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Réflexions sur la problématique du coup d'état en Afrique.

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par Koffi Afandi KOUMASSI
Université de Lomé - Master 2 en Droit Public Fondamental 2015
  

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2-) La résorption des inégalités sociales

En soi, la diversité ethnique n'est absolument pas un mal puisque de la diversité procède une unité solide et « une solidarité compacte entre les divers groupes sociaux pour l'unification physique et la survie de la nation »258(*). Plutôt que d'imprimer cette valeur ajoutée à l'Afrique, la pluriethnicité s'est révélé l'épicentre d'une importante série d'ébullitions socio-politiques agitant jusqu'à ébranler certaines démocraties en construction. On a fini par considérer que chaque conflit en Afrique a une origine tribale. « Mais en réalité, ce sont les politiques qui manipulent nos ethnies », remarque tristement Djibril Tamsir Niane259(*).

Point n'est besoin de le dire assez. Les racines du tribalisme sont si profondément enfoncées dans les Etats africains au point que ceux-ci ne peuvent se construire sans le fait ethno-tribal et pire contre lui, sinon à causer leur propre ruine. Ils ne sauraient non plus le faire taire en feignant l'ignorer. Comme l'écrit si bien le professeur Ahadzi-Nonou, « la vie politique en Afrique (...) ne peut pas échapper au champ de gravité du fait tribal »260(*). Le système de gouvernement des États doit alors tendre à réaliser un melting-pot dans lequel les intérêts de chaque groupe social se trouveraient garantis au nom de la démocratie. Ce creuset national suscitera chez tous les peuples le vouloir vivre en commun à travers la nationalisation des mentalités citoyennes. Pour que ce mélange prenne, la constitutionnalisation du pluralisme ethnique s'impose comme l'ingrédient de base. Avec des doigts de fée, les constituants béninois, burundais et éthiopien l'on réalisé respectivement en 1977, en 1992 et en 1994. Ces modèles sont à suivre d'autant plus que le pluriethnisme doit bénéficier d'une véritable assise juridique dans le cadre d'une démocratie consociative.

Autre élément essentiel pour le redressement des dissemblances sociales, la démocratie consociationnelle postule la gestion consensuelle du pouvoir261(*). En fait dans les sociétés pluriculturelles, le système majoritaire porte en lui un venin inhibiteur des semences démocratiques : la marginalisation des minorités. Le régime consociatif proposé en correctif repose donc sur un certain nombre de piliers tels que « la représentation proportionnelle de toutes les forces politiques, ethniques et par extension, de tous les segments de la société selon les suffrages recueillis ; la constitution d'un Gouvernement de large coalition, c'est-à-dire un gouvernement qui reflète la diversité ethnique du pays ; l'attribution d'un droit de véto aux communautés minoritaires au sujet de problèmes extrêmement délicats et vitaux »262(*).

Enfin, la résorption des inégalités sociales importe d'aller au-delà des intérêts particuliers au profit d'une redistribution équitable des richesses nationales. Il s'agit de s'élever en transcendant les intérêts sectaristes au profit du bien général. Ici, l'appel est à la gestion efficiente des affaires publiques, une gestion orientée vers le développement de toutes les couches et de tous les groupes de la société. Seul ce type de gouvernance des États africains permettrait de dompter les frustrations nées des clivages socio-culturels qui alimentent les troubles post-électoraux sanglants et les séditions ; le but étant d'atténuer la pauvreté, source de multiples conflits déstabilisateurs du néo-constitutionnalisme263(*).

En sus de la rationalisation des pratiques politiques, la viabilité du projet démocratique en Afrique est aussi tributaire du recadrage du pouvoir présidentiel (B).

* 258 L. SYLLA, Tribalisme et parti unique en Afrique noire, op. cit., p. 330.

* 259 D. T. NIANE cité par ISSAKA K. SOUARÉ, Guerres civiles et coups d'État en Afrique de l'Ouest : Comprendre les causes et identifier des solutions possibles, Paris, L'Harmattan, 2007, 294 p.

* 260 K. AHADZI-NONOU, « Réflexions sur un tabou du constitutionnalisme négro-africain : Le tribalisme », op. cit., p. 21.

* 261 L'approche consociationnelle du partage du pouvoir est développée par Arend Lijphart. Voir A. LIJPHART Democracy in Plural Societies : A Comparative Exploration, New Haven, Yale University Press, 1977. Voir aussi A. K. BOCCO, Réflexion sur la démocratie africaine, Mémoire pour le Diplôme de l'ENA au Togo, Option Diplomatie, Cycle III, 2007, pp. 62-65.

* 262 S. VANDEGINSTE, « Théorie consociative et partage du pouvoir au Burundi », Article consulté sur www.tutsi.org le 04 Octobre 2014.

* 263 « Lutter contre la pauvreté doit être un des leitmotive de tout État qui se veut démocratique. Car la paupérisation de la population est une source d'instabilité sociale et de désordre tandis que la juste répartition des richesses nationales est un indicateur de la bonne gouvernance, donc de la démocratie et de l'État de droit». L. CISSÉ, La problématique de l'État de droit en Afrique de l'Ouest : Analyse comparée de la situation de la Côte d'Ivoire, de la Mauritanie, du Liberia et de la Sierra Leone, Thèse de Doctorat en Droit, Université de Paris XII Val de Marne, 2009, pp. 157-164

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