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Historicité et traduction musicale dans yà¹opnke pà¹en kristo me shà¼pamom : essai d'évaluation

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par Christophe Dumas Ngampeyou
Université de Yaoundé 1 - Master en Traduction 2016
  

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5.8. DIFFICULTÉS DANS LA TRADUCTION DES CHANTS

La traduction des chants n'est pas du tout facile. Plusieurs théoriciens pensent que la traduction des chants est un exercice extrêmement difficile. Grandmont cité par Johan Franzon (2005) dans son article compare cette tâche à celle d'un moine Bénédictin.

Quand on traduit un chant, la musique du chant original est un élément essentiel du fait de son universalité. Elle fait partie des paramètres qui garantissent la chantabilité. Autrement dit, la traduction obtenue doit être chantable. D'après Johan Franzon (2008), la question primordiale à se poser c'est de savoir si la traduction est aussi naturellement chantable que le texte original. « is the translation going to be singable or not? If the purpose is simply to understand a foreign song's lyrics, a semantically close, prose translation will do. But if a song is to be performed in another language, the assignment calls for a 'singable' target text.» Une traduction est bien faite quand le texte remplit la fonction visée pour la traduction. Le traducteur doit aspirer à une proximité contextuelle.

The conclusion, once again, is that function and performance are of primary importance for singable song translation and that respect for the original lyrics must be shown, or assessed, contextually: in relation to both music and intended function. [...( It is clear that an assessment of the fidelity of a singable translation

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should be based not so much on word-by-word comparison, but on contextual appropriateness.

Peter Low (2005) indique que la difficulté réside sur la question de savoir si le traducteur doit se concentrer sur la musique ou sur les paroles. Une chanson devrait être facile à chanter pour celui qui l'exécute. Il faut que les notes musicales tombent naturellement sur les mots du texte d'arrivée. Le sens, quant à lui renvoie à l'idée du texte original. Dans les deux textes, le message doit être le même. Le chant doit aussi être naturel. Dans la traduction des chants du français vers le shüpamom, nous avons relevé que deux aspects importants pour le naturel sont le registre et l'ordre des mots. Si le chant n'est pas naturel, il devient bizarre, voire ridicule. Pour le rythme, c'est le nombre de syllabes qui est pris en compte. En traduction musicale, il est nécessaire que le nombre de syllabes dans le texte original soit égal à celui du texte d'arrivée. Les rimes sont toutes aussi importantes. Cependant, le traducteur est libre d'en créer de nouvelles pour rester naturel. Nous sommes d'accord sur un point: la fonction de la traduction. Le traducteur peut donner la priorité à un aspect plutôt qu'à un autre. Il doit être flexible sur certains aspects et il doit prendre des libertés. Ces libertés le font parvenir aux meilleures versions.

When translating a song, keep your eyes fixed on the skopos - the function or purpose

that your TT must fulfil. Do not consider a priori that any one feature of the ST is sacrosanct and must be perfectly retained. To consider anything sacrosanct a priori (whether rhyme, metaphor, syllabicity or whatever) is to accept a rigid constraint which may lead to great losses elsewhere. (..) A translator working by this principle attempts to score highly in the overall effect of the text, without insisting on unbeatable excellence on any single criterion.

On peut choisir entre différentes possibilités pour traduire les chants. Si les paroles d'un chant sont les plus importantes, on peut par exemple choisir d'adapter la musique aux paroles. Ou quand la musique est plus importante que les paroles, on peut choisir de traduire les paroles plus librement. Adapter la musique, par exemple en ajoutant de petites notes, peut être minime. Quand les changements ne touchent pas le rythme et n'interrompent pas les arrangements parallèles ou les phrases musicales, peu de personnes remarqueront la différence.

La traduction des cantiques du français vers le shüpamom nécessite une certaine liberté et une créativité dans le respect du message religieux du texte. Pour que la traduction des cantiques remplisse ses objectifs, le traducteur a pris en considération le groupe cible et a choisi d'adapter la traduction à celui-ci. Autrement dit, il a dû faire une traduction

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naturellement compréhensible pour les auditeurs ou les interprètes. Une autre difficulté est celle des termes religieux. La plupart des paroles des chants sont basées sur les textes bibliques. Le but étant la louange, il est évident qu'il faut rester assez proche de la terminologie biblique. Nida (1998) présente des préférences dialectales ou terminologiques dans certaines communautés religieuses:

Socioreligious dialects represent typical ways in which religious constituencies employ in-group language. In English some people much prefer the thou/thee terminology, especially in prayers and biblical poetry, and they may even preserve

these distinctions in social relations among church members. (& ) The use of certain
key theological terminology is also a crucial element in socioreligious dialects, for example eucharist vs. Lord's Supper, priest vs. pastor, adherents vs. members, ecumenical vs. interdenomination and sacrament vs. sacred rite.

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En bref, la traduction musicale permet à la langue d'arrivée de s'enrichir avec de nouvelles valeurs sonores, de nouveaux genres musicaux. Par conséquent, pour traduire la musique, le traducteur doit prendre en compte les éléments musicaux. À défaut d'avoir des connaissances et des compétences théoriques et pratiques dans l'art musical, le traducteur doit inévitablement collaborer avec des personnes ressources ayant des aptitudes musicales prouvées (compositeurs, musicologues&) Il devra donc associer ces connaissances musicales aux procédés classiques de traduction. L'aspect chantabilité est probablement le plus difficile dans la traduction des chants. On doit considérer entre autres le rythme, la mélodie, l'intonation, les accents et parfois les rimes. Ces aspects imposent des difficultés pour la traduction. En outre, le traducteur veut aussi que les paroles aient le même sens que le texte original, en vue de créer l'impression que la musique a été faite pour le texte traduit. Prendre en compte tous ces aspects et faire une traduction très proche du texte original est une tâche difficile. C'est pourquoi beaucoup de théoriciens conseillent de viser le but ou la fonction de la chanson.

CONCLUSION GÉNÉRALE

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Au terme de notre étude qui portait sur l'historicité et la traduction musicale dans Yùopnké pùen Kristo, nous avons mis en exergue les facteurs qui ont contribué à la traduction des chants du français au shüpamom. Notre corpus était constitué de dix chants tirés de Yùopnké pùen Kristo. Nous voulions savoir si les théories de la traduction musicale sont applicables au shüpamom. Au regard de cette problématique, nous avons formulé des hypothèses telles que les paramètres poétiques constituent l'obstacle majeur dans la traduction des chants entre deux langues de statuts différents, et que pour arriver à des cantiques naturels et chantables, des changements structurels se sont imposés.

Dans l'optique de valider ou d'infirmer nos hypothèses, nous avons divisé notre travail en cinq chapitres.

Le premier chapitre nous a permis de présenter de façon synoptique l'évolution de la traduction à travers l'histoire. Nous avons spécifié le cas du Cameroun et du pays bamoun, pour mieux comprendre comment la traduction a influencé plusieurs civilisations tant sur le plan culturel que sur le plan intellectuel.

Le chapitre 2, quant à lui, a contextualisé l'origine et l'usage de cantiques . Nous y avons aussi précisé les caractéristiques de la musique et présenté une revue de la littérature sur le sujet de la traduction musicale. Nous y avons fait l'économie des travaux que nous avons parcourus dans ce domaine.

Dans le chapitre 3, nous avons mis l'accent sur les facteurs clés qui influencent la traduction des chants religieux. La procédure méthodologique que nous proposons est constituée d'un ensemble d'éléments à prendre en compte dans la traduction d'un cantique. Les facteurs concernés sont: les paramètres théoriques, linguistiques, culturels, religieux, poétiques, et pratiques. En d'autres mots, c'est une démarche scientifique qui permettra de pallier les difficultés liées à la traduction des chants religieux en langue bamoun. Les théories qui ont guidé notre analyse sont: la théorie interprétative, la théorie du SKOPOS, et le Pentathlon principle.

Le chapitre 4 a présenté un essai d'analyse quantitative et qualitative de la traduction français-shüpamom dans Yùopnké pùen kristo, pour préciser les particularités de la traduction musicale entre deux langues de statuts différents.

Enfin dans le chapitre 5, nous avons appliqué les théories de traduction musicale à deux cantiques tirés de Sur les ailes de la foi. Nous y avons présenté une traduction non chantable des textes, puis une version chantable sur laquelle nous avons étudié les critères de sens, rime, naturel, rythme et chantabilité.

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Notre analyse nous a permis de voir que le choix des mots est primordial dans la traduction des chants. Dans la traduction des cantiques du français au shüpamom, en l'occurrence, il a fallu être très flexible en matière de choix lexicaux. Il apparait clairement que le shüpamom est plus analytique que le français. En terme de rythme, le shüpamom utilise des mots relativement plus courts pour garder le même nombre de syllabes. Cet équilibre joue un rôle important dans la métrique des chants. Nous avons aussi constaté que la traduction littérale est très peu utilisée, et que l'addition dans le texte cible et l'omission dans le texte source sont de phénomènes rares. Toutefois, il nous a été donné de constater une forte utilisation d'expressions imagées, dans la langue source. Pour traduire ces métaphores, il a fallu utiliser plusieurs stratégies à savoir: la traduction littérale, la paraphrase explicative, l'innovation créative, l'équivalence culturelle, et l'élision totale. En ce qui concerne la rime, nous avons remarqué que c'est le critère le plus difficile à respecter. La rime dans le texte d'arrivée ne peut se forcer de suivre la distribution de celle du texte de départ, le texte d'arrivée doit pouvoir bâtir son propre équilibre musical. Dans la traduction en shüpamom, le traducteur a réalisé des rimes intuitives. Le défi est d'arriver à une musicalité naturelle. Les cas où le traducteur a déplacé des vers sont assez rares. Mais les chants ont été adaptés en respectant le sens de l'original, et pour permettre une exécution assez naturelle. Enfin, le pourcentage d'adaptation dans les chants traduits est de 72% soit les 3/4 du corpus.

Au vu des résultats de notre analyse, nous pouvons confirmer notre hypothèse générale. La musique est universelle et la traduction est une science multidisciplinaire. Par conséquent, les théories de traduction et de traduction musicale s'appliquent à toutes les langues, et aussi bien au shüpamom. Les éléments les plus importants dans la traduction de Yùopnké pùen kristo sont: le sens, la chantabilité, le rythme et le naturel. De plus, les paramètres poétiques constituent un réel obstacle dans la traduction des chants entre deux langues hétérogènes. Dans le cas du shüpamom, la rime est l'élément le plus difficile, voire impossible à rendre. En référence à la théorie de Low, on ne peut pas équilibrer les cinq critères de la traduction musicale. En shüpamom, la priorité est donnée au sens, au rythme, à la chantabilité et à la fonction que le chant va remplir, celui de la louange chrétienne. Pour arriver à des cantiques chantables, le traducteur a dû opérer des changements sur le plan structurel du chant. Ces changements concernent principalement la structure des phrases et les références culturelles et le génie de la langue. De ce fait, les chants que nous avons sélectionnés dans Yùopnké pùen kristo sont des adaptations.

La difficulté que nous avons rencontrée au cours de notre traduction était beaucoup plus au niveau du choix des mots qui correspond aux syllabes du vers-source. En outre, il est relativement difficile de recréer les rimes dans la traduction des chants. Nous avons pensé que

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la rime est un facteur très important dans l'esthétique de la poésie occidentale. Il n'est pas très commun de trouver des rimes, même dans les chansons populaires en langue bamoun. Toutefois nous restons dans la logique selon laquelle toute traduction est perfectible.

Nous n'aurons pas la prétention d'avoir fait le tour complet de la question, ni d'avoir apporté des réponses exhaustives aux questionnements suscités par ce sujet. Le thème qui a constitué le sujet de notre étude reste très ouvert pour de futures recherches. Les aires culturelles duala, bamilékés et bulu possèdent aussi des recueils de chants dont les traductions sont issues des mêmes textes originaux. Les aspects d'écart sémantique entre ces différents textes pourraient être développés dans le cadre d'exercices similaires futurs. De même, la portée didactique de cet exercice dans le champ de l'apprentissage des langues nationales pourrait être explorée et exploitée.

BIBLIOGRAPHIE ETSITOGRAPHIE

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"I don't believe we shall ever have a good money again before we take the thing out of the hand of governments. We can't take it violently, out of the hands of governments, all we can do is by some sly roundabout way introduce something that they can't stop ..."   Friedrich Hayek (1899-1992) en 1984