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Effet de l'interdépendance des tàąches sur la relation entre compétences politiques, performance contextuelle et sentiment d'accomplissement personnel.

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par Charlotte Hardouin
IED Université Paris 8 - Master 1 Psychologie Sociale et Ressources Humaines 2014
  

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Mémoire de recherche

Effet de l'interdépendance des tâches sur la relation entre compétences politiques, performance contextuelle et sentiment d'accomplissement personnel

Sous la direction de Lionel Dagot

Année Universitaire 2014-2015

Master 1 Psychologie Sociale Travail et Ressources Humaines

Charlotte Hardouin N°étudiant 13408611

Remerciements

Je tiens à remercier mon directeur de mémoire, monsieur Lionel Dagot, pour sa disponibilité précieuse et constante, et pour ses conseils avisés qui m'auront guidée dans chacune des étapes de la réalisation de ce mémoire de recherche.

Un grand merci à Mauro Locarnini, mon responsable hiérarchique, directeur de l'équipe « Talent Management », pour sa compréhension les jours où j'ai pu sembler plus préoccupée par ce travail de recherche que par mon activité professionnelle, son intérêt manifeste pour ce mémoire, son implication personnelle, et enfin pour son soutien sans failles dans les moments rendus difficiles par la charge de travail.

Merci également Terran Mackman, ma pair au sein de l'équipe « Talent Management », basée aux Etats-Unis et diplômée d'un PhD en Organizational Development, pour son aide enthousiaste, son écoute, et pour avoir contribué à élargir mes perspectives en partageant un point de vue interculturel et ses conseils méthodologiques.

Merci encore à Claire Gouffal, collègue de promotion à l'IED, avec qui le fait de suivre le même rythme dans la réalisation de ce travail de recherche m'a tant de fois permis de me sentir moins seule et de partager nos doutes et questionnements, et merci à Michel Juan, mon directeur de stage, pour ses conseils avisés et sa bienveillance.

Merci enfin à mes proches pour m'avoir supportée et soutenue au cours de ces derniers mois, pour n'avoir eu de cesse de me rassurer et de m'encourager, et pour leurs relectures consciencieuses des différentes parties de ce mémoire.

Résumé

Si les études précédentes ont déjà mis en évidence le lien entre compétences politiques et performance au travail d'une part, et entre compétences politiques et épuisement émotionnel d'autre part, l'impact des caractéristiques métiers sur ces relations reste à investiguer. En se concentrant sur le niveau d'interdépendance des tâches pour caractériser le métier exercé, cette recherche vise à étudier l'usage des compétences politiques en tant que ressources individuelles ayant un effet est positif sur la performance contextuelle et sur le niveau d'accomplissement personnel. La participation de 133 employés de secteurs d'activité divers a permis d'élargir le champs de recherche au-delà des métiers de la vente et du management , qui sont les métiers prédominants dans le champ de recherche des compétences politiques, et des métiers du soin et du service à la personne, qui sont les plus représentés dans les recherches sur l'épuisement professionnel. De plus, cette étude est la première à notre connaissance à comparer les mesures de performance et d'épuisement professionnel au sein d'une même recherche.

Outre l'hypothèse de relation directe entre compétences politiques et performance contextuelle, cette étude vise à mettre en avant un effet de modération de cette relation par l'interdépendance. De la même manière, le deuxième volet de cette étude vise à analyser l'influence des compétences politiques sur l'accomplissement personnel, et sa modération par le niveau d'interdépendance des tâches inhérent au métier exercé. La théorie de conservation des ressources développée par Hobfoll (1989) constitue le cadre théorique de cette recherche.

Les résultats attestent de l'effet direct des compétences politiques sur le niveau de performance contextuelle global, et dirigée vers les individus en particulier. De plus, un effet de modération par l'interdépendance de la relation entre intuition sociale et performance contextuelle est mis en avant par cette étude. Les individus ayant une forte intuition sociale démontrent un niveau de performance contextuelle significativement supérieur dans les contextes d'interdépendance élevée que dans les contextes de faible interdépendance. Par ailleurs, les résultats indiquent un effet direct des compétences politiques sur le niveau d'accomplissement personnel, en particulier des dimensions de l'intuition sociale et de l'adaptation interindividuelle, mais pas d'effet direct de l'interdépendance sur cette variable.

Ces résultats indiquent un caractère prédicteur important des compétences politiques individuelles sur la performance dirigée vers le collectif, et en particulier envers les individus qui le composent. Ils confirment ainsi le rôle des compétences politiques en tant que ressources individuelles facilitatrices de réussite au sein de l'arène politique qu'est toute organisation, et protectrices du sentiment d'accomplissement personnel. Cette recherche renforce l'idée que les compétences politiques peuvent être bénéfiques non seulement pour les individus mais pour le collectif de travail au sein de l'organisation. La poursuite des stratégies individuelles permettant de faire avancer l'ensemble, l'enjeu de l'étude des compétences politiques pour les entreprises ouvre les perspectives de ce champ de recherche.

Sommaire

Introduction 3

1. Compétences politiques : ressources de l'individu 7

1.1 Cadre théorique : la théorie de conservation des ressources 7

1.2 Définition du construit de compétences politiques 8

2. Compétences politiques et performance 10

2.1 Les compétences politiques, facteur de performance au travail 10

2.2 Performance à la tâche et performance contextuelle 12

2.3 Compétences politiques et performance contextuelle 12

3. Compétences politiques et stress perçu 14

3.1 Relation directe entre compétences politiques et stress perçu 14

3.2 Modalités d'action des compétences politiques 16

4. Compétences politiques et contexte professionnel 17
4.1 L'importance des compétences politiques selon les exigences interpersonnelles et sociales liées à

l'occupation 17

4.2 Interdépendance des tâches et stress perçu 20

5. Etude 22

6. Mesure 25

6.1 Outils de mesure 25

6.2 Protocole 27

7. Synthèse résultats 28

8. Résultats détaillés 30

8.1 Statistiques descriptives et analyse de corrélations 30

Résultats concernant l'échantillon global 30

Statistiques descriptives des variables étudiées et analyse des corrélations 30

8.2 Stratégie d'analyse 35

Compétences politiques et performance contextuelle 37

Compétences politiques et performance contextuelle envers les individus 40

Compétences politiques et performance contextuelle envers l'organisation 43

Compétences politiques et accomplissement personnel 44

9. Discussion 45

9.1 Contribution de l'étude au champ de recherche 45

9.2 Limites et perspectives de recherche 50

Limites liées aux variables et outils de mesure 51

Limites liées au protocole 53

9.3 Ouvertures 55

Références 57

Annexes 64

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Introduction

Les compétences politiques constituent un construit interpersonnel qui associe la sagacité sociale à la capacité à créer des liens et à démontrer un comportement approprié aux situations rencontrées, le tout d'une façon engageante qui inspire la confiance et donne à l'individu l'image d'une personne sincère et authentique (Ferris, Perrewé, David, et Gilmore, 2000). La compétence politique fait également référence à la compréhension des interlocuteurs de l'environnement professionnel, et à l'utilisation de cette connaissance tacite pour influencer leurs comportements dans ses propres intérêts ou ceux de l'organisation. Si les recherches initiales postulaient une seule et unique dimension au concept de compétences politiques, les travaux plus récents se basent sur un modèle multifactoriel des compétences politiques à quatre dimensions : l'intuition sociale, la sincérité apparente, l'adaptation interindividuelle et la capacité à entretenir des liens de réseaux.

Malgré le caractère récent du construit de compétences politiques, ce dernier a fait l'objet de nombreuses recherches dans une large variété de contextes, non seulement comme descripteur de plusieurs phénomènes organisationnels mais également comme prédicteur de performance (Blickle et al., 2008; Blickle et al., 2011; Blickle, Wendel et Ferris, 2010; Ferris et al., 2005; Jawahar, Meurs, Ferris et Hochwarter, 2008).

La revue de littérature fait ainsi ressortir que les liens entre compétences politiques et performance au travail ont surtout été étudiés à travers trois indicateurs principaux : l'évolution de carrière, le leadership, et la performance globale du salarié. Cependant, du fait de l'évolution du contexte socio-économique qui oblige les organisations et leurs acteurs à toujours plus d'adaptabilité, de flexibilité et de polyvalence, la notion même de performance au travail est amenée à évoluer (Semadar, Robins et Ferris, 2006).

Certains auteurs distinguent donc la performance à la tâche, qui correspond aux exigences inhérentes au métier exercé et formellement requises par le poste, de la performance contextuelle, qui fait référence aux comportements non explicitement requis mais néanmoins valorisés par le

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collectif (Beaty, Cleveland, et Murphy, 2001; Borman et Motowidlo, 1993; Motowildo, Borman et Schmidt, 1997). Selon les auteurs, ce dernier type de performance peut être intitulée différemment (performance citoyenne, citoyenneté organisationnelle, performance organisationnelle...) et se manifester de façons variées, mais un consensus existe quant à sa finalité. Plus spécifiquement, Van Scotter et Motowildo (1996) avancent que la performance contextuelle peut être dirigée soit envers l'organisation au sens large (comportements de loyauté, de conformisme, d'engagement dans la vie de l'entreprise, esprit sportif) soit envers les individus qui la composent (altruisme, coopération). On sait par ailleurs grâce aux apports de plusieurs études que le niveau de compétences politiques est significativement plus prédicteur de performance contextuelle que de performance à la tâche (Bing, Davison, Minor, Novicevic et Frink, 2011; Jawahar, Meurs, Ferris et Hochwarter, 2008; Touzé, 2005).

La disparité des résultats de ces travaux laisse néanmoins supposer l'existence de variables modératrices de la relation entre compétences politiques et performance au travail, telles que la nature des demandes psychologiques (Blickle et al., 2009). Ainsi, les résultats d'une méta-analyse (Bing, Davison, Minor, Novicevic et Frink, 2011) confirment notamment que le lien entre compétences politiques et performance à la tâche est plus faible pour les postes impliquant peu de contacts interpersonnels et sociaux, tandis que le lien entre performance contextuelle et compétences politiques est très fort et stable, quel que soit le type de poste.

Outre leur influence sur la performance, les compétences politiques ont été étudiées pour leur effet sur le stress perçu. Plusieurs recherches utilisant le cadre de la théorie de conservation des ressources (Hobfoll, 1989) considèrent ainsi ce type de compétences comme une ressource qui permet à l'individu soit de faire face directement aux contraintes de son environnement (processus de modération), soit d'accéder à des leviers d'action ou ressources supplémentaires (processus de médiation) grâce à un large réseau interpersonnel.

Plusieurs variables modératrices et médiatrices ont donc été mises en avant dans l'étude de la relation entre les compétences politiques et l'épuisement émotionnel, qui est la conséquence du stress perçu la plus largement documentée. Ce construit de l'épuisement professionnel ne fait cependant pas l'unanimité, et plusieurs modèles ont été développés depuis sa définition initiale par Maslach et Jackson en 1986. Les détracteurs du Maslach Burnout Inventory remettent

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notamment en cause la troisième dimension de « réduction de l'accomplissement personnel », qui correspond selon ce modèle à une conséquence du stress mais pourrait être envisagée comme une ressource pour y faire face, et serait de fait pertinente à étudier en tant que variable dépendante à part entière. Des corrélations négatives ont ainsi été trouvées entre le niveau de compétences politiques et la réduction de l'accomplissement personnel. Les individus ayant un haut niveau de compétences politiques sont en effet plus à même de comprendre et gérer leur environnement et interactions sociales, ce qui leur permet de mieux faire face aux éléments stressants auxquels ils sont confrontés dans leur cadre professionnel.

Blickle et al. (2009) sont les premiers à faire le lien entre le construit de compétences politiques et le type de demande psychologique selon les emplois. Ces auteurs ont donc choisi la nature du métier pour caractériser le type de demande psychologique, or d'autres caractéristiques métiers que leur finalité peuvent être intéressantes à étudier en lien avec les compétences politiques, comme la prépondérance des relations interpersonnelles dans l'activité exercée, et les enjeux des relations interpersonnelles et leur importance pour la performance au travail. Le niveau d'interdépendance propre au métier, définit comme le « degré auquel les individus sont dépendants et reçoivent le soutien direct d'autres personnes (collègues et responsable d'équipe) afin d'accomplir leur travail » (Thompson, 1967), constitue donc une variable pertinente.

On peut en effet se demander dans quelle mesure la prédiction de la performance par les compétences politiques peut varier selon le degré d'interdépendance des tâches inhérent au métier exercé, et si les dimensions des compétences politiques en jeu sont les mêmes quel que soit le contexte. Les résultats de quelques recherches ont déjà permis de démontrer que les compétences politiques opèrent plus efficacement pour certains métiers, de commercial et de management notamment (Blickle, Wendel et Ferris, 2010; Jawahar et Ferris, 2011; Jawahar, Meurs, Ferris et Hochwarter, 2008; Munyon et Ferris, 2009), et sont ainsi plus ou moins prédicatrices de performance selon les contextes. Par ailleurs aucune étude, à notre connaissance, ne trouve de relation avec la performance dans les contextes de travail où l'interaction interpersonnelle n'est pas un élément fondamental d'efficacité.

Un niveau élevé d'interdépendance laissant supposer une forte prépondérance des relations interpersonnelles dans l'activité exercée, on peut avancer que le stress perçu dans de tels

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contextes pourrait être minoré par la capacité du sujet à se reposer sur un réseau interpersonnel plus large. En effet, dans le cadre de la théorie de conservation des ressources, le soutien social a déjà été défini comme une ressource du sujet pour mieux faire face aux facteurs de stress (Alarcon, 2011).

Subséquemment on peut se demander si le degré d'interdépendance des tâches peut modérer la relation entre compétences politiques et performance évaluée d'une part, et entre compétences politiques et accomplissement personnel d'autre part.

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1. Compétences politiques : ressources de l'individu

1.1 Cadre théorique : la théorie de conservation des ressources

La théorie de la conservation des ressources (« Conservation of Resources ») élaborée par Hobfoll (1989) fournit un cadre théorique particulièrement adapté à cette recherche, qui vise à étudier l'usage des compétences politiques en tant que ressources individuelles ayant un effet positif sur la performance et sur le niveau d'accomplissement personnel. Selon cette théorie, la capacité des sujets à gérer le stress auquel ils peuvent être confrontés dans leur environnement est fonction des ressources de coping qu'ils ont à leur disposition (Hobfoll, 1989, 2001, 2002). Hobfoll (2002) suggère en effet que des caractéristiques personnelles du sujet peuvent constituer des ressources ou « tampons » pour lui permettre de mieux gérer le stress induit par des contraintes externes. Ces ressources peuvent être de différentes natures (estime de soi, sentiment de réalisation, temps, argent, objets, propriétés, statut sociétal ou organisationnel...).

La théorie de conservation des ressources conçoit le stress comme résultant non seulement de demandes extérieures mais également de l'incapacité pour le sujet d'agir pour limiter l'impact de ces demandes. L'épuisement professionnel proviendrait ainsi selon cette théorie d'une exposition prolongée de l'individu à une situation qui représente une menace pour ses ressources d'action. Ainsi, selon la théorie de conservation des ressources, l'épuisement professionnel peut être interprété comme « l'état d'un individu qui ne peut ni conserver, ni développer, ses ressources internes » (Doane, Schumm et Hobfoll, 2012).

Plusieurs auteurs ont déjà abordé les compétences politiques dans ce cadre théorique. Ils conçoivent ainsi les compétences politiques comme un capital social grâce auquel l'individu peut mieux faire face aux menaces potentielles de son environnement, ce socle de compétences permettant de développer un large réseau de connections et d'alliances. Ainsi Ferris et al. avancent que « les personnes ayant un haut niveau de compétences politiques sont tout à fait conscientes des investissements personnels que représentent les connexions sociales qu'ils créent, ce qui leur permet de démultiplier leur capital social et leur réputation, et optimise de fait leurs chances de réussite professionnelle. »

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On sait par ailleurs que les relations interpersonnelles, et à fortiori le soutien social, sont une ressource à part entière dans la mesure où elles limitent la perte de ressources ou permettent d'en gagner de nouvelles (Hobfoll, 2002). Si les compétences politiques permettent l'accès au soutien social, alors il fait sens de les considérer comme une ressource pour le sujet face aux menaces de son environnement. Dans ce sens, Jawahar et al. montrent dans leur recherche que les compétences politiques et la perception de support organisationnel limitent le risque d'occurrence d'un syndrome d'épuisement professionnel.

Plusieurs auteurs ont travaillé autour du postulat que les compétences politiques représentent un atout pour le sujet face aux contraintes de son environnement dans le sens où elles lui donnent une capacité d'action sur ce dernier. Le fait que les individus ont la possibilité d'agir sur leur environnement en actionnant certains leviers interpersonnels (comme les compétences politiques) de façon à réduire leur stress ressenti est en effet déjà bien établi (Harvey, Harris, Harris et Wheeler, 2007; Hochwarter et al., 2009 ; Meurs, Gallagher et Perrewé, 2010).

L'étude des compétences politiques dans le cadre de la théorie de conservation des ressources est par ailleurs étayée par les nombreuses recherches qui les positionnent soit comme une ressource propre lorsqu'elles étudient un processus modérateur, soit comme un moyen d'accéder à de nouvelles ressources en s'appuyant sur un réseau interpersonnel dans le cadre d'un processus médiateur.

1.2 Définition du construit de compétences politiques

Malgré le caractère récent de ce construit, les compétences politiques ont déjà fait l'objet de nombreuses recherches du fait de l'intérêt qu'elles représentent pour les entreprises. En effet, dans le contexte économique actuel qui demande de plus en plus de flexibilité et d'adaptabilité des sujets, ce type de compétences devient un atout fondamental pour toute personne désirant réussir sa carrière. Le champ de recherche sur les compétences politiques se base en effet sur la conception de toute organisation comme une arène politique, dans laquelle le potentiel d'évolution de chacun ne repose plus uniquement sur la performance objective mais également la

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capacité à comprendre et utiliser les enjeux de pouvoirs et d'influence qui s'y jouent (Crozier et Friedberg, 1981).

Mintzberg (1983) avance ainsi dans ses travaux que le construit de compétences politiques fait référence à l'exercice d'influence à travers la persuasion, la manipulation et la négociation, et Pfeffer (1991) est le premier à amener les compétences politiques dans le contexte professionnel. Dans cette perspective, réussir au sein de toute organisation nécessite d'accéder à des informations critiques ou rares. Les personnes ayant un haut niveau de compétences politiques sont donc avantagées pour obtenir ce type d'informations car elles dédient beaucoup de temps à entretenir leur réseau professionnel et à développer leurs connexions avec des personnes influentes et potentiellement utiles (Ferris et al, 2005, publié dans la presse). Elles sont par conséquent plus à même d'obtenir et de sécuriser les ressources dont elles ont besoin pour leur travail en s'appuyant sur leur réseau et leur capacité à convaincre.

Les compétences politiques peuvent être résumées comme « l'aptitude à comprendre les autres au travail, et à utiliser ces connaissances pour influencer autrui à agir de manière à renforcer ses propres objectifs ou ceux de l'organisation. » (Ahearn, Ferris, Hochwarter, Douglas et Ammeter, 2004). Elles sont caractérisées par une fine perception sociale et la capacité pour un individu d'ajuster son comportement aux personnes et situations changeantes et variées de l'environnement professionnel (Ferris et al, 1999, 2005). On peut donc parler d'une intelligence sociale et situationnelle appliquée au contexte professionnel, qui permet de savoir non seulement quoi dire mais également à qui le dire et à quel moment, d'une façon qui ne paraisse pas intéressée et qui inspire confiance (Ferris et al., 2000).

On observe une évolution de la définition de ce construit dans les recherches. Les premières études concevaient en effet le socle des compétences politiques comme une variable indivisible (Ferris et al., 1999) tandis que les travaux plus récents s'accordent à distinguer plusieurs dimensions constitutives de ce modèle (Ferris et al., 2005).

Les auteurs identifient un modèle multifactoriel des compétences politiques à quatre dimensions : l'intuition sociale, la sincérité apparente, l'adaptation interindividuelle et la capacité à entretenir des liens de réseaux.

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L'intuition sociale désigne la finesse de perception et de compréhension des situations et des interlocuteurs rencontrés. Parce qu'elle représente une « clé de lecture » de leur environnement, les sujets ayant une intuition sociale élevée ont plus de facilité à s'identifier aux autres et à comprendre les situations, ce qui leur permet d'interpréter justement les relations interpersonnelles et leurs enjeux.

La sincérité affichée est une dimension à part entière, et renvoie au fait que les personnes ayant un haut niveau de compétences politiques sont perçues par leurs interlocuteurs comme étant honnêtes, authentiques et sincères. Or, la perception des individus comme non intéressés ou motivés par des intérêts personnels est un prérequis à toute tentative d'influence (Jones, 1990), qui repose sur le besoin d'établir en premier lieu la confiance.

L'adaptation interindividuelle est la dimension des compétences politiques qui fait référence à la capacité pour l'individu d'ajuster son comportement et son discours au style de son interlocuteur, de façon à exercer son influence et convaincre sans pour autant que cet objectif soit explicite.

La capacité à entretenir des liens de réseaux, quatrième dimension du construit de compétences politiques, caractérise la propension de l'individu à créer de nouvelles connexions et à développer les relations sociales avec les différentes personnes de son environnement, et principalement celles qui peuvent lui être utiles pour atteindre ses objectifs personnels et/ou organisationnels. Les relations, les amitiés, la création de réseaux, d'alliances et de coalitions sont en effet essentielles dans les arènes politiques que sont les organisations (Bacharach et Lawler, 1998; Pfeffer, 1992), et permettent aux sujet ayant de fortes compétences politiques non seulement de se constituer un socle de soutien social fort mais également de créer et de profiter de nouvelles opportunités grâce à la visibilité procurée par ces réseaux socio-professionnels (Pfeffer, 1992).

2. Compétences politiques et performance

2.1 Les compétences politiques, facteur de performance au travail

L'environnement compétitif actuel encourage la recherche de variables prédicatrices de performance, et plusieurs auteurs ont ainsi cherché quels facteurs de personnalité pouvaient avoir

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un niveau significatif sur le niveau de performance évalué (Arsenault et Dolan, 1983; Meurs, Perrewé et Ferris, 2011).

Peu d'études cependant, au regard de l'ensemble des travaux sur les compétences politiques, ont étudié leur effet sur la performance (Ferris et al., 2005; Jawahar et al., 2008 ; Semadar, Robins et Ferris, 2006), et un consensus émerge quant à l'intérêt de poursuivre ces investigations.

Malgré le caractère récent du modèle de compétences politiques, la revue de littérature permet déjà de faire ressortir une évolution des recherches dans le sens d'une opérationnalisation de ce construit. Ce dernier peut en effet représenter un véritable enjeu pour les entreprises, car les auteurs s'accordent sur le caractère prédicteur de performance au travail des compétences politiques et partagent l'idée que les compétences politiques pourraient être développées.

Ainsi, qu'elles soient considérées comme des ressources propres de l'individu ou comme des leviers individuels permettant l'accès à d'autres ressources, les conclusions des études publiées permettent déjà de montrer que ces ressources individuelles peuvent soit impacter directement, soit modérer, la relation existante entre une variable interdépendante et la performance objective ou évaluée.

De plus, différentes variables modératrices de la relation directe existant entre compétences politiques et performance ont été révélées par les travaux de recherches, telles que la perception de justice organisationnelle, la rationalité, la sincérité, la conscience professionnelle, la réputation, la crédibilité, le caractère politique de l'organisation, ou encore l'adéquation entre compétences et contexte professionnel, le type de demande psychologique...

Quelques recherches ont également essayé de contextualiser la prédiction de la performance par les compétences politiques en étudiant différents types de métiers. Ainsi Blickle et al. (2012) montrent dans leurs recherches que les compétences politiques prédisent significativement plus la performance pour les métiers définis comme de type entreprenants que pour les autres catégories de la typologie de Holland (1985). D'autres travaux s'accordent sur la prédiction de la performance managériale par les compétences politiques (Ferris et al., 2005 ; Semadar, Robins et Ferris, 2006).

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2.2 Performance à la tâche et performance contextuelle

Notre époque a vu apparaître des changements concernant la définition même de performance au travail. L'environnement compétitif actuel augmente en effet l'importance des compétences relationnelles et de la polyvalence (Semadar, Robins et Ferris, 2006). A la différence des structures traditionnelles, les nouvelles organisations placent les employés dans des rôles plus ambigus, nécessitant de gérer des intérêts potentiellement divergents, auprès d'audiences et d'évaluateurs multiples (Cascio, 1995). Ainsi, pour la plupart des métiers aujourd'hui, une performance satisfaisante se caractérise non seulement par la réalisation des tâches et missions inhérentes au poste, mais également par la démonstration de comportements dans l'intérêt de l'organisation mais ne faisant pas partie de la fiche de poste. Le besoin de prendre en compte des activités périphériques facultatives mais nécessaires à l'efficacité dans un poste de travail a ainsi fait apparaître la notion de « comportements citoyens » au sein de l'organisation. Certains auteurs envisagent cette question sous l'angle d'une division de la mesure de performance globale en deux dimensions permettant de distinguer la performance à la tâche et la performance contextuelle (Borman et Motowidlo, 1993). La performance à la tâche englobe ainsi les aspects strictement techniques et objectivement attendus du salarié. La performance contextuelle a trait aux attentes implicites, et aux comportements sociaux (entraide, altruisme, initiative personnelle par exemple) qui ne sont pas des critères officiels d'évaluation, mais qui participent à l'efficacité globale du salarié et peuvent être des déterminants importants de l'évaluation générale du salarié faite par son supérieur.

2.3 Compétences politiques et performance contextuelle

Les compétences politiques ont jusqu'ici été principalement étudiées avec la performance à la tâche, et rares sont les travaux qui associent ce construit à la mesure de performance contextuelle. Or, étant une variable interindividuelle, on peut se demander si ce construit ne prédit pas en proportion plus importante la performance contextuelle, qui renvoie à l'engagement individuel du sujet dans l'organisation, plutôt que la performance à la tâche qui ne renvoie « qu'à » la réalisation des attributions formelles du poste. On peut s'appuyer sur plusieurs travaux pour ouvrir cette discussion.

Motowildo et Van Scotter (1994) montrent dans leur recherche que les superviseurs donnent autant de poids aux deux types de performance lorsqu'ils jugent le travail de leurs subordonnés,

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et par ailleurs évaluent significativement mieux les employés ayant un niveau élevé de compétences politiques que ceux qui ne cherchent pas à se faire bien voir. Les individus ayant un niveau élevé de compétences politiques useraient donc de leur capacité d'influence pour orienter en leur faveur la perception qu'a leur superviseur de leur performance au travail, tant sur les aspects liés aux tâches qui leur incombent que sur les comportements démontrés en dehors des exigences du poste (Kolodinsky, Treadway et Ferris, 2007).

Le type de demandes liées à l'activité exercée peut cependant avoir un impact sur la part de variabilité de la performance contextuelle expliquée par le niveau de compétences politiques. Les résultats de la méta-analyse de Bing, Davison, Minor, Novicevic et Frink (2011) indiquent en effet que le lien entre compétences politiques et performance à la tâche est beaucoup plus faible pour les postes impliquant peu de contacts interpersonnels et sociaux, tandis que la relation entre performance contextuelle et compétences politiques est très fort et stable, quel que soit le type de poste.

La définition de la notion de performance contextuelle a fait l'objet de nombreuses publications, dont les plus récentes s'accordent sur la nécessité de distinguer deux sous-dimensions qui font référence à l'engagement organisationnel d'une part, et l'engagement interpersonnel d'autre part. Si l'on aborde la performance dans une approche systémique des organisations, qui conçoit ces dernières comme des arènes politiques où cohabitent coalitions, groupes d'intérêts divergents et ressources rares, toute réalisation au sein de tels environnements est dépendante de l'exercice de pouvoir et d'influence au-delà de la réalisation seule des tâches inhérentes au métier. On peut donc émettre l'idée que le rôle prédicteur des compétences politiques est plus fort pour la dimension de performance contextuelle dirigée vers les individus, qui sont autant de ressources potentiellement utiles et leviers d'actions indirects pour le sujet, plutôt que l'organisation au sens large. Cette hypothèse est renforcée par la nature même des compétences politiques qui sont conceptualisées comme une variable interindividuelle et donc par définition plus à même de jouer sur la dimension interpersonnelle de la performance contextuelle.

Notre première hypothèse postule donc que le niveau de compétences politiques sera positivement associé à l'évaluation de performance contextuelle. Plus spécifiquement, le

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niveau de compétences politiques sera le plus significativement associé à la performance contextuelle dirigée vers les individus.

A notre connaissance aucune recherche n'a cherché à comparer le poids de chaque dimension de compétence politique sur la variabilité de la performance.

Néanmoins quelques résultats d'études donnent des pistes de recherche. Ferris et al. (2005) avancent ainsi dans l'une de leurs recherches que la dimension d'intuition sociale et celle qui est le plus significativement liée à l'évaluation de performance faite par le superviseur. De plus, la performance contextuelle envers les individus se rapportant principalement à la notion d'altruisme, on peut penser que les sujets seront jugés d'autant plus altruistes que leur comportement sera perçu comme désintéressé.

On formule donc l'hypothèse que les dimensions de sincérité affichée et d'intuition sociale des compétences politiques seront les plus significativement associées aux dimensions de performance contextuelle dirigée vers les individus.

3. Compétences politiques et stress perçu

3.1 Relation directe entre compétences politiques et stress perçu

La revue de littérature des compétences politiques est plus riche en ce qui concerne leur effet bénéfique sur le niveau de stress ressenti.

L'épuisement professionnel est en effet l'un des champs de recherche majeur en psychologie sociale, et le contexte économique et compétitif actuel renforce l'importance d'investiguer pour améliorer la connaissance de ce construit. On sait par le grand nombre de recherches existant à ce jour, qu'outre les facteurs de stress liés au métier exercé, les caractéristiques individuelles peuvent influencer le niveau de tension perçu.

Par ailleurs, la théorie de conservation des ressources définit le stress comme l'état d'un individu exposé de façon prolongée à une situation qu'il perçoit comme menaçante pour les ressources dont il dispose pour faire face aux contraintes extérieures, que ce soit pour en maintenir le niveau

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ou au regard de sa capacité à en développer de nouvelles. Selon cette approche théorique, les ressources du sujet pour faire face aux exigences physiques et émotionnelles du travail influencent sa prédisposition à l'épuisement professionnel.

Subséquemment, dans cette perspective, les compétences politiques représenteraient un type de ressources auquel le sujet peut faire appel pour limiter l'impact du stress engendré par les facteurs de son environnement professionnel.

Perrewé et al. (2004) définissent ce type de compétences comme la capacité à comprendre les individus avec lesquels le sujet interagit dans son environnement professionnel, et à utiliser cette connaissance dans l'intérêt de ses objectifs personnels ou organisationnels. Les compétences politiques se mesurent par l'acuité de la perception sociale et la capacité à ajuster ses actions et comportements aux besoins variés et changeants des situations (Ferris et al, 1999, 2005). Ce type de compétence représente donc une variable de différence individuelle pertinente pour comprendre comment les individus perçoivent les contraintes de leur environnement et gèrent le stress qui en résulte.

La revue de littérature étayant la corrélation positive entre le niveau de compétences politiques et la réduction de la tension issue de facteurs de l'environnement professionnel est riche malgré le caractère récent du construit. La majorité des recherches indiquent ainsi une corrélation significative des compétences politiques avec un niveau de tension perçue réduit, une moindre dépersonnalisation et un sentiment d'accomplissement personnel plus élevé.

Notre deuxième hypothèse est que le niveau de compétences politiques sera positivement associé à l'accomplissement personnel.

Il est par ailleurs important de noter que chaque dimension de compétence politique a un effet significatif sur au moins une des dimensions du burnout. Plus précisément, l'étude menée par Dagot et al. (2014) avance que les dimensions d'influence interpersonnelle et de capacité de réseau impactent significativement le niveau d'épuisement émotionnel, de fatigue physique, et de lassitude cognitive. Les dimensions de l'intuition sociale et de sincérité affichée sont quant à elles les moins influentes sur les trois variables dépendantes précédemment citées.

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On peut donc préciser l'hypothèse formulée ci-dessus en avançant que les dimensions de capacité de réseau et d'adaptation interindividuelles des compétences politiques seront les plus significativement associées de façon positive au niveau d'accomplissement personnel.

3.2 Modalités d'action des compétences politiques

L'étude menée par Perrewé et al. (2004) a été la première à décrire concrètement le rôle modérateur des compétences politiques dans la relation entre une demande psychologique inhérente au cadre professionnel et la tension perçue, et a servi de base à des études postérieures visant à décrire plus précisément cette relation. Deux modes d'action principaux (Ferris et al., 2005; Treadway et al., 2005) ont ainsi été avancés.

Premièrement, la perception des facteurs de tension présents dans l'environnement des sujets peut être différente selon leur niveau de compétences politiques. Utilisées comme stratégies de « coping », les compétences politiques du sujet influencent la perception de l'intensité des demandes psychologiques qui constituent les menaces de son cadre professionnel et la latitude dont il dispose pour y répondre. Les compétences politiques sont dans ce cas de figure des ressources propres du sujet qu'il utilise comme modérateurs du stress perçu, soit prioritairement soit en seconde intention une fois leurs ressources principales épuisées. Kahn, Wolfe, Quinn, Snoek et Rosenthal (1964) montrent ainsi l'effet de modération par les compétences politiques de la relation entre conflit de rôle et burnout. Cette étude est corroborée par les résultats de Perrewé et al. (2004) qui mesurent l'anxiété psychologique et somatique, ou encore par Jawahar, Stone et Kisamore (2007) qui mesurent l'effet modérateur des compétences politiques sur la réduction du niveau d'accomplissement personnel perçu. L'effet de modération par les compétences politiques a également été observé sur les relations entre la surcharge de rôle et la tension au travail, la satisfaction au travail et l'anxiété (Perrewé et al., 2005). Meurs, Gallagher et Perrewé (2010) ont étudié quant à eux la relation entre un conflit interpersonnel impliquant le salarié et son supérieur hiérarchique et l'épuisement émotionnel du salarié consécutif, pour faire ressortir un effet de modération significatif par le niveau de compétences politiques du sujet.

La seconde modalité d'action des compétences politiques sur le stress est indirecte. Outre leur effet significatif sur la perception des facteurs de stress au moment même où le sujet y est confronté, ce type de compétence, en tant que levier de mobilisation d'autres ressources, a également un effet à plus long terme pour faire face aux éléments anxiogènes. En permettant la

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mobilisation de nouvelles ressources d'adaptation sociale et interindividuelle, les compétences politiques compensent la perte de ressources causée par les facteurs de stress de l'environnement. Le sujet a en effet les moyens d'y faire face plus efficacement grâce à un réseau relationnel élargit, un potentiel soutien social plus important, et une capacité d'influencer les comportements d'autrui dans son propre intérêt. Zinko (2013) indique notamment dans l'une de ses recherches que le niveau de compétences politiques est positivement corrélé à la bonne réputation des individus au sein de l'organisation, qui permet en retour de limiter la tension perçue dans l'environnement professionnel.

En conclusion, les compétences politiques sont bien non seulement une ressource personnelle, mais également un moyen d'accès indirect à d'autres ressources lorsque le sujet doit faire face à une situation menaçante. Or on sait les ressources rares dans l'arène politique que représente toute organisation, d'où l'importance pour le sujet de préserver les siennes et les développer continuellement en s'appuyant sur son réseau interpersonnel. On peut de fait se demander si la mobilisation de telles ressources grâce à un niveau de compétences politiques élevé diffère selon le type de contexte professionnel dans lequel évolue le sujet. On pourrait en effet imaginer que selon le niveau d'interdépendance des tâches et le niveau d'exigences sociales inhérent au métier exercé, le besoin de s'appuyer sur un réseau interpersonnel soit plus ou moins saillant, et affecte différemment la gestion des facteurs de stress consécutifs.

4. Compétences politiques et contexte professionnel

4.1 L'importance des compétences politiques selon les exigences interpersonnelles et sociales liées à l'occupation

Dans toute organisation cohabitent des acteurs aux objectifs différents et aux intérêts personnels et organisationnels parfois divergents. Etant donné que les individus composant ces organisations n'y travaillent pas de façon isolée les uns des autres, mais doivent au contraire coordonner leurs efforts et communiquer avec de multiples interlocuteurs internes ou externes, les compétences sociales et interpersonnelles sont clés. Celles-ci sont d'autant plus importantes

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que le métier exercé implique une interdépendance des tâches fortes, nécessitant de faire appel à des capacités de coordination, de négociation, d'écoute et de support envers les autres. Un contexte de forte interdépendance nécessite donc de trouver un compromis satisfaisant entre les stratégies individuelles et l'objectif commun, de façon à ce que chacun des membres du collectif puisse poursuivre son intérêt personnel sans pour autant nuire à celui de l'ensemble.

La caractérisation de l'effet des compétences politiques selon le type de métier a déjà fait l'objet d'investigations de plusieurs chercheurs visant à le différencier selon la nature des exigences liées à la tâche. Les travaux de Blickle et al. (2009, 2011, 2012) sont les premiers à faire le lien entre le construit de compétences politiques et la nature de la demande psychologique liée au type d'emploi, et s'appuient pour ce faire sur la typologie de Holland. Ainsi, menant leurs recherches sur une population de commerciaux, les auteurs démontrent un effet prédictif significatif du niveau de compétences politiques sur 4 types de mesure de performance commerciale.

D'autres études menées sur le même modèle ont principalement étudié l'impact des compétences politiques sur la performance pour les métiers de management (Blickle et al., 2011; Semadar et al, 2006) ou les métiers de type entreprenants (Blickle et al, 2009, 2011a, 2012).

De plus, selon Perrewé, Ferris, Frink et Anthony (2000) le recours aux compétences politiques est particulièrement avantageux pour les professions qui requièrent des compétences interpersonnelles et des techniques d'influence sociale, et dans les cadres professionnels où travailler avec et pour les autres est indispensable au succès professionnel. Aucune relation n'est cependant trouvée entre le niveau de compétence politique et la performance dans les contextes de travail où l'interaction interpersonnelle n'est pas un élément fondamental d'efficacité.

Au-delà du type de métier, l'effet des compétences politiques serait intéressant à analyser en lien avec la dépendance réciproque des individus dans la réalisation collective. L'interdépendance des tâches constitutives de l'activité exercée, quel que soit le contexte dans lequel cette activité est réalisée et quelle que soit la nature de cette activité, constitue en effet une variable importante qui n'a à notre connaissance jamais encore été étudiée en lien avec les compétences politiques. Or, bien que les enjeux des relations interpersonnelles et sociales soient différents selon les types de métiers, l'interdépendance dans la réalisation des tâches induit nécessairement une implication de l'individu envers ses interlocuteurs, internes ou externes à l'organisation, quelle que soit la nature de l'activité exercée.

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Thompson (1967) définit ainsi l'interdépendance des tâches comme le « degré auquel les individus sont dépendants et reçoivent le soutien direct d'autres personnes (collègues et responsable d'équipe) afin d'accomplir leur travail ».

De nombreuses études ont déjà mis en lumière la modération par l'interdépendance des tâches de la relation entre le type de leadership et la performance des employés. Une forte interdépendance au sein d'un groupe exige en effet pour le responsable d'équipe de gérer non seulement la complexité des tâches, le besoin accru de coordination des membres du groupe et la charge de travail incombant à chacun, mais nécessite également de communiquer efficacement et de gérer les conflits. De fait, l'impact des compétences émotionnelles des leaders sur la performance des équipes très interdépendantes est renforcé dans ce type de contexte.

L'une des hypothèses de recherche d'Organ (1997, p.90) est que le niveau d'exigences interpersonnelles et sociales du métier exercé n'a pas d'effet sur la force de la relation existante entre compétences politiques et niveau performance contextuelle. Néanmoins, dans le cas d'une interdépendance des tâches qui rend saillant le besoin de coopération et d'interactions entre les membres du groupe, on peut imaginer que tous les individus ayant à travailler dans ce type de contexte, et non pas seulement les responsables d'équipes, auront à développer des compétences politiques élevées pour accomplir leur travail. On peut ainsi supposer une corrélation entre le niveau de compétences politiques et le degré d'interdépendance des tâches, le niveau de compétences politiques étant potentiellement plus élevé pour les personnes qui exercent leur métier dans un contexte d'interdépendance des tâches fort que pour les personnes faiblement interdépendantes.

On formule donc une troisième hypothèse qui confère au niveau d'interdépendance des tâches un rôle de modérateur de la relation entre les compétences politiques et la performance contextuelle, dans le sens où un niveau élevé de compétences politiques aura un effet significativement supérieur sur le niveau de performance contextuelle dans un contexte de forte interdépendance des tâches que dans un contexte de faible niveau d'interdépendance.

20

4.2 Interdépendance des tâches et stress perçu

L'impact des types de demandes psychologiques liées aux différents métiers sur le niveau de tension ressenti a fait l'objet d'un grand nombre de recherches, mais peu d'entre elles ont étudié le cas particulier de l'incidence d'une forte interdépendance des tâches sur le niveau d'épuisement professionnel.

Schaufeli et Enzmann (1998) définissent le burnout comme un épuisement des ressources mentales et émotionnelles causé par un stress professionnel chronique, constituant de fait un indicateur de santé psychologique au travail. Pour Maslach, Schaufeli et Leiter (2001), ce syndrome est la réponse à une exposition prolongée aux stresseurs émotionnels et interpersonnels de l'environnement professionnel, et est défini par les trois dimensions suivantes : épuisement émotionnel, dépersonnalisation et réduction du sentiment d'accomplissement personnel. Plusieurs modèles théoriques ont été développés pour décrire le syndrome d'épuisement professionnel, et si la dimension de l'épuisement émotionnel fait l'unanimité dans la communauté des chercheurs en psychologie sociale, les dimensions de la dépersonnalisation et de la diminution de l'accomplissement personnel mesurées ont un statut théorique moins clairement identifié. En effet, ces deux dimensions peuvent être perçues comme des symptômes mais également comme des processus adaptatifs (Sonnentag, 2005) qui ne seraient de fait pas forcément une conséquence du stress mais plutôt une ressource pour y faire face.

Le burnout, conséquence du stress provoqué par des facteurs de l'environnement professionnel, a par ailleurs été associé à de nombreuses formes de distanciation par rapport au travail : absentéisme, intention de démission, turnover réel. Par ailleurs, pour les personnes restant en poste, le burnout est associé à une diminution de la productivité et une réduction d'efficacité (Maslach, Schaufeli et Leiter, 2001).

Les facteurs de stress communs associés au travail (charge de travail, pression du temps, conflits de rôle) sont ressortis dans les résultats de plusieurs recherches récentes comme plus significativement corrélés à l'épuisement professionnel que les facteurs de stress liés aux clients (tels que les problèmes d'interaction avec les clients, fréquence des contacts avec les patients malades chroniques ou en phase terminale, confrontation avec la mort). Cependant, de nouvelles recherches ont montré que les exigences émotionnelles au travail, telles que le besoin de masquer ou supprimer des émotions, ou encore le besoin d'empathie, sont responsables d'une plus grande

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part de la variance des scores d'épuisement émotionnel que les autres facteurs de stress au travail (Zapf et al, 2001).

Dans le cadre de la théorie de conservation des ressources, le stress provient de l'incapacité à développer ou maintenir ses ressources. Ainsi, en plus des demandes quantitatives et qualitatives liées à l'activité professionnelle, l'absence de ressources peut constituer un facteur prédicteur de burnout. Or l'impact de l'absence de soutien social, et en particulier de la part du responsable hiérarchique plus que de la part des collègues, a notamment été démontré comme facteur prédictif de burnout (Leiter et Maslach, 2006). De plus, le soutien social et la latitude décisionnelle médiatisent la relation entre compétences politique et épuisement émotionnel d'une part, et réduction de l'accomplissement personnel d'autre part.

On peut donc se demander quel est l'impact d'une situation d'interdépendance des tâches sur la capacité du sujet à mobiliser des ressources, et sur le niveau d'épuisement émotionnel consécutif. La proportion de relations interpersonnelles inhérentes au métier exercé semble en effet pouvoir influencer le stress perçu.

On peut ainsi formuler notre quatrième hypothèse qui confère au niveau d'interdépendance des tâches un rôle de modérateur de la relation entre les compétences politiques et la réduction d'accomplissement personnel. Un haut niveau de compétences politiques aura ainsi un effet de protection du niveau d'accomplissement personnel significativement supérieur dans un contexte de forte interdépendance des tâches que dans un contexte de faible niveau d'interdépendance.

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5. Etude

L'influence des compétences politiques sur l'évaluation de performance a déjà été mise en évidence par plusieurs études, de même que leur influence sur les 3 dimensions du burnout telles que décrites dans le MBI ; or aucune étude à notre connaissance n'a a ce jour comparé l'impact des compétences politiques à la fois sur la performance évaluée et sur le sentiment d'accomplissement personnel (troisième dimension du burnout selon Maslach).

De plus, le type d'exigences liées au métier est une variable qui a déjà été utilisée très largement dans l'étude du stress, moins dans l'étude des compétences politiques. Ainsi, l'influence des caractéristiques métiers sur la relation entre compétences politiques, performance et accomplissement personnel est un champ de recherche intéressant pour ses applications possibles en entreprise.

Nous avons choisi dans le plan de recherche de caractériser les exigences du métier en matière d'interdépendance des tâches : en quelle mesure l'individu dépend-il d'autres personnes au sein de son organisation pour réaliser ses tâches? Quelle part des objectifs assignés à l'individu ne peut être réalisée sans l'action d'au moins un autre acteur de l'organisation ? L'individu est-il le maillon d'une chaine de production ou est-il totalement indépendant tant dans la nature des objectifs qui lui sont assignés que dans les moyens qu'il a sa disposition pour les atteindre ? Le métier implique-t-il de nombreuses relations interpersonnelles ou peut-il être réalisé en toute autonomie ? L'interdépendance est ainsi une variable qui nous permet de caractériser les enjeux que représentent les relations interpersonnelles inhérentes au métier (enjeux de coopération ou de « protectionnisme » de sa propre zone d'expertise...) et au contexte dans lequel il est exercé. Elle semble donc pertinente à étudier en lien avec la variable interindividuelle que constituent les compétences politiques.

Cette étude sera par ailleurs réalisée en milieu francophone qui compte peu de publications sur les compétences politiques.

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Notre première hypothèse postule que le niveau de compétences politiques sera positivement associé à l'évaluation de performance contextuelle (1).

'I' Plus spécifiquement, le niveau de compétences politiques sera le plus significativement associé à la performance contextuelle dirigée vers les individus (1a).

'I' De plus, les dimensions de sincérité affichée (SA) et d'intuition sociale (IS) des compétences politiques seront les plus significativement associées aux dimensions de performance contextuelle dirigée vers les individus, à savoir l'altruisme et la coopération (1b).

Notre deuxième hypothèse avance que le niveau de compétences politiques sera positivement associé à l`accomplissement personnel (2).

'I' Plus spécifiquement, les dimensions de capacité de réseau (CR) et d'adaptation interindividuelle (AI) des compétences politiques seront les plus significativement associées de façon positive au niveau d'accomplissement personnel (2a).

Notre troisième hypothèse confère au niveau d'interdépendance des tâches un rôle de modérateur de la relation entre les compétences politiques et la performance contextuelle (3) d'une part, dans le sens où un haut niveau de compétences politiques aura un effet significativement supérieur sur le niveau de performance contextuelle dans un contexte de forte interdépendance des tâches que dans un contexte de faible niveau d'interdépendance ;

Notre quatrième hypothèse attribue au niveau d'interdépendance des tâches un rôle modérateur de la relation entre les compétences politiques et la réduction d'accomplissement personnel (4), dans le sens où le niveau d'accomplissement personnel perçu est d'autant plus protégé par un niveau élevé de compétences politiques que l'interdépendance envers d'autres personnes est forte.

Cette recherche vise tout d'abord à comprendre dans quelles conditions et dans quelle mesure, en milieu francophone, les compétences politiques peuvent être associées à la performance contextuelle, démontrée par les comportements de citoyenneté organisationnelle ;

Le second objectif de cette enquête est d'essayer de comprendre l'impact des compétences politiques sur l'accomplissement personnel, en considérant ce dernier non pas comme une conséquence du stress mais comme un phénomène d'adaptation qui peut de fait différer selon les exigences interpersonnelles inhérentes au métier.

Compétences Politiques

H1

+

- Intuition Sociale (IS)

- Sincérité Affichée (SA)

- Capacité de Réseau (CR)

- Adaptation Interindividuelle (AI)

H1a
H1b

H2a

H2

+

+

+

+

H3 H4

Performance contextuelle

- Liée à l'organisation

o Conformité

o Loyauté

o Esprit sportif

- Liée aux individus

o Coopération

o Altruisme

Accomplissement Personnel

Interdépendance

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Figure 1.

Représentation du plan de recherche. Hypothèses de relations directes entre la variable indépendante compétences politiques et les deux variables dépendantes performance contextuelle (H1) et accomplissement personnel (H2), et entre les dimensions de chacune de ces variables (H1A, H1b, H2a). Hypothèses de modération par l'interdépendance de la relation entre compétences politiques et performance contextuelle (H3) et entre compétences politiques et accomplissement personnel (H4). H : Hypothèse.

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6. Mesure

6.1 Outils de mesure

La présente étude vise à étudier l'effet modérateur des caractéristiques métiers sur la relation entre compétences politiques et performance contextuelle d'une part, et sur la relation entre compétences politiques et accomplissement personnel d'autre part. L'évaluation de ces variables est faite à au moyen d'un questionnaire (voir Annexe A) regroupant les items suivants.

Compétences politiques

Nous avons utilisé la traduction française de l'échelle des compétences politiques adaptée de l`Inventaire des Compétences Politiques (PSI) de Ferris et al. (2005) et validée par l`étude réalisée par Dagot (2014a, 2014b, article soumis). Cette échelle présente un score d`homogénéité satisfaisant (? = .77). Elle comprend 11 items de la forme « Dans mon entreprise, je pense savoir bien me servir de mes contacts et relations pour obtenir un certain nombre de choses » qui distinguent 4 dimensions des compétences politiques : la capacité d'entretenir des liens de réseaux (3 items), l'intuition sociale (2 items), la sincérité apparente (3 items), l`influence interpersonnelle (3 items). Une échelle de réponses en 7 points allant de « pas du tout d'accord » (1), à « tout a fait d'accord » (7) est utilisée pour les mesurer.

Interdépendance

Pour mesurer l'interdépendance des tâches, l'échelle développée par Pearce et Gregersen (1991) a été traduite en français. Cette dernière compte 5 items de type « Je travaille en étroite collaboration avec d'autres personnes », mesurés à l'aide d'une échelle de mesure de Likert à 5 niveaux allant de « Pas du tout d'accord » à «Tout à fait d'accord » dont la cohérence est validée (? = .77).

Cette échelle de mesure a été construite sur la base des deux outils majeurs préexistants pour la mesure de l'interdépendance des tâches.

Le premier est celui de Van de Ven, Delbecq et Koenig (1976). Bien qu'il ait été le plus utilisé, il possède deux limites principales : d'une part il est peu adaptable au niveau individuel (cet outil mesurant en effet l'interdépendance de l'unité d'appartenance des employés, et ce score

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« commun» leur étant ensuite attribué individuellement) ; d'autre part cet instrument mesure l'interdépendance globale sur une échelle à intervalles égales, et ne tient donc pas compte des formes multiples que peut revêtir l'interdépendance selon les types de métiers, leurs différentes caractéristiques.

Le deuxième outil de mesure de l'interdépendance le plus répandu est celui de Kiggundu (1983), qui découle de sa conception de l'interdépendance des tâches comme étant constituée de l'interdépendance d'une part des tâches initiées par le sujet, et d'autre part des tâches reçues. L'hypothèse de ces deux échelles distinctes n'a cependant pas été testée de façon suffisamment rigoureuse pour être validée aux dépens d'une seule et même échelle d'interdépendance.

Nous avons donc choisi pour notre étude les items élaborés par Pearce et Gregersen (1991) à partir des instruments précités et sur la base du modèle théorique de base de Thompson (1976) qui distingue l'interdépendance séquentielle (un individu X doit effectuer correctement une première tâche avant qu'Y ne puisse agir), l'interdépendance réciproque (le résultat de l'action de l'un est le déclencheur d'action de l'autre, et réciproquement) et l'interdépendance groupée (chaque part de l'organisation fait une contribution discrète à l'ensemble et chacune est supportée par l'ensemble).

Performance contextuelle

Pour cette recherche l'échelle de mesure de la performance contextuelle choisit a été celle développée par A. Charbonnier, C.A. Silva et P. Roussel (non publiée), ce pour deux raisons : d'une part il existe peu de versions françaises d'échelles de performance contextuelle et celle précédemment citée est la traduction qui nous a paru la plus complète et aboutie; d'autre part du fait de sa construction qu'il nous a paru intéressante à utiliser en lien avec les compétences politiques.

Cette échelle distingue en effet deux types de performance contextuelle, envers les individus et envers l'organisation, et comporte au total 5 sous dimensions : altruisme (5 items) et coopération (4items) pour la mesure de la performance contextuelle envers les individus (? =.86) ; loyauté (4 items), conformité (4 items) et esprit sportif (2 items) pour celle envers l'organisation (? =.82). La cohérence interne de l'échelle globale de performance contextuelle est satisfaisante (? = .85).

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Les items de type « J'aide spontanément les collègues qui ont une forte charge de travail. » ou encore « En dehors de l'entreprise, je vante très souvent la qualité de nos produits ou de nos services. » sont mesurés à l'aide d'une échelle de type Likert à 7 niveaux allant de « pas du tout d'accord » (1) à « Tout à fait d'accord » (7).

Accomplissement personnel

Nous avons utilisé les 8 items de mesure de l'accomplissement personnel issus d'une version française du Maslach Burnout Inventory, dont la version originale a été développée par Maslach et Jackson (1981, 1986). Chaque question de type «Je peux comprendre facilement ce que mes clients ressentent», «J'arrive facilement à créer une atmosphère détendue avec mes clients» ou encore « Dans mon travail, je traite les problèmes émotionnels très calmement» est mesuré avec une échelle de réponses de type Likert en 7 points, allant de « Jamais » (1) à « Tous les jours » (7). La version française (canadienne) du Maslach Burnout Inventory validée par Dion et Tessier (1994) a servi de référence. Ces items ont cependant pour certains été reformulés car leur version initale a suscité quelques incompréhensions de la part des participants au cours de la phase de test. La cohérence interne de l'échelle remaniée a par ailleurs été vérifiée par un calcul d'alpha de Cronbach qui a permis de valider son homogénéité (? = .79).

6.2 Protocole

Le questionnaire a été diffusé par voie électronique (voir annexe B). Les participants étaient ainsi invités à cliquer sur un lien reçu par email ou par le biais des réseaux sociaux

(« Facebook », « LinkedIn » et « Viadeo »). Une fois leur questionnaire complété, ils étaient invités à transmettre le lien à tous leurs contacts personnels et professionnels, de façon à étendre la recherche à un réseau plus large de participants.

Au total 143 personnes ont ainsi répondu à cette invitation à participer. Dix d'entre elles se sont cependant arrêtées en cours de passation, et leurs réponses ont de fait été écartées de l'étude.

Les résultats présentés ci-après sont donc ceux calculés sur la base des 133 réponses complètes obtenues.

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7. Synthèse résultats

L'effet direct significatif des compétences politiques sur le niveau de performance contextuelle est confirmé à la lecture de nos résultats.

Plus précisément, l'analyse des sous-dimensions des compétences politiques et des sous-dimensions de performance contextuelle fait ressortir des liens significatifs. Ainsi toutes les dimensions des compétences politiques apparaissent avoir un effet direct sur le niveau de performance globale, et en particulier envers les individus.

La capacité de réseau et la sincérité affichée ont ainsi un effet direct sur la performance contextuelle globale et chacune de ses sous-dimensions. La capacité de réseau est celle faisant varier le plus fortement la performance contextuelle globale et celle dirigée vers l'organisation, tandis que la sincérité affichée est celle dont l'effet est le plus fort sur la performance contextuelle envers les individus.

L'intuition sociale et l'adaptation interindividuelle influencent également de façon significative la performance contextuelle globale. Contrairement aux deux premières dimensions de compétences politiques, elles n'ont pas d'effet significatif sur la performance contextuelle dirigée vers l'organisation, mais elles prédisent toutes deux de façon significative la variation de la performance contextuelle envers les individus. L'adaptation interindividuelle est par ailleurs celle ayant l'effet le plus fort sur cette dernière.

L'interaction des compétences politiques avec le niveau d'interdépendance a un effet significatif sur le niveau de performance contextuelle globale, et le niveau de performance contextuelle envers les individus en particulier. L'interdépendance modère enfin la relation entre intuition sociale et performance contextuelle globale, dans le sens où un individu ayant un niveau élevé d'intuition sociale aura un niveau de performance contextuelle significativement supérieur dans les contextes professionnels impliquant un fort degré d'interdépendance des tâches.

L'analyse de la relation entre compétences politiques et accomplissement personnel indique un effet significatif de ces dernières sur la variabilité du score. Cette conclusion est cependant nuancée par une analyse plus détaillée dont ressort que seules les dimensions de l'intuition sociale et de l'adaptation interindividuelle apparaissent être des prédicteurs

significatifs du niveau d'accomplissement personnel, et qu'aucun effet significatif du degré d'interdépendance des tâches n'est mis en avant à la lecture des résultats.

Le tableau 1 ci-dessous présente une synthèse des validations des hypothèses de l'étude.

Tableau 1.

Synthèse des résultats.

Hypothèse Formulation de l'hypothèse Validation de l'hypothèse

1

Validée

Validée

Validée partiellement
(dimension de sincérité
affichée uniquement)

Validée

Validée partiellement
(dimension d'adaptation
interindividuelle
uniquement)

Validée partiellement
(dimension d'intuition
sociale uniquement)

Non validée

Le niveau de compétences politiques sera positivement associé à l'évaluation de performance contextuelle.

1a

Le niveau de compétences politiques sera le plus significativement associé à la performance contextuelle dirigée vers les individus.

1b

Les dimensions de sincérité affichée (SA) et d'intuition sociale (IS) des compétences politiques seront les plus significativement associées aux dimensions de performance contextuelle dirigée vers les individus, à savoir l'altruisme et la coopération.

2

Le niveau de compétences politiques sera positivement associé à l`accomplissement personnel.

2a

Les dimensions de capacité de réseau (CR) et d'adaptation interindividuelle (AI) des compétences politiques seront les plus significativement associées à un haut niveau d'accomplissement personnel.

3

Le niveau d'interdépendance des tâches a un rôle de modérateur de la relation entre les compétences politiques et performance contextuelle.

4

Le niveau d'interdépendance des tâches a un rôle de modérateur de la relation entre les compétences politiques et le niveau d'accomplissement personnel.

29

30

8. Résultats détaillés

8.1 Statistiques descriptives et analyse de corrélations

Résultats concernant l'échantillon global

La population est composée de 137 salariés français, comprenant 49 hommes (36,8%) et 84 femmes (63,2%), et dont l'âge moyen est de 36 ans (E-T : 11.13). L'ancienneté professionnelle moyenne (non sur le poste actuelle mais dans le métier exercé) est de 10 ans (E-T : 9.5).

20% des participants exercent des métiers dont l'enjeu principal est l'encadrement d'équipe et/ou la gestion de projets, 19% le soin et /ou service à la personne (y compris l'enseignement), 17% la vente, le marketing et/ou la gestion de relations clients, 20% les fonctions supports, et 12% exercent un métier à enjeu technique et/ou de recherche & développement (12,0%). 11% des participants ont un métier dont l'enjeu est autre (voir annexe C).

Une large majorité des répondants exercent leur métier dans une entreprise privée (67%), 28% au sein d'une entreprise publique et 5% en libéral.

Du fait de leur potentiel effet sur les variables et relations observées, l'ancienneté, l'âge, le sexe, le type de métier exercé, de structure et de contrat ont été inclues comme variables contrôle dans l'analyse.

Statistiques descriptives des variables étudiées et analyse des corrélations

On réalise dans un premier temps les analyses statistiques descriptives des variables de notre plan de recherche (voir annexe D).

Compétences politiques

La moyenne de compétences politiques est relativement élevée, les résultats indiquant un score de 5.48 sur une échelle de 1 à 7. Dans l'analyse des dimensions composant les compétences politiques, la sincérité affichée est celle dont la moyenne est la plus élevée (6.02), suivie de l'adaptation interindividuelle (5.56) et la capacité de réseau (5.37), et le plus faible score est celui de l'intuition sociale (4.95).

31

Interdépendance

L'analyse des scores d'interdépendance indique une moyenne de 4.15, ce qui est relativement élevé sur la base d'une échelle de mesure en 6 points.

Accomplissement personnel

L'accomplissement personnel est la troisième dimension du syndrome d'épuisement professionnel tel que défini dans le modèle Maslach Burnout Inventory (Maslach et Jackson, 1986). On fait donc l'interprétation du score conformément aux préconisations des concepteurs de ce modèle : «les points de césure permettant d'estimer les niveaux (faible, moyen, élevé) d'épuisement professionnel sont déterminés à partir de la distribution des scores (Maslach et Jackson, 1986): les sujets qui se situent à un niveau élevé aux sous-échelles d'épuisement émotionnel et de dépersonnalisation et bas à celle d'accomplissement personnel sont reconnus comme très symptomatiques.» (Dion et Tessier, 1994). La moyenne de notre échantillon (39,61) correspond à un score d'accomplissement personnel élevé, le score d'entrée de cette marge « élevée » étant de 39.

Performance contextuelle

La moyenne de performance contextuelle globale est relativement élevée (5.21 sur une échelle de 1 à 7). De plus, le score moyen des réponses aux items mesurant cette dimension dirigée plus spécifiquement vers les individus (5.57) est plus élevé que pour les items mesurant la performance contextuelle envers l'organisation (4.86).

L'analyse des données fait ressortir un nombre élevé de corrélations entre les différentes variables étudiées (voir tableau 2).

On examine en premier lieu les variables contrôles. Ainsi, il apparait que l'ancienneté et l'âge des participants sont fortement et significativement corrélées (r(131)= .80, p<.0001). L'ancienneté est par ailleurs faiblement mais significativement corrélée à la performance contextuelle envers l'organisation (r(131)=.17, p<.049), et en particulier sa dimension de l'esprit sportif (r(131)=.19, p<.012).

32

De plus, une corrélation faible ressort entre le contexte d'exercice du métier (travail en libéral, institution publique ou entreprise privée) et le niveau d'interdépendance (r(131)=.18, p<.034).

L'étude des corrélations entre les dimensions des compétences politiques indique que chaque dimension est significativement corrélée aux trois autres. Les corrélations les plus fortes impliquent la capacité de réseau, avec notamment la sincérité affichée (r(131)=.41, p<.0001) et l'adaptation interindividuelle (r(131)=.34, p<.0001). Une corrélation moyenne existe entre les dimensions d'adaptation interindividuelle et de sincérité affichée (r(131)=.25, p< .003), et entre adaptation interindividuelle et intuition sociale (r(131)=.23, p<.008). Les résultats indiquent une faible corrélation significative entre les dimensions de sincérité affichée et intuition sociale (r(131)=.16, p<.070).

Les dimensions de compétences politiques les plus fortement corrélées aux autres sont donc l'adaptation interindividuelle et la capacité de réseau. L'intuition sociale est la dimension la moins fortement corrélée aux trois autres.

Notre plan de recherche pose la variable d'interdépendance comme modératrice de la relation entre compétences politiques et performance contextuelle. On recherche dans un premier temps les corrélations existantes entre ces trois variables.

Les résultats indiquent tout d'abord une corrélation forte et significative entre les compétences politiques et la performance contextuelle (r(131)=.50, p<.0001), principalement celle dirigée vers les individus (r(131)=.57, p<.0001). Plus spécifiquement, on observe une corrélation forte entre compétences politiques et la dimension de coopération (r(131)=.58, p<.0001). Les compétences politiques sont également significativement corrélées à la performance contextuelle envers l'organisation, mais cette fois avec une intensité moyenne (r(131)=.26, p<.002), et plus particulièrement à la dimension de l'altruisme (r(131)=.44, p<.0001).

De plus, la corrélation significative existant entre les compétences politiques et l'interdépendance est d'intensité moyenne (r(131)=.24, p<005). Les résultats de l'analyse des corrélations par sous dimensions indiquent que la capacité de réseau est significativement corrélée à l'interdépendance (r(131)=.26, p<.003), de même que la sincérité affichée (r(131)=.25, p<.004). L'intuition sociale et l'adaptation interindividuelle ne sont quant à elles pas corrélées significativement à la variable d'interdépendance des tâches.

33

L'analyse des corrélations entre la variable de l'interdépendance et la performance contextuelle indique qu'elle est le plus fortement et significativement liée à la performance contextuelle envers les individus (r(131)=.36, p<.0001), et plus spécifiquement avec la dimension de coopération (r(131)=.42, p<.0001). Les résultats n'indiquent en revanche pas de corrélation significative entre l'interdépendance et la performance contextuelle dirigée vers l'organisation (r(131)=.10, p<.242).

Notre plan de recherche pose en deuxième lieu la variable interdépendance en tant que modératrice de la relation entre compétences politiques et accomplissement personnel.

L'étude des corrélations existantes entre compétences politiques et accomplissement personnel indique une corrélation d'intensité moyenne entre ces deux variables (r(131)=.35, p<.0001). Les deux dimensions de compétences politiques les plus significativement corrélées au niveau d'accomplissement personnel sont l'intuition sociale (r(131)=.27, p<.0001) et l'adaptation interindividuelle (r(131)=.30, p<.0001).

L'analyse résultats indique par ailleurs une faible corrélation entre accomplissement personnel et interdépendance (r(131)=.18, p<.043).

On note enfin des corrélations significatives entre nos variables dépendantes. En effet, la lecture des résultats indique une corrélation significative d'intensité moyenne entre accomplissement personnel et performance contextuelle, et plus particulièrement celle envers les individus (r(131)=.43, p<.0001) qu'envers l'organisation (r(131)=.27, p<.002). L'accomplissement personnel est ainsi plus particulièrement corrélé de façon significative aux dimensions de l'altruisme (r(131)=.40, p<.0001) et de la coopération (r(131)=.38, p<.0001).

34

Tableau 2.

Analyse des corrélations existantes entre les variables du plan de recherche. *p<.05 ; **p<.01 ;***p<.001.

 

Moyenne

Ecart-type

 
 
 
 
 
 
 
 
 

Corrélations

 
 
 
 
 
 
 
 

Enjeu

Sexe Anc.

Age

Capacité Sincérité

Contexte

de réseau Affichée

Intuition sociale

Adapt. Comp. Accomp.

Interdép. personnel Altruisme

interind. politiques

Loyauté Conform.

Coop.

Esprit sportif

Perf.context. Individus

Perf.context. Organisation

Perf.
contextuelle

Enjeu

3.18

1.61

1

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Sexe

1.63

.48

-.08

1

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Ancienneté

9.93

9.50

-.09

-.14 1

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Age

36.45

11.13

-.09

-.07 .80***

1

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Contexte

2.62

0.57

.18

-.19 -.03

-.15

1

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Capacité de réseau

5.37

0.96

-.13

-.09 .07

.05

-.12

1

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Sincérité Affichée

6.02

0.69

.12

-.10 .02

-.04

-.04

.41***

1

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Intuition sociale

4.95

0.89

-.00

-.03 -.00

-.06

-.04

.18*

.16

1

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Adaptation interindividuelle

5.56

0.72

.06

-.02 .06

-.01

-.02

.34***

.25**

.23**

1

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Compétences politiques

5.47

0.54

-.00

-.09 .06

-.02

-.09

.75***

.64***

.61***

.65***

1

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Interdépendance

4.15

0.61

-.16

-.12 -.15

-.11

.18*

.26**

.25**

.07

.06

.24**

1

 
 
 
 
 
 
 
 
 

Accomplissement personnel

39.60

6.74

-.19

.02 .06

.01

-.06

.19*

.17*

.27**

.30***

.35***

.18*

1

 
 
 
 
 
 
 
 

Altruisme

5.63

0.75

.05

.11 .02

-.01

-.06

.22**

.41***

.24**

.36***

.44***

.22*

.40***

1

 
 
 
 
 
 
 

Loyauté

4.92

1.29

-.03

-.09 .15

.11

-.09

.36***

.20*

.15

.03

.29**

.15

.29**

.14

1

 
 
 
 
 
 

Conformisme

5.32

0.96

.18

.16 .02

.03

-.06

.06

.22**

.07

.06

.15

.08

.15

.32***

.13

1

 
 
 
 
 

Coopération

5.49

0.88

-.02

.04 -.00

-.04

.11

.48***

.46***

.24**

.38***

.58***

.42***

.38***

.64***

.21*

.26**

1

 
 
 
 

Esprit sportif

4.32

1.31

.04

-.25 .19*

.14

-.03

.32***

.08

-.09

-.02

.12

-.01

.14

.14

.49***

.19*

.19*

1

 
 
 

Performance contextuelle - Individus

5.56

0.74

.01

.07 .01

-.03

.04

.40***

.48***

.27**

.40***

.57***

.36***

.43***

.89***

.19*

.32***

.92***

.18*

1

 
 

Performance contextuelle - Organisation

4.86

0.86

.07

-.11 .17*

.14

-.08

.37***

.22**

.05

.03

.26**

.11

.27**

.26**

.79***

.53***

.29**

.82***

.30***

1

 

Performance contextuelle

5.21

0.65

.05

-.03 .12

.07

-.04

.47***

.42***

.19*

.25**

.50***

.27**

.42***

.68***

.64***

.53***

.72***

.65***

.77***

.84***

1

35

8.2 Stratégie d'analyse

La régression a pour objectif de vérifier quelles variables contribuent ou expliquent la variabilité d'une mesure. Pour tester les hypothèses de modération nous appliquons la méthode de régression en trois étapes.

Tout d'abord, le modèle de régression de la première étape vise à vérifier que les variables contrôle n'ont pas d'effet significatif sur la variable dépendante.

Puis, dans la seconde étape, la variable indépendante (à savoir le niveau de compétences politiques ou de la dimension de compétences politiques étudiée) et la variable modératrice (ici l'interdépendance) sont introduites simultanément pour étudier leur effet sur la variance expliquée de la variable dépendante. Cette étape permet de mettre en avant un éventuel effet d'interaction.

Enfin, la troisième étape de la régression vise enfin à tester l'hypothèse de modération en introduisant dans le modèle de régression le terme multiplicateur des deux variables précédentes (indépendante et modératrice).

Si la part de variance expliquée augmente significativement à chaque étape de la régression, alors les résultats indiquent un effet de modération par l'interdépendance de la relation entre la variable indépendante et la variable dépendante.

Le tableau 3 ci-après présente les résultats des régressions multiples réalisées. Il reprend les valeurs de variance expliquée, les coefficients standardisés B et les probabilités de dépassement associées pour chaque variable intégrée à la régression multiple.

36

Tableau 3.

Résultats de l'analyse de régression visant à tester l'effet de modération de l'interdépendance sur la relation entre compétences politiques et performance contextuelle d'une part, et entre compétences politiques et accomplissement personnel d'autre part.

37

Compétences politiques et performance contextuelle

Nous avons réalisé une analyse de régression afin de déterminer si le niveau de compétences politiques et d'interdépendance constituent des prédicteurs significatifs de la performance contextuelle.

La lecture de la première étape de la régression nous indique que les variables contrôle n'ont pas d'effet significatif sur la performance contextuelle.

Les résultats de la deuxième étape de la régression nous indiquent que l'introduction de ces variables dans le modèle de régression augmente de façon significative la variance expliquée de la performance contextuelle (?r2=.28). Le modèle de régression explique ainsi 26% de la variance de la performance contextuelle (R2 ajusté=0.26, F(6, 126)=7.75, p=<.0001). Le coefficient béta standardisé des compétences politiques (f3=.44, p<.0001) indique que la significativité du poids de cette variable dans l'explication du niveau de performance contextuelle est importante. L'effet direct des compétences politiques sur la performance politique, toute variable contrôlée par ailleurs, est significatif.

Ce résultat permet de valider la première hypothèse de notre étude qui avance que les compétences politiques sont positivement associées à la performance contextuelle. On lit en effet un coefficient bêta standardisé significatif et de valence positive, qui caractérise l'effet prédicteur des compétences politiques d'un score plus élevé de performance contextuelle.

La lecture du tableau nous indique également, dans la deuxième étape de la régression, un effet significatif du niveau d'interdépendance (f3=.23, p<.01) sur la performance contextuelle.

L'étape 3 nous permet ensuite de tester l'hypothèse portant sur l'effet modérateur de l'interdépendance sur le lien entre compétences politiques et performance contextuelle. Comme l'entrée du terme multiplicateur dans la régression n'indique pas d'augmentation significative de la variance expliquée de la performance contextuelle, l'hypothèse n'est pas vérifiée. Nous observons donc un effet d'interaction du niveau de compétences politiques et du niveau d'interdépendance sur la performance contextuelle, mais pas d'effet significatif de modération de la relation compétences politiques - performance contextuelle par le niveau d'interdépendance.

La troisième hypothèse de notre plan de recherche n'est donc pas validée.

38

On cherche ensuite à affiner l'étude des relations et préciser l'effet observé en répétant la même stratégie d'analyse avec chacune des dimensions de compétences politiques.

? Capacité de réseau et performance contextuelle

Le modèle de régression associant la capacité de réseau et l'interdépendance permet d'expliquer 25% de la variance de la performance contextuelle (?r2= .27, F(6, 126)= 7.20, p<.0001). La lecture des résultats de la deuxième étape de la régression indique que la capacité de réseau influence positivement et de façon significative le niveau de performance contextuelle (f3= .43, p<.0001), de même que l'interdépendance (f3= .23, p<.0001). Il existe donc un effet d'interaction entre la capacité de réseau et l'interdépendance sur la performance contextuelle.

Le terme multiplicateur, entré dans la régression dans l'étape 3, n'a en revanche pas d'effet significatif sur la variance expliquée de la performance contextuelle, ce qui écarte l'hypothèse d'un effet modérateur de l'interdépendance sur le lien entre capacité de réseau et performance contextuelle.

? Sincérité affichée et performance contextuelle

On suit la même stratégie d'analyse avec cette fois la sincérité affichée, qui associée à l'interdépendance explique 20% de la variance de la performance contextuelle (R2 ajusté = .20, F(6,126)= 5.61, p<.001). L'effet de la sincérité affichée sur la performance contextuelle est moindre comparé à la capacité de réseau mais néanmoins significatif (f3=.35 p<.001). Le poids de l'interdépendance dans l'explication de la variance de la performance contextuelle lorsqu'il est associé à la sincérité de réseau est de même proportion que dans le modèle de régression précédent (f3=.23, p<.001).

L'entrée du terme multiplicateur dans la régression n'augmente pas significativement la variance expliquée de la performance contextuelle (?r2=0.009), et l'interaction entre la sincérité affichée et l'interdépendance ne présente pas un coefficient beta significatif. On ne peut donc pas conclure à un effet modérateur significatif de la relation entre sincérité affichée et performance contextuelle par l'interdépendance.

? Adaptation interindividuelle et performance contextuelle

La dimension de l'adaptation interindividuelle présente le même type de résultats, mais dans une moindre mesure. Ainsi, on observe également un effet d'interaction avec l'interdépendance sur le niveau de performance contextuelle, cependant la part de la variance

39

expliquée est moindre (R2 ajusté=.12). Les deux variables entrées simultanément dans le modèle de régression ont toutes deux un effet significatif sur la variable dépendante. On note cependant avec ce modèle de régression que le poids de l'interdépendance dans l'explication de la variance de la performance contextuelle (f3= 0.33, p<.0001) est ici plus important que celui de la dimension de compétence politique à laquelle elle est associée dans ce modèle de régression (f3= .21 p<.05 pour l'adaptation interindividuelle).

L'étape 3 de la régression n'indique pas d'effet de modération par l'interdépendance, la variance expliquée n'augmentant pas significativement avec l'entrée du terme multiplicateur dans le modèle.

? Intuition sociale et performance contextuelle

La dimension de l'intuition sociale est la seule pour laquelle l'effet sur la performance contextuelle est modéré par le niveau d'interdépendance.

En effet, l'étape 2 de la régression linéaire multiple, réalisée sur le même modèle que précédemment, indique que la variance de la performance contextuelle expliquée par le modèle associant les variables intuition sociale et interdépendance augmente significativement (?r2= 0.13). Par ailleurs, l'intuition sociale a une influence directe tendanciellement significative sur la performance contextuelle (f3= 15, p<.08), et l'interdépendance est significativement prédicatrice de performance contextuelle (f3= 34, p<.0001). On note également que, tout comme dans le modèle de régression précédent qui associait adaptation interindividuelle et interdépendance, c'est ici aussi l'interdépendance qui a le poids le plus important dans l'explication de la variance de la valeur dépendante.

La spécificité de ce modèle de régression vient des résultats de sa troisième étape, qui est celle visant à tester l'hypothèse de modération par l'interdépendance de la relation entre intuition sociale et performance contextuelle (voir annexe E). L'entrée du terme multiplicateur augmente ici de façon significative la variance expliquée (?r2=0 .03) de la performance contextuelle ce qui confirme la modération par l'interdépendance de sa relation avec l'intuition sociale (voir figure 2). Le "slope test" réalisé pour calculer la pente de la droite de régression (voir annexe F) indique qu'un niveau faible d'intuition sociale a le même effet sur la performance contextuelle quel que soit le niveau d'interdépendance, tandis qu'un niveau élevé d'intuition sociale augmente significativement plus la performance contextuelle dans un contexte de forte interdépendance que dans un contexte de faible interdépendance.

40

On peut donc conclure que la troisième hypothèse de notre plan de recherche est partiellement validée, étant donné que seule une dimension des compétences politiques, l'intuition sociale, présente une relation avec la performance contextuelle qui varie selon le niveau d'interdépendance.

Figure 2. Représentation de l'effet de modération par l'interdépendance de la relation entre niveau d'intuition sociale et niveau de performance contextuelle. Un niveau élevé d'intuition sociale a un impact positif significatif sur le niveau de performance contextuelle dans les contextes de forte interdépendance. Dans un contexte de faible interdépendance, le niveau de performance contextuelle est le même quel que soit le niveau d'intuition sociale.

Compétences politiques et performance contextuelle envers les individus

On s'intéresse à présent aux sous-dimensions de la performance contextuelle, de façon à décrire plus précisément les relations existantes entre cette dernière et les compétences politiques.

La même stratégie d'analyse est suivie, mais la variable dépendante est remplacée par la variable de performance contextuelle envers les individus. La première étape vérifie tout d'abord que cette dernière n'est pas significativement liée à l'une des variables contrôles. Puis, on procède aux étapes 2 et 3 de la régression associant interdépendance et compétences politiques « globales ».

La seconde étape de la régression associant la variable des compétences politiques globales à l'interdépendance indique un effet d'interaction significatif de ces dernières sur la variance

41

expliquée de la performance contextuelle envers les individus (R2 ajusté = 0.38, F(6,126)= 12.52, p<.0001). La lecture indique en particulier que le niveau de compétences politiques (f3=.53, p<.0001) et le niveau d'interdépendance (f3=.26, p<.01) ont respectivement un effet positif et direct significatif sur la performance contextuelle envers les individus toute autre variable contrôlée par ailleurs.

L'étape 3 ne permet pas de démontrer un effet modérateur de l'interdépendance sur le lien entre compétences politiques et performance contextuelle envers les individus. L'entrée du terme multiplicateur dans la régression n'indique pas d'augmentation significative de la variance expliquée de la performance contextuelle envers les individus.

? Capacité de réseau, Intuition sociale et Adaptation interindividuelle et Performance contextuelle envers les individus

On s'intéresse à présent à la différence d'effet potentielle selon les différentes dimensions des compétences politiques. On suit pour ce faire strictement la même méthode, en réalisant 4 séries de régressions multiples, une pour chaque dimension, en 3 étapes (variable contrôles, puis introduction du couple variable dépendante-variable modératrice, et enfin introduction du terme multiplicateur).

Les 4 dimensions des compétences politiques apparaissent avoir une influence directe sur le niveau de performance contextuelle envers les individus. Par ailleurs, l'effet d'interaction avec la variable de l'interdépendance ressort à la lecture des résultats de nos régressions multiples.

La part de variance expliquée par l'association de chacune des dimensions avec l'interdépendance varie néanmoins. Ainsi, la variance expliquée par l'interaction de la sincérité affichée avec l'interdépendance est la plus élevée (R2 ajusté = 0.29, F(6,126)= 8.62, p<.0001). L'étape 2 de la même régression réalisée avec la variable de l'adaptation interindividuelle indique que 26% de la variation de la performance contextuelle envers les individus est expliquée par le modèle (R2 ajusté = 0.26, F(6,126)= 7.68, p<.0001). Le modèle de régression intégrant interdépendance et capacité de réseau explique quant à lui 23% de la variance (R2 ajusté = 0.23, F(6,126)= 6.29, p<.0001), tandis que l'intuition sociale introduite simultanément avec l'interdépendance dans l'étape 2 du même modèle de régression explique 18% de la variation de la variable dépendante (R2 ajusté = 0.18, F(6,126)=5.04, p<.0001).

42

L'analyse des coefficients bêtas standardisés donne des indications quant à la taille de l'effet sur la variation de la performance contextuelle envers les individus de chacune des dimensions de compétences politiques. Les résultats indiquent que les coefficients les plus élevés sont ceux de la sincérité affichée (f3=.43, p<.0001) et de l'adaptation interindividuelle (f3=.37, p<.0001) la capacité de réseau (f3=.35, p<.0001).

Néanmoins, la comparaison des coefficients bêtas standardisés dans les interactions entre l'interdépendance et les variables d'intuition sociale et d'adaptation interindividuelle, indique que c'est l'interdépendance qui a l'effet le plus important sur la variable dépendante. Dans les modèles de régression qui associent avec l'interdépendance la capacité de réseau d'une part, et la sincérité affichée d'autre part, ces deux dernières ont une influence directe sur la performance contextuelle envers les individus plus forte que l'interdépendance.

Notre hypothèse (1b) qui avance que les dimensions de sincérité affichée et d'intuition sociale des compétences politiques sont les plus significativement prédicatrices de performance contextuelle dirigée vers les individus n'est donc que partiellement validée.

L'étape 3 de ces régressions n'augmente la variance expliquée pour aucune de ces sous-dimensions de compétences politiques, ce qui exclue l'existence d'un effet de modération par l'interdépendance de leur relation avec la performance contextuelle envers les individus.

Une précision néanmoins concernant la dimension de l'adaptation interindividuelle. Le tableau des résultats semble en effet indiquer en première lecture un effet significatif de l'entrée en troisième étape de la régression du terme multiplicateur. Un examen approfondi des données écarte néanmoins cette possibilité, l'effet observé résultant en réalité des arrondis à deux décimales des résultats de régression linéaires. La variance expliquée par l'introduction du produit de l'adaptation interindividuelle n'augmente de fait pas dans des proportions suffisantes pour pouvoir détecter un effet de modération significatif (?r2=.012), et le coefficient bêta standardisé du terme multiplicateur indiquant une valence négative de la performance contextuelle envers les individus n'est que tendanciellement significatif (f3= -.12, p<.08). Nous choisissons donc de ne pas interpréter ces données comme un effet de modération significativement acceptable.

Il y a donc un effet d'interaction entre chacune des trois dimensions (adaptation interindividuelle, capacité de réseau, intuition sociale) et l'interdépendance, mais pas de modération par l'interdépendance de la relation entre sincérité affichée et performance contextuelle envers les individus.

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Compétences politiques et performance contextuelle envers l'organisation

La lecture indique que la variance de la performance contextuelle envers l'organisation, expliquée de façon significative par l'entrée simultanée dans le modèle de régression de l'interdépendance et des compétences politiques, est de 7% (R2 ajusté = .07, F(6, 126)= 2.51, p<.02). On note que la part de variance de la performance contextuelle envers l'organisation expliquée par l'introduction simultanée de ces deux variables est nettement inférieure à la part de variance de la performance contextuelle envers les individus expliquée par ces mêmes prédicteurs. L'effet direct des compétences politiques sur la variable dépendante est significatif (â= 0.21, p<.05), contrairement à l'influence directe de l'interdépendance. La lecture de ces résultats nous indique que l'interaction entre le niveau de compétences politiques et le niveau d'interdépendance n'est pas un déterminant significatif de la performance contextuelle envers l'organisation.

L'hypothèse (1a) postulant que les compétences politiques sont plus significativement associées à la performance contextuelle dirigée vers les individus est donc validée. La comparaison des coefficients bêta standardisés nous permet en effet de conclure à un effet direct plus fort sur cette dernière que sur la performance contextuelle dirigée vers l'organisation.

L'augmentation minime (?r2=0,004) de la variance expliquée de façon significative produite en étape 3 par l'entrée du terme multiplicateur dans le modèle de régression et l'absence d'effet significatif du produit de l'interdépendance et des compétences politiques écarte l'hypothèse de modération.

? Capacité de réseau, Sincérité affichée et Performance contextuelle envers les individus

On suit le même modèle de régressions multiples avec chacune des dimensions des compétences politiques pour étudier une différence potentielle d'effet d'interaction et/ou de modération avec/par l'interdépendance.

Seuls les modèles de régression impliquant la capacité de capacité de réseau (?r2=0,12) et la sincérité affichée (?r2=0,0 4) augmentent significativement la part de variance expliquée lors de l'étape 2. Ainsi, la capacité de réseau entrée simultanément avec l'interdépendance permet d'augmenter significativement de 12% la part de variance expliquée de la performance contextuelle envers les individus. L'effet significatif de cette dimension des compétences politiques sur la variable dépendante ressort à la lecture des résultats avec un coefficient bêta

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standardisé significatif, â= 0.33, p<.0001, ce qui n'est pas le cas de l'interdépendance. Le poids de la sincérité affichée dans l'explication de la variance de la performance contextuelle envers l'organisation est quant à lui tendanciellement significatif (â= 0.16, p<.08).

L'interdépendance en revanche ne semble pas significativement liée à la performance contextuelle envers l'organisation. En effet, aucune des régressions multiples réalisées n'indique de coefficient bêta significatif de l'interdépendance avec la variable dépendante.

Compétences politiques et accomplissement personnel

Le deuxième volet de cette recherche se penche sur la relation existante entre compétences politiques et niveau d'accomplissement personnel. Pour caractériser cette relation et tester le potentiel effet de modération par l'interdépendance, on suit la même stratégie d'analyse que pour les étapes précédentes.

La lecture des résultats de la première étape de la régression de l'accomplissement personnel sur les variables contrôles indique un effet significatif de l'enjeu du métier exercé sur le niveau d'accomplissement personnel évalué. L'analyse de régression complémentaire réalisée pour tester l'effet de chacun des types d'enjeu définis pour notre étude indique que les métiers de la catégorie « soin et service à la personne » et ceux de la catégorie « vente, marketing, gestion de la relation client » sont ceux pour lesquels le score d'accomplissement personnel moyen est significativement plus élevé.

L'introduction simultanée dans la deuxième étape de la régression des variables de compétences politiques et d'interdépendance augmente significativement la part de variance expliquée du score d'accomplissement personnel. (?r2 = 0.11), néanmoins seules les compétences politiques ont un effet significatif sur l'accomplissement personnel (â=.32, p<.0001).

Sans effet significatif de l'interdépendance, l'étape visant à tester la modération par cette dernière de la relation entre compétences politiques et accomplissement personnel ne peut être réalisée.

La quatrième hypothèse de notre étude n'est donc pas validée.

Tout comme pour les séries de régressions réalisées dans le premier volet de l'analyse des résultats, l'étude des différentes dimensions de compétences politiques nous apporte des précisions dans la caractérisation de leur effet significatif sur l'accomplissement.

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Ainsi, on peut lire que chaque dimension a un effet significatif sur la variance de l'accomplissement personnel. L'intuition sociale et l'adaptation interindividuelle sont les deux dimensions qui, associées aux variables contrôle, expliquent significativement la plus grande part de variance de l'accomplissement personnel (R2 ajusté = 0.08, F(6,124)=2.81, p<0.01 pour l'intuition sociale, et R2 ajusté = 0.11, F(6,124)= 3.41, p<0.001 pour l'adaptation interindividuelle). L'adaptation interindividuelle a un poids légèrement supérieur dans la variabilité de l'accomplissement personnel (f3=.28, p<.0001) que l'intuition sociale (f3=.25, p<.0001).

Notre hypothèse (2a) selon laquelle les dimensions de capacité de réseau et d'adaptation interindividuelle des compétences politiques sont les plus significativement protectrices du niveau d'accomplissement personnel n'est donc que partiellement validée.

La variance expliquée de l'accomplissement personnel reste néanmoins plus faible comparée à celle de la performance contextuelle, et l'étape 3 de ces régressions avec le terme multiplicateur n'indique pas d'effet de modération par l'interdépendance du lien entre les dimensions d'intuition sociale et d'adaptation interindividuelle et le score d'accomplissement personnel.

Aucun effet significatif des dimensions de capacité de réseau et de sincérité affichée n'est mis en avant par les résultats de cette étude.

9. Discussion

9.1 Contribution de l'étude au champ de recherche

Les résultats de cette recherche vont dans le sens des premiers travaux selon lesquels le construit de compétences politiques constitue un modèle d'efficacité sociale facteur de performance (Blickle et al., 2008, 2011 ; Blickle, Wendel, et Ferris, 2010 ; Ferris et al., 2005; Jawahar, Meurs, Ferris et Hochwarter, 2008).

En distinguant d'abord la performance à la tâche de la performance contextuelle (Beaty, Cleveland et Murphy, 2001; Borman et Motowildo, 1993; Motowildo, Borman, et Schmidt, 1997), puis les deux dimensions constitutives de cette dernière, à savoir dirigée vers l'organisation d'une part et dans l'intérêt des individus qui la composent d'autre part (Van Scotter et Motowildo, 1996), la recherche de facteurs de performance a considérablement évolué dans le sens d'une opérationnalisation de ce construit.

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On sait donc que le niveau de compétences politiques est significativement plus prédicteur de performance contextuelle que de performance à la tâche (Bing, Davison, Minor, Novicevic et Frink, 2011; Jawahar, Meurs, Ferris, et Hochwarter, 2008; Touzé, 2005), et notre étude non seulement confirme cet effet significatif, mais le complète en précisant que les compétences politiques prédisent significativement plus la performance contextuelle envers les individus que celle orientée vers l'organisation au sens large.

Les résultats de l'ensemble des travaux sur la prédiction de la performance par les compétences politiques sont cependant nuancés, ce qui laisse sous-entendre l'existence de variables modératrices de cette relation. Certaines études de ce champ de recherches prédisent ainsi un effet modérateur du type de demandes psychologiques liées au métier, et avancent que les compétences politiques sont plus particulièrement clés pour la performance individuelle et collective pour les métiers qui exigent de travailler avec et pour les autres (Perrewé, Ferris, Frink et Anthony, 2000 ; Blickle et al., 2011).

Notre étude reproduit ce plan de recherche de modération, en choisissant la mesure de l'interdépendance des tâches pour caractériser l'enjeu et la propension des relations interpersonnelles inhérentes à l'activité professionnelle exercée. Pearce et Gregersen (1991) avaient ainsi trouvé un effet significatif de l'interdépendance des tâches sur la performance contextuelle, confirmant l'idée avancée par Smith et al. (1983) que les comportements de citoyenneté organisationnelle sont déterminés par le degré de dépendance des uns envers les autres étant donné que des employés interdépendants sont conscients que les éventuels comportements contre-productifs qu'ils démontrent à l'encontre des autres peuvent potentiellement se retourner contre eux.

Nos résultats vont dans le sens de ces recherches, car ils mettent premièrement en avant un effet significatif de l'interdépendance des tâches sur le niveau de performance contextuelle et sur chacune de ses dimensions. Il est par ailleurs intéressant de noter que notre variable contrôle « type de métier » n'a pas d'effet significatif sur le niveau de performance contextuelle.

Le premier volet de notre recherche visait à faire ressortir un effet de modération par l'interdépendance de la relation entre compétences politiques et performance contextuelle. Cependant seule la relation entre la dimension d'intuition sociale et la performance

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contextuelle globale est modérée par le niveau d'interdépendance, ce qui ne permet de valider que partiellement notre hypothèse.

L'intuition sociale fait référence à la perception des intentions, motivations et sentiments de ses interlocuteurs, et correspond à la capacité de lecture implicite des situations sociales. L'intuition sociale constitue donc une ressource qui donne à l'individu la capacité à comprendre tant la situation sociale que les enjeux individuels des acteurs impliqués et le contexte organisationnel dans lequel l'interaction se joue. Pfeffer (1992) renforce notamment l'idée que l'intuition sociale constitue une ressource supplémentaire dans la gestion des relations interindividuelles, en expliquant que « paradoxalement, c'est cette capacité à s'identifier aux autres qui est réellement cruciale pour obtenir des choses pour soi-même ». On voit ainsi en quoi cette conscience de soi et des autres est ainsi clé, dans les contextes de collectifs en particulier, et s'avère au regard de nos résultats être un prédicteur significatif de performance contextuelle.

L'effet de modération observé avance que dans un contexte de forte interdépendance, un individu doté d'une grande intuition sociale aura une performance contextuelle globale significativement supérieure à des collègues qui n'auraient pas cette compétence. Ceci ne s'applique pas néanmoins aux contextes professionnels de faible interdépendance. Plusieurs pistes explicatives peuvent être avancées pour expliquer cet effet modérateur.

Tout d'abord il parait logique que dans les contextes où l'individu n'a pas ou peu à interagir avec d'autres personnes, le niveau de performance contextuelle prédit par une fine intuition sociale soit faible. Dans les contextes de forte interdépendance en revanche, la compréhension des stratégies individuelles de ses interlocuteurs prédit plus de comportements émis dans l'intérêt non seulement de l'organisation d'appartenance mais également dans celui des individus qui la composent. Travailler en étroite collaboration avec d'autres personnes au sein d'une même organisation nécessite en effet d'interagir de façon à produire en commun. Ceci implique pour l'individu d'entretenir de bonnes relations avec les personnes avec lesquelles il est amené à travailler, de façon à obtenir le résultat attendu pour les tâches émises, et à produire le résultat attendu pour les tâches dont il est contributeur. La stratégie individuelle qui consiste à mieux donner aux autres, en réalisant les tâches qu'ils demandent, pour obtenir en retour une coopération réciproque sur les tâches qu'ils émettent, est facilitée par un niveau d'intuition sociale qui permet de s'adapter aux autres et de décrypter les leviers individuels à actionner pour qu'ils agissent dans l'intérêt de l'objectif commun.

Cet effet pourrait s'expliquer également par le fait qu'une fine intuition sociale suppose une implication interpersonnelle plus forte, car comprendre les sentiments, affects, ressentis, et

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motivations des autres demande au sujet une capacité à se décentrer de ses propres considérations et à faire preuve d'empathie. On comprend de fait en quoi subséquemment l'intuition sociale peut faciliter l'engagement interpersonnel et l'attachement de l'individu à son organisation d'appartenance, démontrés par des comportements de performance contextuelle. Organ (1988) décrit ainsi les comportements de citoyenneté organisationnelle comme une démonstration d'altruisme, de courtoisie, de conscience collective, de sens civique et d'esprit sportif. Tous ces différents types de comportements peuvent ainsi être caractérisés par la propension à aider les autres (Podsakoff, Whting, Podsakoff et Blume, 2009) et donc à s'engager dans le collectif.

On peut enfin supposer que dans un environnement professionnel d'interdépendance, la performance contextuelle devient partie intégrante de la stratégie individuelle du sujet pour se forger une image positive au sein de l'organisation, grâce à sa connaissance tacite des motivations des autres acteurs de l'arène politique. Comme Zinko (2013) avait déjà avancé une médiatisation par la réputation de la relation entre compétences politiques et stress généré par les contraintes extérieures, il pourrait être intéressant de voir quel rôle cette même réputation peut avoir sur la relation entre compétences politiques et performance contextuelle. Ces résultats sont donc encourageants et appellent des investigations complémentaires.

Le deuxième volet de cette recherche visait à étudier la modération par l'interdépendance de la relation entre compétences politiques et accomplissement personnel. Etant donné le statut controversé de la dimension de réduction de l'accomplissement personnel dans le modèle de l'épuisement professionnel développé par Maslach et Jackson (1986), nous avons fait le choix dans notre plan de recherche de la considérer comme une variable dépendante à part entière. En faisant ressortir l'effet significatif des compétences politiques sur le niveau d'accomplissement personnel, notre recherche s'avère cohérente avec les travaux qui attribuent à ce construit un rôle de ressource protectrice face au stress généré par des contraintes extérieures (Dagot, Bortheyrou, Grégoire et Vallée, 2014 ; Jawahar, Stone et Kisamore, 2007; Perrewé et al., 2004, 2005; Rudelle-Astie, 2014).

Plus spécifiquement, outre l'effet positif direct des compétences politiques sur le niveau d'accomplissement personnel qui étaye les conclusions des recherches précédentes, il ressort de l'analyse des dimensions des compétences politiques que seules l'intuition sociale et l'adaptation interindividuelle impactent significativement le niveau d'accomplissement personnel.

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Ce résultat diffère des quelques études ayant analysé l'effet spécifique de chacune des dimensions des compétences politiques, selon lesquelles les dimensions d'influence interpersonnelle et de capacité de réseau sont les plus significativement protectrices des effets du stress perçu (Dagot, Bortheyrou, Grégoire et Vallée, 2014). L'interdépendance n'a quant à elle aucun impact significatif sur l'accomplissement personnel, ce qui va également à l'encontre des résultats de recherches antérieures qui indiquent un effet direct significatif de cette dernière sur la mesure des impacts de facteurs de stress (Aubé, Rousseau, Mama et Morin, 2009 ; Bertucci, Johnson, Johnson et Conte, 2011).

Ces différences constatées étayent l'hypothèse d'une indépendance de la dimension du sentiment de réduction d'accomplissement personnel, que des investigations complémentaires devraient étudier en tant que variable à part entière.

La spécificité de notre étude tient par ailleurs au fait qu'elle est, à notre connaissance, la première à comparer comme deux variables dépendantes la mesure de performance hors tâches exigées par le poste et le sentiment d'accomplissement personnel. On note ainsi une corrélation forte entre ce dernier et celui de performance contextuelle (p=.43, p<.001), et principalement avec sa dimension interindividuelle (p=.43, p<.001) plutôt que celle dirigée vers l'organisation (p=.27, p<.01).

Si l'on ne considère plus l'accomplissement personnel comme une dimension de l'épuisement personnel, alors il peut être intéressant de voir en quoi il peut également constituer une ressource de l'individu pour mieux gérer les contraintes de son environnement. On peut en effet penser, dans l'environnement socio-professionnel actuel, que la capacité d'un individu à donner du sens à son activité professionnelle et à se sentir utile et compétent peut lui permettre de percevoir différemment les contraintes de son environnement de travail. Nous avons ainsi réalisé des analyses complémentaires pour déceler un éventuel effet de modération par le sentiment d'accomplissement personnel de la relation entre compétences politiques et performance contextuelle, mais les résultats ne confirment pas cette hypothèse complémentaire pour notre échantillon.

Les résultats de notre étude indiquent par ailleurs un effet significatif de notre variable contrôle « type de métier » sur le score d'accomplissement personnel, et principalement des métiers du service à la personne (catégorie « soin/service à la personne ») et ceux impliquant des contacts directs avec les clients (catégorie « vente, marketing, gestion de la relation clients »). Cette observation est cohérente avec les recherches sur l'épuisement professionnel, dont est issue la notion d'accomplissement personnel, originalement décrit comme un phénomène qui touche plus fortement les travailleurs ayant de nombreuses interactions

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directes avec leurs client/patients et pour lesquels la dimension interpersonnelle est par conséquent prépondérante. Le score moyen d'accomplissement personnel des personnes exerçant un métier de management n'est quant à lui pas supérieur aux autres catégories d'emploi. Une investigation plus poussée serait intéressante afin de caractériser cet effet du type d'enjeu et de la prépondérance des relations interpersonnelles inhérents à l'emploi sur le niveau d'accomplissement personnel perçu.

9.2 Limites et perspectives de recherche

Conformément aux attentes les résultats de l'étude indiquent que les compétences politiques ont un impact direct sur le niveau de performance contextuelle autoévalué, et principalement sur le niveau de performance contextuelle envers les individus. L'influence des compétences politiques sur le niveau d'accomplissement personnel ressort également des résultats, mais seulement pour les dimensions d'adaptation interindividuelle et d'intuition sociale.

De plus, le niveau d'interdépendance s'avère être une caractéristique métier avec une influence directe sur la performance contextuelle, et principalement sur les comportements citoyens dirigés vers les individus. Cette relation n'est en revanche pas significative ni sur le niveau de performance contextuelle dirigée vers l'organisation, ni sur l'accomplissement personnel.

L'étude visait enfin à étudier l'effet de l'interaction des compétences politiques et du niveau d'interdépendance sur le niveau de performance contextuelle d'une part, et sur l'accomplissement personnel d'autre part, et cherchait notamment à mettre en évidence un effet de modération par l'interdépendance de ces relations.

Il ressort des résultats que l'interaction des deux variables interindividuelles a bien un effet significatif sur le niveau de performance contextuelle, mais il faut détailler l'analyse aux sous-dimensions de compétences politiques pour pouvoir observer un effet modérateur. Ainsi, seule la relation entre intuition sociale et compétences politiques est modérée par le niveau d'interdépendance des tâches inhérent au métier. Aucune relation de modération par l'interdépendance de la relation entre compétences politiques et accomplissement personnel n'a pu être mise en avant sur notre population étudiée.

Bien que ces résultats soient encourageants, plusieurs limites de cette étude doivent cependant être soulignées et appellent à des recherches complémentaires.

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Limites liées aux variables et outils de mesure

Compétences politiques

L'échelle de mesure ayant été développée par des auteurs américains et traduite dans un second temps en français, on peut avancer un biais inhérent à l'outil d'évaluation des compétences politiques lui-même.

En effet, certains comportements valorisés dans un pays peuvent être perçus différemment dans un autre. Il conviendrait ainsi d'étudier dans quelle mesure l'évaluation du niveau de compétences politiques peut être influencée par les normes de désirabilité sociale qui diffèrent selon les pays en répliquant ce plan de recherche avec la version originale des outils auprès de sujets américains. La réplication de notre plan de recherche en utilisant des scores de compétences politiques et de performance non pas auto-évalués mais fournis par le supérieur hiérarchique ou les pairs du sujet pourrait être une façon intéressante de pallier au biais de désirabilité sociale. Par ailleurs, poursuivre le travail de traduction de l'outil de mesure des compétences politiques est important pour améliorer sa sensibilité et sa pertinence dans un contexte francophone.

De plus, le modèle de compétences politiques tel qu'il est utilisé à l'heure actuelle gagnerait à être plus opérationnalisé. En effet, cette variable est mesurée comme variable interindividuelle mais ne tient donc pas compte de son contexte d'application (organisation, hiérarchie, institution...). Or ce dernier peut créer d'importantes disparités dans les mesures, et dans l'interprétation des items du questionnaire. Ainsi, l'item «Dans mon entreprise j'ai de bonnes relations avec un certain nombre de personnes importantes » amène des questions inhérentes au contexte d'application, de type : qui sont les « personnes importantes » ? Sont-elles importantes de par leur statut, leur position hiérarchique, ou de par leur réseau d'influence ? Sont-elles importantes pour l'organisation au sens large ou pour l'individu en particulier ? Le fait que nous ayons dans notre échantillon des participants exerçant en libéral, au sein d'institutions publiques et d'entreprises privées peut donc être une limite à notre recherche, bien qu'aucun effet significatif de cette variable contrôle ne ressorte à la lecture des résultats. Une façon de limiter la marge d'interprétation des items pourrait être de décrire des situations professionnelles plus précises et concrètes, adaptées aux différents environnements professionnels.

Enfin, les compétences politiques ne sont mesurées que dans leur application au sein de l'organisation et de la position occupée par le sujet au moment de l'évaluation. Il conviendrait

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cependant d'étendre le champ des compétences politiques à un contexte plus vaste « hors organisation », en mesurant notamment l'engagement des individus dans des réseaux de professionnels, associations... qui sont clés dans le contexte économique actuel qui demande flexibilité et adaptation constante. En effet, en plus de permettre à l'individu d'accéder à des ressources d'action supplémentaires au sein de son organisation, les compétences politiques peuvent être clés pour son ancrage social et son insertion professionnelle en dehors de son entreprise. On peut donc supposer que ce socle de compétences est déterminant dans le cas notamment de la recherche d'emploi, et il serait intéressant de faire des études dans ce sens.

Accomplissement Personnel

On peut également se demander dans quelle mesure l'effet direct et significatif des compétences politiques sur l'accomplissement personnel ne peut pas dans notre étude être artificiellement induit pas les outils de mesure utilisés. En effet, une analyse plus détaillée des résultats montre que seules les dimensions de l'intuition sociale et de l'adaptation interindividuelle sont des prédicteurs significatifs, or la distinction de ces variables indépendantes par rapport à la variable dépendante qu'est la mesure de l'accomplissement est plutôt floue, car on note des similarités dans les items utilisés pour les mesurer. Ainsi par exemple dans le questionnaire des compétences politiques, l'un des items mesurant l'intuition sociale « Au travail, j'arrive à comprendre assez bien ce que pensent et ressentent les autres. » est très proche de celui utilisé pour la mesure de l'accomplissement personnel «Je peux comprendre facilement ce que mes clients ressentent ». De même, celui mesurant l'adaptation interindividuelle « Dans le cadre de mes relations professionnelles, j'arrive à mettre les gens à l'aise » se rapproche fortement de l'un des items de l'accomplissement personnel « J'arrive à créer une atmosphère détendue avec mes clients ».

L'analyse de colinéarité n'en fait pas ressortir, néanmoins il serait intéressant de retravailler séparément le construit de l'accomplissement personnel. En effet, la mesure de l'accomplissement personnel telle qu'elle est faite dans l'outil de mesure de l'épuisement professionnel développé par Maslach est difficile à opérationnaliser. Une échelle de fréquence est utilisée pour mesurer chaque item, or cette échelle a suscité plusieurs remarques et questions de la part des participants aux phases de test du questionnaire de cette étude. L'utilisation de fréquences pour mesurer des items portant sur le sens donné au travail, le sentiment d'utilité et d'efficacité personnelle, a semblé pour beaucoup difficile à contextualiser.

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Performance contextuelle

La définition de la variable de performance contextuelle amène elle aussi certaines questions. On peut en effet penser que dans un contexte d'interdépendance forte, la performance contextuelle envers les individus devient une compétence exigée et n'est donc plus valorisée comme un comportement « extra professionnel » facultatif servant les intérêts des autres et/ou de l'organisation. Jawahar et Ferris (2011) soulignent ainsi que la distinction originale des deux dimensions de performance à la tâche et performance contextuelle peut s'être atténuée avec l'évolution de l'environnement économique et le contexte socioprofessionnel.

En effet, la performance contextuelle, qui correspond aux comportements non requis formellement mais fortement appréciés et valorisés, tend aujourd'hui en à devenir de plus en plus partie intégrante des métiers. Ceci peut être dû aux évolutions de la nature des emplois et des organisations, mais la connaissance plus large des effets positifs de l'engagement des employés au sein de leur organisation peut également être un facteur explicatif de l'importance grandissante que prennent des éléments traditionnellement considérés comme de performance « hors-tâche » pour les entreprises. Certaines descriptions de poste comprennent par exemple aujourd'hui des pré requis tels que « savoir travailler en équipe », « partage des valeurs de l'entreprise », « engagement dans la vie de l'entreprise », « envie de s'impliquer dans un projet de développement »....

Selon Hogan et Shelton (1998), la compétence sociale permet aux sujets d'accomplir leurs objectifs interpersonnels de la même façon que la coordination permet de jouer au tennis. Dans cette perspective, les compétences politiques ne sont plus des ressources supplémentaires de l'individu pour faire face aux contraintes extérieures, mais sont un prérequis à tout poste dont les missions impliquent de nombreux contacts interpersonnels. Les compétences politiques pourraient de ce fait être considérées dans cette configuration comme prédicteurs de performance à la tâche.

Limites liées au protocole

Le fait que les sujets auto évaluent leurs propres compétences et performance constitue une limite certaine de cette étude. Il serait donc intéressant de la reproduire en comparant l'auto-évaluation des compétences politiques du sujet avec son niveau évalué par son supérieur hiérarchique ou par ses pairs. De même, l'évaluation du niveau de performance contextuelle du sujet perçue par son supérieur et/ou ses pairs serait particulièrement

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intéressante pour aller au-delà des recherches existantes. On pourrait ainsi imaginer un protocole expérimental de type « Evaluation 360° » tel que certains programmes d'évaluation de potentiel, de compétences ou de leadership à visée de développement managérial, qui peuvent être mis en place dans les entreprises.

De plus, comme évoqué précédemment, un biais culturel lié à l'utilisation d'outils de mesure non élaborés initialement dans un contexte francophone peut constituer une limite supplémentaire. En effet, les éléments considérés dans la version originale comme de la citoyenneté organisationnelle « en dehors des tâches requises par le poste » peuvent avoir un statut différent dans le contexte d'utilisation de l'outil, et ainsi constituer des exigences implicites selon la culture du pays, de l'entreprise, ou de la branche. Par ailleurs, une compétence politique reconnue, valorisée et assumée dans la culture entrepreneuriale américaine peut être beaucoup plus « taboue » dans la culture française. Pour développer le champs de recherche sur les compétences politiques dans le contexte francophone, il serait bon de reproduire cette étude avec non seulement une hétéro-évaluation des niveaux de compétences politiques et de performance contextuelle, mais également une comparaison des résultats d'échantillons de participants américains et français.

Par ailleurs, cette étude gagnerait à être reproduite avec un nombre plus large de participants, car le nombre limité (133) ne permet pas d'avoir des échantillons significatifs pour chacune des catégories professionnelles. Le but d'une application de ce plan de recherche auprès d'une population plus large est de vérifier la reproductibilité des résultats, et de voir si la modération par l'interdépendance de la relation entre compétences politiques et performance contextuelle reste limitée à la dimension de l'intuition sociale même avec une population plus large. De plus, l'effet tendanciellement significatif du produit de l'adaptation interindividuelle et de l'interdépendance sur la variance expliquée du niveau de performance contextuelle envers les individus, que nous avons estimé trop faible pour être considéré comme un résultat probant de modération, pourrait s'avérer plus marqué.

Enfin, la non prise en compte de l'environnement organisationnel des participants peut avoir eu un effet sur les scores de compétences politiques recueillis. En effet, on peut s'attendre à ce qu'un individu évoluant dans une entreprise qui prône l'esprit entrepreneurial et la prise d'initiatives mettra plus en avant ses compétences politiques qu'un individu appartenant à une organisation dans laquelle le conformisme est de rigueur. De plus, la prise en compte dans notre étude des scores des participants exerçant en libéral peut biaiser les

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résultats, étant donné que les items de mesure des compétences politiques sont formulés pour une application au monde de l'entreprise.

9.3 Ouvertures

Dans le cadre théorique de cette étude qui donne aux compétences politiques le statut de ressources personnelles, il serait intéressant d'intégrer au plan de recherche d'autres variables individuelles et situationnelles de façon à mettre en avant le caractère stratégique de leur utilisation.

Ainsi, on fait l'hypothèse que ce capital de l'individu sera utilisé différemment selon les moments de sa carrière professionnelle, et que ses compétences politiques seront plus ou moins saillantes selon la situation rencontrée. On suppose de la même manière que leur utilisation peut être stratégique, et qu'une évaluation unique à un instant T sans tenir compte de la situation du sujet peut de fait n'en refléter qu'une partie. On pourrait ainsi imaginer des protocoles mesurant les compétences politiques non pas comme un trait de personnalité stable mais comme un capital mobilisé à des fins précises et de façon spécifique à l'enjeu de la situation sociale rencontrée. Il serait par exemple intéressant de comparer les compétences mobilisées ou rendues intentionnellement saillantes par des candidats lors d'entretiens de recrutements pour différents types de poste, de comparer le temps de recherche d'emploi selon le niveau de compétences politiques pour des personnes en situation de chômage, ou encore l'équilibre vie personnelle-vie professionnelle et le niveau de compétences politiques...

De plus, si les compétences politiques constituent un capital pour l'individu, elles peuvent de fait évoluer tout au long de sa vie. On peut en conséquence faire l'hypothèse que les niveaux de compétences politiques de jeunes diplômés avec des « seniors » seront significativement différents. Ainsi plusieurs auteurs ont ainsi déjà avancé l'idée que les compétences politiques pouvaient être développées, et une étude longitudinale en ce sens serait pertinente.

On peut également avancer que si les compétences politiques sont une ressource à laquelle le sujet peut choisir de faire appel pour développer son capital social, il peut aussi choisir de ne pas l'utiliser dans certains types de situations. Ainsi, en se basant sur la conception de l'entreprise comme une arène politique, on peut imaginer que les compétences politiques servent l'objectif de protéger une zone de pouvoir individuel, définie par Crozier de

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Friedberg (1981) comme une zone d'incertitude organisationnelle. On peut se demander si les compétences politiques, tout comme l'intelligence émotionnelle, ne comportent pas différents « niveaux », de l'inconscience de l'existence de ces ressources à leur connaissance profonde permettant une utilisation stratégique de ce capital. Un individu peut en effet dans une situation sociale particulière identifier la réponse politique qu'il conviendrait d'apporter ou le bénéfice qu'il aurait à y gagner mais choisir de ne pas l'adopter si son enjeu individuel est autre ou si une autre variable individuelle ou situationnelle entre en compte. De fait, on pourrait avoir une incohérence entre le niveau de compétences politiques réel et perçu. Etendre la recherche sur les compétences politiques en comparant les niveaux individuels avec le sociogramme de l'organisation serait une piste pour comprendre en quoi ces dernières peuvent prédire le positionnement des individus dans l'écosystème.

D'autres variables individuelles (par exemple le degré d'ambition), situationnelles (par exemple l'enjeu de l'interaction pour le sujet), ou organisationnelle (par exemple la culture d'entreprise ou la position hiérarchique), seraient intéressantes à prendre en compte pour étudier l'utilisation stratégique des compétences politiques. La comparaison entre le statut hiérarchique et la centralité de la position de l'individu dans l'écosystème de l'organisation serait également une donnée pertinente à mettre en relation avec le niveau de compétences politiques.

Le champ de recherche est donc encore vaste pour contextualiser les compétences politiques, et il constitue un réel enjeu pour les entreprises, particulièrement dans l'environnement socio-économique actuel qui impose aux individus de faire preuve d'adaptabilité et de flexibilité.

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64

Annexes

A. Questionnaire I

B. Questionnaire en ligne : copies écran IV

C. Statistiques descriptives XVI

D. Fréquences - variables contrôles XV

E. Effet de modération par l'interdépendance de la relation entre intuition sociale et

performance contextuelle - étapes de régression multiple XVII

F. Données de construction de la droite de régression représentant la modération par l'interdépendance de la relation entre intuition sociale et performance contextuelle XVIII

I

A. Questionnaire

Compétences politiques

Les items se mesurent par l'échelle de niveau d'accord suivante :

[] Pas du tout d'accord [] Pas d'accord [] Plutôt pas d'accord [] Ni d'accord ni pas d'accord [] Plutôt d'accord [] D'accord [] Tout à fait d'accord

Capacité de réseau

- Dans mon entreprise, j'ai de bonnes relations avec un certain nombre de personnes importantes.

- Dans mon entreprise, je pense savoir bien me servir de mes contacts et relations pour obtenir un certain nombre de choses.

- J'ai un large réseau de collègues et de contacts au travail que je peux solliciter lorsque j'ai besoin d'aide ou de conseil.

Sincérité affichée

- Au travail, il est très important que les gens croient à la sincérité de ce que je dis et de ce que je fais.

- Dans les relations professionnelles, j'essaie de paraître le plus authentique possible.

- J'essaie de manifester un intérêt réel et authentique à l'égard de mes collègues. Intuition sociale

- Au travail, je pense être assez doué(e) pour percevoir les motivations et intentions cachées des autres.

- Au travail, j'arrive à comprendre assez bien ce que pensent et ressentent les autres.

Adaptation interindividuelle

- Professionnellement, il est facile pour moi de développer de bons rapports avec les autres.

- Dans le cadre de mes relations professionnelles, j'arrive à mettre les gens à l'aise.

- Au travail, j'arrive à communiquer facilement et efficacement avec les autres.

II

Interdépendance

Les items se mesurent par l'échelle de niveau d'accord suivante : fl Pas du tout d'accord fl Pas d'accord fl Neutre fl D'accord fl Tout à fait d'accord

- Je travaille en étroite collaboration avec d'autres personnes.

- Je dois fréquemment coordonner mes efforts avec d'autres personnes.

- Ma propre performance dépend de l'exactitude des informations reçues d'autres

personnes.

- Ma façon de faire mon travail a un impact significatif sur les autres.

- Mon travail exige que je consulte d'autres personnes assez fréquemment.

Accomplissement Personnel

Les items se mesurent par l'échelle de fréquence suivante :

fl Jamais fl Rarement fl De temps en temps fl Régulièrement fl Souvent fl Très souvent

fl Tous les jours

- Je peux comprendre facilement ce que mes clients ressentent.

- Je m'occupe efficacement des problèmes de mes clients.

- J'ai l'impression, à travers mon travail, d'avoir une influence positive sur les gens.

- Je me sens plein(e) d'énergie.

- J'arrive facilement à créer une atmosphère détendue avec mes clients.

- Je me sens stimulé(e) lorsque dans mon travail j'ai été proche de mes clients.

- J'ai accompli beaucoup de choses qui en valent la peine dans mon travail.

- Dans mon travail, je traite les problèmes émotionnels très calmement.

Performance contextuelle

Les items se mesurent par l'échelle de niveau d'accord suivante :

fl Pas du tout d'accord fl Pas d'accord fl Plutôt pas d'accord fl Ni d'accord ni pas d'accord fl Plutôt d'accord fl D'accord fl Tout à fait d'accord

Altruisme

- J'aide spontanément les collègues qui ont une forte charge de travail. - Je suis attentif au bien être de mes collègues.

III

- Je prends le temps d'aider un collègue qui rencontre des difficultés dans son travail.

- Je prends le temps d'écouter un collègue qui a des ennuis.

- J'encourage souvent mes collègues dans les moments difficiles. Loyauté

- En dehors de l'entreprise, je vante très souvent la qualité de nos produits ou de nos services.

- Je parle favorablement de mon entreprise à mon entourage.

- Je défends l'entreprise quand les salariés ou des personnes extérieures la critiquent.

Conformité

- J'adhère complètement aux objectifs de l'organisation et les soutiens fortement.

- Je respecte réellement les règles de travail et les instructions qui me sont données.

- Je termine toujours dans les délais le travail qui m'est confié.

- Je respecte toujours les règles et les procédures de mon entreprise.

- Même en l'absence de tout contrôle, je suis très à cheval sur l'application des règles et des procédures de mon entreprise.

Coopération

- Je partage beaucoup d'informations avec mes collègues de travail. - J'ai des difficultés à travailler en équipe. (item inversé)

- Je suis toujours volontaire pour effectuer un travail en équipe.

- Je m'implique fortement dans les activités en équipe (groupes de projet, réunions d'équipe, etc.)

Esprit sportif

- Je me plains rarement de mes conditions de travail.

- Je tolère les contraintes de l'organisation interne sans me plaindre.

B. Questionnaire en ligne : copies écran

Questionnaire diffusé aux participants sous forme électronique via emails et réseaux sociaux, hébergé sur le site www.surveygizmo.com

V

VI

VII

VIII

IX

X

XI

XII

XIII

44. Votre métier:

Sélectionnez dans la liste déroulante la proposition qui correspond le mieux â votre métier.

-- Please Select --

Characters used: o out of 1.

45. Vous êtes *

D Un homme

D Une femme

46. Quelle est votre ancienneté métier (en année pleine)? *

47. Quel est votre âge?

48. Vous exercez votre métier *

D En libéral

D Dans une entreprise du secteur public

D Dans une entreprise du secteur privé

Quel est l'effectif de votre entreprise? *

Quel est votre contrat? *

-- Please Select --

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75°x'

XIV

B. Fréquences - variables contrôles

Genre

Contexte

Métier

13%

13%

12%

67%

63%

19%

5%

21%

28%

37%

22%

Soin / service à la personne (y compris enseignement) Encadrement d'équipe, gestion de projet(s)

Vente, marketing, gestion de relations clients

Fonctions Supports

Métier technique, recherche & Développement

Autre

Libéral
Public
Privé

M F

XV

XVI

C. Statistiques descriptives

Statistiques descriptives

 

ANC AGE

CR SA IS AI CP_TOT

INTERDEP

AP ALTR LOY CONF COOP ESP PCI

PCO

PC_TOT

Mean

9,94

36,46

5,37

6,02

4,95

5,56 5,48

4,15

39,61

5,64

4,93

5,33

5,49

4,33 5,57

4,86

5,21

Standard Error

0,82

0,97

0,08

0,06

0,08

0,06 0,05

0,05

0,58

0,06

0,11

0,08

0,08

0,11 0,06

0,08

0,06

Median

7,00

33,00

5,33

6,00

5,00

5,67 5,50

4,20

40,00

5,60

5,00

5,25

5,50

4,50 5,50

4,75

5,16

Mode

1,00

29,00

6,00

6,33

5,00

6,00 5,50

4,40

36,00

5,00

5,50

5,25

5,00

5,00 5,00

4,75

4,55

Standard Deviation

9,50

11,13

0,96

0,69

0,90

0,72 0,55

0,61

6,75

0,75

1,29

0,96

0,89

1,31 0,74

0,87

0,65

Sample Variance

90,31

123,95

0,93

0,48

0,80

0,52 0,30

0,37

45,50

0,56

1,67

0,92

0,79

1,73 0,55

0,75

0,42

Kurtosis

2,88

0,04

1,25

0,17

0,61

-0,09 1,75

0,91

-0,35

-0,95

-0,21

0,81

-0,44

-0,33 -0,68

-0,32

-0,59

Skewness

1,65

1,03

-0,65

-0,67

-0,39

-0,33 -0,77

-0,79

-0,10

0,24

-0,44

-0,55

-0,32

-0,25 0,03

0,04

0,34

Range

45,00

45,00

5,33

3,33

5,00

3,67 3,59

3,00

31,00

2,80

6,00

5,25

4,00

6,00 3,40

4,25

2,74

Minimum

1,00

20,00

1,67

3,67

2,00

3,33 3,33

2,00

23,00

4,20

1,00

1,75

3,00

1,00 3,60

2,58

4,00

Maximum

46,00

65,00

7,00

7,00

7,00

7,00 6,92

5,00

54,00

7,00

7,00

7,00

7,00

7,00 7,00

6,83

6,74

Sum

1322,00

4849,00

714,33

801,04

659,00

739,71 728,60

552,40

5268,00

749,60

655,50

708,50

730,50

575,50 740,36

646,44

693,34

Count

133,00

133,00

133,00

133,00

133,00

133,00 133,00

133,00

133,00

133,00

133,00

133,00

133,00

133,00 133,00

133,00

133,00

Confidence Level(95,0%)

1,63

1,91

0,17

0,12

0,15

0,12 0,09

0,10

1,16

0,13

0,22

0,16

0,15

0,23 0,13

0,15

0,11

Notes de lectures :

ANC : ancienneté ; CR : capacité de réseau ; SA : sincérité affichée ; IS : intuition sociale ; AI : adaptation interindividuelle ; CP_TOT : compétences politiques totales ; INTERDEP : iinterdépendance ; AP : accomplissement personnel ; ALTR : altruisme ; LOY : loyauté ; CONF : conformisme ; COOP : coopération ; ESP : esprit sportif ; PCI : performance contextuelle envers individus ; PCO : performance contextuelle envers l'organisation ; PC_TOT :

performance contextuelle totale

XVII

D. Effet de modération par l'interdépendance de la relation entre intuition sociale et performance contextuelle : étapes de la régression multiple

Etape 1 - régression Performance contextuelle totale par variables contrôles

Regression of variable PC_TOT:

Model parameters:

 
 
 
 
 
 

Goodness of fit statistics:

Source Value

 

Standard error

t

 

Pr > |t|

Lower bound (95%) Upper bound (95%)

 
 

Intercept

5,272

0,222

 

23,736

< 0,0001

4,832 5,711

 

Observations 133,000

ANCNORM

0,012

0,010

 

1,170

0,244

-0,008 0,032

Sum of weights 133,000 AGENORM

-0,004

0,009

 

-0,452

0,652

-0,021 0,013

DF 127,000 SEXNORM

0,014

0,061

 

0,228

0,820

-0,107 0,134

 

R2 0,021

ENJEUNORM

0,020

0,028

 

0,693

0,490

-0,036 0,075

 

Adjusted R2 -0,018

CONT NORM

-0,064

0,106

 

-0,604

0,547

-0,273 0,146

MSE 0,432

 
 
 
 
 
 
 

RMSE 0,657

Standardized coefficients:

 
 
 
 
 
 

MAPE 10,208

Source Value

 

Standard error

t

 

Pr > |t|

Lower bound (95%) Upper bound (95%)

DW 1,830

ANCNORM

0,173

0,148

 

1,170

0,244

-0,119 0,465

Cp 6,000 AGENORM

-0,067

0,148

 

-0,452

0,652

-0,361 0,226

AIC -105,823 SEXNORM

0,021

0,091

 

0,228

0,820

-0,159 0,200

SBC -88,481 ENJEUNORM

0,062

0,090

 

0,693

0,490

-0,115 0,239

 

PC 1,072 CONT NORM

-0,056

0,093

 

-0,604

0,547

-0,239 0,127

 
 
 
 
 
 
 
 

Etape 2- Introduction des variables d'intuition sociale et d'interdépendance

 
 
 
 
 
 

Regression of variable PC_TOT:

 
 
 
 
 
 

Goodness of fit statistics:

Model parameters:

 
 
 
 
 
 
 
 

Source Value

 

Standard error

t

 

Pr > |t|

Lower bound (95%) Upper bound (95%)

 

Observations 133,000 Intercept

5,288

0,210

 

25,182

< 0,0001

4,873 5,704

Sum of weights 133,000 ANCNORM

0,017

0,010

 

1,718

0,088

-0,003 0,036

DF 125,000 AGENORM

-0,004

0,008

 

-0,538

0,592

-0,021 0,012

 

R2 0,154

SEXNORM

-0,017

0,057

 

-0,290

0,772

-0,130 0,097

 

Adjusted R2 0,107

ENJEUNORM

0,044

0,027

 

1,609

0,110

-0,010 0,097

MSE 0,379 CONT NORM

-0,135

0,102

 

-1,321

0,189

-0,336 0,067

RMSE 0,616 IS-centree

 

0,102

0,054

 

1,882

0,062

-0,005 0,209

MAPE 9,364

INTER-centree

 

0,220

0,057

 

3,850

0,000

0,107 0,334

DW 1,895

 
 
 
 
 
 
 

Cp 8,000

Standardized coefficients:

 
 
 
 
 
 

AIC -121,333

Source Value

 

Standard error

t

 

Pr > |t|

Lower bound (95%) Upper bound (95%)

SBC -98,211

ANCNORM

0,242

0,141

 

1,718

0,088

-0,037 0,520

 

PC 0,954

AGENORM

-0,075

0,140

 

-0,538

0,592

-0,353 0,202

 
 

SEXNORM

-0,025

0,085

 

-0,290

0,772

-0,194 0,144

ENJEUNORM

0,139

0,086

 

1,609

0,110

-0,032 0,309

CONT NORM

-0,118

0,089

 

-1,321

0,189

-0,294 0,059

IS-centree

 

0,156

0,083

 

1,882

0,062

-0,008 0,321

 

INTER-centree

 

0,338

0,088

 

3,850

0,000

0,164 0,512

 
 
 
 
 
 
 
 

Etape 3 - Introduction du produit des variables d'intuition sociale et d'interdépendance

 
 
 
 
 

Regression of variable PC_TOT:

 
 
 
 
 
 
 

Model parameters:

 
 
 
 
 
 

Goodness of fit statistics:

Source Value

 

Standard error

t

 

Pr > |t|

Lower bound (95%) Upper bound (95%)

 
 

Intercept

5,350

0,208

 

25,729

< 0,0001

4,938 5,761

 

Observations 133,000

ANCNORM

0,016

0,009

 

1,677

0,096

-0,003 0,035

Sum of weights 133,000 AGENORM

-0,006

0,008

 

-0,732

0,466

-0,022 0,010

DF 124,000 SEXNORM

0,013

0,058

 

0,232

0,817

-0,101 0,128

 

R2 0,191

ENJEUNORM

0,047

0,027

 

1,777

0,078

-0,005 0,100

 

Adjusted R2 0,139

CONT NORM

-0,154

0,100

 

-1,535

0,127

-0,353 0,045

MSE 0,366 IS-centree

0,085

0,054

 

1,581

0,116

-0,021 0,191

RMSE 0,605 INTER-centree

0,231

0,056

 

4,101

< 0,0001

0,120 0,343

MAPE 9,202

IS_INTER

 

0,138

0,059

 

2,357

0,020

0,022 0,254

DW 1,864

 
 
 
 
 
 
 

Cp 9,000

Standardized coefficients:

 
 
 
 
 
 

AIC -125,162

Source Value

 

Standard error

t

 

Pr > |t|

Lower bound (95%) Upper bound (95%)

SBC -99,149

ANCNORM

0,232

0,138

 

1,677

0,096

-0,042 0,506

 

PC 0,927

AGENORM

-0,101

0,138

 

-0,732

0,466

-0,374 0,172

 
 

SEXNORM

0,020

0,086

 

0,232

0,817

-0,150 0,190

ENJEUNORM

0,151

0,085

 

1,777

0,078

-0,017 0,319

CONT NORM

-0,135

0,088

 

-1,535

0,127

-0,309 0,039

IS-centree

0,130

0,082

 

1,581

0,116

-0,033 0,293

INTER-centree

0,355

0,087

 

4,101

< 0,0001

0,184 0,527

 

IS_INTER

 

0,200

0,085

 

2,357

0,020

0,032 0,368

XVIII

E. Données de construction de la droite de régression représentant la modération par l'interdépendance de la relation entre intuition sociale et performance contextuelle

intuition sociale

Noms des variables Variable indépendante:

Coefficients de régression non standardisés:

 

Variable Indépendante:

0,12

Modérateur:

0,18

Interaction:

0,13

Intercept / Constant:

5,21

Variable modératrice: Interdépendance

5,7

5,6

5,5

5,4

5,3

5,2

5,1

5

4,9

4,8

4,7

Niveau Faible intuition sociale

Niveau élevé intuition sociale

Perfoemance Contextuelle

Faible Interdépendance Forte Interdépendance Interdépendance moyenne

Modération par l'interdépendance de la relation entre intuition sociale et performance contextuelle






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"Un démenti, si pauvre qu'il soit, rassure les sots et déroute les incrédules"   Talleyrand