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Ressources non renouvelables et développement soutenable. L'or du Burkina est-il vraiment une bénédiction ?

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par Razamwendé Saturnin SAWADOGO
Université de Versailles Saint Quentin En Yvelines - Master 2 Economie Théorique et Appliquée du Développement Durable 2015
  

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Chapitre III : De la soutenabilité du secteur minier burkinabè

Introduction

Le secteur minier occupe une grande place dans l'économie burkinabè. Du fait de sa concentration autour de l'exploitation aurifère et autres minerais non renouvelables, le boom minier peut être assimilé a une destruction de capital naturel. Analyser la soutenabilité du secteur minier burkinabè implique donc de définir dans un premier temps les conditions d'une politique d'exploitation soutenable, puis d'identifier les indicateurs a même de mesurer le phénomène et enfin de procéder a une analyse empirique permettant d'avoir une idée sur le niveau de ces indicateurs.

Dans le cadre de notre analyse, nous avons retenu la définition du développement soutenable du rapport Brundtland. Pour être soutenable, le développement doit pouvoir perpétuer indéfiniment le bien-être de génération en génération. Cela suppose donc par rapport à la soutenabilité forte que tous les stocks de capitaux soient constants au fil du temps, et selon la soutenabilité faible, que le stock total de capital soit au moins constant dans le temps. Dans notre travail, nous considérons l'hypothèse de soutenabilité faible, tout en admettant qu'elle comporte des limites. Dans ces conditions, la règle de Solow-Hartwick est celle qui définit le mieux les conditions de soutenabilité de la croissance dans les économies de rentes : la règle de soutenabilité consiste à investir toute la rente des ressources non renouvelables dans d'autres types d'actifs.

Dans quelle mesure l'usage de la rente au Burkina Faso satisfait-il la règle de Solow-Hartwick ?

Pour répondre à cette question, nous considérons l'hypothèse d'un changement de régime d'accumulation du capital physique et humain depuis le boom minier au Burkina Faso. Si la destruction de capital naturel s'accompagne d'une accumulation de capital physique et humain plus élevée que celle d'avant le boom minier, alors le Burkina Faso se serait engagé sur une trajectoire plus ou moins soutenable. Si tel n'est pas le cas, le Burkina Faso est nécessairement sur une trajectoire non soutenable, car au terme de l'épuisement de la ressource, les générations futures disposeront d'un stock total de capital inférieur à celle de la génération actuelle.

Nous discuterons dans un premier temps des indicateurs couramment utilisés pour mesurer le développement soutenable en ses trois dimensions : économique, sociale et

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environnementale. Ensuite nous nous pencherons particulièrement sur l'aspect économique en justifiant le choix des indicateurs retenus pour mesurer le capital physique et humain du Burkina Faso, et enfin nous testerons dans le cas du Burkina Faso, l'hypothèse d'un changement de régime d'accumulation de capital physique et humain.

I. A la quête d'un indicateur de développement soutenable

Le choix d'un indicateur dépend fondamentalement de ce que l'on veut mesurer, des moyens techniques et de son opérationnalité. Aussi, pour mesurer la capacité d'un Etat comme le Burkina Faso à transformer la rente de son secteur minier en d'autres types de capitaux, nous ne nous attarderons pas sur des indicateurs composites de bien-être, de bonheur ou de dimensions environnementales.

Il existe déjà une grande diversité d'indicateurs de développement, nous ne nous vanterons donc pas d'inventer un nouvel indicateur, mais plutôt d'identifier celui qui s'approche le mieux de notre conception du développement soutenable, de tenter d'apporter les ajustements nécessaires pour qu'il s'adapte au contexte de notre étude. Nous passerons donc en revue quelques indicateurs couramment utilisés dans la littérature en retenant leur mérite, mais surtout en isolant les aspects opérationnels nous permettant de répondre à la problématique de notre étude. Il s'agit notamment de l'IDH, et de l'épargne nette ajustée, l'objectif étant de nous inspirer de leur fondement théorique et empirique afin d'en dériver des substituts permettant de mesurer le capital physique et humain, pour vérifier notre hypothèse d'un changement de régime d'accumulation de ces facteurs au Burkina Faso.

1. De l'IDH à la mesure du capital humain

L'IDH est un indicateur composite créé par le Programme des Nations Unies pour le Développement afin de mesurer l'évolution d'un pays selon les trois critères du développement humain que sont la santé, l'éducation et le niveau de vie. En tant qu'indicateur composite, l'IDH opère une pondération de ses trois dimensions. Cela suppose donc une substituabilité entre ses trois composantes, une simplification excessive de la réalité qui veut que l'espérance de vie à la naissance permette d'appréhender la santé de la population, que le taux d'alphabétisation des adultes et de scolarisation des primaires capte la seconde dimension du capital humain, notamment l'éducation. Le niveau de vie quant à lui est mesuré par le PIB par habitant en parité de pouvoir d'achat en dollars.

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Dans notre contexte, l'IDH apporte enseignement sur l'accumulation de capital humain. Malgré les limites de la simplification, l'IDH permet d'appréhender les variations du taux d'accumulation de capital humain (l'éducation et la santé) d'une période à l'autre en faisant la différence directe entre deux périodes. Par contre l'IDH n'apporte aucun enseignement sur l'accumulation de capital physique. L'intégration du PIB par habitant semble biaiser les données car ce dernier capte positivement la destruction de capital naturel que représente la production d'or, aussi en pondérant le PIB par habitant avec l'accumulation de capital humain, on se retrouve dans une double comptabilité. En effet, en supposant que l'Etat ait convertit l'intégralité de la rente en capital humain, pondérer l'éducation et la santé au produit intérieur reviendrait à comptabiliser la rente et son équivalent en capital humain.

L'IDH n'est donc pas un indicateur permettant de mesurer l'accumulation de capital humain et physique, néanmoins en diminuant du PIB par habitant, on obtient un indicateur non exhaustif, mais suffisamment robuste pour apprécier le niveau du capital humain.

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