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Culture et football au Cameroun. le cas du canon sportif de Yaoundé dans la région du centre; une contribution à  l'anthropologie du football

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par Mouafo Nopi ARNOUX
Université de Yaoundé I - Master en Anthropologie 2014
  

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V.3.1.3 La gestuelle dans le football

Dans toute forme de regroupement, il existe des gestes et signes codifiés qui véhiculent un message, lequel message, ne peut être compris que par les initiés ou les membres du groupe. C'est ce que MBONJI EDJENGUELE (2005) appelle l'endosémie et sociocentralité. L'un est le sens profond que chaque groupe donne à ses productions et l'autre, le cadre spatiotemporel dans lequel chaque fait culturel ou social devrait être resitué avant toute explication. Le football est initiation car ne joue que celui qui a appris et qui s'entraine afin de garder les automatismes. Une multitude de geste et de signes sont performés autour de ce sport par les acteurs principaux. Nous avons observé avant toute entrée au stade, certains joueurs toucher le sol avec l'index et faire le signe de croix ; d'autres entrer au stade par le dos. Une fois au stade et pendant le déroulement du jeu, plusieurs signes se font que se soit lors d'un cours franc ; d'un corner ou d'une remise en touche. Lors d'un cours franc, si le tireur lève les deux bras en l'air avec le poignet fermé, cela signifie premièrement que ses coéquipiers se regroupent dans la surface de réparation et deuxièmement qu'il va orienter le ballon dans cette surface où il vise un joueur précis ; s'il lève les mains et les ouvre, dans ce cas, il tirera directement au goal. Il en est de même pour le corner à la seule différence que le corner ne cible pas les goals directement. Pour une remise en touche, le joueur-lanceur peut soit se baisser en avant, soit présenter le revers de sa main. Cela signifie soit que son coéquipier se rapproche vers lui pour récupérer la balle, soit qu'il se rapproche avec l'adversaire afin qu'il ne la donne à celui mieux placé en avale. Aussi, il peut tendre sa main gauche ou droite selon celle qui porte le ballon vers le ciel pour signifier aux joueurs de s'éloigner davantage. Après une action de but concrétisée, chaque buteur manifeste sa joie différemment.

En dehors des cris de joie, certains entament un marathon, embrassent celui qui a fait la dernière passe, se déshabillent, pointent les deux index au ciel et d'autres, pointent le doigt sur le numéro du dorsal du maillot, vers le public, le banc de touche, font un baiser sur leur talisman. Pendant ce temps, les coéquipiers le célèbrent à leur manière mais pas en pointant le doigt ni en se déshabillant. Ayant poussé notre curiosité auprès desdits joueurs du CSY, nous retenons que le fait d'embrasser symbolise la reconnaissance suite au l'action concrétisée et au trois point marqués ; le marathon et le déshabillement comme un déchainement du joueur ; les index au ciel pour rendre gloire à Dieu miséricordieux ; le doigt sur le numéro représente la valeur du poste et les icônes du monde ayant porté ou qui portent encore ledit numéro à l'exemple des numéros 7 (Cristiano RONALDO), 9 (Samuel ETO'O), 10 (Lionel MESSI ) 11 (Didier DROGBA) ; le doigt vers le public exprime soit une reconnaissance envers les fans, la famille ou les amis présents au stade soit une façon de dire au public de faire du bruit pour lui. Mais le même doigt au banc de touche à deux significations : la première exprime la fierté et la reconnaissance du joueur au coach et la seconde, un avertissement au staff technique de ne plus lui faire « chauffer le banc de touche » car il est capable de prouver et de confirmer sa place comme titulaire. Aussi, le baiser sur le tatouage ou le talis masqué avec une bande à la main représente la présence d'une force surnaturelle qui serait à l'origine de toute action positive accomplie par le talisman. C'est aussi un signe de reconnaissance envers le concepteur ou le tradipraticien dont le porteur est l'unique à comprendre. C'est pour cette que Michel ALLIOT (1983) cité par MBONJI EDJENGUELE (2005) affirme que

 « S'il y a trait commun entre toutes les sociétés, c'est bien que chacune construit son propre univers mental, porteurs de modèles fondamentaux et dispensateurs de sens que révèlent la vision du monde visible et invisible de chacun de ses membres, sa vision des peuples, de la société, des groupes auxquels il appartient ou avec lesquels il est en rapport et sa vision de lui-même. Chaque vision partielle renvoie aux autres et les éclaire ».

La rituelle autour du football montre que ce sport culturel car il intègre plusieurs aspects de la vie quotidienne et ne peut réellement se comprendre que si les acteurs sont initiés et donnent un sens commun à leur production pour qu'il y ait concordance, cohésion afin que le objectif qui est celui de la victoire soit atteint. C'est ce qui amène Christian BROMBERGER (1995) à dire que «le match de football est une sorte de rituel » car les stades sont bien des lieux réservés, mis à part pour ces cérémonies sportives, petites et/ou grandes. Même dans les clubs modestes, le terrain d'entraînement est souvent distinct du terrain "officiel". En entrant dans un stade rempli, on découvre une ambiance très particulière et un véritable cérémonial : échauffement des joueurs, accueil du public, présentation des équipes, la partie elle-même, enfin la sortie du stade. Tout au long d'une partie, on voit des attitudes, des gestes, des objets à qui une grande partie du public confèrent une valeur quasi-religieuse. Des supporters s'appliquent des peintures rituelles sur le visage aux couleurs du club. Des chants montent des gradins, repris par les choeurs des fidèles, lancés par des sortes de célébrants qui tournent le dos à la pelouse. Ces derniers semblent même se désintéresser de la partie qui se joue, tant ils se préoccupent exclusivement de l'animation de la cérémonie que devient la rencontre. Les chants, contrairement à ce que l'on pourrait imaginer, offrent une véritable diversité semblable aux "chants spontanés" dans les Eglises. Les convaincus, les fidèles parmi les fidèles ou spectateurs les apprennent sans difficulté à force de les entendre et de les répéter.

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