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Mesures alternatives de relance économique par les dépenses publiques au Cameroun.

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par Célestin SIKUBE TAKAMGNO
Institut Sous-régional de Statistique et dà¢â‚¬â„¢Economie Appliquée - Ingénieur Statisticien Economiste 2012
  

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I.3 Revue des études empiriques

Cette partie s'attarde particulièrement sur les études empiriques ayant désagrégé les dépenses publiques avant d'analyser l'influence de ses différentes composantes sur l'activité économique et la croissance économique. Ces études se sont orientées dans quatre directions essentiellement : l'approche en termes de causalité au sens économétrique, l'analyse en données de panel sur un ensemble de pays, l'estimation sur séries chronologiques de fonctions de production tenant compte des dépenses publiques, et l'approche par les Modèle d'Equilibre Général Calculable (MEGC).

? L'approche en termes de causalité et l'analyse en données de panel

Une grande majorité de ces études utilise l'approche du test de causalité développée par Toda et Yamamoto (1995). La grande particularité de cette démarche est que la nécessité de faire des tests de cointégration (dont les résultats peuvent être sujets à débats) est outrepassée par une surparamétrisation non optimale du VAR. Cette procédure se résume en deux étapes. La première consiste à utiliser des tests de stationnarité pour déterminer l'ordre d'intégration maximal (dmax) des séries, ainsi que le nombre de retards optimal (k) du processus VAR en niveau. La deuxième étape consiste quant à elle à estimer le modèle VAR augmenté d'ordre p = k + dmax.

En utilisant cette procédure, Keyo Yaya (2008) dans une étude ayant pour objectif d'analyser la causalité entre les dépenses publiques et la croissance économique arrive aux résultats selon

Mémoire professionnel ISE, ISSEA & MINEPAT 2011 18 SIKUBE TAKAMGNO Célestin

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lesquels en Côte d'Ivoire, les dépenses publiques prises globalement n'ont aucun impact significatif sur la croissance. Ces résultats montrent aussi que les dépenses publiques de consommation ont un impact négatif significatif sur la croissance, tandis que les dépenses publiques d'investissement n'ont simplement aucun impact significatif sur la croissance. Ces conclusions de Keyo Yaya vont dans le même sens que celles de MacMillan et al (1994) qui ont démontré pour les États-Unis d'Amérique, et en utilisant aussi un modèle VAR, qu'il n'existe aucun effet du capital public sur la croissance.

D'autres auteurs vont plutôt utiliser des Modèles à Correction d'Erreur (MCE). C'est le cas par exemple de Ngaresseum (2008), qui se donne pour but d'analyser la relation entre le capital public et la croissance économique en Côte d'Ivoire. Ses résultats montrent que le capital public, la consommation publique et le capital privé, exercent des effets positifs et significatifs sur le revenu par tête, tandis que les exportations et l'aide publique au développement affectent négativement et significativement cette dernière variable. Il montre donc qu'il y a une causalité à la Granger entre toutes ces variables et le revenu par tête en Côte d'Ivoire.

Opérant sur des données de panel d'un échantillon de 39 pays à revenus faibles, Gupta et al. (2005) ont cherché à analyser l'impact des politiques fiscales et de la composition des dépenses publiques sur la croissance dans ces pays. Ils ont alors montré que les pays où les salaires des fonctionnaires représentent la part la plus importante des dépenses publiques ont tendance à enregistrer des taux de croissance faibles, tandis que ceux où les dépenses en capital sont plus importantes connaissent une expansion plus rapide.

? L'estimation sur séries chronologiques de fonctions de production

Riadh Ben Jelili (2000), dont la préoccupation était d'étudier l'impact des dépenses publiques sur la croissance en Tunisie, va opter pour la régression dite de Ridge. En partant d'une relation économétrique liant le taux de croissance du PIB à différentes variables explicatives relatives aux différentes formes de dépenses publiques, il arrive à conclure qu'il existe une contribution productive des dépenses d'investissement publics en infrastructure et en capital humain à la croissance du PIB en Tunisie, et aussi au constat d'un impact d'externalité positive très significatif des dépenses publiques de consommation sur la croissance économique. Par contre, il reconnaîtra à la fin de son travail qu'une étude de ce genre devrait passer par la formulation d'un modèle dynamique qui prend en compte les interactions entre les agents de l'économie.

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Qu'à cela ne tienne, d'autres auteurs ont aussi estimé des fonctions de production augmentées en séries temporelles pour une problématique proche. C'est le cas par exemple de Devarajan et al. (1996) qui, ayant pour objectif d'analyser les effets d'une décomposition des dépenses publiques sur la croissance économique pour un échantillon de 43 pays en développement, ont pu mettre en évidence une relation positive entre les dépenses de consommation publique et la croissance économique, et une relation négative entre cette dernière et l'investissement public. A contrario, Barro (1991) a plutôt démontré une relation inverse entre la croissance économique et les dépenses de consommation publique en pourcentage du PIB.

? L'approche par les Modèles d'Equilibre Général Calculable (MEGC)

Avec une méthodologie basée sur la Modélisation EGC en 2009, et dans le but d'étudier l'impact de certaines politiques économiques sur la pauvreté et les inégalités, le Haut Commissariat du Plan du Maroc est arrivé au résultat selon lequel une amélioration du revenu disponible des ménages engendrerait une croissance du PIB de 0,4%, mais aussi à une hausse des prix intérieurs à la consommation de 0,5% et à une stagnation du niveau de pauvreté. Il a aussi conclut que la croissance du PIB serait plus forte (1,4%) avec une augmentation de l'investissement global de 20%, mais que la hausse des prix intérieurs à la consommation serait aussi plus forte (3%), ce qui provoquerait une augmentation des importations de 4,7% et une réduction des exportations de 2%, d'où une dégradation du solde extérieur de près de 2,4% du PIB. le Haut Commissariat du Plan du Maroc constate également que le niveau de pauvreté baisse avec l'augmentation de l'investissement global.

Toujours pour le Maroc en 1999, la Direction des Etudes et des Prévisions financières s'est fixé comme objectif de simuler l'impact d'une relance économique par la consommation publique, par l'investissement public ou par l'investissement privé sur l'économie du pays. En utilisant un MEGC, ses conclusions révèlent qu'une relance par la consommation publique (augmentation de la masse salariale de l'Etat de 3,5%) engendrerait une croissance du PIB réel de 0,5% à court terme, accompagnée d'une aggravation du déficit budgétaire de 0,4% du PIB10. Ces conclusions révèlent aussi qu'une relance par les investissements publics (renforcement de 2 milliards de dirhams chaque année) conduirait à une croissance du PIB réel de l'ordre de 0,2% la première année et 0,4% après 5 ans, accompagnée d'un déficit budgétaire de 0,5 point du PIB à court terme et de 0,4 point du PIB à moyen terme. Enfin, les conclusions de cette simulation ont montré qu'une relance par l'investissement privé (via une baisse des impôts sur le revenu des sociétés, une baisse du taux d'intérêt ou un développement

10 Mais une précision est faite par les auteurs sur le fait qu'une augmentation de la masse salariale de plus de 4% aurait plutôt un effet négatif sur la croissance économique.

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des PME/PMI) était le scénario qui favorisait une croissance soutenue allant de 0,5% dès la première année à 0,9% à la cinquième année. En même temps, ce scénario de relance améliore presque tous les agrégats et réduit le déficit budgétaire de 0,1% dès la première année, et 0,3% après 5 ans.

Mesplé-Somps et Dumont (2000) quant à eux, se sont préoccupés de l'impact des infrastructures publiques sur la compétitivité et la croissance de l'économie sénégalaise dans le cadre d'un modèle d'équilibre général calculable. Ils vont conclure qu'une politique d'extension des infrastructures publiques ne pourrait être réellement efficace si elle était exclusivement financée par l'épargne étrangère. Ils vont aussi constater qu'une augmentation de taxes indirectes, bien que déprimant le bien être la première année, est le mode de financement préférable en termes de performances commerciales.

Une étude très récente, réalisée en septembre 2011 par le Ministère du Développement, de l'Analyse Economique et de la Prospective sur les « mesures alternatives de relance économique par les dépenses publiques au Benin », en utilisant un MEGC dynamique révèle qu'une augmentation des dépenses de fonctionnement du gouvernement béninois ne contribue pas à l'expansion des secteurs productifs, n'est favorable qu'aux ménages urbains et détériore le bien-être des autres catégories de ménages. Par contre un accroissement des dépenses publiques d'investissement dans ce pays a un effet positif beaucoup plus important en termes de croissance sur les secteurs productifs et améliore aussi bien le bien-être des ménages urbains que celui des ménages ruraux.

De cette revue de littérature, il ressort bien qu'une comparaison entre l'impact des dépenses publiques de consommation (qui comporte les salaires par exemple) et l'impact des dépenses publiques d'investissement sur l'économie ne conduit pas toujours aux mêmes résultats. Ceci est contraire à la théorie keynésienne et même aux travaux de Barro (1990) qui confèrent d'emblé aux investissements publics un impact plus fort. Il en est donc de même pour une comparaison de l'impact d'une relance économique par la consommation des ménages à celui d'une relance par l'investissement (public ou privé). On se rend également compte que les résultats de telles comparaisons semblent dépendre de l'approche préconisée car les études ayant utilisé une même méthodologie aboutissement aux résultats presque similaires. Mais l'approche par les MEGC semble réunir plusieurs bonnes caractéristiques à la fois. Non seulement elle prend en compte les interactions entre les agents de l'économie, mais aussi elle fournit des effets quantifiés sur les agrégats à court, mais aussi à moyen terme, ce qui rend les comparaisons des différents scénarios plus faciles.

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"Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d'autre"   Paul Eluard