Stratégie de reductionde risque et vulnérabilité de la population comorienne face aux catastrophes naturellespar Soilihi DJAE Dr Abderemane Université de Tuléar à Madagascar - DEA 2013 |
MINISTEREDE L'ENSEIGNEMENT SUPERIEUR ET DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE UNIVERSITE DE TOLIARA FACULTE DES LETTRES ET DES SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES ------------------- FORMATION DOCTORALE PLURIDISCIPLINAIRE OPTION : ANTHROPOLOGIE SOCIALE ET CULTURELLE STRATÉGIE DE REDUCTIONDE RISQUE ET VULNÉRABILITÉ DE LA POPULATION COMORIENNE FACE AUX CATASTROPHES NATURELLES PROJET DE THÈSE DE DOCTORAT Pour l'obtention du Diplôme d'Etudes Approfondies (D.E.A) Présenté par ABDEREMANE SOILIHI Djae Sous la direction de Monsieur SAMBO Clément Professeur des Universités Année universitaire : 2013-2014 STRATÉGIE DE REDUCTIONDE RISQUE ET VULNÉRABILITÉ DE LA POPULATION COMORIENNE FACE AUX CATASTROPHES NATURELLES REMERCIEMENTS Nos remerciements vont tout droit à Monsieur SMBO Clement, professeur de l'université de Tuléar, qui a bien voulu nous guider dans la tâche difficile à laquelle nous étions assignés, et surtout pour les conseils, les documentations et les remarques qu'il nous a prodigués. Ses enseignements nous ont beaucoup influencés dans le choix aussi bien du sujet. Nous exprimons également notre reconnaissance à tout le corps enseignant et personnel administratif de la formation doctorale pluridisciplinaire, plus particulièrement au Département de Sciences Sociales. Il serait bien mal placé de mettre un terme à cette intervention sans exprimer notre reconnaissance à l'actuel directeur du département de la formation doctoral pluridisciplinaire de l'université de Tuléar qui nous a encouragé pour le bien de notre étude. L'élaboration de ce travail n'aurait été possible sans l'aide incontournable de plusieurs personnes, aide à la fois financière, matérielle et morale. De ce fait, il est de notre devoir d'exprimer nos vifs et sincères remerciements à toutes celles et à tous ceux qui, de près ou de loin, ont contribué à la concrétisation de ce projet. Qu'ils trouvent ici l'expression de notre profonde reconnaissance et de nos respects. Nous terminons ces remerciements avec une pensée toute particulière à notre famille surtout à ma nièce Fatima Youssouf Hamadi, nos amis et nos collègues, qui ont apporté leur soutien, leur encouragement ou leur expérience tout au long de ce travail. INTRODUCTION GÉNÉRALE Dans un contexte de réaliser ce projet touchant la réduction de la vulnérabilité de la population comorienne face aux catastrophes naturelles, l'étude vise à récolter un ensemble de données sur la position géographique de l'union des Comores par rapport aux aléas naturels afin d'analyser les possibilités de réduire les risques potentielles. Selon le rapport national de développement humain 2006, L'archipel des Comores est forméparticulièrementde quatre ilesvolcaniques (Grande-Comore, Anjouan, Mohéli et Mayotte) situées à l'entrée norddu canal de Mozambique entre Madagascar et l'Afrique avec une superficie totale de 2236Km2 et une densité moyenne de 309ha/Km2. La population comorienneest estimée à 575.660 habitantsen 2004 avec un indice de pauvreté estimé à 36,9%. La population est inégalement répartieentre les hauts plateaux et la côte, avec une forte concentration dans les zones côtières. Toutefois, la majeure partie de la population comorienne est extrêmement jeune. La densité moyenne du pays est de 309 habitants au Km2 au lieu de 263 habitants/Km2 en 1991. À Ngazidja (Grande Comore), la population est de 296.177 habitants en 2003. La croissance annuelle de cette population est estimée à plus de 2% en 2003. Par contre Anjouan et Mohéli ont un taux d'accroissement annuelle plus élevé qu'à la grande-comore. Aux Comores, la densité a augmenté de 123,3 habitants au Km2 en 2003. Entre 1980 à 1991, elle était de 83,9 habitants au Km2 (RGPH, 2003). Occupation des sols et végétation Selon le rapport « profil environnemental de l'union des Comores »,L'occupation des sols comoriens en 1990 sur un territoire de 1660 Km2, est réparti comme suit : les cultures avec 47% soient 781 Km2, le pâturage avec 1.9% soit 32 Km2, la forêt avec 7,9% soient une superficie de 131 Km2 et toutes les autres activités représentent une superficie de 716 Km2 soient 43,13%. Le rythme de disparition des forêts comoriennes est particulièrement rapide (de 31.000 hectares en 1950 à près de 8.000 hectares selon les dernières estimations). Avec le rythme de croissance de la population, des enjeux de production agricole parfois contradictoires et sans stratégie d'adaptation des systèmes de culture, les Comores devront faire face à des problèmes environnementaux graves amplifiés par la disparition de ses forêts qui garantissent ses réserves de bois, et contribuent à atténuer les effets néfastes des changements climatiques. Aux Comores, les forêts sont détruites à la fois pour l'agriculture et pour se procurer du bois. La Grande Comores était couverte auparavant des forêts naturelles lors de ses premiers peuplements. Au début du siècle, il existait encore 2 forêts naturelles d'altitude : le massif du Karthala et le massif de la Grille. La forêt naturelle de la Grande Comores estimée à 16.640 hectares en 1960 couvrait moins de 5.000 hectares en 1993 (FAO/PNUE, 1998). Actuellement la forêt primaire naturelle est localisée sur des surfaces de plus en plus réduites sur les pentes les plus inaccessibles du Karthala. Les exploitations pionnières atteignent actuellement 1.700 m d'altitude. À l'heure actuelle, les deux principales forêts de la Grande Comores sont :La forêt dense de Karthala caractérisée par une composition floristique très variée, en fonction des microclimats, de la pluviométrie, de la présence de « brouillards », de l'altitude, et l'ancienneté de coulée de lave. En effet, l'altitude introduit des changements dans la composition floristique de la structure de la forêt : Ø La partie basse du massif du Karthala, comprise entre 300 m et 600 m sert de l'agriculture de terroir et entre 800 m à 900 m débute la forêt pluviale formée d'arbres de 20 à 30 m de haut ; Ø L'étage intermédiaire, situé entre 1.000 m et 1.600 m, est constitué par la forêt de « brouillard » formée des arbres couverts de lichens, hépatiques, lycopodes, fougères ainsi que de nombreuses orchidées. C'est le niveau de la forêt dense humide de part et d'autre des versants Est et Sud, les plus arrosés. Sa limite supérieure est située entre 1.700 et 1.800m. La forêt humide de la Grille située à environ 1.000 m d'altitude était originellement une forêt humide sempervirente tropicale de grand intérêt qui se rattachait à celle à l'ouest de Karthala. Cette forêt est envahie à 95% par un système agrosylvopastoral. À Mohéli, la forêt naturelle actuelle est limitée principalement à la crête dorsale de l'ile au-dessus de 600 m d'altitude. Toutefois, elle peut descendre jusqu'à 370 m dans la partie Sud-ouest de l'ile, notamment à Wallah et Miringoni (Louette et al, 2008). Sur la crête, les grands arbres ne dépassent pas 15 m de hauteur. La forêt primaire dans la petite ile, est passée de 5.200 hectares en 1949, 3.400 hectares en 1983, 1.300 hectares en 1993 et 1.100 hectares en 1996, soit une progression de l'occupation forestière de 80 hectares par an depuis 1949 (Mouleart, 1998). La déforestation dégrade la couverture végétale, ce qui augmente la surface d'ensoleillement à l'échelle locale. La zone d'études est l'union des Comores. Comme tous les pays de la région, l'union des Comores est trèsexposée à des risques liés aux catastrophes naturelles dont les plus importants sont : les éruptions volcaniques, les séismes, les tsunamis, les cyclones, les inondations et les incendies. Par contre, les Comores restent le moins préparées face aux catastrophes naturelles. Ces dernières années, le pays vit au rythme de ces catastrophes qui ont besoin d'une meilleure compréhension et d'une bonne gestion afin d'assurer la protection de la population et de leurs biens.1(*) Ainsi, nous avons jugé important de travailler sur ce domaine afin de renforcer l'apprentissage de ces catastrophes chez les enfants dès leurs jeunes âges sans pour autant négliger l'éducation des adultes. Ce document a comme objectif de réduire la vulnérabilité des Comores face aux catastrophes naturelles par l'éducation, la sensibilisation et l'alerte du public. La transmission des connaissances de base liées à ces risques naturels par le système éducatif traditionnel serait une réussite. Certes, ce thèmetraité ne faitpas partie des programmes de l'école,car le système éducatif comorien actuel est du type colonial. Ce projet de thèse constitue un outil efficace pour apprendre à la population à faire face aux risques qui nous menacent compte tenu des réalités purement comoriennes. Lors de la rédaction de la future thèse, la collaboration avec les institutions suivantes est nécessaire. Il s'agit: Ø du BNGRC, (bureau national de gestion de risques de catastrophes) Ø du Centre des Opérations de Secours et de la Protection civile (COSEP), Ø de l'Observatoire volcanologiquede Karthala(OVK), Ø du Centre National de Veille cyclonique et Tsunamis Ø le Croissant Rouge comorien (CRCO) pour l'accès aux informations et aux données nécessaires. Les catastrophes naturelles sont des phénomènes naturels affectant la population, les infrastructures, les secteurs productifs de l'activité économique et l'environnement. Ces phénomènes naturels sont provoqués par l'apparition progressive ou rapide des phénomènes d'origine géologique, hydrométéorologique, biologique ou classique, se produisant à l'échelle locale, nationale ou mondiale. Parmi ces catastrophes, citons : les tremblements de terre, les éruptions volcaniques, les tsunamis, les cyclones, les inondations, les glissements de terrain, la sècheresse, les incendies... Au cours de ces dernières décennies, ces catastrophes naturelles augmentent en termes de fréquence, de complexité, d'étendue ou de potentiel destructeur. Elles ont décimé plusieurs milliers de personnes et causé d'énormes pertes économiques et des dégâts environnementaux. Le séisme de Sumatra, qui a engendré le tsunami du 26 décembre 2004 en est un exemple majeur et historique. Ce tsunami a été observé autour du golfe du Bengale jusqu'aux côtes Est de l'Afrique (Somalie, Tanzanie, Kenya...) et des Iles de l'Océan Indien dont l'Union des Comores fait partie. Il avait provoqué plusieurs vagues qui ont endommagé un très grand nombre d'installations côtières et plus de 220 mille morts. Le choix du thème a été déterminé sur le principe suivant : la situation géodynamique de l'archipel des Comores dans l'océan Indienmontre que les iles Comores sont très vulnérables en raison de leur insularité, du volcan Karthala et de leur position géographique. Plus de 70% de la population vivent dans les zones côtières où elle est très exposée aux tsunamis et aux cyclones. L'ilede la Grande Comore (Ngazidja) abrite le volcan Karthala qui est encore actif. Elle connait des phénomènes particuliers caractérisés par des mouvements sismiques d'intensité et de fréquence variable de 3 à 5 magnitudes sur l'échelle de Richter. La probabilité d'une éruption volcanique au niveau des zones habitées est très élevée, compte tenu de la répartition des villes et villages autour du massif Karthala. Ce volcan a connu en moyenne une phase d'activité au cours du dernier siècle. Depuis 2005, la fréquence éruptive est de six mois et les conséquences se font sentir au niveau de la population, de l'économie, de l'habitat et de l'environnement. La position géographique des Comores au niveau de la zone de convergence intertropicale entraine plusieurs perturbations cycloniques. Ces dernières occasionnent des vents violents, l'élévation du niveau de la mer et des pluies torrentielles provoquant des inondations. Quant à l'intérêt du sujet, on a constaté que ces dernières années, l'archipel des Comores a connu plusieurs catastrophes naturelles dont le plus important est celuide2004(cyclone Gafilo) qui est l'origine du naufrage du bateau Samson emportant plus d'une centaine de personnes dont la majorité étaient des étudiants. En plus, la population est confrontée aux problèmes d'incendies dus à l'accroissement d'une urbanisation désordonnée. L'absence d'une planification constitue activement à la dégradation de nos villes et villages. Comment l'Union des Comores pourrait-elleatténuer ces catastrophes désastreuses dans la mesure où elle ne dispose pas jusqu'à maintenant les ressources nécessaires, les infrastructures adéquates et les dispositifs appropriés de sécurité pour la préparation et la gestion des catastrophes ? Pour faire face à ces aléas naturels, l'enseignement ou l'apprentissage de ces catastrophes est primordial tout au long de la vie. Celle-ci occupe une place très importante pour initier à la population les connaissances de base qui leur permettront de maitriser ces catastrophes, ainsi que les différentes mesures d'alerte et de protection à prendre. Ce travail a pour objectif général de contribuer à réduire la vulnérabilité de la population comorienne face aux aléas naturels. D'une part, il s'agit de sensibiliser et éduquer l'ensemble de la population à faire face aux catastrophes naturelles qui nous menacent. D'autre part, l'objectif est de faire participer l'ensemble de la population à bien gérer ces genres de risque afin de collecter des données permettant de mieux comprendre comment promouvoir des changements significatifs de nos comportements. Ces objectifs se regroupent pour former notre problématique. Nous pouvons nous demander si la réduction des vulnérabilités de la population comorienne est une solution aux défaillances et/ou aux insuffisances des moyens adéquats. La sensibilisation, l'alerte et l'éducation environnementale sont-elles les seuls outils de gestion de risque de catastrophes naturelles par excellence. Dans cette problématique se découle une panoplie de questions. L'envergure prise par ce principe de gestion de risque de catastrophe d'un pays et dans le monde nous incite à réfléchir sur les forces et faiblesses des Comores dans le processus de réponse en matière de GRC. Cette problématique peut se traduire ainsi : l'adoption d'une politique nationale de gestion de risque de catastrophe naturelle aux contextes du monde moderne s'avère indispensable. D'après les informations acquises sur la phase de documentation et de pré-enquête, nous avons tiré les hypothèses suivantes : - La mondialisation de la gestion de risque de catastrophe naturelle est un phénomène auquel ne peuvent pas échapper toutes les sociétés humaines ; - La promotion de réduction de vulnérabilité de la population se présente par l'adoption d'un système occidental et malgache tant pour le plan politique que technique sans pour autant négliger la réalité locale. Cette gestion assure l'amélioration des moyens, des techniques et des projets de développement, des conditions de vie de la population afin de changer les mentalités. Mais face à elle subsistent encore les pratiques et logiques traditionnelles que l'on ne peut pas exclure. L'adoption et la prise en compte de la tradition dans le processus du développement et modernisation de la société ainsi que la considération des contextes et des demandes de la population face aux programmes de la population assureront la réussite. Ainsi, le but de ce travail est de répondre aux questions suivantes : « existe-t-il des préjudices socioéconomiques causés par les risques et vulnérabilités liés au catastrophes naturelles aux Comores ? » « Quelles sont les stratégies adopte-t-on pour réduire ces risques et vulnérabilités » ? Notre projet de thèse comprend trois grandes parties. Dans la première partie intitulée Thématique et cadre du projet, nous présenterons la méthodologie et sa justification, la délimitation du corpus, la classification des caractéristiques des oeuvres et l'explication des concepts-clés. La deuxième partie sera une occasion pour nous d'exposer le plan détaillé de la future thèse suivi d'une justification des grandes parties. Et dans la troisième partie, nous présenterons la bibliographie commentée et listée. PREMIERE PARTIE :
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