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Ressources non renouvelables et développement soutenable. L'or du Burkina est-il vraiment une bénédiction ?

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par Razamwendé Saturnin SAWADOGO
Université de Versailles Saint Quentin En Yvelines - Master 2 Economie Théorique et Appliquée du Développement Durable 2015
  

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b) Le Burkina Faso et la malédiction des ressources naturelles

Notre analyse porte particulièrement sur les risques pouvant conduire le Burkina Faso dans une situation de malédiction des ressources naturelles. Elle se base sur les conclusions du chapitre 1 du présent document et consiste à voir par rapport aux caractéristiques actuelles du pays et les théories explicatives de la malédiction des ressources naturelles, comment le boom minier pourrait engendrer des effets pervers et handicaper le décollage économique et le bien être des générations futures.

Des six principales théories explicatives de la malédiction des ressources naturelles, trois d'entre elles retiennent notre attention et semblent le plus menacer l'économie burkinabè : la volatilité des cours des matières premières, l'éviction du secteur manufacturier et la mauvaise qualité institutionnelle.

c) La volatilité des cours des matières premières

La volatilité des cours des matières constitue l'un des premiers éléments de risque de malédiction au Burkina Faso. En effet, la sensibilité de la production minière du Burkina Faso au cours international n'est plus à démontrer (les variations du cours de l'or explique environ 84% des variations de la production d'or au Burkina Faso d'après le Rapport Public CES 2013). En 2012, la légère baisse du cours de l'or s'est pratiquement traduite par une stagnation de la production, et une baisse de la contribution du secteur au budget de l'Etat par

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rapport aux prévisions nationales. Du fait de son rôle décisif dans l'émergence du secteur minier burkinabè, les cours mondiaux de l'or et leur volatilité représentent un facteur de vulnérabilité et de risque pouvant conduire le pays dans une situation de malédiction. Dans sa publication sur les perspectives économiques en Afrique, l'AFDB (2012, p 2) précise que : « L'économie du Burkina Faso demeure vulnérable, d'une part aux fluctuations des cours mondiaux des matières premières, or, coton et pétrole essentiellement, d'autre part aux conditions climatiques ». Une fluctuation des cours autour du seuil de rentabilité pourrait entrainer des micro-périodes de chômage frictionnel, de baisse des recettes de l'Etat, et finalement une situation ou l'exploitation minière servirait juste à couvrir des frais de fonctionnement sans accumulation de capital physique et humain.

ii) L'éviction du secteur manufacturier

Lorsqu'on applique la théorie de la malédiction par la logique d'éviction au cas du Burkina Faso, on se rend compte que le boom minier crée de nombreuses distorsions dans l'économie burkinabè. Ces distorsions s'observent aussi bien dans le secteur manufacturier, dans l'agriculture, dans le marché de l'emploi, et au niveau du système éducatif.

Dans le secteur manufacturier, on observe directement une hausse généralisée des prix autour des sites miniers, de sorte que les populations locales s'appauvrissent à cause de la baisse de leur pouvoir d'achat. La hausse de revenu des orpailleurs est directement absorbée par la hausse des prix. L'agriculture souffre surtout de la perte de ses bras valides à cause de l'orpaillage artisanal. En effet, des 13000002 personnes de la population qui tire un revenu quelconque de l'orpaillage traditionnel, beaucoup sont issues du milieu rural agricole.

Les distorsions du marché de l'emploi concernent l'attractivité des salaires dans le secteur minier moderne et le manque de personnel qualifié. Ainsi, le secteur minier a dans la majorité des cas, extrait les compétences dont il avait besoin dans le secteur public et les entreprises locales. Toutes choses qui participent à une baisse de la productivité dans ces secteurs qui ont pourtant un effet multiplicateur nettement plus élevé que le secteur minier. De même, le ministère en charge du secteur minier burkinabè manque de personnel qualifié pour appliquer les textes, effectuer les contrôles et vérifier que les entreprises minières respectent les clauses de leur contrat avec l'Etat burkinabè.

2 LES ENJEUX DU SECTEUR MINIER DU BURKINA FASO (Conférence du ministre Salif Lamoussa Kaboré à l'IFRI. 20/01/2014, http://www.ambaburkina-fr.org/les-enjeux-du-secteur-minier-du-burkina-faso-conference-du-ministre-salif-lamoussa-kabore-a-lifri-20012014/

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Le dernier point concerne les effets pervers du boom minier sur le système éducatif national. En effet, nombreux sont les enfants qui désertent l'école pour servir d'aides dans les mines artisanales. Ce phénomène pose d'ailleurs un véritable problème de droit humanitaire, et certaines ONG n'hésitent pas à dénoncer les conditions de travail et de vie précaire dans ces mines. C'est l'exemple du media indépendant IRIN, un article publié en septembre 2012 souligne l'importance des effets de la ruée vers l'or sur l'éducation au Burkina Faso3.

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"Un démenti, si pauvre qu'il soit, rassure les sots et déroute les incrédules"   Talleyrand