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Ressources non renouvelables et développement soutenable. L'or du Burkina est-il vraiment une bénédiction ?

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par Razamwendé Saturnin SAWADOGO
Université de Versailles Saint Quentin En Yvelines - Master 2 Economie Théorique et Appliquée du Développement Durable 2015
  

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iii) La mauvaise qualité institutionnelle

La mauvaise qualité institutionnelle concerne directement la façon dont la rente est redistribuée et/ou réinvestie via l'arrangement institutionnel. A la lecture du code minier burkinabè, les institutions burkinabè semblent clairement afficher leur volonté de rechercher la rente à tout prix. Ainsi, les nombreux avantages du code s'apparentent plutôt à une braderie des ressources minières du pays au premier venu. Il n'est pas question de créer les conditions de l'émergence d'un secteur minier acteur de développement local et national soutenable, mais plutôt d'attirer rapidement des investisseurs dans une logique d'accaparement rapide de la rente. C'est ainsi que les vides juridiques, les nombreux dysfonctionnements de la bureaucratie, la corruption entrainent des fuites énormes en matière de collecte de la rente, et le principe d'unité de caisse rend difficile l'observation de l'usage de la rente et sa contribution au bien être des populations. Dans les deux premiers rapports ITIE 2008 et 2009 réalisés par le groupe KPMG, la méthodologie adoptée consistait dans un premier temps à estimer le montant des recettes dues par les entreprises minières selon les formulaires ITIE, puis ce que ces derniers déclarent avoir payés et enfin ce que l'Etat déclare avoir reçu. On peut ainsi constater un premier écart de l'ordre de 300 millions de FCFA en 2008 et 3.5 milliards de FCFA en 2009 entre ce qui est dû à l'Etat burkinabè selon les formulaires ITIE et ce que les entreprises déclarent avoir payé. Les rapports 2010, 2011 et 2012 ne font plus ce type de rapprochement, cela traduit la faiblesse et la mauvaise qualité des institutions qui semble n'avoir aucun moyen de contrôle sur les entreprises, et préfèrent donc passer sous silence certains points afin d'éviter les remous des populations.

3 BURKINA FASO: L'éducation, victime de la ruée vers l'or,

http://www.irinnews.org/fr/report/96222/burkina-faso-l-%C3%A9ducation-victime-de-la-ru%C3%A9e-vers-l-or

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iv) Le syndrome hollandais

Le Burkina Faso est loin d'être dans une situation où le boom minier provoquerait une appréciation du taux de change réel à même de déstructurer son économie. Ainsi le Burkina Faso conserve malgré le boom minier la même structure économique que celle d'antan : le secteur primaire constitue toujours la base de son économie et le secteur tertiaire la première source de valeur ajoutée. Néanmoins, au regard de la tendance baissière de la contribution du secteur primaire et du secteur tertiaire a la valeur ajoutée totale depuis 2005, et des taux de croissance moyens qui ne se sont pas nettement améliorés, on pourrait y voir les premiers signes de la maladie hollandaise. Le taux de croissance du Burkina s'est situé en moyenne à environ 3%, 7% et 5% respectivement entre 1980 et 1995, 1995 et 2005, 2005 et 2011 : le développement du secteur minier s'accompagne d'une baisse de dynamisme dans les autres secteurs. Le syndrome hollandais se manifeste directement par une augmentation du niveau général des prix, et une appréciation du taux de change réel. Or dans le cas du Burkina Faso, le FMI fait observer que malgré des pics occasionnels de l'ordre de 10 à 14% comme en 2008-2009, le taux d'inflation s'est maintenu en moyenne en dessous de 4%. Quant au taux de change réel, il s'apprécie lorsque la balance commerciale est excédentaire : l'entrée nette de capitaux provoquant une hausse du pouvoir d'achat, des pressions inflationnistes et donc une augmentation du rapport des prix intérieurs par rapport aux prix extérieurs. Dans le cas précis du Burkina Faso, la balance commerciale demeure déficitaire même si le pays enregistre par moment de faibles appréciations du taux de change réel comme au premier trimestre 2012 (02%). Le Burkina Faso semble donc être à l'abri du syndrome hollandais, contrairement a ce que la première lecture du recul du secteur primaire et tertiaire pourrait laisser croire.

Les deux autres théories explicatives de la malédiction que nous avons évoqué dans notre chapitre 1 ne semblent pas tant que ça menacer l'économie burkinabè plus que l'économie de tout autre pays en développement. En effet, l'évolution des prix mondiaux a long terme telle qu'exposée par la thèse de Prébish et Singer ne semble pas fonctionner dans ce cas précis, du fait de la hausse soutenue du cours de l'or observé depuis 2003. Quant aux risques d'éclatement de guerre civile et d'apparition d'institutions anarchiques, jusqu'à présent le peuple burkinabè s'est montré très pacifique et les différents acteurs renouvellent à chaque occasion leur ferme intention de préserver la paix et l'ordre social.

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