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Culture et football au Cameroun. le cas du canon sportif de Yaoundé dans la région du centre; une contribution à  l'anthropologie du football

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par Mouafo Nopi ARNOUX
Université de Yaoundé I - Master en Anthropologie 2014
  

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V.3.4 La socialisation footballistique : un rêve chez les Ewondo de Nkolndongo

Dès l'arrivée du ballon au Cameroun qui a donnée lieu à la création du CSY en 1930 en tant que club de football appartenant à l'ethnie Ewondo, nous disons à ce sujet que dans le contexte général camerounais, le grand rêve des jeunes est celui de devenir footballeur. La professionnalisation de ce sport en est la cause principale puisqu'elle exclut certains joueurs talentueux ainsi que le taux de chômage, qui avoisine les 45%. Ces jeunes, en dehors des jeux scolaires, universitaires et associatifs, redoublent d'efforts afin de faire carrière dans football. Le football constitue un fait social total (Marc AUGE,1982) parce qu'il concerne, à peu de choses près, tous les éléments de la société mais aussi parce qu'il se laisse envisager de différents points de vue. En lui-même il est double : pratique et spectacle. Pratique suffisamment répandue pour être elle-même considérée comme un phénomène de masse. Spectacle assez attirant pour que le nombre de spectateurs aille croissant durant l'ensemble de la période considérée et que l'ordinaire des jours de la semaine en soit affecté par avance ou en écho (par les conversations, les paris, la lecture des comptes rendus. De même, le caractère passionnant, économique voire politique de cette activité poussent non seulement les enfants à s'y intéresser, mais constitue aussi et surtout ce qui convient d'appeler les « push » et les « pulls » factors au niveau des parents.

Du côté des jeunes joueurs, les « push » factors ou facteurs motivateurs négatif dans le football s'identifient chez les Ewondo par un espoir incertain car nous avons observé plusieurs jeunes de moins de 20 ans passer toute leur journée au stade ; la sous-estimation du travail : certains jeunes ewondo non qualifiés, déclarent ne pas pouvoir travailler pour une somme de moins de 50 000 F CFA /mois. La réussite et la popularité de stars telles que Pierre WOME en poste (par ailleurs meilleur joueur du championnat MTN Elite One 2013), Théophile ABEGA de regretté mémoire, qui ont officié au CSY, constitue positivement un facteur motivateur. Le football pour les jeunes est dès lors un danger éminemment préjudiciable à leur goût de solitude, du travail et de l'étude. A côté du danger intellectuel, s'ajoute le danger physique et moral par les jambes cassées, le vol car la main ne saurait passer où se trouvent de l'argent et les pratiques occultes néfastes. Pour Louis Marie POUKA (1936), « on consulte un sorcier pour obtenir telle ou telle herbe dont l'effet immédiat est de paralyser les forces de l'équipe adverse, telle ou telle drogue pour donner de la diarrhée aux ennemis, etc... ». Les « pulls » factors ou facteurs attractifs quant à eux sont ceux liés à la migration. Le confort du stade, la prise en charge des joueurs, la complétude dans les équipements, le suivi et surtout l'extravagant salaire, sont déterminant pour attirer les jeunes joueurs évoluant des les clubs des pays en développement comme le Cameroun vers les clubs de France, d'Angleterre etc.

Du côté des parents, les facteurs motivateurs sont soient positifs soient négatifs. Les facteurs positifs sont chez certaines familles la disposition des moyens pour offrir aux enfants des équipements sportifs tels que maillots, godas et ballons ; l'inscription dans les écoles de football et plus récemment l'achat des PS FIFA afin de leur inculquer la culture du football. Les facteurs négatifs touchent aux éléments les plus fondamentaux au niveau de la famille. Il s'agit de l'entêtement, du pari car jeunes et vieux jouent à la tombola dont le plus connu est le « parifoot ». Certains préfèrent utiliser leur argent de ration à cet effet et mendier après. Pour les parents, le souci de multiplier l'argent est à la une et cela influence sur la réalisation de certains projets. Les facteurs attractifs ont trait au système relationnel, aux moyens financiers, à l'éducation et à la spécialisation. De nos jours, plusieurs parents investissent sur leurs progénitures car jugeant l'apport du football en terme de revenus, ils inscrivent ces enfants dans des écoles en Europe afin qu'ils se spécialisent au football en même temps et reçoivent une formation académique plus adaptée au milieu. On parle de footballeur-mathématicien comme l'ex défenseur du FC Barcelone Eric Sylvain ABIDAL. Pourtant, dans le CSY, très peu de footballeurs ont un niveau scolaire post-secondaire. Ce sont des joueurs qui pendant ou après leur carrière, se lancent dans le monde du business afin de prospérer.

La socialisation footballistique au Cameroun semble donner lieu aux grands maux sociaux tels la déperdition scolaire, la délinquance juvénile etc. Elle a aussi permis à certains jeunes de réussir dans la société avec l'appui parentale. Cela peut justifier le fait que le passage au CSY de plusieurs fils de la localité ainsi que la création d'un club de football féminin portant toujours le pseudonyme de canon.

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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault