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Mesures alternatives de relance économique par les dépenses publiques au Cameroun.

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par Célestin SIKUBE TAKAMGNO
Institut Sous-régional de Statistique et dà¢â‚¬â„¢Economie Appliquée - Ingénieur Statisticien Economiste 2012
  

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I.2 Cadre théorique de l'étude

La problématique de cette étude s'inscrit dans le cadre du vieux débat théorique du 19e et 20e siècle sur le rôle de l'Etat dans la vie économique d'un pays, ainsi que celui sur l'efficacité des politiques budgétaires selon leurs formes et le choix des sources de financement des dépenses publiques. En effet d'un côté, les partisans de l'Etat providence soutiennent l'idée selon laquelle l'Etat doit intervenir pour stimuler l'activité économique en cas de déséquilibre persistant notamment sur le marché de l'emploi, et pour atténuer l'effet des fluctuations afin d'assurer une croissance régulière. De l'autre côté, une autre vision, celle de l'Etat gendarme est plutôt en faveur de la limitation du rôle de l'Etat à des grandes fonctions régaliennes (armée, justice, police...), en laissant les marchés s'équilibrer d'eux-mêmes par le jeu de

Mémoire professionnel ISE, ISSEA & MINEPAT 2011 13 SIKUBE TAKAMGNO Célestin

Mesures alternatives de relance économique par les dépenses publiques au Cameroun

l'offre et de la demande. Ce débat va s'étendre par la suite, en particulier avec les différentes crises économiques donc la plus récentes a eu lieu en 2008. Même parmi les économistes qui soutiennent l'intervention publique, il n'y aura pas unanimité sur le canal d'intervention que l'Etat devrait privilégier (agir sur la consommation ou sur l'investissement), et même les sources de financement de cette intervention.

3/4 L'optique keynésienne

Keynes (1936) fut le premier à mettre en lumière le rôle indispensable de l'Etat régulateur de l'activité économique pour stimuler la croissance, notamment à travers son ouvrage de 1936 intitulé « Théorie générale de l'emploi, de l'intérêt, et de la monnaie ». Selon cet auteur, le plein emploi sur le marché du travail n'est pas automatique, mais est plutôt une situation exceptionnelle. En d'autres termes, il peut très bien arriver qu'une économie se retrouve en situation d'équilibre de sous-emploi, c'est-à-dire avec un chômage durable9. Une intervention de l'Etat est alors nécessaire pour agir sur les éléments de la demande globale (consommation des ménages ou demande d'investissement des entrepreneurs) et aider le marché à retrouver le plein emploi. Cette intervention se traduit par un accroissement des dépenses publiques (politique budgétaire) ou une diminution des recettes de l'Etat par une baisse des impôts (politique fiscale).

La théorie keynésienne prône en particulier les dépenses d'investissement public car selon elle, ce sont celles-ci qui vont entraîner une augmentation de la demande de matériels (biens d'investissements) et de matériaux et voyant cette augmentation, les fournisseurs de ces biens vont accroître leurs investissements pour répondre à cette demande supplémentaire. Leurs propres fournisseurs auront la même réaction face à la demande supplémentaire qu'eux-mêmes vont exercer et de proche en proche, on va assister à une augmentation de l'activité économique, qui va entraîner des embauches et donc une augmentation des salaires et revenus versés aux ménages. Ces derniers vont à leur tour accroître leur consommation, ce qui va à nouveau amener les entrepreneurs à investir davantage pour augmenter leur production et répondre aussi à la demande supplémentaire des ménages. Grâce à ce mécanisme que Keynes appelle « effet multiplicateur », on débouche sur un accroissement plus que proportionnel (aux dépenses d'investissement public) des revenus.

Par ailleurs, même si la théorie keynésienne prône beaucoup plus les investissements publics, elle n'exclut pas le fait que l'Etat peut accroître ses dépenses en distribuant directement de l'argent aux particuliers (par l'embauche des fonctionnaires, une baisse des impôts sur les

9 Ce qui contredit la loi des débouchés de J.B. Say

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revenus des ménages, ou une revalorisation des salaires publics par exemple), mais elle stipule que dans ce cas, l'effet multiplicateur sur le revenu sera plus faible.

En bref, Keynes émet l'idée selon laquelle le gouvernement doit réguler l'activité économique soit en encourageant la consommation finale des ménages, soit en stimulant les investissements, cette dernière option étant préférable car ayant un effet multiplicateur plus important sur les revenus. Mais plusieurs courants de pensées s'opposent à cette vision keynésienne.

3/4 Le courant libéral et l'Etat minimal

Selon le courant libéral, un certain degré d'intervention de l'Etat est nécessaire, et c'est pour cela qu'il parle d'Etat minimal. Selon Crozet (1991), Adam Smith (1977) fut le premier à mettre les bases de l'Etat minimal. Il stipule que le dirigeant n'a que trois devoirs à remplir :

o Le devoir de défendre la société de tout acte de violence interne ou externe ;

o Le devoir d'instaurer un environnement de justice équitable pour tous les membres de la société ;

o Enfin, le devoir d'ériger et d'entretenir certains ouvrages publics et certaines institutions dont les coûts sont très élevés pour le secteur privé, et qui revêtent un intérêt collectif.

D'autres économistes néo-classiques, en particulier Pigou (1912) et Samuelson (1948) vont par la suite trouver également des justificatifs à l'intervention publique. Pigou va avancer l'argument de l'existence d'externalités négatives liées à l'exercice de certaines activités économiques, qui posent le problème de l'inadéquation entre leurs coûts privés et leurs coûts collectifs ou coûts sociaux. Il va alors suggérer à l'Etat l'imposition d'une taxe dite « pigouvienne » ou du « pollueur-payeur ». Mais l'idée qui est commune à tous ces économistes est que l'Etat doit se plier à la conjoncture économique et non être actif pour l'influencer. Certains iront même jusqu'à faire une démonstration théorique de l'effet neutre, voire même négatif qu'une intervention de l'Etat pourrait avoir sur l'économie d'un pays. C'est le cas de Barro (1974) avec la théorie de l'équivalence ricardienne.

3/4 L'équivalence ricardienne

Selon Lamotte et Vincent (1993), Barro (1974) a repris le théorème de l'équivalence attribué à David Ricardo. Théorème dont l'énoncé a suscité l'un des débats théoriques les plus riches de la fin du XXe siècle, selon ces deux auteurs. Le raisonnement de Keynes repose sur le revenu courant, mais selon Barro (1974), si les agents économiques (entrepreneurs et consommateurs) sont ricardiens en ce sens qu'ils sont prévisionnels et parfaitement au courant

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de la contrainte budgétaire intertemporelle de l'Etat, alors ils anticiperont le fait qu'une baisse des impôts aujourd'hui (sur les salaires du public ou sur les sociétés par exemple), compensée par un accroissement de la dette publique, débouchera dans le futur sur des impôts élevés pour le remboursement de cette dette. Ainsi, ils vont préférer épargner le surplus de revenu d'aujourd'hui pour se prémunir de cette hausse future des impôts. In fine, le revenu permanent des ménages restera stable et en l'absence de toute contrainte sur la liquidité et sur les marchés des capitaux, ni la consommation finale des ménages, ni le niveau d'investissement des entreprises privées ne bougera. Le multiplicateur keynésien sera donc nul dans ce cas. Mais pour lui, ce multiplicateur peut même être négatif dans le cas où le gouvernement garde inchangé le niveau de prélèvement fiscal tout en accroissant des dépenses par endettement. En effet, dans ce cas selon Barro, les consommateurs et les sociétés privées qui anticipent que le remboursement futur de cette dette de l'Etat va nécessiter une hausse des impôts, vont accroître leur épargne et diminuer leur revenu permanent (et donc leur consommation) pour les ménages, et le niveau d'investissement pour les entreprises. Ce qui aboutit donc plutôt à une chute de l'activité économique et de la croissance, et le degré de cette chute dépend de la productivité des dépenses publiques. Ce qui veut aussi dire que dans ce cas, si les dépenses de l'Etat sont destinées à la consommation publique (hausse des salaires par exemple), qui est souvent qualifiée de non-productive, la chute de la croissance sera encore plus forte.

En bref, selon cette équivalence ricardienne, avec les anticipations rationnelles des agents économiques qui sont prévoyants, toute politique budgétaire de l'Etat aboutit au meilleur des cas à un effet neutre sur l'économie, et au pire des cas à une chute de l'activité et de la croissance économique par le jeu du multiplicateur keynésien qui devient négatif.

Il aura fallu attendre la théorie de la croissance endogène et particulièrement les travaux de Barro (1990) pour réaffirmer le rôle du capital public dans l'évolution de l'activité économique, après les échecs subis par des relances keynésiennes dans certains pays, surtout pendant la crise des années 70.

3/4 Le modèle de Barro (1990)

Dans le but de mettre en évidence le lien entre la politique gouvernementale (dépenses publiques) et la croissance économique dans un cadre endogène, Barro (1990) s'inspire des travaux de Solow (1956) et adopte les hypothèses néo-classiques. En effet, il considère une famille représentative infiniment altruiste dont la fonction d'utilité instantanée est donnée

par :

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????? ? ?? 0

???

(i)

?? étant la consommation de cette famille à l'instant t. cette famille maximise son utilité intertemporelle qui est donnée par :

? ? ?? ?????. ???.??? (ii)

Où ? est le taux de préférence pour le présent.

Il suppose u ne fonction de production privée de type Cobb-Douglas où les facteurs :

?? ? ?????????????, 0 ? ? ? 1, (iii)

Cette fonction de production est à rendements d'échelle constants par rapport aux facteurs travail L et capital K. Les dépenses publiques G viennent booster la production du secteur privé.

Partant de la formule de répartition du produit ??, on déduit la relation :

??? ? ?? ? ?? ? ?? ? ?. ?? (iv)
Où ??? représente la variation du stock de capital et ? le taux de dépréciation du capital.

Il considère aussi que le gouvernement équilibre son budget en prélevant un impôt sur la production brute agrégée Y, représentant un taux z de celle-ci. Les dépenses publiques sont donc entièrement financées par cet impôt, de sorte que l'on peut écrire :

Gr = zYr (v)

En résolvant son modèle, Barro obtient la relation suivante :

??? ?

? ?

??

?

? .??1 ? ???1 ? ??. ????. ???

?

?????? ? ? ? ??

?

(vi)

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L'effet des dépenses publiques sur le taux de croissance s'exprime de deux manières opposées. Tout d'abord négativement à travers le terme 1- z , puis de façon positive à travers

??? ??????, puisque ? ? ?? ?

??. En d'autres termes, une augmentation des dépenses publiques

provoque d'une part une amélioration de la productivité des facteurs de production privée et favorise ainsi la croissance, mais d'autre part elle nécessite une hausse du taux des ponctions sur les ressources des agents et donc une diminution de l'appropriation privée du produit, qui a des implications négatives sur la croissance économique. En fin de compte, la croissance de long terme résulte de l'interaction entre ces deux effets opposés.

Enfin, Barro retrouve le taux d'impôts qui maximise la croissance économique à partir de la relation (vi) : ? ? ?.

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Mesures alternatives de relance économique par les dépenses publiques au Cameroun

Mais, même si ces travaux de Barro semblent avoir mis beaucoup d'économistes d'accord sur le rôle régulateur de l'Etat dans la vie économique d'un pays et que plusieurs dirigeants du monde semblent aussi avoir adopté cette vision, les résultats des études empiriques sont plutôt controversés. En effet, si certaines de ces études arrivent à la conclusion selon laquelle les dépenses publiques ont un effet positif sur la croissance économique, d'autres arrivent plutôt à des conclusions opposées comme nous allons l'apercevoir au paragraphe qui suit. Certains chercheurs ont alors opté pour une décomposition des dépenses publiques (notamment en dépenses de consommation publique et dépenses d'investissements), mais les résultats sont toujours controversés et contrairement à ce que dit la théorie keynésienne, les dépenses de consommation publique (qui renferment les salaires versés aux fonctionnaires) ont parfois un effet plus significatif sur l'activité économique et la croissance que les dépenses d'investissement public.

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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon