sur la société ?

    Si on vous parle de sexe ?

    La mise en scène de la sexualité n'a pas les mêmes impacts sur les jeunes adultes que sur leurs ainés. Effectivement, si l'on s'en tient aux résultats de mon enquête, la génération des 35/45 ans est moins sensible à la mise en valeur des corps dans les spots publicitaires alimentaires que la génération des 18/25 ans : le quart contre la moitié des jeunes. Lorsque l'on s'intéresse à présent à leur perception des connotations sexuelles dans ces pubs, les deux générations se mettent au diapason et affirment, toutes les deux, majoritairement, avoir conscience de ces représentations, symboles de l'érotisation de la publicité, même si cette dernière n'est pas forcément explicite, mais sous-entendue. Si les 35/45 ans sont moins sensibles que les jeunes à la mise en scène de la sexualité, tous ou presque, perçoivent très clairement les connotations sexuelles des publicités. Qu'en est-il de leur attention vis-à-vis de ces spots ?

    Si les deux catégories d'âge perçoivent fortement la mise en scène de la sexualité, elles ne sont pas pour autant plus attentives à ces connotations. En termes de proportion, plus de la moitié des 18/25 ans et trois quarts des 35/45 ans considèrent ne pas être plus attentifs à une publicité de ce registre. Pourtant, lorsqu'ils parlent de la population en général, quant à savoir si la mise en scène de la sexualité a plus de chance d'influencer la consommation des individus, ils sont presque catégoriques, en affirmant que oui.

    Aussi paradoxal que cela puisse paraître, les réponses dévoilent-elles la volonté de se démarquer des idées reçues ? La volonté de ne pas faire partie de cette société de consommation ? En affirmant majoritairement que les prospects ont plus de chances de consommer un produit alimentaire s'il est vendu dans un contexte érotique, les interrogés seraient contradictoires avec la question précédente concernant l'attention portée sur un scénario à tendance sexuelle. Ironie du sort ? Contexte de l'enquête ? Réponses spontanées et authenticités de celles-ci ?

    Une chose est sûre, hormis le fait que la génération « estudiantine » est plus sensible à la mise en valeur des corps dans les spots publicitaires que la génération des 35/45 ans, les deux tranches d'âge s'accordent, à quelques personnes près, sur la perception des connotations sexuelles, l'attention accordée à celles-ci et l'effet à posteriori, en matière de consommation. Qu'en est-il à présent du reflet sur la société ?

    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    Un miroir réflexible de la société ?

    Les spots publicitaires alimentaires mettent donc en scène la sexualité pour susciter des émotions fortes chez les potentiels consommateurs. Mais, les nombreux scénarios que nous offre le petit écran ne reflètent-ils pas notre société ? Ne s'en inspirent-ils pas ? J'ai posé la question à mon échantillon et à mes interviewés. Leurs réponses se rejoignent. Les 18/25 ans trouvent effectivement que la publicité reflète la société. Même si la question ne fait pas l'unanimité chez eux, globalement, c'est par l'affirmation qu'ils répondent.

    « La publicité reflète la société dans la mesure où tout a une valeur marchande aujourd'hui, comme nous l'expose le début du livre 99 Francs de Beigbeder ou encore son adaptation cinématographique. La publicité reflète l'incitation à la consommation pour être heureux. Si l'on revient 10 ans en arrière, la consommation n'était pas aussi importante et paradoxalement, nous sommes le premier pays consommateur d'antidépresseurs en Europe... » X (étudiant de 18/25 ans)

    « La publicité représente notre société de consommation, du toujours plus, toujours mieux que son voisin, toujours mieux présenté, plus efficace, meilleur... Elle représente aussi l'âge que l'on peut donner à la beauté (la femme grande, maigre, bronzée, maquillée, soignée...) à laquelle nous tentons de nous identifier aujourd'hui. Idem pour l'homme : puissant, musclé, typé... même si cela reste assez stéréotypé, dans la société, ces stéréotypes sont toujours d'actualité. La publicité reflète également un mode de consommation, c'est le cas pour l'alimentation, McDonalds qui fait un tabac, Ferrero Rocher devenu principalement un met de fête, plus cher, plus précieux comme nous le montre la publicité avec les Dieux de l'Olympe. » X (étudiante de 18/25 ans)

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    Si l'on s'intéresse à leurs ainés, on constate le même genre de réponses. Les convergences, entre les deux générations, sont donc très maigres et se jouent à quelques personnes près, si

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    l'on raisonne sur le plan de la proportionnalité. Les 35/45 ans trouvent, eux aussi, que la publicité reflète plus ou moins la société, reflète des manières de se comporter, des situations... La publicité, reprendrait en effet les grandes thématiques de la société, thématiques susceptibles de parler au plus grand nombre, au plus large public comme, par exemple, la mise en scène de la sexualité, mais pas seulement.

    « La publicité est le reflet du mode de vie, de l'évolution des pratiques sociales et des modes de pensée. Pour exemple : la place de l'enfant dans des publicités des produits prioritairement dédiés aux adultes. Mais aussi le développement de la place de l'homme comme acheteur potentiel de produits alimentaires en tant que membre d'une famille, mais aussi en tant que célibataire. » X (femme de 35/45 ans Cadres et Professions intellectuelles supérieures)

    Toutefois, comme pour la génération des 18/25 ans, l'unanimité n'est pas au rendez-vous et certaines personnes considèrent que la publicité n'est pas le reflet de la société.

    « Tout le monde est beau, avec de belles voitures, de jolies dents, de jolis habits, de très belles cuisines, etc... tout est parfait, propre et lisse, sans trop d'inattendus ce qui est tout à fait l'inverse de la vie qui n'est faite que de mouvements, de doutes et d'imperfections. C'est d'ailleurs sûrement pour cela que la publicité fonctionne, car elle nous offre un monde rassurant. La publicité, à mon sens, reflète la société qu'elle souhaiterait voir s'ériger sous ses yeux : une société de la consommation, de dépenses, de plaisirs futiles et superficiels, immédiats. C'est peut-être déjà le cas en fait ! » X (femme de 35/45 ans Professions intermédiaires)

    Concrètement, en lissant les réponses, on s'aperçoit qu'il n'y a pas vraiment de fracture intergénérationnelle sur le fait que la publicité serait le reflet de la société.

    Mais l'influence s'avère être double dans la mesure où la publicité représente des situations de notre quotidien. Elle reflète notre société de consommation et nous incite toujours plus à consommer. Nous pourrions donc représenter la publicité comme un cercle vicieux de double influence. Un miroir réflexible des comportements humains, des situations

    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    dans lesquelles nous pourrions nous retrouver. La publicité nous vend du rêve et illustre notre recherche constante du bonheur. La publicité idéalise toujours plus notre société, nous faisant croire que l'on peut tomber amoureux avec un Yop, que notre journée sera plus rayonnante avec un bol de Ricoré le matin, etc... Cette idéalisation tient le consommateur en haleine et le pousse vers le Nirvana en quelque sorte. Etre heureux, il faut être heureux à tout prix, et dans les spots et dans la vie quotidienne.

    Un pouvoir sur la consommation ?

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    « Les publicitaires arrivent à donner une représentation vidéographique d'une marque ou d'un produit qui peut marquer les téléspectateurs et donc potentiellement les pousser à l'achat. » (X homme de 18/25 ans étudiant)

    « Bien sûr que les publicitaires ont un pouvoir sur le consommateur, c'est justement tout l'enjeu des publicités : provoquer, susciter l'envie des consommateurs, créer des besoins alors que le consommateur n'a pas forcément l'utilité du produit au final. » X (femme de 18/25 ans, étudiante)

    « Sur une publicité, on retient les images ou les slogans ou même la musique. Quand les pubs sont bonnes, elles reviennent dans les conversations, même si on ne se souvient pas du nom dès la première fois. » X (femme 35/45 ans Employée)

    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires est davantage censée attirer l'oeil du consommateur pour susciter en lui des émotions fortes, qu'il puisse facilement s'identifier, se projeter dans le scénario qui défile devant lui. Mais la publicité à connotations sexuelles a-t-elle réellement un pouvoir de séduction sur le consommateur, favorisant l'achat du produit vendu par la publicité ? Il semblerait que oui. Encore une fois, il n'y a pas de fracture intergénérationnelle sur la question, à proprement parler. Trente personnes sur trente-quatre pour la génération 18/25 ans et vingt-cinq sur vingt-huit pour la génération 35/45 ans affirment que les publicitaires ont un pouvoir certain sur les consommateurs et savent comment faire pour les amadouer, les séduire et peut-être les convaincre d'acheter la marque ou le produit des publicités qu'ils voient, entendent et mémorisent pour certaines.

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    « Les publicités fabriquent des modes de consommation et si vous ne voulez pas suivre tel ou tel mode parce qu'il vous déplait par exemple et bien, il me semble qu'il faut carrément résister ! Les consommateurs sont plus nombreux que les publicitaires donc les consommateurs pourraient garder le pouvoir et la raison sur leur porte-monnaie, mais ils ne sont pas aussi bien organisés ! » X (femme 35/45 ans Professions intermédiaires)

    « Oui bien sûr, le rabâchage des marques amène une reconnaissance de celles-ci comme si c'était réconfortant et rassurant de leur faire confiance. Les marques rentrent dans l'inconscient collectif. » X (homme 35/45 ans Artisans, commerçants et chefs)

    Les spots publicitaires, dans leur globalité, influencent les téléspectateurs et les poussent parfois à consommer, mais la mise en scène de la sexualité n'accentue pas forcément la capacité de la publicité à pousser le consommateur à acheter le produit, d'après les réponses exploitées précédemment. La publicité a pour but de faire consommer, qu'elles soient minées de références sexuelles ou non. Elle influence donc forcément la consommation, sinon elle n'aurait aucun intérêt et l'on n'investirait pas autant dans la publicité.36 La publicité s'inscrit dans nos mémoires et possède un plus fort pouvoir de mémorisation surtout sur les enfants.37 De même, certains peuvent être plus perméables à des publicités érotiques que d'autres, le recul pris n'est pas le même et jouera justement sur la consommation a posteriori.38 Si la publicité met en valeur le produit et nous permet de mieux le mémoriser, elle va plus influencer notre comportement en société dans la mesure où, par exemple, la petite phrase entêtante « on se fait un petit caprice » pourra être ressortie avec toutes les allusions qu'elle comporte. Mais de là à influencer la consommation, cela reste assez délicat : on ne va acheter un produit uniquement pour le caractère sexuel qu'il dégage dans la publicité.39 L'humeur des individus peut également faire varier le degré de réceptivité et par jeu de dominos, de consommation.40 Enfin, tout ce qui relève de la stratégie de communication n'est pas à négliger : les heures et le média choisis pour diffuser tel ou tel produit ne sont pas anodins et

    36 Entretien Eric Barriol

    37 Entretien Christophe Delord

    38 Entretien Thibaut Ferraro

    39 Entretien Alice Hubert

    40 Entretien Isabelle Torre

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    participent à cette volonté de toucher une cible précise et susceptible de consommer les produits...

    Et au niveau de l'intimité ?

    Les spots publicitaires alimentaires mettant en scène la sexualité sont amenés à influencer l'intimité des prospects. Mais encore une fois, on ne distingue pas de grande fracture intergénérationnelle ; tous, semblent être de l'avis que les publicités sont susceptibles d'impacter notre conception de la vie de couple, de la vie sexuelle, à plus ou moins faible degré. Ce qui permettrait éventuellement de distinguer les deux générations serait aux différents niveaux de l'influence que peut avoir la publicité.

    Les 18/25 ans que j'ai interviewés ont plus tendance à voir une influence de la publicité à caractère sexuel sur le comportement intime quant au fantasme, par jeu, par fantaisie. L'influence serait plus de l'ordre des émotions que procurent le plaisir, et sexuel, et alimentaire.41 A travers les publicités érotisées, l'impact sur le consommateur se matérialiserait par un affaiblissement de la pudeur. Les médias ne montraient peut-être pas autant la sexualité auparavant. Ce registre de publicité ce serait démocratisé et la monstration des corps, dans la vie privée d'une famille ou en société ce serait développée au fil du temps. La libération sexuelle s'est progressivement affichée dans le quotidien des gens.42

    Du côté des 35/45 ans en revanche, les avis sont plus ou moins partagés. Certains se projettent éventuellement dans des situations plus sensuelles que sexuelles,43 tandis que d'autres considèrent effectivement que des jeunes notamment puissent s'inspirer de ce que la pub leur présente et éventuellement reproduire certains actes, certaines situations dans leurs premières relations. La mise en scène de la sexualité aurait donc un rôle d'éducation sexuelle pour leurs enfants.44 Du fait que les jeunes en connaissent bien plus qu'eux à leur âge dans le domaine de la sexualité, les 35/45 ans auraient effectivement tendance à percevoir dans la publicité une source d'inspiration pour les plus jeunes. Ce qui se confirme avec les réponses des 18/25 ans qui, s'ils ne reproduisent pas des situations concrètes, fantasment sur ces mises en scène.

    41 Entretien Cédric Ravel

    42 Entretien Alice Hubert

    43 Entretien Chantal Grange

    44 Entretiens Isabelle Torre et Eric Barriol

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires ne crée pas réellement de fracture intergénérationnelle précise. Les 18/25 ans et les 35/45 s'accordent en général sur la perception de ces connotations sexuelles. En revanche, les jeunes seraient spontanément plus sensibles que leurs ainés à la mise en valeur des corps et sont légèrement plus attentifs à ces expositions que leurs prédécesseurs. Mais, peut-on faire de cet échantillon une généralité ?

    C'est à travers ces résultats que l'on se rend compte que les divergences genrées vont jouer un rôle beaucoup plus sectaire que l'étude comparée de la réception de cette mise en scène de la sexualité par la génération. Comme nous l'avons précédemment abordé, les résultats ne peuvent être concluants si l'on ne s'intéresse qu'à la génération qui, finalement, présente plus d'atomes crochus que de convergences.

    B) Au-delà de la génération, le genre

    La publicité cherche à attirer le regard des consommateurs, nous l'avons dit et redit ! Mais, ces potentiels consommateurs de la marque défilant devant eux ont-ils tous les mêmes attentes vis-à-vis d'un spot publicitaire ? Il semblerait que non.

    Des attentes générationnelles certes, mais genrées

    Les potentiels consommateurs, friands de petits spots vidéo sont plus ou moins attentifs aux scénarios qui défilent sur leur écran. Leurs attentes en termes de publicité et leur degré de sensibilité varient en fonction de leur âge, de leur catégorie socio-professionnelle, mais essentiellement de leur genre. Les femmes ne seront sûrement pas attirées par les mêmes visuels que les hommes et vice versa.

    « La représentation des femmes et hommes dans la publicité est spécifique au sexe auquel elle s'adresse. La nudité féminine pourrait ainsi être considérée comme le moyen idéal d'exploiter la perception masculine. Cependant, on constate que ceci est en fait rarement le cas. La nudité féminine est en général plutôt utilisée pour des produits féminins. La publicité s'adresse aux femmes à propos de leur corps, particulièrement en utilisant un métalangage qui parle du soi tel qu'il est vu par d'autres. La stratégie qui est utilisée est basée sur l'identification avec un « moi » normatif : « si tu veux être comme moi, utilise ce produit »

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    ceci contredit donc l'idée reçue que l'image des femmes est en général utilisée pour s'adresser aux hommes. »45

    Si les publicités à caractère sexuel suscitent l'attention des hommes comme des femmes, l'impact escompté n'est pas toujours vérifié. Le but étant d'attirer le consommateur, le publicitaire use des émotions liées à la sensualité et/ou à la sexualité. En revanche, ce qu'il semble ne pas toujours prendre en compte, c'est que l'attention portée au contenu sexuel (l'effet souhaité se trouve alors réussi) va peut-être jouer sur l'attention accordée à la marque et donc rendre la mémorisation du produit moins évidente. La mise en scène de la sexualité répondrait donc aux effets voulus par le publicitaire en ce qui concerne l'attraction, la captation de la cible, mais paradoxalement, elle voilerait en même temps la marque vendue par le spot.

    Si l'on s'intéresse à présent aux attentes des cibles visées par le publicitaire, on s'aperçoit que d'une génération à une autre comme d'un sexe à l'autre, les prospects sont plus ou moins sensibles à la mise en scène de la sexualité et ne sont pas forcément attirés par le même genre d'exposition des corps.

    « Les prospects réagissent plus favorablement aux annonces présentant un mannequin de sexe opposé. Plus particulièrement, les hommes sont plus sensibles aux annonces présentant des femmes nues. Quant aux femmes, elles apprécient peu les publicités présentant des femmes nues trop parfaites auxquelles il leur est difficile de s'identifier. Même si le produit annoncé leur est destiné, les femmes considèrent que de telles annonces ne visent qu'à séduire les hommes. En général les femmes préfèrent davantage de subtilité et moins de références explicites à la sexualité : moins de nudité ou alors, plus d'esthétisme ou d'humour. Enfin, le dernier facteur ayant une influence sur l'efficacité des messages à caractère sexuel est l'âge du prospect : les plus jeunes sont moins choqués et acceptent donc davantage de provocation que leurs aînés. »46

    Nous en revenons donc à la question de la cible, du témoin, de la réception, facteur de l'efficacité du message. La publicité chercherait à attirer une cible plus jeune, moins choquée par la mise en scène de la sexualité. Est-ce vraiment efficace ?

    45 GRAMMER Karl. Sex and Advertisement : A tribute to Erwing Goffman

    46 JOANNIS Henri et BARNIER Virginie de. De la stratégie Marketing à la Création Publicitaire (3ème édition). Paris : Dunod, 2010. 471 p.

    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    Des émotions spécifiques à chacun

    Mon enquête vient remettre en question les précédentes affirmations tirées de mes lectures sur la publicité et la sexualité. En effet, sur les quatre interviewés de la tranche 18 à 25 ans, les deux filles de 19 et 21 ans se disent choquées par la pub des glaces Extrême.

    « Elle me choque principalement à la fin quand on voit le sein de ... de, quand on voit la clé au bout du sein ... » Charline Bohler

    « Ouais j'suis un peu choquée parce que je trouve qu'ils en font des caisses pour une glace et y'a trop de signes, trop de vulgarité et euh ... enfin ils parlent totalement d'autres choses finalement et du coup ça rend pas du tout la glace » Alice Hubert

    Chez les jeunes cibles masculines en revanche, cette publicité suscite plus d'indifférence. Ils admettent cependant que le visuel peut effectivement choquer les âmes sensibles. La mise en scène de la sexualité heurte donc certaines personnes du jeune public, contrairement à ce que peut affirmer le précédent passage tiré de, De la Stratégie Marketing à la Création Publicitaire. De même, dire que la génération précédente accepte moins la provocation que ses enfants devient une affirmation erronée. En effet, si l'on reste sur la publicité des glaces pour une étude judicieuse, sur les quatre interviewés de la tranche des 35/45 ans, on peut relever ces propos :

    « Non elle ne me choque pas !! Franchement elle ne me choque pas du tout ! Elle pourrait effectivement être choquante ne serait-ce que dans la dégustation de départ et dans le fait qu'elle croque dedans jusqu'à la fin, elle pourrait être choquante éventuellement là-dessus mais comme je t'ai dit, je trouve que les filles sont sympas, la pub est jolie donc ça ne me choque pas du tout, non ! » Isabelle Torre

    77

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    « Y'a rien qui me choque mais ce que je trouve peut-être un peu déplacé c'est euh ... c'est à la fin justement, comme tu disais que ça apparaissait peut-être pas, c'est l'utilisation de la tronçonneuse, pour ouvrir le frigo euh... le fait de tirer, y'a une forme de violence extrême. » Eric Barriol

    Ou encore :

    « A la fin ouais elle me choque un petit peu, les dernières images ouais. Alors c'est très rapide mais ouais quand même. » Chantal Grange

    Les a priori de départ, donnés par la documentation sur le sujet sont donc remis en question après une enquête de terrain. L'âge de la cible reste un élément à ne pas négliger, mais il est également à mettre en relation avec le genre (homme/femme) et éventuellement la profession. La culture, l'éducation, les origines des consommateurs ont finalement un rôle essentiel à jouer, pour tenter de définir l'impact de la mise en scène de la sexualité dans les publicités alimentaires sur le spectateur.

     

    18/25 ans

    35/45 ans

    Emotions

    Femme

    Homme

    Femme

    Homme

    Indifférent

    6

    6

    4

    1

    Amusé

    8

    -

    4

    6

    Agacé

    4

    1

    7

    -

    Choqué

    3

    -

    -

    -

    Dégouté

    1

    -

    1

    -

    Curieux

    4

    -

    3

    2

    Autre

    1 Jalouse

    -

    -

    -

    Tableau résultats des émotions de mon échantillon
    vis-à-vis de pubs à caractère sexuel. Cf. Annexe

    La petite quantité de personnes interrogées sur l'efficacité du message, dans le cadre de mon étude est peut-être à relativiser, dans la mesure où elle ne permet peut-être pas de faire

    79

    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    une généralité, toutefois les résultats sont là. Les hommes de 18/25 ans se disent presque tous indifférents face à un spot à connotations sexuelles, alors que la majorité des hommes de 35/45 ans sont plus amusés qu'autre chose, par les scénarios. Chez les filles en revanche, les avis sont plus partagés. Est-ce dû au fait que la proportion de femmes ayant répondu au questionnaire est plus importante que les hommes ? Peut-être, peut-être pas ! Toutefois, les jeunes femmes de 18 à 25 ans semblent plus indifférentes et amusées que leur aînées de 35/45 ans qui auraient davantage tendance à être agacées face à ce genre se spot.

    Les femmes semblent être plus sensibles et réceptives à des scénarios mettant en scène la sexualité, qu'à des scénarios dénués de toutes représentations érotiques. Leurs émotions, face à ce registre, sont plus variables que celles des hommes dont la majorité est indifférente. Mais encore une fois, ces résultats sont-ils effectifs et représentatifs dans la mesure où les réponses masculines sont très faibles et pèsent peu par rapport aux réponses féminines ? Qu'en est-il à présent de l'attention portée à ce genre de spots ?

    L'exposition des corps présente des divergences

    Plus qu'une fracture intergénérationnelle, la perception de la mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires est une fracture genrée.

    Effectivement, les femmes ayant entre 18 et 25 ans se disent plus sensibles à la mise en valeur des corps dans les spots à connotations sexuelles que les hommes de la même tranche d'âge. En revanche, chez les 35/45 ans, cette sensibilité reste à peu près la même entre hommes et femmes. Le genre n'est donc pas un facteur de différenciation de la sensibilité vis-à-vis de spots de ce registre du côté de la génération des 35/45 ans.

    Sur le fait que les individus soient plus attentifs à un spot publicitaire alimentaire à caractère érotique, les hommes de 18 à 25 ans sont catégoriques et ne se disent pas plus attirés par ce genre de spot que par un autre plus classique dénué de toute connotation sexuelle. Chez les filles de la même tranche d'âge en revanche, les réponses sont plus partagées sur la question et quasiment la moitié affirme l'être contre une autre moitié affirmant ne pas l'être. Du côté de leurs aînés, les femmes sont moins partagées que les hommes et ne se disent pas plus séduites par un spot à connotations sexuelles que par un spot « lambda » : quinze femmes contre quatre qui s'avouent être plus réceptives à ce registre. Chez les hommes, les avis sont moins catégoriques, les deux tiers ne se définissent pas comme plus réceptifs face à des spots mettant en scène la sexualité contre un tiers qui affirme le contraire.

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    Enfin, les critères genre et génération s'accordent pour dire que globalement, la mise en scène de la sexualité dans un spot publicitaire alimentaire a plus de chance d'influencer le consommateur qu'un film dénué de tout aspect érotique.

    Reflet de la société et pouvoir des publicitaires

    La cible, comme nous l'avons vu, est globalement en accord sur le fait que les publicitaires ont un impact plus ou moins conséquent sur les potentiels consommateurs. Les rapports sociaux de genre et d'âge le reflètent effectivement. Si l'on croise ces deux variables, force est de constater qu'hommes et femmes, âgés de 18/25 ans ou de 35/45 ans sont conscients du pouvoir des publicitaires sur les téléspectateurs.

    Quant à savoir si la publicité présente un reflet de la société, les atomes crochus sont moins évidents et la perception diffère en fonction de l'âge, d'une part, en fonction du genre, d'autre part.

    Age

    Sexe

    OUI

    NON

    18/25 ans

    Femme

    22

    5

    Homme

    5

    2

    35/45 ans

    Femme

    11

    8

    Homme

    4

    5

    Ce tableau47 présente les réponses de mon échantillon à propos de la question du reflet de la société dans les spots publicitaires alimentaires. Les hommes de 18/25 ans sont assez catégoriques sur ce point en répondant majoritairement par l'affirmative. Par contre, du côté de leurs aînés, les avis sont plus partagés avec une plus grande part accordée à la négation du reflet de la société dans les publicités.

    Autres perceptions chez les femmes, qui voient toutes un reflet de la société, mais qui sont plus partagées en ce qui concerne les générations. Effectivement, du côté des étudiantes, on est plus sensibles à ce reflet de la société, alors que chez les 35/45 ans, si l'on constate une majorité de oui, les avis sont davantage partagés, donc moins tranchés que les jeunes demoiselles.

    47 La publicité reflète-t-elle la société ? Réponses de l'échantillon : en annexe

    « La consommation, elle change au fil des temps et y'a des produits qui disparaissent donc ça fait forcément des publicités en moins et inversement y'a des nouveaux produits qui investissent le marché et y'a des pubs qui naissent... des produits qui changent, des publicités qui vont donner envie d'acheter un produit et donc de ce fait on va changer certaines de nos manières de consommer mais en général c'est des produits qui existent déjà et qui vont être mis en valeur pour qu'on les consomme encore plus ou parce qu'on les consomme et qu'il faut encore plus les consommer ! Donc oui, c'est notre image. » Charline Bohler

    « Après dans Extrêmes, ouais, c'est aussi la société, Perrier aussi, ouais les autres, y'a une inspiration de la société ouais. Extrêmes le besoin de se battre pour obtenir ce qu'on veut, les Céréales ben on en mange pour se faire plaisir, enfin, pour se procurer du plaisir ... Caprice des Dieux pour moi c'est basé sur le système du couple donc oui c'est le reflet de la société... » Cédric Ravel

    « Ben si en fait un peu parce que tu as aussi des éléments réels mais finalement ils mettent en juxtaposition des ... des produits qui sont pas à leur place dans ces contextes-là donc euh ... et puis honnêtement c'est aussi des dialogues que tu trouverais pas dans une situation normale entre guillemets, j'insiste bien sur le entre guillemets, et sur le normal, que j'ai mis entre guillemets ... donc euh ... y'a un fond de vrai parce que ... il faut se baser sur quelque chose mais après ils sont complètement partis en vrille les mecs ... voilà ! » Thibaut Ferraro

    « Si déjà tu pars de ça et qu'après tu orientes un petit peu la pensée vers la sensualité ou la sexualité ben c'est facile de s'identifier tout de suite... à ce moment-là pareil quand tu dégustes une glace et quand tu vois la nana qui déguste une glace ben ouais j'l'ai déjà mangé comme ça, sérieux... » Isabelle Torre

    81

    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    82

    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    La publicité, si elle n'est pas le reflet exact de la société, s'en inspire et facilite donc la capacité à s'identifier, à se projeter dans le scénario, puis à susciter des émotions fortes chez le consommateur qui, par la suite, achètera ou non le produit. Une chose est sûre, la mise en scène de la sexualité parle aux téléspectateurs.

    Pour ce qui est du reflet de la société dans les spots publicitaires, il semblerait bon d'interroger la double influence émise dans certaines réponses : est-ce la société qui se reflète dans les publicités, ou, la publicité qui reflète notre société ? Est-ce que les publicités et leurs supports ont impacté sur la façon d'agir des consommateurs ou au contraire, n'est-ce pas la population qui, par sa volonté de libération sexuelle (notamment avec Mai 68) a médiatisé l'exposition foisonnante des corps ?

    La cible, témoin de l'efficacité du message, reste donc délicate pour tirer des conclusions sur l'efficacité du spot publicitaire utilisant la mise en scène de la sexualité. Nous pouvons très vite nous apercevoir que les différents visuels suscitent des réactions diverses et variées, spécifiques à chaque consommateur :

    « L'efficacité de telles campagnes (sollicitant des émotions fortes, en termes de sexualité et d'alimentation) est difficile à évaluer dans la mesure où les visuels génèrent de nombreuses réactions auprès du public et alimentent alors une polémique qui va accroître de facto la notoriété de la marque. En général ce type de campagne se solde par une augmentation du chiffre d'affaires puisqu'une clientèle nouvelle composée de jeunes va s'intéresser à la marque. Cependant, les effets à long terme peuvent être plus négatifs en particulier sur l'attitude à l'égard de la marque. [...] Le choix de visuels choquants évoquant le sexe n'est-il pas une manière de compenser un manque de créativité du message publicitaire ?

    Enfin, les campagnes utilisant la nudité explicite posent problème, mis à part les problèmes éthiques et de pertinence. En effet, pour attirer l'attention par ce biais, il faut faire preuve d'audace, dépasser la norme, aller plus loin que le tabou social. Une surexploitation de ce type de message rend les consommateurs peu à peu insensibles. Ils finissent par percevoir ces visuels choquants comme des images banales et ce type de campagne perd alors de son impact. »48

    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires, mais pas seulement n'auraient donc plus tellement d'impact sur les téléspectateurs qu'ils soient

    48 JOANNIS Henri et BARNIER Virginie de. De la stratégie Marketing à la Création Publicitaire (3ème édition). Paris : Dunod, 2010. 471 p.

    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    hommes, femmes, jeunes ou d'un certain âge. Serions-nous dans la banalisation ? Le manque de création des publicitaires rendrait les potentiels consommateurs moins sensibles ?

    Comme nous l'avons développé, le sexe et l'aliment sont très souvent mis en relation, dans les spots publicitaires. Leur capacité à susciter des émotions fortes semble les rapprocher. Toutefois, la mise en scène de la sexualité est utilisée à foison. Aujourd'hui, on vend tout et n'importe quoi dans des contextes érotisés, même si le degré d'exposition varie d'un spot à l'autre.

    Est-ce une conséquence de l'évolution de la société ? Les attentes des prospects ont-elles changé ? Que souhaitent désormais voir défiler sur leurs écrans les téléspectateurs ? L'impact de moins en moins effectif de la sexualité serait-il dû à une évolution de la sexualité en France ? De même, les spots publicitaires auraient-ils évolué, passant d'une forte monstration, favorisée par l'utilisation des codes du porno chic, à des visuels plus sensuels et peut-être plus suggestifs ? Enfin, le choix du média de diffusion de la publicité a-t-il un rôle à jouer dans la séduction du téléspectateur ?

    83

    « Faire de la publicité,

    c'est agiter un bâton dans l'auge à cochons. »

    Georges ORWELL

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    PARTIE III

    EVOLUTION DE LA SOCIETE ET CONSEQUENCES POUR LES
    NOUVELLES GENERATIONS

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    Chapitre 5 : Evolution de la société et conséquences en termes de publicité

    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires est à mettre en relation avec le contexte historique de la France.

    En effet, comme nous avons pu le voir dans la première partie du mémoire, les évolutions sociales - qu'il s'agisse de l'émergence d'une société de consommation et de loisirs, des évènements de Mai 68 ou encore de la préoccupation croissante du SIDA, voire de l'introduction des codes du porno chic dans des publicités de produits n'appartenant pas au domaine de la haute couture ou des marques de luxe - influencent les multiples scénarios publicitaires. L'évolution de la société aurait donc son rôle à jouer en matière de représentation de la sexualité dans les publicités. Les pratiques sexuelles des français influenceraient-elles les publicitaires lors de la création de leurs spots ? Le cadre fictionnel de la publicité serait-il un moyen de banaliser cette exposition à outrance des corps ou des représentations très explicites de sexualité ?

    Enfin, si les téléspectateurs sont sensibles à la mise en scène de la sexualité dans les publicités - du fait que cette thématique suscite en eux des émotions fortes et leur permet parfois de s'identifier à des situations, ou de fantasmer sur celles-ci - ce n'est pas pour autant qu'ils vont a posteriori, consommer. Alors quand est-il réellement ? Les téléspectateurs se lasseraient-ils de la sexualité dans les publicités ? Son utilisation massive n'aurait-elle plus les effets escomptés ? Les moeurs auraient-ils changé au point de forcer la publicité à suivre ces modifications ?

    A) Une évolution des moeurs ?

    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires ne peut être analysée hors contexte. Les téléspectateurs jugent de l'impact d'une publicité sur leur consommation en fonction de leur expérience personnelle, de leur sensibilité, de leur éducation, de leur culture comme nous avons déjà pu l'expliquer et le réexpliquer. Les rapports sociaux âge, sexe, profession influent sur la perception de la mise en scène de la sexualité. D'une génération à l'autre, bien que les convergences ne soient pas énormes, nous pouvons en constater

    86

    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    quelques-unes. Seraient-elles dues à une évolution de la société, des moeurs ? Oui, bien entendu.

    Si l'on reprend brièvement l'histoire de la France en fait de sexualité, sans toutefois se perdre dans la complexité des pratiques sexuelles des français, que Maryse Jaspard a grandement analysées et synthétisées, de manière exhaustive dans « La sexualité en France », on peut toutefois dégager quelques grandes tendances caractérisant les évolutions de la société, se reflétant dans la publicité.

    La révolution sexuelle à la veille des années 70

    Dans les années 60, les philosophes se sont intéressés à la question du rôle de la famille sur la sexualité des français. Cette notion s'est alors retrouvée au coeur des discussions. Les mouvements féministes remettent en cause la place de la femme et notamment la représentation de la gente féminine dans la publicité, jugée très sexiste. L'influence américaine vient remettre en question le lien entre société et sexualité.

    « Les signes annonciateurs de la contestation étudiante se font jour dès 1966, lorsqu'un groupe d'étudiants « situationnistes » de Strasbourg rédige et diffuse une brochure intitulée De la misère sexuelle en milieu étudiant f...] et de quelques moyens pour y remédier. Un de leur leader, Raoul Vaneigem, dans son Traité de savoir vivre à l'usage des jeunes générations, prône une sexualité sans entrave, un « déchaînement du plaisir sans restriction » [Mossuz-Lavau, 1991]. Sur le campus de Nanterre, les étudiants se dressent contre le règlement des cités universitaires en occupant le bâtiment des filles alors interdit aux garçons. Daniel Cohn-Bendit, leader du mouvement de contestation frôle l'expulsion après une altercation avec le ministre de la jeunesse et des sports à propos de la sexualité des jeunes. Au 3 mai 1968, prologue des « événements », la question sexuelle n'est pas prioritaire mais elle explose rapidement au travers des slogans qui ornent les murs des facultés : « L'imagination au pouvoir », « Il est interdit d'interdire », « Jouissons sans entrave », « Faites l'amour pas la guerre ». Si, dans l'euphorie de l'aventure, certains ont pu mettre en pratique ces devises, à l'automne, la libération sexuelle n'est encore qu'un mot d'ordre. Le cataclysme de mai 68 est le prélude aux vastes mouvements aux multiples facettes, de la décennie 70, pendant lequel la revendication politique de la libération sexuelle apparaît comme un thème mobilisateur et rassembleur. »49

    49 JASPARD Maryse. La sexualité en France. Condé-sur-l'Escaut, La Découverte, 1997. 125 p.

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    Mai 68 reste une date clé dans l'histoire de la publicité. Elle signe une volonté de libération sexuelle chez les jeunes notamment. Si les français, et particulièrement les étudiants, sont partisans d'une libération sexuelle, le traitement de la femme n'est pas en reste. Elle sort progressivement, au début des années 70, du carcan ménager qui lui collait à la peau. Les mouvements féministes se développent de plus en plus, prônant une libération sexuelle de la femme par la remise en question de sa condition au sein de la famille. La libération sexuelle qui était un moyen d'émancipation pour la femme devient un facteur de domination pour l'homme. La publicité s'empare de ces évolutions. Elle conserve dans ses visuels une image réduite de la femme. Les militantes féministes s'engagent donc fortement pour défendre l'image de la femme bien trop souvent réduite, dans la société comme dans la publicité. Nous pouvons rappeler la campagne de La City « j'ai envie d'un pull ».50

    « Dans les années 70, glissement de terrain. La femme investit l'univers du travail. Jadis, dans les familles italiennes, on versait symboliquement, à l'extérieur, le contenu d'une cruche lorsqu'un garçon naissait, afin de démontrer que son destin se jouerait dehors ; à l'inverse, l'eau était jetée au sein du foyer, à la naissance d'une fille. Les années 70 assistent au chamboulement de ces symboles ancestraux : les femmes sortent du foyer pour explorer - puis se tailler une place - dans l'espace public, politique et professionnel où régnaient jusqu'ici tous les hommes. [...] Surtout la femme acquiert une liberté - et un pouvoir fondamentaux : la maîtrise de sa fécondité grâce à la loi Neuwirth de 1967 sur la contraception. Elle peut à présent affirmer : « Tu seras père si je veux, quand je veux. » Une vraie révolution, celle-ci, qui va bien au-delà du symbole.

    Tout se déroule-t-il alors comme dans le meilleur des mondes ? La réponse est loin d'être aussi simple. Certes, « je me gare où je veux, marché, shopping, tout devient facile », se félicite dans sa Fiat 500, la Nouvelle Femme. Mais le terme « Nouvelle Femme » est sans nul doute simplificateur. Une certaine ambivalence continue de prévaloir entre les différents modèles. Et une période intermédiaire surgit où les mérites de la femme au foyer persistent à jouer un rôle essentiel dans l'inconscient collectif, tandis qu'un autre modèle se fait jour, timidement, à la manière d'une chrysalide, celui d'une femme indépendante, dont la vie a cessé d'être circonscrite au seul foyer. »51

    50 Partie I, chapitre 1, dernière sous partie.

    51 JOANNIS Henri et BARNIER Virginie de. De la stratégie Marketing à la Création Publicitaire (3ème édition). Paris : Dunod, 2010. 471 p.

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    L'ambivalence, dont Jean Pierre Teyssier nous fait part, se traduit dans la publicité. En effet, si l'on constate une évolution sur le fait que la femme n'est plus assignée à la maison, son apparition en tant que femme-objet prend de l'importance. Les parties de son corps sont de plus en plus exposés, qu'ils s'agissent de publicités alimentaires ou non.

    La libération de la sexualité de la femme, son émancipation dans les années 70 serait-elle uniquement due aux mouvements contestataires de la société conformiste de cette époque ? La recherche d'une égalité homme-femme ne permet-elle pas aux publicitaires de poursuivre l'image machiste des hommes, en ridiculisant les femmes dans des rôles, qui selon les stéréotypes, ne leurs sont pas destinés ?

    La contraception et l'avortement

    Avec la légalisation de la contraception en 1967 (loi Neuwirth) et la loi Veil autorisant l'avortement des femmes en 1975, on constate une évolution de la société en termes de pratiques sexuelles. En effet, comme il l'est très bien expliqué dans le précédent passage, la femme peut, à partir de 1967, décider si l'homme qu'elle fréquente sera père ou non. Toutefois si la loi vient suspendre l'article 3 de la loi de 1920 sur l'interdiction de la contraception, les femmes ont très peu recours à la contraception : la publicité contraceptive est toujours interdite et, pour les mineures de 21 ans, la contraception nécessite un accord des parents. Situation délicate pour les femmes qui revendiquent leur libération sexuelle. Il faudra attendre 1974, pour observer une libéralisation de la contraception, notamment grâce à l'instauration de l'anonymat et de la gratuité pour les mineures.

    L'avortement, quant à lui suscite de nombreuses polémiques. La femme devrait être effectivement plus libérée sexuellement, la médecine intervenant pour ne pas tomber enceinte. La femme, jusque-là représentée par son aspect maternel et son statut d'épouse parfaite, rangée, qui sait tenir sa maison, devient finalement un objet sexuel permettant de vendre un autre objet.

    L'émancipation volontaire de la femme marquée par les nombreux mouvements féministes qui tentent de défendre le statut de la femme est très vite déjouée. En effet, les enquêtes qui montraient très clairement que l'amour prévalait sur la sexualité, dans les relations des jeunes couples, est très rapidement remis en question :

    « En cette fin de XXème siècle, les femmes ayant acquis, par l'élévation de leur niveau
    d'études et l'exercice d'une activité salariée, l'indépendance matérielle, ne voient plus leur

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    avenir subordonné au mariage. Le couple se forme sur un désir réciproque dans une optique égalitaire et le cycle de la vie sexuelle se joue de l'illégitimité. La chambre des époux n'est plus le seul lieu autorisé des ébats amoureux. Toutefois, la sexualité demeure en grande partie conjugale et, si elle peut s'exprimer sans souci, d'une grossesse non désirée, la venue de l'enfant, aboutissement de l'union, refroidit l'ardeur amoureuse et restitue chacun des conjoints dans ces fonctions familiales. »52

    La femme réinvestit très vite son rôle de mère et d'épouse. La publicité le montre parfaitement bien. Si la libération sexuelle du début des années 70 aurait pu permettre un traitement différent de la femme, celle-ci reste, bien trop souvent, représentée dans un univers qui traduit toujours plus son rôle de bonne ménagère, de femme docile et de bonne mère. Encore aujourd'hui, certains spots alimentaires qui mettent en scène des enfants, mettent également en scène une femme. La mère des enfants n'est jamais très loin et montre la complicité entre les deux générations. Alors que l'homme, même s'il est de plus en plus investi dans l'éducation des enfants, demeure assez peu représenté dans les publicités « familiales ».

    1985 : Le Sida

    La libération sexuelle a rapidement été relayée par la préoccupation du sida.

    C'est dans un contexte sexuel propice que la première enquête nationale s'intéressant aux pratiques sexuelles des français a été réalisée par Pierre Simon. L'enquête débute en 1969 alors que, cela fait deux ans que la loi Neuwirth a été votée et, à l'Assemblée Nationale, on est en pleine discussion, quant à la loi sur l'interruption volontaire de grossesse.

    « Les résultats publiés dans le Rapport Simon constitue une « photographie des comportements et opinions en matière de sexualité des français et des françaises en 1970 » [Simon et al., 1972]. Le Rapport Simon n'a pas eu l'impact des rapports américains sans aucun doute parce que, publié dans un contexte où la sexualité se montrait au grand jour avec exubérance, ces révélations apparaissent bien mièvres, et les typologies qu'il proposait trop classificatoires. Néanmoins, quelles qu'en soient les limites, cette enquête demeure le seul outil de connaissance des comportements sexuels des français à l'orée de la « révolution

    52 JASPARD Maryse. La sexualité en France. Condé-sur-l'Escaut, La Découverte, 1997. 125 p.

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    sexuelle ». Il a fallu que l'épidémie du sida déclenche ses ravages pour que, à nouveau, la demande publique s'oriente vers une étude quantitative de la sexualité. »53

    L'évolution de la société dans le domaine de la sexualité s'inquiète alors du virus. De nombreuses enquêtes qualitatives, quantitatives de contamination sont ainsi menées auprès des populations. Certaines ont suivi des individus sur dix ans. Les publicitaires, comme nous l'avons vu dans le premier chapitre, s'emparent de ce fait social et le nombre de spots de prévention devient impressionnant ; on assiste dans la deuxième moitié des années 80 à une hémorragie publicitaire ayant pour principal objet le sida. Les publicitaires ont un accès relativement simple à la mise en scène de la sexualité. Mais attention, cette utilisation n'est pas à mettre en relation avec les publicités, alimentaires par exemple, qui usent du contexte érotique pour vendre une barre Lion.

    Non ! Le sexe, dans le contexte de prévention du SIDA vient servir le message. Il n'est donc pas utilisé gratuitement. Toutefois, l'acte sexuel mis en scène, et qui ne serait peut-être pas accepté par les prospects, dans d'autres publicités, n'est-il pas, lui aussi à soumettre à la question d'éthique ? Accepterait-on plus facilement de telles représentations (ci-après) dans ce genre de publicité ? Serait-ce la nature du message qui définirait ce que l'on peut montrer ou non ?

    Campagne suggestive suisse contre le SIDA - 2002

    « Dans ce type de communication, on ne cherche pas à vendre un produit en utilisant des images accrocheuses, mais à faire passer un message de santé publique. Pour ce faire, tous les moyens sont bons et si le visuel peut choquer certains il peut faire réfléchir d'autres personnes et ainsi, éviter qu'elles ne soient contaminées. L'éthique est une recherche du bien

    53 Ibid.52

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    et du juste lorsque l'on agit dans le cadre de sa profession, c'est pourquoi le but dans lequel on fait campagne est important. »54

    La mise en scène de la sexualité est donc justifiée quand elle vise à faire de la prévention sur tout ce qui gravite autour des maladies liées à la sexualité des individus. « On parle de sexe, mais c'est bien de ça qu'il s'agit ». Sans s'écarter du sujet revenons-en à la cible.

    L'évolution des moeurs constatée par les consommateurs

    Une fois de plus, les prospects, qu'ils soient hommes, femmes, âgés de 18/25 ans ou de 35/45 ans, sont quasiment du même avis sur le fait que les moeurs de la société ont évolué. Cette évolution influencerait la publicité, mais pas entièrement. Elle se traduirait, d'après mes interviewés par une atténuation de la violence dans les couples - rappelons tout de même que le viol n'est considéré comme crime que depuis 1980 et qu'il est reconnu dans la sphère familiale seulement depuis 2001. Mais, la pub n'a pas changé dans ses enjeux, dans son but : il s'agit bien de séduire les prospects pour les faire consommer.55 D'autres y voient une banalisation de la sexualité dans les publicités du fait de la libération sexuelle et d'une plus grande ouverture d'esprit peut-être. Le sexe serait rentré dans les moeurs et ne choquerait plus, reste à savoir comment ce phénomène se traduit au niveau de la publicité, puis de la consommation.56 Par ailleurs, les jeunes et notamment les enfants, sont de plus en plus exposés à la pornographie ou, si ce n'est le cas, à la mise en scène de la sexualité. Peut-être que les gens sont aussi plus naïfs et cachent moins les sujets tabous. Il est nécessaire de bousculer, de provoquer le téléspectateur pour que celui-ci soit davantage séduit et susceptible de consommer.57

    Les moeurs évoluent, les publicités suivent cette évolution et influent à nouveau la société. La publicité, et notamment dans les publicités alimentaires, parie de plus en plus sur des scénarios où les hommes célibataires sont mis en avant (plats tout faits par exemple) ou alors des familles monoparentales ou recomposées ; certes, ça ne pèse pas lourd dans le paysage publicitaire qui, en général, met en scène des familles idéales et parfaites.

    54 ENDRES William - HUG Christophe. Publicité et Sexe : Enjeux psychologiques, culturels et éthiques. Juin 2004. 36 p.

    55 Référence à l'entretien Cédric Ravel

    56 Référence à l'entretien Chantal Grange

    57 Référence à l'entretien Thibaut Ferraro

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    En matière de sexualité, l'évolution de la société, la libération sexuelle ne se traduit pas forcément par une exposition à outrance de la nudité, mais l'évolution se fait sur le développement de la suggestion plus que de la représentation même :

    « Tu vas prendre la dernière en date celle de Céréales, c'est du suggestif, y'a pas du visuel réel ! C'est-à-dire que tu n'as pas de visuel comme la bouteille de Perrier qui gonfle [...] t'as pas d'objet, voilà, on va dire que y'a pas d'objet qui représente le sexe de la fille ou du garçon [...] donc oui je pense qu'aujourd'hui on va être plus dans l'érotisation, dans la sensualité et dans la suggestion plutôt que dans la visualisation de l'objet. [...] j'pense que oui, la société a évolué là-dessus. Donc, finalement on détourne. [...] un produit, un bien de consommation qui aura tendance visuellement à être suggestif vis-à-vis d'un sexe ou de l'autre et bien, on ne va pas forcément l'érotiser dans la société puisque ça risque de rentrer dans la polémique. »58

    « Je pense qu'on définissait hommes et femmes par rapport à des fonctions dans le cadre de la famille, par rapport à des fonctions dans le cadre de la société, avec un caractère machiste bien sûr, parce qu'encore une fois, moi j'me rappelle, ça doit être dix ou quinze ans en arrière, ces pubs pour les liquides vaisselles, pour les lessives, etc. ... où on avait toujours la bonne mère de famille, qui lavait bien son linge, qui l'étendait, qui était bien blanc, son souci était que ses enfants aient du linge bien propre, bon y'avait tout ça, quand on montrait ses mains, y'avait toujours une alliance très visible sur ces doigts, donc on était vraiment dans un cadre où, la famille ça fonctionnait très bien, c'était bien joli, etc. ... Aujourd'hui la pub s'est adaptée aussi aux mutations de la société, c'est-à-dire qu'aujourd'hui, dans les pubs, on n'sait pas si les gens sont mariés par exemple, parce que peut-être les unions libres se sont développées, les familles éclatées, ça s'est développée donc voilà ! Après est-ce que c'est plus suggestif, plus cochon, plus sexy entre guillemets, ouais parce que ça suit aussi un mouvement où aujourd'hui en fait, euh ... et ça on le ressent chez les ados aujourd'hui, par rapport à y'a dix, quinze ans, j't'assure... c'est phénoménal où euh ... la fille euh ... c'est un objet qu'on regarde, donc elle se doit de respecter certains codes de coiffures, de tenues [...] c'est hyper sensible. Les filles ne sortent pas dehors, si il pleut parce que ça va mouiller leur cheveux, ça va les faire friser et elles ont passé une heure avec leur lisseur le matin... donc euh ... elles n'vont pas se mouiller les cheveux... alors par contre certains phénomènes qui existaient il y a dix ou quinze ans n'existent plus. On peut voir une autre influence et quand on dit y'a moins de morale aujourd'hui, y'a aussi plus d'influence de lobby religieux sur les jeunes. Aujourd'hui on voit plus de ficelle dépasser des pantalons, on voit plus de nombril à

    58 Entretien Isabelle Torre

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    l'air ... par contre, on voit plus de voiles. Aujourd'hui y'a un retour en force de l'influence de lobby qui est en train de marquer fortement les esprits chez les jeunes euh ... plus l'influence dans les médias de certains personnages malsains ... je citerai Dieudonné et compagnie, qui jouent un rôle très important auprès des jeunes, qui ont aujourd'hui un manque de repères, manque de repères familiaux, des fois, complètement largués à l'école et qui cherchent un modèle à suivre. Donc euh ...faut pas imaginer qu'on soit plus immorale aujourd'hui, j'pense que les ados entre eux sont capables de parler plus facilement d'actes sexuels qui auraient choqués leurs parents mais en même temps, y'a aussi des signes qui montrent que, ne serait-ce que dans leur tenue, ils sont comment dire euh ... beaucoup moins délurés et en particulier chez les filles qui à dix, quinze ans il y avait une volonté de montrer le corps qui est moins présente, plus suggérée aujourd'hui mais à mon avis surtout, qui plus euh ...comment dire noyauté par des formes de morales autres que celles de la famille, qui viennent s'exercer, franchement. »59

    La mise en scène de la sexualité a donc évolué parallèlement à l'évolution de la société. Les frontières du publicitairement correct sont repoussées et les codes déontologiques de la publicité, comme les codes moraux de la société suivent ces modifications. Cette double influence banalise la mise en scène de la sexualité. La publicité cherche à réveiller les émotions des consommateurs et ceux-ci se prêtent au jeu. La mise en scène de la sexualité parle au plus grand nombre, mais celui-ci a-t-il conscience du cadre fictionnel des spots ?

    Le cadre fictionnel

    La publicité cherche à vendre du rêve dans le but d'attirer et de s'inscrire dans les imaginaires collectifs. Pour susciter ces émotions, le publicitaire n'hésite pas à user du critère d'empathie. Ce critère est le « lien spontané qui se créé entre le message publicitaire et le consommateur. »60 La proximité ressentie entre le publicitaire et le spectateur devient importante dans la mesure où le prospect sent l'intérêt que lui porte le concepteur rédacteur. Mais la publicité ne nous vend-elle pas du rêve, ne nous vend-elle pas un monde utopique, fantasmé et, viendrait relativiser l'emploi de visuels à connotations sexuelles ?

    Reprenons les publicités de Caprice des Dieux et de Céréales Lion, le fantasme de l'acte sexuel dans un avion ou dans une télécabine, réveille bien entendu des émotions chez le

    59 Entretien Eric Barriol

    60 JOANNIS Henri et BARNIER Virginie de. De la stratégie Marketing à la Création Publicitaire (3ème édition). Paris : Dunod, 2010. 471 p.

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    consommateur, mais n'a-t-il pas conscience qu'il s'agit d'une publicité et donc d'un scénario, d'une fiction... ?

    S'instaure alors un pacte entre le publicitaire et le consommateur, comme s'élabore un pacte entre un lecteur et un auteur. Le lecteur se prend au jeu, il a conscience que l'histoire à laquelle il est confronté, est une fiction, et pourtant, il se laisse volontairement emporter par l'identification au personnage principal, au héros. Cette projection est d'actualité pour ce qui est de la publicité. Le consommateur a conscience du cadre fictionnel - et presque trop parfait pour être réaliste - dans lequel il prend un malin plaisir à se projeter et à s'identifier.

    La publicité Gini est assez explicite sur ce point. Avec une musique très connotative : « love me baby », le spot met en scène, comme nous l'avons précédemment vu dans les visuels,61 une femme sexy prenant du plaisir pendant l'acte sexuel. Deux jeunes couples sortent sur leur terrasse et les deux hommes, une cannette de la boisson à la main, se regardent en se disant « nous assurons ce soir ». C'est alors que sur un autre balcon, un homme lance un regard étonné aux deux autres couples qui n'en sont qu'à leur deuxième cannette, alors que lui, pose sur sa rambarde la septième. La publicité s'adresse donc en priorité aux couples dont l'activité sexuelle est « au point mort » ! L'argument de vente, l'ébat sexuel, s'inscrit dans l'esprit du téléspectateur lui faisant croire que la boisson Gini ravive les pulsions de la femme et que, même si l'homme n'a pas un physique de rêve, il peut faire l'amour à une femme, toute la nuit grâce à « la plus chaude des boissons froides ».

    Il en est de même pour les publicités Yop qui visent les adolescents, leur faisant croire qu'ils peuvent draguer et conclure avec une fille en buvant du Yop. Mais les spectateurs ne sont pas dupes, ils ont accepté le cadre fictionnel, l'identification est d'autant plus facile et fantasmée.

    Les moeurs évoluent, la société évolue, la publicité suit le mouvement. La perception de la mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires et pas seulement alimentaires semble banalisée. Les consommateurs gardent un oeil bien ouvert et sont conscients de cette exposition des corps, à plus ou moins faible degré. Mais nous pourrions éventuellement remettre en cause la publicité elle-même. Nombreux sont ceux qui considèrent que la publicité est le reflet de la société, mais qu'elle garde un impact sur la société. L'influence serait donc double, comme nous avons déjà pu le voir.

    61 Partie I, chapitre 1, Les années 90, les années du porno chic

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    La sexualité est une grande thématique qui suscite des émotions fortes, il faut séduire, il est donc nécessaire de frapper les imaginaires collectifs. Cependant, de nombreuses personnes s'accordent à dire que si la sexualité fait partie de notre langage quotidien, et parfois de manière assez « trash », si l'on ironise ou blague parfois sur la sexualité, une majorité de personnes restent quelque peu choquées par certaines expositions, jugées assez vulgaires. La société serait-elle paradoxalement plus coincée ?

    Enfin, la mise en scène de la sexualité, qui au départ s'avérait être une griffe créatrice de la part des publicitaires et un moyen de se démarquer des autres marques, de par sa banalisation, a-t-elle les mêmes effets escomptés qu'il y a quelques années ? La perte d'attention vis-à-vis de certains produits usant du registre de l'érotisme ne serait-elle pas due à une évolution des attentes des potentiels consommateurs ? Au final, ne se lasserait-on pas du sexe ?

    B) On se lasse du sexe ? Nouvelle vague novatrice et créatrice

    La mise en scène de la sexualité dans les publicités attire le regard dans la mesure où elle réveille le désir. La pulsion sexuelle est innée. Si l'on en croit la religion, c'est même Dieu qui l'aurait créée, pour que l'homme ait un moyen de se reproduire, pour la pérennité de l'humanité.

    Le désir alimentaire et le désir sexuel vont de paires. Ce sont deux éléments vitaux, ayant une incidence sur la survie de l'homme. S'il ne se nourrit pas, il meurt et parallèlement, s'il ne s'accouple pas, il ne se reproduit pas et disparait. Le mariage du sexe et de l'aliment est essentiel et les publicitaires l'ont bien cerné. Mais, les prospects ne se lassent-ils pas de l'hyper sexualisation de la publicité ? Leur indifférence croissante serait-elle due à cette lassitude ? Ne reviendrait-on pas à une nouvelle vague de création publicitaire plus axée sur l'esthétisme ? La subtilité ? L'humour ? L'esprit décalé ?

    Le recours à l'humour

    Les téléspectateurs seraient plus friands, aujourd'hui, de petits films humoristiques, plus subtils dans leur érotisation, avec des connotations sexuelles plus suggestives et moins de représentations explicites. L'humour a toujours été présent dans les publicités, sous différentes formes, certes, et à différents niveaux, mais bel et bien là. Si la mise en scène de la

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    sexualité l'a quelque peu voilé, les publicités actuelles tendent vers un cocktail d'humour, de représentations détournées et plus délicates de la sexualité.

    Depuis les années 2000, les codes du porno chic se sont progressivement effacés des publicités, laissant place à des scénarios plus soft, plus recherchés, et parfois plus esthétiques dans les enchaînements d'actions, les couleurs, la musique, les slogans accrocheurs et pas trop longs, l'originalité, le décalage propice aux rires, etc., éléments auxquels le potentiel consommateur attache beaucoup d'importance. L'éveil des sens favorise la mémorisation.

    L'humour est de plus en plus utilisé dans la publicité. Elle favorise d'une part, l'acquisition d'une certaine connivence entre le spot et donc la marque, le produit et le consommateur. D'autre part, l'humour permet de radoucir les messages plus brusques et des scénarios peut-être plus directs et explicites, notamment en termes de sexualité. L'humour cherche à provoquer un sourire ou un franc éclat de rire chez le téléspectateur. Il reste un facteur essentiel pour vendre dans la mesure où il se démarque de la quasi-totalité des publicités qui cherchent à vendre, à convaincre, à heurter.

    « L'humour répond mieux, aussi, à notre époque désenchantée, qui privilégie la dérision, l'irrespect et l'incroyance. En introduisant une distance entre le public et la situation présentée dans un message, l'humour permettrait de faire accepter ce qui pourrait, sinon, paraître une incongruité. Mieux encore : en faisant du consommateur un partenaire, il le valorise et devient « une sorte de politesse que les publicitaires lui doivent. » La réalité, et le produit avec elle, cèdent le pas à la forme de la représentation publicitaire, dans une esthétique de la distanciation. [...] Le publicitaire s'éloigne de son objectif mercantile pour se moquer de lui-même, et chercher à séduire le consommateur en détournant les codes publicitaires. [...] En faisant passer la forme avant le fond, l'humour en publicité prend un risque : celui de ne pas faire comprendre le message. La promesse commerciale, qui est le fond du message, peut ne pas être perçue par le public. Ce dernier ne retient que le comique de la situation et peut oublier jusqu'au nom du produit. Cette mésaventure est par exemple arrivée à Orangina, dont la saga a fait rire tous ceux qui l'ont vue, sauf l'annonceur dont les ventes n'ont pas progressé. L'humour ne sert la publicité que lorsque l'argumentation commerciale n'est pas oubliée. [...] L'humour est donc d'un maniement délicat : la publicité aujourd'hui l'utilise massivement mais, quelquefois un message qui lui semble drôle, brusquement tombe dans l'inacceptable, parce qu'il est mal perçu. »62

    62 TEYSSIER Jean-Pierre. Frapper sans heurter : quelle éthique pour la publicité. Paris : Armand Colin, 2004. 330 p.

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    L'humour est donc de plus en plus exploité dans la publicité. Mais, comme nous venons de le citer, il peut parfois amener à l'incompréhension de la part de l'audience ou, à un attachement plus important pour le caractère burlesque du spot, quitte à en oublier le produit ou la marque qui est mis en scène. Par ailleurs, certaines publicités bousculent les valeurs des individus, perturbent leur conformisme. Ces derniers peuvent se sentir persécutés et, de ce fait, ils auront de grandes chances de considérer la publicité comme choquante et insensée.

    La plupart du temps, l'humour est compris. Il fait partie de ces éléments susceptibles de capter le spectateur, comme la mise en scène de la sexualité, mais dans un tout autre registre. Il se joue sur plusieurs niveaux, tels que les situations décalées, les jeux de mots, l'inversion de codes, le ridicule de certains protagonistes, l'utilisation d'hyperboles, la prise à contre-courant du prospect, la surprise, la chute plus ou moins comique etc.

    Des comiques de situation qui nous parlent

    Qu'il s'agisse de publicités alimentaires ou non, l'humour est présent. On distingue différentes catégories dans les procédés d'humour. 63

    Si la publicité avait tendance à toujours plus repousser les limites du politiquement correct en ce qui concerne la sexualité, elle repousse également les frontières de son imagination en cherchant des scénarios toujours plus originaux. Mais, la fantaisie des publicitaires respecte tout de même des références universelles dans le but que le message qu'ils veulent faire passer soit compris par les téléspectateurs. Rien de plus frustrant qu'un spot humoristique qui n'est pas compris du public, mais l'amuse simplement comme nous l'avons vu précédemment dans l'exemple cité d'Orangina.

    Chez Mikado, le cliché de l'asiatique trop petite, de la femme inférieure à l'homme, est masqué par le comique de la situation. La jeune femme est prise en flagrant délit de gourmandise, mais au final, ce que l'on retient, c'est la position dans laquelle elle se retrouve sur la photocopieuse alors que l'homme entre dans la pièce.

    63 JOANNIS Henri et BARNIER Virginie de. De la stratégie Marketing à la Création Publicitaire (3ème édition). Paris : Dunod, 2010. 471 p.

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    Captures d'écran MIKADO : La photocopieuse, réalisé par Neil Harris - 2000 www.culturepub.fr

    Pour la pub d'Hollywood chewing-gum en revanche, pub de 2000, les publicitaires ont misé sur la référence à la statue de la liberté. Une touche d'originalité qui parle aux prospects dans la mesure où la statue est un élément indissociable du paysage New Yorkais et symbolise l'Amérique, et le cinéma, d'où le parallèle avec les chewing-gums Hollywood. Un rapprochement inattendu avec un univers de référence. Créativité ? Facilité ? Originalité ? Les consommateurs en jugeront par eux-mêmes.

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    Captures d'écran Hollywood Chewing-gum : Statue de la liberté - 2000 www.ina.fr

    Enfin, certains scénarios marquent les esprits, aussi comiques qu'ils puissent l'être. On se souviendra sans hésitation des fameux spots mettant en scène le célèbre Rodolphe, icône de Free. Un personnage cultivant son ridicule jusqu'au bout et qui a fait l'objet de nombreux films. Que celui d'entre vous qui n'a jamais identifié un Rodolphe dans son entourage me fasse signe ! Hyperbolisme, décalage total et ridicule martèlent les esprits. Enfin, le slogan paradoxal vis-à-vis du spot : « il a free, il a tout compris » en rajoute une couche, et signe l'audace du publicitaire. Bien trouvé !

    Captures d'écran FREE : Rodolphe. Saga de 2009/2010

    L'humour est une arme tout aussi valable que la mise en scène de la sexualité pour convaincre les téléspectateurs d'acheter les produits vendus. Bien souvent, les publicitaires font le pari de mêler les deux : humour et érotisme. Est-ce un moyen de faire davantage passer la mise en scène de la sexualité ? Est-ce une manière de détourner, d'évoquer, de ridiculiser ou de banaliser certains tabous comme les codes du mariage, la religion, les minorités raciales, la sexualité, le handicap et autres domaines dont on ne parle pas ? Peut-on tout dire avec humour ?

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    Un moyen de parler de tabous sans choquer

    L'humour, dans la publicité, est un moyen dévié de banaliser les représentations ou les discours à connotations sexuelles. Nous pouvons illustrer ce propos via la fameuse publicité des Cracottes avec lesquelles on fait tous crac-crac. La publicité met en scène des couples consommant les célèbres biscottes. Ces derniers, issus d'horizons différents témoignent devant caméra de leur expérience avec les Cracottes et avouent faire régulièrement crac-crac. L'expression « faire crac-crac » est bien amenée dans la mesure où, au premier degré elle fait référence au produit mais, dans une deuxième lecture du message, elle signifie, faire l'amour. « Faire crac-crac », utilisée de manière détournée permet une fois de plus de jouer sur les imaginaires collectifs et d'attirer toujours plus l'attention du spectateur, l'amenant à faire le parallèle entre les deux registres que convoque le message publicitaire.

    Captures d'écran CRACOTTES - 1986

    Nous sommes alors face à une pub mettant en scène, très implicitement, par le discours, la sexualité. Mais, l'humour est également un moyen de parler du mariage et des codes qui gravitent autour, comme par exemple, la fidélité. Mais, une fois de plus, les pulsions de l'homme ne sont pas toujours domptées et, son désir pour une autre chaire féminine revient

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    très rapidement, même une fois marié, s'engageant, par les liens du mariage, à rester fidèle à son épouse. La manière dont la publicité de 2006 pour les Déli Choc est assez comique et l'humour permet de traiter l'infidélité et le retour des pulsions animales de l'homme de manière assez décalées, et burlesques, dans la mesure où, nous ne verrons pas, d'ordinaire, une femme en très petite tenue sortir d'un gâteau puis, se trémousser dans tous les sens pour aguicher celui qui vient à peine de se marier.

    Captures d'écran DELI CHOC : The Wedding par Les Elvis - 2006

    Les spots humoristiques, toujours plus appréciés par les potentiels consommateurs permettraient donc de faire passer divers messages, que les prospects n'accepteraient pas forcément s'ils étaient mis en scène de façon classique et sérieuse. La dérision aurait les capacités de pouvoir tout dire ou presque.

    Mais, si la mise en scène de la sexualité est détrônée par des spots « drôles », elle se fond dans le scénario comique. Bon nombre de mes interviewés ont approuvé la publicité des Céréales Lion, qui certes, met en scène la sexualité (avec l'orgasme du jeune homme), mais dans un contexte fantasmé : l'avion. Nous en avons tous conscience, nous ne mangerons jamais de Céréales Lion dans un avion. Or, la publicité le permet. Il y a donc une transgression de l'a priori et la volonté de bousculer le conformisme. La situation en devient alors comique et suscite quelques sourires sur les visages des téléspectateurs qui la visionnent. Mais, cherchent-ils uniquement de l'humour ?

    Le plaisir de l'image, la recherche de la subtilité

    Dans la mesure où la publicité nous vend du rêve et s'inscrit dans un cadre fictionnel, les publicitaires peuvent laisser leur imagination s'exprimer tant et plus. L'humour, la mise en scène de la sexualité, comme nous les avons vus, frappe, marque le consommateur. Mais, est-

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    ce vraiment suffisant ? Se contente-t-il de ce genre de scénarios qui, finalement, finit par se fondre dans le paysage publicitaire que nous offre la télévision. Humour et érotisme seraient-ils désuets ? Non bien sûr, puisque ces registres marcheront toujours. Les générations évoluent, certes, mais se renouvellent et les désirs alimentaires, sexuels sont toujours naturels chez l'homme. Toutefois, la tendance actuelle serait le retour d'une société moins libérée, plus fermée sur certains sujets et notamment sur la sexualité. Comme la mode, les idées, les opinions sont cycliques. La société évolue et l'on revient à des valeurs de la société pré-soixante-huitarde. Aujourd'hui, si l'oeil n'est plus vraiment attiré par des scénarios à connotations sexuelles, il en cherche néanmoins la subtilité. Des images colorées, du rythme, des musiques entraînantes et marquantes, des messages courts, mais martelant les tympans, de la suggestion, mais pas de représentations... innover dans ce sens, créer, les prospects souhaitent du neuf, de l'insolite, du suspens, de l'humour, des jeux de mots et des univers de références. Mais aussi des situations dans lesquelles ils peuvent facilement s'identifier, qui leur parlent, qui leur vendent quelques minutes de pur bonheur, qui les fassent voyager et sortir de la monotonie du quotidien, même s''ils ne vont pas forcément courir acheter les produits vantés. Prenons les fameuses publicités des Apéricubes qui misent sur l'anachronisme du produit. Un fromage à partager au XXIème siècle mis en scène à l'époque des Vikings. Le tour est joué, le spectateur est conquis, l'humour fonctionne.

    Captures d'écran APERICUBE : La pêche au saumon par Eric Lartigault - 2008

    Notons également que la pub Perrier, même si elle paraît, aux premiers abords, très simple, a suscité un certain engouement pour son scénario. Datant de 1976, la sobriété du spot attire le consommateur. Très suggestive, les téléspectateurs auraient tendance à la trouver assez subtile et recherchée dans son déroulement. Cette subtilité décelée permet très certainement de ne pas comprendre la censure de l'époque dans la mesure où la majorité de mes interviewés ne la trouve pas choquante, mais plutôt réussie et bien trouvée, même si dès le départ, on peut prédire le final orgasmique.

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    La société évoluant, les moeurs se transformant, la publicité s'empare de ces altérations et imagine de petits scénarios, illustrant les attentes mouvantes des consommateurs. Il semble que l'histoire de la sexualité en France - et toutes les lois qui se sont articulées autour de ce sujet - n'est pas à négliger et influence les spots. Mais ces modifications ne s'expriment pas uniquement en matière de création. Si les publicités sont changeantes, c'est qu'elles s'adaptent aux attentes des spectateurs, or, leurs attentes varient en fonction des courants, des valeurs, des idées, des codes moraux, que véhicule la société de leur temps.

    Autrement dit, les publicitaires sont soumis aux modes de consommation des potentiels consommateurs, eux-mêmes soumis aux valeurs de la société, d'où l'évolution constante et cyclique de la publicité. Elle a, aujourd'hui, passé le cap du sexisme exprimé de façon explicite et ce, qu'il s'agisse de spots alimentaires, de pubs de parfum ou autres. Les scénarios sont moins catégoriques, plus suggestifs, plus subtils. Les femmes restent assignées aux tâches ménagères, à l'éducation, mais, le traitement qui leur est fait est moins négatif, moins brutal. Quant aux hommes, ils semblent plus présents dans les moments de complicité qu'ils peuvent avoir avec leurs enfants. Ils partagent davantage de choses en famille.

    La suggestion, la « soft-attitude » dans le traitement des hommes et des femmes est-il réellement minimisé ou avons-nous tendance à ne plus faire attention aux stéréotypes et à la superficialité des scénarios. Serions-nous moins réceptifs ? Serions-nous lassés, blasés ? Ou serait-ce une traduction de notre fausse pudeur ?

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    Chapitre 6 : Médias, publicitaires, consommateurs : une triangulaire consubstantielle

    Les consommateurs font vivre les médias et les médias font vivre la publicité. Autrement dit, la dépendance des médias par rapport aux lecteurs, auditeurs et spectateurs, et la dépendance de la publicité par rapport aux médias n'est pas à négliger. S'intéresser à la réception nécessite inévitablement de s'intéresser aux modes de consommation des individus, en ce qui concerne les produits certes, mais également au niveau des supports médiatiques.

    S'intéresser à la réception, c'est aussi prendre en compte l'attitude des prospects face à la publicité, et inévitablement leur attitude vis-à-vis des médias dans la mesure où c'est grâce aux différents supports médiatiques que peut vivre la publicité.

    Les médias auraient donc une responsabilité à jouer dans les registres de publicité qu'ils diffusent et cibleraient des types de personnes précis. Si l'on fait abstraction de la mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires et qu'on s'attache davantage au rôle des médias, on constate que le consommateur est tiraillé entre publicités et médias, mais que finalement, s'il se sent manipulé par tout ce qui lui est montré, il reste maitre des évolutions de la société, des médias et de la publicité.

    A) La place du consommateur entre médias et publicités

    « La publicité doit rester un espace de jeux et d'arguments, qui doit à la fois distraire et informer, mais en adoptant un comportement plus attentif à ce qui pourrait choquer le public, ou faire croire à une manipulation. Si elle ne détermine pas elle-même les limites claires des messages qu'elle adresse, elle peut perdre la faveur du public. » 64

    La publicité pose ainsi les frontières de ce qu'elle véhicule. Pour garder l'attention du téléspectateur sur elle et par conséquent le faire consommer, la campagne doit être crédible, convaincante et non mensongère. L'adhésion du public ou non va donc se jouer sur ces points-là. Originalité certes, mais sans perdre de vue la cible qui peut, à tout moment, exprimer un désamour vis-à-vis du spot et donc du produit ou de la marque vendus.

    64 TEYSSIER Jean-Pierre. Frapper sans heurter : quelle éthique pour la publicité. Paris : Armand Colin, 2004. 330 p.

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    Comme nous l'avons vu précédemment, la publicité joue un rôle économique majeur sur le marché. « Sauf à estimer que tout signe est un signe publicitaire, sauf à considérer que le poissonnier d'Astérix qui vante sa marchandise sur le marché tout en mentant sur la fraîcheur de ses produits est un Jacques Séguéla en puissance, les moyens utilisés pour attraper le client ne sont que des outils rudimentaires au service de l'échange marchand, mais en aucun cas des moyens publicitaires. »65

    Dans toutes les sociétés, il existe des moyens précis pour attirer le consommateur, par le cri, par le logo de la marque, etc., mais en France, notons que les médias et notamment la télévision, pour ce qui est de la diffusion de spots vidéo, permettent l'existence de la publicité auprès des publics. Leur rôle est donc essentiel et non négligeable pour l'économie.

    Médias et publicité : une consubstantialité

    Si j'ai employé le terme de « consubstantialité »66, repris à Danièle Kergoat pour m'intéresser aux rapports sociaux en coprésence dans l'analyse de la réception de la mise en scène de la sexualité, nous pouvons le reprendre dans un tout autre contexte : dans la relation de la publicité et des médias avec l'économie de marché dans la mesure où ces deux grandes sphères qui développent l'économie de marché sont nées en son sein.

    Le média se présente alors comme un acteur secondaire, mais essentiel de la publicité. Il permet effectivement de rendre public la publicité, comme l'étymologie de publicité le veut. Si médias et publicités sont étroitement liés - car nés dans un contexte capitaliste, où la demande est le principal acteur de l'économie - la publicité reste un intermédiaire entre l'offre et la demande et ne sert pas la démocratisation politique comme les médias, mais au contraire, elle se contente de favoriser la fluidité des échanges marchands.

    La consubstantialité réside dans le fait que la publicité fait vivre les médias - elle représente en effet une grosse partie du budget des médias - et vice versa, les médias font vivre la publicité. Sans eux, elle aurait davantage de difficulté à atteindre sa cible. Les médias ont finalement un rôle essentiel à jouer dans la diffusion de la publicité.

    Le choix du média : la cible dans l'objectif

    65 http://www.cairn.info/revue-le-temps-des-medias-2004-1-page-17.htm consulté le 24.03.14

    66 Entretien de KERGOAT Danièle. Articuler les luttes contre les différents rapports sociaux inégalitaires. Août 2011. En ligne sur IRESMO, consulté le 23 mars

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    Les annonceurs peuvent sélectionner une cible particulière en choisissant simplement le média avec qui ils vont signer un contrat. Pour viser un public jeune, par exemple, les publicitaires vont plus se tourner vers Gulli ou d'autres chaînes de ce style dont les principaux publics sont des enfants. Les médias ont donc un enjeu majeur à jouer en termes de diffusion de la publicité. Qu'il s'agisse de presse, de radio ou de télévision, chacun a fidélisé une certaine clientèle et la publicité peut alors s'implanter au sein de ces médias.

    Prenons le cas de Chérie FM : les spots audio émis sur les ondes hertziennes ciblent une audience essentiellement féminine âgée de 30/35 ans. On parle en général d'auditrices, et rares, voire inexistants, sont les hommes à passer à l'antenne. Les partenariats de la radio se font donc avec des instituts de beauté, des centres de thalassothérapie, des salons de coiffures, etc., mettant en avant la femme active professionnellement et faisant attention à son image.

    En revanche, du côté du média télé, France 2 vise un très large public. Les publicités viseront une grande diversité de public. Il n'est alors pas anodin de voir défiler des publicités sur notre écran de tous types de produits : alimentaires, cosmétiques, véhicules, immobiliers, jardinerie, produits ménagers, etc.

    « Pour arriver à leurs fins, les publicitaires font jouer la concurrence entre les divers médias et entre les titres et cherchent à développer un secteur publicitaire hors-médias. Mais ce dernier est d'une rentabilité aléatoire en termes d'impact, pour un coût relativement élevé. Précisons le coût de l'intermédiation : lorsqu'un annonceur dépense 100 pour des annonces dans les grands médias (presse, radio, télévision, cinéma et affichage), les entreprises de médias reçoivent en moyenne 85 % de la somme, les intermédiaires (la création, le conseil, les frais techniques), recevant 15 %. Mais lorsqu'un annonceur dépense 100 dans le hors-médias, les intermédiaires reçoivent 70 % de la somme dépensée. Il est donc logique que les publicitaires cherchent à développer le hors-médias, secteur qui leur laisse une plus grande faculté de négociation et dans lequel la rémunération des intermédiaires est plus importante. Mais les médias demeurent irremplaçables pour aller chercher le consommateur, dans des conditions favorables de réception (à domicile, au bureau). En effet, pour l'annonceur, la question reste de trouver le consommateur, de capter son attention dans de bonnes conditions et de mesurer l'impact des messages publicitaires. C'est pourquoi les médias ont développé des outils de mesure de leur audience, de leur lectorat et de la qualité de ces audiences (OJD, CESP, etc.), qui leur permettent de mesurer les impacts, ce qui satisfait les annonceurs à défaut de satisfaire les publicitaires. »67

    67 http://www.cairn.info/revue-le-temps-des-medias-2004-1-page-17.htm consulté le 24.03.14

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    Le média reste l'acteur principal de diffusion des publicités pour que celles-ci atteignent leurs objectifs. Son rôle ne doit être négligé. Des enquêtes sont régulièrement menées, analysant la cible visée en matière de modes de consommation, de niveaux de vie, de goûts, de culture et bien d'autres critères qui entrent en compte dans le choix du média pour la diffusion des publicités. Presse, télévision, radio, internet, cinéma et hors-médias ont leur spécificité. Le but étant de coller le mieux aux attentes des prospects, il est évident qu'un travail de réflexion et de fond est mené par les annonceurs en amont.

    « Les proportions des représentants des divers styles de vie dans l'ensemble de la population varient avec le temps, en fonction des modes, des crises économiques, sociales, etc. Mais, quel que soit leur poids relatif du moment, ils ont leur média et leur support, miroir de leur système de valeurs. Les chercheurs les ont ainsi classés en fonction de leur affinité avec les quatre mentalités recensées. Par exemple :

    ? Les supports « moralistes » sont ceux de la mentalité utilitariste : le Chasseur français, Historia, l'Action automobile, la presse quotidienne régionale ;

    ? Les supports du « savoir-faire » sont ceux de la mentalité de recentrage : Femmes d`aujourd'hui, Sélection du Reader's Digest ;

    ? Les supports de l'information sont ceux de la mentalité de progrès : les journaux « sérieux » (Le Monde), les news magazines (L'Express), les revues économiques (L'Expansion) ;

    ? Les supports de l'anticonformisme, de la dérision, de l'imaginaire, sont ceux qui conviennent aux « décalés » : Actuel en est le prototype.

    Cette approche par les styles de vie est complémentaire des méthodes classiques par critères socio-économique et démographique pour une meilleure connaissance et donc utilisation des médias et des supports dans la communication commerciale ; elle permet, par exemple de différencier deux supports que les critères habituels classeraient dans la même catégorie de fréquentation. »68

    Les études restent donc essentielles en amont, pour déterminer des cibles précises, mais aussi les médias propices à diffuser telle ou telle publicité. La publicité répond à une éthique qui varie en fonction de ce qu'elle diffuse. De l'information, des valeurs anticonformistes ou autres, la publicité tend dans la mesure du possible à répondre aux critères de la ligne éditoriale des supports utilisés. Si la publicité fascine la plupart des potentiels consommateurs,

    68 DAYEN Armand. La publicité. Paris : PUF (Que sais-je ?), 2003. 127 p.

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    certains se disent détachés par rapport à cette masse publicitaire qui nous envahit toujours un peu plus. Qu'en est-il de la crédibilité de la publicité ? Et surtout, qu'en est-il de la crédibilité des médias ? Est-ce vraiment la publicité qui fait marcher les médias ? N'est-ce pas plutôt les consommateurs ? Ne seraient-ils pas les premiers déterminants de l'efficacité de la publicité et des médias ?

    La crédibilité des médias

    Le consommateur joue un rôle essentiel aux yeux, et de la publicité, et des médias. Si les médias sont dépendants de la publicité sur le plan économique, si la publicité est dépendante des médias en termes de diffusion de messages publicitaires à un large public, le rapport médias et publicité est nuancé par la relation qu'ils entretiennent avec le consommateur.

    La crédibilité accordée aux médias a été fragilisée en 1989 avec la fameuse histoire des faux charniers de Timisoara, en Roumanie. L'affaire a abondamment été médiatisée en France et exagère la révolution de 1989 en Roumanie. Les évènements ont été relayés dans de nombreux médias qui s'en sont donnés à coeur joie, reprenant les informations de leurs concurrents et les amplifiant toujours plus, quitte à diffuser des informations erronées. Pierre Bourdieu a qualifié ce phénomène de « circulation circulaire de l'information ». Les informations que nous livrent les médias sont-elles toujours réelles ? N'y a-t-il pas une volonté d'amplification, de dramatisation pour attirer, toujours un peu plus, les fidèles lecteurs, auditeurs, téléspectateurs ?

    Tout comme pour la publicité, la crédibilité est un élément non négligeable pour convaincre les consommateurs. Cependant, elle est souvent fragilisée. Dans ce monde désenchanté, les consommateurs auront tendance à se sentir manipulés, assommés d'informations qui mettent en avant une société de conflits, d'individualisme, de concurrence, d'hypocrisie entre les différents individus, de manipulation par le pouvoir, etc. De même, le développement du numérique, qui permet la diffusion d'information par n'importe qui, introduit une certaine méfiance de la part du lectorat. Comment savoir si les informations qui nous sont livrées ne sont pas erronées ?

    Enfin, qu'en est-il de l'indépendance des journalistes ? Ne sont-ils pas inséparables avec le grand monde de la politique ? Les médias nous livreraient-ils des informations en adéquation avec ce que le pouvoir souhaite véhiculer ? Le documentaire intitulé « Les nouveaux chiens de garde » - sorti en France le 11 janvier 2012 et réalisé par Yann Kergoat - est l'illustration même de l'hypocrisie de certains journalistes et politiques. Réquisitoires contre les médias et

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    contre la télévision, le film est une critique à l'égard de l'état qui garde le monopole sur les médias et l'économie de la société.

    Mais, pour faire le lien avec la publicité, celle-ci serait fragilisée par la relation des consommateurs avec les médias. Si les individus boycottent par exemple la télévision dans la mesure où ils considèrent que celle-ci ne leur apporte pas grand-chose si ce ne sont les infos que souhaite véhiculer l'état, ils ne seront plus, par-là même, exposés à la publicité. La publicité dépend donc des médias comme des consommateurs.

    Finalement, si l'on s'arrête sur cette affirmation, dire que la société serait manipulée par le pouvoir en place, dire que les publicitaires ont un impact sur les consommateurs serait paradoxal. La double influence est une fois de plus mise en relief et la notion de consubstantialité prend tout son sens : les médias ont un pouvoir sur la publicité et les consommateurs, la publicité exerce son pouvoir sur les consommateurs et sur les médias (dépendances concernant les recettes) et les consommateurs gardent un impact sur la publicité et les médias.

    « Les journaux ne sont pas des journaux, ce sont des marques qui vendent des produits et, miraculeusement, les intérêts particuliers des gens qui détiennent ces journaux correspondent exactement, toujours, à l'information qui est donnée dans ces journaux. »69 Bruno Gaccio

    Ces trois axes (consommateur, média et publicité) sont coproducteurs, ils forment un tout, sont complémentaires et ne peuvent se traiter séparément. Entre fascination et relativisation, entre adhérences et réticences, les consommateurs fabriquent eux-mêmes les publicités de demain.

    Et si nous leur proposions un monde sans publicité ?

    B) Vers un monde sans publicité : une utopie ?

    La publicité, comme nous avons pu l'affirmer, et c'est justement l'intitulé de ma première partie, appartient à notre univers collectif. Elle berce notre quotidien, qu'il s'agisse de

    69 Emission de Frédéric Taddeï « Ce Soir (Ou Jamais !) - août 2012 Bruno Gaccio à 14'18» En ligne sur YouTube : https://www.youtube.com/watch?v=a5RfHx-r_4c

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    publicités en flyers, sur panneaux d'affichage, sur écrans, dans les journaux, à la radio, au cinéma, etc.

    La vision des plus âgés

    M'étant intéressée à la question de la réception, et mon échantillon d'étude comme les individus que j'ai interviewés ayant tous conscience que la publicité est désormais massivement ancrée dans la société, je les ai confrontés à la question de savoir s'ils se verraient vivre dans un monde sans publicité.

    « Ouais tout à fait ! Pourquoi ? Ben déjà parce que je pense que le budget publicitaire représente une part du prix du produit qui est bien trop élevée par rapport à d'autres budgets à l'intérieur du prix du produit et en particulier le budget masse salariale, donc si on pouvait économiser là-dessus ce serait déjà pas mal, pour le consommateur, ce serait une économie aussi, pour le producteur, il vendrait plus de produits. Bon on s'aperçoit que les entreprises qui font le plus de pub ne sont pas celles qui forcément seront dans de meilleurs états aujourd'hui... mmmmh. » Eric Barriol

    « Oui ... déjà on a enlevé la publicité dans la boîte aux lettres, et puis sans pub euh... fffff.... Oui ! Et puis même à la radio ... c'est vrai que les chaines où y'a beaucoup plus de publicité ou de trucs comme ça, je suis moins accroc aussi. » Chantal Grange

    « Ouais ... je pense que oui ... parce que ... parce que quand j'ai besoin de quelque chose, je vais le chercher en fait et j'ai pas forcément envie qu'on me ... qu'on me crée le besoin quoi ! » Christophe Delord

    Les réponses une fois de plus varient en fonction de leur âge et de leur genre. Les 35/45 ans s'imagineraient effectivement vivre dans un monde sans communication marchande. Ils sont assez catégoriques là-dessus.

    « Nan pas sans pub mais peut-être avec moins, parce que je trouve que là, y'a beaucoup enfin ... on peut pas passer une journée sans voir une pub quoi. Mais même sans regarder la télé, où qu'on passe on trouvera toujours une pub et ... c'est pas que c'est pesant mais ... on voit que ça quoi. » Cédric Ravel

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    « J'pense que oui, je pense que oui ! Quoique ! Est-ce que tu te verrais vivre dans un monde sans pub ? Le problème il est là, c'est que maintenant on est tellement contaminé par ça, au final que ça serait un manque, après ne pas connaître la pub, pff, voilà, on peut très bien vivre sans. Quand je pars dans les Alpes et que je ne mets pas la télé pendant une semaine, on va dire paumée dans mon coin perdu, la publicité je la regarde pas quoi, j'la vois même pas quoi ! Donc oui, mais je ne sais pas ! Honnêtement, c'est super compliqué à voir. J'crois qu'on est formaté pour avoir de la publicité, maintenant, qu'elle existe ou qu'elle existe pas je pense que je ne sais pas si elle me manquerait vraiment ... après je pense que ce qui me manquerait vraiment dans un monde sans pub, c'est les belles images, les belles photos, c'est voilà, ce décorum qu'il y'a autour, j'pense que c'est ça, visuellement, qui à la limite peut me manquer, mais euh ... après, je sais pas, honnêtement, c'est compliqué. » Isabelle Torre

    Une autre perception chez les jeunes

    En revanche, chez les plus jeunes, la difficulté de s'y projeter est plus marquée. La raison que l'on pourrait y apporter : une génération née dans une société de consommation, du tout, tout de suite. Une génération née dans la publicité, une génération pour qui la publicité fait partie de la société. Rares sont les ménages non équipés de postes de télévision, de radio, d'ordinateur et d'abonnement internet. Les nouvelles technologies participent également à cette difficulté de se voir dans un monde sans publicité. Les jeunes y sont donc plus réceptifs, plus sensibles et gardent peut-être une proximité importante avec la publicité. Manque de recul ? Eveil des sens et moyen d'évasion ?

    Ils ont bien conscience eux aussi d'évoluer dans une société infectée par la publicité. Dans une société en progression constante, où l'individualisme se cultive chez chacun, où les informations nous ressassent des horreurs internationales, les consommateurs sont peut-être plus réceptifs et plus attentifs à de courts spots publicitaires qui leur offrent en quelque sorte des images attractives et le monde de leur rêve.

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    « Euh ... ben non parce que ce serait pas drôle, parce que y'a quand même pas mal de choses qui sont assez chouettes dans les publicités enfin ... y'a des pubs qui sont quand même marrantes et euh ... qui nous font un peu réfléchir et puis même et ... nan j'pense que ... j'sais pas enfin j'essaie de m'imaginer et nan ça serait nan ... c'est hyper utopique en fait de penser ça et euh ... c'est en aucun cas possible de supprimer toutes les publicités et y'aurait pas de ... enfin les gens auraient pas le temps de s'intéresser à des choses en fait donc euh ... il faut absolument aller les chercher pendant leur période de loisir, quand ils regardent la télé ou quand ils regardent des magazines ... enfin j'trouve ça normal et euh ... sinon j'imagine pas trop comment ce serait ! » Alice Hubert

    Ben c'est que je m'habitue à voir de la publicité et j'aime bien, j'pense qu'un monde sans pub, on s'ennuierait. [...] La publicité c'est quand même un passe-temps, je veux dire on en connait certaines par coeur jusqu'à les réciter ... la journée, sans s'en rendre compte y'a une musique qui va passer on va dire ah ben tiens, c'est cette pub et tout ... on va sortir une phrase dans un contexte anodin, même dans un cours aujourd'hui par exemple, on a sorti une phrase qui avait un rapport avec les publicités. [...] Donc non je ne me vois pas vivre dans un monde sans pub ... enfin ce serait peut-être plus difficile. Charline Bohler

    « C'est quoi un monde sans publicité ? Dans Alice au pays des merveilles, elle vit dans un monde sans publicité, elle vit pas très bien ... Euh nan je ne me verrai pas ... mais je sais pas en fait, parce qu'on peut pas se rendre compte de ce que t'as jamais eu ... c'est ... Est-ce que dans l'idéal j'aimerais vivre dans un monde sans publicité, oui, j'aimerais bien mais est-ce que je m'ennuierais ... oui probablement aussi. » Thibaut Ferraro

    La perception de la publicité dépend donc de l'évolution de la société. Les nouvelles technologies, l'accès à l'information et, par conséquent à la publicité se sont largement développées. Aujourd'hui, les moteurs de recherche, ces robots de l'informatique, agissent à notre place et viennent pallier à nos trous de mémoire ! Une mine d'informations dont les sources ne sont, bien trop souvent, pas données et auxquelles il faut se fier avec méfiance.

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    Des vices exposés

    Un paysage sans publicité demeure utopique pour les générations du XXIème siècle et on imagine, pour les suivantes également. Si le monde de la publicité fait rêver, l'envers du décor n'est pas toujours aussi glorieux. Le livre de Frédéric Beigbeder70 et son adaptation cinématographique le montre. Il s'agit effectivement d'une fiction, mais qui reste le reflet d'une réalité dans un cadre fictionnel, puisque son auteur a fréquenté le milieu de la publicité. La concurrence, la luxure, l'hypocrisie, l'appétit, etc., nourrissent les agences de publicités dans lesquelles s'affrontent les requins de ces grosses boites.

    A Nantes, des graffeurs se sont amusés à détourner des panneaux publicitaires pour une représentation de la publicité au grand public. S'inspirant des sept péchés capitaux - la gourmandise, la luxure, l'orgueil, la colère, l'avarice, la paresse et l'envie, auxquels ils ont ajouté l'ivresse - leur projet, « la grande éponge »71 vient défendre les valeurs du street art, d'une part et vient représenter d'autre part, dans chaque visuel, une des composantes de la communication publicitaire.

    Les affiches de l'opération « La grande éponge » réalisée à Nantes
    début 2014 par un groupe de jeunes street art.

    Les mouvements contre la publicité ne sont pas en reste. De plus en plus d'individus avouent refuser la publicité dans leur boîte aux lettres et zappent les programmes télé lorsque vient la pause pub en plein milieu d'un téléfilm.

    70 BEIGBEDER Frédéric. 99 Francs. Paris : Grasset, 2000. 282 p.

    71 Ceci n'est pas une publicité, c'est une représentation de la publicité. Février 2014. En ligne sur http://iletaitunepub.fr/2014/02/23/ceci-nest-pas-publicite-cest-representation-de-la-publicite/

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    Mais pour certains consommateurs, n'est-ce pas devenu une sorte de drogue ? Combien de téléspectateurs ont exprimé leur mécontentement quant au retrait des publicités sur les chaines publiques de la télévision française ? Combien d'individus se sont accoutumés à feuilleter les publicités hebdomadaires qui arrivent dans leurs boîtes aux lettres ?

    Soyez-en certains, la fin de la publicité n'est pas pour demain !

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    « A force d'appeler ça ma vie, je vais finir par y croire. C'est le principe de la publicité. »

    Samuel BECKETT

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    CONCLUSION

    L'évolution de la société garde une influence sur la publicité comme sur les consommateurs. La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires a plus d'influence de séduire le prospect et de le convaincre d'acheter le produit vendu ou la marque. Le but du publicitaire est donc de se démarquer de ses concurrents pour tenter de se mettre en avant, de sortir du lot, ayant conscience d'un marché de la publicité saturé. Les frontières du politiquement correct sont ainsi repoussées et l'emploi de connotations sexuelles est considéré comme un moyen de toujours plus se différencier. Mais est-ce vraiment novateur et original ?

    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires, mais aussi dans les publicités en général, est-elle vraiment perçue comme le souhaiteraient les annonceurs ?

    La cible est donc un témoin non négligeable, pour traiter de l'efficacité du message. Les réactions des potentiels consommateurs varient en fonction de leur âge, comme j'ai pu l'émettre avant même de mener à bien mon étude. Par ailleurs, force est de constater que les variations de perception dépendent également du genre des individus et, parfois même, de leur profession.

    La mise en scène de la sexualité dans les publicités est donc reçue de manière spécifique à chacun. Si l'on constate une tendance générale, si la jeune génération et, notamment les filles, est plus choquée que la génération précédente, des convergences émanent de ces résultats. La culture, l'éducation, le genre, la génération, les origines sont autant de facteurs qui déterminent la manière des individus d'être, plus ou moins, attirés par l'érotisation de certains spots. Toutefois, les émotions fortes qu'engendre ce registre de publicité sont quasi similaires aux émotions fortes que peut susciter une glace, du fromage...

    L'évolution de la société, des moeurs, semble avoir un impact sur la publicité. Les publicitaires s'emparent de ces transformations et des influences diverses d'évènements et de faits sociaux (Mai 68, le sida, le porno chic...). La population française revendique une libération sexuelle, les publicités y répondent par une monstration des corps toujours plus provocatrice. Mais, le XXIème siècle signe le retour d'une sexualité qui reste de l'ordre du tabou. Si parler de sexe fait partie parfois du langage commun de certaines personnes,

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    nombreux sont ceux qui se sentiront mal à l'aise, confrontés à une publicité à caractère pornographique.

    Au XXIème siècle, le petit écran ré-adopte des scénarios plus softs et plus suggestifs, peut-être moins vulgaires.

    Si j'avais à poursuivre mon travail, je pense que j'attacherais davantage d'importance aux concepteurs-rédacteurs et à leurs intentions lors de la création des spots publicitaires. Le message qui est compris par les consommateurs s'accorde-t-il avec celui que les publicitaires ont voulu faire passer ? La volonté de séduction des potentiels consommateurs est-elle effective ?

    Enfin, je pense que mes résultats, quant à mon échantillon, sont à relativiser dans la mesure où peu d'individus masculins y ont répondu. De même, ont-ils réellement été sincères à la question de l'influence d'une publicité à caractère sexuel ou non ? Tous ne sont-ils vraiment pas plus sensibles à un spot de ce registre ? N'ont-ils pas pris en compte le contexte de l'enquête pour répondre, souhaitant ainsi atténuer leur côté naturellement machiste ?

    Il est donc délicat de traiter la perception de la réception, de la cible, de manière effective, avec si peu de résultats.

    Pour finir, mon choix de corpus a lui aussi son rôle à jouer. Dans l'ensemble, les publicités soumises à mes huit interviewés restent assez softs et peut-être que j'aurais obtenu des réactions différentes si j'avais sélectionné un corpus plus sexualisé dans les scénarios. Idem, je me suis concentrée sur des films français uniquement et là aussi, si j'avais choisi des pubs hors hexagone et donc inconnues du grand public, les réactions auraient été divergentes.

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    ANNEXES

    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    SOMMAIRE

    ANALYSE DU CORPUS

    Pub par pub - Perrier

    - Caprice des Dieux

    - Extrême - Ketchup

    - Céréales Lion

    Récapitulatif

    REPONSES

    Echantillon

    Questionnaire fermé : la pub et vous

    Résultats des questionnaires fermés

    Entretiens semi directif

    Grille d'entretien semi directif

    Réponses avec

    - Charline Bohler

    - Cédric Ravel

    - Alice Hubert

    - Thibaut Ferraro

    - Chantal Grange

    - Christophe Delord

    - Isabelle Torre

    - Eric Barriol

    III

    IV

    X XVII XXV XXXII XXXVIII

    XLI

    XLII XLII XLVI

    XLVIII

    XLIX

    LIII LXVII LXXVIII XC CV CXVIII CXXVII CXL

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    BIBLIOGRAPHIE

    SOURCES ICONOGRAPHIES CD

    CLIV CLVIII CLX

    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

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    ANALYSE

    DU CORPUS

    (Toutes les captures d'écran ont été prises par mes soins)

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    Perrier - La bouteille phallique
    1976 en France
    Créée par l'agence Langelaan et Cerf
    Format vidéo (spot publicitaire)

    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    PERRIER 1976

     
     

    05''

    07''

     
     

    13''

    22''

     
     

    33''

    121

    37''

    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    49''

    50''

    51''

    52''

    122

    43'' 46''

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    A PROPOS

    Censurée trois jours après sa diffusion, car jugée trop suggestive, la pub est revenue sur nos écrans en décembre 2009 pour célébrer les fêtes de fin d'année.

    Le spot de 1976 a été conservé et sublimé par un extrait de l'opéra La Norma de Bellini. L'impact de cette pub, et donc de la marque, est toujours d'actualité, plus de trente ans après. On s'est posé tant de questions sur cette main sexy, qu'un site lui a été dédié. Des castings fictifs ont été réalisés mettant en scène des mains, ombres chinoises ... on peut également citer des calendriers sexy, créés par la marque, une main en vente sur eBay...

    La pub de 1976, et le scandale qu'elle a généré, reste donc une base solide pour la marque, dont la notoriété ne peut se contester.

    Les producteurs ont suivi les réactions des spectateurs, des consommateurs. En leur donnant le droit de réagir, de commenter, de diffuser, de s'approprier le produit et sa pub, ils ont fait un coup de marketing important. Plus on en parle, mieux c'est.

    Les « fans » sont devenus les actionnaires de la réputation de la marque. Bouche à oreille, développement d'internet et des réseaux sociaux, des millions de fans sur Facebook qui permettent de faire perdurer le lien entre la marque et les publics.

    STYLISTIQUE

    - Couleurs plutôt chaudes, mais qui restent assez sombres. Univers cosy, atmosphère assez chaleureuse et décontractée, que l'on peut apparenter à la sphère intime.

    - Contraste au niveau des colorations de la main qui est plus claire, avec des ongles rouges et une bague. Il s'agit de la main d'une femme, mise en valeur, au premier plan du décor.

    - La bouteille, au même titre que la main, est également mise en valeur puisqu'elle est sur le même plan horizontal.

    - Deux plans : Le décor, le fond.

    Les verres - la main - la bouteille.

    - L'action se joue au premier plan. L'arrière-plan reste fixe du début à la fin. On peut juste souligner un plan vue du dessus à un certain moment donné de la pub, mais cette vue n'est pas principale. L'oeil du spectateur est donc attiré par cette main, seul élément de l'action.

    - Au niveau des personnages : il n'y en a pas, ou du moins, on ne voit aucun corps entier, mais juste une main, une main de femme, une main sexy, aux ongles vernis rouges.

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    - Une mise en scène, soft, légère. On ne suffoque pas sous l'accumulation de détails. La main caresse la bouteille pendant presque tout le spot, la connotation sexuelle est clairement montrée dès le début.

    - La main fait des allers et retours à répétition sur le produit. La bouteille grandit progressivement sous les effleurements des doigts de la femme. Elle grandit toujours, jusqu'à ce que la caméra fasse un zoom sur le bouchon, qui progressivement se dévisse, avant d'exploser. La main est donc à l'origine de l'explosion de la bouteille, explosion de la boisson pétillante qui s'échappe de la bouteille en jets puissants.

    - Il n'y a pas de dialogue, pas de parole.

    - La musique est, à l'image de cet univers coquet, assez significative, accompagnant parfaitement l'élargissement de la bouteille : on peut noter une évolution crescendo de l'intensité du pétillement de la bouteille comme de l'opéra en fond sonore.

    THEMATIQUE

    - Slogan « Perrier c'est fou ! »

    - Titre de la pub : la bouteille phallique, (tiré du site culture pub) est très explicite. On peut d'entrée de jeu s'attendre à une masturbation jusqu'à l'orgasme et assimiler la bouteille au sexe masculin.

    - La bague permet de définir le statut de la femme ; il s'agit d'une femme mariée qui, peut-être, attend son mari et se prépare à une soirée intime avec lui.

    - Deux verres sont sortis, ce qui signifie que l'on a sûrement affaire à un couple.

    - La bouteille symbolise très nettement « l'objet » phallique par excellence, le sexe masculin. - La main correspond à la main de la femme dans le couple, celle qui masturbe son homme, et reste sexy, fait attention à son image, et se prépare physiquement pour la scène érotique qui va suivre : vernis rouge qui marque une forme de séduction.

    - Le bouchon qui se dévisse progressivement sous la force des caresses de la femme, et qui finit par exploser de bonheur, illustre la jouissance de l'homme, l'orgasme. L'homme explose de plaisir.

    CONCLUSION

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    On constate un transfert ou un lien direct entre le plaisir sexuel et le plaisir alimentaire. La publicité met en scène la sexualité de manière à faire coïncider le plaisir que peut procurer une bouteille de Perrier avec le plaisir que peut éprouver un couple lors d'un acte sexuel. On voit également une complicité suggérée entre le consommateur et le produit via la connivence qui s'exerce entre la femme et l'homme matérialisé par la bouteille.

    Le Perrier est donc aussi fou, dans sa capacité à fournir du plaisir, qu'un rapport sexuel entre deux êtres, ou que la masturbation de l'homme par la femme.

    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    Caprice des Dieux : Le téléphérique
    1986, France
    Produit par l'agence BDDP
    Scénario de Patrice Leconte
    Format vidéo (spot publicitaire)

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    CAPRICE DES DIEUX 1986

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    A PROPOS

    Caprice des Dieux conçu par Jean-Noël Bongrain qui se lance dans sa production le 21 juin 1956 après cinq ans de réflexion sur le produit.

    « Caprice » signifie « désir soudain et irréfléchi » ou encore « envie subite et passagère »., d'après le dictionnaire Larousse.

    Vendu dans plus de cent cinquante pays à plus de deux milliards d'exemplaires depuis sa création.

    Une innovation dans le paysage du fromage, grâce à l'originalité de sa boite, en forme de calisson, un ovale qui se démarque des autres fromages, et fait notamment concurrence au Coulommiers Président.

    En terme de publicité : 1963, sur RTL et Europe 1 avec le slogan « un amour de fromage ». 1968, sur le poste, diffusé sur les chaînes de l'ORTF : « un amour de fromage, léger comme la brise, naturel, frais comme la rosée, doux comme un ciel de printemps, crémeux et fondant » 1976 « on peut toujours compter sur un caprice ». 1978 « les amoureux qui vivent d'amour et d'eau fraîche ». Puis suit, depuis 1985, la fameuse série des pubs de Patrice Leconte « on se fait un petit caprice ? » mettant en scène une femme qui propose, sur le ton de la tentation, un caprice à un homme et ce, quel que soit le lieu. En 2004, la marque fête son cinquantième anniversaire et joue sur la révolte des dieux « Caprice des Dieux : un des derniers moments de pure gourmandise, ça se respecte ! ».

    STYLISTIQUE

    - Les couleurs sont assez froides, hormis l'extérieur de la cabine qui est rouge. On est dans un décor montagnard, en hiver, recouvert de neige.

    - La couleur dominante est donc le blanc qui uniformise le tout.

    - Les personnages, à l'intérieur de la cabine se fondent au décor, dans la mesure où leur combinaison est blanche, et qu'ils ont également les lèvres blanches typiques des skieurs qui se mettent du stick à lèvres pour que celles-ci ne gercent pas avec le froid. Toutefois, on constate deux personnages qui se démarquent du décor, car habillés de vêtements colorés. L'accent est donc mis sur eux et permet aux spectateurs, dès le début du spot, de s'y focaliser.

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    - Plus spécifiquement : un homme, une femme, mis en évidence, et une poignée de moniteurs que l'on peut assimiler au décor, de second plan, des rôles de figurants en quelque sorte. Ils seraient là pour justifier le spot « Caprice à deux. »

    - Pour les plans et les vues : on a d'abord une vue d'ensemble : le téléphérique rouge qui monte dans un paysage blanc.

    - S'ensuit une vue de l'intérieur de la cabine qui permet d'identifier le contenu de celle-ci. La femme est d'abord mise en valeur, avant l'homme. On voit ensuite un jeu sur les deux personnages avec des va-et-vient entre le visage de l'homme et celui de la femme lorsqu'ils échangent deux trois mots (proposition de la part de la femme de se faire un caprice). Ces gros plans sur visages permettent aux consommateurs, et néanmoins spectateurs, de saisir les émotions des deux acteurs (étonnement, joie ...)

    - La décision de l'homme se concrétise par l'éviction inattendue des moniteurs hors de la cabine (tout le monde descend).

    - La caméra joue à nouveau entre le couple resté dans la cabine et la collectivité larguée, ce qui renforce la mise en valeur de sa différence et l'isole davantage, le plaçant dans les meilleures conditions pour partager le fromage.

    - C'est sur une vue plus éloignée que continue la pub ; on voit les deux corps côté à côte, rapprochés, et dans une position propice au caprice.

    - La pub se termine par l'échange de fromage, avec, à nouveau, des gros plans sur les visages et le regard aguicheur de la femme mis en évidence, à la fin notamment, lorsqu'elle tend du fromage à son partenaire avant de le mettre dans sa bouche.

    - C'est une pub assez épurée dans l'ensemble ; il n'y a pas trop d'informations données en même temps, les personnages restent sympathiques et attachants.

    - Il y a également un échange verbal, la femme vient proposer un caprice, sur le ton de la tentation, à l'homme qui lui répond.

    - La musique en fond rythme le spot et donne l'impression d'un balancement auditif que l'on pourrait apparenter au balancement de la cabine, et à la dualité genrée du spot : un homme, une femme, balancement renforcé par les jeux de caméra de l'un à l'autre.

    THEMATIQUE

    - On retrouve des symboles forts notamment dans le choix du paysage : la montagne, le ski, un sport d'hiver qui n'est pas donné à tout le monde, mais plus à une clientèle aisée.

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    - Les lèvres blanches, les moniteurs bronzés marquent cette volonté de se démarquer, de séduire, on peut y voir un peu de frime de la part de la gente masculine.

    - La femme est représentée comme la séductrice, c'est elle qui vient chercher l'homme pour partager son fromage. Elle l'aborde sur le ton de la tentation. Si l'on évoque la référence biblique, on peut assimiler le Caprice des Dieux, le fromage, au fruit de la tentation, la pomme du jardin d'Eden.

    - La singularisation de l'homme pourrait se justifier comme la volonté, pour la femme, d'accéder à la perfection, de chercher la perle rare, l'idéal masculin, l'unique, d'où le fait qu'il soit habillé différemment des autres moniteurs.

    - L'homme est bronzé, il sourit, il a les yeux qui pétillent, il est conquis par la femme séductrice, la femme quelque peu aguicheuse.

    - On peut également souligner le cliché de l'homme qui ne se fait pas prier, attiré par le sexe, jusqu'à en négliger la collectivité. On le voit au travers de « Terminus, tout le monde descend !». On lui propose d'assouvir ses désirs, inutile de le supplier, il agit spontanément sous le coup de la pulsion en éjectant les moniteurs hors de la cabine, qui se retrouvent plantés comme des piquets dans la poudreuse ! Le fait de faire chuter si brutalement le reste de la cabine permet d'illustrer la tendance de l'homme à agir selon ses pulsions dès qu'une femme est en jeu.

    - D'autres signes de l'aguicheuse apparaissent très clairement : la femme nourrit l'homme, son regard est baissé sur ses lèvres, elle cherche sa complicité, ouvre la bouche, et nargue l'homme en feignant de lui mettre du fromage dans la bouche avant de le mettre dans la sienne, sans le quitter des yeux. Il y a dans cette dernière scène un plaisir assez personnel et sadique de la part de la femme.

    - Les Dieux vivent au-dessus de nous, là ? où il y a le paradis. Manger du Caprice des Dieux serait donc le moyen de vivre le paradis sur terre.

    CONCLUSION

    Le fromage est un moyen de réveiller les pulsions de l'homme.

    La femme reste, par l'intermédiaire du fromage, l'objet de convoitise. On remarque toutefois la nécessité marquée de l'intimité, de l'isolement de la foule, pour partager un morceau de fromage, un désir soudain, un caprice, et peut-être plus si affinité.

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    Le décor reste une forte manière de rendre davantage excitant la scène dans la mesure où, si les deux acteurs poursuivent leur caprice par un acte sexuel, l'endroit reste assez insolite pour d'éventuels ébats amoureux.

    Le décor est un peu décalé. Si le spectateur était amené à imaginer la suite, la scène n'en serait que plus exaltante. Le spot est justifié par le scénario dans la mesure où ils finissent à deux.

    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    Glace Extrême : La salope gourmande.
    1998, France
    Production de Movie Box
    Réalisée par Enda Mc Callion
    Format vidéo (spot publicitaire)

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    EXTREME 1998

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    A PROPOS

    Le Cône Extrême est né en 1989. Il reprend un univers à la Tarentino, avec une fille rousse, coupe au carré et lèvres pulpeuses, séductrice pour ce qui est de ce spot.

    La marque lance, en 2008, une opération de marketing en partenariat avec le festival du cinéma, invitant les consommateurs à réaliser leur propre film grâce à une table de montage pour réalisateurs amateurs. Les internautes peuvent construire leur petit film, écrivant eux-mêmes les dialogues, choisissant les personnages parmi les quatre têtes célèbres (Betty, Joe, Courtney et Franz) et l'enchainement des actions : une trentaine de saynètes leur est proposée. En plus du spot, les internautes peuvent créer leur affiche avec titre et pseudonyme de réalisateur. Alors que les concepteurs de ce coup de marketing n'attendaient que 500 films, ce sont 3500 qui ont été déposés par les internautes. Les scénarios ont été projetés pendant une semaine, dans treize salles de cinémas parisiens, donc soumis aux visiteurs qui ont sélectionné le meilleur film.

    STYLISTIQUE

    - Les couleurs sont plutôt sombres, avec une dominante jaune qui rappelle la chaleur du lieu. - On a un peu plus de clarté sur les visages, ce qui les met en valeur.

    - Deux personnages sont mis en scène, deux filles en petites tenues (shorty et débardeur pour l'une, shorty et t-shirt pour l'autre). Il n'y a physiquement pas d'homme dans la scène. - Les deux femmes : Betty Summer, l'héroïne des pubs de la marque : une rousse, coupe au carré, les lèvres pulpeuses, contraste avec l'autre fille aux cheveux noirs ébouriffés, au maquillage noir un peu exagéré, aux ongles noirs et à l'attitude excitée.

    - On a donc deux femmes assez différentes ; l'une reste assise pendant tout le scénario, mangeant savoureusement sa glace, alors que l'autre ne reste pas en place et occupe tout l'espace.

    - Au niveau du décor, on est dans une cuisine, une pièce qui semble humide, chaude, puisque la copine de Betty est en sueur.

    - Les objets sont nombreux : un frigo cadenassé, une chaise, une table, des tabourets, un ours en peluche, une glace, une clé, une tronçonneuse, une mitraillette, une hache, un fouet ... - Pour les plans, on passe de l'une à l'autre, en commençant par Betty qui plante sa langue dans la glace, faisant rager l'autre fille dont on ne voit d'abord que le bas du corps (pieds et

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    jambes) avant de voir son visage. Jeux d'aller-retour entre l'une et l'autre. On en saisit davantage l'expression et le rôle de chacune : Betty l'égoïste sadique qui nargue sa copine, en mangeant la glace sous son nez, et celle-ci prête à tout pour obtenir ne serait-ce qu'une miette du cône.

    - Au milieu du spot, on a toutefois une vue en profondeur et on peut donc contextualiser la scène dans un endroit précis : la cuisine, même si les gros plans sur les têtes des filles restent essentiels. On est dans un univers à la Tarentino, style Pulp Fiction avec la fille rousse que l'on pourrait comparer à Mia alors que l'autre fille, qui détruit tout, pourrait être rapprochée de l'univers de Kill Bill (elle serait Uma Thurman)

    - Pas de dialogue, que des échanges de regard et un enchaînement des actions d'une vitesse assez rapide.

    - Musique de Marilyn Manson : beautiful people.

    THEMATIQUE

    - « Extrême » porte bien son nom pour le scénario qui donne dans l'exagération, dans l'accumulation de détails, dans une extrême violence (massacre à la tronçonneuse).

    - Les outils de destruction (tronçonneuse, mitraillette, fouet, hache, dynamite) symbolisent la violence, le sado-masochisme de la pub qui se confirme avec la dernière image de la clé sur le sein.

    - La pub illustre le combat fratricide entre les deux jeunes filles ; l'une est sadique, l'autre tellement envieuse, qu'elle supplie, puis menace dans le but d'atteindre ce qu'elle souhaite. Rivalité entre les deux, pour le même objet.

    - La cuisine justifie la présence de deux femmes, puisque c'est la pièce, d'un point de vue sexiste des femmes.

    - Le cône est la représentation du sexe masculin, objet phallique par excellence, pour lequel les filles se battent.

    - Le roux, est, si l'on s'en tient aux différents mythes, la couleur du sang, de la violence ou de la trahison. Dans la mythologie égyptienne, le Dieu Seth était impie, violent et roux. Dans la bible, Esaü qui refuse la bénédiction est roux. Le Nouveau Testament certifie la rousseur de Juda. Au Moyen-Age, le roux était la couleur des flammes, donc du diable et par définition des sorciers et sorcières. Enfin, le roux est assimilé à la prostitution. En 1254, un édit exigea que les femmes qui choisissaient de vendre leur corps devaient être visibles et donc avaient

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    obligation, par cet édit, de se teindre les cheveux en roux. Roux = couleur des feux de l'enfer, couleur de la luxure. Betty pervertit donc l'autre fille, attisant ses pulsions, jamais assouvies. - La clé symbolise l'accès au paradis, l'accès au plaisir, l'assouvissement des passions, le plaisir sexuel comme le plaisir alimentaire, l'orgasme.

    CONCLUSION

    Le cône glacé est un objet de convoitise. La pub met en garde les consommateurs qu'ils pourraient éventuellement se faire dérober leur plaisir alimentaire par une tierce personne. La glace est donc un objet de tentation et peut amener à la dispute, comme l'on se disputerait pour un homme !

    La violence des relations montre jusqu'où le fait d'être privé de glace peut mener. Dangerosité causée par le produit : permet de louer sa qualité ; on serait prêt à tout pour une glace, comme pour un sexe.

    Du sexe à l'aliment, il y a autant de plaisir : le plaisir alimentaire se traduit par le plaisir du corps.

    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    Ketchup Heinz : Le doigt
    2001, France
    Réalisée par Léo Burnett
    Format vidéo (spot publicitaire)

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    KETCHUP HEINZ 2001

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    A PROPOS

    La marque est issue de son fondateur Henry John Heinz qui crée son premier commerce en 1869. Huit ans plus tard, en 1876, il propose le fameux Ketchup Heinz, toujours sur nos rayons 138 ans après.

    En 1886, après avoir conquis les Etats-Unis par son produit, il internationalise son Ketchup qui remporte un franc succès chez les anglais. Six ans plus tard, H.J. Heinz fait apparaitre le numéro 57 sur ses produits, ce qui correspond au nombre des différents produits vendus par la marque.

    1906, the pure food act (loi de l'alimentation saine) : Heinz en est partisan et la défend notamment avec une transparence dans les ingrédients frais et sains de son Ketchup.

    1983, la bouteille en verre voit naître sa jumelle en plastique conçue pour une meilleure et plus pratique utilisation, même si les consommateurs restent fidèles à la traditionnelle bouteille en verre.

    2011 création d'une édition limitée avec les tomates fraîches de la saison, mises en bouteille 48 heures après leur récolte.

    Aujourd'hui, Heinz compte plus d'un million de fans sur Facebook !

    STYLISTIQUE

    - Des couleurs pâles, assez maladives dans la pub qui illustrent le cadre de l'hôpital, outre la femme qui se démarque un peu avec son pull rouge rappelant éventuellement la couleur du produit.

    - Les personnages : un couple, que l'on sent complice dans l'échange des regards. Au début, deux autres personnages en blouse blanche, des médecins (un homme et une femme) qui ont opéré le patient, donc dans la complicité aussi du couple. Equilibre des genres : deux hommes, deux femmes.

    - Deux décors, deux lieux :

    - L'hôpital : on a d'abord une vue d'ensemble sur la chambre avant de venir se focaliser sur les expressions des visages de chacun dans l'attente du résultat de l'opération. Les regards échangés par le couple marquent l'inquiétude. L'infirmière ôte progressivement la bande de la main de l'homme, sous les yeux curieux des trois autres personnes dans la chambre.

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    Observation : le doigt rallongé, que l'on découvre, attise la curiosité du spectateur qui se demande ce à quoi le doigt va servir. Pas encore de lien précis avec le produit vendu. Suspens. Mais on sent une première satisfaction de l'opération chez le couple avec la femme qui se trémousse un peu sur sa chaise et sourit de plaisir devant le doigt exceptionnel de son mari. - Deuxième lieu : la cuisine : on voit le couple devant le frigo ouvert, la femme saisit le produit, ce n'est qu'à partir de ce moment que l'on peut faire le lien entre produit et opération. - L'homme savoure de pouvoir terminer le fond de la bouteille, connu pour retenir les dernières gouttes.

    - La femme reste exclue, spectatrice de son mari ; femme docile qui fait plaisir à son conjoint, sans s'imposer, alors qu'elle aussi aimerait sucer ce doigt plein de Ketchup ; on le voit dans sa manière d'ouvrir la bouche et de retenir ses pulsions à côté de son homme qui se régale. - Sphère intime, excitation grandissante de la femme, homme machiste qui nargue son épouse restée sur sa faim.

    - Pas de dialogue, mais une petite musique rythmée qui va bien avec la tête un peu niaise de l'homme.

    - Des regards complices, des expressions de plaisir, des souffles d'excitation notamment de la part de la femme qui reste exclue du plaisir que se donne son mari, plaisir égoïste et un peu sadique puisqu'il ne la quitte pas des yeux quand il savoure son Ketchup.

    - Gros plans sur les visages des personnages et sur le flacon de Ketchup lorsque l'homme y enfile son doigt .

    THEMATIQUE

    - L'opération marque un peu le décalage. Utilité, cohérence, avec le produit, maintient la curiosité du spectateur.

    - Le doigt symbolise l'élément phallique par excellence, porté par l'homme en plus.

    - La scène, où il enfile son doigt dans le flacon, montre bien le rapport sexuel entre l'homme et la femme, dont le vagin est représenté par le récipient. Mais on peut aussi voir, à travers ce doigt introduit dans la bouteille, l'onanisme de la femme qui se masturberait toute seule, utilisant le plus grand doigt pour éprouver plus de plaisir. Cette hypothèse justifierait l'excitation de la femme à côté de son mari qui se régale tout seul de Ketchup.

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    - Chacun se procure donc son plaisir personnel, le sexe opposé ne serait donc qu'un prétexte à la jouissance, d'autant plus que la personne qui introduit son doigt dans le flacon est celle-là même qui le tient.

    - Un homme machiste, égoïste, qui décide du rapport sexuel et une femme docile qui se résout à se procurer du plaisir elle-même.

    - La pub est donc très suggestive. Le rouge est la couleur du sang, et on peut donc dire, des parois vaginales.

    CONCLUSION

    Ketchup de qualité, dont il ne faut gaspiller aucune goutte, quitte à se transformer.

    Plaisir que ce produit donne au consommateur, mais plaisir tellement bon qu'il n'est pas prêt à le partager.

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    Céréales Lion : Le plaisir sauvage
    2013, France
    Création McCann
    Réalisation de Mickaël Toft

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    CEREALES LION 2013

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    A PROPOS

    Réalisation de la publicité pour les plus curieux.

    https://www.facebook.com/video/video.php?v=10151333604720988

    STYLISTIQUE

    - Pose du cadre : l'intérieur d'un avion. Dès le début, on voit un avion dans le ciel, lors d'un coucher ou d'un lever de soleil.

    - On peut noter l'évolution de la société par rapport à 2001 avec une sensibilisation sur l'obésité en France (cf. suppression des distributeurs de friandises dans les écoles, collèges et lycées) que l'on voit dans le script qui apparaît en bas de l'écran : Pour votre santé, évitez les aliments gras, salés, sucrés.

    - Couleurs claires et vives, univers chaleureux et paisible. Les sièges bleus, le fond blanc, modernisme de l'avion. Femme vêtue d'un pull rouge.

    - Un couple mis en valeur, jeune, moderne, dans la fleur de l'âge; lui, avec un sweat mais aussi une barbe de quelques jours (à la Beigbeder), elle, dans un jean.

    - Bien qu'ils soient dans un avion et entourés de nombreux passagers, ils réussissent à garder leur intimité par le chuchotement de l'homme, à l'oreille de sa copine. Complicité qui exclut les autres voyageurs comme le spectateur qui ne fait pas partie du délire, mais qui imagine tout de même ce que le garçon lui susurre à l'oreille. La culture personnelle et le vécu, en plus de la main sur la cuisse, permettent aux spectateurs de comprendre les intentions de l'homme, d'un point de vue sexuel, hypothèse confirmée par l'expression de la grand-mère devant et de l'homme derrière, au regard coquin.

    - Sourire de la femme et dialogue qui permettent aux passagers de comprendre à leur tour les intentions de l'homme. Mais les expressions des deux autres passagers témoignent de notre perception détournée de la situation dans la mesure où Gaspard, l'acteur principal suggère à la fille de lui donner ses Céréales Lion et non un rapport sexuel.

    - Il lèche ensuite le paquet de céréales, sensation de plaisir, et ferme également les yeux quand il pioche dans le bol, comme s'il souhaitait savourer davantage le plaisir et le faire durer.

    - Cri, capharnaüm, désordre dans l'avion, panique, l'atmosphère paisible du départ est perturbée. Rugissement de l'homme.

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    - Le rôle de la fille s'apparente à celui de la mère dans la mesure où elle donne à l'homme ses Céréales Lion, pour combler son caprice. Elle les a à ses pieds, comme si c'était elle qui gérait l'alimentation de son homme et qui aurait le dernier mot. D'ailleurs, le fait qu'elle se bouche les oreilles après avoir donné le paquet à son homme montre qu'elle le connait par coeur, qu'elle connait ses réactions orgasmiques lorsqu'il fait l'amour à ses céréales.

    - Au niveau des plans, une vue de l'avant de l'avion dès le départ permet de capter les émotions des personnages filmés de face. Les gros plans sur la mamie et l'homme aux lunettes permettent de saisir différentes réactions face à la proposition de l'homme, avant que l'on ne sache qu'il s'agit des Céréales Lion.

    - Au milieu de la pub, on a l'image des céréales, de leur fabrication avec le mélange de chocolat et de caramel et la voix off « c'est trop mmmmh ».

    - Le spot se termine sur un plan reculé de l'avion, avec le couple, seul, au milieu des autres sièges désertés.

    - Il y a très peu de dialogue, et pas de musique.

    - La publicité joue la carte de l'humour, dès le début, lorsqu'elle sort le paquet de céréales, puisqu'il est assez décalé d'avoir des céréales dans un avion. Cependant, on peut souligner la présence d'hôtesses de l'air.

    THEMATIQUE

    - Le produit mis en scène est en principe un produit pour les enfants, il s'agit donc d'un caprice de gamin. L'homme serait ainsi infantilisé et sa copine pourrait être symboliquement sa mère qui connait par coeur les désirs de son enfant, ayant emporté les céréales dans son sac et se bouchant les oreilles en connaissance de causes.

    - La main sur la cuisse, au début, montre tout de même qu'il s'agit bien d'un couple, et suggère la proposition d'un rapport sexuel.

    - L'avion symbolise la notion de plaisir sauvage avec l'idée de voyage, d'évasion, d'aventure.

    - Le rugissement de plaisir de l'homme, à la limite de l'orgasme, permet de comparer l'homme à un lion (égérie de la marque) qui rugit de plaisir, ses instincts primaires, ses pulsions animales assouvies.

    153

    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    - La présentation du produit, en plein milieu du spot, reste assez stratégique, elle permet une pause dans la scène et vient attiser la tension et la curiosité de la pub qui va d'abord crescendo jusqu'à l'orgasme, puis chute aussitôt, les céréales étant avalées.

    - Le paquet de céréales représenterait le corps de la femme, dans la manière dont il est léché, lien direct entre plaisir alimentaire et plaisir sexuel.

    - La fille vient banaliser la scène, c'est la seule qui reste et ne s'inquiète pas. Elle se bouche simplement les oreilles, elle vient équilibrer l'excès dans le plaisir ressenti par son copain qui se cambre sur son siège pour rugir, signe d'élévation vers la jouissance.

    - On peut aussi voir éventuellement une fracture intergénérationnelle et genrée dans la mesure où la mamie semble choquée alors que le passager homme regarde la scène d'un oeil coquin. Il ne semblerait pas contre le fait d'assister à une scène sexuelle.

    CONCLUSION

    Plaisir sexuel et plaisir alimentaire sont étroitement liés.

    L'image du lion, égérie de la marque, et le rugissement, permettent de vendre le produit comme un produit qui rendrait ceux qui en mangent, forts, puissants, énergiques et imposants, tels des lions.

    Cette publicité flatte ainsi l'égo de l'homme, le mettant en valeur dans une posture d'homme fort.

    Enfin, mangez des céréales et vous connaitrez le plaisir intense à en perdre vos mots : on le comprend à travers le spot en plein milieu de la pub qui n'a pas de mot pour qualifier le plaisir ressenti « c'est trop ... mmmmh » !

    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    154

    RECAPITULATIF

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    157

    REPONSES

    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    158

    ECHANTILLON

    Ayant décidé de mener des entretiens semi-directifs à partir d'un corpus, j'ai tout de même souhaité réaliser un questionnaire fermé sur la publicité en général, pour agrémenter le tout.

    J'ai, de ce fait, diffusé un questionnaire en ligne.

    Une centaine de personnes aléatoires ont répondu. Sur cet échantillon de 100 individus, les réponses vraiment exploitables - c'est-à-dire justifiées et rentrant dans mes catégories d'âge - ont presque réduit de moitié...

    Mon échantillon effectif est finalement composé de 62 personnes : 27 femmes et 7 hommes pour les 18/25 ans et 19 femmes et 9 hommes pour les 35/45 ans.

    159

    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    QUESTIONNAIRE FERME : LA PUB ET VOUS

    Vos pratiques culturelles

    Sur la dernière semaine écoulée :

    Avez-vous regardez la télévision ? Oui Non Combien de temps : 1h à 3h - 4h à 6h - + de 7h

    Avez-vous écouté la radio ? Oui Non

    Combien de temps : 1h à 3h - 4h à 6h - + de 7h

    Avez-vous feuilleté des magazines : Oui Non Combien 1 - 2 à 3 - plus de 4

    Votre rapport à la publicité

    Pouvez-vous citer la dernière publicité dont vous vous souvenez avoir vu à la télévision ou sur internet ?

    Etes-vous sensible à la diffusion de la publicité ? Oui - Non

    Si oui, vous sentez-vous envahi par la publicité ? Oui - Non

    Pourquoi ?

    - Il y en a trop

    - Capacité à anticiper les scénarios

    - Certaines pubs sont ancrées dans le cerveau

    - On est confronté à la pub dès le réveil

    - Autres

    160

    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    Sur les publicités alimentaires

    Connaissez-vous la publicité d'un produit alimentaire par coeur, ou presque ? Oui - Non

    Quelles est la pub alimentaire que vous aimez le plus ? Pourquoi ?

    Pouvez-vous citer une pub alimentaire que vous détestez ? Oui - Non

    Pourquoi ?

    - Vous ne voyez aucun lien effectif entre le message et le produit

    - Vous ne voyez pas l'intérêt de ce scénario

    - Autres

    Impact des publicités sur les consommateurs

    Avez-vous déjà consommé un produit alimentaire suite au visionnage de sa publicité ? Oui - Non

    Quel est l'élément qui vous a motivé à acheter le produit ?

    Et le sexe dans tout ça ?

    Etes-vous sensible à la mise en valeur des corps dans les spots publicitaires alimentaire ? Oui - Non

    Percevez-vous les connotations sexuelles des publicités en général ? Oui - Non Citez un exemple

    Etes-vous plus attentif à un spot mettant en scène la sexualité qu'à un spot dénué de toute allusion érotique, sensuelle, sexuelle ? Oui - Non

    Pensez-vous que les scénarii autour du sexe ont plus de chance d'attirer les consommateurs ? Oui - Non

    161

    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    Quelle(s) émotion(s) se dégage(nt) en général lorsque vous êtes confronté à ce genre de spot ?

    Dégouté / Choqué / Attiré / Outré / ... autres

    Trouvez-vous que ces pubs véhiculent des images de la femme objet ? Oui - Non De l'homme objet ? Oui - Non

    Voyez-vous une évolution des scénarii sur les dix dernières années ? Oui - Non Laquelle ?

    Pensez-vous que les publicités reflètent notre société ? Oui - Non Pourquoi ?

    Enfin, pensez-vous que les publicitaires ont un pouvoir sur les consommateurs ?

    Oui - Non Pourquoi ?

    Quel âge avez-vous ?

    Vous êtes ? Une femme / Un homme

    Statut professionnel

    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    RESULTATS QUESTIONNAIRE FERME

    Sur un échantillon de 100 personnes aléatoires, 62 étaient vraiment exploitables (réponses justifiées et personnes dont l'âge entrait dans mes catégories à savoir 18/25 ans et 35/45 ans. Au total : 27 femmes et 7 hommes de 18/25 ans / 19 femmes et 9 hommes de 35/45 ans.

    Etes-vous sensible à la mise en valeur des corps dans les spots publicitaires alimentaires ?

    Age

     

    Sexe

    OUI

    NON

    18/25 ans

    Femme

    15

    12

    Homme

    2

    5

    35/45 ans

    Femme

    5

    14

    Homme

    2

    7

    Percevez-vous les connotations sexuelles des publicités en général ?

    Age

     

    Sexe

    OUI

    NON

    18/25 ans

    Femme

    24

    3

    Homme

    6

    1

    35/45 ans

    Femme

    15

    4

    Homme

    7

    2

    Etes-vous plus attentif à un spot mettant en scène la sexualité qu'à un spot dénué de toute allusion érotique, sensuelle, sexuelle ?

    Age

     

    Sexe

    OUI

    NON

    18/25 ans

    Femme

    12

    15

    Homme

    0

    7

    35/45 ans

    Femme

    4

    15

    Homme

    3

    6

    Pensez-vous que les scénarii autour du sexe ont plus de chance d'attirer les consommateurs ?

    162

    Age

     

    Sexe

    OUI

    NON

    18/25 ans

    Femme

    21

    6

    Homme

    5

    2

    35/45 ans

    Femme

    12

    7

    Homme

    7

    2

    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    Pensez-vous que les publicitaires ont un pouvoir sur les consommateurs ?

    Age

     

    Sexe

    OUI

    NON

    18/25 ans

    Femme

    24

    3

    Homme

    6

    1

    35/45 ans

    Femme

    18

    1

    Homme

    7

    2

    Voyez-vous une évolution des scénarii sur les dix dernières années ?

    Age

     

    Sexe

    OUI

    NON

    18/25 ans

    Femme

    18

    9

    Homme

    4

    3

    35/45 ans

    Femme

    14

    5

    Homme

    6

    3

    Pensez-vous que les publicités reflètent notre société ?

    Age

     

    Sexe

    OUI

    NON

    18/25 ans

    Femme

    22

    5

    Homme

    5

    2

    35/45 ans

    Femme

    11

    8

    Homme

    4

    5

    Quelle émotion se dégage de vous en général, face à une publicité à connotations sexuelles ?

    163

     

    18/25 ans

    35/45 ans

    Emotions

    Femme

    Homme

    Femme

    Homme

    Indifférent

    6

    6

    4

    1

    Amusé

    8

    -

    4

    6

    Agacé

    4

    1

    7

    -

    Choqué

    3

    -

    -

    -

    Dégouté

    1

    -

    1

    -

    Curieux

    4

    -

    3

    2

    Autre

    1 Jalouse

    -

    -

    -

    164

    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    ENTRETIENS SEMI-DIRECTIFS

    Mon étude de la réception m'a conduite à mener 8 entretiens semi-directifs.

    J'ai donc interrogé 4 personnes de la tranche des 18/25 ans (2 femmes et 2 hommes). Idem pour la catégorie des 35/45 ans.

    Les entretiens ont été réalisés chez les interviewés pour la plupart, sauf pour Thibaut Ferraro et Cédric Ravel (chez moi) et au lycée pour Eric Barriol. Ils durent entre 25 et 55 minutes et la totalité a été retranscrite, mot pour mot.

    Enfin, j'ai misé sur le fait de tutoyer mes interviewés pour tenter de décontracter l'atmosphère, et surtout de parvenir à obtenir une réflexion plus personnelle de chacun, que la distance par le vouvoiement n'aurait sûrement pas permis sur un sujet peut-être tabou pour certains.

    18/25 ans :

    - Charline Bohler

    - Cédric Ravel

    - Alice Hubert

    - Thibaut Ferraro

    35/45 ans :

    - Chantal Grange

    - Christophe Delord

    - Isabelle Torre

    - Eric Barriol

    165

    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    GRILLE D'ENTRETIEN SEMI-DIRECTIF

    I - Concernant vos pratiques culturelles

    Au cours de cette dernière semaine

    · Avez-vous regardé la télévision ?

    Si oui, combien de temps environ ? De 1 à 3h / de 4 à 6h / plus de 7h.

    · Avez-vous écouté la radio ?

    Si oui, combien de temps environ ? De 1 à 3h / de 4 à 6h / plus de 7h.

    · Avez-vous feuilleté des magazines ? Si oui, combien 1 / 2 à 3 / plus de 3.

    · Quelle est la dernière pub que vous vous souvenez avoir vue ?

    · Etes-vous sensible à la publicité ?

    · Est-ce que vous pensez que la pub envahit notre société ? Et pourquoi ?

    · Est-ce que vous vous imagineriez vivre dans un monde sans publicité ? Dans une socié té sans publicité ? Si oui, si non, pourquoi ?

    II - Concernant le corpus de publicité : questions générales

    · Est-ce que vous voyez une part de sexualité, une mise en scène de la sexualité dans les cinq spots ?

    · Si vous deviez les classer de la plus sensuelle à la plus sexuelle, quel serait votre class ement ? Justification de celui-ci ?

    166

    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    · Spontanément, laquelle des pubs vous inspire le plus ? Pourquoi ?

    · Laquelle vous donne le plus envie de consommer le produit le produit ?

    · Pour chacune de ces pubs, quelles émotions se dégagent de vous ? Est-ce que vous êtes choqué, curieux, indifférent, blasé ...

    III - Pub après pub

    A - Pub Perrier :

    · La pub date de 1976, elle a été censurée... Cette censure vous semble-t-elle justifiée ? Pourquoi ?

    · La pub est repassée dans les années 2000 pour le passage au XXIème siècle, lors des f êtes, à des heures de grandes audiences. Cette rediffusion a fait l'objet d'une polémique dans la mesure où des enfants étaient susceptibles de se trouver devant le poste de télé ... Que pensez-vous de cette polémique ?

    B - Ketchup et Céréales Lions :

    · Trouvez-vous que (par le produit vendu) l'homme est infantilisé ? Pourquoi oui, si oui, pourquoi non, si non ?

    · Que pensez-vous du désir sexuel et du désir alimentaire ? Voyez-vous un transfert ? Si oui, lequel induit l'autre ? Et comment ?

    C - Caprice des Dieux :

    · La singularisation de l'homme vous interpelle-t-elle dans ce spot ? Trouvez-vous que l' homme est isolé des autres moniteurs ?

    · Pensez-vous que le message du spot "Caprice des Dieux, caprice à deux" est justifié p ar le scénario ? Pourquoi ?

    · La notion d'onanisme vous semble-t-elle justifiée par le spot publicitaire, autrement di

    167

    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    t est-ce que vous voyez une part d'onanisme, de plaisir solitaire dans cette pub ? Justifi cation.

    D - Glaces Extrêmes :

    · La publicité vous choque-t-elle ou non ? Si oui, qu'est-ce qui vous choque ? Si non po urquoi ?

    · La matérialisation de l'homme par le cône de la glace vous semble-t-elle évidente ? Et pourquoi ?

    · Que signifie pour vous, la clé en dernière image ? Ce serait la clé de quoi ? IV - Concernant l'influence et les comportements des consommateurs

    · Laquelle de ces cinq publicités vous pousserait davantage à consommer le produit qu' elle vante ? Pourquoi elle et pas une autre ?

    · Pensez- vous que la mise en scène de la sexualité dans les publicités en général à plus de chance d'influencer un consommateur qu'une pub « normale », sans connotation se xuelle ? Est-ce que c'est un moyen efficace et pourquoi ?

    · Trouvez-vous que ces pubs s'inspirent de notre société ?

    · Pensez-vous qu'elles ont un impact sur notre manière d'une part de consommer mais é galement sur notre comportement social puis intime ?

    · Pensez-vous que certaines de ces pubs dépassent les valeurs morales de la société, les codes déontologiques institués par nos lois françaises ?

    Trop de sexisme, traitement superficiel des corps ...

    · Voyez-vous une évolution de la société et donc de ces codes au cours de ces dix derniè res années, évolutions qui auraient des conséquences sur la publicité ?

    · Si oui, lesquelles ?

    168

    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    · Le rapport entre le spot publicitaire et l'aliment vous semble-t-il justifié ?

    · Est-ce qu'il était nécessaire, judicieux, par exemple, pour vendre du Caprice des Dieu x, de choisir un décor montagnard, ou un avion pour vendre des Céréales Lions ...

    · Trouvez-vous que ces cinq spots remettent en cause notre culture ? Pourquoi ?

    · Les pubs en général (ou en vous basant sur le corpus), vous semblent-elles trop libérée s ? au contraire, la mise en scène du couple dans chacune de ces pubs serait-elle pour v ous une garantie de la sexualité ? Autrement dit, la mise en scène de la sexualité serait-elle justifiée et donc « normale » entre guillemets, puisqu'elle s'inscrirait dans le cadre du couple ?

    · La sexualité vous semble-t-elle un argument de vente viable en général ?

    · Question que j'ai, au fil de mes entretiens, laissée tomber car elle est quasi similaire à une de mes précédentes questions

    · Dans la mesure où la pub s'inspire de notre société, serions-nous dans une relation de consommation de soi ? Autrement dit, dans la mesure où les concepteurs rédacteurs s'i nspirent de nos manières de consommer, il serait plus facile pour nous de nous retrouv er dans les situations des spots et donc de s'identifier aux personnages, de se consomm er...

    V - Vous

    · Age

    · Sexe

    · Statut (étudiant/profession)

    · Laquelle de ces pubs avez-vous le plus mémorisée ? ENTRETIEN CHARLINE BOHLER

    169

    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    Durée : 36'

    18 ans - Etudiante BTS Tourisme

    Au cours de la dernière semaine combien de fois as-tu regardé la télévision en termes d'heures ? Tu as le choix entre 1 à 3 heures, 4 à 6 heures ou plus de 7.

    Hier euh .... on va dire trois heures et le week-end dernier euh ... ben étant donné que j'étais là que le vendredi, on va dire euh ... une heure et demi... donc quatre heures et demi.

    Est-ce que tu as écouté la radio ?

    Oui

    Combien de temps ?

    Pas beaucoup on va dire euh ... au cours de la dernière semaine on va dire euh ... deux heures

    ... c'est surtout en voiture en fait.

    Est-ce que tu as feuilleté des magazines ?

    Oui euh ... Le Monde aujourd'hui ... mais bon c'était en cours. Eeeeeeet sinon ... euh ... j'crois qu'à part le TV grandes chaines pas grand-chose ... Le Monde et TV grande chaîne ouais ! Donc deux !?

    Ouais deux magazines. Et un article euh ... un article vite fait du journal le monde sur internet, sur facebook.

    Quelles est la dernière pub que tu te souviens avoir vu ? Pas forcément la dernière que tu as regardé mais celle que tu te souviens avoir vu.

    Ouais j'ai regardé celles du corpus du coup mais sinon euh ... c'est la pub du téléphone là je sais plus laquelle c'est, mais je sais que je m'en souviens parce que la chanson c'est One Day, et c'est une pub de téléphone eeeeet eeuuuuh ... elle a dû passer trois fois dans la soirée hier ... Tu te souviens plus pour quel produit c'était ?

    Non du coup... je crois c'est pour Samsung

    C'est un forfait ou un téléphone ?

    Un forfait je crois .... Ouais en fait c'est orange, la 4G avec celui qui a écrit 99 francs. Beigbeder ?

    Oui voilà !

    170

    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    Est-ce que tu es sensible à la publicité ?

    Ben ... ouais un peu quand même ... j'ai tendance à analyser pas mal de trucs en général, mais euh ... sans forcément en avoir conscience en plus !

    Est-ce que tu penses que la publicité envahit notre société et si oui et si non pourquoi ?

    Oui, parce que tu sors ... tu sors dehors tu vois quoi ? Tu vois un panneau publicitaire euh .... qui ... qui change d'images tout le temps. Tu vois de la publicité sur tout aujourd'hui, sur de la nourriture euh ... des vêtements, des voitures, des émissions de télé, tu vois vraiment que des publicités sur tout... et tout le temps aussi parce que tu regardes un film et euh ... y'a trois fois de la publicité et euh ... c'est assez chiant ... donc oui.

    Est-ce que tu t'imaginerais vivre dans un monde dans pub ?

    Ben c'est que je m'habitue à voir de la publicité et euh ... et quand même ouais, j'aime bien avoir de la publicité ... j'pense qu'euh ... un monde sans pub, on s'ennuierait quand même en fait... c'est ça le truc. C'est qu'on se ferait chier ... je ne suis pourtant pas une consommatrice ... j'me ... j'me vois pas toujours, dès qu'il y a un produit, l'acheter ou analyser euh ... le truc pour voir si c'est le meilleur produit qu'il faut ou pas, mais euh ... la publicité c'est quand même un passe-temps .... euh enfin je veux dire on en connait certaines par coeur jusqu'à les réciter ... la journée on ... on ... sans s'en rendre compte y'a une musique qui va passer on va dire ah ben tiens, c'est cette pub et tout ... on va sortir une phrase euh ... dans un contexte ... euh anodin ... même dans un cours aujourd'hui par exemple, on a sorti une phrase qui avait un rapport avec les publicités ... et en fait on en parle tout le temps et c'est vachement un ... ouais un passe-temps ... même sur internet y'a tout le temps des pubs et euh ... y'a des fois bon ben on aime pas regarder des pubs mais euh ... des fois le début de la pub nous attire et du coup on ... on la regarde entièrement même si on sait qu'on va pas acheter le produit ou quoi que ce soit, mais la pub nous attire et du coup on la regarde. Donc euh ... non je ne me vois pas vivre dans un monde sans pub ... enfin ce serait ... ce sera peut-être plus difficile.

    Maintenant des questions plus générales sur le corpus : est-ce que tu vois une part de la sexualité, une mise en scène de la sexualité dans les cinq spots ?

    Dans tous oui ! Peut-être moins le caprice des dieux mais sinon les autres oui beaucoup.

    Et si tu devais les classer de la plus sensuelle à la plus sexuelle, comment est-ce que tu les classerais ?

    171

    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    La plus sensuelle à la plus sexuelle ... Euh ben la plus sexuelle ce serait la ... la pub Perrier, du coup je fais de la plus sexuelle à la plus sensuelle ... donc après je dirai la pub euh ... Extrême, la pub des glaces, après ce serait la pub des céréales lions, après la pub du Ketchup, et après la pub la plus sensuelle ... c'est quand même le caprice des dieux.

    Spontanément, dans ces cinq pubs que tu viens de voir, laquelle t'inspire le plus ? Et pourquoi ? Lesquelles t'attirent le plus, te parlent le plus ...

    Celles qui m'inspirent le plus, par rapport à quoi ? Pour le produit ou pour euh ...

    N'importe, et surtout pourquoi ?

    Celles qui m'inspirent le plus c'est euh ... réflexion ... celle où j'ai eu le plus d'attention, j'pense c'est la pub des glaces ... parce qu'eeeuuuh ... euh ... enfin je l'ai vu plein de fois et à chaque fois y'a un détail qui s'ajoute, à chaque fois on découvre un truc qui euh ... on va dire sexuel, en plus et qu'euh ... c'est une pub où y'a beaucoup de détails, d'images alors que la pub Caprice elle se déroule euh ... elle se déroule très facilement et euh ... la pub des glaces y'a plein de détail et à chaque plan, ça change quoi ... enfin je sais pas comment dire mais ... Voilà !!

    Ouais je vois ce que tu veux dire en fait, tu es plus attirée par quelque chose de soft que de plus rapide, vif et avec une multitude de détails ?

    Oui voilà.

    Donc c'est Caprice des dieux qui t'attire le plus ?

    Mais c'est plus par rapport à l'image en fait ... que au produit ou euh ... c'est plus par rapport à la façon dont on elle est faite en fait ... en termes cinématographiques

    Ok donc maintenant laquelle te donne le plus envie de consommer le produit ?

    Les glaces !

    Pourquoi ?

    Parce que c'est trop bons les glaces mai euh ...

    Mais en termes de publicité ?

    Ben disons qu'en termes de pub c'elle qui donne le plus envie de consommer... pour moi, c'est

    le fromage en fait !

    Oui celle qui TE donne envie de consommer le produit !

    Le fromage ... Pourquoi ? Ben parce qu'elle est plus discrète, elle n'est pas ... elle n'est pas

    dégueulasse quoi, elle est plus sensuelle. Alors que tu vois dans la pub des glaces, on voit un

    sein au bout et euh ... T'as vachement envie de consommer des glaces ... enfin j'sais pas, enfin

    172

    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    moi personnellement je préfère manger du fromage que des glaces en voyant les pubs. Celle du fromage elle est quand même plus sensuelle, elle est ... tu prends plus ton temps pour la regarder correctement, euh ... attentivement, alors que d'autres pubs elles iront plus vite, elles s'arrêteront moins sur le produit...

    D'accord ! Pour chacune des pubs, quelle émotion se dégage de toi ? Donc en gros, est-ce que tu es choquée, outrée, est-ce que ça t'indiffère, est-ce que tu es curieuse ... ?

    J'suis choquée pour la pub du Perrier ...

    Ah ouais ? Pourquoi ?

    Ben parce qu'on voit directement ce que c'est ... J'suis choquée aussi pour la pub des glaces, mais à partir du moment où euh ... la fin, la clé sur le sein ... j'suis euh ... pour la pub céréales ben ... elle m'a plus faite rire qu'autre chose parce qu'en fait c'est ... Au début on se dit direct que ça va parler de cul et en fait ça à rien à voir et du coup ça me fait pas mal rire pour le contexte. Après euh ... la pub du Ketchup ben ... j'ai pas trop aimé, je trouve ça un peu con ! Pourquoi cette idée ?

    Ben en fait je trouve l'image du doigt et l'histoire de l'hôpital vraiment moyen et ridicule, et même au niveau de la mise en scène, ça bouge pas trop, et les couleurs, c'est euh ... ça donne pas envie, c'est trop ... comment dire, sombre.

    Ok et du coup les autres ?

    Et du coup ? Ben j'aime bien enfin ... je suis satisfaite de la pub du caprice des dieux, parce que je la trouve moins sexuelle que ... que toutes les autres.

    Maintenant, je vais passer à des questions pub par pub : A propos de Perrier, je sais pas si tu

    le sais mais elle a été censurée lors de sa diffusion ? Voilà, et j'aimerais que tu me donnes ton

    point de vue sur cette censure ... en gros est-ce qu'elle te semble justifiée ou pas ?

    Oui ...

    Tu peux me dire pourquoi ?

    Euh ... parce que c'est assez violent, c'est de la pornographie en fait ... implicitement, enfin on

    ne va pas montrer ça à des gosses, après faut expliquer comment ça se fait...

    Oui mais ça c'est parce que tu as un oeil détourné non ? À la base c'est simplement une

    bouteille d'eau gazeuse, c'est tout ...

    On peut avoir un oeil détourné euh ...

    Étant un enfant de dix ans ?

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    Oui... Oui je pense en plus la musique qui va crescendo et puis ... la femme en train de caresser la bouteille pendant un moment et que la bouteille elle grandit sans cesse et qu'à la fin il y a éjaculation... enfin c'est difficile de ne pas y voir de connotation sexuelle. Enfin je pense ... donc ouais elle a bien fait d'être censurée, et même pour des personnes plus âgées, c'est ... c'est dégueulasse...

    Du coup ta réponse rejoint un peu ma question suivante mais en gros la pub est repassée en 2009 si mes sources sont bonnes, pendant la période des fêtes pour le passage en 2010 et elle a fait objet de polémiques, dans la mesure où en fait elle passait à des heures de grandes audiences et euh ... des gamins étaient susceptibles d'être devant le poste à ses tranches horaires...

    Ouais ...

    Et ma question est, qu'est-ce que tu penses de cette polémique ?

    Ben déjà moi je suis contre le fait que la pub soit diffusée à des heures de grande écoute, même contre le fait qu'elle soit mise à l'écran tout court, parce que ... enfin une publicité c'est fait pour consommer le produit, et euh ... ça donne juste envie de baiser ... alors autant que ce soit une pub pour des préservatifs dans ce cas !

    ....

    Nan mais c'est vrai quoi ... moi quand je vois ça, j'ai plus envie de baiser que de boire du Perrier quoi ! Nan mais sans vouloir être radicale, je dis ce que je pense quoi, j'ai du mal avec cette pub.

    Non non mais c'est bien, c'est ton avis que je veux !!

    Alors je passe aux pubs Ketchup et Céréales Lion, est-ce que tu trouves que par le produit vendu, l'homme (le sexe masculin) est infantilisé ?

    Infantilisé ?

    Oui, est-ce que tu trouves qu'on peut le rapprocher d'un gamin.

    Ben ... dans les céréales oui parce que c'est un adulte qui mange des céréales Lion si on part de ce principe et euh ... dans la pub du Ketchup, est-ce qu'il est infantilisé ? Nan je trouve pas ... enfin je ne vois pas vraiment où quoi ... c'est plus la femme la femme qui serait infantilisé quoi, c'est plus euh ... après si on parle de l'homme en général oui il est infantilisé parce que justement la femme ... on la voit, ça y est ... elle est toute contente, comme une gamine ... genre c'est son cadeau de noël ... et ça y est, elle va pouvoir manger du Ketchup parce que son

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    mec s'est fait agrandir un doigt ... enfin surtout dans céréales lion ça se voit mais c'est par rapport au produit parce que c'est un produit qui est principalement fait pour des enfants.

    Qu'est-ce que tu penses du désir sexuel et du désir alimentaire ? Dans ces pubs ? Est-ce que tu trouves qu'il y a un transfert entre les deux, de l'un à l'autre et si oui le quel induit l'autre si tu as une idée et comment se fait le transfert ?

    C'est plus le désir sexuel qui donne envie de manger ... si on parle dans la vraie vie, après avoir fait l'amour, t'as faim quoi .... et c'était quoi après le reste de la question ?

    Lequel induit l'autre ? Ça tu l'as dit ... et au niveau de comment se fait le transfert, est-ce que tu as une réponse ?

    Ben directement en pratique en fait !!!!

    Nan mais visuellement ?

    Ben visuellement, ben par exemple la pub Perrier ben elle va donner envie de baiser et après on va avoir envie de boire du Perrier, peut-être je sais pas ... mais c'est plus pour de la nourriture enfin ... imagine tu fais l'amour quand tu regardes un film et ben après tu vois toute ces pubs de bouffe et t'auras envie de manger ... et du coup ben tu vas chercher des produits ressemblants ou tu vas ... si c'est la journée peut-être même aller acheter le produit le soir ou le lendemain parce que tu l'auras vu et oui ... y'a ... y'a quand même un rapport et surtout si la pub est assez sexuelle j'vais dire en gros t'auras toujours plus envie de ... de glaces Extrême si t'as une relation pendant le visionnage de la pub. J'pense que ouais c'est possible ça.

    Ok ! Sur le Caprice des dieux maintenant ? Est-ce que la singularisation de l'homme t'interpelle ? Et pourquoi ?

    Ben ça se voit oui ! Pourquoi ? Ben parce que c'est le seul mec qui est différent des autres, déjà ça c'est sûr, parce que les autres ils sont tous en blanc et avec du blanc sur les lèvres aussi ... c'est aussi le seul mec vers qui la femme elle va ... mais oui, l'homme il est ... enfin CET homme il est unique, c'est le seul qui est différent, et c'est le seul à qui elle propose euh ... du fromage, c'est le seul qui reste à la fin, qui est toujours là et ... qui va partager un moment avec elle, un petit caprice quoi !

    Est-ce que tu penses que le sport du message caprice des dieux caprice à deux est justifié par le scénario ?

    Ben le scénario oui c'est ... c'est l'image qu'il veut monter, on voit bien quand elle lui tend le morceau de fromage, et ben elle le prend tout de suite après ... ils vont le partager à deux

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    après, alors moi je sais que si je vais manger du fromage, je vais le manger toute seule quoi ! Mais euh ... l'idée de la publicité, elle montre bien que le fromage, le caprice des dieux, il est fait pour être partagé à deux, pour partager un moment comme ça, et on va dire à deux, entre un homme et une femme, ça va pas être deux mecs, deux potes ou deux copines, entre un homme et une femme ouais, la publicité elle veut bien LE montrer.

    Est-ce que la notion d'onanisme te semble justifiée ?

    La notion de quoi ?

    D'onanisme ... de plaisir solitaire si tu préfères !

    Non, c'est toujours des couples ...

    Oui mais en te basant simplement sur le spot de caprice des dieux ...

    Aaah ! Plaisir tout seul ?

    Mmmmh ...

    Ben peut-être pour le mec parce que finalement il va peut-être s'imaginer que la gonzesse elle

    va vouloir partager plus qu'un morceau de fromage eeet ... finalement ils ne mangent que du

    fromage...

    Mais donc le plaisir solitaire il serait pour qui ?

    Plus pour ... euh ... ben non en fait en réfléchissant mieux, non ...

    Parce que je ne sais pas si tu as vu à la fin mas elle feinte de lui faire croquer dans le fromage

    mais le morceau qu'elle lui tend elle se l'avale en fait ?

    Oui elle le mange ! Donc ce serait plus pour lui...

    Ben c'est pas très logique ce que tu dis parce que si elle le mange elle, où est le plaisir de

    l'homme ? Ce serait plutôt elle qui serait du côté de l'onanisme mais si tu ne l'as pas vu

    comme ça ...

    Ben non je ne l'ai pas vu comme ça en fait...

    Dac !

    Ben après il reste tout un fromage, donc il peut en manger aussi ! Enfin ouais ... je l'ai pas vu

    comme ça parce que justement c'est euh ... c'est bien le fait que si elle lui en donne, elle

    partage ... même si après elle le mange ben elle en aura quand eu quoi ! Enfin ... enfin non

    moi je ne l'ai pas vu comme elle toute seule qui mange son fromage, sinon elle ne l'aurait

    jamais proposé... son but c'est quand même de partager tous les deux ... c'est euh ... c'est la

    publicité qui veut ça.

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    Ensuite mes questions vont porter sur les glaces Gervais. Dans un premier temps est-ce que tu peux me dire si la pub te choque ou pas ?

    Euh oui ! Ben juste au début je trouve la pub assez sensuelle pour celle qui ... qui est dans son coin et qui mange la glace, parce qu'on voit bien ses lèvres, on voit bien quand elle croque dans la glace, ça fait assez sensuel, alors qu'on peut plus facilement voir un côté plus sexuel plus celle qui casse tout, donc euh .... Un côté assez pervers et elle fait euh ... on pourrait comparer ça à de la sodomie ... enfin j'sais pas, c'est assez dégueulasse quoi ! C'est quand même trash parce qu'elle essaie de tout péter, elle donne des, des ... des gros coups au frigo et tout et euh ... elle me choque principalement à partir du moment où ... enfin à la fin quoi, quand on voit le sein de ... de, quand on voit la clé au bout du sein... je sais pas comment elles vont finir ces deux gonzesses mais j'pense que ça va pas être terrible !!!

    Donc quand tu compares à de la sodomie en gros tu parles du degré de dureté ?

    Ouais voilà, c'est plus pour imager la vulgarité de la pub en fait.

    Ok

    Next, est-ce que la matérialisation de l'homme par le cône te parait évidente ? ... est-ce que tu verrais dans le cône, la figure de ... le sexe de l'homme ?

    Au déb ... mouais euh ... ben oui parce qu'elle le croque, elle le lèche, enfin disons comme elle le fait, oui, ça ... ça fait très sexuel !

    Donc ce serait un trio ?

    Ce serait plutôt euh ... deux lesbiennes avec un god. Ce serait plus ça parce que comme elles sont que toutes les deux, ce serait moins un truc à trois ... et comme la rousse, elle le fait, comme elle lèche sa glace et joue un peu sur euh ... j'ai envie de te croquer moi non plus, ben elle peut très bien le faire avec une autre gonzesse qu'avec un mec, même si le cône ressemble plus au pénis de l'homme qu'à autre chose.

    D'accord.

    Que signifie pour toi la clé au bout du sein en dernière image du spot ?

    C'est euh ... la libération, c'est l'orgasme... ben c'est ... c'est la fin, ça y est-elle jouit quoi .. enfin elle a trouvé euh elle a trouvé ce qu'il fallait, elle jouit et c'est trop bien ...

    Ok (rire)

    Nan ce serait plus l'image de la libération en fait et elle pourrait défaire ses chaînes, se libérer quoi... et se libérer ça peut être autant sexuel par l'orgasme que ... que le fait qu'elle va pouvoir avoir ce qu'elle désire depuis le début ... ouais.

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    Maintenant concernant l'influence de la pub et les comportements : est-ce qu'il y a dans une de ces cinq pubs qui te pousserait davantage à consommer le produit ? Et pourquoi ?

    Ben c'est un peu comme tout à l'heure, c'est le caprice des dieux, pourquoi ben comme je l'ai dit c'est parce qu'elle est plus sensuelle et moins pervers, elle est moins agressive... et que ... euh ... enfin ... parce qu'après c'est un fromage donc euh ... moi j'aime le fromage quoi ... enfin ce serait plus pour le produit ... mais aussi pour la pub en fait parce que euh ... elle est moins agressive euh ... elle tape moins à l'oeil, elle fait moins dégueulasse et elle donne plus envie de se poser tranquille dans un canapé et de manger du fromage que de manger de la glace euh ... en la léchant quoi !

    Mais sinon, si c'est caprice des dieux qui te donne le plus envie de consommer son produit, caprice des dieux que tu as définie comme la pub la plus sensuelle, est-ce que tu penses qu'en général, une publicité autour du sexe à plus de chance de marcher, d'impacter le spectateur qu'une autre pub sans connotation sexuelle ?

    Oui, je pense que c'est plus efficace, mais faut pas non plus exagérer, faut pas non plus être dans l'excès...

    C'est tout ?

    Ben une pub simple où on montre plus de sensualité, plus euh ... disons qu'un consommateur vivant seul va plus pouvoir acheter ce produit et pareil pour un couple, ça va plus les attirer, les deux à manger un produit, mais faut pas que ça rentre dans euh ... dans l'image pornographique ... parce que ... après ça dépend des gens, y'a des gens qui aiment ça sûrement, mais je sais que moi perso, j'irais plus consommer du caprice des dieux que de la glace quoi parce qu'en termes de publicité, le spot me dégoûte assez donc du coup je vais voir la glace dans un magasin et je vais peut-être penser à la pub et euh... j'me demande même si je vais pas aller acheter autre chose quoi !

    Est-ce que tu trouves que ces pubs s'inspirent de notre société ?

    Oui en général parce que l'image de la société aujourd'hui c'est les femmes à moitié à poil, c'est euh ... le corps euh ... enfin la femme qui est toute maigre et tout, qui est toute maquillée, les lèvres bien pulpeuses, c'est la femme qui joue dans des porno, c'est l'actrice porno, c'est euh ... c'est ouais ... c'est une société où on entend parler du cul tout le temps quoi, et donc du coup la publicité elle reflète vraiment l'image, ou c'est plutôt l'inverse... ça ... ça marche dans les deux sens ou c'est la société qui reflète...

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    Ouais je vois ce que tu veux dire mais du coup j'aurai une question sur la fin concernant ce sujet ...

    D'ac mais si je reviens sur ce que je viens de dire, soit c'est la société qui donne à la pub son image, soit c'est la pub qui est le miroir de la société... ça marche dans les deux sens en fait comme je disais ... la société, c'est ça aujourd'hui, on va aller acheter un magazine, le premier truc qu'on va voir c'est Clara Morgan à poil, c'est euh ... comment elle s'appelle là, allo quoi, avec ses gros seins ...

    Nabilla

    Oui merci, donc Nabilla avec ses gros seins, on voit ça partout, on voit ça sur des spots publicitaires, on va au bureau de tabac on voit ça, on va au supermarché, on voit ça, on va acheter une aspirateur ...

    Un aspirateur !!

    Ah oui pardon, donc on va acheter UN aspirateur, on va voir une gonzesse toute maigre, toute blonde passer son aspirateur ... et euh ... partout partout, c'est euh ... ben c'est principalement la femme qui reflète ça, sinon l'homme, mais ça c'est un fait de société, sinon l'homme, on dira moins de lui que c'est un connard, un salaud, c'est un gros dégueulasse, alors que la femme, dès que c'est une mise en scène un peu plus pervers, dès que c'est un peu plus à poil ou autre chose, et ben ... direct elle passe pour la salope, alors que l'homme, c'est pas le cas !

    Ensuite, est-ce que tu penses que les publicités ont un impact d'une part sur notre manière de consommer, mais aussi sur notre comportement social et intime ?

    Ouais !

    Est-ce que tu penses que par exemple y'en a certains qui vont voir telle ou telle pub à connotation sexuelle et ils vont s'en inspirer pour plus tard, dans leur intimité ?

    Oui parce que tu regardes cette pub par exemple avec le téton à la fin, ben si t'es avec ta copine t'auras peut-être envie de lui sauter dessus et de lui mordre le téton ... j'sais pas enfin ... moi c'est ce à quoi ça m'a fait penser ... tu regardes ça enfin ... si tu regardes des pubs qui te donnent quand même envie de baiser...

    Et du coup l'impact sur notre manière de consommer ? T'en penses quoi ?

    En général ?

    Oui !

    Ben je pense que oui, il y a un impact, parce que tout est fait pour que justement on consomme ... par exemple la pub va être diffusée sur des plages horaires où on aura envie de

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    euh ... ben une pub par exemple la pub Perrier elle va être mise à des horaires où on aura le plus soif ou les glaces, en été, où sur des plages horaires où on est susceptible d'avoir chaud, où on aura sûrement envie de manger de la glace, genre le soir après le repas et euh ... ainsi de suite, donc tout est programmé oui pour euh ... pour cette influence.

    Ok

    Est-ce que tu penses que certaines pubs dépassent les valeurs déontologiques, les codes moraux de la société et est-ce que tu vois par exemple des images sexistes ou des traitements superficiels du corps ou autre ... dans les cinq pubs ?

    Oui ben partout, parce que on voit bien une image de la femme parfaite, donc euh ... qui est bonne quoi, je dirai même qui est trop bonne, au sens négatif du terme, en gros la salope quoi, on voit ça avec la pub de la glace et aussi euh ... vous pouvez répéter la question ?

    Stéphanie de Monaco !!

    J'avais un truc en tête mais j'ai oublié !

    Est-ce que tu penses que certaines pubs dépassent les valeurs morales de la société ...

    Oui ... oui parce qu'on a une vie privée, on a tout ça et euh ... et on n'a pas à voir ça tout le temps à la télé ... ça fait partie de nos vie privée, même si c'est le sexe mis en général, on n'a pas à voir ça en publicité à la télé, on n'a pas à voir une bite en train de se faire branler ... C'est une bouteille quand même !

    Oui certes mais disons que ce sont des choses qui font partie de la vie privée et de trucs que les gens ont peut-être du mal à parler, des sujets tabous mais quand ils vont cette pub, soit ils vont être choqués, soit ils vont être tous excités donc euh ... ça fait pas partie de ce qu'on doit voir tous les jours, tout le temps quoi !

    Et justement par rapport à cette mise en relief, est-ce que tu voies une évolution des codes au cours de ces dix dernières années ?

    Ben non parce que si on prend la pub Perrier qui était diffusée en 1976 ben on va dire que ça n'a pas changé ... aujourd'hui, c'est vrai qu'elle ne serait peut-être pas censurée mais, on ne sait pas trop mais euh ...

    Les pubs d'aujourd'hui sont peut-être moins vulgaires aussi non ?

    Aujourd'hui ?

    Ouais ... elles sont moins démonstratives... ? Non ?

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    Moins démonstratives ? euh ... ouais dans la mesure où l'on voit peut-être moins de seins nus, ou de trucs dans le genre mais euh ... si on parle pas que de la publicité, on est quand même dans une société où on regarde du porno tous les jours ...

    Pas moi !

    Nan mais nan mais en général, c'est une société qui a pas changer, c'est même pire, avant ça ... ça aurait jamais été comme ça, elle aurait été censurée direct, là c'est des trucs c'est accepté, c'est des trucs c'est des sites de rencontre d'être créés et tout et euh ... nan mais si, mais je parle pas de tous les sites mais y'en a beaucoup ... quand tu regardes les ... les tous petits carrés sur les ... les programmes de télé, t'as des des nanas appelle le ... appelle le 06 ... blabla ... même sur les panneaux en ville t'as des numéros de téléphone, y'avait pas ça avant ...

    Et si tu ne t'intéresses qu'à la publicité vidéo diffusée à la télé ou sur internet ?

    Ben on peut éventuellement dire que y'a peut-être moins de nudisme, non je sais pas...

    Est-ce que le rapport en le message du spot et le scénario te semble justifié ?

    Pour les publicités visionnées là ?

    Oui !

    Ben pour la glace oui, parce que ça se lèche ... donc forcément oui ... ben une glace, quand tu vois quelqu'un lécher sa glace, ben tu penses direct au cul donc ouais c'est justifié.

    Nan mais en termes de publicité ...

    C'est-à-dire ?

    Ben est-ce que c'est parlant, judicieux de faire par exemple une scène dans une télécabine pour vendre du fromage ? Est-ce que c'est utile d'avoir choisi un décor montagnard pour du caprice des dieux, est-ce que l'univers cosy du Perrier était utile ?

    Ben oui c'est plus judicieux de faire une publicité pour le caprice des dieux dans le cadre de la montagne c'est plus justifié que le cadre actuel de la mer, avec les playboy... on va pas faire du fromage au bord de la mer mais en montagne quoi ... après ben forcément dans la pub du Ketchup si il se fait refaire la main, ben ... c'est mieux qu'il soit à l'hôpital qu'il fasse ça tout seul chez lui mais ...

    Oui mais est-ce qu'il avait besoin d'aller à l'hôpital pour du Ketchup quoi ?

    Ah ben ça c'est non ... ben non ... tu prends une paille et t'aspire le fond, ça marche aussi ! j'suis sûr que ça marche en plus ! nan mais nan mais du coup le but du jeu c'est de mettre en valeur l'image ... euh ... l'image sexuelle peut-être parce que les gens sont peut-être euh ... peut-être plus attirés le sexe, mais n'empêche, dans cette pub de Ketchup, au début, on ne sait

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    pas que c'est une pub de Ketchup jusqu'à la fin ... au début on comprend clairement rien en fait ... on ne voit qu'à la fin que le rapport entre le spot et l'aliment est ... comment dire ... pseudo justifié ouais, parce que au début on ne voit pas.

    Est-ce que tu trouves que les cinq spots remettent en cause notre culture ?

    Ben oui ...parce qu'on peut dire aujourd'hui que notre culture, elle est portée là-dessus ... après si on ne se base que sur ce corpus toutes les pubs ne sont pas comme ça mais euh ... ce serait quoi notre culture ? Ce serait pratiquer le sexe tout le temps ... j'sais pas ... nan mais je sais pas mais moi personnellement j'ai été choquée par certaines de ces pubs donc je pense que ça remet pas mal de choses en question, sur l'image de l'homme, sur l'image de ... de la femme ... qui est à moitié nue, qui est sensuelle, qui peut être parfaite, c'est enfin ... après ça dépend du monde dans lequel on vit, ça le représente donc euh ... c'était sûrement pas comme ça avant ... ça change au cours des années, des siècles,

    Est-ce que les pubs te semblent trop libérées ou au contraire est-ce que tu trouves que le fait qu'il y ait dans chacune un couple, elle soit morale, car le couple serait justement la garantie de cette mise en scène de la sexualité ?

    Ben non parce qu'il n'y a pas que des couples aujourd'hui ?

    Nan mais ce n'était pas la question ...

    Ben je ne sais pas, tu veux que je réponde quoi ?

    Ben par ce que tu penses mais je parle des couples dans les publicités en fait pas dans la vie en général.

    Ben après c'est vrai que si c'est des couples, ça fait plus moral, mais dans la publicité en général, y'a des célibataires aussi donc je sais pas ...

    Est-ce que la sexualité te semble un argument de vente viable en globalement ? Ca rejoint un peu une question que j'avais posé tout à l'heure d'ailleurs...

    Nan ben ça donne plus envie d'acheter des préservatifs qu'une bouteille de Perrier et ... peut-être acheter une bouteille de Perrier au passage.

    Dans la mesure où la publicité s'inspire de la société, est-ce que tu penses que l'on serait dans une relation de consommation de soi ... Tu comprends ce que je veux dire ?

    Oui ! Que ça reflète notre image en fait ?

    Oui voilà.

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    Ben oui on est train de vivre notre façon de vivre ... enfin ... ouais c'est un petit peu difficile à vivre, on est en train de vivre ce qu'il faut qu'on vive en fait ! On est en train d'acheter ce qu'il faut qu'on achète ... pourquoi ? Parce que c'est des produits qui ... qui ... qui parlent de nous et de notre façon de consommer et c'est bien pour ça qu'ils sont là ces produits, c'est parce qu'on les consomme, c'est bien pour ça qu'on en fait de la pub ... c'est parce qu'on les consomme parce qu'euh ... dans notre société on va consommer tel produit ... mais après la consommation elle change au fil des temps et euh ... y'a des produits qui disparaissent donc ça fait forcément des publicités en moins et inversement y'a des nouveaux produits qui investissent le marché et y'a des pubs qui naissent...

    Donc ce serait une double influence ?

    Une double influence oui parce que ... y'a des produits qui changent, des publicités qui vont donner envie d'acheter un produit et donc de ce fait on va changer certaines de nos manières de consommer mais en général c'est des produits qui existent déjà et qui vont être mis en valeur pour qu'on les consomme encore plus ou parce qu'on les consomme et qu'il faut encore plus les consommer ! Donc oui, c'est notre image, c'est notre ... c'est notre consommation ... c'est notre image.

    Ok

    C'est comme on va prendre euh ... on va prendre une pub de McDonald's, quand on voit aujourd'hui le nombre de personnes qui vont manger au McDonald's et ben ... la pub elle fait quoi ? Elle met encore plus en avant le fast food, elle donne encore plus envie de bouffer, donc on fait quoi on va avoir encore plus envie de bouffer donc y'aura encore plus de pubs sur la bouffe et ainsi de suite en fait ... parce que si on regarde les pubs McDonald's y'en avait beaucoup moins avant, et des différentes, et là aujourd'hui, la pub McDonald's va mettre encore plus notre société en avant, pourquoi ? Parce qu'il faut manger cinq fruits et légumes par jour donc on va forcément avoir un fruit dans le happy meal ou autre, des salades ... alors qu'avant ça existait pas ça avant, c'était que des hamburgers et puis ... des frites ... et aujourd'hui ben ... on a des valeurs morales qu'il faut qu'on respecte, c'est-à-dire manger bouger, et à chaque publicité de bouffe, c'est marqué en bas de l'écran.

    Maintenant, spontanément tu te souviens le mieux de quelle pub ?

    La pub Perrier parce qu'elle est simple en fait, et qu'on sait déjà ce qu'il va se passer dès le début. Elle se passe dans le même endroit, elle reste simple quoi.

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    ENTRETIEN CEDRIC RAVEL

    Durée : 25'

    19 ans - BTS Hôtellerie Restauration

    Alors, je vais commencer par des questions générales avant de m'intéresser davantage au corpus des pubs que tu viens de voir : dans un premier temps, est-ce que tu peux me dire combien de temps environ tu as regardé la télévision au cours de cette dernière semaine. Pour te donner un ordre d'idée, tu as le choix entre 1 à 3h, 4à 6h ou plus de 7h

    Quatre à six heures.

    Ok même question pour la radio, combien de temps as-tu écouté la radio ? Toujours au cours de cette dernière semaine ?

    Oui

    Plus de 7h.

    Et combien de magazine est-ce que tu as feuilleté, au cours de cette dernière semaine aussi ... et là, tu as le choix entre 1, 2 à 3 ou plus de 3 ?

    Plus de trois

    Ensuite, quelle est la dernière pub que tu te souviens avoir vue ?

    Euuuuuh... la dernière pub ?

    Oui pas forcément la dernière que tu as regardé mais celle dont tu te souviens avoir vue. Une qui m'a marqué en fait... euuuuh... si c'était pour un produit de beauté mais euh ... c'est une pub pour l'Oréal, mais dire plus je ne saurais pas ... c'était ... enfin ... je ne retiens pas vraiment les pubs ... c'était une pub pour l'Oréal, c'était l'Oréal men je crois mais ouais je ne sais pas exactement.

    Est-ce que tu trouves que la pub envahit notre société ?

    Euh ... ouais, ouais ! Ben je trouve que c'est beaucoup plus centré sur la publicité maintenant et euh ... ils jouent vraiment là-dessus euh ... comme moyen de faire acheter des nouveaux produits et euh ... plus ils font de publicité plus ils pensent que ça va ... ça va acheter derrière et euh ... s'il y a de la publicité, il y a de la télévision, ils font de la publicité radio, ils font de

    184

    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    la publicité sur tous les magazines, même sur les journaux, enfin ... y'a de la publicité vraiment de partout, on se promène en ville, y'a de la pub ... y'en a de partout...

    Donc une invasion publicitaire ?

    Ouais ouais, carrément.

    Est-ce que tu te verrais vivre dans un monde sans publicité ?

    Nan pas sans pub mais peut-être avec moins.

    Oui ... et tu peux le justifier ?

    Ben parce que je trouve que là, y'a beaucoup enfin ... on peut pas passer une journée sans voir une pub quoi. Mais même sans regarder la télé, où qu'on passe on trouvera toujours une pub et ... c'est pas que c'est pesant mais ... on voit que ça quoi.

    Ok donc maintenant je passe à des questions globales sur les cinq publicités : est-ce que tu

    vois, dans chacune des vidéos, une euh ... une mise en scène de la sexualité ?

    Mmmmh ... ouais ouais, y'a caprice des dieux encore ça passerait mais sinon les quatre autres

    euh ... ouais ça se ... enfin pour moi, ouais ça se voit tout de suite.

    D'accord, et si tu devais les classer de la plus sensuelle à la plus sexuelle, ce serait quoi ton

    classement ? Ou l'inverse, comme tu préfères !

    La plus ... ce serait Perrier

    La plus sexuelle ?

    Mmmmh ... mmmmh (approbateur). Après euh ... j'hésiterais vraiment entre céréales lion et

    Extrêmes, pous savoir lesquelles et puis après le ketchup.

    D'accord ...

    Et le caprice des dieux en tout dernier.

    Ok donc tu m'as dit Perrier, Extrêmes, Céréales Lion ...

    Ouais à peu près exæquo

    D'ac, après Ketchup et caprice des dieux en dernier.

    Oui c'est ça.

    Spontanément est-ce que tu peux me dire laquelle t'inspire le plus ?

    Pour le produit ou euh ...

    Ben disons, dans la pub dans sa globalité...

    Dans sa globalité ? Peut-être plus les céréales Lion.

    Et question fatidique pourquoi ?

    185

    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    Ha ha

    Et oui mais je vais te demander à chaque fois de justifier tes réponses, c'est normal, il me faut

    de la matière !

    Ok ! J'sais pas c'est ... ben c'te pub elle donne envie d'acheter le produit et euh ... t'as envie de

    crier euh ... et de te libérer aussi...

    Avoir un orgasme en mangeant des céréales ?!

    Voilà !

    Maintenant je passe à des questions plus spécifiques à chacune des pubs donc on va commencer par la pub Perrier. Elle a été censurée en 1976, est-ce que tu trouves que la censure est justifiée ou pas ?

    Non pas spécialement, d'accord, il y a peut-être quelques connotations sexuelles mais euh ... mais ça reste une pub pour ... pour une boisson, montrer les différentes tailles de ... de bouteille qui existaient donc voilà, après c'est ... c'est ... voilà, j'sais pas quoi dire de plus ...

    Ben je passe à la question suivante, peut-être que tu m'en diras plus ... La pub est repassée au il y a quelques années, pour le passage à l'an 2010, et à des heures de grandes audiences, où justement des gamins étaient susceptibles d'être devant le poste, du coup ça a fait l'objet de nombreuses polémiques, comme quoi ce n'était pas tolérable et moi j'aimerai savoir donc ce que tu penses de ces débats ? Pour toi est-ce qu'ils avaient lieu d'être ou non ?

    Après, en 1976 on était pas dans le même esprit qu'aujourd'hui, donc euh ... pour moi, oui, 1976, c'est ... enfin ... ouais ... non, déjà, elle avait pas exceptionnellement raison d'être censurée, mais aujourd'hui ouais, on est dans un monde ouais ... où on parle plus souvent de sexualité, de ... et puis de tout ce que ça engendre, euh ... les choses bien, pas bien derrière tout ça donc ouais peut-être que, aujourd'hui la censure ouais mais euh ... en 1976 ? ... Donc ouais, pourquoi pas une polémique aujourd'hui, ça se comprendrais plus en tout ... enfin, moi je comprendrais plus une censure aujourd'hui qu'en 1976 ...

    D'accord

    Avec l'évolution du temps, des mentalités qui ont ... peut-être un peu régressé sur euh ... sur justement la sexualité et euh ... voilà.

    Maintenant, sur la pub Ketchup et la pub céréales lion, donc euh ... est-ce que tu trouves que par le produit vendu, l'homme, l'acteur est infantilisé ou non ?

    Est-ce que l'acteur est infantilisé ?

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    Oui ...

    Ben pffff .... Céréales Lion oui ben d'un côté oui parce que on a limite l'impression qu'il demande la permission pour pouvoir manger ses céréales, donc oui ça fait un petit peu le gamin qui demande à sa mère, alors que c'est pas du tout le cas dans le scénario, et euh ... et puis euh ...

    T'as aussi dans la pub Ketchup

    Et sur Ketchup euh ... non je pense pas spécialement infantilisé, c'est ... voilà ... c'est bizarre cette pub, voilà je reconnais, mais euh ... j'pense pas spécialement qu'il est été infantilisé. Et pas par le produit non plus du coup, parce que bon, le Ketchup est bien connu pour être un produit consommé essentiellement par les enfants donc bon... ?

    Le Ketchup ? Ouais souvent on dit les jeunes, les ados mais euh non ... j'pense pas.

    Ok ! Qu'est-ce que tu penses maintenant du désir sexuel et du désir alimentaire dans ces deux

    spots ? Est-ce que tu les dissocies, est-ce que tu penses que l'un induit l'autre, est-ce qu'il y a

    un transfert de l'un à l'autre, et si oui comment se fait-il ?

    Alors euh ... sur céréales je dirais ouais y'a un transfert quand même ... les céréales lion c'est

    ... enfin pour moi c'est un peu bi, enfin je le vois c'est euh ...

    Ce serait le désir sexuel ou le désir alimentaire qui induirait l'autre ?

    Ça c'est une très bonne question, qu'est-ce qui influencerait la consommation de l'autre en fait

    ?

    Mmmh ...

    Moi je dirai les céréales induiraient la sexualité en fait dans cette pub

    D'accord !

    Et euh pour Ketchup euh ... mmmh ... ouais c'est ... là ça serait plutôt la personne qui

    induirait euh ... enfin ce serait plutôt la sexualité qui induirait le ...

    Le plaisir alimentaire ?

    Le plaisir alimentaire ouais.

    D'accord

    Maintenant sur le Caprice des dieux, est-ce que la singularisation de l'homme te semble ... te

    semble évidente ... dans le scénario ?

    Alors le caprice des dieux ?

    Si tu veux la re-visionner, n'hésite pas.

    (Re-visionnage de la pub) !

    187

    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    Pfff.... La question est un peu ...

    Ben est-ce que tu trouves en fait qu'il est singulier ou pas, est-ce qu'il est mis en valeur, en relief ou non et pourquoi surtout ?

    Ouais c'est pas ... on est obligé de parler de c'te pub précise de caprice des dieux ou des pubs qui ont été faites sur le fromage en général ?

    Ben ma question porte sur celle-ci mais si tu veux développer sur l'ensemble, n'hésite pas ! Ok ! Caprice des dieux moi je trouve que globalement, déjà ils .... la personne masculine qui est choisie, c'est toujours une personne on va dire, plus à responsabilités, ou qui a un ... ben par exemple là, elle a choisi la personne qui s'occupait du truc qui montait...

    Du funiculaire ?

    Ouais voilà, elle a pas choisi une des personne en combi de ski, et dans d'autres pub de caprice des dieux, c'est généralement ça... c'est enfin ... une singularité parce que c'est un homme comme un autre, d'un côté, mais ... pour moi, caprice des dieux, ils ont toujours le truc de ... de la personne ... enfin qui fait spécialement ça. J'pense que c'est pas choisi au hasard mais après ... euh ... c'est une personne comme une autre quoi

    Ok ! Est-ce que tu penses que le message du spot caprice des dieux caprice à deux est justifié par le scénario ?

    ...

    Est-ce que tu trouves qu'il y a un lien entre le spot et le slogan ?

    Oui ... parce que finalement ils finissent par le consommer à deux ce caprice, donc oui, y'a euh ... y'a un lien oui !

    Maintenant concernant la notion d'onanisme est-ce que ça te semble justifiée d'employer ce terme pour parler du spot ?

    Onanisme ? Plaisir solitaire ?

    Oui ! Est-ce que tu en vois clairement dans ce scénario ou pas ?

    Ben du plaisir solitaire oui parce que dans les trois quart du temps, c'est elle qui va finir par le manger.

    Mmmmh .... mmmmh ...

    Donc euh ... enfin elle se fait un plaisir parce que ... elle est avec quelqu'un mais finalement, enfin presque tout le temps, c'est elle qui finit par le manger, donc elle se fait plus de plaisir à elle je pense que euh ... ils se font du plaisir à eux deux.

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    Maintenant sur les glaces Extrêmes de Gervais, est-ce que la pub te choque ou pas ? Et pourquoi si oui et même si non et qu'est-ce qui te choquerait ?

    Ben moi ça me choque pas après c'est vrai que ... euh ... ouais sur la fin c'est plus euh ... avec la clé sur le sein, ouais bon voilà, après c'est vrai qu'elle n'est pas particulièrement choquante ... peut-être, un petit peu de violence, mais bon ... on est dans un monde aujourd'hui où il y a beaucoup de violence ... ouais donc voilà, à la limite ça mais non, moi ça ne me choque pas.

    Ame sensible abstenez-vous ?

    Ouais je pense que ça peut en choquer mais moi non, ça reste une pub après.

    Est-ce que tu trouves évident la matérialisation du sexe masculin à travers le cône ?

    C'est ... une très bonne question ! Est-ce que c'est évident ? ... enfin au début, non après oui enfin ... quand j'ai vu la pub en réfléchissant oui, mais sur le coup nan j'avais pas ...

    Ouais c'était une glace, pour toi ?

    Ouais j'avais pas ... au début c'était vraiment une glace, pour moi, après à partir du moment où ouais on voit qu'elles se battent, euh ... oui !

    Et justement, que signifierait pour toi la clé que l'on voit sur le sein en dernière image de la pub ? Ce serait la clé de quoi ?

    Ce serait la clé de pouvoir tester je dirai, des nouvelles sensations ...

    C'est la clé du cadenas !

    Oui ben oui !! C'est la clé du cadenas avant tout, certes mais euh ... ça lui ouvrira une porte qui lui procurera de nouvelles sensations.

    Maintenant, sur l'influence dans nos comportement, laquelle de ces pubs te pousserait

    davantage à consommer le produit qu'elle met en scène ?

    Les céréales Lion.

    Ouais ...

    Ouais je pencherais pour les céréales lion. Parce que bon ... ben ... faut que je justifie ?

    Oui s'il te plait !

    Alors, j'sais pas enfin ... cette pub elle me euh ... elle me parle alors je sais pas pourquoi mais

    peut-être l'envie de vivre, y'a un peu de ça aussi, plus que euh ...

    Que caresser une bouteille

    Ouais voilà, carrément !

    189

    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    Est-ce que tu penses qu'une pub qui met en scène la sexualité a plus de chance d'influencer un consommateur qu'une pub lambda, sans connotation sexuelle ?

    ...

    Et pourquoi ?

    Toujours pourquoi ?

    Ben oui, sinon c'est pas drôle !

    Euh ... non je pense pas que la sexualité soit nécessaire. Bon sur ces publicités je pense pas qu'elle soit nécessaire, après, oui y'a des publicités où voilà, oui c'est nécessaire mais ... non j'pense que c'est pas nécessaire, c'est pas ... ils essaient de mettre en avant le produit par la publici ... par la sexualité, alors que j'pense qu'ils auraient très bien pu faire des pubs euh ... sans arrière-pensée on va dire, ça aurait pu très bien fonctionner aussi.

    Est-ce que tu trouves que ces pubs s'inspirent de notre société ?

    Est-ce que ces pubs s'inspirent de notre société ?

    Est-ce que ça reflète euh ...

    La société ...

    La société ?

    Mmmmh ... oui et non, par exemple, Ketchup non ! Pour moi, voilà c'est euh ... ah mon avis

    c'te pub, elle est récente ou pas ?

    Elle date de 2001 !

    Mmmmh ... moi ça me fait penser à tout ce qu'on a vu sur euh ... Cetelem avec euh ... on se

    modifie pour le paraître, donc moi je pense que ouais, non ... c'était quoi la question, j'ai

    déjà oublié !

    C'était, est-ce que la pub s'inspire de notre société ou pas ?

    Puais moi je pense que Ketchup ils ne se sont pas spécialement inspiré de la société, mais par

    rapport à ... enfin y'a eu un ensemble de publicités qui ont été créées dans l'idée de ... euh ...

    on change pour s'adapter au produit ...

    Pourtant c'est paradoxal ton exemple de Cetelem puisque c'est plus le produit qui s'adapte à

    nous non, puisque le slogan c'est, si mes souvenirs sont bons, il ne suffit pas d'être Cetelem

    pour faire du Cetelem ...

    Oui c'est vrai, ce n'est pas faut, mais euh ... Ouais moi je le voyais plus comme la nécessité de

    se transformer pour consommer un produit, comme le vend Ketchup en fait. Après dans

    Extrêmes, ouais, c'est aussi la société, Perrier aussi, ouais les autres ouais, y'a une inspiration

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    de la société ouais ... y'a euh ... extrêmes le besoin de se battre pour obtenir ce qu'on veut, les céréales ben on en mange pour se faire plaisir, euh ... c'est euh ... enfin, pour se procurer du plaisir ... caprice des dieux ben ... pour moi c'est basé sur le système du couple donc euh, ... oui c'est le reflet de la société, Perrier, après, j'ai pas vraiment trouvé de lien, d'inspiration ... est-ce que la société a influencé cette pub euh ... je ne suis pas né en 76 donc je ne sais pas.

    Est-ce que tu penses que la publicité a un impact sur, alors dans un premier temps, notre manière de consommer, dans un second temps, notre comportement en société et en dernier lieu, sur notre façon de mener notre vie intime ?

    Ben déjà je pense que ouais, les pubs ont toujours une influence ben sur notre façon de consommer les produits, si on voit qu'il a été consommé d'une certaine façon, déjà on va toujours essayer de faire un peu dans le même style, ça ... enfin la publicité elle influe sur ... enfin on voit tellement dans les publicités notamment de parfum, le truc qui euh ... qui pète que euh ... que ouais ben c'est ça qui influence ... après c'était sur le comportement en société ?

    Ouais

    Ben elle peut avoir un rôle justement lié à la sécurité, lié à ... peut-être sur Extrêmes, l'homme à la violence, ouais enfin, voilà ...

    Et sur le comportement intime ?

    Sur le comportement intime ? Ben ce serait plus la procuration du plaisir personnel, mais ouais, je pense que globalement, la publicité, elle garde une influence sur tout ... on va dire elle influence notre envie d'acheter, et à partir de là, je pense que ouais, ça influence beaucoup de choses.

    Ok ! Est-ce que tu penses que certaines ce ces pubs, donc de ces cinq pubs, dépassent les

    limites déontologiques, les valeurs morales, instituées par euh ... les normes en fait, de notre

    société ? Ou alors est-ce qu'au contraire tu trouves que non ?

    Non c'est des ... enfin, c'est des pubs quoi

    Ouais

    Y'a pas, enfin, ça joue pas sur la morale, non !

    D'accord !

    Est-ce que tu penses qu'il y a une évolution des moeurs, au cours de ces dix dernières année, une évolution de la société, et du coup par conséquent une évolution de la publicité ?

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    Une évolution des moeurs oui ! Les gens ont beaucoup changé depuis ... après sur les dix dernières années, ouais, je pense que les gens ont beaucoup changé, enfin vis à vis de justement la ... la si je regarde, par exemple la pub des glaces Extrêmes, sur la violence, en même temps que sur la sexualité donc euh ... ouais j'pense que y'a une évolution quand même sur les avis des gens sur la sexualité, sur la violence réelle, ouais y'a une évolution déjà, là c'est sûr, après euh ... les publicités est-ce qu'elles ont évolué au cours des dix dernières années ? C'est toujours des publicités, elles sont toujours là pour nous vendre le produit et euh ... pour essayer de nous donner envie d'acheter, donc euh ... mettre en avant les points forts, entre guillemets des produits quoi.

    Maintenant, est-ce que le rapport entre le spot et l'aliment te semble justifié, pour chacune de ces pubs ?

    ...

    En gros est-ce que c'était judicieux de mettre un mec dans la montagne, dans une télécabine pour vendre du caprice des dieux ? Et voilà, et à chaque fois, si tu peux dire pourquoi, ce serait grave cool !!

    Faut que je fasse pub par pub ?

    Ouais si possible !

    Alors, caprice des dieux, est-ce que la montagne était adaptée ? Déjà le caprice des dieux je pense qu'ils peuvent le consommer partout, et puis à mon avis, ils n'avait pas de lieux de prédilection, enfin, ils n'avaient pas d'arrière-plan qui devait être obligatoire, après est-ce que c'est peut-être parce qu'elle a été publiée en hiver qu'ils ont choisi la montagne ? Je sais pas mais j'pense, qu'il n'y avait pas d'influence spéciale... céréales lion, après, l'avion, moi je trouve ça marrant après des céréales dans un avion ? Ça donne envie hein, moi j'aimerai bien manger des céréales dans un avion pourquoi pas mais après euh ... y'a ce côté là aussi, un peu décalé, c'est vrai qu'on ne va pas me servir des céréales dans un avion, après peut-être qu'on peut faire un parallèle entre le lion et l'avion, les voyages, le safari, mais non pas spécialement de rapport en fait. Après les glaces, c'est sur euh ... sur la cuisine, le frigo, ouais y'a euh ... on peut voir un rapport, les glaces ça va dans le congélo donc ouais pour moi y'a un rapport. Après le Ketchup, ce serait l'hôpital...

    Ouais après ils rentrent tous les deux chez lui mais ouais en premier lieu, la pub s'ouvre sur l'hôpital.

    Bon chez lui ouais mais c'est le principe de l'hôpital, moi déjà j'suis ... ouais si y'a une pub où y'a ouais une opération, entre guillemets pour euh ... pour un produit, j'trouve que, c'est pas

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    eeuh ... c'est pas que c'est pas intelligent mais ça dépend d'abord du produit parce que déjà ça montre que pour consommer le produit, faut limite se transformer, donc pour moi, c'est pas une pub qui me fera facilement acheter quelque chose, parce que justement qui est-ce qui ira le chercher, très bonne question mais ça met pas en avant le produit ouais ! Pour moi être obligé de ... enfin là, plutôt c'est la personne qui est obligée de s'adapter ... après en ce qui concerne le spot, le contexte de l'hôpital, avec le produit, pour moi, non ... non ça fonctionne pas. Et pour Perrier, après, un bar avec une bouteille, ouais c'est plutôt cohérent.

    Est-ce que tu trouves que les pubs remettent en cause notre culture ? Ou pas ?

    Non c'est ... y'a pas de ... non enfin pour moi y'a pas spécialement d'influence sur la culture, non !

    Est-ce que les pubs te semblent euh ... trop libérées, ou au contraire, est-ce que le fait que dans chacune de ces pub il y ait un couple, ce soit en quelque sorte la garantie de la sexualité ?

    Euh ....

    En fait est-ce que tu trouves que le fait qu'il y ait un couple dans chaque pub, ce soit un moyen de dire, ah ben oui, c'est judicieux qu'il y ait une mise en scène de la sexualité puisqu'il y a un couple ?

    En gros est-ce que le couple influence la sexualité en gros ou du moins est-ce qu'il le justifie ? Oui, je dirai plus justifie qu'influence !

    Alors caprice des dieux, couple ouais et sexualité derrière parce que justement y'a le couple ... Céréales, ouais y'a couple mais après la sexualité derrière, pas spécialement parce que lui il se procure du plaisir et elle finalement elle a pas trop de plaisir, donc pour moi c'est euh ... un plaisir personnel plutôt.

    Mouais ... ensuite ?

    Ensuite ? Extrêmes ben y'a couple, y'a la fille qui est très contente l'autre moins, donc on sait pas si euh ... si derrière y'a forcément sexualité, j'pense que si la pub avait été plus longue, y'aurait eu plus de choses, plus de détails aussi et euh ... parce que là on s'arrête un peu sur une mauvaise faim quoi ! Euh .... Ketchup ? Y'a fff ... y'a couple ouais, après la sexualité, oui et non parce que pareil, il profite tout seul de son avantage, avant sur ce qu'on voit, elle, on la voit, elle profite pas elle est juste contente à côté, donc euh ... voilà. Et sur Perrier, on voit pas la personne, on suppose qu'il y a un couple parce qu'il y a deux verres de sortis ... mais après est-ce que ça induit sexualité parce qu'il y a le couple, mouais peut-être. Si on réfléchit bien à

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    la pub en elle-même, y'a deux verres et une bouteille qui grandit, grandit, mouais le couple induit la sexualité.

    Maintenant, ma question est un peu compliquée vu comment je l'ai formulé mais euh ... en gros est-ce que tu penses, du fait que la société s'inspire de notre culture et s'inspire de notre comportement et de nos façons de consommer que la pub serait un moyen de consommation de soi ? C'est à dire que les producteurs vont s'inspirer de nos consommations pour faire leur spot et on se retrouverait ainsi plus facilement dans certaines pubs, et du coup ce serait un moyen de s'identifier plus facilement et donc en gros de se consommer, de consommer ses propres envies, intérêts ?

    Donc est-ce que ces publicités nous reflètent nous ?

    Oui !

    Est-ce que ces publicités nous reflètent ?

    Ouais est-ce qu'on peut s'identifier facilement aux situations, aux personnages ... ?

    A part la pub Ketchup, ouais on peut facilement s'identifier aux acteurs, ouais ... on peut s'imaginer à leur place ouais.

    Et dans la pub en général ?

    Dans la pub en général ? Ouais moi je pense qu'elles sont faites de façon à ce qu'on s'imagine à la place de l'acteur principal, ou des acteurs principaux pour s'imaginer ... euh ... pour s'imaginer dans le même truc, dans la même situation. Et elles sont là justement, je pense, pour euh ... vis à vis déjà de ce que nous on consomme pour nous montrer ce qu'on peut consommer d'autres et la manière dont on peut le consommer.

    Est-ce que tu peux me dire spontanément laquelle tu as le plus retenue, celle qui t'a le plus marquée ?

    Les céréales Lion, c'est ma pub préférée.

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    ENTRETIEN ALICE HUBERT
    Durée : 53'

    21 ans - L3 Info-Com

    Questions générales pour commencer, combien de temps as-tu regardé la télévision au cours de cette dernière semaine ? Tu as le choix entre une à trois heures, quatre à six heures ou plus de sept heures ?

    Ouais largement plus de sept heures.

    Combien de fois tu as écouté la radio ou plutôt combien de temps, et là pareil, même proposition : de une à trois heures, de quatre à six heures ou plus de sept heures ?

    Euh .... ben je dirai ... ben je sais pas trop peut-être quatre à six heures. Peut-être plus, je me rends pas bien compte, mais c'est essentiellement pour la musique en fait.

    Est-ce que t'as feuilleté des magazines ? Euh oui ...

    Combien ? Un, deux à trois ou plus de trois ? Euh ... plus de trois.

    Euh ... quelle est la dernière pub que tu te souviens avoir vu ? Sur internet ou à la télé ?

    Euh ... La toute dernière ?

    Dont tu te souviens ouais !

    Euh ... une pub télé ?

    Ouais ou internet, disons un format vidéo.

    Euh ... Je sais pas ... Euh attends, ... télé ... euh je sais pas du tout !

    Au pire je te reposerai la question un peu plus tard si ça te revient !

    Euh ... ouais ouais, ok.

    Est-ce que t'es sensible à la publicité ?

    Euh ... ouais assez, j'aime bien regarder comment sont fabriquées les pubs et euh ... enfin après c'est euh ... la formation qui veut ça aussi mais euh ... les ressorts qu'ils utilisent en fait ouais, pour fabriquer les spots.

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    Ok ! Est-ce que tu penses que la pub envahit notre société ? Et il faut que tu justifies aussi.

    Euh ... alors oui parce que je pense que c'est notre ... enfin c'est l'évolution de la société qui veut ça aussi, une société qui est de plus en plus basée sur euh ... l'économie et sur le profit donc euh ... y'a de plus en plus de publicité et c'est de plus en plus la guerre entre les publicitaires et ... et euh ... oui enfin j'pense que ça se ressent assez à la télé y'a des ... y'a des pubs qui essaient de se démarquer et y'a pas mal de ... y'a quand même des gros budgets qui sont alloués à la publicité et à la communication et donc je pense que c'est représentatif de la place que l'on donne à la pub aujourd'hui.

    Est-ce que tu te sentirais, t'imaginerais vivre dans un monde sans publicité ?

    Euh ... ben non parce que ce serait pas drôle, parce que y'a quand même pas mal de choses qui sont assez chouettes dans les publicités enfin ... y'a des pubs qui sont quand même marrantes et euh ... qui nous font un peu réfléchir et puis même et ... nan j'pense que ... j'sais pas enfin j'essaie de m'imaginer et nan ça serait nan ... c'est hyper utopique en fait de penser ça et euh ... c'est en aucun cas possible de supprimer toutes les publicités et y'aurait pas de ... enfin les gens auraient pas le temps de s'intéresser à des choses en fait donc euh ... il faut absolument aller les chercher pendant leur période de loisirs, quand ils regardent la télé ou quand ils regardent des magazines ... enfin j'trouve ça normal et euh ... sinon j'imagine pas trop comment ce serait ! Et Perrine elle n'aurait plus de mémoire à faire !!!

    Haha exact ! Je serais bien ennuyer !

    Donc après je te pose des questions plus spécifiques au corpus, sur l'ensemble du corpus, sur les cinq vidéos.

    Ouais ...

    Est-ce que tu vois ...

    Ah, sinon j'ai ma réponse à la question d'avant de la dernière publicité. En fait je sais pas si c'est la dernière mais euh ... c'est la dernière qui m'a bien fait rigolée et qui du coup a retenu mon attention ... c'est la pub pour euh ... j'sais même pas ce que c'est la marque de voiture mais euh ... autant les pubs retiennent pas mon attention sur euh ... l'effet qu'elles produisent autant le produit, je retiens pas la marque en fait comme la voiture, mais je suis très nulle en marque de voitures et je retiens pas la bonne marque avec la bonne pub ! Mais euh ... la dernière pub qui m'a bien fait marrée c'est euh ... celle du mec qui rentre dans l'agence euh ... comment on appelle ça ? Euh ...

    Dans la concession ?

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    Ouais qui rentre dans la concession et qui cherche une voiture et euh ... il ne sait pas quelle voiture il veut et euh ... il demande euh ... ah oui c'est la pub Volkswagen où il sait pas quel modèle il veut et euh ... il demande une two Rolf alors que c'est deux noms de voiture qu'il a mixés en fait et euh ... et du coup à la fin, le mec des voiture il se dit mais c'est qui ce type il est totalement indécis il ne sait pas ce qu'il veut et à la fin il lui dit vous la voulez en quelle couleur et le gars il lui fait euh ... blugge ... mmmh ... c'est bien blugge et du coup le mec est totalement à l'ouest et le vendeur ne comprend pas et euh ... et en fait c'est l'expression de l'acteur qui euh ... qui fait rire et en fait c'est devenu un running gag avec ma soeur et euh ... voilà. Mais en soi elle n'est pas énorme non plus mais quand elles sont bien interprétées les pubs en fait ça peut faire beaucoup plus mouche que des pubs avec des gens qui croient pas du tout en ce qu'ils racontent.

    Ok ! Est-ce que donc sur les cinq publicités, tu vois une part de sexualité ? Une mise en scène de la sexualité ?

    Euh ... alors dans celle de Perrier c'est assez flagrant ...

    Et en même temps si tu veux faut les classer de la plus sensuelle à la plus sexuelle ou l'inverse comme tu préfères

    Ok ! Alors dans celle de Perrier, ouais c'est assez flagrant euh ... par le ... euh ... par le toucher de la bouteille par la madame qui fait grandir la bouteille et qui fait exploser la bouteille de plaisir voilà ... euh celle du Ketchup aussi, euh ... la pub extrêmes pareil, céréales lion aussi même si c'est plus euh ... comment dire c'est fait avec plus de euh ... de tact, mais c'est l'avancée aussi qui veut ça, même si euh ... étrangement ouais on est en 2013 et y'a plus de ... de retenue par rapport à des pubs vraiment explicites comme euh la pub Perrier ou même Extrêmes mais euh ... mais ils ont réussi à bien dissimuler ça quand même parce que j'sais pas si euh ... si la pub aurait été censurée la pub, j'sais pas si elle a été censurée déjà mais euh ... mais il me semble qu'il y a une pub Perrier qui a été censurée ...

    Ben oui c'est celle-là en fait.

    C'est celle-là ?

    Ouais c'est celle-là ouais

    Mais il me semble qu'il y en avait une autre aussi de Perrier mais sinon euh ... celle de caprice des dieux j'la considèrerais pas comme sexuelle euh ... plus euh ouais ... plus autour de la séduction du coup si y'avait à trier, la ... euh ... la moins sexuelle et donc plus dans la séduction je mettrais celle de caprice des dieux mmmmhhh ... après je mettrais peut-être celle de céréales lion parce que comme je disais ouais elle est faite avec plus de ... plus d'humour,

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    plus de retenue en fait... euh après je mettrais euh ... je sais pas, j'ai beaucoup de souci avec la pub Ketchup (rire) pour moi elle est vraiment gore, vraiment ... euh ... j'mettrai la ... la Ketchup, après euh ... Perrier et après Extrêmes parce que euh ... enfin la fin est assez explicite et choquante et on voit bien le côté sexuel et euh ... Dans la pub y'a le truc du fouet et euh ... on a quand même tous les signes d'un certain sadisme du coup c'est quand même assez flagrant et euh ... la pub Perrier elle est assez choquante aussi surtout pour l'époque mais euh ... mais en soi à part une main et une bouteille euh ... y'a pas d'autre signe extérieur qui font que ... enfin y'a pas un sein nu dans la pub qui fait qu'elle devient vraiment presque vulgaire quoi.

    D'ac !

    Spontanément maintenant, laquelle t'inspire le plus ? Te parle le plus ?

    Et ben euh ... j'trouve ça nul de répondre ça mais euh ... celle de céréales lion mais je trouve ça nul parce que c'est celle de notre époque et en même temps ...

    On l'a vue plus de fois que les autres aussi !

    Ouais mais je la trouve ni ... ni vulgaire, euh ... ni euh ... ni trash ni gore, et drôle, enfin ... y'a un côté euh ... ouais y'a un côté subtil qui est beaucoup plus sympa et euh ... le regard de la grand-mère par exemple qui a l'air totalement désabusée et euh qui a pas envie d'y croire et puis le contexte avec l'avion, nan j'trouve ça plutôt bien joué, de la part de ceux qui ont fait la pub et euh ... et voilà j'aime bien même si en soi c'est peu probable de manger des céréales dans un avion mais euh ... ça fonctionne.

    Laquelle au niveau du scénario te donnerait le plus envie de consommer le produit ? Pas parce que t'aimes bien le produit mais vraiment pour le spot en fait !

    Euh ... c'est un peu difficile de faire abstraction du produit en lui-même mais euh ... Parce qu'au final c'est quand même ça qu'on vend derrière donc euh ... ffff ... ben du coup ça me dégoute un peu du Ketchup, voilà, nan celle-là y'a vraiment un gros souci là-dessus, je l'ai jamais vu à la télé mais je ... ben je comprends euh ... ben je dirais euh ... je dirais peut-être ben soit les céréales lion soit le caprice des dieux parce que caprice des dieux bah celle-là elle est un peu basée sur toutes euh ... toutes les autres du même genre finalement donc euh ... enfin c'est une longue série de pubs comme ça caprice des dieu au fil des ... des années et euh ... bon celle-là c'est vrai qu'elle fait un peu vieillotte, un peu les bronzés font du ski mais euh ... mais les plus récentes sont ... sont pas mal et euh ... et c'est dans le même esprit donc je

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    dirais peut-être caprice des dieux surtout que c'est grave bon !! Du coup euh ... du coup ouais, puis parce que c'est tout mignon et euh ... c'est pas mal.

    Maintenant est-ce que tu peux me dire pour chacune de ces pubs, quelle émotion se dégage de toi quand tu les regardes, est-ce que les pubs attisent ta curiosité est-ce que t'es blasée, est-ce qu'elles t'attirent ou au contraire te dégoutent ?

    Alors pour ... pour la pub euh ... extrêmes euh ... j'suis un peu euh ... ouais j'suis un peu choquée parce que je trouve qu'il s'en font des caisses pour une glace et euh ... j'trouve ça trop, y'a trop de signes euh ... y'a trop de signes euh ... trop de vulgarité et euh ... enfin ils parlent totalement d'autres choses finalement et du coup ça rend pas du tout la glace et euh ... y'a plein de signes qui se mélangent et au final tu comprends pas pourquoi ils te vendent du masochisme pour des glaces en fait. Ensuite pour Ketchup euh ... ça m'a vraiment dégouté, je ... euh ... ouais non je comprends le concept de rallonger un doigt pour le foutre au fond d'une bouteille, je vois bien l'allusion sexuelle au truc mais pour le coup euh ... ça rend le truc encore plus crade et comme on a un peu de culture on connait l'allusion en plus euh ... avec la bouteille de Ketchup donc du rouge à l'intérieur enfin voilà ... c'est tout ce qui a de plus dégueulasse ... nan mais cette pub me répugne profondément et euh ... et c'est mal joué ... ouais en plus c'est vraiment mal joué par les acteurs, l'homme totalement naïf, trop content d'avoir un doigt deux fois plus grand que les autres alors que euh ... il est laid et que euh ... il l'enfile dans une bouteille ... ouais non je la trouve assez euh ... assez crade. Pour Perrier, mais en fait cette pub je la trouve forte, parce qu'euh ... parce qu'elle a réussi à déjouer des interdictions qu'il y avait à l'époque donc je la trouve euh ... j'sais pas, elle me fait sourire en fait parce que parce que je trouve ça fort ce qu'ils ont réussi à faire et puis euh ... ça reste quand même plus subtil que la pub Extrêmes, et euh ... et enfin voilà, elle me fait sourire par l'allusion mais elle me choque pas outre mesure ... La pub caprice des dieux euh ... ben voilà je la trouve assez mal jouée euh ... mais après pareil, c'est un peu l'époque qui veut ça parce que on trouve quand même bien l'esprit ouais ... les bronzés font du ski ce genre de film de l'époque mais euh ... le scénario de la pub est pas non plus hyper recherché mais euh ... surtout on comprend pas euh ... ouais pourquoi forcément le ski, pourquoi ils les font descendre comme ça alors que euh ... y'a aucune probabilité que ça se passe comme ça tu vois c'est ... non je sais pas comment dire mais c'est un truc totalement surréaliste au final.

    Mmmmh ... mmmmh ...

    Donc je sais pas euh ... y'avait des moyens plus simples de mettre deux personnes que tous les deux dans une pièce, pour bouffer du fromage mais euh ... nan elle me fait sourire aussi et

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    céréales lion ouais c'est la grand-mère elle me fait rire, la tête de la mamie me fait beaucoup rire ouais ... mais sinon euh ... j'sais pas après c'est peut-être le fait de ... de voir beaucoup de pub à la télé et d'être noyée là-dedans qui au final, sur certaines pubs, maintenant, on réagit même plus et euh ... et celle-là, c'est pareil, on l'a tellement vue que euh ... au bout d'un moment on n'y fait plus trop attention ... voilà !

    Parfait, maintenant je vais te poser des questions pub par pub, donc sur la pub Perrier d'abord, elle a été censurée en 1976, est-ce que la censure pour toi est justifiée ou pas du tout ?

    Ben .... ben oui, pour l'époque oui, euh ... j'sais pas trop quoi dire ...

    Après si tu veux elle est repassée en 2009, pour le passage à l'an 2010 et en fait elle a fait l'objet de polémique parce qu'elle est passée à des heures de grandes audiences et que des enfants étaient susceptibles d'être devant le poste à ces heures. Qu'est-ce que tu penses du coup de ce débat ?

    J'pense que des enfants qui sont devant cette pub ils ne comprendront pas du tout les signes euh ... c'est exactement comme dans les dessins animés où on nous vend une princesse méchante qui devient gentille et ça finit bien et ils sont heureux et tout au milieu de l'histoire ... c'est juste gorgé de références sexuelles et euh ... autres références qui peuvent être comprises que par des adultes et les personnes qui ont une certaine culture que les enfants n'ont pas donc j'pense que si tu mets des enfants dans cette pub j'sais pas, ils comprennent pas en soi l'agrandissement de la bouteille, qui ... qui donc est la mise en érection du pénis masculin ... euh ... en soi euh ... ça peut être compris comme le fait qu'ils aient fait une bouteille plus grande de Perrier enfin je sais pas, tu vois ce que je veux dire ?

    Ouais ouais

    Bon maintenant les enfants moi aujourd'hui sont des adultes mais après euh ... j'suis sûre qu'en 76 ils ne comprennent pas les mômes.

    Maintenant, concernant les publicités Ketchup que penses-tu du désir sexuel et du désir alimentaire ? Est-ce que tu trouves qu'il y a un transfert de l'un à l'autre ou pas et si oui, lequel induirait l'autre ? Et pourquoi ?

    Ben oui ... il y a un désir alimentaire, c'est certain même et euh ... un désir sexuel, je pense aussi. Pour savoir maintenant, lequel induit l'autre, je ne sais pas c'est difficile. Euh ..... c'est peut-être euh ... moins évident dans la pub de Ketchup où j'trouve que euh ... le désir alimentaire n'est pas vraiment présent. Même si l'homme est excité à l'idée de finir la

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    bouteille euh ... j'pense que le désir alimentaire est ... euh... ... du moins pour le consommateur ... n'est pas très exprimé. Par contre pour céréales Lion, ouais ... on voit bien le désir sexuel au départ, quand il lui chuchote des trucs à l'oreille et que ... euh ... on pense avec les regards alentours que oui, il veut ... euh ... faire l'amour avec sa copine, il lui met la main sur la cuisse et tout mais euh ... ouais, il y a un transfert du sexe vers l'aliment...

    Ok ! Si tu te focalises sur la publicité du fromage caprice des dieux, est-ce que la singularisation de l'homme t'interpelle ?

    Euh ... tu veux dire, est-ce qu'il se distingue des autres ?

    Oui !

    Ben ouais, carrément même, si euh ... c'est très certainement fait exprès. Il est différent des autres dans sa tenue vestimentaire déjà et puis il n'a pas les lèvres de la couleur de celles des moniteurs. Mais euh ... c'est quand même la femme qui vient le chercher pour lui proposer de partager un caprice et euh ... dans cette mesure là on peut éventuellement dire que finalement euh ... c'est la femme qui le singularise en venant le chercher à l'avant de la cabine. Mais ouais, il est mis en évidence, plus qu'isoler. Et puis à la fin on voit bien que c'est le seul qui reste avec la fille donc ouais.

    D'accord et est-ce que tu penses que le message du spot « Caprice des Dieux, Caprice à deux » est justifié par le spot du message ?

    Euh ... ... euh ... oui puisqu'on a bien l'image des anges sur la boîte donc quelque chose de euh ... divin, qui vient du ciel, de euh ... céleste peut-être donc qui fait référence aux dieux et caprice à deux, ben ouais forcément... ils finissent tous les deux dans la cabine donc c'est bien un caprice qu'ils se font à deux. Après peut-être que euh ... y'a aussi une référence avec la tentation du mythe de euh ... Adam et Eve mais euh ... après je sais pas trop. Mais oui, j'pense que c'est justifié et c'est justifié dans toute la sage finalement puisque la pub finit toujours par la présentation d'une femme et d'un homme pour partager le précieux fromage. Tous les autres protagonistes sont euh ... exclus et euh ... voilà !

    D'ac ! La notion de plaisir solitaire te semble-t-elle justifiée pour ce spot ?

    De plaisir solitaire ? Dans Caprice des Dieux ?

    Ouais ouais ?

    Alors euh ... pas vraiment en fait ... non ! Non j'vois pas de plaisir solitaire dans cette pub.

    J'trouve pas que l'un ou l'autre est avantagé au niveau du plaisir sexuel, mais après euh ...

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    par contre euh ... ouais, je le verrai plus peut-être euh ... dans la pub de Ketchup ou euh ... même de Céréales Lion où euh ... au final, l'homme est comblé et la femme reste à côté et euh ... elle ne euh ... elle n'a aucun plaisir. Pour Ketchup, elle reste à côté envieuse, mais encore une fois je trouve ça assez euh ... déplacé, cette pub. Et dans les Céréales ben ouais, la femme s'occupe de répondre aux pulsions de son copain, elle lui donne son paquet de Céréales et on voit bien que ça le met dans un état euh ... que ça l'amène à l'orgasme mais euh ... ouais, la femme reste exclue de ce plaisir mais, en soi, dans Caprice des Dieux, nan je euh ... je vois pas de plaisir solitaire. Alors peut-être euh ... dans la fin du spot, où elle lui tend du fromage et qu'après elle le mange mais sinon euh ... non j'vois vraiment pas.

    Ok ! Sur la glace Extrême maintenant, est-ce que la pub te choque ou pas ? Et Pourquoi ? Et si elle te choque, qu'est-ce que tu trouves de choquant ?

    Euh ... est-ce qu'elle me choque ? Moins que Ketchup ouais mais un peu ouais. En fait, ce, ce n'est pas tant les images qui me choquent, mais euh ... la violence que dégage le spot parce que euh ... quand on voit euh ... la fille aux cheveux noirs se mettre dans tous ses états et utiliser de méthodes assez violentes comme euh ... quand elle prend la tronçonneuse, la mitraillette etc., pour essayer d'arriver à ouvrir le frigo, ouais, c'est assez déroutant. Mais euh ... je trouve aussi choquant, la clé au bout du sein de la jeune fille, à la fin de la publicité. C'est euh ... oui en tout cas, ça me fait un peu penser à du sado masochisme mais en même temps ... euh ... je sais pas... je comprends pas pourquoi ils ont mis cette image pour finir mais euh ... pour vendre une glace je trouve que ça fait beaucoup... donc oui, la pub ne me laisse pas indifférente mais euh ... voilà après ce sont des glace Extrême, le spot illustre bien leur nom, mais quand même, cette accumulation de détails aurait peut-être pu être euh ... comment dire euh ... plus épuré, moins foisonnante mais après euh ... ouais pourquoi pas.

    La matérialisation de l'homme par le cône te semble-t-elle évidente ?

    Euh ... ouais ! Ouais je pense qu'on peut facilement le voir, c'est presque évident mais euh ... et encore plus dans la mesure où le scénario met en scène deux femmes et que ces deux femmes euh ... seraient en fait en rivalité pour euh ... obtenir le plaisir de la glace, donc euh ... le plaisir alimentaire et peut-être sous-entendu, la rivalité pour un homme, pour un plaisir plus sexuel, à travers le cône. Mais ouais, je trouve ça assez euh ... suggestif et don euh ... évident, même si en soi, ce n'est qu'une glace. Mais oui, la représentation du sexe masculin est assez franche...

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    Et que signifie la clé pour toi, la clé que l'on voit au bout du sein ?

    Haha ! Euh ... bonne question ... c'est la clé du frigo non ? Non je sais pas, la clé du frigo au premier sens mais suggestivement, la clé du plaisir alimentaire, puisque la fille va enfin pouvoir avoir sa glace mais c'est sûrement aussi la clé d'autres plaisirs, comme le plaisir sexuel dans la mesure où ben euh ... justement comme on la dit ... comme le cône serait une représentation du sexe masculin euh ... la clé serait la clé pour accéder au bonheur, au plaisir tant alimentaire que sexuel.

    Maintenant concernant l'influence sur le comportement, laquelle de ces pubs te pousseraient davantage à consommer le produit qu'elle vante ? En termes de scénario ?

    En termes de scénario ? C'est-à-dire ? En jugeant par le scénario seulement et pas par le produit ?

    Oui, oui voilà !

    Ben euh ... je dirai les Céréales Lion pour son côté décalé et au final, la pub est assez euh ... est assez drôle, le choix de l'avion est plutôt original et novateur puisque ce n'est pas commun de manger des céréales dans un avion mais après euh ... j'aime beaucoup aussi celle de Perrier qui oui ... elle est très suggestive, dès le début, on peut imaginer la suite mais euh ... je la trouve assez subtil et pour l'époque, même si elle a été censurée, je trouve que euh ... qu'elle est finalement assez recherchée. Donc ouais, peut-être Céréales Lion et Perrier. Mais euh ... pourquoi pas Caprice des dieux aussi, parce que je la trouve très soft, et assez gentillette donc c'est plus peut-être dans mon registre ... enfin je sais pas, mais c'est vrai que ces trois spots me parlent et en tout cas plus que Extrême ou Ketchup que je trouve vachement plus dégueulasse.

    Est-ce que tu penses que la mise en scène de la sexualité a plus de chance d'attirer les individus qu'une autre pub dénué de toutes connotations ?

    Oui bien sûr ! Oui, je pense que oui ! L'homme en général est toujours plus attirer par des images de ce type, c'est peut-être euh ... naturel, ça suscite des émotions particulières, je pense et du coup, l'attention qu'on porte au scénario sera plus importante. La sexualité est un sujet plus ou moins tabou, donc forcément, le mettre en avant va susciter euh ... va susciter des réactions plus ou moins importantes chez celui qui regarde le spot mais après euh ... je pense qu'il y a un certain recul à avoir et que si ça attire plus qu'une autre pub, euh ... je pense pas que ça se traduise en euh ... comment dire en consommation. Je pense pas qu'une pub érotique a plus de chance de faire consommer quelqu'un quoique ... en fait oui, y'a plus

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    de captation et de séduction mais pas forcément de consommation, mais après, ce n'est que euh ... que mon avis.

    Penses-tu que ces pubs ont un impact sur notre consommation d'une part, puis d'autre part sur notre comportement en société et enfin, sur notre comportement intime ?

    Oui parce que les publicitaires mettent euh ... mettent cette caractéristique en valeur dans la publicité et donc dans la consommation du produit donc en fait euh ... on est imprégné de l'image qui lui est donnée. Par exemple pour Caprice des dieux, la petite phrase entêtante de la pub "on se fait un petit caprice ?" va être ressortie avec toute l'allusion qu'elle comporte. J'pense que euh ... que c'est une manière de marquer le produit après j'pense pas qu'on consomme différemment dans le sens où euh ... euh ... on va pas acheter un produit exprès pour le caractère sexuel qu'il dégage. Pareil, on ne va pas se faire rallonger le doigt pour manger du ketchup... Enfin j'pense que c'est juste un outil pour capter un public et en même temps euh ... interpeller mais j'pense pas que ça change notre consommation.

    Pour ce qui est de l'impact sur notre vie sociale, je ne pense pas non plus que ça entre en jeu... Ceux qui achètent des glaces extrêmes sont pas fichés comme euh ... comme des personnes libérées sexuellement. La nourriture a toujours été liée à l'appétit sexuelle mais pas de là à catégoriser les gens en fonction de leur achat. Du coup j'pense pas qu'il y ait de pression sur notre comportement en société. Ce qui change peut être c'est euh ... comme je le disais les petites allusions que l'on peut se lancer en références aux publicités et leurs caractères sexuelles, mais euh ... c'est plus euh ... pour moi ce qui tient de la taquinerie plus que du jugement. Si, les publicités à caractères sexuelles créent globalement une libéralisation des moeurs en montrant des références à des gestes ou pratiques sexuelles, ben ouais ... là-dessus il y a un impact sur la vie en société. Du coup ben euh ... il en est de même dans la vie intime, si vous ... si il y a des publicités à caractère sexuel qui passent sur les écrans de télé ou sur internet ça amène à euh ... d'autres normes dans la vie privée. Si la sexualité est démocratisée à travers ces publicités, dans la vie intime ça se matérialise par euh ... par euh ... par peut-être moins de pudeur... Les générations d'avant ne montraient pas toute cette sexualité dans les médias, les publicités, les films etc. et du coup il y'avait aucune monstration de sexualité dans la vie privée d'une famille ou en société. Et euh ... depuis cette libéralisation, je trouve que la sexualité s'affiche plus dans le quotidien des gens. Après reste à savoir si ce sont les publicités et autres médias qui ont impacté sur la façon d'agir des gens ou si ce sont les gens qui de par leur volonté de libération sexuelle (mai 68) ont fait médiatiser la chose... ouais en gros, c'est l'histoire de l'oeuf et la poule...

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    Est-ce que tu trouves que les publicités dépassent les codes, les valeurs morales de la société ? Euh ... si on parle de ces cinq publicités là, non je pense pas. Après, il faut définir les valeurs morales de la société qui je pense outre, celles qui sont institutionnalisées varient en fonction de la culture de chacun. Mais si on prend d'autres publicités, plus sexistes et plus sexuelles, je pense que oui, il y en a qui ont limites. Mais ce n'est pas pour rien qu'il existe un service de contrôle des publicités et que certaines comme on a pu le voir avec Perrier en 76 soient censurées. Mais encore une fois, il y a un code de déontologie de la publicité, s'il n'est pas respecté, c'est au service de contrôle de sévir. Mais ouais... si on en reste au corpus, outre le fait que la femme est parfois représentée comme un objet, je pense que les pubs ne dérangent pas, ne bousculent pas euh ... les codes moraux.

    Est-ce que tu constates une évolution de la société au cours de ces dix dernières années ?

    Je pense que oui, il y a une réelle évolution. Mais euh ... contrairement à ce que l'on pourrait penser, je ne trouve pas que la publicité soit plus sexuelle entre guillemets qu'il y a dix ans. Je pense que l'on est moins dans le représentatif de la sexualité, moins dans la volonté de montrer à tout prix des parties parlantes du corps. Non ! Mais euh ... ce n'est pas pour ça que je trouve que les publicités ont retiré la totalité de la mise en scène de la sexualité dans les publicités ... je pense plutôt que l'on est moins dans les codes du porno. Il y a toujours des allusions, c'est sûr, que ce soit dans les publicités alimentaires ou autres, genre de parfum, de lingerie etc., je pense que la pub est moins représentative et plus suggestive. Je pense aussi qu'il y a plus de subtilité, de recherche, même si des fois ben euh ... on ne sait pas toujours où les publicitaires vont chercher les idées de leur scénario. L'humour prend peut-être une part plus grande dans la publicité. Mais peut-être que mon avis est expliqué par une évolution de la société. Peut-être que euh ... par rapport à il y a dix euh ... les individus sont moins choqués par la mise en scène de la sexualité parce qu'ils ont pris l'habitude de voir des scénarios qui donnent dans ce registre. Je pense qu'euh ... il y a une certaine banalisation de la sexualité et les jeunes ont sûrement déjà vu plus de films pornos ou autres que leur génération précédente à leur âge. Mais euh ... ouais, il y a une évolution, c'est sûr.

    Dans la mesure où la pub s'inspire de notre société, est-ce que tu trouves que l'on serait dans une sorte de consommation de soi, est-ce que l'on pourrait facilement s'identifier dans les publicités qui défilent sur nos écrans ?

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    Oui je pense que oui. Mais je pense aussi que c'est à prendre plus euh ... en matière de jeu que de sérieux. Je pense qu'il est facile de s'identifier puisque euh ... les publicitaires euh ... analysent nos modes de consommations, nos habitudes de consommations tout en tenant compte de nos critères sociaux, je veux dire euh ... notre âge, notre sexe, notre profession etc. ... Mais euh ... oui, forcément, et puis de toute façon les gens ont toujours tendance à se projeter dans un film, dans un livre ... dans un scénario qui relève de la fiction. Donc ouais, une identification oui... On fantasme sur certaines situations, on se projette dans les scénarios et je pense que certaines personnes auraient tendance à ne pas garder une distance suffisante et se prendraient trop au jeu. A mon avis, l'identification est possible dès lors que euh ... que le potentiel consommateur a conscience du cadre, du contexte fictif qui s'offre à lui ... Mais l'identification n'est pas forcément vis-à-vis du protagoniste, c'est une identification aussi au niveau des situations, du déjà vécu ou presque. Enfin voilà quoi. Après, il ne faut pas oublier que la publicité s'inspire de la société aussi donc bon, c'est assez normal de pouvoir euh ... comment dire ... de pouvoir facilement se retrouver dans des scène présentées.... Voilà !

    Ok ! Maintenant pour finir, spontanément, laquelle de ces pubs as-tu le mieux mémorisée ?

    La pub de Perrier, je la trouve assez sympa et assez subtil aussi suggestive qu'elle puis l'être...

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    ENTRETIEN THIBAUT FERRARO
    Durée : 37'

    25 ans - Commercial

    Donc je te laisse visionner ces cinq vidéos dans un premier temps et ensuite je te poserai quelques questions générales et d'autres plus spécifiques en lien avec le corpus.

    Pour commencer, quelques questions générales sur tes pratiques culturelles : au cours de cette dernière semaine, combien de temps as-tu regardé la télévision ? Combien d'heures ? Tu as le choix entre une à trois heures, quatre à six heures ou plus de sept ?

    Mmmm.... trois heures.

    Combien de temps est-ce que tu as écouté la radio ? Mêmes propositions : une à trois heures, quatre à six heures ou plus de sept heures ?

    Plus de sept !

    Ok et est-ce que tu as feuilleté des magazines ? Nan !

    Quelle est la dernière pub dont tu te souviens avoir vue ? Pas forcément la dernière que tu as

    vue, mais la dernière dont tu te souviens ?

    Euhmm... celle de la Lancia.

    Est-ce que tu peux me redonner le scénario s'il te plait parce que je ne l'ai pas en tête ?

    C'est ... c'est une pub qui vante les avantages de la dernière Lancia, qui captive les hommes et

    qui fascine les femmes. Et c'est en ... avec les rugbymen de l'équipe de France.

    Ok

    Elle est bleue, elle est très belle, c'est une voiture...

    Est-ce que tu es sensible à la publicité en général ?

    Oui

    Pourquoi ?

    Euh... je suis sensible à la publicité parce que je suis un grand fanatique de marketing et que

    j'aime bien me dire qu'il y a des gens qui ont buché là-dessus et qui ... qui se sont dit : "tiens

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    ça pourrait être sympa de mettre une fille toute nue pour présenter un camembert" ... et finalement t'arrives à vendre le camembert. Enfin voilà !

    Est-ce que tu trouves que notre société est envahie par la publicité et pourquoi surtout ? Alors oui ... parce qu'euh ... on a de la pub à peu près à tous les niveaux, à tous les instants, de partout, en français, en anglais, dans les langues étrangères, dans tous les magazines, à la radio, sur les ... les encarts publicitaires, y'a même des fois de la pub là où tu t'y attends pas, sur internet, t'as tout le temps de la pub qui s'affiche sur les bannières à la con ... eeeuuuh ... je sais pas, tu as ... y'a les pubs sur les voitures, les pubs... non non, y'en a de partout... C'était quoi la question ?

    Est-ce que tu penses que la société est envahie par la pub, donc oui !

    Oui pour moi oui !

    Ok est est-ce que tu t'imaginerais vivre dans un monde sans publicité ?

    C'est quoi un monde sans publicité ?

    Ben justement sans tout ce que tu viens de citer avant, sans affiche, sans bannière à la con, sans spot radio ou télé...

    Dans Alice aux pays des merveilles, elle vit dans un monde sans publicité, elle vit pas très bien ... Euh nan je ne me verrais pas ... mais je sais pas en fait, parce que ... on ... on peut pas se rendre compte de ce que t'as jamais eu ... c'est ... Est-ce que dans l'idéal j'aimerais vivre dans un monde sans publicité, oui, j'aimerais bien mais est-ce que je m'ennuierais ... oui probablement aussi, je sais pas ...

    Parfait, maintenant je vais te poser des questions qui concernent le corpus, donc si tu veux regarder les pubs au fur et à mesure, n'hésite pas ! Donc dans un premier temps mes questions touchent à mon corpus dans sa globalité, donc aux cinq spots. Est-ce que dans les cinq, tu vois une part de sexualité, une mise en scène de la sexualité ?

    Ouais totalement ! Totalement, sur les cinq. Mmh mmh ... (approbatif)

    Et si tu devais les classer de la plus sensuelle à la plus sexuelle, quel serait ton classement ? Sensuelle à sexuelle ?

    Mouais ou dans l'autre sens si c'est plus simple pour toi ?

    Sensuelle - sexuelle ... ben il faut définir une limite ... alors attends ... sensuelle - sexuelle ! Y'a ... en même temps on peut pas les classer parce que genre dans Perrier, ça commence

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    sensuellement et ça finit de façon ... euh ... c'est assez intense, enfin c'est assez graduel, c'est les deux, c'est crescendo, mais allez ! Je vais jouer le jeu. Euh .... Ketchup Heinz, elle a pas grand-chose de sensuel, elle est juste un peu sexuel, avec le mec qui suce son doigt, avant ... enfin après l'avoir enfilé dans un trou ... voilà, euh ... Extrême, ce serait la plus sexuelle ... après je dirais Perrier, après ... euh ... céréales Lion, Ketchup et Caprice des dieux que je trouve mignonne et juste un peu ... un peu naïve.

    Ok

    Spontanément là, laquelle t'inspire le plus ? Je sais pas dans le scénario, dans les personnages,

    dans la musique, dans ... le contenu ... ?

    Extrêmes !

    Pourquoi ?

    Ils ont mis des ... des p'tites filles ... enfin des filles super mignonnes en shorty, avec des

    armes : de l'action et des filles toutes nues, c'est ce que ... c'est c'qu'on cherche !

    Légitime !

    Laquelle te donne le plus envie de consommer le produit ? Si oui ou si non, pourquoi ?

    Les Céréales Lion .... les céréales Lion parce qu'ils mettent en scène un ... euh ... déjà, c'est dans un contexte assez particulier, tu manges pas de céréales dans un avion, mais là ça lui vient comme une envie pressante, et en plus, ils te mettent en scène les céréales enfin ... Maintenant ils arrivent à te faire croire qu'un bol avec des céréales et en versant du lait, ça devient ultra sexuel et sensuel ... et que tu pourrais presque faire l'amour à ton bol, donc ouais ! Moi j'ai envie de faire l'amour à des céréales ...

    Pourquoi pas ! C'est un concept !

    Pour chacune des pubs, peux-tu me dire quel genre d'émotion se dégage de toi lorsque tu les visionnes ?

    Mmmh ... alors, une par une ... Caprice des dieux pour commencer euh ... mon émotion, c'est que ça ne me donne pas envie de manger du caprice des dieux, déjà parce que j'aime pas le fromage, mais aussi parce qu'euh ... peut-être que les pubs en dix-neuf cent quatre-vingt-neuf étaient un peu moins percutantes que celles qu'on peut voir à l'heure actuelle et auxquelles je suis peut-être plus habitué, donc elle me parle moins au niveau contexte, au niveau ... même niveau casting maintenant ils prennent des play-boys et des play-men pour faire des pubs de fromage, là c'est des gens normaux ...

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    Qu'est-ce que tu mets sous la notion de "gens normaux" ?

    Ben c'est des gens comme nous, ce ne sont pas des gravures de mode, on les voit plus aussi à la télé. Euh ... après Céréales Lion, c'est la plus récente, celle que j'ai le plus en tête ... ce qu'elle m'inspire spontanément, je trouve le scénario assez drôle et euh ... et justement, le fait de mettre hors contexte de manger des céréales dans un avion, je trouve ça déjà décalé ... le fait aussi que ce soit un couple assez jeune, il lui susurre un truc à l'oreille tu sais pas trop quoi, j'trouve ça assez décalé aussi donc ils ont réussi à vendre le produit par l'humour et je trouve ça assez cool. Extrême c'est carrément la luxure, et c'est justement ... euh ... je pense c'était en référence aux sept péchés capitaux, j'pense, c'est comme ça que je vois ça, ils vendent le produit de la gourmandise par la luxure, c'est un peu les deux fers de lance de la société moderne et euh ... Ketchup Heinz, j'la trouve complètement débile, c'est le retour d'E.T, le mec qui se fait opérer du doigt pour pouvoir aller choper les dernières gouttes de sa bouteille ... ouais non, je ... elle m'inspire pas beaucoup, j'la trouve débile ... et euh ... elle aurait tendance à m'agacer, et Perrier je trouvais l'idée aussi très drôle et euh ... simplement mettre en scène une main qui caresse une bouteille qui petit à petit monte et euh ... et commence à pétiller de plaisir entre guillemets, j'trouve euh ... le parallèle assez sympa, voilà.

    Maintenant je vais te poser deux trois questions, sur chacune des pubs et je vais commencer

    par la pub Perrier...

    Nan !

    Si !

    D'accord !

    Donc, elle a été censurée en 1976, est-ce que tu trouves que la censure est justifiée ?

    Je ne sais pas qui était au CSA en 76 ...

    Le CSA a été créé en 1989 ...

    Ok donc euh ... est-ce que la censure est justifiée ? A l'heure actuelle elle ne le serait plus, en

    76 si, ça devait choquer les consciences ... oui, c'était la vieille école, tu ne montrais pas ça.

    Mouais !!

    Mais t'as pas 25 ans, tu ne peux pas comprendre, à cette époque-là t'étais pas née !

    Toi non plus

    Ouais mais moi je l'ai connue !

    Du coup cette pub est repassée à des heures de grandes écoutes pendant la période des fêtes pour le passage à l'an 2010, et elle a fait objet de polémique parce que des enfants étaient

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    susceptibles de se trouver devant le poste aux heures de sa diffusion... Qu'est-ce que tu penses de cette polémique ?

    Ben je ne m'en rappelle pas donc euh ... qu'est-ce que je pense de ça ? Ben ... les enfants voient bien pire maintenant et puis on a justement le CSA qui a mis en place un système de ... de prévention sur les films, sur les pubs, si vraiment ils avaient eu euh ... l'intention de ne pas diffuser cette pub à des heures de grande audience, ils l'auraient ... ils l'auraient censurée ... mais j'pense que oui, ça peut amener à débat, y'a toujours des gens qui sont conservateurs et qui ... dès que ... tu vas parler de sexe ou de tétons ou autre, vont s'énerver...

    Mais un gamin de dix ans, il ne va pas avoir forcément conscience de ce qu'il voit ...

    Mais tu réponds à mes questions ?

    Non je me permets de rebondir pour que tu justifies davantage tes propos !!

    Ingénieux ! Ben en fait, quand tu vois que y'a des petits à dix ans qui ont déjà vu des pornos enfin ... oui y'en a qui n'en ont pas conscience, qui sont encore naïfs, et tant mieux, mais les autres ont certainement vu pire que ça donc euh ... et on est encore dans le gentillet là.

    Ok maintenant en ce qui concerne le Ketchup et les Céréales Lion, est-ce que tu trouves que l'homme, par le produit vendu est infantilisé ou non ?

    Alors Heinz et les Céréales Lion est-ce qu'il est infantilisé ?

    Quand je dis l'homme, je parle pas de l'homme, l'humain mais bien du sexe masculin dans le spot !

    Ouais le personnage ?

    Oui voilà...

    Ouais totale.... ouais, ça dépend en fait la ... la notion que tu mets derrière infantilisé ... euh ... le produit ... euh ... enfin pour les Céréales Lion ouais probablement parce que c'est un caprice mais y'a aussi des adultes qui font des caprices, les céréales c'est quand même plus consommés par des enfants, j'pense que la pub s'adresse plus à des ados, des jeunes adultes et des enfants qu'à des adultes matures qui euh ... qui déjeunent au café, mais ... mais euh ... oui dans un certain sens il peut être infantilisé. Ketchup Heinz euh ... encore une fois je la trouve débile donc euh ...

    Et une infantilisation par le produit, non ? Le fait que ce soit du Ketchup et que le Ketchup en général c'est un produit consommé par des gamins, entre guillemets ?

    Euh ... le Ketchup Heinz ... le Ketchup Heinz, je le vois comme un produit haut de gamme, c'est celui historiquement des ... des McDonald's, des trucs comme ça ... ouais c'est pour les gamins mais euh ... En même temps, j'en consomme toujours autant, j'suis plus un enfant,

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    j'pense que ... j'pense que y'a pas d'âge pour consommer du Ketchup comme y'a pas d'âge pour jouer au tennis, voilà ... y'a pas d'âge pour les céréales non plus, si un peu, c'est ciblé, à l'arrière des paquets de céréales ils te mettent des jeux pour les enfants, des mots fléchés des trucs comme ça

    Comme sur le Nesquick !

    Ouais, ouais et dans les céréales, ils mettent des badges à l'intérieur, des ... des jeux à monter, dans les céréales, il faut que t'ailles y mettre ta main ou alors que tu renverses le paquet donc voilà !!

    Qu'est-ce que tu penses du désir sexuel et du désir alimentaire dans ces deux publicités, est-ce que tu vois un transfert de l'un à l'autre ... Si t'en vois un est-ce que tu peux dire lequel induit l'autre et comment ?

    Désir sexuel et ?

    Désir alimentaire.

    Désir alimentaire ?

    Mmmh (approbateur)

    Il faut les différencier ?

    Si tu les différencies oui, si tu trouves qu'ils se confondent non !

    Ben, dans Ketchup Heinz , j'pense que c'est plus le ... ouais j'vois plus le désir alimentaire en premier et après tu fais le parallèle avec euh ... ouais avec euh ... plus ou moins l'acte sexuel, le ... le long doigt qui est l'objet phallique par excellence, et euh ... céréales Lion j'pense que ... euh ... c'est à jumeler en fait, c'est du désir au sens large du terme sur de l'alimentaire et effectivement, le fait qu'il attrape sa copine par la cuisse et qu'il lui susurre un truc à l'oreille tu ... tu mets tout de suite ça en relation avec quelque chose de plus ... de plus intime que des céréales, mais je vois ... ouais, je pense pas que l'un induise l'autre, même si là dans la pub, comme c'est présenté, et si tu dois faire vraiment du début à la fin, effectivement c'est le désir sexuel qui commence pour finalement comprendre que c'est ... ça ...Voilà !

    Maintenant sur le caprice des dieux ... Euh ... la singularisation de l'homme, est-ce qu'elle t'interpelle ?

    Le fait qu'elle le choisisse lui plutôt qu'un autre ?

    Ben ta question fait déjà partie d'une affirmation de sa singularisation mais dans la globalité du spot ...

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    Ouais ben déjà t'as remarqué, c'est les deux seuls qui portent pas de bonnet ... j'ai vu ça et d'ailleurs ils ne sont même pas, ils n'ont même pas de skis à la main et ils sont dans un funiculaire, tu te demandes ce qu'ils foutent là, déjà là encore, c'est hors contexte, et euh ... est-ce que la singularisation de l'homme m'interpelle ? Non ! Non parce que déjà ils n'ont rien à foutre là tous les deux donc euh pas plus que ça ... il fallait les mettre dans un autre contexte, comme dernièrement ils l'ont fait dans un pré, au bord d'une falaise, j'pense que ... Euh ...

    Sur la plage aussi

    Sur la plage aussi ouais tout à fait, mais non ... ça ne m'interpelle pas.

    Ok est-ce que tu penses que le message du spot "caprice des dieux, caprice à deux" est justifié par la mise en scène, par le scénario ?

    C'est plutôt l'inverse, c'est le scénario qui est justifié par le message, non ?

    Ben je ne sais pas, dans la mesure où tu vois la pub et que tu entends le message après, le slogan vient confirmer, vient ... justifier le scénario, non ?

    Ouais mais ... mais après j'pense aussi que les marqueteurs ont pensé au slogan avant la pub et ils se sont dit "tiens par rapport à ça qu'est-ce qu'on peut développer" ... et ils les mettent dans un funiculaire et j'trouve ça plutôt marrant ... mais ouais j'aurais dit l'inverse, mais bon on peut en parler si tu veux...

    Ben vas-y développe !

    Tu peux me reposer la question s'il te plait ?

    Penses-tu, que le message du spot, caprice des dieux, caprice à deux, est justifié, par le scénario ?

    Est-ce qu'il est justifié par le scénario euh ... nan c'est le terme justifié qui m'embête ... Mmmmmh ... nan ! Voilà !

    D'accord !! Est-ce que la notion d'onanisme te semble appropriée au scénario ?

    Onanisme ?

    Onanisme, plaisir solitaire si tu préfères !

    Plaisir solitaire à deux ?

    En général, excuse-moi mais l'onanisme c'est seul !

    Ouais ouais ... mais c'est pour ça que je te pose la question ... euh ... nan mais d'ailleurs tu l'as

    sors d'où ta notion d'onanisme dans cette pub ?

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    Ben ça c'est à toi de me le dire, si tu considères que oui à un moment donné on peut la visualiser ou au contraire tu ne le vois pas. Eventuellement à la fin quand la femme mange son fromage toute seule...

    Mais y'a deux parts coupées sur le fromage

    Ben oui mais justement ...

    Donc tu ... tu le sens qu'elle est prête à partager, qu'elle est prête à se lancer dans ce ... ce grand truc qu'est le partage et le ... le don de soi, parce qu'euh ... parce qu'elle se sacrifie, donc justement y'a pas d'onanisme, elle se sacrifie pour partager son fromage...

    D'accord, d'accord, t'inquiète pas y'a pas de réponse positive ni négative, c'est ton point de vue qui m'intéresse pas autre chose !

    Concernant les glaces Extrêmes de Gervais, est-ce que la pub te choque ou pas ?

    Je la trouve extrêmement marquante, mais pas choquante ... enfin pas choquante parce que je vais probablement prendre mon pied en la regardant à la télé mais euh ... mais c'est vrai que pour l'époque, je m'en souviens, quand j'étais petit, elle était ... elle était marquante cette pub

    ...

    Elle n'était peut-être pas diffusée en entier à la télévision.

    Nan effectivement, j'pense pas, parce que je ne me souvenais pas des trucs de la bombe ... la

    ... quand elle essaie de décapiter la peluche, ça m'avait marqué.

    Ok !

    Donc est-ce qu'elle est choquante, oui ... elle pourrait l'être oui !

    Pourquoi ?

    Pourquoi ? Parce que c'est quand même violent, elle a une tronçonneuse, une hache, l'autre

    elle a un peu la coupe d'Uma Turman dans Kill Bill, c'est juste celle qui tue tout le monde ...

    excuse-moi et en plus elle la nargue en train de croquer son cône, encore une fois, cône,

    rapport au phallique, elle le met ...

    J'ai une question justement là-dessus !

    Non

    Si si mais si tu y réponds maintenant ce n'est pas grave.

    Donc euh ouais, ça peut être choquant ...

    Ok ben justement, est-ce que pour toi la matérialisation de l'homme par le cône est évidente ? Est-ce qu'on ne vient pas juste d'en parler ?

    Je t'avais prévenu ! Mais est-ce que c'est évident pour toi ?

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    Oui oui elle est évidente, enfin, elle est absolument évidente, enfin quand t'as ... quand t'as un

    peu de ... de bagage derrière, mais si, il y a le côté sensuel avec la façon dont elle mange la

    glace, c'est euh ... j'pense que c'est sur ce sur quoi ils jouent aussi, l'attitude, l'attitude de

    l'objet ... et l'attitude, -L' apostrophe attitude, pas la ... la latitude de l'objet.

    Nan mais j'avais compris merci !

    Nan mais fallait que je précise, c'est important pour moi !

    D'accord

    Je t'en prie ! Nan mais parce que vu que t'enregistre, ça va faire des séquences de blancs et tu

    vas devoir attendre comme ça, ça va être trop bien !

    Tout ce que tu dis sera retranscrit mot pour mot, je te l'ai annoncé au départ !

    Ah d'accord, on peut parler de toi du coup !

    Si tu pouvais éviter ce serait sympa !!

    D'accord

    Question suivante, qu'est-ce que t'inspire la clé en dernière image ? Pour toi, ce serait la clé de quoi, qu'est-ce qu'elle symboliserait ?

    La clé en dernière image ? Sur le téton, là ?

    Ouaip

    C'est un peu le ... on est évidemment sûr que c'est la clé du cadenas ... mais c'est aussi celle qui t'ouvre le ... la porte des plaisirs et ... et euh ... de l'addiction, ils mélangent ça dans la même pub, ils ont été très très forts ouais ... si je pouvais, je ferais l'amour au scénariste, c'est ... je coucherais avec lui sans problème ! Ouais, oui oui !

    Maintenant mes questions vont porter sur l'influence des publicités sur notre comportement, donc première question laquelle de ces pubs te pousserait davantage à consommer le produit ? Petite précision, pas par le produit, mais par la pub uniquement.

    Mmmh mmmmh ... Bah ... Extrêmes en fait ... parce que c'est celle où finalement on voit le plus le produit ... parce que dans Ketchup le produit arrive à la fin, Perrier tu ... tu vois le produit, bon ... c'est ... c'est de l'eau quoi euh ... les céréales c'est pareil, ça arrive à la fin, le caprice des dieux j'suis pas tellement fan et en plus pareil, ça arrive que à la fin ... Alors que ... alors que Extrêmes, tu la vois régulièrement en train de croquer dans son cône et euh ... en même temps c'est pas de l'alimentaire basique, primaire ... tu manges pas ça parce que ... euh ... il faut que tu survives, tu manges ça uniquement par plaisir et euh ... et on est tous un petit

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    peu gourmand, et moi notamment, d'ailleurs j'vais te reprendre un bonbon ... c'était pour faire une transition sympa, donc oui ... c'est la pub des cônes Extrêmes.

    Ok ! Est-ce que tu penses que la mise en scène de la sexualité a plus de chance d'influencer un consommateur qu'une pub dite entre guillemets, normale, autrement dit, sans connotation sexuelle quoi ?

    ...

    Est-ce que c'est un moyen efficace ? Est-ce que c'est judicieux ?

    Ben ça ... ça touche au basique, au primaire encore une fois, c'est euh ... c'est la pyramide de Maslow, tout ce qui est besoin primaire, c'est ce autour de quoi tourne à peu près toute la psychanalyse, toute la psychologie, et ce qui fera toujours réagir euh ... à peu près tout le monde, donc ouais ! Ça parle à tout le monde le sexe, tout le monde à des désirs sexuels ... En tout cas moi j'en ai et donc oui, ça me parle, et je pense que je ne suis pas le seul.

    Est-ce que tu trouves que ces pubs s'inspirent de notre société ?

    Dans le sens société européenne, société contemporaine, société ...

    Ouais ouais, celle dans laquelle toi comme moi vivons ...

    D'accord ... euh ... celle du Ketchup pas du tout, le frigo est bien trop grand pour être un frigo européen ... euh ... Extrêmes, c'est pas une scène que tu verrais tous les jours dans la rue, j'pense pas, remarque un mec avec un doigt de vingt centimètres de long non plus ... sauf quelqu'un de difforme ... et E.T euh ... Céréales Lion ben encore une fois, comme j'lai dit tout à l'heure, c'est carrément hors contexte ... la situation est sympa ... Caprice des dieux, c'est complètement hors contexte aussi ... et Perrier ... fffff ... à la limite, pour la manucure mouais ... et je crois que j'ai répondu à côté de ta question !

    Ben non ! Ma question c'était est-ce que ces pubs s'inspirent de notre société du coup, au vue de tes réponses, non !

    Ah oui ! Ben si en fait un peu parce que tu as aussi des éléments réels mais finalement ils mettent en juxtaposition des ... des produits qui sont pas à leur place dans ces contextes-là donc euh ... et puis honnêtement c'est aussi des dialogues que tu trouverais pas dans une situation normale entre guillemets, j'insiste bien sur le entre guillemets, et sur le normal, que j'ai mis entre guillemets ... donc euh ... y'a un fond de vrai parce que ... il faut se baser sur quelque chose mais après ils sont complètement partis en vrille les mecs ... voilà !

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    Est-ce que tu penses que les pubs, les cinq spots ont un impact sur notre manière de consommer, d'une part, mais aussi sur notre comportement social et intime ?

    Sur notre comportement social, intime et notre manière de consommer ... sur notre façon de consommer déjà, ben j'pense que y'a des gens qui sont plus ... plus perméables à certaines de ces pubs, plus réceptifs, qui vont probablement quand ils seront dans ... dans leur supermarché local ... aller plus vers ce produit-là parce qu'ils l'ont vu à la télé, et souvent maintenant, dans l'imaginaire commun, quand tu vois quelque chose à la télé, c'est forcément quelque chose... en moyenne, haut de gamme ... et euh ... ça c'est sur la façon de consommer, donc ils vont peut-être se diriger vers ça en se disant ben tiens ça c'est un meilleur produit je l'ai vu à la télé, c'est vachement bien ...

    Après il y a un certain recul à avoir ...

    Bien sûr, mais c'est pour ça justement que je te dis que y'a certaines personnes qui sont plus réceptives que d'autres, tu m'écoutes pas quand je te parle !!

    Si, si !

    On mettra ça sur le compte des 23h30 ... Voilà ! Y'avait aussi sur ?

    Sur le comportement intime et social ...

    Sur le comportement social, euh ... dans le sens où peut-être que oui, par ... par jeu ou par ... par comédie, tu peux reproduire des scènes que t'as vues dans les pubs ... mais par ... voilà, par fantaisie et euh ... comportement intime, j'me suis pas encore mis à caresser des bouteilles ... J'm'y mettrais peut-être, mais euh ... non y'a d'autres choses qu'on fait avec des bouteilles

    ....

    Est-ce que tu penses que certaines de ces pubs dépassent les valeurs morales de notre société, les règles, les codes déontologiques qui régissent notre société ? Est-ce que tu vois du sexisme, un traitement superficiel des corps un scénario qui dépassent les limites du politiquement correct ?

    Superficialité, sexisme, euh ... alors une par une : caprice des dieux ... C'est le décor qui doit être superficiel ? C'est ça dans ta question ?

    Non, non, les personnages !

    Ah les personnages ... ben pour le coup, je les trouve un peu niais, de toute façon, tous les deux ...

    Mouais ...

    Est-ce qu'il y a du sexisme là-dedans ? Nan, nan à la limite, la ... la ... la ... nan à la limite, la femme est force de proposition, elle lui propose du fromage, donc c'est forcément une fille

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    bien ... maintenant dans les céréales Lion est-ce qu'il y a du sexisme ... ouais c'est encore des hôtesse de l'air, toujours, on voit jamais de stewart ...euh ... sinon ... euh, ouais c'est encore la naïveté du mec qui a cet instinct animal, on n'en a pas encore parlé, mais qui euh ... qui veut assouvir ses désirs et qui s'apparente ouais euh ... à l'instinct animal ... dans la pub Extrêmes, est-ce qu'il y a du sexisme, des filles en shorty, qui se battent dans un appartement avec une hache, mouais, mouais ça peut être ça, ça peut être euh ... la femme-objet, de toute façon le désir ... le désir masculin, le fantasme masculin ça a été traité dans ce sens-là et euh ... les mettre dans une pièce ultra humide où elles transpirent , c'est ... ouais c'est ultra sexe en fait ... donc y'a une part de sexisme dans la façon dont est présentée la femme. Après y'a pas de dialogue donc euh ... on sait pas si elles sont superficielles ... moi la seule superficialité que j'y vois c'est euh ... c'est qu'elle est juste butée à vouloir son ... son cône glacé quoi ... et Ketchup Heinz ... elle est niaise la femme c'est euh ... c'est pareil, ça peut être sexisme dans le sens où euh ... elle a l'air d'être euh ... une, une femme bien charmante, bien dévouée à son mari, et voilà, elle parle pas du tout mais de toute façon y'a pas de dialogue, c'est essentiellement des regards, mais tu sens qu'euh ... tu sens qu'elle attend à côté de son mari, qu'elle est contente qu'il soit content !!

    Et dans Perrier ?

    Et dans Perrier, alors les dialogue j'adore ! Super les dialogues, euh ... est-ce que c'est sexiste ? Non pas spécialement c'est une très belle main manucurée qui caresse une bouteille, est-ce que c'est superficiel ? Oui totalement, est-ce qu'il y a un visage derrière, oui probablement aussi ... c'est marrant cette façon dont elle a de caresser la bouteille ... Voilà !

    Est-ce que tu vois une évolution des codes de la société et donc une évolution de la publicité au cours de ces dix dernières années ?

    En se basant sur ces publicités-là ?

    Ben pas forcément, disons en général, parce exemple le fait que Perrier ne serait probablement pas censurée aujourd'hui alors qu'elle l'était en 76 témoigne bien d'un changement quelque part ...

    Moi j'pense que oui ... que ... que y'a une évolution de la société oui ... y'a pas longtemps on avait une pub avec une fille qui chantait j'suis toute nue sous mon pull, c'est un peu de la provoc quand même, on l'a montrée à des gamins ... euh ... ben nan, mais ouais y'a une évolution, enfin, c'est euh ... les moeurs ... c'est la société qui évolue, les habitudes de consommation aussi, les gens sont moins naïfs ou alors se cachent moins euh ... cachent moins les tabous et on joue sur ça ... on joue sur cette valeur ... on essaie aussi de choquer les

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    gens parce que finalement, c'est en les choquant qu'on ... qu'ils retiennent, qu'ils se souviennent que ces produits-là, ça peut être « tiens pourquoi pas » ... ouais, faut marquer les consciences. Donc, c'est normal que la publicité elle évolue aussi vers quelque chose de plus choquant que ce qu'il y avait en 76. Et celle de 76, je la trouve pas extrêmement choquante parce que j'ai une mentalité d'un garçon qui ... qui vit en 2013.

    Le rapport entre le spot et l'aliment te semble-t-il justifié ? Si oui ou si non d'ailleurs, pourquoi ? En gros, est-ce que ça servait à quelque chose de faire une mise en scène dans la montagne, dans une télécabine pour du fromage caprice des dieux ?

    Caprice des dieux, ben je pense qu'ils jouent sur le fait que ... euh ... Ça peut se partager n'importe où, et euh ... N'importe quand donc la montagne c'était pas mal, parce que c'est un contexte dans lequel t'as pas forcément de fromage sur toi quand tu vas skier, moi je trouve ça pas mal ! Après, céréales lion, c'est pareil, encore une fois c'est totalement hors contexte et euh ... et est-ce qu'euh ... est-ce que y'a un rapport entre le spot et l'aliment ? ... pas vraiment, tu ne manges pas de céréales dans un avion, mais encore une fois ça marche tu vois, et puis ... et puis le fait que l'avion se transforme en zoo, j'trouve ça génial ... avec la p'tite dame avec son petit air choqué, elle est vachement sexy cette vieille ... euh le rapport entre le spot et l'aliment dans la pub Extrême ... est-ce que c'était justifié de faire cette pub-là ? Ils auraient pu en faire d'autres effectivement, moi je la trouve extrêmement percutante cette pub-là, mais encore une fois c'est parce que les modèles me plaisent ... donc euh ... oui ça peut être justifié et ça peut donner envie de consommer de la glace. Le Ketchup Heinz, le rapport entre le spot et l'aliment ? Lui aussi je le trouve très bien parce que le Ketchup Heinz c'est connu pour qu'il y ait toujours du Ketchup au fond du pot qui tombe jamais et c'est historiquement un truc euh ... en fait la bouteille ils l'ont sortie au début et c'est un Ketchup qui a plus de cent ans et ils l'ont jamais changée jusqu'à pas très longtemps où ils ont mis des bouteilles en plastique où tu peux ... où tu peux presser et ça tombe mais euh ... et c'était un peu le problème mais d'ailleurs fallait que tu mettes de l'eau et ça c'est, petite astuce attention...

    Avec la sauce tomate aussi tu peux le faire !

    Oui avec la sauce tomate aussi exact tu peux mettre de l'eau pour finir le pot ! Et Perrier, est-ce qu'il y a un lien entre le spot et l'aliment ben si parce que d'une certaine manière, ils arrivent à faire quelque chose, ils arrivent à faire d'une bouteille d'eau un minéral gazéifié, quelque chose de précieux parce que ... parce que finalement t'as un univers de luxe, enfin s'est mis en scène de façon un petit peu luxueuse, y'a cette main qui est assez chic et qui caresse la bouteille d'eau et euh ... on détourne un produit qui est complètement bas de

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    gamme en quelque chose de tout de suite beaucoup plus ... euh ... comment dire ... avec beaucoup plus de substance.

    Est-ce que tu trouves que ces cinq spots remettent en cause notre culture ? Est-ce que tu penses que c'est déplacé ? Est-ce que ... euh ... on ne devrait pas regarder des trucs comme ça ?

    Ah moins d'être Mormon et d'habiter dans le fin fond de la plaine américaine, non ! Non non, c'est des choses que tu peux, tu peux aisément comprendre ... quand t'es gamin tu lis des contes pour enfants qui sont bien pires que ça, bien plus décalés que ça et euh ... et avec plus de fantaisie que ça ... alors que là, c'est quand même raccroché au réel : les céréales ça se passe dans un avion ... nan ça ne me choque pas et ça ne remet pas en cause notre culture ... mais c'est quoi notre culture ?

    Très bonne question, ça dépend de chacun, de ses valeurs morales, de ses opinions, de ses origines, son éducation enfin voilà, j'pense que tu visualises un peu.

    Merci !

    Est-ce que tu penses que ces pubs sont trop libérées ou au contraire la mise en scène de la sexualité ne choque pas les consciences puisque dans tous les scénarios, il y a la présence d'un couple qui serait justement la garantie de la sexualité ?

    Alors déjà je t'arrête tout de suite, il n'y a pas de couple dans Perrier ...

    Pourtant elle sort deux verres ...

    Et alors ? Elle peut être avec une amie ... moi je bois bien du Perrier avec mes potes ... euh ... plus sérieusement, le couple amène pas forcément la sexualité, y'a des couples qui amènent euh ... autre chose, comme euh ... la sécurité, comme le côté euh ... familial euh ... grand confort, mais pas forcément la sexualité. Après est-ce qu'elles me semblent trop libérées ? Non, c'est des pubs, il faut que ce soit créatif, j'veux dire on ... quelle est la limite à ... quelle est la limite de la pub, y'a pas de limite en fait, la seule limite c'est celle que tu t'imposes et les créatifs euh ... vu qu'ils tournent tous à la coke ben euh ... nan euh ... Ils sont là, ils font leur job et c'est vachement bien, ils auraient même pu pousser plus loin pour certaines.

    Ok ! La sexualité te semble-t-elle un argument de vente viable en général, bon j'ai déjà posé une question de ce type précédemment mais bon ...

    Il me semblait avoir déjà répondu à une question dans le genre tout à l'heure mais à défaut de redévelopper, oui.

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    Dans la mesure où la publicité s'inspire de notre société, est-ce que tu penses que sous serions dans une consommation de soi à soi ?

    ...

    Déjà, est-ce que tu comprends ma question ?

    Oui tu veux dire en gros qu'on se projetterait plus facilement dans la pub parce qu'on ... parce qu'on s'identifierait aux personnages, c'est ça ?

    Oui voilà ?

    Tu peux répéter ta question ? Nan nan je plaisante ! Euh ... est-ce que ... est-ce que je peux me retrouver dans les personnages ? Ben ouais franchement ouais ! J'arriverais pas ... j'arriverais pas à rugir dans un avion mais ... oui, c'est des habitudes de consommation courantes, des produits même de consommations courantes, tout ceux que tu présentes là et euh ... et euh ... faut bien les mettre euh ... justement, il faut les mettre en avant de façon originale, parce que si tu les mets en avant comme tu les consommes tous les jours, c'est moins drôle, t'as moins l'impression d'être un héros, t'as moins l'impression de te démarquer, d'être quelqu'un de spécial alors que là, même si tu te projettes dans le personnage euh ... je sais pas moi, même de ... le niais-là de Ketchup Heinz, tu peux te dire que ça peut être cool d'avoir un super long doigt ... parce que lui il s'en sert pour un bocal de Ketchup mais ... imagine tout ce qu'on pourrait faire avec ... éteindre la télé sans sortir du lit ...

    Exact !

    Laquelle est-ce que tu as le plus mémorisée ?

    Ben en les voyant, ... Extrêmes ! ... après céréales Lion, j'la vois plus régulièrement parce qu'elle est actuelle, mais ouais, celle des filles, mmmh mmh.

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    ENTRETIEN CHANTAL GRANGE
    Durée : 55'

    44 ans - Intermittente du spectacle

    Questions générales dans un premier temps. Au cours de la dernière semaine, combien de fois es-tu regardé la télévision ? Disons en termes d'heures, une à trois heures, quatre à six heures, ou plus de sept heures ?

    Par jour ?

    Non non par semaine, cette dernière semaine.

    Euh... quatre à six.

    Combien de temps as-tu écouté la radio, pareil au cours de la dernière semaine et en termes d'heures, avec les mêmes propositions : une à trois heures, quatre à six heures ou plus de sept heures ?

    Euh... ... quatre à six aussi je pense parce que ... ouais quatre à six.

    Et combien as-tu feuilleté de magazines ? Un

    Qui était ?

    Télérama (rires)

    Quelle est la dernière pub que tu te souviens avoir vue à la télé ou sur internet ?

    La dernière pub....

    Pas forcément la toute dernière que tu as vue mais celle dont tu te souviens...

    Oui oui, dont je me souviens... ? euh... ah je me souviens d'une c'est sur les euh.... Homme qui peuvent pas faire plusieurs choses à la fois et qu'en fait si... y'en a un euh... qui est chez lui qui est en train de travailler et avec son pied il... euh ... il joue avec son petit là vous savez sur un... ah... j'ai perdu le mot... les bébés quand ils sont dans les euh ... comment on appelle ça...

    Une chaise haute ?

    Voilà, voilà, donc le père est à sa table, avec son ...euh ... il bosse en fait et avec son pied comme ça il joue avec son gamin... voilà, et la pub dit en gros, vous croyez que les hommes

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    ne peuvent pas faire plusieurs choses à la fois mais en fait si, mais je sais plus pour quelle pub c'est...

    Est-ce que tu es sensible à la publicité ?

    Euh ... de moins en moins ?

    Y'en a trop ?

    Non mais euh ... de moins en moins, oui. Avant ... y'a quelques années, j'y faisais plus

    attention... ouais, il y avait plus d'impact, je pense mais maintenant ... moins.

    Et est-ce que tu t'imaginerais vivre dans un monde sans publicité et surtout pourquoi ?

    Euh ... ben oui ... déjà on a enlevé la publicité dans la boîte aux lettres, voilà... et puis sans pub euh... fffff.... Oui ! Et puis même à la radio les .... C'est vrai que les chaines où y'a beaucoup plus de publicité ou de trucs comme ça, je suis moins accroc aussi.

    Est-ce que tu penses que la pub envahit notre société ? Et si oui et si non pourquoi ?

    Alors oui, toute forme de pub ?

    Oui

    Parce que y'a aussi genre tout ce qui est pubs téléphoniques.

    Oui tout confondu

    Alors pub téléphonique, ça m'envahit oui, pub euh... pub euh ... boîte aux lettres, ça m'envahissait, maintenant on a mis un panneau et c'est vrai que euh ... c'est pas plus mal. Pub euh... pub télé... euh fff... ça m'envahit peut-être moins parce que euh ... peut-être moins que pub téléphonique, pub radio y'a pas beaucoup de pub ou moins sur France inter, ou France musique que sur d'autres stations... parce que ces derniers jours j'écoutais un peu plus euh ... rires et chansons et c'est vrai du coup quand il y a la pub, déjà j'ai l'impression que c'est un peu plus fort et ... et ... c'est ... ça me dérange plus... ou même chérie FM ... c'est ... voilà ...

    Ils augmenteraient le son quand ils diffusent une page de pub ?

    Ouais voilà.... Ils augmentent le son, c'est toujours très rapide... donc je fais de moins en moins attention. Mais même à la télé mais bon ça permet de faire une pause et puis on peut baisser le son... remarque à la radio aussi on peut baisser mais euh... voilà quoi.

    La pub Perrier a été censurée en 1976 quand elle est sortie, est-ce que cette censure te semble justifiée ?

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    Euh... oui et non en même temps parce que bon, ça reste une pub, après euh ... à chacun de prendre du recul de pas non plus euh... dès qu'il y a quelque chose qui est un peu plus osé euh... voilà, de ne pas se sentir agressé non plus quoi.

    Elle est ressortie en 2009 et passée à des heures de grandes écoutes et des tranches horaires où des enfants auraient été susceptibles d'être devant, du coup ça a suscité des polémiques... qu'est-ce que tu penses de ces polémiques ?

    Euh ... ben je pense que déjà... euh ... il faut sensibiliser les enfants au pub... euh peut-être qu'à un certain âge on ne va pas rentrer dans des explications sur ce que la pub signifie subjectivement. Après nous on a un regard d'adultes aussi, je ne sais pas si les enfants réalisent... Je pense pas qu'eux, à dix ans ils puissent vraiment euh ... voir le sens euh... dérivé mais y'a certaines publicité que moi des fois j'ai regardé euh ... ben justement pour celle de la glace ou pour celle du yaourt où je me dis que pour un enfant ouais, des fois, ça peut être limite... et l'autre fois j'avais vu la pub euh... pub affiche cette fois avec euh... je sais pas si vous l'avez vu ... c'est une pub pour euh ... pareil j'ai du mal à accrocher pourquoi elle est faite, une assurance ou je sais pas quoi, une femme habillée en tenue d'infirmière vachement courte avec euh... décolleté euh...

    Dans un magazine ou sur...

    Non non, sur panneau d'affichage... et pareil je me rappelle de certaines pubs, comme une sur les peuh... prospectus, mais carrément les trucs d'outillage, de bricolage, les euh ... les dernières pages, y'a carrément des femmes euh ... qui posent en... voilà en tenue vraiment très sexy pour euh ... pour des tournevis ou des trucs comme ça ... ... non mais c'est vrai hein et euh ... au fur et à mesure, au fil des années, j'ai vu des choses que je ne voyais pas avant. Ouais... alors est-ce qu'avant c'était plus censuré ? Je sais pas... mais c'est vrai quand je suis tombée sur ce magazine y'a quelques années j'me suis dit mais euh ... ouais c'est vraiment très très, très suggestif et alors, est-ce que c'est notre regard d'adulte, est-ce que... ? On détourne tout ?

    Ben ouais voilà dans la mesure où on fait de toute chose un objet de désir.... Et puis en premier c'est la femme qui est utilisée quoi, ... c'est vrai.

    Pas dans adopte un mec.com...

    C'est vrai...

    Céréales lion et Ketchup ? Est-ce que tu trouves que l'homme est infantilisé dans la pub par le produit qui est vendu ?

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    (visionnage une seconde fois de chacune des pubs)

    Infantilisé je pense pas...

    Par le produit je veux dire ?

    Ah par la dépendance tu veux dire ?

    Ouais par le comportement aussi.

    Ben du moins ils le montrent quand même comme dépendant... oui forcément, vu que c'est une pub pour ce produit-là. Comme les céréales, généralement c'est pour des enfants, mais maintenant euh ... peut-être qu'on voit plus d'adulte avec euh.... Comme le yop ! Ben voilà ça me fait penser au yop, la mère qui dit à son fils nan mais je suis ta mère quand même et l'autre qui répond mais c'est mon yop ! Nan mais c'est mooooon yop (dit sur le ton de la pub) ! Oui c'est vrai, y'a un ... un glissement de terrain... (Rires).

    Dans ces deux pubs, est-ce qu'il y a un transfert du désir sexuel sur le désir alimentaire ou non, est-ce que l'un induit-il l'autre ou non ? Qu'en penses-tu ? Pourquoi ?

    Ben oui, c'est montré. Du moins pour moi je pense que c'est montré parce qu'euh... alors est-ce que un induit l'autre ? Euh .... .... Ben ce serait plutôt l'alimentaire qui induirait du moins le... euh ...c'est dans la ... comment dire dans le comportement des gens qu'on le ... euh ... qu'on comprend. Quand il se dépêche, par exemple ça me fait penser à une autre pub quand ils rentrent vite chez eux, qu'ils s'enferment, qu'on les voit enlever leurs habits, c'est pour quoi du coup ? ... Quand on les voit s'approcher du frigo... oui ils ouvrent et c'est pour euh un yaourt ou une connerie, ils s'enferment et on commence à entendre un peu des gémissements et vous voyez le produit ça me fait penser euh ... à ça.

    Et donc ce serait le produit qui induirait le désir sexuel ?

    Ben disons que je ne sais pas si y'en a un qui vient vraiment avant l'autre, c'est lié, mais comme la pub oui, genre la pub pour le yaourt ou euh... un truc comme ça, des fois on voit la femme qui est toute seule dans son appartement ou euh... souvent... on imagine célibataire et euh ... voilà elle va se faire un plaisir alimentaire et ... euh ... elle lèchera la cuillère ou euh... voilà.

    Est-ce que la singularisation de l'homme t'interpelle dans la pub Caprice des Dieux ?

    Parce que y'a ... euh ...

    C'est le seul en fait qui n'est pas en combinaison de ski en fait...

    Et ben tu vois quand je l'ai vu, j'ai vu qu'il était différent et je me suis dit nan mais attend on

    dirait que c'est lui qui est comme euh... le chauffeur un peu ... (rires) je vous jure j'ai dit nan

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    mais euh... mais oui ... c'est la réaction que j'ai eu, c'est celui qui s'occupe de la cabine mais après je me suis dit mais y'a personne qui s'occupe d'une cabine, et du coup euh ... oui. Il a pas du tout de bonnet, d'écharpe de gant, alors que bon... il fait quand même froid quoi !!!

    Est-ce que tu penses que le message du spot « caprice à deux, caprice des dieux » est justifié par le scénario et pourquoi bien sûr ?

    Ben euh ... caprice des dieux ben ça de toute façon c'est la marque du produit, du euh... tu fromage... mais du coup euh... caprice à deux ... euh ... oui parce qu'à chaque fois dans toutes les pubs ils se retrouvent à deux, c'est un couple qui se retrouvent... là, peut-être beaucoup plus parce que ... au début bon ben euh ... y'a la cabine qui est pleine et euh... après ils ne se retrouvent que tous les deux.

    La notion d'onanisme te semble appropriée par le spot ou non ?

    De ?

    De plaisir solitaire...

    Caprice des dieux ? De plaisir solitaire ?

    Oui !

    Euh....

    Tu veux la revoir ?

    Euh... non mais euh... là c'est plutôt euh... ça a rien à voir avec par exemple euh... la

    glace... ils sont deux-là mais euh.... Ouais je veux bien la revoir en fait !!

    Ok

    Redis la question ?

    Est-ce que tu vois une part d'onanisme dans le spot ?

    Plaisir solitaire ben non... non parce qu'en fait elle ne peut pas le manger toute seule son

    truc...

    Pourtant elle le mange toute seule

    Ah oui, j'ai pas ... j'ai pas fait gaffe. Il en mange pas lui ?

    Il en mange un bout mais le dernier morceau qu'elle lui tend, elle feinte et au final elle le met

    dans sa bouche.

    Ah ouais j'ai pas fait attention.

    Pour la glace Extrême maintenant, est-ce que la pub te choque ou non ?

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    Euh ... ben je l'ai jamais vue celle-là, j'en ai vu une ouais mais pas jusqu'à la fin. La fin de celle-ci je ne l'ai jamais vue ouais. Et euh... à la fin ouais elle me choque un petit peu, les dernières images ouais. Alors c'est très rapide mais ouais quand même.

    En fait elle n'est jamais passée entière à la télé.

    Ah oui d'accord, ouais.

    Et du coup pourquoi elle te choque ?

    Ah ben l'image euh... l'image du sein avec... euh ... voilà... euh comme un anneau ... mais c'est un anneau... voilà. Alors comme si en même temps elle ne pouvait pas accéder à je sais pas euh... au frigo, ouais elle peut pas accéder au frigo... elle peut pas accéder ... au corps de l'autre, elle peut pas accéder à .... J'sais pas ...

    Ben c'est la clé du cadenas

    Oui, oui oui !

    Est-ce que la matérialisation de l'homme par le cône te semble évidente ?

    Dans la... dans la... ?

    Dans la pub de la glace.

    Euh ... évidente euh ... (silence) euh... moi je la voyais, ouais ... je la voyais peut-être moins que dans celle de Perrier. Mais euh ... mais quand même un peu parce que quand on voit les gros plans sur les lèvres, euh... voilà avec le, ... le rouge à lèvres brillant avec les lèvres pulpeuses et bien ouvertes d'une certaine façon (mimique d'illustration)... on dirait qu'elles sont refaites... y'a souvent ça de toute façon, le rapport aussi à la bouche, la bouche qui mange et les lèvres euh... les lèvres sensuelles.

    Comment est-ce que tu interprèterais l'image de la clé ... si tu avais une signification à donner, laquelle serait-elle ?

    Alors l'image avec le sein ?

    Oui, la clé de quoi ?

    Ben... pffff... je n'arrive pas justement à donner vraiment une signification précise... la clé quoi, la clé du corps... moi c'est ce que je pensais qu'elle n'arrive pas à accéder euh... alors je me demande au corps de l'autre ou je ne sais pas.... Parce que c'est un corps de femme donc euh... Accéder au cône en passant par le corps de la femme. Parce que c'est bien un corps de femme... c'est assez ambiguë quand même avec le jeu sur le corps de l'homme et sur le corps de la femme. A la limite oui, ce serait une histoire euh... une histoire entre femme quoi ! Comme si elle ne pouvait pas accéder justement au corps de l'autre ! Au corps dans le

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    sens euh ... euh... découverte et euh et plus si affinité... ! Mais ce serait plus ouais, pour moi ... euh ... Un duel femme/femme...

    Sur les cinq vidéos en général : est-ce que tu vois une part de sexualité, une mise en scène de la sexualité dans les cinq spots ?

    Euh... alors euh... peut-être oui.... Oui si on fait attention à tout, au texte... oui.

    Est-ce que tu peux les classer de la plus sensuelle à la plus sexuelle ?

    De la plus sensuelle à la plus sexuelle ... alors euh ... donc on commence par un, la plus sensuelle. Alors attends les glaces et la pub de Perrier en dernier... après, céréales et ketchup au milieu par ce que oui comme je disais tout à l'heure, il y a un jeu sur le caprice du gamin... et euh.. caprice des dieux serait en premier.

    Donc la plus sensuelle ce serait caprice des dieux ?

    Et encore euh... et encore non, je ne suis pas sûre de mon classement parce que dans les céréales, c'est un peu comme s'il faisait son petit caprice tout seul... ouais voilà...je pense que ouais...

    Donc si on récapitule céréales lion en premier et caprice des dieux passe en second...

    Ouais...

    Il va quand même jusqu'à l'orgasme dans céréales lion...

    Oui, oui, mais c'est là aussi qu'il y a le tableau de l'enfant qui euh... qui joue... mais ouais en fait caprice des dieux elle est à la limite plus gentille. Après c'est le mot caprice quoi... ouais.

    Maintenant spontanément, sans réfléchir, vraiment, laquelle t'inspire le plus ?

    M'inspire... ?

    Oui... et pourquoi d'ailleurs.

    Alors qu'est-ce que ça veut dire inspirer (rires)

    Bien laquelle t'attire le plus ou je ne sais pas, te parle le plus dans le scénario, la musique, les

    acteurs...

    Euh franchement ? Y'en a pas...

    Aucune ?

    Non, y'en a plus non !!!! Le désir qui passe par euh.... Non, non.

    Ok .... Et laquelle te donne le plus envie de consommer le produit ?

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    Alors je dirais les glaces parce que j'adore les glaces mais voilà quoi ... mais c'est pas celle que je préfère non plus.

    Et sinon du coup si on juge en terme de spot ?

    Euh .... fffff.... Qui m'inspire le plus, qui me ferait le plus envie ... Perrier m'a donné soif quand même (rires). Mais oui voilà, ce serait peut-être celle-là qui me pousserait davantage à consommer le produit.

    Pour chacune des pubs, quelle(s) émotion(s) se dégage(nt) de toi quand tu les regardes, en somme quel est ton état d'esprit quand tu regardes chacune de ces publicités ?

    ...

    Si émotion il y a ...

    Ah ben oui, il y a toujours l'ambiguïté entre euh ... euh ... et ben le plaisir vraiment le plaisir de goûter quelque chose et euh... justement aussi euh... c'est la sexualité quoi, quand

    même... mais alors plus ou moins hein.... Oui ce serait le caprice des dieux le premier, le

    moins sexuel, parce que c'est vrai que c'est le scénario le plus gentillet quoi... mais en terme d'émotion, je dirais curieuse pour le ketchup, je l'avais jamais vu en plus... et euh... voilà

    après bon on commence à se poser des questions, on les voit courir là... et euh ...et puis finalement elle au bout du compte ... ben ... elle a rien quoi (rire) imaginer que aaaah ... elle allait pouvoir un peu goûter au ketchup mais rien du tout en fait... !! ben oui c'est ça et du coup lui il fait son truc tout seul... après céréales lion, ouais, pareil... et puis Perrier ben pareil aussi finalement... elle fait son truc un peu toute seule...

    Oui mais elle met deux verres !!!

    Aaah bon. Ah ben j'ai pas fait attention ... donc ça veut dire qu'elle attend quelqu'un ... ah j'ai pas vu ça... y'a des choses qui m'échappent ... mais je m'en rappelle j'avais fait un ... un

    euh ... comment on appelle ça ... un ... micro trottoir ! J'avais répondu à des gens dans la rue à Lyon et c'était pour des pubs justement et ils me faisaient regarder des pubs euh ... mais genre des choses qu'on voit juste vite fait, des flashs... et vraiment y'a des choses qui me...

    euh ... que vraiment je ne voyais pas quoi, qui me dépassaient... mais complètement, et c'est souvent des pubs qui correspondaient aux rayons où j'allais jamais en fin de compte, des

    sauces ou des trucs tout préparés... mais je me rends compte que oui, il y a des choses qui au fil des années m'échappent... ou alors est-ce que c'est le fait d'avoir des enfants... on est plus sensible aux images de la femme ou autres... enfin voilà, je sais pas.

    Après...

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    ... mais même rien que pour un parfum, qu'est-ce qu'il y a besoin de mettre une femme à poil ou presque... ? Ouais plein de trucs comme ça quoi... mais c'est sûr qu'ils jouent vraiment sur l'aspect euh ... sur le terme de plaisir ! Y'a des pubs qui euh ... qui te mettent euh... ah faites-vous plaisir, vous pouvez avoir ceci vous pouvez avoir cela...

    Laquelle de ces pubs te pousserait davantage à consommer le produit qu'elle vante ?

    Peut-être Perrier mais euh... c'est juste pour le produit plus que pour la pub en fait, parce que j'aime bien l'eau gazeuse... quoique.... mouais ... ffff ... ouais je sais pas !

    Est-ce que tu penses que la sexualité dans une publicité a plus de chance d'influencer un consommateur que dans une pub dite entre guillemets bien sûr, une pub dite normale ? Est-ce que ce serait un moyen efficace pour les producteurs ou pas ?

    Euh... je pense oui... parce que euh... parce que... parce que comme je disais tout à l'heure y'a des gens qui sont pas euh ... pas voilà ... ils ingurgitent tout ce qu'on leur montre et puis euh... et puis on se rend compte quand même que justement y'a souvent des pub de bouffe dans les publicités qui coupent les téléfilms et je pense qu'effectivement, y'a beaucoup de gens qui se lèvent et qui vont chercher quelque chose dans leur frigo ou dans leur placard... mais oui... parce qu'ils doivent se dire : ah tiens... ben oui !!! Et en-dessous ils te marquent ... euh ... pour votre santé, évitez le gras, salé, bla bla bla comme ça ... ça les dédouane... mais je pense que ça agit oui.... Et je pense que même des fois pour les gens qui vivent seules ou des trucs comme ça ... ben euh ... ben oui, on se dit ben ouais au moins on a un plaisir quoi ! Ou pas ...

    Est-ce que tu trouves que ces pubs s'inspirent de notre société ?

    Peut-être pour une partie des gens... euh... ben c'est qu'on est quand même beaucoup plus axé sur le sexe, on pense qu'on est à l'aise avec ça mais je pense qu'on ne sait pas non plus en parler avec nos enfants... quand même ... toujours... euh ... beaucoup de gens je pense, croient être à l'aise avec ça mais bon euh ... ça reste quand même pour moi ... euh ... de la vulgarité...disons que ce n'est pas avec la publicité que l'on peut ou que l'on devrait aborder le sujet de la sexualité, c'est dévié, c'est complètement dévié .... Mais c'est bien que ça doit marcher... alors est-ce que par exemple ce genre de publicité qui a été censurée dans les années soixante-dix, maintenant elle passe ... donc euh ... y'a bien aussi une évolution euh ... alors est-ce que après... et puis c'est toujours pareil, plus on offre de chose, plus les gens

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    après tombent dedans et puis euh ... et puis tombent dans la demande, quoi ... la demande est repoussée et du coup l'offre aussi.

    Est-ce que tu penses que les pubs ont un impact sur notre manière de consommer, d'une part mais dans un deuxième temps, est-ce que tu penses qu'elles ont un impact sur notre comportement social et intime ?

    Alors euh ... que ... euh ... qu'elles nous induisent notre consommation euh ... oui la plupart des gens hein, parce que c'est vrai je me rends compte qu'avant oui beaucoup plus, que maintenant en ce qui me concerne... Pareil euh ... tout ce qui est pubs euh ... pubs euh ... ah ! Pubs boîte aux lettres, sur les grandes surfaces, ben les gens ils ouvrent leurs trucs et chaque semaine ben ils se disent qu'est-ce que je vais acheter qui est le moins cher ou euh ... j'en prends deux, j'en paie un, j'en prends trois, j'en paie un et demi comme ça j'en ai plus ou euh ... je pense que oui, que ça, ça marche mais euh ... les cartes fidélités dans les magasins, les trucs comme ça... Parce que c'est vrai, on a ... on a quand on regarde des pubs quand c'est la pause bon ben ça ... ah ouais tiens, ça sonne dans un endroit du cerveau quoi... voilà... et la fin de la question c'était ?

    Est-ce que tu penses que certaines personnes par exemple vont s'inspirer de la publicité à connotations sexuelles dans leur vie intime, au sein de leur couple ?

    Ah peut-être ... peut-être parce que tu vois des fois rien qu'en les regardant on se dit ah ben tiens, euh... des fois on s'imagine faire un ... un diner en amoureux et peut-être qu'il y a ... voilà, qu'il y a quelque chose qui euh ... je sais pas ... peut-être ouais qu'il y en a qui s'en inspirent ...

    Est-ce que tu penses que, dans ces cinq spots ou dans les pubs en général ... que certaines dépassent les codes moraux, déontologiques, les valeurs morales de notre société ? Par exemple le sexisme, le traitement superficiel des corps... ?

    Ben oui c'est euh ... comme je disais aussi la pub pour des parfums ou tous des trucs de cosmétiques, on a l'impression que ce sont des objets quand même quoi, des fois. Et après on se rend compte qu'il faut d'un côté faire de la prévention, de l'éducation sexuelle, autrement, au collège ... mais je trouve que voilà ... rester que là, c'est quand même euh ... c'est quand même grave ouais. N'avoir que cette image-là voilà quoi, c'est un peu interpelant et il faut avoir un certain recul et je pense que certains ben euh ...

    N'en prennent pas ?

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    Oui mais non, comme je disais tout à l'heure, y'en a, c'est une banalité, ça ne les dérange pas. Maintenant, on s'en fiche de voir euh ...comme euh ... ces deux trois pubs qui m'interpellent euh ... voilà, ça passe dans les euh ...

    C'est rentré dans les moeurs ?

    Voilà c'est ça, c'est rentré dans les moeurs, on voit une femme à moitié déshabillée pour des outils, pour euh ... pour une boîte à outil, ou à côté d'une voiture, ou même y'avait pas une pub là pour euh ... pour euh ... je sais plus pour quelle marque mais avec une nana qui lavait les essuie-glaces ou les pare-brises... Mais alors il arrive à savoir que ça marche ça ou euh ... ils font des inventaires dans les magasins ?

    Non je pense qu'ils font des enquêtes nationales sur les pratiques de consommation des français.

    Est-ce que le spot te semble justifié par rapport au produit vendu ?

    Est- ce que ça vaut tout ça ? (Rires)

    Oui voilà... est-ce qu'on avait besoin de faire une mise en scène dans un avion pour vendre des céréales lion...

    Pour moi non ! mais euh après, après euh ... pour moi non... mais c'est toujours après voilà, ça joue sur la sensation, toute sorte de sensations d'ailleurs et j'ai l'impression qu'il faut que ce soit de plus en plus des sensations fortes, comme dans les jeux vidéo, dans les trucs comme ça, des fois tu vois des euh ... des sensations toujours plus fortes, parce qu'on recherche toujours plus de plaisir quelque part alors que au final euh ...c'est pas en en cherchant plus avec n'importe quel moyen que euh ... que quelque part on va être mieux quoi, ou plus à l'aise avec ça... mais c'est plus voilà, c'est plus aller dans les sensations fortes, avoir l'impression que ce sera encore mieux et que ... voilà ... (pause) Mais je pense que si ça se trouve y'a des mecs qui mangent ces céréales le matin et qui se croient forts comme des lions hein ... mais je pense hein attendez ... nan mais je pense que quelque part, c'est possible parce que euh ... nan mais je pense hein, parce que euh... après dans les magasins, ils mettent pas non plus les produits n'importe comment, ils savent très bien qu'on va passer en premier dans telle allée ... ou alors après y'a certains aliments on sait qu'on les prend euh ... parce que quand même, ça a un goût meilleur euh ... et après on peut très bien se dire ah ben ouais j'ai vu cette pub-là, tiens je vais goûter... oui je pense que ça peut ... que ça peut influencer.

    Est-ce que les pubs te semblent trop libérées ou au contraire, tu trouves que le couple dans chaque spot est une garantie de la sexualité qui y est mise en scène ?

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    Ah oui alors euh ... pas toute. Pas toutes du moins-là d'ailleurs dans la pub des glaces, c'est plus ambigu, l'homme on ne le voit presque pas, comme s'il n'était presque pas là ... et du coup c'est euh, plus un couple de femmes. Mais alors dans la pub Perrier il n'y a pas de couple...

    Oui mais la femme met deux verres sur la table basse quand même !

    Revisionne la pub du Perrier

    Ah oui ! Y'a effectivement deux verres ... ah ben j'avais pas fait attention la première fois... mais bon, je ne vois pas le couple partout, dans toutes les pubs, non ... dans la pub Perrier, comme je disais tout à l'heure pour la pub yaourt, je vois plus la femme et l'objet de la pub quoi. Dans céréales, pareil, il fait un peu son truc tout seul quoi...

    Alors au début de la pub, je ne sais pas si tu as bien vu mais il met une main sur la cuisse de sa copine

    Revisionne la pub des céréales lion

    Oui... oui effectivement oui, il lui chuchote des trucs à l'oreille... alors dans ces cas-là est-ce que le partenaire laisserait pas l'autre libre dans son plaisir et s'effacerait un peu au second plan aussi ? Par contre le ketchup c'est encore autre chose, elle, elle en a envie, mais lui il fait un peu son truc dans son coin quoi... c'est un peu égoïste quoi, il utilise son doigt tout seul. Et par contre, dans caprice des dieux, ben oui c'est évident en plus ils larguent tous les autres donc oui on a bien le couple comme garantie de la sexualité.

    Est-ce que la sexualité te semble être un argument de vente viable en général ?

    Oui, oui, je pense qu'il y a un impact sur les gens parce que effectivement y'a euh ... voilà ... de plus en plus de sensations fortes, de plus en plus de plaisir ... on veut être dans la notion de plaisir parce que euh ... évidemment les gens sont en plus de plus en plus dans la notion de bien-être, euh ... tous les euh ... toutes les euh ... même pour les hommes maintenant, les trucs de bronzage, les machins pour le corps ... et du coup on est de plus en plus dans la ... dans le bien-être de soi-même, dans la ... peut-être dans la ... dans une certaine liberté de sexualité mais bon ... et du coup, oui on cherche des sensations nouvelles euh ... mais lequel induit l'autre ... ?

    Est-ce que tu penses que la pub dans la mesure où elle s'inspire de notre société, serait un moyen de se consommer soi-même, une consommation de soi à soi ?

    Euh... je vois pas ...

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    Les concepteurs rédacteurs qui créent la pub, la font en fonction de ce que nous, on a grande chance de consommer, et du coup, du fait qu'ils répondent à nos envies et s'inspirent de la réalité dans les scénarii, on peut facilement s'y retrouver et on serait en quelque sorte confrontés à notre propre quotidien et donc on se consommerait inconsciemment... on se regarderait nous...

    Ben oui, je pense, puisqu'ils savent ce que le consommateur achète, je pense qu'euh ... il y a un travail qui est fait pour connaitre nos habitudes ouais. Rien que sur internet on tape chaussure dans Google et c'est bon, on est fiché par Sarenza !

    Donc on se consommerait ?

    Ben oui je pense euh ... oui je pense que y'en a sûrement qui se disent que ce sont des lions quand ils mangent des céréales.... Pareil tout ce qui est glaces, boissons, rafraichissant, ça peut travailler sur le conscient ou l'inconscient des gens.

    Laquelle est-ce que tu as le plus mémorisée ?

    Euh ... ben du coup je les ai toutes bien en tête... !

    Oui, c'est sûr ben disons celle dont tu te souviens le plus des détails ... Euh ... les glaces extrêmes oui, c'est aussi celle qui m'a le plus interpelée.

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    ENTRETIEN CHRISTOPHE DELORD
    Durée : 40'

    43 ans - professeur de musique

    Questions générales dans un premier temps : au cours de cette dernière semaine : combien de temps est-ce que tu as regardé la télévision écouté la radio et combien de magazine est-ce que tu as feuilleté ?

    Euh ...

    En terme d'heures donc pour la télé et la radio... j'ai plusieurs propositions : une à trois heures, quatre à six ou plus de sept. Et en quantité pour les magazines.

    La télé je dirais quatre à six heures ouais très tard le soir souvent, la radio je dirais une à trois heures et lu les magazines une à trois heures aussi... un magazine.

    Qui était ?

    Sciences et avenir.

    Quelle est la dernière pub que tu te souviens avoir vue ?

    Long moment d'hésitation ...

    Pas forcément la toute dernière que tu as visionnée mais du moins celle que tu te souviens avoir vue.

    Une dont je me souviens ...euh ... pas facile ... silence ... nan mais j'en ai pas, j'arrive pas à me souvenir ...silence ... pfffff ... je sais pas ... c'est terrible ... je crois que c'est dimanche matin en fait c'est pour ça ... silence ... ah si ... je sais .... Clooney, la pub de Georges, la pub du café ouais.

    Laquelle de Clooney ?

    Celle où il est sur la terrasse là et que la fille crie « Georges est à l'intérieur » pour lui piquer son café.

    Est-ce que tu es sensible à la publicité en général ?

    ...

    Publicité télé, radio...

    Ouais ... à la télé ouais plutôt, moi je... je ... je trouve qu'il y a des choses qui sont bien foutues, qui sont bien faites.

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    Est-ce que tu penses que la publicité envahit notre société, notre quotidien ? Pourquoi ? Moui parce que y'en a plein les boîtes aux lettres, y'en a ... plein les panneaux d'affichage, y'en a ... à la télé sans arrêt et qui, souvent coupent euh ... coupent des choses qu'on a envie de regarder d'un seul tenant et euh ... c'est vraiment pas nécessaire en fait.

    Est-ce que tu t'imaginerais vivre dans un monde sans aucune publicité ? Et si oui pourquoi et si non pourquoi ?

    Ouais ... je pense que oui ... parce que ... euh ... parce que quand j'ai besoin de quelque chose, je vais le chercher en fait ... et j'ai ... j'ai pas forcément envie qu'on me ... qu'on me crée le besoin quoi !

    Maintenant on va passer à des questions générales sur le corpus des cinq vidéos. Donc globalement, est-ce que tu vois une part de sexualité, une mise en scène de la sexualité dans ces cinq spots publicitaires ?

    Alors y'avais ... Perrier ...

    Perrier, caprice des dieux, céréales lions, le ketchup et les glaces ...

    Ben oui, dans toutes ... Dans les cinq, oui, effectivement, plus ou moins prononcée dans chacune mais euh ... oui dans toutes.

    Et si tu devais les classer de la plus sensuelle à la plus sexuelle qu'est-ce que tu dirais ?

    De la plus sen-su-elle à la plus... ?

    Sexuelle oui !

    euh ... ouais en fait du plus soft au plus ... au plus dur quoi ...

    Oui

    Alors attends redis, y'a Perrier, le Caprice des dieux, Céréales Lion ...

    Les glaces Extrême et Ketchup.

    Alors euh ... Caprice des dieux ... après euh ... céréales Lion ... euh ... On va dire Ketchup

    après ... Extrêmes et puis euh ... et Perrier.

    Spontanément, sans réfléchir donc, laquelle t'inspire le plus ? Et pourquoi ? Celle qui te parle le plus disons ...

    C'est sans doute euh ... euh ... le caprice des dieux ... ouais ... après expliquer pourquoi ? euh ... j'la trouve plus ... ouais elle est plus douce quoi ... elle est ... elle est plus respectueuse, j'trouve ... enfin j'sais pas comment dire ...

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    Après ça peut être au niveau des acteurs, du scénario, de la musique...

    Ouais je pense que l'atmosphère m'inspire ... le fait que ce soit la montagne, j'sais pas pourquoi, ... non je sais pas pourquoi, peut-être parce que j'aime bien ... parce que je m'y retrouve aussi un peu, non mais euh ... ouais parce que la montagne c'est peut-être un besoin d'être proche de la nature et peut-être parce que c'est un milieu hostile ... et y'a ce côté euh ... chercher de la chaleur dans un environnement froid ... et se trouver à deux alors que dans la cabine ils sont ... ils sont plein quoi ... y'a ce côté discrétion aussi ...

    Laquelle de ces pubs te donne le plus envie de consommer le produit, produit qu'elle vante dans le spot bien sûr ?

    Alors surtout pas le Ketchup, ce doigt-là, ce doigt, c'est ... c'est voilà quoi ... sinon y'a les glaces ? Euh ... non en fait ... après il reste les céréales ... non plus ... après caprice des dieux ouais ou Perrier ... j'hésite ... j'sais pas ... j'ai l'impression que c'est Perrier ... je sais pas pourquoi ... j'ai du mal à l'expliquer ...

    C'est la soif ?

    Ouais je ... je ... peut-être ... ça doit être ça. Y'a qu'un truc qui est mal fait à la fin ... on dirait qu'ils ont fait exprès un petit bouchon pour que ça parte en ... en ... ou ils ont truqué l'image ... pour que ça parte en plein de petits jets ... très réguliers en fait ... comme une sorte de fontaine et euh ... et ils auraient dû faire quelque chose de plus ... de plus aléatoire en fait ...

    Quelles émotions se dégagent de toi lorsque tu regardes chacune de ces pubs ?

    ...

    Par exemple, ça peut être de la curiosité, de l'indifférence, de la frustration ...

    Ben euh ... la Perrier j'suis blasé parce que euh ... d'entrée de jeu on sait déjà comment ça va finir ... après euh ... Caprice des dieux, ça ... je trouve ça drôle en fait ! C'est attachant ... Euh ... les céréales ... c'est vrai que c'est délire, quoi, c'est super rigolo ... c'est excessif mais c'est ça qui fait que c'est super drôle ... après y'avait ... après euh ... Ketchup euh ... écoeuré en fait, ouais j'ai été écoeuré par le Ketchup et puis ... les glaces ... ben ... curieux en fait les glaces parce que la fin ... c'est dans le dénouement en fait ...

    C'est une pub qui était passée à la télé, je n'sais pas si tu l'as vue mais elle n'était pas entière. Non je ne l'ai pas vu ... nan j'ai pas souvenir ...

    Pub par pub : je ne sais pas si tu le sais mais la pub Perrier a été censurée en 1976, est-ce que cette censure te semble justifiée ?

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    Non... pfff .... parce que c'est grossier pour moi, c'est pas créatif en fait, j'trouve ... après je réponds peut-être pas à la question de la censure mais euh ... j'sais pas.

    Elle est ressortie dans les années 2009, au moment des fêtes de fin d'année et du passage à l'an 2010, et elle a fait l'objet d'une polémique dans la mesure où elle était diffusée à des heures de grandes audiences et des tranches horaires où les enfants avaient de grandes chances d'être à ce moment-là devant le poste de TV ? Voilà pour la petite histoire et ma question est, que penses-tu de cette polémique ?

    Ben ... ouais j'trouve que c'est ... j'trouve que c'est un peu justifié, on l'a censurée en 76, euh ... j'veux bien que les moeurs évoluent et que euh ... on évolue aussi, mais ...euh ... y'a des choses quand même qui ... auxquelles il faut faire attention parce que nos enfants ben voilà c'est ... y'a des choses je pense qu'on peut pas ... banaliser, ouais y'a des choses qu'il ne faut pas banaliser non plus quoi, j'crois.

    Si maintenant on s'intéresse à Ketchup et Céréales lion, est-ce que tu trouves que l'homme est

    infantilisé par le produit vendu d'une part, mais aussi par le scénario ?

    Mouais ... ouais quand même.

    Pourquoi ?

    Ben déjà Ketchup, on en fait plus un produit euh ... c'est plus un produit consommé par les

    gamins, ... qui attirent les enfants ouais, je trouve.

    Et dans la pub des céréales ?

    Céréales lion ... ... est-ce qu'il est infantilisé, c'est ça la question ?

    Oui.

    Ben un petit aussi ouais quand même, parce qu'en plus il est assis à côté d'une jeune femme

    donc euh ... mais l'homme dans la notion de l'homme avec un grand H, l'humain, ou euh ...

    l'homme comme genre homme femme ?

    Oui oui, l'homme le masculin dans la pub ?

    Ah ben oui ... quand même mais euh ... moins que dans Ketchup quoi. Parce que euh ...

    Parce que ?

    Non je sais pas ... parce que ... euh ... dans le côté animal, je sais pas, le lion c'est un animal

    donc ça fait plus référence à l'univers des enfants aussi, les animaux tout ça ... et puis la fille

    qui se bouche les oreilles à la fin aussi ... on dirait que c'est quelque chose qui se passe

    souvent, elle est habituée à ça et du coup, elle elle se bouche les oreilles alors que les autres

    sont pas prévenus.

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    Que penses-tu du désir alimentaire et du désir sexuel ? Est-ce qu'il y a de l'un à l'autre, est-ce que tu penses que l'un induit l'autre et si oui pourquoi, voire même comment ?

    Je sais pas trop comment il se fait mais je pense qu'il y en a un ouais et euh ... Du désir alimentaire vers le désir sexuel je ... j'pense qu'il doit y avoir pas mal de connexions peut-être, je sais pas ... parce que y'a ... y'a un peu tous les sens qui sont mis en éveil quand même ... y'a la vue sur la forme des produits, le visuel tout ça ... y'a aussi le toucher qui est important j'pense ... j'pense ça joue peut-être mais bon ... après dans quelles mesures, je sais pas hein ... Donc ce serait lequel qui induirait l'autre, si il y a un transfert ?

    Moi je dirai plutôt l'alimentaire vers le sexuel, mais je sais pas ... c'est dur.

    Dans la pub Caprice des dieux, est-ce que la singularisation de l'homme t'interpelle ?

    ... la singularisation de l'homme ... c'est à dire que ...

    Ben déjà du fait qu'il se démarque des autres

    Ouais ... oui elle interpelle oui parce que y'a des ... y'a des combinaisons identiques pour les

    autres et pas lui en fait, c'est ça que tu veux que je réponde ... enfin que tu attends comme

    réponse ...

    Pas forcément, je note ton propre point de vue et j'analyse par la suite !!

    Ouais ben ouais c'est net, c'est très très net, les autres ils sont bien rangés, tous en rang

    d'oignons et tous habillés pareil ... ouais c'est clair qu'il se démarque des autres.

    Est-ce que tu penses que le message du spot caprice des dieux caprice à deux est justifié par le scénario ?

    Pffff... c'est compliqué vos questions ... !! Euh ... ben oui, oui, le scénario est assez explicite il me semble ... ouais.

    Tu peux regarder la pub une seconde fois si tu veux...

    Revisionne la pub

    Ben oui là ... Et puis en plus elle vient le chercher, elle est au fond de la cabine au départ et elle va vers lui quoi je me rappelais plus de cette image... pourquoi lui par contre ... pourquoi lui ...

    La notion d'onanisme te semble-t-elle justifiée par le spot ? J'me rappelle plus ce que c'est que l'onanisme ...

    Le plaisir solitaire !

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    Ah oui c'est ça voilà ... (silence) ... sur la fin là ouais elle lui fait .... Elle lui fait une feinte non, elle ramène le fromage à sa bouche après lui avoir tendu .... mmmm ... mais euh ... non pas trop en fait ... c'est plus un jeu, c'est plus anodin je trouve, je sais pas ...

    Concernant les glaces Extrêmes, est-ce que la publicité vous choque ? Oui ? Non ? Pourquoi ? Ouais je trouve que c'est un peu violent, c'est un peu beaucoup pour une glace ... (rires) pour un cornet !!

    C'est une glace extrême en même temps, elle porte bien son nom...

    Ouais c'est vrai mais bon ... qu'est-ce qu'ils vont faire pour le magnum ... (rires) ouais en fait ouais, elle m'touche pas vraiment cette pub ... ça me parle pas en fait. C'est trop exagéré comme spot.

    Est-ce que la matérialisation de l'homme par le cône te semble évidente ou pas ? Non ... pas du tout !

    Qu'est-ce que tu donnerais comme signification à la clé en dernière image ? Ce serait la clé de quoi ?

    C'est la clé du frigo !! La clé du cadenas, qui ... qui est sur le frigo... ah je vois pas autre chose moi .... ouais. Mais par contre je vois le côté euh ... lesbien de la pub ... enfin il me semble. Elle aurait pu aller chercher la clé hein ... directement ... mais euh ... On dirait que c'est son amie la fille-là ... je sais même pas à qui est le sein à ce moment-là !!!

    C'est le sein de la fille avec les cheveux roux, lisses et au carré

    Celle qui mange la glace ?

    Ouais ouais.

    Aaah ouais ça pourrait être l'homme en fait du coup ...

    Disons que ça pourrait être la clé du paradis, de l'accès à tous les plaisirs, tant sexuels qu'alimentaires, mais après si vous ne le voyez pas spontanément...

    Mmmm ... non ... mais je pense que les publicitaires quand ils construisent le truc, c'est comme nous les artistes en musique et tout ça, il faut un moment euh ... faut arrêter les ... faut arrêter de développer j'pense ... du moins si on veut que ça soit compris par les personnes qui vont le voir ... des fois ils partent dans leur truc-là mais euh ... mais bon peut-être que je ne le vois pas non plus mais que certains vont le voir ...

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    Maintenant je passe à des questions d'influences et de comportements. Laquelle de ces pubs te pousseraient à consommer davantage le produit qu'elle vante ? Eternelle question, pourquoi ! ... peut-être euh ... peut-être les céréales. Parce qu'en fait j'en mange pas des céréales, j'en bouffe très, très rarement et euh ... j'ai l'impression que ça donne vraiment de l'énergie (rires)

    ...

    Est-ce que tu penses que la publicité axée sur la sexualité a plus de chance d'appâter un consommateur qu'une pub lambda, sans connotation sexuelle ? Est-ce un moyen efficace et pourquoi ?

    J'pense pfffff ... si ça l'a été, peut-être euh ... peut-être que maintenant ça l'est vachement moins ... ouai je pense parce que ... on en fait tellement que euh ... En plus y'a plus le même impact je crois ... Et je pense qu'une bonne pub, bien tournée, drôle, ou ... ou, ou très artistique, dans la ... dans la ... dans l'image, elle peut avoir autant voir même plus de poids je pense. Ouais je pense que c'est un peu ... c'est plus très original maintenant je trouve, ouais ... y'a que ça, les bagnoles ... tout, tout, c'est que ça.

    Est-ce que tu trouves que ces pubs s'inspirent de la société ?

    ... euh ouais ... ouais parce que c'est euh ... ils montrent pas le plaisir de partager le produit, vous voyez ... par exemple dans caprice des dieux ben ils ne sont que tous les deux, ils sont isolés dans la cabine, dans céréales lion, dans l'avion, au final ils ne sont que tous les deux dans leur délire ... les autres sont exclus en fait ... Extrêmes c'est pareil, Ketchup c'est pareil, c'est très refermé sur soi-même quoi c'est ... ouais et puis la pub elle vient à l'intérieur j'pense des ménages ... ouais des ... des ... enfin disons qu'on voit pas trop le message de partage avec le plus grand monde ...

    Donc pour résumer tu pointerais du doigt l'individualisme de la société, illustré dans ces publicités ?

    Un petit ouais j'trouve.

    Est-ce que tu penses qu'elles ont un impact sur notre manière d'une part de consommer, et d'autre part, un impact sur notre manière de se comporter en société et dans la vie à deux, dans l'intimité du couple ?

    Ben ouais elles ont un impact sur le comportement social parce que ... euh ... à partir du moment où on les regarde euh ... on fait pas autre chose déjà et comme y'en a beaucoup ... J'pense qu'elles ont un fort pouvoir sur les enfants, les adultes moins mais sur les enfants euh

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    ... des petits spots, ils sont courts, ils sont souvent drôles euh ... voilà, il y a beaucoup de choses à voir en peu de temps et du coup, j'pense que les enfants ... euh ... c'est bien fait, et puis c'est comme ça qu'ils découvrent ce qui existe ... après c'était quoi, sur la manière de consommer ?

    Oui, la manière de consommer et le comportement intime ...

    Ben la manière de consommer, certainement aussi parce que ... euh ... les pubs nous rappellent que certains produits existent, mais bon on va pas forcément les consommer, donc euh ... dans une mesure minime quand même je pense et euh ... comportement intime ? ... J'crois pas mais en fait ... je sais pas. Peut-être que pour certains c'est le cas.

    Est-ce que tu penses que certaines pub dépassent les valeurs morales de la société, les codes déontologiques, notamment dans le traitement des corps ou autres ?

    Réflexion ... mouais j'sais pas ... la femme apparait presque plus comme dominante là finalement ... parce que le Perrier euh ... c'est elle qui gère le truc euh ... la bouteille elle est fixe, y'a pas de ... l'objet est fixe est euh ... la glace c'est aussi une femme finalement qui a le pouvoir avec la clé et euh ... le frigo qui est fermé ... le Caprice des Dieux, pareil elle euh ... à la fin on sent que c'est elle qui décide si l'homme il va manger ou pas euh ... du fromage. Alors je suis plus sur le traitement de la femme-là, je sais pas si ça rentre dans le cadre de la réponse concrètement...

    Si si, mais après ça concerne aussi les valeurs de la société en général, si les pubs sont sexistes ou non, si elles dépassent la limite du politiquement correct ou non...

    Est-ce que tu trouves qu'il y a une évolution des codes de la société au cours de ces dix dernières années et donc une évolution en conséquence de la publicité ? Lesquelles ?

    Au cours des dix dernières années ? Non je sais pas j'ai pas de ... Non peut être que c'est plus subtiles ces dernières années, je sais pas en fait, peut-être que je me trompe...

    Le rapport entre le spot et l'aliment te semble-t-il justifié ?

    Caprice des Dieux non ! J'pense que ça euh ... ça aurait très bien pu se passer n'importe où euh ... dans un autre lieu ... une montagne pour vendre du Caprice des Dieux je vois pas trop. Euh ... Céréales Lion ouais lion, il y a le coté évasion peut-être, ils sont dans un avion ... et des lions en France à part dans les zoos ou en Afrique quoi ... au Kenya ou je sais pas ... Extrême euh ... Ouais euh ... y'a le nom du produit qui est lié au spot mais après est-ce que le produit lui-même est lié au spot euh ... j'suis pas sur quoi ... déjà ... pour moi euh ... une glace

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    en cône reste une glace en cône et aussi bonne soit elle, c'est pas parce qu'elle s'appelle Extrême ... j'trouve que c'est un peu exagéré ... Ketchup euh ... non je vois pas de ... j'vois pas de lien. Perrier euh ... le Perrier on est dans un bar j'crois ... non Perrier, je l'aurais plus vu dans un endroit chaud mais y'avais une pub de Perrier comme ça où la bouteille elle fond... ça j'aime bien, j'aime beaucoup cette pub ouais...

    Est-ce que tu trouves que ces cinq spots remettent en cause notre culture ? Euh... non j'sais pas non !

    Les pubs te semblent-elles trop libérées ou au contraire, le cadre du couple justifierait l'usage de la sexualité dans le scénario ?

    Je ne trouve pas ces pubs trop libérées non, ça reste des couples ouais et dans Caprice des Dieux, ben euh ... un couple va partager un morceau de fromage et peut être plus si affinité....

    ....

    La sexualité te semble-t-elle un argument de vente fiable dans la publicité en général ? Euh ... non ! Enfin pour moi non pas spécialement...

    Dans la mesure où la pub s'inspire de la société, est-ce que nous serions dans une consommation de soi à soi est-ce qu'on s'identifierait facilement dans le scénario ?

    ouais ben j'pense ouais... Enfin j'sais pas si je ne réponds pas à coté mais euh ... oui puisqu'ils s'inspirent de ce qu'on consomme donc forcément ça va renforcer le fait de nous faire voir ce qu'on pourrait qualifier de euh ... de valeurs sûres. On sait qu'on aime, on sait qu'on consomme et euh ... ça va ouvrir à d'autre chose je dirais. Parce qu'en plus c'est vrai que dans les pubs il y a des choses qui existent depuis très longtemps et euh ... ce sont des valeurs sûres de la consommation. Caprice des Dieux, Perrier, ça existe depuis la nuit des temps, le Ketchup aussi, etc ...

    Laquelle de ces pub t'as le plus mémorisée, spontanément ?

    Euh ... celle de Perrier, ouais c'est la plus suggestive et la plus subtile je trouve.

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    ENTRETIEN ISABELLE TORRE
    Durée : 42'
    41 ans - Chef de service adjointe des sports et des loisirs
    à la ville de Marseille

    Pour commencer, des petites questions générales, au cours de la dernière semaine, combien de temps est-ce que tu as regardé la télévision ? Tu as le choix entre une à deux heures, trois à six heures, plus de sept heures ?

    Au cours de la dernière semaine-là, cette semaine qui vient de se passer ?

    Mmmh ...

    Euh ... j'pense qu'on va dire d'une heure à trois heures.

    D'accord, ensuite combien de temps est-ce que tu as écouté la radio ? Pareil, mêmes tranches horaires.

    Euh ... j'ai dû écouter la radio cette semaine, j'ai dû écouter la radio deux heures, à peu près.

    Et combien de magazines est-ce que tu as feuilleté ?

    Euh ...

    Un, deux à trois ou plus de trois ?

    Deux trois, ouais, des trucs en fait qu'il y avait à l'appart, donc y'avait du Gala, du Paris Match ... alors on va dire, mets plus de trois parce que hier euh ... hier je me suis fait le Paris Match de euh ... chez le coiffeur et puis la semaine dernière ... j'ai dû faire le Gala, tous les Gala, qu'il y avait dans l'appart donc euh ... ouais, ouais.

    Quelle est la dernière pub dont tu te souviens avoir vue ? A la télé ou sur internet ?

    Euh ... la dernière pub ... ph ouais, je me rappelle avoir vu euh ... là d'un seul coup la dernière pub celle des papiers toilettes euh ... chérie, machin ... t'sais avec la tablette.

    Emma ?

    Voilà Emma, exactement ! En plus ça m'a marqué parce que c'est vrai qu'en plus je l'avais mise sur le truc donc je l'avais repérée celle-là et je me suis dit ... tiens pétard, elle y est encore ! Elle y est encore et j'pensais alors que ça fait plus d'un an etc ... qu'elle ne devait pas y être quoi ... et elle passe encore donc ouais, celle d'Emma avec le papier toilette. Euh ... ça

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    après euh ... la dernière de céréales Lion qu'on voit beaucoup aussi, euh ... parce qu'elle est relativement marquante et elle est assez rigolote, du coup oui, voilà.

    Est-ce que tu es sensible à la publicité ? Et pourquoi ?

    Euh ... Sensible à la publicité ? J'pense que ... la ... oui, par curiosité, j'pense pas forcément énormément, je suis pas ... je ne pense pas être extrêmement sensible à la publicité parce que c'est vrai que la télévision en ... en soi je la regarde quand même relativement peu et puis je ... voilà en règle générale, la publicité je zappe. Mais euh ... parfois y'a des trucs qui sont assez rigolos donc oui, par curiosité. Si euh ... si c'est vrai c'est banal et y'a pas de ... y'a pas de truc fun ... c'est vraiment pas un spot qui te euh ... qui, ... qui te fait sourire, euh ... voilà ! Mais c'est, oui, par curiosité, donc du coup, il va ... il est vrai que y'a des pubs des fois sur des sites internet, ben tiens je vais regarder ce qui s'y passe euh ... je vais voir le truc ... Après acheter, forcément euh ... Est-ce qu'une publicité va me faire acheter réellement un produit ou quoi que ce soit, je ne saurais pas dire ! Dire que peut-être effectivement en le voyant après dans les rayons, peut-être que ça va m'inciter, ça m'a me rappeler, mais je ne sais pas si euh ... si je veux à tout prix, tiens j'ai vu cette pub ... voilà, je veux à tout prix acheter le truc ... à tout prix voir ce qu'il en est, à tout prix euh ... non, nan, nan !! Nan j'suis pas trop nan voilà ... donc sensible dans une moindre mesure, par curiosité parce que je retrouve ensuite le produit et j'vais dire à ben tiens je l'ai vu à la télé, bon ... on va tester ! Voilà.

    Ok, est-ce que maintenant, tu te verrais vivre dans un monde sans publicité, dans une société sans publicité, ni papier, ni radio, ni spot vidéo ?

    J'pense que oui, je pense que oui ! Je euh ... quoique ! Est-ce que tu te verrais vivre dans un monde sans pub ?

    Ouais !

    Le problème il est là, c'est que maintenant on est tellement contaminé par ça, au final euh ... qu'est-ce qu'euh ... ça serait un manque, après ne pas connaître la pub, pff, voilà, on peut très bien vivre sans. Quand je pars dans les Alpes et que je ne mets pas la télé pendant une semaine, on va dire paumée dans mon coin perdu euh ... la publicité je la regarde pas quoi, j'vois même pas quoi ! Donc euh ... Oui, mais je ne sais pas ! Honnêtement, c'est super compliqué à voir. J'crois qu'euh ... On est formaté pour avoir de la publicité, maintenant, qu'elle existe ou qu'elle existe pas je pense que euh ... je ne sais pas si elle me manquerait vraiment ... euh ... après je pense que ce qui me manquerait vraiment dans un monde sans pub, c'est ... les belles images, les belles photos, c'est voilà, ce décorum qu'il y'a autour, j'pense que

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    c'est ça, visuellement, qui à la limite peut me manquer, mais euh ... après, je sais pas, honnêtement, c'est compliqué.

    Donc maintenant je vais passer à des questions sur les cinq pubs, est-ce que tu vois une part, une mise en scène de la sexualité dans les cinq pubs ?

    Euh ... oui ! Entre euh ... le caprice des dieux avec le côté extrêmement séduction et euh ... les yeux euh ... les yeux lubriques et la voix euh ... la voix qui va avec euh ... ouais, la dégustation euh ... avec délectation, voilà ! Céréales Lion, on le voit ne serait-ce qu'euh ... par les regards coquins à un moment donné de euh ... de celui qui est derrière euh ... même à la fin, euh ... à la fin, quand il euh ... il hurle, tu as un moment donné une tête qui va se blottir dans les seins d'une grosse mamie, euh ... oui ! Y'a un jeu ne serait-ce que dans le euh ... le côté très euh ... le corps qui se euh, le corps qui se transforme, y'a un ... dans Extrême ben voilà, dégustation d'une glace, c'est tellement banal, c'est tellement voilà ... en plus avec euh ... au final les ... les ... le côté très dénudé des filles donc euh ... donc y'a tout, y'a un, le geste, le geste de dégustation de la glace qui est quand même très érotique, et euh après euh ... le parallèle avec des filles qui sont en petite tenue, etc ... ruisselantes euh ... on ne peut pas dire que ça ne soit pas, que ça ne soit pas sexuel ! Dans Ketchup alors là c'est assez ... euh ... le truc de Ketchup, euh ... le geste, le doigt choisi déjà, enfin ... le doigt, le euh ... le geste qu'il en sort derrière et puis euh ... le regard lubrique de la femme quoi. On se dit tout de suite que c'est pour elle que l'opération a eu lieu. Nan mais sérieux quoi ... et puis après on se pose la question de se dire que c'est quand même un peu fin, et puis ça a l'air bien raide donc euh ... enfin bref. Et euh ... et dans Perrier, ben voilà, autant dans le premier dans le Ketchup on va dire que c'est un peu le plaisir féminin, autant Perrier, c'est le plaisir masculin euh ... à fond ! C'est ... y'a une image voilà quoi : ça monte, ça monte, ça monte, ça gonfle, ça gonfle, ça gonfle et puis ça pète euh ... voilà, c'est exactement ce qu'il se passe et puis euh ... donc euh ... la sexualité ben est présente dans toutes ces pubs ouais.

    Ok et, si tu devais les classer de la plus sensuelle à la plus sexuelle, quelle serait ton classement ?

    La plus sensuelle à la plus sexuelle ?

    Mmmmh ... Ou l'inverse, n'importe.

    Sensuelle, je dirais la première, caprice des dieux, deuxième je dirais ... euh ... ... j'hésite entre euh ... Extrême et les Céréales euh ... parce que euh ... j'hésite entre les deux ! Qu'est-ce qui va être la plus sensuelle entre ... ... euh ... j'sais pas pourquoi mais je vais mettre Extrême !

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    Euh ... j'vais mettre Céréales en trois ... ne serait-ce que parce que .... parce que le cri à la fin, l'explosion derrière, etc voilà ... après il reste Ketchup et Perrier, entre sensuelle et ... je vais mettre Perrier et puis même si ... et puis Ketchup c'est plus cru, elle est crue d'entrée alors que voilà par rapport à Perrier on pourrait dire éventuellement que voilà, c'est à peu près la même chose, c'est dans le même ordre d'idée, mais Perrier, il y a le geste et la musique qui fait que ça entraîne, que ça développe la sensualité. Ketchup c'est plus cru, donc c'est celle qui me plait le moins donc voilà, on va dire que ce sera la plus sexuelle, à tendance plus sexuelle, mais sexuelle pas dans le joli, j'aime pas, j'aime pas trop, voilà, j'dirais à peu près ça. Après, de la plus haute la plus soft, ça reste Caprice des Dieux, ouais elle est soft celle-là... euh ... voilà.

    Spontanément, laquelle t'inspire le plus et te donne le plus envie de consommer le produit, en termes de publicité hein, pas vis à vis du produit ?

    Perrier, elle me plait bien celle-là, j'aime bien, je la trouve marrante, j'aime bien.

    Ok

    Et pour chacune des pubs, quelle émotion se dégage de toi ? En gros, est-ce que tu es curieuse, choquée ... ?

    Quelle émotion se dégage de moi ... on peut regarder encore une fois ?

    Oui, oui, bien sûr !

    Alors caprice des dieux, douceur et sympathie. Euh ... douceur et sympathie après ça euh ... franchement ça a aucun impact euh ... douceur et sympathique, c'est marrant, c'est ...

    C'est gentillet quoi ...

    C'est gentil ouais, ça te fait pas euh ... ça te donne pas de euh ... ça ne développe pas ton imagination plus que ça ... (visionne Céréales Lion) Céréales Lion, bon celle-là, je la connais un peu plus mais euh ... alors c'est vrai que celle-ci, tu vas te dire que euh ... celle-ci elle est vraiment dès le départ euh ... voilà, c'est l'acte qui va suivre euh ... voilà bon, après tu sais que c'est une pub qui passe à la télé donc forcément, derrière tu te dis que ouais, ben c'est pas ça qui va se passer ... mais qu'est-ce qui va sortir, la curiosité va te dire qu'est-ce que ... qu'est-ce qui va entraîner un tel engouement à un moment donné et ce qu'il y a d'assez marrant, c'est que finalement, quand tu vois euh ... il pourrait le faire tout seul parce qu'il a pas besoin d'elle ... il pas besoin d'elle pour faire ça, il pourrait sortir son paquet tout seul etc ... mais les premières secondes, ça suscite, ça suscite justement le geste et ça permet de comprendre justement le regard et euh ... et les regards outrés de tout le monde quoi, parce quand on

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    regarde vers la fin, après moi, ce qui me fait rire, c'est ça, tu vois attends ... voilà ça !! C'est purement, c'est purement dans le ton de euh ... dans le ton de ... le, le, le cri de rage lié euh ... qui peut être lié à la jouissance pure et dure euh ... les yeux complètement hallucinés que tu peux avoir avec le petit regard lubrique et euh ... etc ... d'envie ... mais en dehors de ça, c'est vrai que je la trouve pas forcément sexuelle, je la trouve plus euh ... (visionne Extrême) celle-là, je la trouve jolie parce que les filles sont jolies et je trouve ça sympa, j'aime bien ! Et euh ... Après qu'est-ce qu'elle me suscite ? J'l'aime bien c'te pub parce que je la trouve jolie, je la trouve sympa elle est rigolote et puis c'est vrai que ça fait un peu une ambiance américaine etc ... toujours des années 70, voilà, massacre à la tronçonneuse euh ... et euh ... les ... c'est un peu la ... la Lara Croft, elle fait un peu penser à ça donc euh ... qu'est-ce qu'elle suscite en moi simplement que oui tout de suite manger, déguster euh ... c'est ce qu'on dit toujours de toute façon donc euh ... déguste ça comme une glace c'est exactement le euh ... voilà ... et ... donc elle m'incite plus de la curiosité, et à la limite, des trois-là qu'on vient juste de voir ça serait, si je tombais sur celle-là, ça serait pour l'instant celle où j'irai jusqu'au bout ... Caprice des dieux voilà, peu importe, je regarderai ça d'un air un peu machin ... euh ... Céréales Lion, tu l'as vue une fois, bon ... tu l'as vue une fois voilà, après c'est vrai que là tu me l'as fait voir une fois supplémentaire, c'est vrai que je vois des détails que je n'avais pas forcément vu et euh ... mais ouais sur céréales, j'ai vu des détails tu vois que je n'avais pas vus avant euh ... Extrême à la limite, elle me donne plus envie de l'explorer un peu, donc de la voir un peu plus souvent. (visionne Ketchup) cette pub j'l'aime pas. J'l'aime pas parce que je la trouve euh ... je la trouve vulgaire ... voilà ... pourtant, elle ne l'est pas en soi ! Elle n'est pas vraiment vulgaire en soi, mais je la trouve vulgaire et non ... non j'aime pas ! Non ! Elle me plait pas, c'est une pub que je vois euh ... à la télé, je m'en vais de la salle ! C'est le truc qui me donne pas envie de la voir, franchement. (visionne Perrier) Celle-là elle développe l'imaginaire en fait, vachement. Je trouve qu'elle développe vachement l'imaginaire pourtant elle est tellement simple, elle est d'une simplicité absolue et je trouve qu'elle développe vachement les imaginaires et ... euh ... et comme tu disais tout à l'heure elle a un côté tellement sensuel, c'est certain ... mais qui va se développer ... voilà qui en faisant le ... dès le départ, c'est très sensuel et ça devient sexuel dans le sens où voilà, le développement ... et puis l'explosion derrière. J'aime bien celle-ci, elle est très rigolote, je la trouve douce, au final ! Elle te donne envie en fait, tu sais plus ou moins ce qu'il va se passer aussi, tu ... ça développe ton imaginaire, tu peux imaginer la fin ... Mais ça dès le début après je pense.

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    Ouais mais euh ... comme elle a une douceur dans la musique dans tout le reste au final, ça dérange pas de la voir X fois ! Alors que certaine euh ... Ketchup par exemple, franchement, tu l'as vue une fois, c'est bon, je la trouve vulgaire.

    Du coup sur la pub Perrier, maintenant, puisqu'on vient de finir là-dessus, elle a été censurée en 1976 ...

    C'est pas étonnant !

    Et du coup, qu'est-ce que tu penses de cette censure ...

    ...

    Et elle est ressortie en 2009, pour le passage à l'an 2010, pour les fêtes de fin d'année, et elle a fait objet de polémique parce que des enfants étaient susceptible de la voir, dans la mesure où elle passait à des heures de grande écoute, pareil, qu'est-ce que tu penses de cette polémique ? Honnêtement, oui ... ça développe ton imagination mais je trouve qu'à la limite c'est celle qui est la plus, la plus crue, si il y en avait une qui aurait dû être censurée, c'est celle de Ketchup, à mon sens.

    En 2009 ou en 76 ?

    Si y'avait eu les deux qui existaient à ce moment-là ?

    Oui !

    Elle est sortie quand euh ... Ketchup ?

    En 2001 !

    J'aime PAS Ketchup ! J'aime pas, j'trouve qu'elle est beaucoup plus hard elle est crue elle est pas ... pourtant ... et en même temps, je trouve que Perrier oui, il y a ce, il y a ce côté imaginatif où ... où tu imagines etc un sexe qui grossit etc qui éjacule etc ... mais après c'est une source aussi d'eau etc ... c'est ... ... que ça soit censuré en 76, je trouve ça assez étonnant me semble-t-il euh ... j'trouve qu'on était un peu plus liberticide à ce moment-là que euh ... qu'on avait plus de liberté peut-être à ce niveau-là que ... que ça soit censuré en 2009 tu dis ? Oui euh ... enfin non censurée en 76 mais en 2009 elle juste fait ...

    Acte de polémique ...

    Mmmh ...

    Ben ça m'étonne pas, parce qu'aujourd'hui on est dans une société ... on est dans une société où tout doit être caché, où au final le sexe est dans le discours commun mais euh ... dans un discours caché avec euh ... énormément d'hypocrisie. Je trouve qu'à la limite, la censure de 76 elle euh ... ça m'étonne mais je pense qu'elle était moins liée à l'hypocrisie d'aujourd'hui et je crois que là ouais l'hypocrisie est absolue ... alors les enfants ... oui les enfants, ils peuvent

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    voir de tout mais euh ... voilà tu vas censurer Perrier mais tu vas pas censurer Extrême qui euh ... voilà tu vas pas censurer Ketchup alors que pour ... pour moi c'est la même chose, le seul truc c'est que Perrier à la limite ... maintenant, qu'est-ce qu'ils ont les gamins ... c'est une acte naturel quoi ... c'est tout ... enfin c'est ce qu'il me semble ... j'sais pas, j'trouve pas que ça ... que ça doit développer la polémique plus qu'autre chose ...

    Maintenant sur Ketchup et sur Céréales Lion, est-ce que tu trouves que par le produit vendu, l'homme est infantilisé dans la pub, l'homme, l'acteur !

    Infantilisé ?

    Mmmmh ...

    Non ! ... Non ! ... Non ! ... Non ! ... C'est vrai que peut-être à la limite céréales parce que... parce que si tu veux chercher là -dessus, tu te dis que céréales, c'est peut-être plus un produit pour les enfants etc ... donc euh ... euh ... sur Ketchup ... non j'ai pas cette vision là ... pas du tout même euh ... j'aime pas et sur céréales, tu pourrais mais non, pas tant que ça ...

    Dans ces deux pubs, il y a un désir sexuel et un désir alimentaire, est-ce que tu y es sensible, et est-ce que tu trouves surtout qu'il y a un transfert de l'un à l'autre, est-ce que l'un induit l'autre et si oui, lequel est en amont de l'autre, lequel induirait l'autre ? Et si tu n'en vois pas ben tu n'en vois pas !

    Euh ... du désir sexuel et du désir alimentaire ? Ben tu prends Céréales et Ketchup ça démarre tout de suite par le désir sexuel ...

    Mmmh ... Mmmh ...

    L'imaginaire va tout de suite aller ... enfin Ketchup pas, pas les premières minutes mais dès que tu vois le doigt t'imagines tout de suite, avec le regard un petit peu de la femme etc ... et est-ce que ça va rentrer ... franchement, je vais te dire une chose ... le Ketchup me donne pas envie d'acheter du Ketchup ...

    Mouais ...

    Le désir sexuel qu'il y a là, dès le départ me donne pas envie du désir alimentaire, vraiment pas euh ... pour céréales Lion, oui ! Oui parce que je trouve que la pub est jo ... est jolie ... oui plus, je serais plus incitée, j'achèterais plus facilement avec Céréales Lion, donc oui, il y a du désir, ouais dès le départ et ouais je vais pouvoir, ça m'incitera à acheter euh ... peut-être euh ... les Céréales, ou du moins avoir la curiosité de dire euh ... bon je connais mais euh ... oui si ça fait cet effet voilà ... mais Ketchup non pas du tout ! Bien au contraire beuaaah !!!

    Ouais elle serait donc mal vendue !?

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    Ouais. Ok

    Maintenant sur la pub caprice des dieux, est-ce que tu trouves que le message du spot, Caprice des dieux caprice à deux est justifié par le scénario ? En gros est-ce c'était judicieux le décor dans la montagne ... ou pas du tout, par rapport au spot ?

    Ben d'un autre côté, caprice des dieux, caprice à deux oui caprice des dieux, un peu dans le ciel, la montagne, les gens qui ... voilà, le nuage euh ... parce que ça reste sur la douceur donc euh ... oui, oui j'pense que oui ... pour moi ça me euh ... j'trouve qu'à la limite oui, c'était bien ... la connaissant cette pub depuis longtemps, j'pense que oui ... elle était ... elle était euh ... caprice des dieux, c'est dans le ciel, les nuages, la douceur, le blanc, le machin, c'est un peu ce qu'on s'imagine et euh ... et euh ... et le fromage qui vient par-dessus, blanc douceur ... un peu moelleux donc euh ... oui, oui !

    Est-ce que dans caprice des dieux mais aussi dans le reste du corpus, tu vois une part

    d'onanisme ?

    De quoi ?

    Du plaisir solitaire si tu préfères !

    Dans ?

    Dans Caprice des dieux dans un premier temps puis dans les autres éventuellement.

    Ah le plaisir solitaire j'le vois moi dans ... dans Ketchup euh ... j'le vois dans Extrême, c'est

    tout ...

    Donc pas dans Caprice des dieux ?

    Nan ! Nan ! Ah nan ... Nan je vois pas ... nan

    Maintenant sur les glaces Extrême, est-ce que la pub te choque ou pas ? Et si oui qu'est-ce qui te choque ?

    Non elle ne me choque pas !! Franchement elle ne me choque pas du tout ! Elle pourrait effectivement être choquante ne serait-ce que euh ... dans la dégustation de départ et dans le fait qu'elle croque dedans jusqu'à la fin ... voilà, elle pourrait être choquante éventuellement là-dessus mais euh ... mais comme je t'ai dit, je trouve que les filles sont euh ... elles sont sympas, la pub est jolie donc ça ne me choque pas du tout, non !

    Est-ce que la matérialisation du sexe masculin par le cône est évidente pour toi ?

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    À fond ! À fond comme elle est évidente dans la matérialisation de Perrier, dans la bouteille, à fond ! Euh ... ah ouais, ouais pas de problème.

    Et que signifierait la clé, en dernière image sur le sein, pour toi, ce serait la clé de quoi ? La clé du désir, la clé du plaisir on va dire hein ... t'as réussi à avoir le truc pour moi ça serait peut-être ça et pas forcément la clé de euh ... la clé de euh ... parce que théoriquement ça devrait être la clé de euh ... du cadenas pour ouvrir le frigo hein !!?

    En théorie ouais !

    Ouais hein, théoriquement ça devrait être ça (rires) donc plus la clé du plaisir qu'autre chose surtout la façon qu'elle a d'être érotisée, en étant au bout d'un sein ... etc ... donc euh ... non, non, pour moi c'est bien ça.

    Est-ce que tu penses que la mise en scène de la sexualité a plus de chance d'influencer un consommateur à acheter un produit qu'une pub lambda, disons, sans connotation sexuelle ? Ou pas et pourquoi ?

    À acheter, je ne sais pas, à regarder oui ! Donc forcément à être plus imprégné à un moment donné.

    D'accord !

    Voilà et même si ça incite pas à acheter sur le coup, c'est toujours des images qu'on a dans la tête après qui vont permettre quand tu vois le produit de faire l'association et donc ben ... de te pousser éventuellement à consommer et euh ... j'dirais pas que euh ... j'dirais que justement la sexualité bien faite, va inciter à regarder la pub et donc par là même à faire en sorte que la pub joue son rôle euh ... joue son rôle sous-jacent après.

    Euh .... Maintenant, est-ce que tu trouves que ces pubs ont un impact sur d'une part, notre manière de consommer, puis sur notre comportement en société et enfin sur notre comportement intime ?

    Euh ... fffff ... sur notre façon de consommer, ces cinq pubs-là ?

    Mouais !

    Non ! Je dirais ... consommer donc acheter non, pas forcément ... sur notre comportement en société, oui ! Dans le sens où forcément tu vas te retrouver face à ce produit à un moment donné et euh ... et euh ... en groupe etc et euh ... selon l'humeur du groupe, beh tu vas jouer à la pub, donc tu vas la refaire ... euh ... voilà parce que euh... elle serait devenue ... mais faut après que y'ait la complicité entre les différents individus.

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    Oui ben oui bien sûr.

    Si tu vas ... euh ... voilà, la pub euh ... céréales Lion aujourd'hui tu vas mettre du céréales Lion sur une table et que tu es avec un groupe d'amis et que bon, y'en a un qui va faire euh ... le lion à un moment donné, qui va faire les pulsions que ça va entrainer, tout le monde va rire parce que ... parce qu'elle est ... elle est connue, tu vas mettre le Perrier aujourd'hui sur la table euh ... si même une personne là, une fille va faire exactement les mêmes gestes etc ... j'pense que euh ... étant beaucoup moins connue, ça va aucunement jouer euh ... donc ça va peut-être euh ... ouais, on va jouer de la pub. On va refaire la pub en société. Et la dernière c'était quoi ? Influence, impact sur le comportement intime ?

    Sur le comportement intime ah oui !!! Ouais j'pense que ça peut jouer ouais ! J'pense que ça peut jouer parce que pour certaines .... je pense que ça peut être une éducation sexuelle. Une forme d'éducation sexuelle pour certaines pubs, ouais, franchement, ça peut développer, ça peut donner ... il est vrai que voilà, à destination d'enfants, machins, etc ... mais bon voilà quand tu les vois aujourd'hui, à dix ans, ils en connaissent plus que nous euh ... et ils en connaissent en tout cas nettement plus que moi à 15 ans quoi ! Donc euh .... oui je trouve que c'est une forme d'éducation sexuelle oui.

    Ok est-ce que tu penses que les pubs en général, dépassent les valeurs morales, les codes déontologiques institutionnalisés par la société ?

    Eeeeeuuuuuuh ... non, franchement non ! Mais j'en reviens toujours à Ketchup, je la trouve vulgaire donc à partir de là ... euh ... j'sais pas ... donc si j'élimine celle parce que euh ... après c'est mon sentiment, elle est pas forcément vulgaire mais c'est mon sentiment personnel de la trouver vulgaire ... donc euh ... elle me fait fuir plus qu'autre chose ... les autres ... et donc euh ... donc du coup oui, peut-être jouer sur la morale ou sur autre chose, peut-être. Ce qui est assez rigolo c'est qu'on parle de plaisir euh ... finalement la ... celle de ... celle de Heinz, et celle qui simule le plaisir féminin dès le départ et je la rejette plus que celle qui suscite le plaisir masculin ... à croire que le plaisir masculin est plus dans la norme que le plaisir féminin, c'est assez euh ... nan c'est assez euh ... c'est un peu euh ... et même si ouais je pense qu'on devrait euh ... parce que quand tu regardes Extrême, c'est du plaisir féminin ... mais c'est l'acte de la fille qui prend du plaisir

    Ouais, ouais, qui prend du plaisir sur l'homme en somme ...

    Voilà ! Euh ... après, quand tu vas prendre Ketchup, tu vas prendre que le plaisir féminin, mais bon ... alors c'est marrant, mais peut-être que ouais ça revient plus à la moralité ou je ne sais pas ... j'en sais rien en fait.

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    Au cours de ces dix dernières années, est-ce que tu vois une évolution des codes de la société, une évolution des moeurs qui auraient un impact sur les publicités et donc une évolution en termes de publicité ?

    Je crois que l'on devient de toute façon euh ... euh ... regarde, tu vas prendre ... tu vas prendre la dernière en date celle de céréales, c'est du suggestif, y'a pas du visuel ... réel ! C'est-à-dire que tu as pas de visuel euh comme la bouteille de Perrier qui gonfle euh ... comme euh ... le lèchement de la ... lécher la ... la ... la ... t'as pas d'objet, voilà, on va dire que y'a pas d'objet qui euh ... qui représente le sexe de la fille ou du garçon dans celle-là ... alors que dans toutes les autres, tu vas en avoir, ne serait-ce que dans Caprice des dieux aussi t'en as pas à la limite, mais celle-là, c'est la plus soft donc euh ... à la limite on pourrait la mettre en dehors des autres quoi. Euh ... et donc oui je pense qu'aujourd'hui on va être plus dans l'érotisation, dans la sensualité et dans la suggestion plutôt que dans la visualisation de l'objet. Et je crois que si on fait la visualisation ... et tu la vois par rapport à Perrier finalement puisque la pub Perrier a de nouveau été censurée en 2009, enfin a été sujet de polémique en 2009 ... euh ... c'est plus par la visualisation et par le symbole de l'objet qui monte et qui explose à la fin alors que tu vas en avoir des publicités qui sont tout aussi érotiques et qui sont tout aussi sensuelles et tout aussi suggestives mais tu n'auras pas l'objet et j'pense que oui, la société elle a évolué là-dessus. Donc finalement on détourne. C'est-à-dire que finalement on va détourner un petit peu ... c'est que ... un objet qui aura tendance, un produit, un bien de consommation qui aura tendance visuellement à être suggestif vis-à-vis d'un sexe ou de l'autre et bien va peut-être euh ... on va ... on ne va pas forcément l'érotiser dans la société puisque ça risque de rentrer dans la polémique.

    Donc on serait plus coincés qu'avant, en gros ?

    Ah ouais à fond ... pour moi je considère qu'on est bien coincés. On est plus dans le suggestif etc ... dans le caché etc ... pour pas se faire, pour pas se faire attraper plutôt que dans le ... dans le trash quoi. Bon après, le trash il ne me plait pas non plus, j'aime pas trop mais euh ... voilà.

    Ok ! Est-ce que la sexualité, la mise en scène de la sexualité dans les publicités, te semble être un bon argument de vente, en général ?

    La sexualité ?

    Oui, la mise en scène de la sexualité.

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    La sensualité, oui, la sexualité ? Pff de toute façon tu le vois dans toutes les pubs, putain... y'a que de ça ! T'en vois de partout, si tu réfléchis un peu t'en vois de partout ... t'en vois dans les parfums, les trucs comme ça, bon après c'est le côté sensuel, euh ... j'pense plus la sensualité que la sexualité. La sexualité peut être justement trop sujet à polémique de nos jours parce qu'un est beaucoup plus coincé et euh ... voilà vu toutes les ... toutes les valeurs morales qu'on essaye de développer euh ... d'une façon totalement hypocrite euh ... je crois que ... je crois que voilà ... euh ... la sexualité dans la publicité doit être vraiment faite par euh ... avec parcimonie ou disons plutôt avec grande précaution ... surtout pas visualiser les objets quoi ... que du suggestif. Enfin je pense que plus la sensualité que la sexualité.

    D'accord.

    Pour finir, dernière question, dans la mesure où la pub s'inspire de notre société, est-ce que tu penses qu'il serait facile de s'identifier dans une publicité, de par les personnages, le produit, les situations ?

    Alors la pub s'inspire de notre société et est-ce qu'il est facile de s'inspirer ...

    De s'identifier ...

    De s'identifier ! Ouais ... oui ... oui, oui, oui, tu peux t'identifier à un moment donné ou à un autre, je pense que de toute façon ça fait ... ça te ... ça fait appel à des souvenirs malgré tout, ça fait appel à des moments tu te dis ah ouais ! Là ouais, ouais ! C'est ça quoi ! Ouais ! Ah ouais effectivement j'l'ai vécu d'une façon différente mais je l'ai vécue quoi ! Donc oui, je pense que tu peux te ... que tu peux te faire ... que tu peux t'identifier à la publicité ouais ... à ... aux personnages qu'il y a dans ... euh ... dans la publicité mais euh ... après c'est toujours pareil, ça va dépendre du type de publicité ... si c'est euh ... si c'est bien foutu ou pas, si ce n'est pas trop gnangnan etc ... mais sur celle-là, ouais tu peux facilement t'identifier. Euh la cabine euh ... la cabine euh ... du télésiège euh ... enfin la cabine de la télécabine euh ... y'a rien de plus fantasme que ça quoi ... voilà ... tu te dis voilà quoi, ça reste euh ... un objet de fantasme euh ... l'avion c'est pareil, ça reste aussi un objet de fantasme. Si tu ... si tu fais des enquêtes sur euh ... où est-ce que vous avez eu un acte dans un endroit ben euh ... l'avion euh ... la télécabine euh ... machin où euh ... ça reste, ça fait fantasmer ...

    Ouais, ouais !

    Donc euh déjà euh ... le lieu à la base c'est un lieu de fantasme donc euh ... forcément derrière, tu vois tu pars de ça et après forcément tu arrives à ce que tu veux. Si déjà tu pars de ça et qu'après tu orientes un petit peu la pensée vers euh ... vers la sensualité ou la sexualité ben c'est ... c'est facile de s'identifier tout de suite hein ... ouais ben ouais ... ah ouais à ce

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    moment-là ben ouais ... donc ça euh ... après pareil quand tu dégustes une glace et quand tu vois la nana qui déguste une glace ben ouais j'l'ai déjà mangé comme ça, sérieux ... faire comme ça je ... voilà ... j'pense que oui on peut s'identifier !

    Et maintenant pour terminer, laquelle t'as mémorisée le plus ? Laquelle tu retiens le plus ? Des cinq là ?

    Oui, sans réfléchir !

    Euh ... Extrême ! La glace ! J'adore les glaces. Ouais j'adore la glace.

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    ENTRETIEN ERIC BARRIOL
    Durée : 38'

    45 ans - Professeur d'histoire

    Allez roulez jeunesse

    Donc, dans un premier temps, ce sont des questions générales sur tes pratiques culturelles. Au cours de la dernière semaine, combien de temps, en termes d'heures as-tu regardé la télévision ? Tu as le choix entre une à trois heures, quatre à six heures ou plus de sept heures. Mmmmh ... ouais ... mmmh ... peut-être même pas une heure mais euh ...

    Pour la radio, pareil, combien de temps ?

    Ah plus là ! Tous les matins ! Tous les matins euh ... un quart d'heure, vingt minutes, donc euh ... ouais largement plus que la télé. Et France Inter, uniquement !

    Et combien de magazines tu as feuilleté ? Un, deux à trois ou plus de trois ?

    Oh, plus de trois ouais. Euh ... magazines on met aussi les journaux, la presse papier ouais ? Oui tu peux !

    Ouais d'accord ok, donc plus de trois oui.

    Quelle est la dernière pub que tu te souviens avoir vue ?

    Dernière pub que je me souviens avoir vue... mmmmh, j'ai du mal là

    Oui, sur internet ou à la télé ?

    Euh ... euh ... non je suis désolé, y'a rien qui m'a marqué cette semaine et j'ai pas de

    mémoire d'avoir vu une pub non ... franchement je ... désolée.

    Non mais c'est pas grave, hein !

    Est-ce que tu trouves que la pub envahit notre société ?

    Envahit euh ... si on a envie de se faire envahir mais ouais, ouais elle est présente partout hein ... euh ... bon euh ... on va regarder une vidéo sur YouTube euh ... y'a un flash pub avant euh ... bon y'en a un peu de partout ouais tout à fait.

    Ok, est-ce que tu te verrais vivre dans un monde, dans une société sans publicité ?

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    Ouais tout à fait ! Pourquoi ? Ben déjà parce que je pense que le budget publicitaire euh ... représente une part du prix du produit qui est bien trop élevée par rapport à d'autres budgets à l'intérieur du prix du produit et en particulier le budget masse salariale euh ... donc si on pouvait économiser là-dessus ce serait déjà pas mal, pour le consommateur, ce serait une économie aussi, pour le producteur, il vendrait plus de produits euh ... bon on s'aperçoit que les entreprises qui font le plus de pub ne sont pas celles qui forcément seront dans de meilleurs états aujourd'hui... mmmmh.

    Ok !

    Ça te va ?

    Ça me va c'est parfait !

    Maintenant je vais passer à des questions générales sur le corpus des cinq vidéos euh ... est-ce que tu penses, dans un premier temps que l'on peut voir une part de sexualité dans chacune de ces pubs ?

    Ah ben en fait oui, c'est plus que suggéré quand même ... mmmmh bon ... dans caprice des dieux ben oui hein un p'tit caprice à deux euh ...

    Après si tu veux j'vais te demander de les classer de la plus sensuelle à la plus sexuelle, ou l'inverse si tu préfères ...

    Pffff..... ouh misère !! Euh ... classement euh ... j'y arriverai pas comme ça parce qu'après il faudrait que l'on se fixe des critères précis et puis les revoir plusieurs fois euh ... j'sais pas après euh ... plus par rapport à l'image qu'on donnerait de l'homme de la femme et des relations hommes-femmes ... euh ... qui ici finalement sont ... euh ... ouais sont plus uniquement abordées sous l'aspect euh ... relations sexuelles suggérées ou à venir euh ... mais je pourrai pas établir une hiérarchie euh ... toutes sont très suggestives hein. Bon celle de Perrier c'est peut-être celle qui va vraiment le plus loin dans vraiment la symbolique d'une forme d'acte sexuel entre guillemets ... les autres bon elles en sont pas loin quand même... mais bon la bouteille qui grossit qui grossit et qui finit par exploser, bon ça va hein c'est très clair ...

    Donc pas de classement ?

    Non je ne pourrai pas classer.

    Maintenant, spontanément, laquelle de ces pubs t'inspire le plus ? En gros, laquelle retient le plus ton attention et pourquoi ?

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    Pffiou ... fffiou ... fffiooouuu... mouais j'trouve que la fille de céréales lion c'est la plus mignonne (rires) après euh ... ouais j'avoue que j'aurais pas pensé à... pour le Ketchup là ... y'a un truc que je trouve assez fou, c'est ... c'est cette greffe d'un doigt plus long mais euh ... apparenté à autre chose de plus long euh ... mais en même temps euh ... l'aspect pratique et puis euh ... bon pour aller jusqu'au fond du ... du pot là mais pas seulement, voilà... ça va ? Ouais ?

    Nickel !

    Euh ... maintenant, laquelle te donne le plus envie de consommer le produit, par le scénario ? Par le scénario ?

    Mmmmmmh ...

    Moi j'ai toujours été euh ... hyper sensible aux pubs de Perrier parce que je trouve qu'elles sont euh ... qu'elles sont toujours géniales, franchement euh ... au niveau de la mise en scène, c'est toujours assez impressionnant et je trouve que c'est celle des cinq où y'a sûrement le plus de recherche euh ... pour euh ... pour sa conception par rapport aux autres. Les autres sont un peu un plus simplistes. C'est bon j'ai répondu à la question ?

    Oui oui !

    Pour chacune des pubs, quelle émotion se dégage de toi quand tu les visionnes ?

    Euh ... la première, j'aime le caprice des dieux, bon euh ... après, j'suis pas sûr qu'une cabine comme ça serait propice à des ébats, mais bon faut essayer, euh ... céréales lion euh ... j'sais pas, celle-là j'ai euh ... bon, j'l'aime ... j'l'aime peu, j'la trouve pas euh ... comment dire, c'est pas assez suggéré, c'est trop montré !

    Mmmh ... mmmh ...

    Hein ? Euh ... j'trouve que c'est la moins intelligente en terme de suggestion euh ... Extrêmes, ouais, là aussi y'a du boulot dans la mise en scène, par contre là ce qui est intéressant on ne voit pas d'homme ...

    Non, effectivement...

    Après euh ... est-ce qu'il y a un autre message qui doit apparaitre là-dedans ? Euh ... est-ce que c'est euh ... est-ce qu'on veut montrer des femmes entre elles ? Bon, à voir... après, le Ketchup, euh ... mouais ils font un peu benêts tous les deux, ils font un peu benêts dans le sens où j'trouve quand même bon ... c'est vrai que le produit à vendre n'est pas top donc après faut arriver à suggérer ... j'sais pas, non celle-là j'suis pas très sensible ... ouais Perrier,

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    on ne voit personne mais on devine ... ouais ! Donc c'est encore mieux, non mais ouais, c'est ... c'est la plus existante si on doit aller dans le registre de la sensualité et tout ça...

    Mmmmmh ...

    Ouais c'est la plus existante sans problème !

    Ok

    Maintenant je passe à des questions plus spécifiques à chacune des pubs donc concernant la pub Perrier, elle a été censurée en 1976, est-ce que pour toi la censure est justifiée ? Et si oui ou non, pourquoi ?

    ...

    Et pareil, elle est repassée à des heures de grandes écoutes, pour le passage en l'an 2010, et du coup elle a fait objet de polémiques parce que certains se sont indignés du fait qu'il pouvait y avoir des enfants devant le poste de télévision aux heures de sa diffusion... voilà donc qu'est-ce que tu penses de ces débats ?

    Bon alors euh ... moi je suis pas contre la censure quand c'est une atteinte aux moeurs mais alors dans ce cas-là, on l'applique de partout ... on l'applique dans des clips où euh ... la femme-objet est plus que sensuelle, on l'applique euh ... aussi dans d'autres domaines dans la mesure où n'importe quel gamin de 10 ans aujourd'hui peut voir un film porno sur internet etc ... j'ai entendu une stat l'autre fois concernant les enfants de moins de 11 ans, y'en a déjà à peu près la moitié qui ont déjà vu des films pornos donc entre euh ... la pub Perrier et certains ébats boucherie bah ... j'suis pas sûr que ce soit plus grave hein ... franchement ! J'trouve que c'est très hypocrite mais la censure je l'appliquerais plus à d'autres domaines qu'à ce domaine-là, parce que celui-là euh ... j'trouve que y'a une forme d'art entre guillemets là-dedans parce qu'il y a de la mise en scène, c'est du travail de cinéma.

    Sur la pub Ketchup et la pub Céréales Lion est-ce que tu trouves que par le produit vendu, l'homme est infantilisé ? L'homme, l'acteur dans le scénario.

    Dans celle du Ketchup ouais ... ouais euh ... il ... lui c'est vraiment le dindon de la farce hein ! Par contre, celle de Lion, non ... non, je le trouve pas infantilisé, ça serait pas le mot que j'emploierais et euh ...on s'attendrait plus euh, ce qui est un peu étonnant dans cette pub, c'est euh ... d'habitude, et euh ... on le voit dans les autres, c'est euh ... la femme qui est plus aguicheuse que l'homme, or dans celle-là, c'est l'homme qui essaie d'emmener la femme dans son délire, ce qui est assez surprenant, parce que c'est pas classique ... d'habitude on utilise plus l'image de la femme, de son corps, pour justement vendre un produit ... là

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    finalement cette pub elle est assez centrée sur l'homme et ça c'est pas ... c'est pas courant quand même.

    On pourrait éventuellement voir une infantilisation dans la mesure où on a pris un gamin entre guillemets pour jouer le rôle du mec et non pas un homme mûr ! Après l'infantilisation se fait peut-être par le produit non ?

    Ben euh ... les céréales oui c'est lié au produit, mais à mon avis c'est plus parce que c'est un produit d'abord destiné à des ados, plus qu'à des gens mûrs hein donc euh ... on va peut-être pas montrer des ados parce qu'on risquerait la censure, parce qu'euh ... après euh ... y'a plein de suggestions... mais on se destine quand même à un public jeune, à mon avis ... les céréales, c'est une produit récent dans l'alimentation mais on s'est d'abord adressé aux jeunes pour le vendre ... qu'après il y ait des adultes qui aient adopté les céréales parce que leurs gamins en mangeaient, ouais mais euh ... bon, c'est avant tout pour les jeunes, mais ce n'est pas pour autant que l'acteur est infantilisé.

    Concernant le désir sexuel et le désir alimentaire dans ces deux pubs, est-ce que tu trouves qu'il y a un rapport entre eux, que l'un induit l'autre, et si oui comment se ferait le transfert ? Le lien entre le produit et le désir ...

    Le désir alimentaire et le désir sexuel ... est-ce que c'est lié, est-ce qu'il y en a un qui vient en amont de l'autre ou vice versa ?

    Waouh ... pas simple c'te question ! Euh ... quelle influence a l'un sur l'autre ? Pfffff ... j'sais pas euh ... est-ce qu'on veut euh ... à mon avis ... enfin le but des gens qui font ce type de pub euh ... c'est de montrer deux formes euh ... deux formes d'appétit, montrer que euh ... le but c'est quand même de vendre le produit euh ... donc après est-ce que l'appétit sexuel amène l'appétit alimentaire ou euh ... est-ce qu'on peut faire les deux en même temps, ça dépend ... avec les céréales peut-être, avec le Ketchup c'est plus dur ... euh ... j'vois pas autre chose ... moi j'pense plutôt que c'est euh comment dire ... pour vendre le produit, il faut attirer par euh ... des images suggestives qui aient un caractère sensuel voire même euh ... qu'on suggère euh des situations euh ... débat sexuel et euh ... mais après non j'arrive pas à établir trop, trop d'autres liens.

    Maintenant sur caprice des dieux, est-ce que la singularisation de l'homme t'interpelle ou pas ? Si tu veux regarder la pub à nouveau n'hésite pas.

    Mouais mais je la connais celle-là mais euh ... quand tu dis un homme singulier tu entends quoi par-là ?

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    Ben un personnage qui soit exclu dans ... enfin pas exclu non mais mis en valeur, du fait qu'il soit différent des autres dans la cabine...

    Il est pas différent des autres euh ... on veut le montrer très attractif et euh ... finalement euh ... l'homme est au centre et c'est euh ... la femme qui va faire la démarche, parce que c'est lui qui attire la femme. Euh .... Après le lien avec le fromage c'est autre chose mais euh ... c'est elle qui suggère le caprice et après c'est lui la star et donc il attire, il attire les filles. Euh ... en même temps, y'a peut-être un lien aussi avec le fait que ce soit une station de sports d'hiver euh ... où une partie de la population va pour se montrer euh ... pourquoi pas imaginer que euh ....y'ait des filles attirer par des gens ... des hommes riches ... enfin bon, j'sais pas on peut, on peut broder là-dessus mais euh ... lui c'est vraiment la star et d'ailleurs il est tellement star qu'on peut se passer de tous les autres, puisqu'on les vire ! Euh ... et c'est celui qui ... il attire celle-là mais pourquoi pas euh ... demain une autre ... euh ... non ? Voilà, après c'est mon délire à moi hein...

    Pas de problème !

    Est-ce que tu trouves que le message, de la pub, le slogan caprice des dieux, caprice à deux est justifié par le spot, par le scénario ?

    Ben euh ... j'vois pas lien entre euh ... si, si, si dieux les deux, bon on va pas revenir au ... à Adam et Eve mais euh ... pourquoi pas ! J'sais pas euh ... moi c'est le seul lien que je verrais parce qu'après sinon nan peut-être pour faire une rime euh ... faire une rime ouais. Bon le couple originel là ... selon la croyance (rires) ouais pourquoi pas mais non j'vois rien d'autre.

    Est-ce que tu vois une dimension d'onanisme dans ce spot ou pas du tout ? Et si oui, qu'est-ce que tu en penses mais déjà où est-ce que tu le trouves illustré ?

    Euh ... peut-être plus dans Ketchup que dans caprice des dieux.

    Dans le Ketchup ?

    Mouais ... parce que pourquoi imaginer que le doigt euh ... puisse remplacer un autre outil masculin euh ... parce que la femme a l'air tellement attirer par ce doigt magique euh ... dans son regard, dans son expression euh ... on a l'impression qu'en fait euh ... ben lui, il s'est doté d'un nouveau vibromasseur euh ... qu'il peut porter avec lui et qu'elle peut utiliser euh tu vois ... euh ... là-dedans oui, dans caprice des dieux j'vois rien euh ... après j'ai pas tout vu peut-être, mais moi je vois bien ça par contre dans ...

    Dans le Ketchup ?

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    Ouais dans le Ketchup ... après peut-être aussi dans Perrier hein euh ... ici en fait euh ... un ... est-ce que c'est un homme, est-ce que c'est une femme, j'ai pas bien vu la main...

    C'est la main d'une femme

    C'est une femme d'accord bon ... mais en fait, référence à la masturbation et pas à l'acte sexuel à deux ... si, si, oui si on se fait masturber oui mais bon je veux dire ça reste quand même un peu lié à un plaisir solitaire. Euh ... pour les autres, attends ... céréales non. Euh ... Extrêmes ... moi j'y verrai bien euh ... ouais j'sais pas y'a ... est-ce que c'est pas euh ... la volonté de montrer aussi que les femmes peuvent entre elles ... j'sais pas, je sais plus, je sais pas, à voir.

    D'accord ...

    Bon est-ce que la glace ce n'est pas aussi une autre symbolique ... je sais pas.

    Pour rester sur la pub de la glace, est-ce qu'elle te choque ou pas et si oui, qu'est-ce qui te choque et pourquoi ?

    Moi ce qui me choque plus c'est euh ... enfin ce qui me choque, y'a rien qui me choque mais euh ... ce que je trouve peut-être un peu déplacé c'est euh ... c'est à la fin justement, comme tu disais que ça apparaissait peut-être pas, c'est euh ... l'utilisation de la tronçonneuse, pour euh ... pour ouvrir le frigo euh... le fait de tirer, y'a une forme de violence extrême euh ... parce qu'après euh ... nan j'trouve que enfin celles-là, elles sont vraiment euh ... elles ont été taillées pour être euh ... hyper attirantes ces filles mais en même temps elles sont que toutes les deux. Est-ce qu'il y a un homme, est-ce que la glace est le membre qui leur manque euh ... enfin tu vois après je sais pas.

    Justement c'est ma question qui suit, est-ce que tu trouves la matérialisation de l'homme, du sexe masculin par le cône est évidente ?

    Ah ouais, moi ouais ! Ouais, il est absent donc je le cherche dans une pub comme ça ... je le cherche puisqu'euh ... il doit être ... enfin ça reste quand même des pubs machistes donc il doit être présent mais sous quelle forme, ici c'est pas son corps en entier ... la glace, alors la manière de manger la glace ... enfin bon euh ... patati patata après on peut, là-dessus broder, pas de souci...

    Et euh ... la clé que l'on voit en dernière image, ce serait la clé de quoi pour toi ?

    L'orgasme ! Non ? Voilà là je vais me psychanalyser, j'ai ouvert une porte, j'me suis fait du bien ! nan euh ... j'sais pas euh ... peut-être le fait qu'elle puisse se réunir toutes les deux...

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    elles vont pouvoir accéder au même plaisir, est-ce que c'est pas une manière de les lier, j'en sais rien. Et après bon, qu'elles s'éclatent, avec la glace, sans la glace euh ... comme elles veulent ... ben j'sais pas c'est des pubs cochonnes donc euh après euh ... j'veux dire, les gens qui regardent ça forcément euh ... ben ils ... ouais y'a des symboliques qui leur parlent, et en même temps ouais, ouais, ben y'a peut-être aussi une partie des fantasmes euh ... enfin bon c'est ... fiiiouu !!

    On peut aller loin après

    Ah ouais, ouais, mais bon, on ne va pas faire une séance de psychanalyse !

    Sur l'influence des pubs dans le comportement, laquelle de ces pubs te pousserait davantage à consommer le produit ? Et pourquoi ?

    Après je n'aime pas les céréales, donc je n'achèterais pas euh ... le Ketchup euh ... prrrrt ... j'en fais pas des folies, euh ... caprice des dieux ouais ce serait bien mon truc euh ... mais euh ... ouais j'pense que celle qui ... qui, enfin qui me marquerait le plus, ce serait la pub Perrier donc euh peut-être que ça me pousserait à acheter du Perrier.

    Est-ce que tu penses que la mise en scène de la sexualité dans une publicité à plus de chance d'influencer les consommateurs qu'une pub sans connotation sexuelle ?

    Oui ... ouais et puis en même temps euh ... aujourd'hui, j'pense que euh ... on utilise ça pour vendre n'importe quel produit euh ... donc c'est pas innocent et on sait que ça marche euh .. moi je travaille sur les ... bon ... c'est à part mais sur les inégalités hommes femmes avec les élèves, euh ... et euh ... on parlait des pubs justement et je leur ai dit de chercher des pubs qui avaient un caractère un peu sexiste voire machiste ... le fait par exemple je leur dis, d'associer dans un magazine euh ... une marque de pneu avec une femme très dénudée, euh ...c'est pas innocent, c'est qu'on sait que y'a aucun lien entre la fille et l'pneu mais que ça, ça doit faire vendre, sinon, on le ferait pas, on mettrait euh ... on mettrait autre chose euh ... bon donc j'pense qu'aujourd'hui c'est un créneau qui euh ... qui est très utilisé alors il l'a peut-être été dans le temps euh ... aussi mais avec peut-être moins de ... plus ... dans les pubs un peu anciennes, on voyait plus la femme dans son rôle traditionnelle de mère, de bonne ménagère, euh ...qui s'occupait des enfants euh ... etc ... ou alors c'était pour le liquide vaisselle aujourd'hui on peut utiliser le corps de la femme et non plus la femme, le corps de la femme donc pour suggérer et vendre n'importe quel produit. Donc euh ... j'pense quand même que c'est pas innocent tout ça.

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    Est-ce que tu trouves que ces pubs s'inspirent de notre société ?

    S'inspirent de notre société, dans quel sens dans euh ... dans les relations hommes femmes ? Oui entre autre, dans les mises en scène aussi...

    En partie sûrement euh ... après euh ... pour être précis euh ... po po po po ... ouais ben une rencontre euh ... comme celle de caprice des dieux, alors y'a pas forcément caprice des dieux mais euh ... ouais ça peut, ça peut arriver au ski comme ailleurs euh ... après euh ... le Ketchup ouais, est-ce que c'est de la chirurgie réparatrice ou euh ... de la chirurgie esthétique euh ... pourquoi pas, c'est en vogue euh ... toutes ces formes de chirurgie euh ... lion ... pfou pfou j'sais pas trop, Extrêmes euh ... mmmmh ... j'vois pas, franchement là euh ... de toute façon y'a ... y'a un lien avec du vécu, avec du ... avec du fantasme mais euh ... après euh ... bon ... c'est plus utiliser des formes de fantasmes, des formes de ... finalement comment dire, des formes d'attirance pour essayer de vendre un produit à l'aide d'image euh ... dont on est sûr qu'elle vont marquer euh ... les esprits parce que, parce qu'elles font référence à des actes qui peuvent arriver, à des actes possibles.

    Ok ! Est-ce que tu penses maintenant qu'elles ont d'une part un impact sur notre manière de consommer, dans un deuxième temps sur notre comportement en société et enfin sur notre comportement intime ?

    Mmmmh.... Oui ! Comportement euh ... donc face à la consommation

    Oui pour commencer

    Ben forcément ! Sinon les marques n'investiraient pas euh ... des milliards d'euros chaque année et euh j'pense qu'euh ... la pub a beaucoup d'impact et en particulier sur euh ... sur les populations jeunes et c'est pour ça qu'on va peut-être plus cibler ... c'est-à-dire qu'euh ... tant qu'à montrer euh ... tant qu'à montrer des corps euh ... on va montrer des corps jeunes euh ... plutôt bien faits etc etc ... on va essayer d'attirer l'oeil des consommateurs qui sont les plus sensibles à la pub et donc en particulier les plus jeunes euh ... donc oui, ouais ouais, ça c'est pas gratuit et ça rapporte ... ensuite euh ... tu me disais impact ?

    Impact sur le comportement en société puis comportement intime ...

    Comportement dans la société ben ... oui mais est-ce que c'est un impact ou est-ce que c'est la traduction euh ... si tu veux c'est ... c'est ... c'est-à-dire, est-ce que c'est la relation homme/femme vue au travers de la pub ou est-ce que ça ne fait que refléter des comportements qui existent ou est-ce que ça a tendance à inciter à ces comportements euh ... là je sais pas si on peut dire l'un ou l'autre, j'pense un peu des deux !

    Une double influence alors ?

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    Oui peut-être que ça confirme des comportements qui existent déjà hein euh ... ou alors est-ce qu'on veut donner ... moi euh ... dans caprice des dieux ce que je trouve un peu euh ... comment dire peut-être une peu euh ... marquant c'est euh ... si tu veux y'a ... à mon avis, y'a des références tout autres, c'est-à-dire euh ... c'est l'homme qui est attirant, l'homme qui est dominant, euh ... et euh ... mais c'est la fille qui euh ... peut-être le drague. Une manière de euh ... enfin je sais pas, ce n'est pas le péché originel, mais on n'en est pas loin, hein euh ... non bon ... nan mais y'a vraiment ici là ... moi je trouve que cette pub-là, elle est vraiment franchement machiste... elle est franchement machiste. Donc comportement en société machisme ouais on est en plein dedans, notre société je ne sais pas si elle a déjà été autant machiste mais quand on entend des réflexions des fois même chez les ados « celle-là elle est bonne » euh ... enfin bon etc etc ... ouais ça ... mais est-ce que c'est le reflet de la société ou est-ce que ça confirme qu'on peut agir comme ça dans la société, c'est la question que je me pose ... encore une fois peut-être un peu des deux ... ensuite, vis-à-vis de euh ... des relations intimes ... euh ... ouais alors euh ...ça dépend à quel âge ... nan mais je veux dire mais euh ce type de pub aujourd'hui dans mon intimité va pas avoir de conséquence enfin ... j'pense avoir passer le cap où euh ...la pub va m'inspirer des fantasmes ou des pratiques sexuelles euh ... après est-ce que pour, peut-être, un public plus jeune, ado, ça va pas le conforter dans euh ... le fait qu'on puisse comment dire ... qu'on puisse en parler de manière médiatisée comme ça euh ... et euh ... suggérer voire montrer peut-être mais euh ... tout dépend à qui l'on s'adresse, c'est pour ça que après ça ... il faudrait savoir qui on a ciblé en priorités dans ces pubs.

    Euh ... est-ce que tu penses que certaines de ces pubs dépassent les valeurs morales, les codes déontologiques de la société ?

    Ouais euh ... c'est quoi les valeurs morales ... euh ... parce que si euh ... ces valeurs morales sont euh ... comment dire ... euh ... sont basées sur euh ... plus sur des lois euh ... en particulier sur des principes d'égalité, elles les dépassent puisque euh ... si y'a machisme ça veut dire qu'il y a une conception inégalitaire de la société. A côté si c'est sur des morales religieuses, franchement j'm'en fous euh ... si c'est par contre sur la conception qu'on a d'une hiérarchie homme/femme, ouais là ça me gêne plus, parce que ça entretient ... ça entretient encore une fois euh ... le fait de penser de manière différenciée le rapport homme/femme et surtout dans un sens qui est favorable aux hommes. Voilà donc là oui, ça c'est un type de morale qui me gêne.

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    Est-ce que tu constates une évolution de ces codes justement au cours des dix dernières années dans la société et donc dans la publicité. Est-ce qu'il y a une évolution de la société, une évolution des moeurs qui aurait une incidence sur la publicité ?

    J'suis pas sûr que ça soit plus ... comment dire ... euh ... euh ... que ça soit plus suggestif, c'est surtout différent ... comme je disais tout l'heure, y'a ... y'a dix ou vingt parce que je sais pas ça ... pour une fois je vais être un mauvais historien mais euh ... je pense que on définissait hommes et femmes par rapport à des fonctions dans le cadre de la famille, par rapport à des fonctions dans le cadre de la société, euh ... avec un caractère machiste bien sûr parce qu'encore une fois, moi j'me rappelle ... j'sais pas ça doit être dix ou quinze ans en arrière, ces pubs pour les liquides vaisselles, pour les lessives tout court etc ... où on avait toujours la bonne mère de famille qui lavait bien son linge, qui l'étendait qui était bien blanc, son souci c'était que ces enfants aient du linge bien propre bon y'avait tout ça ... quand on montrait ses mains, y'avait toujours une alliance très visible sur ces doigts donc on était vraiment dans un cadre où, la famille ça fonctionnait très bien, c'était bien joli hein etc ... aujourd'hui euh ... on est euh ... la pub s'est adaptée aussi aux mutations de la société, c'est-à-dire qu'aujourd'hui, dans les pubs, on n'sait pas si les gens sont mariés ... par exemple donc euh ... parce que peut-être que ben j'veux dire les unions libres se sont développées, les familles éclatées ça s'est développée donc voilà ... après est-ce que c'est plus suggestif, plus cochon, plus sexy entre guillemets, ouais parce que ça suit aussi un mouvement où aujourd'hui en fait, euh ... et ça on le ressent chez les ados aujourd'hui, par rapport à y'a dix, quinze ans, j't'assure... c'est phénoménal où euh ... la fille euh ... c'est un objet qu'on regarde donc euh ... elle se doit de respecter certains codes euh ... de coiffures, de tenues, de

    ...

    ...

    Non non mais je t'assure ... franchement euh ... c'est hyper sensible euh ... les filles ne sortent pas dehors si il pleut parce que ça va mouiller leurs cheveux, ça va les faire friser et elles ont passé une heure avec leur lisseur le matin... donc euh ... elles n'vont pas se mouiller les cheveux... alors par contre certains phénomènes qui existaient il y a dix ou quinze ans n'existent plus. Euh ... et là par contre on peut voir une autre influence et euh ... quand on dit y'a moins de morale aujourd'hui, y'a aussi plus d'influence de lobby religieux sur les jeunes. Aujourd'hui on ne voit plus de ficelles dépasser des pantalons, on ne voit plus de nombril à l'air ... par contre on voit plus de voiles ... non non mais promis, ça fait plus de vingt ans que je suis avec des ados j'les connais un tout petit peu. Aujourd'hui un retour en force de l'influence de lobby qui est en train de euh ... de marquer fortement les esprits chez les jeunes

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    euh ... plus l'influence dans les médias de certains personnages malsains ... je citerai Dieudonné et compagnie euh ... qui jouent un rôle euh ... très important auprès des jeunes, qui ont aujourd'hui un manque de repères, manque de repères euh ... familiaux, des fois complètement largués à l'école et qui cherchent euh ... ben ouais un modèle euh ... à suivre hein. Donc euh ...faut pas imaginer que on soit plus immoral aujourd'hui, j'pense que les ados entre eux sont capables de parler plus facilement d'actes sexuels qui auraient choqués leurs parents mais euh ... mais en même temps, y'a aussi des signes qui euh ... montrent que, ne serait-ce que dans leur tenue euh ... ils sont comment dire euh ... beaucoup moins euh ... beaucoup moins délurés et en particulier chez les filles qui à dix, quinze ans ... moi j'avais des filles, j'avais des classes de dix, quinze ans, je te jure elles avaient le ventre à l'air, dès qu'elles se baissaient je voyais la moitié de leurs fesses avec une ficelle ... nan mais je t'assure ... c'était hyper euh ... présent, aujourd'hui tu verras pas ça hein donc euh ... moi je ne suis pas choqué perso, les ados je ne vais pas les embêter avec leur tenue vestimentaire mais j'trouvais quand même que ... qu'il y avait une volonté de montrer le corps euh ... qui est moins présente, plus suggérée aujourd'hui mais euh ... à mon avis surtout, qui plus euh ...comment dire noyauté par des formes de morales autres que celles de la famille, qui viennent euh ... s'exercer, franchement.

    Mmmmh ... mmmh.

    Le rapport entre le spot et l'aliment te semble-t-il justifié ?

    Qu'est-ce que tu veux dire par là ?

    En gros, pour donner un exemple est-ce tu penses que c'était judicieux de mettre en scène des skieurs dans un funiculaire pour vendre du caprice des dieux ?

    Mmmh ... mmmh... j'pense qu'en fait, le raisonnement des concepteurs de la pub c'est pas celui-là ...

    C'est-à-dire ?

    Ils se moquent finalement, enfin ils se moquent ... non pas complètement mais euh ... qu'il n'y ait pas de lien entre la situation et le produit à vendre c'est pas grave, parce que l'essentiel est dans les quelques mots ou regards, sourires, attitudes qui font que on est capable d'associer un produit à une situation humaine et non pas à une situation comme tu dis euh ... la cabine, le téléphérique pour vendre un fromage, c'est pas l'endroit rêvé euh ... la chambre d'hôpital pour vendre du Ketchup, c'est pas l'endroit rêvé non plus mais c'est pas le pub, j'pense pas ... après euh ... c'est pas moi qui les ai faites hein.

    Ok

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    Est-ce que les pubs te paraissent trop libérées ou est-ce qu'au contraire, le fait qu'elles mettent toutes en scène un couple, ça permettent de banaliser la mise en scène de la société, de l'inscrire dans le cadre du couple qui en serait la garantie ?

    De toute façon, ça reste toujours un peu moraliste, c'est-à-dire que sous couvert de suggestions y'a quand même une morale parce que euh ... comment dire ... le besoin aussi de montrer des situations qui apparaissent morales aux gens euh ... le petit facteur excitation quand même parce qu'il en faut euh ... et puis ça permet aux gens de se réveiller devant leur télé euh ... j'sais pas, une jolie paire de fesses euh ... nan mais c'est vrai ... par contre euh ... il reste toujours une morale, alors aujourd'hui on voit plus l'alliance euh ... chez les dames qui font la vaisselle parce qu'elles font plus la vaisselle, elles ont un lave-vaisselle mais euh ... mais quand même y'a toujours euh ... comme tu dis un couple... alors par contre là c'est la pub des glaces où là, euh, ils vont encore plus loin ... ils vont peut-être un peu plus loin dans les évolutions actuelles de notre société où euh ... on est plus ou moins tolérant d'ailleurs, par rapport aux couples homosexuels ... mais je me demande si y'a la volonté de montrer l'homosexualité ou euh ... une concurrence entre deux femmes qui se battent pour le même sexe qui serait la même glace ... enfin tu vois voilà, j'en sais rien.

    Oui oui, je vois ouais...

    Euh ... maintenant dernière question est-ce que dans la mesure où la pub s'inspire de notre société, on serait dans une relation de consommation de soi lorsque l'on serait face à une pub ? Est-ce qu'on se retrouverait en gros dans la publicité, via le produit ou même le scénario ?

    Ouais ben pourquoi pas, de la même manière que euh ... on peut médiatiser certains sports, médiatiser certaines stars euh ... de la chanson, euh c'est une manière pour beaucoup de gens euh ... aujourd'hui de euh ... d'avoir un modèle, de rêver et euh ... pourquoi pas dans une pub euh ... mouais ... parce que la pub, alors bien sûr c'est le petit spot mais il est répété ce petit spot et il peut être vu pendant des mois euh ... après est-ce que y'a pas une manière de pousser les gens à s'identifier à un consommateur type qui est celui qui est dans la pub pour manger le produit en question ou euh ... acheter la bagnole en question comme on va s'identifier au footballeur, acheter son maillot etc ... moi ... j'pense ouais. Mais là le vecteur c'est pas le même, c'est une publicité par rapport à ... avec des gens qui sont des anonymes euh ... dans le cadre du footballeur on connait son nom, mais la démarche est peut-être la même parce que lui il vend des produits aussi, des produits dérivés après donc euh ... pareil.

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

    Bien et spontanément qu'elle est la pub qui t'as le plus marquée dans ces cinq ? La pub Perrier parce c'est celle qui reste le plus créative, recherchée, je trouve.

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    BIBLIOGRAPHIE

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    ET SINON ?

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    La mise en scène de la sexualité dans les spots publicitaires alimentaires : du côté de la réception - Villien Perrine

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    SOURCES

    ICONOGRAPHIES

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    drouot.jsp?id=137060

    Mineur http://www.lesechos.fr/22/07/2011/LesEchos/20979-64-ECH_jean-mineur.htm

    Numéro Balzac http://www.lavieamulhouse.com/mulhouse/index.php?topic=8833.0

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    ANNEXES

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    Ketchup http://www.consoglobe.com/comment-eviter-les-produits-monsanto-cg/7 Céréales Lion http://supermarket.matjarcom.com/product.php?id_product=167

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    CD

    Publicités du Corpus (C)

    C1 - Perrier, 1976

    - Caprice des Dieux, 1986

    C3 - Extreme, 1998

    C4 - Ketchup Heinz, 2001

    C5 - Céréales Lions, 2013

    Publicités citées dans le mémoire

    B1 - Eram 1985

    B2 - Gini 2003

    B3 -Sida Pinocchio 2013

    B4 - Vitalfan 2013

    B5 - KFC 2011

    B6 - Daddy 2013

    B7 - Total 2006

    B8 - Coca-Colà 2007

    B9 - Yves Thuriès 2001

    B10 - Mikado 2000

    B11 - Hollywood Chewing-gum 2000

    B12 - Rodolphe (free) 2009

    B13 - Rodolphe 2 (free) 2010

    B14 - Cracottes 1986

    B15 - Déli Choc 2006

    B16 - Apéricube 2008






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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote