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Ressources minières, croissance économique et guerres civiles en R.D.Congo


par Fanny KABWE
Université de Yaoundé 2/ Soa - DEA 2014
  

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1.1.Prépondérance des exportations des produits primaires

Avant l'indépendance, la RDC a connu une croissance rapide, marquée par un bon comportement des productions primaires exportées (Kabuya et Tshuinza, 2009). Il y a eu également une amorce de diversification des activités, notamment dans le domaine des productions manufacturières orientées vers la consommation intérieure : textiles, boissons, ciment, fabrications métalliques. Mais l'importance des industries manufacturières est demeurée très marginale dans le PIB. Depuis le début des années 1990, avec le déclin du secteur minier public et l'absence d'investissements directs étrangers, des exploitations artisanales ont peu à peu remplacé la production industrielle.

Fig.2. Evolution des différents secteurs contributifs à la croissance économique

Il est à noter sur les figures ci-dessus que la contribution au PIB du secteur d'extraction minière et de la métallurgie s'est élevée jusqu'à un peu plus de 30 % avant de décliner progressivement et de se situer systématiquement, depuis la fin des années 1980, en dessous de la contribution du secteur agricole.L'importance relative de ce dernier secteur s'est, depuis lors, constamment accrue au détriment de l'extraction minière et des autres secteurs (eau et énergie, bâtiments & travaux publics, services marchands et non marchands).

Cette croissance économique ne s'est pas fondée sur le secteur industriel qui ne s'estjamais remis des pillages de 1991 et 1993 et des deux guerres de libération de 1996 et1998 qui ont entrainé la destruction des outils de production et la faillite de nombreusesentreprises.La part du secteur industriel dans le PIB est passée de 37% en 1970 à moinsde 4% en 2010 (Banque Mondiale, 2010). Les industries des mines notamment, la construction, le commerce, lestransports et télécommunications et plus récemment l'agriculture, ont été les principaleslocomotives de cette croissance. L'économie repose donc encore largement sur le secteurprimaire, ce qui maintient une pression importante sur les ressources naturelles.

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La performance des industries extractives est imputable à la bonne tenue des cours des minerais et à l'importance des investissements qu'elles ont attirés ces dernières années (environ 2 milliards USD pour Tenke Fungurume Mining, 1.5 milliard pour Kamoto Copper Company et 0.75 milliard pour Metalkol). Toutefois, des divergences ont été observées dans l'évolution de l'exploitation des différents produits. De septembre 2011 à septembre 2012, les volumes de cuivre, de cobalt et de zinc produits se sont accrus respectivement de 24.60, 22.27 et 5.65 % alors que ceux de diamant et de pétrole se sont repliés de 16.9 et 1.1 %. La production de cuivre était de 500 000 tonnes en 2012 et celle de l'or était inférieure à une tonne (Banque Centrale du Congo, 2012). La baisse de la production de diamant industriel résulte des difficultés d'exploitation expérimentées par la société Minière de Bakwanga (MIBA), notamment du fait de l'épuisement des gisements détritiques. Quant au diamant artisanal, ce secteur a manqué d'investissement et s'est trouvé pénalisé par une nouvelle opération imposée par le Gouvernement aux exploitants : désoxyder le diamant avant exportation.La baisse de la production de pétrole brut s'inscrit dans la continuité du repli observé en 2011 et est liée au reconditionnement de quelques puits de la société Perenco. La production de pétrole devrait néanmoins s'accroître dans les prochaines années avec l'entrée en exploitation des zones potentiellement pétrolifères du parc des Virunga et du lac Albert actuellement explorées par les firmes Soco International et Total. Par ailleurs, le contexte de conflits armés, qui a régné dans l'Est du pays au cours de ces dernières années, a favorisé l'exploitation illégale des produits tels que la cassitérite et le coltan, au point d'en estomper complètement la production industrielle à partir de l'année 2000.

Au niveau du secteur secondaire, les industries manufacturières contribuent faiblement à la croissance (2.08 points) en 2012, en raison de la vétusté de leur outil de production, de leur capacité limitée à utiliser de nouvelles technologies, des effets de la concurrence étrangère ainsi que de la carence en énergie électrique. La branche énergie grève légèrement la croissance (-0.01 points). Ceci tient aux difficultés technico-financières que connaissent depuis plusieurs années, la Société Nationale d'Electricité (SNEL) et la Régie de Distribution des Eaux (REGIDESO). Ces difficultés sont liées au non-paiement des arriérés des factures de consommation de l'Etat qui occasionnent chaque année des pertes estimées à 30 et 50 millions USD respectivement (Banque Mondiale, 2012). 

Comme en 2011, la contribution à la croissance du secteur tertiaire est relativement forte. L'expansion du commerce s'explique par la stabilité du taux de change, l'amélioration des infrastructures routières et les mesures de désengorgement des ports de Matadi et Boma. Globalement, la branche transports et communications contribue de 3.7 points à l'accroissement du PIB en 2012. Sous l'impulsion de la politique gouvernementale des grands travaux, la branche construction conserve son dynamisme de 2011 (Banque Mondiale, 2012).

La sous-branche des télécommunications réalise une croissance de 8.2 % compte tenu de l'augmentation de la demande. Deux nouveaux opérateurs des télécommunications (Africell et Orange) rejoignent le marché congolais en 2012. Le secteur des transports fléchit quelque peu dans certaines de ses composantes, notamment le transport ferroviaire à cause de l'état défectueux de ses véhicules. La branche des services connaît une faible progression alors que l'organisation du 14e sommet de la francophonie a eu une incidence positive sur l'hôtellerie. Cette faible performance s'explique par la baisse de l'activité hôtelière dans la partie Est du pays à la suite des conflits armés, le tourisme étant l'une des principales activités économiques du Nord-Kivu.

Après une longue période de récession liée à la guerre et l'instabilité politique, la croissance économique a redémarré à partir du début des années 2000 du fait d'une gestion macroéconomique plus saine et d'une augmentation des dépenses publiques, des investissements direct étrangers et de la coopération internationale. Il n'a toutefois pas encore permis à la population congolaise de retrouver le niveau de vie qui était le sien il y a 20 ans, notamment du fait de la forte croissance démographique.L'économie reste relativement dynamique en 2012 avec une croissance de 7.2 %.

Fig.3. Analyse des composantes de la demande en R.D.Congo (1980-2012)

Source : auteur à partir de données de la Banque Mondiale, 2012

L'analyse des composantes de la demande montre que l'accélération de la croissance en 2012 profite du dynamisme de la consommation privée, de la consommation publique et de l'investissement. Ces composantes de la demande ont respectivement contribué au PIB à hauteur de 31.6, 16.3 et 51.3 % (Banque Centrale du Congo, 2012). La demande privée a été à l'origine du dynamisme du commerce de gros et de détail. De 2011 à 2012, le taux d'investissement est passé de 20.5 à 28.2 % du PIB. Les investissements directs étrangers (IDE) sont passés de 1 596 à 1 620.8 millions USD en raison de l'attrait exercé par les industries extractives, des travaux de réhabilitation des infrastructures de base et du développement du secteur immobilier privé. Les effets combinés des investissements attirés par les industries extractives ces dernières années, de la campagne agricole lancée en 2012 et des travaux de réhabilitation des infrastructures, notamment l'installation de la fibre optique, ont permis une accélération de la croissance qui s'établit à 8.2 % en 2013 et 9.4 % en 2014 et demeure toutefois tributaire des cours mondiaux des minerais et de la situation sécuritaire à l'Est du pays.

Les dépenses publiques ont en effet largement été accaparées durant les 20 dernières années par les besoins en matière de sécurité, de gouvernance et du service de la dette et n'ont pas pu jouer leur rôle redistributif. Les flux financiers issus de la coopération internationale ont été très faibles au cours des années 90, avant d'augmenter fortement durant les années 2000 pour aider à la reconstruction du pays puis de se stabiliser autour de 10% du PIB. Les investissements directs étrangers ont augmentés à partir des années 2000 tandis que les investissements privés du secteur national ont stagné.

Les efforts de stabilisation du cadre macroéconomique se poursuivent à un rythme assez soutenu, grâce à la mise en oeuvre d'une politique budgétaire restrictive, à l'assouplissement graduel de la politique monétaire et à un rebond des recettes d'exportation. Au cours des deux dernières décennies, la structure de l'économie de la R.D.Congo n'a pas fondamentalement changé. Elle reste tributaire de l'exploitation minière et de l'agriculture. Les ressources publiques provenant de l'exploitation minière sont dérisoires au regard du potentiel du pays. Les sérieux problèmes alimentaires auxquels est confrontée la population attestent de la faible productivité du secteur agricole (FMI, 2013).

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