WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Les conseils de développement entre « empowerment » et démocratie participative

( Télécharger le fichier original )
par Yannis ALAYA
Université Reims Champagne Ardenne - Master Aménagement et Urbanisme 2017
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

PARTIE I

LA GENÈSE DU POUVOIR AUX HABITANTS

1.La genèse du pouvoir aux habitants.

1.1La notion d'empowerment dans les politiques publiques

Il me semble nécessaire pour commencer ce travail épistémologique sur le terme de « l'empowerment » de dresser un éventail, en l'état, des définitions et courants de pensée existants autour de ce concept. Plusieurs chercheurs et penseurs du XIX et XX siècle ont cherché à donner une définition à la théorie de l'empowerment sous différents mouvements de pensée. Ces extraits font partie d'une courte prospection des interprétations faites en la matière à travers les années et les territoires.

« Les origines du terme sont anciennes : le verbe to empower apparait en Grande-Bretagne au milieu du XVII siècle pour désigner un pouvoir ou une autorité formelle accordé par une puissance plus élevée. Mais ce n'est qu'au milieu du XIXe siècle qu'est formé le mot empowerment qui définit à la fois un état et une action, celle de donner du pouvoir2. Il faut attendre les années 1970 pour qu'il soit utilisé de façon diffuse par la société civile dans différents contextes. »

Marie-Hélène Bacqué et Carole Biewener, l'empowerment une pratique émancipatrice ?

14

2 Lily HOFFMAN, The Politics of Knowledge. Activist Movements in Medicine and Planning, State University of New York Press, Albany,1989.

15

1.1.1 Origines d'un terme aux multiples définitions

Afin d'avoir une plus grande représentation de la notion qu'est l'empowerment, j'ai décidé de synthétiser les écrits de plusieurs spécialistes en la matière, qui traitent du sujet, à travers différents domaines d'étude.

Marc A Zimmerman est une psychologue qui donne des cours en tant que professeur en autonomisation de la santé et éducation sanitaire, au centre de recherche pour la croissance et du développement humain du Michigan. Dans ses travaux, il donne une définition de l'empowerment. D'après lui, « l'empowerment est à la fois une orientation de la valeur pour le travail dans la communauté et un modèle théorique pour comprendre le processus et les conséquences des efforts pour exercer le contrôle et l'influence sur les décisions qui affectent la vie, le fonctionnement organisationnel et la qualité de la vie communautaire3 . Il est nécessaire de faire une distinction entre les valeurs qui sous-tendent une approche d'empowerment du changement social et la théorie de l'empowerment. L'orientation de la valeur de l'empowerment suggère des buts et des stratégies pour mettre en oeuvre le changement. La théorie de l'empowerment fournit des principes et un cadre pour l'organisation de nos connaissances. Le développement de la théorie de l'empowerment contribue également à avancer la construction au-delà d'un effet de mode et d'une manipulation politique ».4

Zimmermann décompose l'empowerment comme une orientation de valeur avant d'être une théorie. Il a pour but d'améliorer le bien-être et non pas de résoudre les problèmes.

Il identifie les facteurs de risques et ne fait pas seulement que les lister. L'empowerment se matérialise davantage comme un langage distinct pour comprendre les changements et influencer nos communautés. Il suggère que le langage traditionnel utilisé à l'égard des professionnels crée une relation entre expert et client venant d'une même direction et réduit la probabilité que les gens s'aident les uns les autres. Un langage plus axé sur l'empowerment remplacera les relations « expert » et « client » par « participation » et « collaborateur » dans une vision multidirectionnelle.

L'empowerment théorique repose sur des processus et des résultats5. Il affirme que la théorie suggère que les actions, les activités et organismes peuvent être habilitantes et que les résultats de ces processus se traduisent par un niveau de cette habilitation. Ces deux facteurs varient pleinement en fonction des individus et du contexte.

Il est important de distinguer l empowerment par les processus et les résultats pour définir une théorie de l'empowerment. Les processus d'habilitation sont ceux dans lesquels les

3 Perkins et Zimmerman, 1995 ;Rappaport, 1981 ; Zimmerman et Watschausky, 1998

4 -Marc Zimmerman ; Empowerment theory, ;2000

5 Swift et Levine, 1987

16

tentatives pour obtenir les ressources nécessaires et comprendre de manière critique son environnement social sont fondamentales. Le processus est habilitant s'il aide les gens à développer des compétences afin qu'ils puissent devenir indépendants et décideurs. Les processus d'habilitation varient selon plusieurs niveaux d'analyse. Par exemple, autorisant des processus d'adhésion à une organisation participative communautaire, adhérer à des directions de groupe (leadership) et à des prises de décision communautaire. Un niveau d'adhésion possible sur les médias, ressources communautaires et gouvernement.

Mary Follett, philosophe, a écrit, dès les années 1890, sur la question de l'empowerment dans les entreprises. La plupart de ses conférences ont eu lieu dans les années 1920 mais son travail n'a été reconnu qu'à la fin du XX siècle, elle fit parti des pionniers de l'empowerment managérial. Ses travaux se confrontaient à une époque où le taylorisme régnait comme modèle, ce qui a entrainé une censure de ses travaux jusqu'au siècle suivant.6

Elle soutient l'idée que les gens souhaitent, s'autogouverner, ils veulent être en mesure de contribuer, de réaliser et de grandir, idée qui est à l'opposé du modèle de Frederick Winslow Taylor. Le taylorisme est une méthodologie d'efficacité de production qui rompt chaque action, travail ou tâche dans les segments les plus petits et les plus simples qui peuvent être facilement analysés et enseignés. Introduit au début du 20e siècle, le taylorisme vise à obtenir une fragmentation maximale de l'emploi afin de minimiser les besoins en compétences et les temps d'apprentissages. La conséquence de ce modèle est que, lorsque les personnes étaient emmenées au travail (pour une meilleure efficacité), les salariés n'y allaient que physiquement, la part d'intérêt étant absente. Mary Follett, souligne que ces mêmes salariés (majoritairement des hommes) étaient très actifs dans leurs organisations sociales et religieuses, très actifs dans leur famille, et qu'ils avaient beaucoup à apporter mais que les organisations ne s'y prêtaient pas... 7

S'il était donné aux personnes l'occasion de s'autogouverner du groupe et de participer à son développement, cela ne se ferait pas aux dépens des autres, mais au contraire, avec la contribution de tous. En utilisant toutes ses forces, ses réalisations et ses caractéristiques, le groupe ou l'organisation se développe dans un processus dialectique. Ce processus dialectique prendra naissance avec la fusion de deux forces différentes, qui vont former une force différente qui change alors la situation, puis une autre force entrera et il y'aura de nouveau transformation.

« Parce que les gens veulent s'autogouverner le rôle des entreprises est de développer les individus, non seulement parce que la société sera mieux de cette façon, mais parce que

6 Prof. Dafna Eylon, March 7, 2011, Mary Parker Follett and empowerment

7 Mary Parker Follett ;Prophet of Management ;1995

17

l'organisation sera également meilleure, parce que vous gagnerez de toutes les forces qui se seront rassemblées dans ce processus dialectique ».

La philosophie de gestion de Follett repose sur la conviction que le souhait de gouverner sa vie est un sentiment des plus importants qui définit chaque être humain. Toutefois, elle soutient que le désir d'autonomie gouvernementale n'est pas incompatible avec une action collective. 8

Elle soutient que trop souvent l'individualité a été étouffée par des pratiques organisationnelles qui découragent la participation collective. Elle étaye le fait que la tendance à penser en termes de dichotomies, tels que les leaders et suiveurs, ou une préoccupation rigide, avec hiérarchie plutôt que de fonction, a provoqué une défaillance.

Selon Marie-Hélène Bacqué professeure d'étude urbaine à l'université de Paris-Ouest Nanterre et Carole Biewener professeure américaine d'économie et d'étude du genre « l'empowerment s'articule autour de deux dimensions. Celle du pouvoir, qui constitue la racine du mot, et celle du processus d'apprentissage pour y accéder. Il peut désigner autant un état (être empowered) qu'un processus, cet état et ce processus étant à la fois individuels, collectifs et sociaux ou politiques même si, selon les usages de la notion, l'accent est mis sur l'une de ces dimensions ou au contraire sur leur articulation. »9

Il n'existe pas de terme français qui rend compte de l'ensemble de ces dimensions, ce qui explique la quasi-impossibilité de sa traduction et sans doute, pour partie, l'intérêt qu'éveille cette notion pour le public.10.

Marie Hélène Bacqué l'explique par une reconnaissance de chacun d'entreprendre une démarche d'autoréalisation et d'émancipation des individus, de reconnaissance des groupes ou des communautés et d'une transformation sociale.

Marie-Hélène Bacqué et Carole Biewener ont défini une typologie d'analyse de ce que représente l'empowerment afin d'organiser les tendances que l'on peut retrouver auprès de structures mêlant les processus d'empowerment. Dans ces modèles pour traduire cette notion nous retrouvons un modèle radical, un modèle libéral et un modèle néolibéral.

Le modèle dit radical, se base sur la reconnaissance des groupes pour mettre fin à leur stigmatisation, l'autodétermination, la redistribution des ressources et les droits politiques. L'objectif d'émancipation individuelle et collective débouche sur un projet de transformation

8 L'intégration du hors-travail dans la gestion des ressources humaines : entre paternalisme et empowerment Francoise De Bry, Ariane Ollier-Malaterre,2016, HAL

9 Marie Hélène Bacqué et Carole Biewener dans leur ouvrage ; l'empowerment une pratique émancipatrice ? ;2013,

10 Yann Le Bossé, « de l'habilitation au « pouvoir d'agir » vers une appréhension plus circonscrite de la notion d'empowerment » Nouvelles Pratiques sociales, vol 16, n°2,2003, p30-51.

sociale qui, dans les approches les plus radicales, repose sur une remise en cause du système capitaliste. « Elle se matérialise par une chaine d'équivalences qui lie les notions de justice, de redistribution, de changement social, de conscientisation et de pouvoir, celui-ci étant exercé par ceux d'en bas. »11

Le modèle dit libéral, au sens anglo-saxon (le qualificatif libéral n'est pas utilisé dans le même sens en France et aux États Unis. En France, la tradition libérale est renvoyée au libéralisme économique, à un « laisser-faire contrairement aux États Unis ou le libéralisme est classé à gauche. Il renvoi aux libertés des individus dans un contexte d'économie mixte dans lequel l'intervention publique est nécessaire pour contrebalancer certains effets négatifs de l'économie de marché capitaliste ». Cette fois-ci, dans le contexte d'après seconde guerre, celui-ci se distingue par une forme de libéralisme social, opposant le libéralisme économique fondé sur le laisser faire et sur la loi des marchés. Il s'articule autour de la défense des libertés individuelles avec une attention à la cohésion sociale. « Dans ce modèle, l'empowerment prend place dans une chaîne d'équivalences aux cotés des notions d'égalité, d'opportunité, de lutte contre la pauvreté, de bonne gouvernance, d'autonomisation et de capacité de choix. »12

« Le modèle dit néolibéral est défini dans une logique de gestion de la pauvreté et des inégalités, pour permettre aux individus d'exercer leurs capacités individuelles et de prendre des décisions « rationnelles » dans un contexte d'économie de marché. Devenir un entrepreneur de sa propre vie. Dans une chaine d'équivalences, il ne lie pas automatiquement l'émancipation et la justice sociale. Tout au plus est évoquée celle de l'accès aux opportunités sans une remise en cause des inégalités sociales ».13

18

11 L'empowerment une pratique émancipatrice ? ; p.15

12 L'empowerment une pratique émancipatrice ? ; p.16

13 L'empowerment une pratique émancipatrice ? p .16

Deepa Narayan Parker est une auteure américaine ayant écrit sur l'empowerment à destination des femmes et des population pauvres. D'après ses écrits, elle définit L'empowerment comme : « une valeur intrinsèque et instrumentale. Elle semble être pertinente au niveau individuel et collectif, et peut être économique, social ou politique. Le terme peut être utilisé pour caractériser les relations au sein des ménages ou entre les pauvres et d'autres acteurs au niveau mondial. Il existe d'importantes différences entre les sexes dans les causes, les formes et les conséquences de l'empowerment ou de l'incapacité. Il y a donc évidemment de nombreuses définitions possibles de celle-ci, y compris les définitions fondées sur les droits.14

Dans un sens plus large, l'empowerment est l'expansion de la liberté de choix et d'action. Il Signifie l'augmentation de l'autorité et le contrôle des ressources et des décisions qui affectent sa vie. Comme les gens font un véritable choix, ils gagnent un contrôle accru sur leur vie. Les populations pauvres disposent d'un choix extrêmement limité, à la fois par leur manque d'actifs et l'impuissance à négocier de meilleures conditions pour eux-mêmes avec une gamme d'institutions, formelles et informelles. Puisque l'impuissance s'inscrit dans la nature, dans le contexte de la réduction de la pauvreté, une définition institutionnelle de l'empowerment est appropriée ».

Elle soutient l'idée que l'empowerment est « l'expansion des atouts et des capacités des pauvres à participer, négocier avec influence et de contrôle auprès des institutions responsables qui les concernent »

19

14 Deepa Narayan Parker ; « EMPOWERMENT AND POVERTY REDUCTION - A SOURCEBOOK » ; 2002

20

L'auteur explique que les femmes et les hommes pauvres ont besoin d'un éventail d'atouts et de capacités pour améliorer leur bien-être, ainsi que leur confiance en eux-mêmes, afin qu'ils puissent négocier avec influence et contrôle, et qu'ils disposent « d'actifs », « d'atouts » et de « capacités » pour y parvenir. Ces indicateurs sont aussi différents qu'est différent le phénomène de pauvreté dans la société.

« Les Actifs » désignent les actifs matériels, tant physiques que financiers. Ces actifs y compris les terrains, le logement, le bétail, les économies et les bijoux permettent aux gens de résister aux chocs et définissent leurs horizons de choix. La limitation extrême des ressources physiques et financières restreint grandement la capacité de négociation et leurs horizons de choix. Cela aura tendance à les rendre plus vulnérables dans leurs limites de choix personnels.

« Les capacités » à la différence des actifs, elles sont inhérentes aux personnes et leur permettent d'utiliser leurs singularités, d'améliorer leur bien-être. Les capacités humaines comprennent une bonne santé, l'éducation et la production, ou d'autres compétences qui améliorent la vie. Les capacités sociales incluent l'appartenance, le leadership, les relations de confiance, le sens de l'identité et les valeurs qui donnent du sens à la vie et la capacité d'organisation. La capacité politique comprend la capacité de se représenter soi-même ou les autres, d'accéder à l'information, de former des associations et de participer à la vie politique d'une communauté ou d'un pays.

« Les atouts » et les capacités peuvent être individuels ou collectifs. En prenant en compte le manque de représentation des populations dites « pauvres », même dans de nombreuses démocraties formelles, les pauvres sont souvent non représentés et ne peuvent pas profiter des occasions de s'investir dans leurs actifs ou d'exercer leurs droits individuels.

21

Après avoir dressé un bref éventail des différents courants de pensées autour de la théorie de l'empowerment. Il me semblait important de synthétiser sous forme de tableau les principales divergences entres les définitions 15:

Valérie Peugeot, présente sous forme d'un tableau les différentes approches de l'empowerment en se focalisant sur ces principaux promoteurs ; les objectifs poursuivis et leurs liens au capitalisme.

En m'inspirant de son analyse par vecteur, j'ai pu définir d'après celle-ci, une analyse non pas par approche de l'empowerment mais par l'influence porté par différents corps de recherche comme la psychologique ou bien la philosophie. En conservant certains ce ces vecteurs de comparaison comme analyse.

Chacun des auteurs présentent une définition de l'empowerment d'après leurs domaines d'étude :

Marc Zimmerman, par le champ de la psychologique, là définit comme un langage distinct pour comprendre les changements et influencer nos communautés. Un langage plus accès sur l'empowerment remplacera les relations « expert » et « client » par « participation » et « collaborateur » entre les élus et les habitants. La relation qu'il donne avec la puissance publique est une relation multidirectionnelle directement en réaction avec l'État.

Mary Parker Follett dans une approche par la philosophie, le conçoit comme donner aux salariés l'occasion de s'autogouverner du groupe et de participer à son développement, cela ne se ferait pas aux dépens des autres, mais au contraire, avec la contribution de tous. Elle fait une approche vers la relation employeurs, salariés. Contrairement à Marc Zimmerman, la relation qu'elle donne avec la puissance publique est une logique ascendante, d'auto-organisation faisant état à une impuissance de l'État.

Marie Hélène Bacqué et Carole Biewener par le champ de la sociologie et de l'économie, l'expliquent comme la reconnaissance de la société civile, d'entreprendre une démarche d'auto-réalisation et d'émancipation des individus, de reconnaissance des groupes ou des communautés et d'une transformation sociale. Là aussi la relation avec la puissance publique est vue comme une logique ascendante mais individuelle.

Deepa Narayan Parker on fait une approche du développement international, fait un focus sur les populations pauvres et les femmes pour le définir comme la collecte d'atouts et de capacités pour améliorer leur bien-être. En augmentant leur confiance en eux-mêmes, afin de négocier avec influence et contrôle. La relation à la puissance publique reste ascendante axée sur la capacité à collecter par les individus marginalisés afin d'influencer les institutions.

15 Tableau de synthèse en Annexe

1.1.2 Quelle est la pertinence de l'empowerment en aménagement et dans les instances participatives ?

1.1.2 Construction d'un modèle à travers les mouvements sociaux

Selon l'analyse qu'Anne Emmanuèle Calvés fait dans la revue Tiers Mondes, elle rédige une généalogie constructive du mouvement de l'empowerment depuis ses débuts. Elle nous explique que « les notions d'empowerment sont multiples et peuvent être retracées dans les domaines aussi variés que le féminisme, le freudisme, la théologie, le mouvement black power ou le gandhisme16 ».

1- Les Mouvement des noirs

En 1976, Barbara Solomon, une travailleuse sociale afro-américaine, titulaire d'un doctorat de travail social et professeur à Southern California Université, publie l'ouvrage Black Empowerment, qui s'adresse aux travailleurs sociaux en formation ou en activité. L'auteur s'appuie sur ses expériences de praticienne dans le champ de la santé mentale au sein d'organisations communautaires noires à Los Angeles et de responsable de l'association des travailleurs sociaux noirs. Le livre est issu d'un cours enseigné dans un centre communautaire à Los Angeles. Il interroge les limites du travail social dans la communauté noire, dénonce la bureaucratisation de la profession, mais aussi l'internalisation par la population noire d'une image stigmatisée qui est à la source du manque d'estime de soi et du pouvoir d'agir des individus. Dès cette première tentative de théorisation, la démarche d'empowerment est ainsi associée à la reconnaissance de groupes « sans pouvoirs » et stigmatisés ; elle pose les questions de l'inégalité sociale, du racisme, du patriarcat et de la marginalisation par la pauvreté ou par les handicaps physiques ou mentaux. Les travaux de Lorraine Gutiérrez, travailleuse sociale latino-américaine puis professeur de travail social et de psychologie à l'université du Michigan, ont contribué à faire reconnaître cette théorie et à la développer davantage. Toutes deux appartiennent à des minorités ethniques, l'une et l'autre travailleuses sociales et théoriciennes des démarches d'empowerment ont fait évoluer la notion vers la théorie et la théorie vers la pratique. Étonnamment les écrits de Barbara Solomon dans son ouvrage « Black Empowerment » ne représentent pas la base théorique des mouvements noirs des années 60. La notion d'empowerment est parfois associée au mouvement noir. Elle y est pourtant utilisée que de façon minime, ce qui s'explique par la diversité des mouvements noirs. Les mouvements se rapprochant de la reconnaissance de pouvoir aux États Unis correspondent au mouvement civil right movement (mouvement des droits civiques) et black power movement, tous deux traversés par des débats importants sur le choix de logique d'intégration ou de nationalisme, et par le clivage entre républicains et démocrates.

22

16 Simon1994; Cornwall; Brock;2005

23

Dans le mouvement du Black Power, le terme empowerment apparait dès la fin des années 1960, dans le vocabulaire de certains dirigeants noirs. Prônant le black empowerment comme la prise d'une place dans la société américaine, sous leurs directions et par la constitution d'un leadership noir, même si cela implique du séparatisme.

En fait, la notion d'empowerment ne fait pas école dans le mouvement du Black Power. Il a été vu dans la presse entre 1960 et 1980, une utilisation diffuse du terme sans que celui-ci ne s'impose véritablement.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Ceux qui vivent sont ceux qui luttent"   Victor Hugo